vendredi 10 avril 2009

chapitre N

#N
. Il eut à un instant (à 6min 44s) une "fenêtre de tir". Le drop passa. Les Coréens furent alors plus nombreux à tenter de l'intercepter, ainsi que son groupe. La permutation de groupes (prévue d'origine, sur signe convenus) brouilla un peu le repérage coréen des actions. Les Coréens avaient eux aussi des stratégies codées avec des permutations d'associations de joueurs dans les prochaines actions. Ce fut très difficile, chacun veillait à ne pas faire de fautes, vu la difficulté à marquer des points dans un tel match. Second drop (les essais semblaient hors de portée: la défense coréenne était très rapide et bien organisée, comprenant très vite ce qui se passait côté français) à la fin de la première mi-temps: 6-0, un score fragile, mais positif. Un joueur français rentra à l'occasion du changement de terrain, un Coréen aussi: un peu comme au poker, les deux équipes évitaient de changer plus de cartes que l'autre. 57ème minute: essai coréen, mais posé le 3 en l'air, faute de temps pour l'orienter en plus de s'extraire de l'interception française en nombre, donc seulement 4 points. Transformation réussie: 6-6. Toutefois, en cas d'égalité à la fin du match, il n'y aurait pas de prolongation: on recomptait alors les essais comme si marqués à 6+1 = 7 points, donc victoire coréenne. Il fallait donc finir avec au moins un point de plus. Essai français à la 66ème minute, refusé par l'arbitrage électronique: un coin du cube chevauchait la ligne d'embut. Ce fut un troisième drop, à la 71ème minute, qui redonna l'avantage au Cube de France, qui remplaça alors quatre joueurs par des rapides, quitte à les prendre plus légers en moyenne que les sortant. Les Coréens accéléraient bien mais semblaient moins tenir la distance en côte après une course sur le plat, en fin de match. Il fallait donc les prendre de vitesse, que ce fût en attaque ou en défense. La Corée fit aussitôt après entrer ses trois derniers remplaçants, mais c'étaient des joueurs plus lourd, la Corée ayant estimé pouvoir prendre la France de vitesse en début de match. Cela avait effectivement abouti à un essai coréen, mais dans la seconde mi-temps. Aucune équipe ne concèda de faute pendant ce match. Ce fut donc sur 9-6 seulement que la France vint bout de la redoutable Corée du Sud, qu'Aymrald avait dès juin recommandé à ses coéquipiers de ne surtout pas sous-estimer: "ils jouent à peu près comme nous, et ils nous étudient sous toutes les coutures, de même que l'Argentine et la Finlande, au cas où ils les recontreraient ensuite". La rencontre contre l'Argentine fut du "terrain connu", difficile mais sans l'impression "ils sont partout venus de nulle part" produite par les Coréens. En effet, l'équipe d'Argentine était constituée en moyenne de joueurs plus puissants mais donc plus lourds que ceux du Cube de France, certains ayant des gabarits de "3/4" (tout de même pas d' "avants") de rugby, ce qui limitait leur agilité sur les pentes mais les rendait redoutables à l'impact. Le public en eût l'impression quand Aymrald fut percuté transversalement au flanc par Rodrigo Crespi (108kg) et glissa sur quatre mètres, poussé par ce rhinocéros, tout en se pliant comme dans un crash-test (le ralenti fut rediffusé) avant de finir par tomber (en ayant eu le temps de choisir comment, pendant la glissade, tout en s'appuyant de la main droite sur le dos de Crespi pour qu'il tombe le premier: dans sa position, c'était inévitable), rouler et repartir avec le ballon (ce qui était permis au rinnepallo si on ne s'arrêtait pas dans le mouvement) en s'étant dégagé de son assaillant par cette chute bien choisie. Avec des crampons il serait tombé dès la percussion, au lieu de glisser transversalement, avec avant la chute un effort excessif au niveau des genoux. Ce n'était pas le cas avec les lamelles des semelles rinnepallistes qui offraient très peu d'adhérence transversale. Cet enchaînement lui permit de transmettre le ballon à Gauthier Vignac, le 12 (et non au 14, à sa droite, comme il comptait le faire s'il n'y avait eu la percussion et la glissade), qui le posa dans l'embut le six au ciel et permit à la France de passer enfin devant l'Argentine au score. Le Cube de France garda "pour la finale éventuelle ou pour remplacement dans ce match" quatre de ses meilleurs joueurs et ne fit que trois remplacements, contre l'Argentine, qui semblait avoir raisonné de même et donc en avoir gardé en réserve elle aussi. L'Argentine fit rentrer deux remplaçants à la soixantième minute, après le cinquième essai français (la France en avait condédé quatre), ce match étant beaucoup moins "imperméable" de part et d'autre que France-Corée du Sud. La défense du Cube de France dans ce match étant loin d'être infaillible, mais en face non plus, d'où le score plus animé. La victoire fut donc raisonnable (juste quatre points d'avance: 49 à 45) mais sans avoir utilisé les réservistes (l'Argentine, fort logiquement, avait fait rentrer les deux autres à la 66ème minute, car si éliminée, à quoi bon en garder sous le pied pour la finale?) et sans avoir épuisé vraiment les joueurs, sauf la défense qui avait eu fort à faire, les Argentins, autres Latins, ayant donné priorité à l'attaque dans leur engagement de joueurs "de premier rang". Quart de final très "étanche" à 9-6 contre la Corée, demi-finale beaucoup plus roulante (de part et d'autre) à 49-43 contre l'Argentine. A la fin de ce match gagné, la Marseillaise, avec ribambelle des joueurs fatigués: Aymrald aussi, même s'il n'en avait pas l'air et avait trouvé le match plus divertissant que celui contre la Corée. Il avait pris neuf collisions (dont deux "autobus" comme Crespi), en avait causé six, en avait esquivé 52 (d'après la recomposition vidéo), était tombé 23 fois mais en ne perdant le ballon que quatre fois dans ces chutes: s'il ne se relevait pas assez vite, il devait le lâcher. L'entassement (ou "caramel") étant interdit au rinnepallo (on pouvait maintenir d'une ou deux mains un joueur au sol mais il n'était pas permis de s'allonger ou s'assoir dessus) il était fréquent de pouvoir se relever d'une chute sans interruption de mouvement, si on avait eu le temps de s'orienter en prévision de cela pendant la chute.

. En face, ce fut Japon-Finlande qui fut un match fort difficile pour la Finlande, menée d'un étonnant 11 à 0 à la 19ème minute de jeu. Le jeu japonais était différent du jeu coréen (ce dernier étant estimé un peu meilleur par Aymrald) et posait de gros problème aux Finlandais: "des Japonais partout surgis de nulle part comme un essaim de Zéro", mais d'une façon différente des Coréens. Les Japonais ne faisaient pas le poids contre la mêlée finlandaise, par contre, et ce fut sur ces petites fautes (ne donnant pas lieu à un tir de pénalité) que la Finlande reconquit du terrain et finit par inscrire son premier essai, avec le 6 en haut (1+6) puis transformé, soit 9 points: 11 à 9, ça devenait bien plus gérable. Un drop ou une pénalité pouvaient inverser le score. Ce fut un drop, mais très tard, après avoir eu recours à tous les remplaçants face à un Japon particulièrement astucieux et "insaisissable" qui utilisa lui aussi tous les changements permis. Kare ne serait pas en état de jouer la finale (genou).
Milan- heureusement que nous avons rencontré la Corée et non le Japon
Aymrald- il se peut que la Finlande les ait sous-estimés. Nous avions étudié la Corée aussi intensément qu'elle nous avait étudiés, ce qui explique la difficulté pour nous comme pour eux à mettre des points dans ce match.
Pavel- les Finlandais sont peut-être un peu plus fatigués, pour la finale?
A- ne comptons pas là-dessus: ça récupère très vite, les Finlandais.
. La finale fut gérée à l'identique du match contre l'Argentine, mais avec la sélection "premier rang" et les meilleurs remplaçants: on n'économiserait personne pour un prochain tour, là. A la télévision finlandaise (ils s'imaginaient peut-être que personne d'autre ne comprenait cette langue ou ne regardait cette chaîne?) Aymrald avait entendu: "en tout cas Stéphane ne passera pas: ce sera le Mur de la Baltique".
. Ce seraient donc d'autres qui pourraient passer dans des trous, Aymrald ne servant qu'à faire consommer un peu plus de joueurs finlandais vers lui et ses relayeurs du moment.
Milan- ils ont le même avantage sur nous que les Coréens: les Finlandais se ressemblent beaucoup, pour nous, alors que nous sommes tous différents, mêmes vu de plus loin, pour eux.
. Au rinnepallo, toutefois, les numéros étaient répétés ventralement, en plus petit, et sur les manchettes: c'était l'un des avantage de l'asbence de publicité sur les maillots. On pouvait donc lire le numéro d'un joueur sous la plupart des angles de vue, contrairement aux sports ne numérotant que les dos.
Aymrald- toutefois, ils n'ont aucun joueur qui joue dans un club français, alors que je joue à Juustomeijeri qui constitue 60 à 75% de leur effectif. Je les connais mieux qu'ils ne nous connaissent, donc j'espère que ça peut compenser ce que tu dis.

. Cette fois, il ne serait pas possible de gagner le championnat tout en perdant contre la Finlande: les points acquis aux étapes antérieures ne jouaient de rôle qu'en cas d'égalité stricte après le "recalage" éventuel favorable aux essais en cas d'égalité brute de points.
. Gagner contre la Finlande: cela avait été le cas en 2004. Les deux équipes avaient évolué, tant par remplacement de certains joueurs que par l'expérience acquise.

. compte tenu de la présentation (assez rapide) des équipes puis de la remise des trophées, ce seraient les deux heures (contenant les 90mn du match) les plus importantes de sa vie de rinnepalliste, savait Aymrald. Comme il ne fallait pas refaire trop d'entraînement peu avant le match, il y avait eu quelques derniers essais de laques à rappel élastique avec Sophie pour choisir ce qui rendrait le mieux en action parce que là, ce n'était pas du cinéma: pas moyen de le recoiffer entre deux prises. Quelques répétitions avec VTP des attitudes possibles pendant la "revue de détails" où comme dans les autres sports d'équipe la caméra passait devant chaque joueur. Ce serait "concentré" et légèrement "prédateur", tout en restant dans la sobriété habituelle du personnage en public: ce n'était pas un "Kerfilm". L'absence de trac et de stress restait un de ses points forts évitant de gâcher les autres, surtout dans une telle occasion. Il ferait ce qu'il savait faire, entièrement, et si ses équipiers parvenaient eux aussi à garder leur niveau constaté dans des matchs moins importants ou à l'entraînement, tout était possible. Il ne fallait guère compter sur du trac en face, cette notion lui semblait être absente de Finlande. La "revue de détail": finalement il prit un air plus concentré que prédateur mais l'un pouvait passer pour l'autre, puisque ce fut interprêté ainsi par certains commentateurs télévisés. Aymrald savait qu'il servirait surtout à inquiéter les Finlandais et à créer de ce fait un peu plus d'espace pour certains de ses coéquipiers. Les Finlandais le savaient aussi donc n'investireraient pas "trop de monde" non plus pour l'empêcher de jouer, de façon à limiter les fuites ailleurs.

. L'équipe de France inaugura un nouveau maillot pour la finale, qui gardait la structure habituelle à col "polo" classique mais dont l'imprimé représentait cette fois des cubes bleus empilés en tous sens (y compris les manches et les chaussettes) sur fond noir et donnant l'impression de se reflèter les uns dans les autres, comme des boules de Noël cubiques bleu sombre. Les Finlandais conservait le motif azur sur blanc évoquant une voile (ou plutôt un spi) zèbré, tandis que le short était azur à motif blanc plus fin. Les mêmes couleurs que l'Argentine, donc si celle-ci avait atteint la finale, l'une des deux aurait dû utiliser son "maillot bis".

. Il n'y avait pas de "revue de détail" des équipes, les noms, poids, tailles, âges et palmarès des joueurs étant incrustés à l'image près d'eux, un par un, pendant le début du match, quand la prise de vue permettait d'isoler un joueur dont la fiche n'avait pas encore été affichée ainsi, à un moment où cet affichage ne nuirait pas au suivi de l'action en cours. Gain de temps, là aussi, et en même temps on avait plus le temps de lire ces infos que pendant une présentation classique du schéma d'équipes. L'arrondi centimétrique créditait Aymrald de 1m88, à partir du 1m875 réel, 84kg. Il n'y avait que deux joueurs de plus de 100kg dans le Cube de France, et quatre parmi les Finlandais, remplaçants inclus.

. Le match France-Finlande ne fut pas aussi "fermé" que France-Corée, ni aussi "roulant" que France-Argentine. Fort vent de travers. Au rinnepallo, on ne jouait pas les hymnes nationaux au début du match: seulement à la fin et seulement celui du gagnant, comme en Formule 1 ou aux Jeux Olympiques. Les équipes prenaient donc directement place sur le terrain, en arrivant de la coursive, et le match commençait vite. Les numéros et noms des joueurs touchant le ballon ou étant proches de l'action en cours étaient automatiquement incrustés à l'écran dans des espaces libres (sans joueurs), le système sachant analyser l'image en temps réel (puisqu'il le faisait déjà pour certaines fautes qui n'étaient pas simplement déductible des mouvements des transpondeurs) et ne jamais gêner le suivi du match par les mentions insérées en cours de jeu.

. La Finlande marqua trois essais, la France deux, personne ne concéda de pénalités, et ce fut à coups de drops que le reste se joua. Aymrald en mit deux (le premier ayant eu lieu au tout début du match) mais Viljami, pour la Finlande, en mit un, l'avantage restait donc finlandais, même après le second drop français. Aymrald se méfiait de Kare, sachant qu'il n'hésiterait pas (sans commettre de faute ni causer de lésions durables, par exemple aux côtes: là n'était pas le but) à lui infliger des percussions à couper le souffle, surtout compte tenu de ce que le Finlandais connaissait son adresse à les esquiver. Aymrald sembla prendre beaucoup de coups, mais les prit "bien", avec une force d'impact réelle bien moindre que ça n'en avait l'air: ses réflexes de cascadeur lui donnaient les fractions de secondes permettant de gérer la collision quand elle n'était pas évitable... ou quand il n'était pas souhaitable de l'éviter. Le public le vit ainsi plusieurs fois se faire spectaculairement projeter dans diverses directions et reprendre sa course à la façon d'un patineur enchaînant avec fluidité son programme à l'issue d'une figure ratée. Le rinnepallo était en partie un sport de glisse, à ceci près que le slalom s'y effectuait en montant et non en descendant, et que plus on mettait de "portes" par terre au passage ("raffut") mieux c'était.
. Une tentative d'essai dans la dernière minute où Aymrald évita beaucoup de Finlandais en attaquant la côte (leurs jambes suivaient un peu moins, après tous ces matchs, et surtout celui contre le Japon) et une fois parvenu dans une impasse, n'ayant pas eu de signe de vie de ses coéquipiers d'assaut (ses deux relayeurs étaient tombés en glissant dans la côte, ce qui était fréquent au rinnepallo, surtout en fin de match, d'où un peu de retard et pas de fenêtre pour faire une passe valable. A tout prendre, mieux aurait vallu botter le ballon en touche, pour rester dans cette partie du terrain), ne put que tenter le drop sous un angle théoriquement impossible, mais grâce à un tir très en cloche (alors que la voie semblait libre pour un tir tendu, mais qui ne fût pas rentré) il lui semblait possible que le vent dévie assez le ballon pour le faire passer juste avant le poteau opposé. Il avait fait ça des milliers de fois au simulateur, les "ouvreurs" finlandais aussi, mais décider sans la moindre hésitation de l'improviser dans une impasse totale demandait un niveau de stress rigoureusement nul. C'était son cas: il tira comme à l'entraînement (juste avant d'être plaqué) et le ballon cubique fit comme à l'entraînement: utiliser le vent en tirant haut donc lent, plutôt que moins haut et plus rapide. Toutefois le vent ne fut pas suffisant pour faire éviter le second poteau: le cube rebondit, retomba vers le 6 (Jocelin Verdier) qui fit une tête pour l'envoyer par dessus la barre avant qu'un Finlandais ne s'en empare. Les commentateurs se demandèrent si c'était valable ou si ça constituait un "en avant". L'arbitrage électronique l'avait validé (car ça ne rentrait pas dans ce qu'il détectait comme "en avant"), mais les arbitres durent se consulter puis effectivement annoncèrent que l'en-avant ne concernait que la projection du ballon au moyen du torse ou des membres supérieurs, mais pas des membres inférieurs ni de la tête. Donc marquer un drop d'une tête (en le mettant au dessus de la barre, et non dessous comme au foot) était valable. Contrairement à Aymrald (qui n'avait toutefois pas prévu ce rebond, et moins encore son recyclage) Verdier ne le savait pas, mais l'avait supposé. Si cela avait été invalide, il y aurait eu mêlée avec introduction finlandaise. Mêlée transversale, puisqu'en pente. Plus précisément, c'eût été une faute si le ballon avait été lancé par Verdier lui-même à la main (même sans faire d'en-avant) avant de faire cette tête. Lancer le ballon verticalement pour donner un coup de tête dedans, non, mais reçu d'un autre joueur, où d'une chandelle au pied pour lui-même, c'était valable. L'arbitrage électronique avait donc pris la bonne décision, car lui n'oubliait aucune règle, dès lorsqu'il avait les éléments télémétriques pour l'évaluer. Le ballon était passé au dessus de la barre finlandaise après que le dernier joueur l'ayant touché fût français, et aucun en-avant ni hors-jeu n'avait été commis par les joueurs concernés.

. Dans cette coupe du monde, Erwann n'avait marqué aucun essai, tout en contribuant à beaucoup, soit en faisant partie du relais gagnant, soit, plus souvent, en ayant attiré vers lui et ses compagnons de commando suffisamment d'adversaires pour rendre le reste du terrain moins infranchissable pour les autres commandos: la pente faisait perdre du temps pour revenir défendre à droite quand on avait chargé pour empêcher un essai à gauche, problème vrai pour toutes les équipes. Il avait eu à tirer les deux transformations et était l'auteur de tous les drops sauf un.

. La "cérémonie" finale était modeste, dans la tradition rinnepallistique. Après l'hymne du vainqueur, un trophée fut remis au représentant de l'équipe de Finlande puis (le plus gros) à celui de l'équipe de France. Les demi-finalistes perdants avaient déjà eu le leur (pas de "petite finale": ils étaient troisièmes chacun) à l'issue des demi-finales. Il n'y avait pas de remise joueur par joueur: ce seraient leurs propres fédérations qui s'en chargeraient (des cubes plus petits datés et symbolisés de l'évènement), hors médias. C'était plus simple et plus rapide ainsi. Parmi les "officiels" non reliés au rinnepallo, il n'y avait pas le président de la république (il avait dit "si j'y vais, ça risque de leur porter malheur"), mais tout de même Adrien Lordas, le ministre de la santé et des sports: depuis l'ELR les deux notions étaient liées, ce qui facilitait la mise en oeuvre de l'arsenal médical pour la lutte anti-dopage. Lordas était un ancien skieur de compétition et infirmier-secouriste. De plus, ministre (de même que président) était plus une fonction de relations publiques que de pouvoir, contrairement à autrefois, car l'Assemblée avait plus de pouvoir que le gouvernement qui était surtout là pour la communication avec les médias ou d'autres pays. Ceci avait contribué à simplifier le train de vie du gouvernement (en particulier les escortes de sécurité) car comme ses membres n'étaient que les représentants et non les détenteurs d'un pouvoir, il y avait peu de motivation à commettre des attentats contre eux. La présidence de la république? "Oui, il suffit de savoir se tenir et de ne pas commettre de faute de français. Quand Aymrald Dambert ne pourra plus jouer il se peut qu'il soit élu". Aymrald ne se présenterait pas à une telle élection, et se contenterait d'un rôle technique (et non de communication, sauf occasionnelle sur un point précis de telle ou telle évolution possible) dans la fédération européenne de rinnepallo, fonction qui lui serait sûrement proposée. Il le ferait pour pouvoir défendre l'intégrité du rinnepallo, de son système de règles et de son amateurisme statutaire contre les dérives. Seul, il ne pourrait y parvenir, mais il ne serait certainement pas seul à oeuvrer dans ce sens.

. Ce n'était qu'une coupe du monde de rinnepallo, mais les médias tellement dépités par ce qui s'était passé en juillet firent comme si c'était la coupe du monde de football et fêtèrent massivement l'évènement, décortiquant les temps forts des parcours des deux finalistes, soulignant la valeur inattendue (sauf par ceux les ayant attentivement étudiés) des Coréens et des Japonais et le suspens remarquable de la finale, avec le "drop impossible" qui en fait n'avait rien impossible moyennant une tête complice. Il fallait juste éviter de le tirer d'instinct, donc avoir la tête froide tout en ne prenant aucun temps de réflexion apparent. Aymrald savait qu'il aboutirait à un angle fermé (encore plus que celui du drop raté contre la Corée), donc que les Finlandais ne craindraient pas un drop, ou pas assez tôt, mais que le vent équivalait à une déformation du terrain, donc réouvrait l'angle, en équivalent "sans vent". Il savait avant de tirer son drop comment il le tirerait: il n'y avait donc pas de miracle (son propre tir, à lui seul, étant manqué), même si bien sûr il aurait pu ne pas avoir le temps de le tirer, ou l'envoyer au delà du deuxième poteau: le cube devait voler lentement pour laisser le temps au vent de le dévier. Aymrald n'expliqua pas cela: il dit juste "j'ai vu qu'il pourrait rentrer grâce au vent, alors j'ai tiré en hauteur, pour en capter plus, et à défaut de rentrer ça a créé un rebond exploitable. Verdier l'a vu et l'a formidablement récupéré". Il eût préféré ne pas en parler, car son propre tir était en fait manqué et sans la tête de Verdier la Finlande gagnait la coupe du monde. "Formidablement" n'était pas un adverbe ambertien, mais il souhaitait focaliser l'attention sur Verdier puisque c'était bien lui qui avait mis le ballon par dessus la barre. Toutefois n'étant pas d'un naturel stressable il ne ferait sûrement pas de cauchemard récurent dans lequel le drop serait perdu et la coupe du monde avec.
. Les journalistes sportifs posaient enfin de bonnes questions techniques, comme:
- peut-on donner de l'effet à un ballon cubique pour incurver sa trajectoire?
Aymrald- un peu, mais moins qu'avec un ballon rond car il y a plus de turbulences dès qu'il tourne.
- jouer habituellement avec Juustomeijeri vous donnait-il un petit avantage en les connaissant mieux qu'ils ne connaissaient notre équipe?
A- un tout petit: toutes les équipes sont instrumentées et numérisées donc tout le monde peut étudier attentivement les habitudes de jeu de tous les autres, au rinnepallo. Les Coréens nous avaient étudiés sous toutes les coutures, et nous de même, alors que nous ne nous étions pas encore rencontrés jusqu'alors.
- pensez-vous que l'arbitrage électronique devrait s'appliquer à d'autres sports?
A- oui. Le même système marcherait pour le rugby ainsi que pour le football: il suffit de le reprogrammer pour les règles de tel ou tel jeu.
- à propos de football, peu de gens savaient que l'on pouvait marquer un drop de la tête, au rinnepallo. Va-t-on voir des tirs de pénalités sous angle difficiles repris ainsi à la manière d'un corner au foot?
A- c'est permis, toutefois le bon rebond d'un cube sur une tête n'est pas évident à improviser, contrairement à un ballon rond.

. Il était prévu en cas de victoire d'accepter jusqu'à dix interviews (de médias de pays différents), et tout de même quatre en cas de défaite: pour la promotion du rinnepallo, Aymrald pouvait être un personnage (un peu) public, ce grand jour-là.

. Le drop final avait été maintes fois rediffusé. Parmi les diverses paires de caméras utilisées pour filmer le match, l'une était restée sur lui (tandis que trois paires suivaient le ballon) ce qui avait permis de montrer le changement brutal de son expression lors du rebond sur le poteau (expression de contrariété, très brève), puis autre changement, aussitôt après que Verdier eût sauvé le drop et le match: un éclair blanc avait traversé brièvement son visage d'une oreille à l'autre. "Peu démonstratif, notre Finno-breton, mais quand on repasse au ralenti on voit qu'il n'est pas si froidement indifférent que ça". Un plus "latin" se fût précipité féliciter Verdier, lui était venu le voir mais sans courir, puisque le match étant gagné il n'y avait plus urgence, pendant que retentissait la Marseillaise: pas d'hymnes avant un match de rinnepallo, mais celui du vainqueur après: comme en Formule 1. Parmi les vidéo de lui (il y en eut beaucoup sur le Lioubioutchaï) beaucoup de ses rebonds, roulades au sol avec relèvement sans ralentir, glissades en slalom, en pivotant ou non sur lui-même, etc. Les protections de côtes, d'épaules ou de clavicules étant interdites au rinnepallo, on n'y voyait pas d'impacts aussi violents qu'au rugby (ça faisait trop mal, ce qui limitait d'autant les risques pour le dos) mais ça m'empêchait pas les plaquages d'être souvent spectaculaires.

. Le dépit de la coupe du monde avait aussi fonctionné sur les spectateurs d'où une audiance plus grande que prévue pour cette coupe du monde du ballon cubique: là, on pouvait peut-être gagner, et surtout, l'Italie avait peu de chance de passer le premier tour (battre les Etats-Unis? Pas évident) et presque aucune pour le second, puisqu'elle eût alors rencontré la Suède. Beaucoup avaient alors découvert cette étrange variante en "course de côte" du rugby, ou les fautes étaient rares (les équipes savaient que la détection logicielle fonctionnait très bien, en plus de l'utilisation de la vidéo par les arbitres), d'où un rythme général soutenu, et les accidents plus rares encore: les chutes n'étaient pas considérées comme "accidents", tout rinnepalliste sachant gérer une chute et se relever dans la foulée pour repartir aussitôt, comme si cette "figure de style" faisait partie de la manoeuvre. Les mêlées en côte (où l'équipe amont disposait de deux joueurs de moins) étaient intéressantes à voir (il n'était pas permis de les tourner de plus de 30°, détecté automatiquement par l'arbitrage électronique grâce aux transpondeurs de localisation dans les tenues des joueurs) de même que les "vagues d'assaut" que les défenseurs hésitaient à charger trop vite de crainte de dépasser des joueurs adverses et de perdre trop de temps à revenir sur eux, en raison de la pente. Pour les assaillants, c'était plus simple (mais plus fatigant): "à fond tout le temps", en essayant d'éviter les défenseurs et de ne pas tomber.

. La coupe du monde avait réussi à faire venir des équipes des deux Amériques et d'Asie, donc méritait vraiment ce titre, et les spectateurs qui n'y avaient parfois jeté un coup d'oeil que parce qu'il n'y avait que ça à la télé à cette heure-là étaient généralement restés devant: même des matchs entre équipes de "troisième rang" comme Ukraine/Luxembourg s'étaient avérés télégéniques. Le ballon cubique gardait son statut amateur (les Etats finançaient les voyages des équipes, la plupart du temps, et le pays organisateur offrait l'hôtelerie) tout en réussissant à attirer les médias. Certes, la télévision japonaise ne retransmit dans les qualifications que les matchs joués par le Japon, la Finlande ou la France (ces deux pays-là étant supposés favoris, ce qui se confirma) et Japon/Finlande y fit encore plus d'audiance que s'il s'était agi de football. D'autres pays ne retransmirent même pas les matchs de leur propre équipe, donc on était loin d'une coupe du monde de football, mais le statut "mondial" n'en était pas moins acquis. Les terrains étaient abrités de la pluie soit par un toit rigide (démontable ou non) soit par un double chapiteau (les poteaux, très hauts, servant en fait aussi de mâts d'appoint, dans ce cas), en cas de pluie.

. Le match France/Finlande fut qualifié par certains de tellement serré et intense que l'on aurait cru que le scénario aurait été conçu par Kerfilm: "le drop de la dernière chance", après cette course de feintes aboutissant à une impasse face au "mur de la Baltique" et aucun Français en relais à qui passer le cube. Erwann n'avait eu aucune occasion de mettre un essai au cours de ce match, tant il était surveillé par ses camarades finlandais: il avait surtout réussi à bien les faire courir, glisser et tomber en tentant de l'intercepter, ce qui, outre diminuer momentanément le nombre d'obstacles sur la trajectoire d'autres Français (dont un souvent à portée de passe, directe ou en deux fois), avait aussi contibué à diminuer les vitesses de réaction de ses "cerbères" finlandais personnels à la fin du match.

. Après la victoire, Erwann mentionna le rôle du Japon: "cette équipe que nous ne connaissions pas a réussi à faire douter les Finlandais, et je pense que la rencontrer en finale aurait aussi donné un match intéressant".

. La coupe du monde de rinnepallo était bien sûr retransmise officiellement en stéréoscopie par satellites. La France, en collaboration avec la Russie, avait donc organisé la diffusion stéréoscopique par le réseau Lioubioutchaï, capté (gratuitement, bien sûr) par les diverses télévisions d'autres pays pour retransmission la plupart du temps en monoscopie, mais un particulier pouvait capter le flux Lioubioutchaï correspondant pour suivre la coupe du monde de rinnepallo dans des lunettes stéréoscopiques ou sur ordinateur, en anaglyphe (lunettes bicolores) ou en bi-polarisé (vraies couleurs, écran plus cher) avec lunettes à filtres polarisés aussi.

. Le calendrier des Dieux du Stade 2007 fut celui qui suscita le plus de commentaires (souvent très négatifs) dans les médias et sur le Lioubioutchaï, ce qui pouvait avoir contribué aux ventes auprès de la clientelle préférant le "trash" et risquait d'inciter l'édition 2008 à poursuivre (voire aller plus loin) dans cette voie.

. Les équipes (comme les acteurs de VTP) devaient aussi assurer l'entretien du matériel et des locaux (l'outillage fourni facilitait cela, surtout le nettoyage), de même que la pelouse, selon les principes "on n'est si bien servi que par soi-même" et "on respecte mieux ce que l'on a la responsabilité d'entretenir". En fait tondre la pelouse, réparer des gradins ou même nettoyer des latrines avec la machine conçue pour cela (la forme des sanitaires ayant elle aussi été optimisée dans ce but) qui évitait d'avoir à se baisser, tout en permettant un travail précis ne mettant pas d'eau partout, était un moyen de se changer les idées, constata-t-il: des "corvées" simples et que l'on était sûr de réussir, entre des entraînements de simulation de matchs moins évidents. Tabagisme strictement interdit, alcool toléré seulement "assez loin du prochain match pour ne plus être détectable". Vie privée: BFR ne s'en mêlait pas, à condition qu'elle restât privée, donc "ailleurs" et sans médiatisation délibérée. C'était maintenant surnommé "rugby finlandais" par les autres clubs ayant appris comment Dinan fonctionnait. Froid, peut-être, mais pas taciturne: les discussions avant match sur comment gérer tel ou tel joueur adverse selon ses réactions habituelles observées dans les reconstitutions allaient bon train. Discussion après-match aussi: au lieu de gloser "en l'air" sur les occasions manquées et qui avait mal joué, ça se faisait analyse d'image à l'appui. Oui, Untel n'aurait pas dû hésiter ou faire la passe à Machin alors que Truc était mieux placé, mais (la synthèse permettant de se mettre dans la situation du joueur et se rendre compte de ce qu'il avait pu voir des actions en cours là où il était) il ne pouvait pas le voir car un joueur adverse était dans le champ. Ca évitant la mauvaise foi (souvent involontaire, au début), les inimitiés tactiques, le manque de confiance: les reconstitutions permettaient de savoir ce qu'il aurait fallu faire, mais aussi s'il aurait réellement été possible de le faire ou de savoir qu'il fallait le faire. Chacun apprenait à connaître les capacités de réaction de ses camarades (par l'analyse, et non par la perception humaine "horizontale" entâchée de toutes sortes de biais, surtout quand une sympathie existait) et donc à s'en servir au mieux, sans "rêver qu'il devine tout seul ce que l'on allait faire" si on n'avait pas pu faire passer le message par signes au bon moment.
. D'autres équipes faisaient certainement déjà cela, estimait BFR, il fallait donc le faire avec le maximum de moyens de reconstitution et de "remise en situation", y compris avec les lunettes à imagerie virtuelle, comme pour le rôdage des rôles de VTP. Alex Berkaïev avait posé la question au directeur des opérations sportives de BFR (qui s'occupait aussi des compétitions comme la Route du Rhum ou le Vendée Globe dans lesquelles BFR engageait des voiliers sophistiqués tout en optimisant une alimentation "sans soucis" pour l'équipage), quand il en avait eu l'occasion:
A- c'est sûrement efficace, mais à long terme, ne risque-t-on pas de tuer l'esprit du rugby en en faisant une science aussi sérieuse?
- ce qui a tué l'esprit du rugby, c'est d'avoir quitté le statut amateur. Alors quitte à ce que ce soit pro, il faut l'organiser en tant que tel. Sinon, il reste le rinnepallo.
. Pas si bon argument, le rinnepallo étant devenu "scientifique" avant le rugby, tout en restant statutairement amateur (avec des vérifications). Toutefois Alex n'objecta pas: le rinnepallo restait plus "bon enfant", lui semblait-il. Scientifique, certes, mais à la façon d'un jeu vidéo grandeur nature.

. La question du football avait déjà été posée, à l'intérieur de BFR. Réponse: "beaucoup trop d'argent mis en jeu: nous formerons certainement de bon joueurs, mais nous n'aurons pas les moyens de les garder". Il était déjà question de renoncer aux grandes courses à la voile, jugées trop coûteuses malgré quelques victoires. Le rugby représentait un budget raisonnable, du point de vue de BFR, donc il continuerait. Au pire, BFR laisserait tomber le rugby à quinze pour le treize (bien moins financiarisé, et pas juste parce qu'avec deux joueurs de moins) ou on le partagerait avec un autre sponsor: vu les résultats qu'obtenait le Dynamo, il ne serait pas difficile d'en trouver un), le rugby féminin donnant d'excellents résultats tout en ayant bien moins de risque de captation de joueuses par d'autres équipes.

. Entre autres modifications pour la coupe du monde de rugby 2007, l'interdiction des lentilles de contact (déjà en vigueur au rinnepallo) suite à deux accidents aggravés par la lentille, cette année, l'un en Nouvelle-Zélande, l'autre en Ecosse. Certains joueurs, même à ce niveau, en portaient. Donc soit il ne seraient pas sélectionnés, soient ils joueraient à un poste leur permettant de s'en passer (si la myopie était faible) soit ils se feraient opérer, ayant largement le temps pour cela d'ici l'automne 2007. Quatrième possibilité: utiliser les mêmes lunettes qu'au rinnepallo, la fédération internationale de rugby les ayant trouvées sûres à la fois pour le porteur et pour ceux qui entreraient en collision avec lui. L'instrumentalisation électronique fut adopé pour le ballon, équipé de trois transpondeurs internes: deux au pôles, un à l'équateur, ce qui suffisait pour définir entièrement sa position. Cela automatisait la détection des "en-avant" et aussi du franchissement de ligne (touche "limite", ou essai tout juste invalide). Les transpondeurs dans les tenues des joueurs ne seraient pas adoptés cette année, car c'était plus compliqué et la fédération internationale jugeait qu'il vallait mieux le faire une année sans coupe du monde. Le rubgy utilisait déjà officiellement l'arbitrage vidéo, contrairement au football: l'appoint de la détection très précise des en-avant et des chevauchements de ligne constituait déjà un appoint important, permettant aux arbitres de se concentrer sur les autres fautes ou validations. Le plafonnement des rémunérations des joueurs et des droits de retransmission était en discussion et ne fut pas adopté pour 2007, tout en étant jugé souhaitable à moyen terme, "avant que l'on n'arrive à des dérives footballistiques". Le fait que le rinnepallo entrât aux Jeux Olympiques était jugé comme le signe qu'il fallait réviser certaines choses dans le rugby, puisqu'il n'y avait plus été après 1924 (finale gagnée par les Etats-Unis).

. Le téléchargement en "qualité télé" était devenu moins dissuasif en temps de connexion (donc en baisse de priorité d'accès pour les prochaines connexions) via le Lioubioutchaï 3, y compris en stéréoscopie pour ordinateur (ça prenait toutefois deux fois plus de temps) ce qui anticipait une partie de la diffusion "grand public" de ses films. Toutefois la qualité restait largement inférieure à celle d'un visionnage en salle, en plus du délai de téléchargement, donc dans les pays où le cinéma était devenu bon marché (en France, en particulier) la fréquentation en salles stéréoscopiques dans les trois années suivant la première sortie n'avait baissé que de 37%. Ces versions pirates jouaient même parfois le rôle involontaire de bandes-annonces au profit des salles: le temps d'accès étant d'environ huit fois la durée réelle du film "quand la circulation était fluide sur le réseau", à moins de sacrifier encore plus la qualité, beaucoup se contenaient d'en charger juste une partie "pour goûter" et décider d'aller le voir ou non en salle ensuite. Parce qu'un téléchargement long diminuait pendant plusieurs jours la priorité d'accès au réseau (principe de la "gratuité rationnée" du Lioubioutchaï) donc qu'il fallait bien choisir pour quel film on allait se "cogner" un si long téléchargement, tellement ça ralentirait les suivants. C'était d'ailleurs la décroissance de priorité en cours de téléchargement qui faisait que sa durée croissait comme le carré (voire un peu "pire") du volume téléchargé: pour 10 fois plus gros c'était 122 fois plus long, en échange de quoi quand on ne se connectait qu'occasionnellement on pouvait copier une vidéo de quelques minutes en quelques secondes seulement. Il n'exisait qu'un seul moyen d'avoir un meilleur taux de transfert par rapport à ce que l'on venait déjà de transférer: acheter plusieurs exemplaires de l'équipement émetteur-récepteur, ce qui finançait l'extension des capacités du réseau. Le système était crypté par des puces à auto-destruction dès que l'on tentait des les faire fonctionner hors de leur cadre habituel (pour les étudier), issues des recherches militaires les plus poussées des cryptologues ex-soviétiques, l'URSS ayant produit un grand nombre de mathématiciens de haut niveau, donc aucune contrefaçon apte à fonctionner n'avait pu à ce jour être réalisée (même pour mille fois plus cher, par les laboratoires militaires américains ou chinois), donc tout ce qui fonctionnait correctement pour aller dans le réseau Lioubioutchaï restait un monopole scientifique russe. C'était aussi l'impossibilité pour tous les autres Etats d'espionner les transmissions de particuliers depuis et vers le Lioubioutchaï qui en faisait un outil de vraie liberté d'expression non censurable (à moins de trouver l'émetteur, ce qui supposait de le survoler et d'écouter les bonnes fréquences au bon instant) donc jugé très subversif par beaucoup de gouvernements. Ca n'utilisait aucun réseau terrestre, donc à moins de créer un couvercle d'acier formant cage de Farraday au dessus de tout le pays, ou de fouiller soigneusement et fréquemment tous les logements, ou d'obliger toute la population à vivre dans d'anciennes mines, il n'y avait pas de moyen de l'empêcher. Des drônes espions multifréquences (donc d'un certain poids et coût, pour surveiller simultanément un spectre important tout en limitant les fausses alertes dûes par exemple à un four micro-ondes imparfaitement isolé car pendant que la police politique serait envoyée pour déporter ou abattre un innocent, elle ne traquerait pas les vrais utilisateurs pirates) survolant les villes prenaient de temps en temps un dissident en flagrant délit, en Chine, mais il n'y en avait pas assez pour envoyer au lao-gaï un nombre suffisant d'utilisateurs pour que cela fût dissuasif, en plus du fait qu'il y avait déjà tellement de choses pouvant envoyer un Chinois dans un de ces goulags que le Lioubioutchaï n'augmentait guère ce risque, estimaient ses utilisateurs.

. Contrairement à ce que la plupart prédisaient (y compris certains joueurs du Stade de France) les "Dieux du stade" 2007 se vendirent mieux que la version 2006 qui était pourtant plus "digeste".

. Il savait qu'à la belle saison le lac lui manquerait: la piscine géothermique sans chlore de VTP22 était très bien, mais il manquait l'espace (malgré ses 50m) et le décor, tandis que l'eau de mer restait déconseillée (en longue durée quotidienne) pour sa peau. Il fit installer chez lui (extension contre la maison, de la taille d'un garage ordinaire) un bassin de nage à contrecourant, l'eau circulant (retour continu par du tube de gros diamètre, contenant la turbine) à une vitesse automatiquement asservie à sa position pour le maintenir au milieu: s'il ralentissait, l'eau aussi. Pour sortir, il fallait soit éteindre le système (commande vocale) soit aller vers l'un des bords, car il n'y avait pas de courant transversal. Le système s'arrêtait s'il n'y avait personne dans l'eau. Des écrans de téléprojection autour (les téléprojecteurs étant suspendus au dessus du bassin) pour créer du paysage mobile, bien plus variable que celui de Juustomeijeri: lagon tropical, icebergs, forêt amazonienne, etc, et ventilation variable elle aussi. Un équipement qu'il pouvait facilement s'offrir: il avait très peu de dépenses courantes, et qui lui semblait réellement utile. Le système d'épuration fonctionnait comme celui de VTP, avec filtrage centrifuge, plus "claquage" des bactéries et micro-algues par ultrasons. Une piscine couverte se salissait bien qu'une piscine ouverte (ni feuilles ni crottes d'oiseau ni poussières volantes de terre ni insectes noyés, etc) mais des micro-organismes réussissaient tout de même à l'atteindre, et pas uniquement ceux apportés par le baigneur: même non utilisée, l'eau aurait pu verdir. Il y avait un détecteur au cas où quelque chose freinerait l'eau du côté de la sortie: ainsi si jamais Gorak tombait dans le bassin (peu probable) il ne resterait pas plaqué par le courant contre cette grille et pourrait remonter en l'escaladant, puisque c'était une grille et non du carrelage. Le chauffage se faisait lui aussi via le tube de retour de courant rapide, quand la circulation de l'eau et les ultrasons de l'épurateur ne suffisaient pas à la tiédir. C'était une pompe à chaleur qui récupérait celle-ci dans l'air de ce local pour la réintroduire dans l'eau, de sorte que l'élément absorbant servait en même temps de deshumidificateur (attirant plus l'humidité que les murs, moins froids) dont l'eau de condensation retournait dans la piscine. Le circuit pouvait aussi passer par un échangeur extérieur selon la météo, si l'été il souhaitait refroidir l'air ambiant sans trop chauffer l'eau (mais en général, ça pouvait marcher sur cycle interne, l'eau à 24°C semblant encore "froide" surtout par rapport à de l'air à 24°C) ou l'hiver rechauffer l'eau sans refroidir l'air ambiant.

. Il joua un rôle direct et un indirect dans "la forêt des ruines", film pouvant être post-civilisationnel ou "fantastique parallèle" utilisant quantité d'animaux normaux ou mutants. Il y avait des hordes de canibales (européens), des souterrains d'une civilisation technologique oubliée (la nôtre?), des enfants (artificiels, la technique les rendant maintenant crédibles pour un budget raisonnable dans ces tournages) que lui et d'autres chassaient à l'arc pour les manger (rôtis à la broche), des robots (non-humanoïdes: sorte d'étoiles de mer mécaniques pouvant aussi se déplacer très vite sans être gênées par les arbres, en faisant la roue). Le personnage joué indirectement par Erwann (robot piloté par exosquelette, puis dans une autre sessions en infographie directe sur lui, quadrillé pour être remplacé: ce n'était pas un Attéen) faisait partie à N exemplaires d'une série de clônes paramilitaires (ça pouvait aussi évoquer une tenue de chasse futuriste) sortant des ces machines pour enlever d'autres humains. Un film techniquement avancé, mais qui lui sembla scénaristiquement fait de bric et de broc: il n'en percevait pas les lignes directrices. Soit le scénario en manquait, soit son rôle ne les lui laissait pas deviner. D'ailleurs il n'avait jamais été doué pour deviner les parties cachées (à son rôle) des scénarii, ce qui contribuait lui faire mieux déguster les films quand ils étaient achevés. Il avait l'impression que "La forêt des ruines" ne serait pas un film prenant, mais juste une démonstration d'effets spéciaux. Il espérait que cette impression fût fausse: "ne jamais se fier à la première impression". Par exemple il n'avait pas vu la scène où un des enfants, apercevant un Karéen, disait aux autres: "C'est un Rivanien, ils mangent les enfants!". Dans cette histoire, les ogres (d'ailleurs ce mot n'était pas utilisé, mais "Rivanien") n'étaient pas des barbus ventripotants: ils étaient joués par des Karéens et Attéens (dont Erwann tel que) et autres emprunts à VTPSF ou répliqués artificiellement pour le tournage. On s'apercevait plus tard dans le film que les "paramilitaires" qui enlevaient des gens les passaient au broyeur (en y ajoutant un peu d'une poudre fine) pour en garnir des moules qui étaient en fait des incubateurs de clônes: les bactéries "intelligentes" ajoutées reconfigurait en 44 jours toute cette chair (et les os) broyés en clône d'eux, en éliminant le surplus (on en mettait un peu plus, pour être sûr qu'il y eût de chaque composant élémentaire en quantité suffisante) sous forme de liquide dans un petit réservoir, dessous. Le même procédé permettait de reconstituer un membre coupé, en fixant le moule (comme un plâtre en plastique) sur le moignon, après l'avoir rempli de matière et de bactéries reconfiguratrices. Idem pour un oeil, en remplissant ainsi l'orbitre et en l'obstruant le temps de la reconstruction (environ 3 jours). Objectivement, ce procédé était bien plus économique que la reproduction classique: combien eût-il fallu consommer d'aliments (viandes incluses) pour fabriquer traditionnellement un bébé puis l'amener aux alentours de 25 ans pour un développement complet? Dans le procédé des clônes du film, il y avait très peu de chair perdue.

. Les tournages à base de mécanimaux étaient devenus majoritaires, car ça, Bollywood ne savait pas encore le faire avec une qualité, des délais et un coût compétitifs. En dehors de cette activité principale, Aymrald devint le 10 titulaire (ou parfois le 15) de l'équipe de rinnepallo de VTP22 et allait de ce fait perdre peu à peu ses connaissances précises des performances de chaque joueur de Juustomejeri (le club qui en fournissait le plus à l'équipe de Finlande) car il ne pourrait suivre de l'intérieur leurs évolutions et surtout celles des nouveaux. VTP22 était déjà le meilleur club de France, donc y ajouter Aymrald n'y changerait rien (l'équipe marquerait un peu plus de drops, mais ça marchait déjà sans), tandis que ne plus l'avoir comme expert du jeu finlandais résidant là-bas serait moins bon pour l'équipe de France. Ce que ça changeait surtout pour VTP22, disait-on dans les forums, c'était qu'il y avait plus de public dans les tribunes que quand il n'y jouait pas. Les photos et vidéo prises de lui par des fans se multiplièrent: la qualité était généralement inférieure à ce que le club mettait gratuitement à disposition sur son site Lioubioutchaï, mais il y était bien plus souvent, et souvent zoomé (donc souvent flou, si c'était sans utiliser un pied) alors que la vidéothèque/photothèque du club ne privilégiait personne.
. Le rinnepallo était un autre "souvenir finlandais", et il était pratiqué aussi sérieusement et scientifiquement en France (au moins pour VTP22) qu'en Finlande, bien que sans Finlandais. C'était même plus froidement sérieux (presque l'ambiance de l'escrime, à l'entraînement), peut-être parce que le climat l'était moins. Aymrald n'était plus habitué à passer tant de mois consécutifs en France et trouvait ce pays ennuyeux, malgré les marées et les grosses tempêtes d'équinoxe plus impressionnantes que le mauvais temps finlandais. Parler français était trop facile: ne plus devoir cogiter pour produire du finnois correctement décliné allait faire baisser ses capacités intellectuelles. Il lui resterait possible d'envoyer des messages dans cette langue à Viljami ou autres, mais ça n'aurait plus l'obligation de "temps réel" de la conversation directe. Certes, il pourrait retourner là-bas pour des vacances, mais ce ne serait plus pareil. Certains de l'équipe VTP22 s'étaient un peu inquiétés de ce qu'il devînt résident car il risquait d'y prendre du pouvoir, alors que d'autres auraient souhaité cela. Il ne se passa rien de tel, Aymrald faisant partie de l'équipe technique définissant les stratégies de jeu mais n'y revendiquant rien, et moins encore sur le terrain: dès la mise au point du rinnepallo moderne (informatisé), en Finlande, il avait dit qu'un 10 ne devait pas être capitaine, la complexité du poste empêchant de s'occuper d'autre chose en même temps. Un 10 pouvait éventuellement faire partie des "seconds" pour organiser le jeu avec deux ou trois autres joueurs (le 9 et un des centres, par exemple), mais c'était le maximum gérable. Pour piloter l'ensemble de l'équipe, il fallait avoir le temps de bien l'observer donc il vallait mieux un joueur de 3ème ligne ou un "centre". D'ailleurs effectivement aucune équipe de rinnepallo ne confiait cette mission au 10 "puisque Justomeijeri ne le faisait pas" et que c'était là que tout avait commencé. A Juustomeijeri et VTP, on ne la confiait pas non plus au 15, ni aux joueurs de première ligne. Restaient les 4 à 8 et 11 à 14 pour cela, ce qui était généralement le cas aussi dans les autres clubs. Pour VTP22 c'était généralement le 8, le 12 ou le 13, postes auxquels Aymrald ne jouait jamais dans de "vrais" matchs. Il avait déjà joué 15, quelques expérimentations en 11 et 14 en raison de sa vitesse en côte, mais sa fonction "naturelle" était le 10. Aymrald prévoyait de passer en 15 le jour où VTP22 se trouverait un meilleur 10, et c'était fait de temps en temps pour essayer un des autres 10 à ce poste dans un vrai match, quitte à permutter si ce n'était pas tout à fait ça. On le mit une fois en 14 (contre Nantes, qui s'était récemment doté d'un terrain de rinnepallo) pour pouvoir expérimenter à la fois un autre 10 et un autre 15, dans un match à faible risque, et se retrouver en 14 lui donna l'occasion de marquer deux essais, en plus d'avoir mis trois drops entre les perches lilloises. Ce ne fut toutefois pas lui qui tira les transformations: cette tâche était confiée à Gérald Levicq, le 10 habituel de VTP22 avant le retour d'Aymrald de Finlande.
. Sa participation à la mise au point des prochains match était sous forme de simulations, qui faisaient partie de toutes celles proposées anonymement à la discussion à laquelle il ne participait pas. Aymrald n'était pas fait pour ça, et moins encore après avoir vécu en Finlande. Si on lui demandait son avis, il le donnait, mais sans chercher à le défendre dans un débat. Il en restait au dépôt de suggestions.

. Erwann s'entraînait parfois avec Derek (dont il remarqua qu'il était coiffé moins court que d'habitude), parfois avec Tanguy, pour les entraînements de lutte avec un adversaire de capacités voisines. Il y eut aussi Romain, qui s'avérait plus solide et rapide dans ces entraînements qu'Erwann ne l'aurait imaginé, avec des réflexes un peu différents de ceux de Tanguy. Les scènes modélisées avec les vrais acteurs (avec quadrillages et cibles pour la télémétrie) étaient ensuite réessayées avec un acteur et un actroïde pour ce qui aurait pu causer des blessures en y allant à fond.
. Romain était un Emilianien tout à fait zen, sa vie avait été simple et confortable (on ne l'avait pas envoyé rafistoler une usine défectueuse) et il n'avait pas d'ambition ni de spécialisation dans VTP: on l'utilisait dans des rôles d'action "Kerfilm" comme dans des téléfilms plus romantiques.

. Erwann joua dans Yamamba888, un "Héroïc Manga" (HM), de la HF conçue par trois dessinateurs japonais fans de Tarsini. Du futuristico-médiéval avec des couleurs fluo, beaucoup de métal, des paysages à couper de souffle, beaucoup de chimères et dragons pour tirer partie du savoir-faire et des capacités de mise en oeuvre rapide de VTP dans ce domaine. On y trouvait cinq emprunts au Dynamo de Dinan: les trois Krüger, pour faire les brutes, Torbjörn et Lefar dans des rôles très musclés aussi mais un peu moins caricaturalement brutaux. A côté de ces gaillards Erwann faisait plus "gamin" ce qui était l'effet souhaité pour son personnage: consistant, mais pas impressionnant, plus en adresse qu'en puissance, alors qu'il n'était ni petit (1m875) ni léger (89kg). Il suffisait pour cela d'enrôler des "germano-nordiques" (bien que Lefar fût celte) plus puissants et (surtout les Krüger) moins émilianiens. Dans les "Miroirs du temps" on cherchait à le faire paraître plus grand et plus costaud qu'il n'était, dans ce film de HM c'était l'inverse, par relativité d'échelle. Les scénaristes de VTP veillèrent à ce que ce ne fût pas "saoûlant d'action" façon film coréen ou certains dessins animés japonais: dans du Kerfilm, il devait y avoir plus souvent de l'action que dans un film d'action américain traditionnel (surtout moins de "temps faibles") mais il ne fallait pas pour autant dépasser la dose prescrite. Des essais étaient faits pour savoir quand une part importante du public "décrocherait" du fil de l'histoire si on ne lui laissait pas le temps d'y repenser en le "canardant" de trop d'action à l'écran, façon jeu vidéo. Lucien Venant avait dit (en interne) de ce film:
L- c'est du gros qui tache, mais puisque même "Digestion" à fait un score portavionnesque, il n'y a pas de raison que ce film qui est plus beau ne marche pas, surtout auprès des jeunes. Il faudrait juste éviter d'en tourner une dizaine de suite...
. Il y avait plusieurs fois dans le film des scènes aquatiques, parce que ça se prêtait très bien à l'ajout de bestioles réalistes par synthèse, y compris lumineuses (méduses, par exemple) et parce qu'il nageait à la fois vite et d'une façon élégante dans le mouvement d'ensemble du corps avec une monopalme translucide zèbrée évoquant les nageoires de certains poissons décoratifs (ambiance "Heroïc Manga"). Il n'existait pas de photos "calendrier" de lui à sec, mais on pouvait en trouver en version immergée ou sortant de l'eau, extraites de nombreux films.

2007

. Le changement de régime fiscal finlandais pour les expatriés avait conduit VTP à reprendre Erwann dans VTP22 et non plus VTPSF, d'autant qu'il était facile pour la direction française de diriger aussi cette filiale à distance. Erwann était donc revenu en France avec Gorak. Il pensait que celui-ci s'y adapterait bien car ici il y avait des bestioles à chasser dans les jardins toute l'année.

. Cette année, le tournoi européen de rinnepallo commençait dès janvier, pour réduire les interférences médiatiques avec les "VI nations" du rugby. L'Allemagne y remplaçant cette année le Danemark. Donc: Allemagne, Finlande, France, Suède, Argentine, aucun match n'ayant lieu dans ce pays. Cela faisait donc deux pays nordiques, deux pays latins et l'Allemagne qui n'était ni l'un ni l'autre. Ce pays brillait par son absence en rugby, malgré la formation d'excellents joueurs allemands à Dinan, mais avait su prendre en marche le train du rinnepallo, et être préféré à la Suisse pour remplacer le Danemark aux performances insuffisantes: dans l'intérêt du suspens des matchs, il ne fallait pas de "maillon trop faible" dans le tournoi, d'où le remplacement de la Belgique par l'Argentine puis cette fois du Danemark par l'Allemagne.
. La base d'entraînement du Cube de France était (fort logiquement, vu les infrastructures disponibles) une de celles de VTP22 de sorte qu'Aymrald rentrait chez lui chaque soir (sauf la veille du match) et y retrouvait Gorak, qui était fort utile à son équilibre mental et affectif en Finlande et qu'il avait cette fois avec lui pendant le Tournoi. Les matchs du Cube de France ayant lieu un peu partout sauf en France, l'équipe ne s'absentait que la veille du match et revenait le soir suivant. Aucune photo de lui avec Gorak n'était en circulation, car il craignait que quelqu'un ait l'idée de l'enlever. On le vit parfois avec un chat dans les bras ou en écharpe (les pattes avant sur l'épaule), mais qui ne ressemblait pas à Gorak.

. France-Finlande était cette fois le dernier match du tournoi de rinnepallo (le samedi 3 février à 14h), les deux pays ayant gagné leurs trois matchs précédents. Le match avait lieu à Malmö, où un nouveau stade de rinnepallo couvert allait être inauguré à cette occasion. Une machinerie souterraine permettait d'incliner ou non les extrémités du terrain avec les 15cm d'un mélange de terre et de treillage imputrescible qui les recouvrait (il y avait ensuite une sous-couche améliorant l'amortissement) de sorte qu'il n'y avait ensuite qu'à déplacer les accessoires et refaire le marquage pour y jouer au football ou au rugby, bien que ce dernier fût peu pratiqué en Suède. Le match passait à la télévision, qui depuis la coupe du monde s'y intéressait plus; au moins pour les matchs du Cube de France.
. La stratégie était inédite (c'était indispensable face à la Finlande) avec Aymrald envoyé marquer des essais lui-même (deux fois) alors que d'habitude soit il tentait un drop, soit il passait à un joueur moins entouré que lui. Il avait encore amélioré la techniques des coups de pied à suivre pour lui-même "sans en avoir l'air": sachant fort bien où retomberait le cube, il ne galopait pas vers ce point, dans la côte, donnant l'illusion que la chandelle était destinée à un de ses camarades, puis revenait juste au bon endroit la capter. "Le plus finlandais des joueurs français" parvint ainsi à inscrire deux essais (tout en en ayant alimenté trois autres) et quatre drops dans ce match gagné 54-46. Suivant le principe "pas de match à domicile" l'équipe de Suède ne jouerait pas dans ce beau stade d'hiver tout neuf, contrairement aux clubs de rinnepallo suédois dans leur championnat national où il y avait des matchs aller-retour. Le championnat de France de rinnepallo fonctionnait sur le même principe, avec seize clubs de première division qui se rencontraient de deux façons: d'abord en tournoi (tous avec tous, 240 matchs joués en 30 sessions) puis, le tournoi ayant établi un premier classement, en championnat pyramidal (commençant par des 8ème de finales), les "têtes de séries" (et sous-têtes de séries) étant définies par le classement précédent. Ca faisait encore plus de match que dans le TOP14 mais il était d'usage au rinnepallo de jouer souvent et donc de savoir s'écomoniser pour le match suivant, parfois dès le lendemain. La règle consistant à toujours jouer tôt le matin l'été facilitait cela. En D2 il n'était pas rare de faire jouer la même équipe le soir et le matin, quand il ne faisait pas chaud. C'était, après les côtes (et le problème des mêlées jouées transversalement), l'autre raison de ne pas utiliser de joueurs lourds: les physiques comme celui de Torbjörn s'étaient vite raréfiés dans le rinnepallo, où l'on franchissait rarement le quintal, même pour les "plus de 1m90". Kare était l'un d'eux, avec 104kg. Avec 1m875 et 90kg, Aymrald était un gabarit classique pour ce jeu. VTP l'avait autorisé à prendre un peu plus de puissance, au fil du temps, la natation avec monopalme ayant spontanément cet effet. Sa structure articulaire aurait pu encaisser bien plus (120kg n'auraient rien endommagé, mais il y aurait eu risque de surchauffe, ainsi épaissi, au cours de certains matchs intensifs, en plus d'une perte d'agilité pour les changements de trajectoire) et la prise de muscle ayant été lente ses réflexes avaient eu le temps de s'y adapter, y compris pour les sauts.

. Comme d'habitude ses quelques interviews furent sagement banales et exemptes de tout triomphalisme. C'était un peu l'usage dans ce jeu d'origine finlandaise où l'on évitait tout spectacle d'avant ou après match, où il n'y avait pas de troisième mi-temps et où tout semblait si sobrement sérieux, surtout par rapport au dynamisme et la vivacité du jeu lui-même. Le public n'était pas aussi silencieux que celui de l'escrime mais évoquait plus dans son attitude celui du tennis que des autres jeux d'équipes. Jouer correctement au rinnepallo exigeait, outre une bonne condition physique et des réflexes félins, un grand sang-froid et "un certain quotient intellectuel", ce qui était déjà le cas du rugby par rapport au football, en raison de règles plus compliquées. Celles du rinnepallo l'étaient moins que celles du rugby mais les tactiques de jeu devaient tenir compte du glissement des pieds sur l'herbe dans les côtes, tant pour les attaquants que les défenseurs. Ceci ajouté à la rareté des terrains de rinnepallo faisait qu'il y avait au total peu de bonnes équipes, même en Finlande. En grande partie grâce à VTP/VTPSF, les matchs étaient fort bien filmés et retransmis (réseaux Lioubioutchaï) d'où une notoriété publique dépassant maintenant celle pourtant croissante du handball, bien qu'il y eût moins de pratiquants du rinnepallo en Europe. Son entrée aux Jeux Olympiques de 2008 (attribués à l'Inde) semblait toutefois légitime si l'on songeait que des sports aussi peu pratiqués que le biathlon ou le curling y étaient déjà et que son statut amateur correspondait à l'esprit de Coubertin. En France, même si depuis le temps ce jeu était apprécié en tant que tel (avec un engouement plus vaste depuis la victoire en coupe du monde), la présence d'Aymrald continuait de faire plus d'audiance que les matchs dans lesquels il ne jouait pas.

. Revenu en France, Erwann fut recoiffé comme en 2001, pour la même raison: modèle "glacé-anguleux" mais se prêtant bien à simuler du plus court par infographie pour certains rôles tout en évoluant plus directement vers ses personnages habituels. Dans certains rôles il remplacerait Derek (entorse sévère au genou, au ski fin janvier), d'autres étaient déjà prévus ainsi avec lui, entre maintenant et juin, dont plusieurs sans infographier.

. Petit à petit, VTP utilisait de moins en moins les acteurs réels tout en ayant l'usage de lui (car il était un des plus à l'aise dans cet exercice) pour le pilotage par exosquelette à retour d'effort de toutes sortes de personnages réalistes ou imaginaires. On en était déjà au crépuscule des acteurs, mais pas encore à celui des techniciens et ingénieurs de tournage. La télévision montrerait plus souvent Aymrald sur les terrains de rinnepallo qu'Erwann dans les films (une fois le retard de diffusion écoulé) mais il restait un des plus utilisés dans leur préparation technique et l'enregistrement indirect de scènes, ce qu'il faisait aussi pour les séries télévisées dans lesquelles il ne jouait pas: à part le "pilote" de "Chasseurs d'ombres", on ne l'y utilisait pas comme acteur, peut-être à la fois pour ne pas user son image (une série vallait des dizaines de films, en temps de présence à la télévision) et peut-être aussi pour ne pas donner l'impression qu'on l'y "recyclait": VTP préférait le recycler dans des rôles où on ne le verrait pas, tant qu'à faire. On le reverrait encore dans quelques films, tandis que dans les séries et téléfilms, quantités de monstres, robots ou cyborgs utilisés dans ces séries d'action et d'imagination furent pilotés par lui, et parfois aussi en partie mis au point par lui. Cette évolution lui plaisait aussi: l'ingénieur reprenait du terrain à l'acteur, et ceci bien avant qu'il y eût une raison physique pour moins le mettre à l'écran: ses performances sportives et sa précision continuaient de progresser lentement, et visuellement il faisait toujours aussi frais. Il ne songeait pas à devenir réalisateur et moins encore scénariste: il n'était pas doué pour cela. C'était soit dans l'exécution soit dans la préparation des techniques utiles à l'exécution qu'il avait sa place.

. La notion de trentaine avait été en partie éclipsée, dans son esprit, par la perspective de la coupe du monde de rinnepallo, mais il n'y aurait rien de tel cette année, le tournoi européen avait eu lieu (remporté par la Finlande "comme d'habitude", une fois refermée la parenthèse de 2006) et il allait avoir 31 ans en juin. Certes, ça ne se voyait pas, mais à l'intérieur, il n'était plus tout à fait le même. La mort de Tarsini, en plus de celle de sa mère, le laissait seul, comme si de grands arbres à l'ombre desquels il aurait eu l'habitude d'être, sans vraiment y penser, avaient été fauchés par une tempête. Il n'avait jamais rencontré Tarsini, les autres non plus, ils n'étaient même pas sûrs qu'il ait réellement existé mais ce qui était sûr c'était qu'il leur manquait.

. Outre les tournages, qui commencèrent le 5 février, Aymrald (puisque ce n'était pas comme acteur) s'entraînait et jouait dans le club de rinnepallo "Cube22" de VTP22 pendant ces tournages, en 10 et parfois 15, comme c'était le cas lors de ses autres séjours en France, mais cette fois "pour de bon" puisqu'il n'était plus prévu de le réexpédier en Finlande. Certains entraînements étaient à tribunes ouvertes au public, d'autres à huis clos (on fermait même le toit: vu la pluviosité locale, on n'eût pas conçu un stade "365 jours" sans cet équipement) pour y tester les tactiques de jeu des prochains matchs, en reconstituant le comportement de l'équipe prochainement rencontrée, d'où l'intérêt d'avoir parmi les joueurs des acteurs de VTP: ils avaient des aptitudes d'imitation comportementale.
. Autre entraînement: le saut à la perche, en calquant son attitude sur celles de Jean Galfionne dans la course d'élan et de Sergueï Bubka en vol, sauf qu'on ne lui demandait pas de tenter des records: la prise de vue saurait fort bien en donner l'illusion. Ce qui comptait, c'était de continuer à travailler l'esthétique du geste. Erwann savait déjà sauter à la perche (pour la technique plus que pour l'altitude) mais cette fois il fallait le faire plus cinématographiquement.

. VTP l'ayant maintenant "résident" il n'était plus nécessaire de factoriser ses tournages par paquets de quatre ou cinq: on le faisait aussi travailler sur d'autres où il télépilotait nombre de personnages humains ou non. L'autre raison était qu'en raison de la concurrence indienne VTP avait réduit le budget total "Kerfilm" et le nombre de plateaux simultanément disponibles (réaffectés à d'autres projets, dont la sous-traitance Westfilm), ce qui permettait encore d'en tourner "du très beau et du très gros", mais plus quatre ou cinq en même temps.

. "Règlement de comptes" était un film de gangsters des années 50 (avec des DS aux phares "à l'ancienne") dans lequel il jouait un Alsacien, homme de main et tireur d'élite d'un gang de faux-monnayeurs. L'essentiel de l'action se déroulait dans un des modèles de reconstitution de Paris qui avait déjà servi pour cette période dans "La statue de Dorian Gray". Un film très noir contrairement à Braquages, bien que non dénué d'humour indirect. C'était un style d'image qui lui aussi faisait années 50, par règlage des caméras numériques et de l'éclairage, au moins autant que celui de "braquages" faisait "milieu des années 60". Trafic de drogue et de faux billets, ainsi que de voitures volées, d'où beaucoup de poursuites et fusillades, tout en veillant à ne faire double-emploi ni avec Traction (même transposé) ni avec Braquages. VTP s'était rendu compte qu'il n'était pas si facile de former des acteurs-cascadeurs presque toujours bons du premier coup pour ce type de tournage. D'où le réemploi de plusieurs fois les mêmes déguisés ou infographiés, selon les possibilités, ainsi que de la robotique asservie.

. La DS 19 intéressait les gangsters en raison de ses performances (bien que le premier moteur manquât de puissance: seulement 75ch) et aussi parce qu'elle était facile à voler, comme déjà mentionné dans "Les Valseuses": il suffisait de dévisser le boulon d'extrémité d'une aile arrière (manip nécessaire pour un changement de roue) pour accéder au verrouillage d'une porte arrière et ouvrir ainsi sans effraction (il suffisait de reboulonner l'aile ensuite), puis profiter de l'absence, à l'époque, d'antidémarrage un tant soit peu sérieux. Toutefois les pannes fréquentes de ces premiers modèles participèrent aussi à l'échec de certains braquages ou à des imprévus dans des poursuites, avec des fuites du liquide hydraulique végétal rouge d'époque, qui avait aussi le défaut d'être inflammable. Beaucoup de prises de vues les caméras au ras du bitume (mais stabilisées anti-trépidations), et sans trop tricher sur les capacités des voitures d'époque: en particulier, on voyait les pneus de tordre complètement dans les virages (même les Michelin radiaux X, et donc les autres encore plus) et l'enrobé routier "années 50" de mauvaise qualité s'arracher par endroits quand une voiture (et surtout un camion) dérappait dessus. Beaucoup de trucages pour économiser les véhicules d'époque dans les cascades (car même des épaves présentables moyennant un coup de peinture étaient difficiles à trouver dans les casses, si lontemps après, contrairement à ce qui était encore facile à dénicher pour servir de doublures à casser pour les véhicules des années 70), toutefois ils étaient réellement utilisés dans les poursuites, après plusieurs essais bourrés d'appareils de télémétrie pour établir un "roadbook" de ce que l'on pourrait exactement faire avec. C'étaient surtout les techniques de prises de vues (stabilisation dynamique des caméras, traveling robotisés, drônes) qui n'existaient pas dans les vieux films qui "musclaient" considérablement l'impact visuel de celui-ci. Les acteurs n'étaient pas que de jeunes Emilianiens, de façon à être plus dans le ton des films des années 50. Beaucoup étaient simulés, robotisés ou obtenus à partir des VTP les plus utilisés déguisés à la fois par du réel et du virtuel. Erwann jouait ainsi six personnages secondaires ne permettant pas de l'identifier, en plus de celui qui lui ressemblait. Dans une des scènes de film, Alexandre Galliot (du Dynamo de Dinan) le prenait d'une seule main par le cou, sous le menton, et le soulevait ainsi du sol. Sans trucage: il s'était déjà amusé à le faire jadis et Erwann savait tenir la position sans s'étouffer. Plusieurs rugbymen de Dinan faisaient des rôles annexes dans certains films de VTP (et plus souvent dans des séries ou téléfilm), car VTP avait peu (parmi ses acteurs "résidents") de personnages de plus d'1m90 ou aux alentours du quintal de muscles. Fabrizio, Tanguy, Alexandre Fresnel ou Romain étaient de gabarits proches d'Erwann, ou plus petits ("juste au dessus du mètre 80").

. Le tournage de "La porte de l'avenir" commença (pour les parties utilisant les acteurs) en même temps, en utilisant des moyens communs à "Règlements de comptes", puisque situé en France en 1954. Erwann y jouait Robert Delmas, un jeune informaticien (code machine et cartes perforées) dans un contexte de science-fiction à ambiance d'époque (froideur du mobilier de bureau, netteté jusqu'au fond, jeu très sérieux de tous les personnages) où en fait les bizarreries constatées provenaient d'une interaction avec la période actuelle. Son personnage s'en rendait compte en se retrouvant par une des déchirures spatio-temporelle dans la carcasse d'un fourgon "H" Citroën et se rendait compte quand il en sortait que la quasi-totalité des carcasses empilées autour lui étaient inconnues (ah, si, une 2CV, mais d'un vert vif qui n'existait pas dans les années 50, et avec un capot un peu différent), même si les marques, elles, ne l'étaient pas. "Une 406 ? Ca doit être un décor pour un film de science-fiction" (la 403 n'était pas encore sortie) mais il y avait des voitures à perte de vue, formant comme des pâtés de maisons espacés de rues, et aucun signe de plateau de tournage. Plus loin il voyait une DS (en cours de restauration), un modèle que l'Auto-Journal avait dévoilé en avant-première en 1952 lors d'un scoop resté historique, mais qui là, semblait avoir subi d'épreuve du temps puisqu'en reconstruction. C'était donc vrai... Il fallait alors tenter de s'emparer (sans se faire repérer) de technologies de 2007 pour prendre de l'avance dans la guerre froide en 1954, époque où la France n'avait pas encore l'arme nucléaire. Le thème du passage dans le temps avait déjà servi vers des époques plus modernes, mais là, en ne revenant pas si loin (une époque ou les autos, les avions et même la télévision existaient déjà) on mesurait à quel point les années 50 étaient un moyen-âge à la fois technologique (surtout par rapport aux ordinateurs, télécommunications, génie génétique...), culturel, et médical, tout particulièrement pour les soins dentaires. Les téléphones mobiles ramenés dans les années 50 ne fonctionnaient pas, les SPS ou GPS non plus (grosse déception) mais les ordinateurs, oui, et le C n'était pas difficile à apprendre, même pour un matheux des années 50, pour qui l'utilisation des lignes de commandes sous Linux était moins antinaturelle que pour des jeunes contemporains (sauf ceux qui s'y intéressaient). Là, l'équipe ayant trouvé la faille temporelle savait qu'elle tenait quelque chose de très important, mais craignait qu'une fois que les militaires s'en seraient emparés tout serait sous secret défense et qu'il n'y aurait plus accès. Voir qu'on les garderait enfermés pour ne pas pouvoir en parler ailleurs. Les camescopes et appareils photos numériques, qui étaient utilisables "hors contexte" (ils n'oubliaient pas de les emporter avec tous les accessoires, en particulier le chargeur), constituaient des éléments stratégiques eux aussi. Que vendre ou troquer au monde de l'an 2000? Des Traction. Il y en avait beaucoup et c'était une des rares voitures de grandes série cotant plus en 2007 que son prix d'occasion à l'époque, où même les voitures d'occasion étaient chères par rapport à leur pouvoir d'achat. En les achetant officiellement, et en vieillissant soigneusement la carte grise (sans la trafiquer: juste vieillir l'encre et le papier), elles seraient parfaitement en règle pour être exportées dans le futur (les formulaires de cession étaient disponibles dans les mairies), s'y procurer des euros et acheter de la technologie 2007 avec. Il fallait aussi vérifier de ne pas encore être déclaré mort en 2007, pour l'identité du vendeur. Des 402 et autres modèles des années 30 ayant échappé à la guerre, nettement décotés dans les années 50, pouvaient aussi être exportés à bon prix, même en état médiocre, pourvu que complets et structurellement non déformés. Ils découvrirent aussi qu'il y avait un marché pour certains 78 tours en état neuf (il fallait juste vieillir la pochette: le papier devait avoir jauni, pour faire authentique) introuvables et recherchés par les collectionneurs du futur. La tentation de ramener une voiture du futur fut dissuadée: "l'essence et le gazole sont bien meilleurs à leur époque: ces moteurs ne digéreraient pas nos carburants, on ne trouverait pas les pièces de rechange, surtout en cas de pépin électronique, et ce serait trop repérable". C'était plus facile pour l'outillage et l'appareillage ménager, bien que l'importation d'un four micro-onde aboutît à une catastrophe faute de connaître les erreurs à éviter avec. Suite à certaines maladresses et accidents, des fuites sur ce commerce trans-temporel avait lieu, d'où intervention des services secrets d'abord français, mais aussi de la CIA, la France n'ayant pas encore quitté l'Otan à l'époque, d'où une traque kafkaïenne, des évasions, des interrogatoires avec torture à l'eau ou à l'électricité: oui, les années 50 françaises étaient quasi-soviétiques, même s'il était permis de quitter le pays tant que l'on n'y détenait pas de secret d'état. Comme dans la plupart des films où il jouait, l'action n'était pas centrée sur lui: il en était un des fils conducteurs. Dans ce films l'attention était répartie sur quatre personnages principaux. Robert se réfugiait dans le monde futur, tout en sachant qu'il aurait dû mal à y survivre en raison du chômage de masse et de la récession économique qui y règlait, en plus de n'avoir aucune compétence monnayable pour cette époque (nombre de jeunes de 2007 programmaient mieux que lui) avant de se souvenir qu'il serait encore vivant à cette époque (il l'avait vérifié lors du problème des cartes grises) et de se retrouver dans une maison de retraite, ce qui prouvait qu'il serait rentré dans son époque entretemps. Toutefois il ne se reconnaissait pas dans ce chauve à dentier voûté informe au nez écroulé comme un lépreux.
°°°il faudra que je me suicide avant d'en arriver là. Ou alors j'ai été irradié par des expériences ensuite... Ce n'est pas moi, ça: ce n'est pas possible.
R- excusez-moi, je cherche mon grand-père qui s'appelle Robert Delmas, comme moi, et que je n'ai pas vu depuis mon enfance, mais je ne sais pas si c'est vous. Pourriez-vous m'indiquer votre date de naissance?
. Robert avait ainsi confirmation que ce n'était pas lui. Où était-il? Son changement d'époque l'empêchait peut-être d'exister dans celle-ci tant qu'il n'y serait pas retourné, même si le phénomène était trop récent pour que l'Etat-Civil eût été mis à jour. Ce futur n'existait pas encore, se souvenait-il: il n'était qu'une des suites logiques de son présent à lui.
. Le film ne perdait pas trop de temps en philosophie trans-temporelle, s'intéressait à ce qui arrivait aux autres (scènes d'action: c'était du Kerfilm), puis à lui (encore de l'action: toujours du Kerfilm) puis Robert retrouvait son vrai lui (joué par Fulbert): °°°Cette fois c'est moi en vieux, et pas en ruine. Reste à savoir s'il a gardé les souvenirs que je n'ai pas encore°°°
. Or ce vrai futur lui-même était gâteux (Alzheimer) et bien que se reconnaissant tout de même en lui (les souvenirs les plus anciens s'effaçant les derniers) ne pouvait rien lui expliquer. Soudain son futur lui lui prenait la main, ôtait ses lunettes de presbyte, le regardait droit dans les yeux et... à travers sa vue troublée par la cataracte il ne se souvenait pas de ce qu'il faisait ici, même si ce jeune homme blond aux yeux verts lui rappelait quelqu'un, mais qui? Puis ce visiteur s'en allait, lui laissant une impression de tristesse inexplicable.
. Erwann avait ensuite dit aux scénaristes qu'il y avait une incohérence: si son "vieux lui" lui volait sa jeunesse et repartait avec, il aurait aussi emmené le savoir du futur, donc tout serait devenu différent. Réponse: non, car lui, il n'est pas passé par là où toi tu es passé. Il vient de la version sans faille temporelle.
E- mais au prochain tour, c'est moi qui reprendrai le volant.
- il n'y aura pas de prochain tour: il vient de repartir donc c'est trop tard. Tu es lui, mais 53 ans après. C'est pour ça que tu ne t'en souviens plus, toi. A partir du moment où on pose l'axiome que l'on puisse rencontrer son soi futur, il faut bien qu'il y ait deux consciences: une dans chaque cerveau, mais en même temps l'une sera l'autre: ça forme une sorte de ruban de Moëbius, donc en parcourant l'autre bord... puisque c'est le même, dans un ruban de Moëbius, à un tour près, il peut aussi devenir ton passé.
E- ça se tient. On me vole 53 ans d'une vie certainement passionnante et en plus on me laisse avec un cerveau liquéfié qui fait que je ne peux même pas m'en souvenir. C'est triste, cette histoire.
- ce n'est qu'un des personnages et il arrive plein de choses aux autres. Tu le verras quand tu verras le film.
E- l'autre moi a vécu deux fois la période 27-80 ans, mais pas de la même façon. Par contre nous avons la 0-27 en commun.
- vous avez tout en commun: tu es lui, mais tu ne te souviens pas de ce deuxième tour.
E- sauf que moi je n'ai pas fait le premier, souvenir ou pas.
- si, puisque tu es lui: celui qui a fait les deux tours, c'est toi, qui l'as oublié.
E- mais alors comment la première fois suis-le passé chronologiquement de 27 à 80, puisque venant de 0-27 j'ai ensuite sauté cette étape? Moi, qui suis le passé de l'autre.
- c'est vrai que là il y a un couac, mais la plupart des spectateurs ne creuseront pas si profond. Ils vont penser qu'il y a deux personnages: c'est faux, mais c'est ce que l'on voit à l'écran et c'est plus simple à gérer mentalement. En plus il se passe d'autres choses après.
E- avec Fulbert?
- je n'ai pas à te le dire, et lui non plus. Le film doit être lancé d'abord.
. Comme d'habitude Erwann ne connaissait que ce qu'il avait joué, donc seules les parties des rôles des autres qui interféraient avec le sien. Toutefois s'il n'avait pas trouvé Fulbert (son propre futur), il aurait cherché celui de ses camarades, donc eux, s'ils ne se retrouvaient pas (parce que morts avant, par exemple) pourraient chercher "Robert Delmas 2007", sachant qu'il n'était pas mort.

. Son troisième tournage simultané pendant celui de "La porte de l'avenir" fut dans un "James Bond inversé", où il jouait Vitali Tratchev, un agent secret soviétique opérant en 1962 sur le territoire américain (mission à New York, puis en Californie mais aussi en Europe et à Cuba pour repérer et éliminer des taupes américaines, dont nombre étaient des filles) avec tous les ingrédients des films de James Bond y compris les jolies filles. Dans ce rôle il était souvent aérodynamisé-laqué (mais sans écraser devant, toutefois) car il y jouait pour la première fois (à petite dose, montre en main) un rôle de dragueur mondain dépensier (il n'y avait rien de tel dans 0016, y compris l'opus dans lequel il avait le rôle principal), ce qu'il avait accepté (après hésitation) parce que ça faisait vraiment partie des clichés du rôle, avec l'ambiance luxueuse et les gadgets, et que pour cela il utilisait une drogue spécialement étudiée par les chercheurs soviétiques pour susciter la production d'ocytocine (hormone de l'attachement affectif) et inhiber autant que possible l'esprit critique. On expliquait à Vitali:
- contrairement aux contes de fées ça ne marche pas à 100%: si vous lui rappelez physiquement quelqu'un qui lui évoque de mauvais souvenirs, aucune drogue ne pourra inverser cette impression. Dans les autres cas, associé à un comportement rassurant c'est efficace. Ne soyez surtout pas "dragueur macho": restez simple et courtois, surtout ne tentez rien tant que le produit n'a pas fait effet.
- mais comment le saurai-je?
- l'expression change: moins inelligente, un peu comme chez une femme enceinte et satisfaite de l'être. Nous allons vous montrer un grand nombre de photos pour que vous sachiez reconnaître le moment où le produit devient efficace.
. Il feignait aussi d'avoir trop bu pour endormir la méfiance de ses adversaires, quand il cherchait à obtenir des renseignements ou repérer des agents ennemis à éliminer. Réceptions luxueuses, costumes cartonnés et airs d'en faire partie étaient inhabituel dans ses rôles. Cela restait anecdotique, toutefois, par rapport aux nombres de scènes d'action (plus que dans un James Bond: du Kerfilm) et de tension. Au début, en URSS, il assistait à des essais sur des dissidents politiques, avant d'expérimenter lui aussi ses nouvelles armes sur quelques-uns de ces cobayes. On lui présentait aussi des copies purement soviétiques de voitures américaines truffées de gadgets, pour ses missions là-bas. 1962 parce que Kennedy n'avait pas encore été assassiné, que les Soviétiques étaient en avance sur les Américains dans l'espace et que la guerre froide n'était pas loin de devenir chaude avec le problème des missiles de Cuba. Le film commencerait (sur fond de chants des choeurs de l'Armée Rouge) par un faux générique (bref, et ne donnant pas la distribution du film, en fait) écrit en cyrillique, se déroulant en transparence par dessus les premières images de défilés d'engins chenillés portant d'énormes missiles (parade impressionnante en stéréoscopie), de lancements de fusées, etc. Même "Kerfilm" était écrit en caractères cyrilliques. Ceci ne perdrait son effet que dans les pays utilisant cet alphabet. Des informations avaient été obtenues d'anciens responsables soviétiques, en plus des documents d'archives, pour éviter trop d'invraissemblances. Comme d'habitude pour du Kerfilm, le scénario était assez solide et "nourri" pour pouvoir se passer du visuel (y compris des cascades "prenantes"), tout en ne demandant pas d'aptitudes intellectuelles complexes pour le comprendre. Ensuite Kerfilm y ajoutait tout le dynamisme et l'impact visuel souhaité, pas 100% d'action mais avec des temps calmes plus brefs que dans la plupart des productions américaines: "ça ne doit pas durer plus longtemps qu'un arrêt de jeu dans un match". Erwann d'Ambert comme personnage central d'un film, c'était rarement le cas (il n'y était pas favorable: le public devait rester libre de le choisir ou non parmi plusieurs "candidats") et il avait obtenu (en échange d'accepter les scènes de drague, qui ne correspondaient pas à son image) que l'on renforce encore les autres rôles (déjà constistants), en particulier les "méchants" parmi lesquels les agents de la CIA: "il doit leur aussi arriver plein de choses palpitantes quand je n'y suis pas", et que le sien ne soit que le troisième en temps de présence à l'image. C'était effectivement le cas mais la plupart des gens auraient l'impression de l'y avoir vu plus souvent. Dans les scènes où il séduisait une fille (ou une femme, selon l'objectif fixé), celle-ci était plus souvent à l'image que lui, la caméra étant souvent de son côté ("caméra embarquée", en fait c'était filmé de plus loin, sans lui, puis zoomé pour éviter des effets caricaturalement stéréoscopiques sur sa "cible"), parfois en plan commun, et rarement (toujours brièvement) face à lui. Plus souvent une main de la filles derrière sa tête une autre derrière son dos, ou autres combinaisons de position. L'utilisation du "philtre d'amour" réinventé scientifiquement, à ajouter dans le verre ou la nourriture de sa cible, permettait de conserver le principe selon lequel son apparence ne devait pas être nécessaire à un scénario (puisque cette séduction était assistée par neuromédiateurs artificiels), tout en contribuant à l'ambiance du film au même titre que les autres personnages photogéniques, les décors et effets spéciaux. Vitali avait l'idée d'en remplir un petit vaporisateur à parfum et d'en pulvériser sur la truffe de féroces molosses gardant un centre de recherches biochimique militaire, ce qui en faisait des toutous tout doux le suivant ensuite partout.
. Ce n'était que de l'anecdotique par rapport au contenu plus "Kerfilm" du scénario, avec les scènes d'infiltration clandestine dans des bâtiments (façon "Mission impossible"), d'assassinats en tous genres de combat sur le toit d'un train en marche (grand classique, avec en prime l'électrocution car c'était sur une des rares lignes américaines électrifiées: côte Est. Les connaisseurs pourraient facilement identifier l'étrange 2CC2 "GG1" utilisée sur ce réseau), poursuites en voiture mais aussi en hélicoptère: il savait piloter, mais c'était tout de même truqué (sans être synthétisé) pour obtenir exactement la trajectoire souhaitée et passer sur la tranche entre deux arbres sans casser de pale. L'hélicoptère y passait en vrai, d'où les effets de souffle sur les branches, mais y était guidé façon téléférique entre trois câbles: deux aux flancs, un dessous, matérialisant une trajectoire physiquement réaliste mais trop difficile à garantir même avec un pilotage par logiciel: les turbulences aérodynamiques violentes engendrées par le rotor près du sol puis entre les arbres dépassaient le savoir-faire de simulation scientifique de VTP. On fit des essais d'abord avec un rotor factice (pour éviter de casser le vrai) mais de même poids, puis avec les pales remises en place, mais tournant lentement, puis à vitesse de rotation croissante, puis pleine vitesse mais avec un pas collectif nul (pour éviter le déport latéral) puis avec du pas collectif pour avoir l'effet de soufflerie. Le système déplaçait un peu les points d'ancrage des câbles porteurs au vu des mesures de l'essai précédent, et il fut enfin possible de faire le passage "à plein souffle". Certes, un vrai pilote ayant à faire cela (plus loin du sol, certains savaient le faire) eût annulé le cas collectif, pour simplifier la gestion de la trajectoire, mais c'était plus impressionnant de le faire avec. L'infographie supprimait ensuite les câbles, mais tout le reste était d'origine. Erwann pensait qu'il serait impossible à un vrai hélicoptère de redresser après avoir chaviré ainsi: la suite normale, c'était rotor en bas... Au simulateur il constata qu'effectivement, il n'y avait pas moyen de redresser. Il était possible de faire un tonneau complet (en agissant sur les deux commandes de pas pour continuer ce mouvement une fois passé à l'envers) à condition d'avoir suffisamment d'espace pour les phases de chute qui en découlaient. Toutefois, les spectateurs avaient déjà vu ça avec des avions (certains l'avaient même vu en vrai, dans des démonstrations de voltige) donc ça semblerait "naturel", peu ayant la connaissance (ni surtout sur le moment le temps de faire ce raisonnement) pour comprendre qu'un hélicoptère ne pouvait rétablir son assiette de la même façon qu'avion.

. Il joua aussi dans "La quatrième pyramide", un film d'aventures début de siècle (1926) pouvant faire penser à un "Indiana Jones" mais avec un scénario différent puisqu'il s'agissait de la découverte de la quatrième pyramide de Kéops, construite à l'envers sous le sable pour la préserver des pillages. Là aussi il animait ou jouait directement d'autres personnages pour scènes d'action dans lesquels on ne le reconnaîtrait pas, et quelques-uns dans lesquels on pourrait le reconnaître si on le savait donc si on l'y cherchait. Ambiance coloniale (les méchants étant surtout les Anglais, dans cette histoire. Son personnage était belge, d'ailleurs le début de l'histoire (source de divers gags d'action) se déroulait au Congo belge, avant d'être envoyé en Egypte suite à cette découverte faite par un autre Belge chargé de forer pour chercher de l'eau), voitures d'époque, poursuites en chameaux, fusillades, trahisons, pièges mystérieux dans la pyramide souterraine: du Kerfilm comme le public aimait à en voir, sur un thème jusqu'alors non utilisé par VTP. La petite décapotable sportive qu'il conduisait était une Tracta 1100: ce n'était pas dit au début, mais les connaisseurs pourraient l'identifier, surtout après avoir remarqué que lors d'une poursuite dans le sable c'était l'avant qui patinait parfois: la façon dont le sable était projeté en biais le long du marchepied était un indice visible. Pour la version française il serait doublé par Adrien qui imitait parfaitement l'accent belge, sans effet caricatural. Armand Planchel, son personnage, était actif et instruit mais commettait beaucoup d'erreurs (ses connaissances égyptologiques étant purement livresques jusqu'alors), sans verser dans le directement comique (l'humour restait indirect, comme dans la plupart des Kerfilm: l'essentiel du public ne s'en rendait pas compte où n'en détectait qu'un peu, surtout en voyant le film une seule fois) mais en rendant sa part du scénario moins prévisible pour le public.
. Il apprit qu'il aurait ensuite dans l'Arène le rôle destiné initialement à Derek (entorse du genou au ski). Erwann y était prévu (d'où les entraînements) mais dans un plus petit rôle, car on lui avait déjà mis assez de films au planning. Pour les concepteurs du film, la substitution, tout en étant nécessaire, n'était pas souhaitable. Selon eux, cet acteur "veni-vidi-vici" manquait de sensualité ou d'émotion (bien sûr, il saurait les imiter, mais pourrait-il en susciter dans le public?) en plus du dessin plus prédateur du regard et de "ceci-cela", par rapport à Derek, plus la froideur métallique de ses cheveux: même en plus court que d'habitude le personnage évoquerait encore celui de "Viande Urbaine", si on l'esquintait au fil du film. VTP ne se posait pas de telles questions: pour la direction des rôles et acteurs, il n'était pas nécessaire que le remplaçant de Derek fût un Attéen mais qu'il pût apprendre vite un rôle fort actif et bien le jouer: raison de le confier à Erwann, apte selon eux à digérer des heures supplémentaires pour un film intéressant. Il n'y aurait donc pas d'infographie pour le "dérekiser" plus, car ce rôle à contacts fréquents (autres personnages ou éléments du décor) ne s'y prêtait pas, d'où aussi l'entraînement physique assidû des acteurs: dans certaines scènes, l'un des deux serait un actroïde (pour pouvoir cogner sans retenue, par exemple) mais ils ne seraient que rarement virtuels. Autre incertitude: pour les scènes un peu "limite" entre garçons? Derek convenait mieux comme "garçon-objet". Erwann avait regardé la simulation: il n'y aurait ni sodomie ni fellation ni baiser hollywoodien, le reste -même osé- ne lui semblant pas gênant comme "petits extras" d'un rôle situé dans un film de gladiateurs. Il avait ensuite demandé avec qui ce serait.
- Romain.
E- c'est jouable.
. Pour "réviser" avec Romain, inutile de se prendre pour Derek: il le connaissait déjà tactilement avec les entraînements de l'automne, qui reprenaient donc en prévision de ce film, et "puisque c'était dans le scénario" un petit supplément dont il n'aurait pas pris l'initiative sans ce tournage. Erwann aussi aimait être caressé et pétri, or Hillevi n'était pas là. A la maison, il pouvait échanger bien plus de tendresse avec Gorak, mais pas être manipulé, ce qui était possible avec une grande fille robuste comme Hillevi ou un Emilianien qu'il connût suffisamment. Il constatait qu'il avait un effet "zen" qui tranquilisait les autres au toucher et il en touchait peu: seulement ceux qu'il connaissait bien et qui n'avaient rien contre. De plus on ne l'avait jamais autant touché (y compris dans l'équipe de rinnepallo) que depuis qu'il avait fait cette coupe "2007": ça devait lui donner un air plus accessible, ou évoquer plus Derek, et même avoir changé un peu sa façon d'être: se "dérékisait"-il inconsciemment? Il s'était plus vite habitué à ce style qu'il ne l'aurait cru, il se plaisait bien ainsi (donc ce n'était pas que l'attrait de l'inédit, maintenant) donc si VTP en avait de nouveau l'usage on pourrait le refaire. Mais après les JO de 2008, tout de même: pour les grands évènements rinnepallistiques il lui fallait récupérer ses "envolées glacées".

. Dans ces entraînements pour l'Arène, il retrouva aussi Vandelli (le "nouveau 7" depuis 2005), Galliot et Kerdazenn du Dynamo de Dynan: ces déménageurs bretons (photogéniques, d'où leur utilisation occasionnelle par VTP) le rencontraient pour les vérifications de faisabilité de scènes de combats avec armes, car dans la lutte gréco-romaine ils n'auraient pas étés dans la même catégorie de poids. Galliot avait hésité en raison de l'ambiance "film de gladiateurs", mais comme il n'y aurait pas Vittorio il avait estimé que le problème n'existait plus. Galliot était déjà dans le film de gangsters "règlements de compte".

. Vu son habitude des simulateurs d'action, Geoffroy Ferral (1m81, maintenant) ferait partie des acteurs jouant des personnages annexes (mais bien actifs) dans l'Arène. Cet hiver il avait encore fini troisième du championnat du monde et second du championnat européen. "Ferral ne tombe jamais mais ne gagne jamais", disait-on, oubliant qu'il avait gagné le titre européen en 2005, mais effectivement dans les autres cas il y en avait toujours un ou deux devant, qui étaient presque toujours des Russes. En février, il avait été opéré de la myopie, avec succès, mais au début ça avait perturbé son entraînement (d'où l'intérêt de le faire juste après le championnat et non avant) et lui faisait rater souvent ce que jusqu'alors il réussissait sans y penser. L'entraînement les yeux bandés ou avec des lunettes de réalité virtuelle (règlées pour sa nouvelle vue) restait fiable, lui. Allait-il devoir patiner sans y voir pour ne pas tomber? Son entraîneur et VTP estimaient que c'était juste une question d'habitude, et que d'ici l'hiver prochain ce serait sûrement au point. En attendant, cela permettait enfin de l'utiliser dans des tournages pour lesquels une bonne vue était indispensable et où les lentilles (qu'il mettait pour les séries télévisées et quelques autres rôles) auraient été dangereuses: à cause du sable, dans l'Arène. On le verrait aussi dans "Soviet ADN", mais pas comme patineur russe, la déontologie de l'amateurisme lui interdisant de monnayer son propre rôle. Pour les rôles n'ayant rien à voir avec le patinage, ça n'avait aucune importance.

. En plus de ces "heures sup" d'entraînement pour l'Arène, il eût un rôle plus annexe dans "Place nette", un film se déroulant en Allemagne (actuelle), pays qui n'avait pas encore osé adopter une répression à la française de la déliquance. Il y jouait un jeune inspecteur de police semblant prendre les plaintes des citoyens avec une indifférence blasée, et en n'émettant pas d'opinion (contrairement à certains de ses collègues) au sujet du laxisme de la justice vis-à-vis de ces incivilités. Ceci pour ne pas laisser deviner qu'il "faisait le ménage" par la suite, en particulier contre les dealers mais aussi les locataires mauvais payeurs inexpulsables, les voisins systématiquement bruyants, les artisans malhonnêtes genre "dépannage rapide", etc. Les dealers étaient l'objet d'un traitement spécial: on les retrouvait au petit jour vivants, attachés debout et nus le dos contre un lampadaire (ou un poteau de signalisation) tous les doigts coupés (garottés à la base avec du fil de fer pour ne pas laisser fuir le sang), ainsi que les oreilles et le sexe, des vis cruxiformes dans les yeux, avec "dealer" marqué au fer rouge sur le front et sur le torse. D'où le dilemne classique pour les autorités: tenter de retrouver réellement le mutilateur, ou ne pas trop se presser puisque ça commençait à faire réellement baisser cette activité en terrorisant les petits revendeurs sans lesquels les grossistes péricliteraient "comme des arbres dont on arracherait systématiquement les feuilles". Toutefois les dealers n'étaient pas les seules cibles: les voitures "corps diplomatiques" garés sur les trottoirs étaient systématiquement vandalisées (ce qui faisant grand plaisir aux honnêtes citoyens verbalisés pour bien moins que ça) et les deux affaires se rejoignaient avec la traque (que les autorités allemandes n'osaient pas mener mais qui s'avérait résoudre le problème) et la mutilation de membres d'embassades passant de grosses quantités de drogue par la "valise diplomatique", ainsi qu'un réseau d'esclavage sexuel à base de filles de l'Est. Friedrich, son personnage, portait une ceinture d'explosifs pendant qu'il était en mission clandestine, pour ne pas être charchuté vivant par les mafieux si jamais ils le prenaient avant la police. C'était d'ailleurs ainsi que finissait son personnage, en explosant (au moment où la voiture était lancée à pleine allure sur autoroute) dans le coffre de l'Audi A8 dans laquelle les mafieux l'avaient jeté. On ne voyait pas une grosse boule de feu "trop facile" mais l'arrière de la voiture qui s'éventrait, le coffre et les roues éjectées avec des parties de bras de suspension et les joints de transmission (l'A8 étant une "quattro"), tandis que le feu se propageait à l'intérieur. Le vent de la vitesse étant le seul moyen de l'empêcher d'atteindre les sièges avant, le conducteur restait à fond. Après environ 500m parcourus à vive allure sur une longue traînée d'étincelles (le temps de consommer ce qui restait dans les tuyaux, pouvait-on supposer) le conducteur en perdait le contrôle dans le "S" d'une zone de travaux vers l'autre voie d'où percussion par un semi-remorque. Friedrich ayant des imitateurs dans la police et l'explosion dans le coffre l'ayant éparpillé en viande hachée grillée sur un demi-kilomètre d'autoroute, aucune identification n'était faite: sa mort n'était connue ni des réseaux mafieux, ni de la police puisque les "punitions nocturnes" continuaient. On suivait ainsi les aventures d'autres "nettoyeurs" ainsi que des mafieux (rôles vus aussi de l'intérieur d'une des organisations bulgares), Friedrich n'étant qu'un personnage parmi bien d'autres alimentant l'intrigue et l'action du film, qui était aussi l'occasion de nombre de poursuites en grosses Allemandes, d'autant que comme dans la réalité la police d'outre-Rhin disposait de Porsche peintes en vert et blanc.

. le tournage de l'Arène commença le 18 mars, donc pendant celui de "la quatrième pyramide" et continuerait pendant "Soviet ADN". Ce film ne se déroulait pas dans l'Antiquité mais au XIXème siècle. Des aristocrates britanniques enlevaient des gens du peuple pour les faire se battre comme gladiateurs sur une île leur appartenant, ce qui donnait lieu à des scènes spectaculaires convenant bien à du Kerfilm. Le thème n'était pas inédit, mais le scénario réussissait à être autre chose qu'une longue suite de combats sans grand fil conducteur. Pour éviter qu'ils ne s'éliminent mutuellement avant le spectacle, ceux qui allaient s'affonter n'étaient pas détenus ensemble. Les membres d'un même groupe d'entraînement ne combattraient pas dans les mêmes arènes, ou pas le même jour. Et comme les uns rencontreraient parfois les adversaires des autres, le bon état de tous les membres du groupe était de l'intérêt de chacun: les organisateurs avaient vite compris qu'il fallait constituer des clans ayant des ennemis communs. Ca permettait aussi des rencontres par équipes, simulant de petites armées portant chacune leurs couleurs. Il y avait alors un banc de remplaçant, les remplacements étant généralement définitifs, le sortant étant mort ou trop mutilé pour être rentable à soigner: les soigneurs nettoyaient et recousait les plaies légères ou "moyennes", faisaient parfois des plâtres sur des fractures simples, si le combattant était estimé assez bon pour mériter d'être gardé hors circuit plusieurs mois avant d'y revenir, mais dans la plupart des cas ils achevaient les blessés.
. En retrouvant Romain (qui jouait Jack) après les scènes tournées séparément, Erwann (qui jouait Sven) ne connaissait pas ce qu'il avait joué sans lui, comme il était d'usage dans les tournages VTP: les acteurs savaient ce que leur personnage était censé savoir (ou saurait ensuite, puisqu'ils avaient appris et préparé la totalité du rôle et qu'il était rare que le tournage suivît la chronologie du montage) mais il leur manquait beaucoup d'informations sur le reste. Tant mieux, estimait Erwann: il lui resterait une bonne partie du film à découvrir quand il sortirait.
. Jack s'appelait en fait Henri-James et était un fils d'une des familles "patriciennes" organisant les jeux qui avait été banni et mis dans l'Arène. Sven l'avait aperçu antérieurement, alors qu'il travaillait dans la distillerie avant d'être utilisé comme lutteur puis gladiateur, et comptait obtenir de lui des renseignements pour s'évader (car contrairement à Jack il ne connaissait pas l'extérieur, à part une partie de la distillerie: il avait été amené captif dans l'île comme la plupart des autres), tout en s'intéressant tactilement à lui de sorte que Jack ne devinait pas qu'il y avait aussi une autre raison dans cet intérêt. Ca expliquait qu'il entraînât si efficacement Jack pour qu'il ne fût pas bêtement blessé comme lutteur (au début) puis comme gladiateur (par la suite) car il en avait besoin pour s'évader. On pourrait observer (en "petites annexes" du scénario principal) la symétrisation progressive de leur relation, au début pilotée par Sven, puis de plus en plus équilibrée. Cela occuperait très peu de temps saupoudré sur l'ensemble du film: priorité à l'action, comme tout Kerfilm, le reste n'était que "composantes d'ambiance". La convivialité tactile avec Romain lui convenait, évoquant plus une sorte de camaraderie animale que vraiment autre chose, d'ailleurs VTP souhaitait laisser l'incertitude sur ce qu'y cherchaient l'un et l'autre. Erwann avait une réponse, pour si après la sortie du film on lui posait la question: "Sven caresse Jack parce qu'il n'a pas de chat".

. Le statut de "star" n'existait pas dans VTP, les acteurs les plus compétents étant les plus utilisés (multi-tournages, rôles annexes déguisés) mais mettaient la main à la pâte aux travaux techniques comme les autres. Ca contribuait à maintenir la simplicité et la cohésion du groupe.

. Yamamba 888 avait été fortement "pré-produit" (avant les parties tournées par les acteurs réels) d'où sa sortie dès la mi-mars malgré l'abondance d'effets spéciaux (dont la Yamamba) et la création de quantité de décors en "rendu réaliste" stéréoscopique. Ce n'était pas un film de Tarsini mais les moyens et la "densité scénaristique" y étaient, tout en veillant à ne pas "décrocher" une trop grande partie du public par saturation. On avait le temps de réfléchir un peu et il y avait même de l'émotion (en dehors de celle créée par les prises de vue à couper le souffle) alors que le film ne semblait pas compter là-dessus. Ca semblait être "du gros qui tache" mais (à la manière d'une percussion de Lefar, qui y jouait) c'était soigneusement conçu et ajusté. Le bouche à oreille "un gros délire manga avec des joueurs du Dynamo de Dinan" avait fait venir le public le plus jeune (ou le plus amateur de castagne) et accessoirement les fans de tel ou tel joueur, mais au fil du temps ça allait s'étaler vers d'autres catégories.

. Erwann apprit que c'était parce que Geoffroy Ferral avait été opéré de la myopie après ses dernières compétitions de cet hiver qu'il devenait apte aux vrais rôles d'action, vu qu'il avait un excellent équilibre, une grande mémoire des mouvements (en plus de celles des rôles moins actifs, depuis très longtemps), une discipline "japonaise" et l'habitude de s'entraîner avec les divers types de simulateurs de VTP, exosquelettes à retour d'effort inclus. Selon VTP (et lui-même) il était temps qu'il puisse exploiter ce qu'il avait acquis dynamiquement autrement que juste pour le patinage, domaine limité et sans avenir à moyen terme: sauf accident, il participerait sûrement aux J.O. d'hiver de 2010 mais les autres adopteraient ou avaient déjà adopté le même système (initialement unique au monde) d'entraînement, le rattrapperaient et le dépasseraient: ce ne serait probablement pas lui qui réussirait le premier quintuple en compétition, mais peut-être un Japonais, car il faudrait pour cela un rapport puissance/poids dont ils étaient plus proches plus que lui. De plus, ses longues jambes d'Emilianien n'étaient pas ce qui était le plus pratique pour réussir certains enchaînements (la hauteur des patins s'y ajoutant), et si jusqu'ici le savoir-faire acquis avec ces entraînements y remédiait (de même qu'il savait réussir de beaux enchaînements de sauts "à beaucoup de tours" malgré sa forte myopie) ce ne serait plus le cas quand tous feraient de même. C'était par cet entraînement scienfique qu'il avait réussi à copier et modifier à sa façon les pirouettes remarquablement rapides et longues de "l'école suisse", VTP ayant compris grâce à des caméras (cachées) filmant à très grande vitesse sous plusieurs angles comment le mouvement était entrenu, donc ce serait par les mêmes moyens que d'autres copieraient puis dépasseraient ses enchaînements de quadruples à rotation alternée. Il le pensait autant que VTP. Son avenir serait plutôt le roller acrobatique (il en faisait depuis longtemps) et les rôles d'acteur-cascadeur "Kerfilm". VTP avait examiné s'il y avait d'autres patineurs ou patineuses parmi ses plus jeunes acteurs, mais le cas Ferral ne s'était pas reproduit. VTP n'en avait qu'un, il fallait faire très attention à ne jamais sortir des rails de l'amateurisme (en particulier dans la mise à disposition de moyens: l'un des simulateurs -celui spécifique au patinage sur glace- lui était loué, et non prêté: déduit de ses revenus d'acteur, dans des rôles qui ne devaient jamais faire allusion au patinage) et il fallait lui prévoir une autre carrière que juste ça.
. Cette année, le quadruple lutz double boucle piqué était au menu (le sien) au championnat d'Europe et la première place n'avait été manquée que de peu. Depuis 2006 il était sur le podium de chaque compétition internationale, tout en n'ayant obtenu une première place qu'au championnat d'Europe 2005. En l'examinant attentivement en action dans ces compétitions on constatait qu'il se faisait dépasser dans les parties (paraissant) faciles des programmes, comme s'il les sacrifiait un peu (sans vraiment les rater) au profit de la récupération physique et de la préparation (pendant ces parties "calmes") de la prochaine "difficulté visible". Le public avait donc l'impression que c'était excellent, car le public était surtout capable d'apprécier ou critiquer les sauts (dont la qualité où l'imperfection de réception se voyait facilement) et la virtuosité des pirouettes, mais moins les longues courbes en marche arrière, les "petits pas", etc, qui comptaient aussi. En bon acteur, Ferral servait à son public ce qu'il l'enhousiasmerait (et où il commettait très peu d'imperfections: "les yeux fermés", ce n'était pas qu'une expression puisqu'il vérifiait ainsi à l'entraînement la fiabilité de telle ou telle composante du programme), mais ça se payait ailleurs (presqu'inévitablement: il n'était pas un surhomme) dans ce que les juges notaient aussi. Cela, beaucoup de ses concurrents ne l'avaient pas compris, et tentaient d'imiter ses "morceaux de bravoure" (en y consacrant beaucoup d'effort d'entraînement pour des résultats "pas vraiment ça" pour la plupart d'entre eux, ce qui avait aussi des conséquences légèrement négatives sur le reste de leur programme) au lieu d'augmenter leur avantage sur ses lacunes, car moins visibles. Les Russes, eux, l'avaient compris ("s'il réussit tout ce qui est dur mais qu'il ne gagne pas, c'est qu'il y a du flou dans le mou"), et ils n'y faisaient jamais allusion, pour ne pas offrir aux autres "Ferral: mode d'emploi". Il leur était utile en invitant les autres à tenter l'imiter sur ses points forts sans se rendre compte qu'alors ce serait "le pot de terre contre le pot de Ferral". Le "flou dans le mou" était toutefois limité par la maîtrise des sauts contrarotatifs: faire 11 tours (4-4-3) dans le même sens aurait bien plus détraqué la suite. Certaines pirouettes (moins longues que celle de la fin) en cours de programme servaient d'ailleurs à le "débobiner" de ce qu'il avait fait juste avant. Les petites puces "centrale à inertie" fixées sur lui (en particulier pour la tête) à l'entraînement permettaient de savoir où il en était de l'effet des tours, après avoir établi quelle était l'atténuation dans le temps de cette action sur l'oreille interne. Ceci avait contribué à mieux équilibrer ces effets secondaires au cours d'un programme et mieux choisir où placer quoi. Il restait du "flou dans le mou", mais il y en aurait eu bien plus sans cela.
. Si Ferral malgré tout ça, une forme physique très stable, peu de sensibilité au stress et une discipline que bien des entraîneurs auraient aimé rencontrer chez d'autres, ne survolait pas la concurrence, c'était donc qu'il n'avait pas vraiment le physique pour: des proportions trop "émilianiennes" avec un centre de gravité haut (la natation y contribuait un peu plus, en lui renforçant le dos et les épaules, ce qui eût mieux convenu au patinage en couple, avec les portés), et une très mauvaise vue. D'où l'opération de la myopie, cette année, qui comportait toutefois un risque: réussirait-il à s'habituer à voir net sans que ses bonnes habitudes et réflexes en soient perturbés? Cela semblait être une amélioration, mais ce risque avait été pris en compte. VTP estimait qu'au pire (si ça le perturbait au début) il s'y serait habitué d'ici l'hiver prochain. Pour l'entraînement morphologique, on ne changeait rien: ça marchait "suffisamment bien" tel que, donc toute modification de répartition de masse ou de puissance aurait faussé ses réflexes acquis. C'était au point que ce qu'il portait pesait toujours le même poids (réparti pareil), sous des aspects différents et avait la même prise au vent rotative même si les parties un peu flottantes n'étaient pas les mêmes d'une version à l'autre: c'était étudié pour se compenser. Pas de variation de coiffure sauf un peu l'été (en plus ou en moins) selon les rôles, la perception de vitesse en dépendant aussi. Bilan dentaire détaillé au milieu de l'automne puis surveillance attentive l'hiver, les dents jouant un rôle souvent mal connu dans l'équilibre. Il ne fallait surtout pas laisser quelque chose de non détecté évoluer au point de devoir lui poser une couronne ou même un gros plombage: ça aurait suffi à dérègler inconsciemment son "pilotage automatique". Il mangeait toujours la même chose les jours précédents, à la même distance horaire de la compétition, et se vidait aussi à distance horaire fixe de la compétition, pour être toujours dans la même situation. Ces rituels biologiques (idem pour le sommeil) contribuaient aussi à sa sérénité. Les patinoires n'étant pas soumises à la météo extérieure, les épreuves n'étaient pas reportées donc ça tombait juste. Grâce à tout ceci il n'avait jamais raté un "quadruple" depuis qu'il osait en faire en compétition. Parfois une réception "pas tout à fait ça", mais rarement, et même dans ce cas sans poser une main ni l'autre pied avant d'être passé à la suite. Erwann d'Ambert était moins étroitement surveillé biologiquement. On disait, à propos de Ferral: "il est suivi comme s'il s'agissait de l'envoyer sur Mars". Ce n'était pas si exagéré que ça: le nombre de "g" pris par le cerveau dans les pirouettes typiques de l' "école suisse" dont Ferral s'inspirait (avec succès) pouvait dépasser 6 (vers le haut du crâne, tête penchée), et ceci bien plus longtemps que chez un pilote de F1 ou d'avion de chasse. Raison aussi de ne faire la plus longue que tout à la fin du programme. Quant aux tournages, on ne le mettrait pas dans des rôles présentant un risque pendant les trois mois précédant les compétitions, mais la plupart des rôles d'action (vus comme tels à l'écran) étaient en fait sans risque, "en tout cas pas plus que dans la vie ordinaire".

. 16 avril. L'évolution capillaire d'Erwann (légèrement rectifiée) en accentuait l'effet "brut anguleux": ça correspondait à ce qui était souhaité sur lui pour "Soviet ADN", d'où le tournage de ce film après les autres. Ce qu'il y avait de plus entre le début et la fin d'un tournage (sur 4 ou 5 semaines) aurait pu se voir, car dans ce style l'impression de variation perçue était amplifiée par tassement. Toutefois, qui s'en rendrait compte dans les scènes d'action? Il suffisait donc de regrouper les scènes où l'on aurait mieux le temps de l'observer (donc les moins nombreuses, tel que VTP gardait l'habitude de l'utiliser, toutefois il y en avait plus dans ces films-là - surtout l'Arène, et Soviet ADN où les chercheurs lui refaisaient souvent des tests au banc d'essai- que dans ceux de 2006) soit vers le début, soit vers la fin du tournage, idem pour les autres acteurs se trouvant dans ce domaine de variation et s'il y avait quelques scènes devant être tournées à un autre moment, en raison des impératifs de tournage, soit le public n'aurait pas le temps d'y faire attention, soit l'infographie rectifierait. Il n'y avait pas à gérer cela dans sa gamme de personnages habituelle où la variation au cours d'un tournage était moins perceptible. Ses fans utilisaient ce paramètre pour tenter de retrouver dans quel ordre ses films avaient été tournés, en comparant avec les photos (datées, elles) du rinnepallo, car les lancements en salle n'étaient souvent pas dans l'ordre de tournage.

. Retour d'Hillevi, coiffée "court touffu". Ce modèle n'avait aucun intérêt, estima Erwann: il préférait plus long (sur lui-même) ou très court (sur Romain). Toutefois, il appréciait le pétrissage, les caresses et le maxalage qu'il obtiendrait plus souvent d'elle que de Romain.

. Romain, Tanguy, Erwann, Bengt, Hillevi, Hermine (coiffée "Elina 2"), Fabrizio, Alexandre et bien d'autres VTP très connus (avec quelques VTPSF) jouaient maintenant dans ce film dans lequel le monde soviétique ne s'était pas écroulé, où les généticiens russes et chinois s'espionnaient et rivalisaient (ainsi que les Américains, un peu largués toutefois) dans la mise au point de champions génétiquement modifiés, parmi lesquels Erwann y était un sauteur à la perche franchissant pour la première fois au monde les sept mètres: les chercheurs avaient réussi, via des gènes de félins, à augmenter considérablement sa force et sa détente musculaire sans augmenter la masse totale: "on a la puissance d'un athlète de 110kg concentrée dans 85kg, et sans régime trop contraignant, en plus", ce qui était un atout énorme pour ce sport de haut vol. 22 ans plus tôt, examinant un bébé dans un laboratoire:
- alors vous lui avez mis des gènes de chat?
- de puma, pour être plus précis. Seulement les fibres musclaires, pas la morphologie: il ne lui poussera ni griffes ni queue.
. Le maquillage suffisait à rendre Erwann légèrement plus félin de traits (mais c'était encore de l'humainement crédible: on accentuait ce qu'il avait déjà, et les retouches étant raisonnables elles restaient valables en 3D puisque même vu en vrai, ce maquillage "sans en avoir l'air" suffisait à accentuer cette impression), l'infographie ne servant qu'à lui allonger la langue, quand il se lèchait les babines ou le dessus des mains. C'était surtout dans son caractère que l'on constatait nombre d'effets secondaires de la manipulation génétique: ça le rendait à la fois plus affectueux quand tout allait bien et plus violent quand on le mettait en colère. On le verrait une fois mettre une série de baffes alternatives bras déployés comme les chats le faisaient avec les gros rongeurs, et la tête de sa cible valserait de même sous les impacts. Un des inconvénients était qu'il avait tendance à dormir dans la journée, quitte à s'entraîner plus la nuit. C'étaient tous des "sportifs génétiquement modifiés", ce qui se voyait peu physiquement (juste certains détails) mais améliorait leurs performances dans telle ou telle spécialité tout en modifiant plus ou moins leur comportement. Ce personnage au caractère plus changeant et plus amusant (quoique parfois inquiétant) aurait (s'il n'était pas mort) probablement été confié à Atte plutôt qu'à lui, même si ses yeux verts et ses dents lui donnaient quelque chose d'un peu plus félin que le Finlandais: il eût été facile d'infographier ces détails chez Atte.
. Erwann savait déjà correctement sauter à la perche, avec une gestuelle très "pro", en se poussant à bout de bras les pieds au ciel, mais n'avait ni la puissance ni l'explosivité (sa musculature étant plus "endurance") pour battre des records même départementaux. Peu importait: puisqu'il savait imiter en vol la posture de Sergeï Bubka, il suffisait de tricher sur la hauteur dans la prise de vue. Dans le film, les chercheurs soviétiques se demandaient pourquoi les Noirs, qui avaient le type de musculature adéquat, ne brillaient pas au saut à la perche. L'un deux disait "la puissance de détente, ils l'ont, mais le geste est trop difficile à synchroniser pour leur cerveau". Au fil des essais, Erwann avait fini par franchir 5m36, ce qui rapporté à ses données musculaires était remarquable: ça montrait que sa cinématique utilisait au mieux l'énergie de détente disponible (honnête mais sans plus), en particulier la natation lui avait donné à la fois de la force dans les épaules et une bonne maîtrise des déformations du dos, ce qui était utile au moment de franchir la barre et surtout de s'en dégager par rotation du corps pour ne rien laisser traîner. Ce qui avait fait dire "s'il avait le type de musculature optimal pour cet exercice, les six mètres sans problème". Il fallait faire retomber les jambes juste au moment où cette chute soulèverait le tronc et les bras. Ce n'était pas un grand rôle: il y avait beaucoup d'autres personnages, il n'était que l'un d'eux mais son aptitude au saut (même sans perche, pour s'aggripper des mains en haut d'un mur de 4m) allait s'avérait fort utile lors de l'évasion de certains des sportifs-cobayes. Ce film le valoriserait, car le saut à la perche, c'était "la classe", avec le franchissement pieds au ciel: son public allait l'y aimer, en plus de tant d'autres actions. En fait il aurait pu tourner ces films plus vite, mais VTP avait bien d'autres choses à lui faire faire (ainsi qu'aux autres acteurs: beaucoup continuaient de tourner simultanément des séries ou téléfilms) et lui laissait aussi le temps pour son entraînement de rinnepallo, ainsi bien sûr que les matchs.
. Les films basés sur le sport marchaient généralement mal, mais ceux sur les magouilles génétiques, l'espionnage, avec bien d'autres scènes d'action que juste des exploits sportifs marchaient souvent bien: ceci compenserait peut-être cela, en plus du grand nombre d'Emilianiens si photogéniques jouant ces sportifs optimisés génétiquement, dont nombre d'acteurs empruntés à VTPSF.

. Sa cuvée 2007 lui semblait meilleure que la 2006 qui avait été un peu "creuse", mais 2006 resterait surtout pour lui l'année de la première coupe du monde de rinnepallo et de cette finale France/Finlande déjà légendaire.
. En mai 2007, il y eut des matchs opposant les pays du Tournoi à la Suisse et à l'Estonie, pour voir lequel des deux mériterait de devenir (peut-être) le sixième membre du tournoi européen. Cela faisait donc deux matchs à jouer pour chaque "ancien pays" et cinq pour chaque "nouveau pays". Avec Juustomeijeri, Aymrald avait eu quatre fois l'occasion de jouer contre des clubs estoniens et une fois contre un club russe, mais pas encore contre des Suisses. Aymrald trouva l'expérience intéressante, d'autant qu'il y avait peu d'enjeu d'où le remplacement de certains joueurs français par d'autres pour les tester à cette occasion. Lui, il devait être là, d'abord ça l'intéressait, et puis la fédération française estimait que ce ne serait pas "correct" vis-à-vis de ces deux pays candidats de leur mettre une équipe sans Aymrald Dambert, car s'ils connaissaient au moins un nom dans le rinnepallo français c'était le sien.
. Les joueurs constituant les équipes candidates avaient été observés sur trois ans (puisque tout était télémétré et numérisé, au rinnepallo) par la fédération européenne pour écarter ce ces matchs d'évaluation tous ceux ayant eu un comportement "gratuitement violent", en particulier certains Estoniens dans leur championnat national. Les équipes du tournoi européens ne devaient pas prendre le risque de se faire casser "bêtement" des joueurs par des éléments impulsifs. Aymrald était un de ceux auxquels cela risquait le moins d'arriver: du fait de son entraînement de cascadeur et de "combats de rue", il y pensait, et aurait eu plus de probabilité de détecter à temps le mauvais coup (donc le parer ou en limiter les conséquences) qu'un joueur lambda. Un joueur suédois avait d'ailleurs été sanctionné en 2004 suite à un coup de pied qui n'avait pas atteint Aymrald (dans un match entre Juustomeijeri et Malmö), celui-ci ayant réussi à l'esquiver, mais que le dépouillement vidéo et télémétrique du match avait permis de reconstituer comme une tentative d'agression "qui aurait constitué un danger sérieux pour un joueur n'ayant pas les mêmes réflexes que lui", car le geste n'avait aucune justification rinnepallistique.
. Il ne se produisit rien de tel dans France/Suisse (joué à Münich) où la victoire française fut raisonnable (17-0) car consigne avait été donnée aux joueurs de ne pas en faire trop s'ils voyaient qu'ils tenaient solidement le match. L'Estonie se défendit mieux et surtout attaqua mieux, réussissant un essai et deux drops (contre un essai et quatre drops français, dont deux d'Aymrald), le match joué en Belgique fut donc plus intense et plus intéressant pour le public. Toutefois au vu des résultats des autres matchs de ces deux pays la Suisse semblait mieux qualifiée pour intégrer le tournoi l'an prochain. Il y aurait de nouveaux matchs à l'automne pour vérifier cela. Loïc Pelletier, 25 ans, 1m82, 92kg, avait manqué une transformation contre l'Estonie. Il avait plus de puissance de tir qu'Aymrald, en plus d'avoir une précision légèrement supérieure à l'entraînement (contrairement aux drops) d'où la logique de le faire tirer quand c'était à plus de 40m, car au rinnepallo il fallait envoyer le cube bien plus haut qu'au rugby, à cause de la montée. Toutefois Pelletier avait raté des tirs statiques dans des matchs quand ils lui avaient été confiés, dans des situations qui ne lui posaient pas de difficulté à l'entraînement: un peu de trac? L'équipe avait fait nombre de tests scientifiques, en particulier sur la vue et sur la coordination. Aymrald ne voyait qu'un petit peu mieux, mais surtout il voyait plus vite (que ce fût du fait de la rétine ou plus probablement du cerveau qui "calculait" plus vite le relief) ce qui expliquait en partie son avantage pour les drops. Il y avait probablement aussi sa mémoire topologique (si utile pour les rôles d'action) qui lui permettait de reconnaître aussitôt une situation de jeu à la façon d'un joueur d'échec, mais en 3D dynamique, et de savoir déjà quel type de drop tenter ou non sans avoir à se poser la question. Le surnom "Robodrop" restait mérité. Toutefois ces paramètres n'auraient pas dû compter autant pour les tirs statiques. L'absence d'émotivité du finnobreton (ou plus exactement l'absence d'interférence entre émotions et exécution) était l'explication la plus probable du maintien en match de ses performances d'entraînement. De plus, il s'entraînait moins que la moyenne des joueurs du Cube de France, estimant que ce qu'il faisait pour VTP comptait aussi en matière de forme physique et de précision. Jusqu'à présent, les résultats en match le confirmaient.

. Erwann fut en juin dans un film "vernien" appelé "des rails sur la steppe", où il jouait Dimitri Kervannec, un jeune ingénieur des chemins de fer envoyé en Russie (parce que d'origine russe par sa mère et parlant cette langue) pour participer à la construction des voies, avec quantités de scènes d'action: attaque de bandits, déraillements, grêves à mater par la force des armes, escroqueries par les sous-traitants (l'une d'elle conduisant à l'effondrement d'un pont au passage du train, une autre celui d'un tunnel), pouvant évoquer des films sur la créations des chemins de fers américains mais dans une ambiance bien plus exotique (et pas seulement pour le climat). Il aimait bien ces rôles situés à une époque où un ingénieur n'était pas n'importe qui, et ces vêtements-là lui allaient bien aussi. Il joua indirectement onze autres personnages, souvent plus âgés, non-émilianiens (à cette époque où les trentenaires semblaient quincagénaires et les quicagénaires septuagénaires) donc robotisés plus souvent que synthétisés. Les deux plus intéressants qu'il joua (souvent déguisé, parfois infographié, parfois robotisé) étaient un bandit sanguinaire et un saboteur audacieux soudoyé par un concurrent. D'autres Emilianiens faisaient aussi du jeu indirect pour plus d'un personnage. Les progrès très importants de VTP dans les chevaux mécaniques depuis "Drakkars et dragons" permirent de mélanger adroitement tournage réel (avec chevaux artificiels) et infographie pour faire attaquer le train par des hordes de pillards: à l'époque, un cheval réel pouvait encore rattrapper le "cheval de fer", surtout sur des voies dont le nivelage, le dressage et l'assemblage approximatifs ne permettait pas d'approcher les records de vitesse occidentaux. C'était ce qui avait conduit Dimitri à choisir une 040 pour le train d'essai, plutôt qu'une 120 à grandes roues: "avec des roues plus petites, on risque moins de dérailler, même si ça limite la vitesse". On voyait au cours de film toutes sortes de locomotives du début du siècle, dont une 030 ayant déjà servi sur le réseau "Etat" français. Il y avait aussi beaucoup d'armes blanches et d'armes à feu, dans ce film d'aventures où la vodka coulait à flot. Geoffroy Ferral eut un rôle assez consistant dans ce film, après avoir fait ses preuves comme personnage annexe (mais actif, même si dans plusieurs scènes il ne faisait que jouer aux échecs) dans Soviet ADN.

. Il y aurait moins de matchs de rinnepallo l'été: ils n'avaient lieu que tôt le matin, pour ne pas exposer inutilement les joueurs aux ultraviolets, tradition importée de Finlande où les UV étaient dangereux une grande partie de la journée. Le soleil se levait moins tôt en France qu'en Finlande, donc les matchs d'été y avaient lieu moins tôt eux aussi. Ceci avait aussi contribué à trouver plus facilement des créneaux de diffusion des matchs, car il s'agissait d'heures creuses pour la plupart des chaînes. L'hiver, au contraire, on jouait en fin d'après-midi (quand il faisait encore jour), pour qu'il fasse moins froid, sauf dans les stades chauffés (pas "chauds", mais "hors gel") qui étaient maintenant fréquents en Finlande et en Suède, maintenant. S'il y avait encore un nombre important (40%) d'Emilianien dans les équipes de VTP22 c'était parce que les qualités de sérieux, de stabilité de caractère, de mémoire gestuelle et de souplesse souhaités par VTP convenaient aussi à ce jeu. Le paramètre de l'aspect physique ne comptait pas, mais était présent puisque c'était VTP qui avait co-entraîné nombre de ses Emilianiens à ce jeu (s'ils n'avaient rien contre) donc ils avaient déjà aussi l'air émilianiens, contrairement au recrutement direct qui fonctionnait aussi. La moyenne d'âge en 2007 y était de 28 ans: on évitait de trop solliciter les articulations des joueurs encore jeunes, d'où le fait qu'il y avait peu de moins de 24 ans dans l'équipe principale, moyennant quoi la plupart seraient encore en parfait état de jouer en fin de trentaine. De plus (y compris dans le pack) ce jeu ne demandait pas une masse musculaire spectaculaire, en raison des inconvénients du poids en côte, ce qui était aussi un facteur d'endurance à la fois sur la durée d'un match et d'une carrière. Si Aymrald était une star (sans en avoir l'attitude) pour nombre des supporters, ce n'était pas le cas dans le club car l'équipe devait garder l'habitude (datant de quand il était en Finlande plus souvent qu'en France) de jouer aussi avec d'autres "ouvreurs": il était alors 15, ou remplaçant, ou non utilisé tout en participant aux entraînements, ce qui permettait à VTP de s'en servir un peu plus dans les tournages ces jours-là. Parfois il était prêté à l'équipe "bis", voire "ter", ces permutations (qui ne concernaient pas que lui) permettant de tester d'autres joueurs dans l'équipe principale et aussi faire progresser les équipes secondaires. Le sérieux était tel qu'il s'était rendu compte qu'il n'avait pas vraiment de "copains" dans l'équipe, c'est à dire avec qui il lui aurait semblé naturel de bavarder d'autres choses que du jeu lui-même.

. Il vit le téléfilm "chasse au gaspi", une fiction historique tournée en février dans laquelle Knut avait joué Karl Heinze, un jeune directeur de camp d'extermination allemand qui pour améliorer le système décidait de transformer les déportés en charcuterie au lieu de les gaspiller en les brûlant. Ceci supposait de les utiliser avant qu'ils ne fussent amaigris par la détention, puis à la création de "trains-usines", avec travail à la chaîne (utilisant d'autres déportés, pouvant ainsi échapper à ce sort tant qu'ils le feraient correctement) de wagon en wagon jusqu'à la livraison de charcuterie sur le front de l'Est. Au début, dans un autre camp, on le voyait tâter les détenus, les plus charnus montant dans certains autocars, les autres allant dans un camp où ils allaient d'abord (tout en travaillant) être nourris quelques mois (de pommes de terres, surtout: ils devaient aussi les cultiver). S'ensuivait ensuite un procès (avant la chute du nazisme) où il devait rendre des comptes sur ces initiatives (prises à l'insu du Führer) devant des juges nazis, bien embêtés de savoir quelle décision prendre: Heinze avait les meilleurs résultats extermination/coûts, en évitant d'avoir à construire des fours crématoires dans le camp qu'il gérait (on apprenait que la peau aussi était recyclée auprès des maroquiniers et pour certains instruments de musique et que l'on avait utilisé les os comme armature pour les murs en terre crue de certains bâtiments). Toutefois il avait fait manger à leur insu de la viande humaine à des centaine de milliers de soldats, officiers et même généraux. Parmi les arguments de sa défense Heinze rappelait que puisque les Juifs étaient indigne du statut d'humain, ils faisaient partie des espèces commestibles, au même titre que les cochons: "d'ailleurs s'ils n'en mangent pas, c'est parce qu'ils y verraient du canibalisme". Rappelait aussi que toutes les précautions sanitaires avaient été prises (examen médical des déportés, cuisson de durée suffisante), qu'il en mangeait lui-même et que personne n'était tombé malade en consommant cette charcuterie, "contrairement à certains fournisseurs porcins qui ont parfois livré à notre armée des produits de très mauvaise qualité". Le procès durait (par épisodes) plusieurs mois et pour que cela restât un film d'action Heinze parvenait à s'évader, s'ensuivait une longue traque dans une Allemagne maintenant soumise aux bombardements alliés (ce qui permettait du spectaculaire, surtout en 3D). Heinze était finalement pris par les Américains (qui n'en avaient jamais entendu parler, en plus du fait qu'il avait de faux papiers de bonne qualité donc le mettait avec les autres prisonniers allemands) dont certains, entretemps, avaient fait main basse sur des entrepôts contenant encore ces victuales (les salaisons se conservaient bien) estampillées Heinze (ils pensaient que c'était un des innombrables industriels porcins allemands) contribuant donc maintenant au ravitaillement des troupes d'occupation. D'où ensuite en grand secret l'affaire Karl Heinze au procès de Nuremberg: il vallait mieux ne pas en parler, d'autant moins que l'on ne savait pas où il était, puisqu'il avait été capturé sous une fausse identité et que l'on n'en avait pas de bonne photo. Nouvelle évasion (avec six complices) de Heinze (sous l'identité Werner Münz), beaucoup de péripéties spectaculaires et c'était au Danemark qu'il était reconnu par un ancien prisonnier (qui avait travaillé au désossage, pour lui) et arrêté, cette fois en tant que charcutier antropophage. Oui, mais s'il y avait procès, on parlerait des charcuteries Heinze et trop de soldats américains (en plus des Allemands) sauraient qu'ils en avaient mangé: c'était toujours tamponné dessus. Finalement une n-ième évasion était organisée par des espions soviétiques, l'administration du goulag étant fort intéressée par ses méthodes de recyclage alimentaire des prisonniers politiques. Peu après (fin du téléfilm) on le voyait examiner le sol qu'il avait demandé à deux prisonniers de bêcher:
Karl- trop dur, trop gelé: ça n'ira pas pour les pommes de terre. Que pourra-t-on faire pousser ici?
[l'agent du KGB]- rien: vous nourrirez vos ouvriers avec les bas-morceaux de la production, une fois celle-ci démarrée. Nous vous livrerons des patates, de la farine et des choux. Le chou cru a assez de vitamines pour que vos travailleurs se passent de fruits.

. Cinquième finale gagnée d'affilée par Dinan, cette fois contre Toulouse et difficilement: 15-14. De plus et pour la première fois Dinan avait remporté la coupe d'Europe (H-Cup). Le ST avait lui aussi fortement modernisé ses méthodes d'entraînements, grâce au nombre d'ingénieurs disponibles sur place et au chômage chez Airbus et l'écart de peformances s'était réduit. De plus Dinan continuait de perdre des joueurs chaque année, rachetés par des clubs leur offrant nettement plus. La formation locale était excellente (grâce aux méthodes VTP/Kermanac'h) mais VTP ne souhaitait pas se lancer dans l'inflation des rémunérations, d'où la décision de certains d'aller jouer dans des clubs gagnant moins de matchs mais payant mieux. Dinan, tout en développant un équipement d'entraînement de très haut niveau, ne dépensait au total que le neuvième budget du Top14. Malgré ces transferts, le nombre de bons buteurs du DD restait un atout décisif, permettant d'économiser des efforts en marquant "suffisamment" de drops dans un match pour passer (ou repasser) devant au score après avoir encaissé deux essais. On avait aussi reproché à Dinan, les années précédentes, de n'envoyer en coupe d'Europe qu'une "équipe bis", et encore, moins bonne (pour les matchs en extérieur) que celle des "petits" matchs à domicile. Cette année, un effort avait été fait pour aligner une équipe de H-Cup de composition voisine (et parfois semblable) de celle des matchs nationaux, et le résultat avait confirmé que ça pouvait marcher. Pour le choix de la composition des équipes, Dinan conservait un avantage (à certains moments de l'année) sur les autres meilleurs clubs français: le XV de France continuait à n'utiliser qu'un ou deux joueurs du DD pour le tournoi des VI Nations, la tournée d'été et d'automne. C'était d'ailleurs une des motivations de certains joueurs de Dinan pour aller dans d'autres clubs: ils avaient une probabilité trop faible d'accéder au XV de France en restant au DD.

. Fin juillet Erwann eut un rôle (le cinquième en taux d'occupation de l'écran) dans "Mémoires mortes", un film de SF proche dans lequel les neurologues tentaient de décoder l'organisation neuronale de cerveaux fraîchement décédés (ou correctement conservés: congélation, par exemple) pour reconstituer des souvenirs pouvant servir à des enquêtes mais aussi à des récupérations de secrets militaires ennemis. Une telle analyse eût été trop complexe pour 2007 mais pas scientifiquement impossible. De la SF "sérieuse", donc: pas de mutants insectoïdes ni de batailles spatiales. Ca, c'était dans "Le retour des entités" une SF plus ludique tournée pendant "mémoire mortes", où il téléanimait des mutants et en jouait directement d'autres, carrossé ainsi. Il n'y apparaissait pas comme acteur humain. Ses rôles indirects se multipliaient, la robotisation totale (autopilotée) prenant encore trop de temps de préparation pour certaines scènes. De plus VTP avait besoin de bien plus de personnages différents que les Emilianiens compétents ne pouvaient en jouer par simple maquillage ou déguisement: il fallait infographier, pour créer ces personnages supplémentaires (plus âgés, plus compliqués) ou souvent robotiser, donc télépiloter jusqu'à ce que la gestuelle ainsi préengistrée parût naturelle. La SF facilitait toutefois les choses car on pouvait imaginer facilement dans le futur une société composée essentiellement d'Emilianiens, par eugénisme, sans avoir à le préciser dans le film. VTP avait déjà fait des films et téléfilms dans lesquels il n'y avait que des Emilianiens et aucune Emilianienne, ce qui laissait supposer un système de clônage et non de fécondation, ainsi que la désactivation génétique du vieillissement, et ceci sans en faire un des thèmes principaux du film. Il n'y avait aucune raison biologique pour que le vieillissement entre 45 et 60 ans fût plus rapide ou plus visible que celui entre 25 et 40 ans (chez quelqu'un ayant une bonne hygiène de vie, dans les deux cas) donc il existait un mécanisme de sabordage intégré, sinon la simple usure se fût produite de façon plus uniforme au cours de la vie, comme pour les reptiles. Une sorte de Huntington généralisé, au lieu de n'agir que sur le cerveau.

. Erwann vit aussi "Echec et maths", un téléfilm situé vers 1995 (donc avant les réformes de l'ELR) dans lequel Tanguy jouait Rémi Saurget, un prof de maths dans un lycée difficile, qui ensuite règlait leur comptes aux élèves violents où empêchant aux autres de suivre sereinement les cours, ceci masqué en justicier (masque-cagoule rigide évoquant certains équipements de soudeur "mains libres", convertisseur vocal façon "Dark Vador"). L'une des scènes était l'émasculation d'un délinquant d'origine maghrébine (fil de fer noué serré au ras, tube glissé dans l'urètre, tout découper autour) en ajoutant: "il pourrait t'arriver encore pire que ça: ce serait que tous les autres le sachent, dans ta cité". Or comme professeur il ne tutoyait jamais ses élèves. Les punitions étaient souvent plus simples: coude rompu à contresens, décrochement de la mâchoire, écrasement des "parties" dans une presse (gros étau en bois d'allure médiévale) et dans certains cas il tuait. Cela contrastait avec le personnage "de jour", sobre et sérieux, qui avait installé une vidéosurveillance dans sa salle de cours, et un rétroprojecteur pour ne jamais avoir à tourner le dos aux élèves, en projetant sur un écran déroulable ce qu'il écrivait plutôt que d'écrire au tableau. C'était un rôle ne comportant pas autant d'action que d'habitude. On le voyait par exemple recevoir la mère d'un élève demandant conseil en janvier pour l'orientation après-bac:
Saurget- je ne vais pas vous mentir: votre fils n'est pas réellement intelligent. Il en donne l'illusion parce qu'il est discipliné et que jusqu'à présent les maths sont encore de simples recettes de cuisine qu'il suffit d'appliquer soigneusement sans réfléchir [il disparaissait alors au profit de l'illustration accélérée de ce qu'il évoquait: casser des oeufs en séparant le blanc du jaune, battre les blancs en neige, les incorporer à la pâte...]. En prépa, ça ne suffira plus [on voyait une série de plats sophistiqués sur une table, et les fiches de recettes écrites en chinois], mais s'il se retrouve en fac ce sera encore pire car il a besoin d'avoir des rails à suivre. Sans rails, il ne peut rien faire [vision: le train s'enlisait dans le sable d'un immense désert]. La pente des rails deviendra bien trop forte pour lui en Spé [on voyait une petite locomotive qui y patinait sans avancer], mais il se peut qu'il obtienne une des petites écoles qui ont un concours niveau Math Sup [aiguillage vers une voie montant plus doucement]. C'est là qu'il aurait le moins de risque de rater totalement ses études [catastrophe ferroviaire "à l'ancienne" déversant locomotive et wagons au bout d'un viaduc effondré]
la mère- mais il a 131 au test de QI?
S- ces tests mesurent uniquement l'aptitude à réussir ce genre de tests. C'est comme le jeu d'échecs ou les mots croisés [vision d'une partie jouée en "blitz", puis d'une grille immense qu'une main remplissait de lettres à toute vitesse]: on peut y être excellent sans être doué pour les autres problèmes. En plus le barème utilisé en France est très indulgent, au point que si on obtient moins de 120 il y a vraiment de quoi s'inquiéter [image du bonnet d'âne].
. A un autre moment, à une élève qui tentait de lui faire du charme pour améliorer ses notes (ce qui n'existait pas dans les années 70 et 80, mais parfois ensuite, et surtout était mis en oeuvre dans des films):
S- d'abord ce local est vidéosurveillé: inutile d'inventer une histoire tordue. Ensuite j'ai beaucoup mieux à la maison [image style "calendrier Pirelli"]
. Et la fille sortait totalement déprimée. En même temps Saurget qui ne faisait jamais le "gentil" aidait aussi certains élèves, indirectement: il conseillait une méthode autodidacte complémentaire, voire un autre professeur "si ici ça ne marche pas bien [image d'électro-encéphalogrammes devenant plats, avec signal d'alerte], il faut essayer une méthode différente [gélules multicolores versées avec un entonnoir dans la bouche de l'élève]. Je ne peux pas faire 34 cours différents adaptés à 34 élèves [on voyait 34 exemplaires de Saurget avec 34 petits tableaux devant 34 tables individuelles] , mais il est possible que celui du professeur Brégant soit plus efficace dans votre cas" [image de Brégant en blouse blanche, avec une énorme seringue].
. Ces scènes "non-action" étaient brèves, illustrées de virtualisation (ou scènes filmées en vrai supposées imaginaires) et ne servait qu'à donner l'ambiance. Les violences entre élèves et les représailles anonymes ayant lieu ensuite étaient le fil conducteur du film, qui ne mimait pas, de ce fait, "the substitute": le prof ne se présentait pas comme un homme d'action, ce qui lui rendait plus facile de l'être.
. En raison des vandalismes sur les voitures, Saurget ne venait jamais avec: il prenait le bus. C'était à cette occasion, lors d'une agression de passagers dans le bus par plusieurs voyous (qui n'étaient pas de son collège-lycée), qu'il était amené à dévoiler des compétences en arts martiaux qui auraient pu attirer l'attention des enquêteurs s'il n'y avait eu alors lynchage des agresseurs (une fois mis en difficulté par Saurget) par les passagers du bus. C'était Saurget qui avait frappé le premier, mais il était loin d'être de ceux qui avaient causé le plus de dégâts: il n'avait pas participé au lynchage. Les passagers disaient à la police que les voyous s'étaient entretués, et comme il n'y avait pas de vidéo dans ce bus, ni de témoignage disant autre chose, il était impossible d'inculper quelqu'un.

. Des tournages du premier semestre ce fut l'Arène qui sortit le premier, le 20 juin 2007. La première fois, Erwann avala le film presque comme un spectateur n'y ayant pas participé, y compris les scènes avec Romain (preuve qu'elles s'intégraient bien au contexte du film) mais la seconde fois, trois jours plus tard, il eut l'impression qu'on l'y voyait trop, surtout dans les scènes de combat filmées de près, même si au total il n'était pas le plus présent à l'image: il n'arrivait qu'en troisième position en nombre de pixels occupés sur l'ensemble du tournage. C'était Tanguy le plus utilisé, suivant ce critère purement numérique, puis Fabrizio. D'habitude, ce qu'Erwann faisait dominait sur ce qu'il était, alors que là, son physique était un peu trop présent et trop souvent peu habillé. Toutefois il pensa ensuite que c'était parce que lui se connaissait déjà ainsi dans ce rôle, et s'observait en seconde vision du film. Si la première fois il n'avait pas eu cette impression, les autres gens aussi pourraient oublier l'acteur au profit du personnage, d'autant plus facilement qu'il était dans un rôle inhabituel (on y eût plus attendu Vittorio). Le film restait très VTP dans son montage et le côté entraînant de l'action, entraînant sans être saturant: là était le dosage assurant le maximum d'impact. Erwann n'était pas spectaculairement musclé (contrairement à Fritz Krüger, par exemple), mais la plupart des autres non plus n'étaient pas des culturistes: juste "raisonnablement athlétiques" comme lui, car il ne s'agissait pas de professionnels mais de gens du peuple enlevés et entraînés rapidement pour participer à ces combats sous les yeux des riches habitants de l'île dans leurs tribunes ombragées où des boissons fraîches leur étaient servies. Le spectateur pouvait espérer que les combattants finiraient par "interférer" (y compris la notion de fer contenue dans ce mot) avec les bougeois, et cela arrivait effectivement mais pas de la façon la plus prévisible: il se passait bien des choses hors de l'arène et des cellules des gladiateurs. Les deux scénaristes de ce film semblaient s'être accomodés, en voyant l'oeuvre achevée, de ce que le personnage joué par Tanguy fût maintenant le plus utilisé.

. Sven, son personnage, disparaissait en faisant sauter la distillerie dans laquelle se déroulait la traque finale, après avoir fermé chacune des vannes de sortie et bloqué les deux soupapes de limitation de pression de l'énorme colonne de distillation principale. La distillerie était la partie "vernienne" du décor du film, traitée avec une générosité tarsinienne avec tous ses alambics, ses cuves, cette énorme colonne à étages aux allures de haut-fourneau (en fait non, pour ceux qui connaissaient bien les hauts-fourneaux, mais ceux qui les connaissaient mal pourraient y penser), sa chaudière au charbon alimentée par un covoyeur à vis sans fin (comme entre tender et foyer dans les locomotives à vapeur), décor de cuivre, de laiton, de charpentes en acier riveté style "Eiffel", de conduites au ramifications complexes ponctuées de manomètres et des vannes un peu partout (avec des coursives et des escaliers métalliques pour accéder à ces vannes et manomètres), puis les fûts de chêne en bout de ligne de production pour le vieillissement. On voyait qu'au tout début du film Sven avait travaillé comme esclave dans cette installation avant d'être recruté comme lutteur puis gladiateur, ce qui pouvait expliquer (mais ça ne servait que tout à la fin) qu'il sût un peu à quoi servait ceci ou cela et surtout ce qu'il ne fallait pas dérègler: une surpression dans la colonne avait fait sauter les rivets d'une des tôles du cuvelage du huitième étage et faisait jaillir une flamme d'alcool sous pression grillant deux esclaves présents à cet instant sur la coursive face à la fuite. L'alcool ne servait pas que de boisson: la distillation la plus poussée fournissait un excellent combustible utilisé dans les lance-flammes qui rendaient les gardes si redoutables en cas de tentative d'évasion, et aussi (plus pacifiquement) à de grands effet de murs de feu autour de certaines parties des arènes lors des spectacles. Les combats de lutteurs et gladiateurs et leur ambiance annexe ne représentaient que 38% du film, tout ce qui se passait ailleurs (surtout dans la dernière partie) renouvellait l'intérêt et le spectaculaire de cette réalisation se voulant tarsinienne, mélangeant du vernien "grandiose" et de l'antique vaguement "péplum" transposé au XIXème siècle britannique.

. Il vit aussi le "train fantôme", un film fantastique (où jouait Romain, sur fin janvier et début février) dérivé des rêves de trains n'allant pas à la destination prévue, en rechanger pour se retrouver encore plus perdu, avec des noms de gares écrits dans un alphabet inconnu, et où il se passait quantités de choses étranges.

. 27 juin 2007: sortie de "Règlements de comptes", film de gansters français mené pied au plancher tout en émulant une partie de l'ambiance "Audiard" des vieux films, la qualité de prises de vue et la stéréoscopie en plus. Son personnage ressemblait à William, et était là aussi un gangster, mais l'histoire était tellement différente (ainsi que son contexte) que l'un ne canibalisait pas l'autre: on n'avait pas le temps d'y réfléchir, en première vision du film.
. 11 juillet 2007: sortie de "L'ouverture Zardoff", où il jouait l'espion russe avec gadgets chimiques (dont le philtre d'attachement) et techniques.

. Le calendrier des Dieux du Stade 2008 (photographié au cours de l'été 2007, pour la plupart des poses) serait un peu plus sage que le 2007 et les prises de vues auraient lieu dans un château et son parc. Cette année Torbjörn y était, et c'était avec VTP qu'il avait préétudié en virtuel, puis par quelques essais réels, quelle pose il prendrait. L'idée de la statue dans le parc était déjà prise par un autre joueur, de 3/4 dos, donc il fallait trouver autre chose. Suspendu d'une main sous un des lustres allumés (on avait vérifié que l'ancrage supporterait la surcharge), pas tout à fait de face, relevant une jambe à l'équerre, le ballon en équilibre sur le pied, vers l'objectif. On ne pouvait pas voir, ainsi, s'il avait ou non un string. Pour gagner du temps on avait fixé adroitement le ballon (plus léger qu'un vrai) par des anneaux discrets autour du gros orteil pour le porter et de son voisin pour l'empêcher de pivoter. Pendant la préparation, ce pied était maintenu par un étrier et l'autre posé sur un escabeau, de sorte qu'il n'avait pas à maintenir longtemps la position une fois tous les règlages faits. Ca obligeait à prendre l'ensemble de plus loin que la moyenne, pour avoir tout du pied bas au lustre, mais c'était aussi le cas pour la statue sur piédestal. Pour les cheveux, bien longs cette année, on avait essayé rangés "Arvi", ou "emportés par le vent", moyennant une soufflerie puissante et précise, ce qui fut la solution retenue car cela suggérait un mouvement rapide du personnage. Il y avait donc cet effet de mouvement, une petite allusion au cinéma (se suspendre à un lustre), de la perpesctive dans cette grande salle avec un autre lustre derrière celui-ci, et l'effet était "tous publics". Sa séquence était l'une des plus brèves du "making off" vidéo, montrant les essai en se pendant au lustre par un bras ou les deux, et le système permettant de garder la pose aussi longtemps que nécessaire pour les règlages de lumière puis les essais avec la soufflerie. Les angles de prise de vue variant, on voyait qu'il n'était pas nu, comme d'ailleurs d'autres dans les séquences vidéo les concernant. Il avait visionné des "making off" précédents et appris vite à imiter l'air un peu endormi que prenaient certains pour donner l'impression d'être juste des mannequins articulés à placer de telle ou telle façon. Imiter le jeu d'autres acteurs était son habitude dans les tournages de VTP, et ainsi, ce serait "dans le ton".

. Erwann jouait maintenant dans "Grouillements", une SF proche à la mise en scène particulièrement répugnante (on retrouvait des thèmes déjà effleurés dans "Chasseurs d'ombres", en particulier une version à voracité plus rapide des larves de la lucile bouchère), VTP sachant que ce qui avait marché dans "Digestion" puis dans les films à base de nouilles pouvait être resservi sous une autre forme: cette fois c'étaient toutes sortes de parasites d'aspect réaliste, au lieu du côté "grosse farce" des nouilles ou des mollusques géants. Moignons et prothèses pouvaient aussi rappeler "les giboyeuses", mais pour une autre raison: il ne s'agissait plus de machines carnassières mais d'un péril organique de petite taille, quoique visible à l'oeil nu. Dans ce film on pouvait mettre un peu tout le monde, de VTP, vu le nombre de personnages "consommés", plus nombre de personnages virtuels ou robotisés, ceci facilitant les effets spéciaux.

. Le 24 juillet 2007, c'était "La porte de l'avenir" qui était sorti, le prochain film avec Erwann à sortir étant "La quatrième pyramide", le 7 août. Son rôle y était plus important que dans "La porte de l'avenir" où il était "un des personnages à suivre", sans plus. "L'ouverture Zardoff" eut beaucoup de succès, avec l'inversion est/ouest du thème "James Bond" qui en détournait les codes tout en conservant les ingrédients attendus par le public dans un tel film. Comme tout Kerfilm, il pouvait marcher sans connaître les références visées, tandis que ça devenait (indirectement) amusant en les connaissant. "Trop vu dans trop de films", certes, mais il était loin d'être le seul dans ce cas. Ca se remarquait plus dans celui-ci où il avait un rôle qui n'était pas échangeable et où il n'y avait pas que de l'action. Ce n'était toutefois pas comme en 2000 où l'on en était venu à signaler les films "sans Erwann d'Ambert": VTP ne le mettait maintenant que dans 34% de ses films0, et rarement dans le rôle central (quand il y en avait un), même si souvent "parmi les rôles principaux". Dans "l'ouverture Zardoff", Erwann n'était pas le plus présent à l'image par tranche de 15mn, mais il l'était sur l'ensemble du film, vu le nombre de morts parmi les autres personnages principaux. Il était présent dès le début et tué à 2h07 sur une durée totale de 2h30, et comme toujours dans ce cas le scénario pouvait déjà largement compter sur d'autres (mis en jeu plus progressivement) pour ne pas donner une impression de rupture de rythme après sa disparition: dans celui-ci il finissait sous une coulée de béton après avoir pris une balle en pleine tête.

. Lors des tests faits au simulateur, en vrai sur patins à roulettes et sur glace dans la chambre froide, Geoffroy Ferral semblait enfin s'être habitué à y voir net. Ca l'avait perturbé dans ses entraînements pendant environ trois mois: il y commettait des erreurs qu'il n'avait plus commises depuis 1999! Et qu'il n'avait pas si souvent commises depuis 1996... Ca ne remarchait qu'en s'entraînant sans y voir, puisqu'il savait déjà très bien le faire, mais c'était justement s'entraîner en y voyant (net, maintenant) qui était impératif pour revenir à son ancien niveau. Il semblait maintenant s'être recalibré et avoir presque récupéré sa fiabilité antérieure, donc d'ici l'hiver prochain ce serait sûrement bon. Toutefois, autant il appréciait cela au quotidien, autant il craignait de voir nettement le public et le jury dans les compétitions de l'hiver prochain. Loin de diminuer sa timidité, cette nouvelle vue l'accentuait, car il n'était plus protégé par ses lunettes dans la vie courante, au point que longtemps il en porta des "neutres", pour ne pas se sentir nu dans un monde que cette vue "effroyablement net" rendait tellement agressif: des angles partout, des bords, des gens qui le regardaient (parfois) alors qu'avant il ne s'en apercevait pas: dans les myopies fortes, les lunettes ne restituaient jamais 10/10èmes, car elles réduisaient la taille de l'image donc le nombre de "pixels", même si la rétine n'était pas quadrillée ainsi. Ceci confirmait le bien-fondé de toutes les précautions prises pour maintenir à Ferral des références constantes. Son équilibre et sa précision d'exécution pouvaient s'effondrer comme un château de cartes si un des paramètres variait.

. Coupe du monde de rugby: le sélectionneur continuait à peu utiliser les Bretons, mais il y eût 100% de joueurs ou ex-joueurs du Dynamo de Dinan dans la nouvelle équipe d'Allemagne (c'était devenu leur centre de formation, en plus de ceux qui y restaient plusieurs années) avec bien sûr la première ligne Krüger, qui réussit à atteindre les quarts de finale (et perdre contre l'Australie): beau résultat pour une nation n'ayant jusqu'alors aucune ambition internationale dans le rugby.

. La demi-finale France/Angleterre avait lieu dans l'excellent stade du Dynamo de Dinan, d'où la présence d'un "régionnal de l'étape" encore jamais vu en équipe de France: William Lefar. C'était sa première sélection en bleu à trente ans, liée au fait que ça se passait à Dinan. Il y avait aussi Yvinnec et Kerdazenn dans l'équipe, ainsi que toute la "première ligne bis" bretonne sur le banc: Giquel, Delamarre, Lecestre, qui s'étaient entraînés avec les remplaçants et les "ne seraient pas remplacés" du pack national, installé cette semaine dans la base d'entraînement ultramoderne (encore des perfectionnement au fil des ans) du Dynamo de Dinan. Le simulateur autonome de mêlée fut calibré pour émuler autant que possible les diverses configurations de la mêlée anglaise que l'on pourrait rencontrer dans ce match, au fil des changements. En face, le buteur légendaire du XV de la Rose: Wilkinson. Yvinnec pourrait-il faire mieux? De "pas trop loin", oui, et au delà on ferait tirer la "grosse Berta": Lefar. Les entraîneurs de Dinan avait averti le XV de France qu'il ne fallait pas s'attendre au même rendement de ses joueurs dans une équipe qui n'aurait pas l'habitude de se synchroniser à eux et réciproquement. Au coup d'envoi les Anglais ne prirent pas le risque de tenter une percée sur les bords, pour cause de Kerdazenn à gauche et de Lefar à droite, mais trouvèrent un couloir "absurdement libre" au centre, le 15 français fut feinté et le premier essai anglais fut marqué à la 8ème seconde du match. Ca, ce ne serait pas arrivé avec l'équipe de Dinan, savait le public habituel du stade: "il fallait prendre aussi Le Manac'h". S'ensuivit un duel d'artillerie: les pénalités (car contrairement au DD, le XV de France commettait bien des fautes) et drops de Wilkinson face à ceux d'Yvinnec, Lefar, mais aussi en fin de match l'étonnant talonneur-buteur (Dinan était le seul club a en avoir un) Ferry Delamarre, qui en réussit deux. La mêlée française avait été bonne dans tout le match, sans puis avec les Bretons: l'utilisation du simulateur de mêlée adverse y avait aussi contribué. Lefar avait plié sur son passage deux Anglais qu'il avait fallu remplacer prématurément et inscrivit un essai dans l'angle droit à 79'18", de sorte que le temps de tirer la pénalité (Yvinnec) ce match intensif et éprouvant était fini et gagné de trois points: 25-22. Yvinnec n'avait donc aucune pression dans ce tir très oblique car c'était déjà bon sans les deux points de la transformation. La coordination d'ensemble étant moins rôdée dans l'équipe nationale que dans les clubs dont les joueurs provenaient, Yvinnec, Kerdazenn, Lefar recurent moins de ballons aux bons moments et trouvèrent (quand ils l'avaient) moins facilement à qui le passer, quand ils n'étaient pas en situation de continuer avec ou de tenter le drop. En fin de match, il y avait six Bretons sur le terrain dont quatre inédits en équipe de France: la "première ligne bis" et Lefar, finissant la langue à terre mais la plupart de ceux d'en face aussi, d'où l'essai. Il ne serait pas réutilisé dans la finale ("Dinan ne l'utilise pas dans les matchs en extérieur, alors ne prenons pas le risque non plus", avait estimé à juste titre le sélectionneur), Kerdazenn y serait remplaçant, mais on se posait la question de reprendre voire de titulariser la "petite première ligne", le problème étant que techniquement, il fallait prendre les trois d'un coup ou aucun: à Dinan on changeait toujours les trois d'un coup, et Ferry Delamarre n'était utilisé sans ses piliers que quand il ne jouait pas talonneur, ce qui arrivait aussi: 6, 7 ou 15, plus rarement 12.

. Contre l'Afrique du Sud, Yvinnec était titulaire, Kerdazenn rempaçant, et on titularisait cette fois la "première ligne bis" de Dinan: Lecestre, Delamarre et Giquel. Première sélection, comme remplaçant, de l'autre talonneur-buteur "non-allemand" de Dinan: Vincent Augrès, 1m82, 104kg, 24 ans, un talonneur de morphologie plus classique pour ce poste que Delamarre (Augrès n'était pas un ex-15), plus lourd et moins rapide, mais estimé moins dépendant de l'association avec ses piliers habituels et qui permettrait de ne pas perdre un artilleur sur le terrain lorsque Delamarre et ses piliers laisseraient la place. Augrès s'entraînait depuis cette semaine avec les piliers remplaçants (non-bretons) et le simulateur, qui avait été transporté à Marcoussi et dont chaque pseudo-joueur avait été reconfiguré (longueurs des membres et troncs, répartition des masses) et reprogrammé pour imiter aux mieux les comportements constatés dans la mêlée sud-africaine, y compris les irrégularités: les piliers-robots pouvaient tenter de tricher en faussant la liaison. Les talonneurs bretons avaient trois propriétés intéressantes: ils ne commettaient presque jamais de fautes (la discipline de Dinan), ils lançaient "comme sur des rails" (depuis cette année Augrès aussi était autorisé à le faire, à Dinan. Tant qu'il n'était pas meilleur que Le Morzadec (le "7 lanceur" de Dinan) à cet excercice il ne lançait qu'à l'entraînement) et ils étaient vraiment bons en drops (Augrès ayant à force d'entraînement refait l'essentiel de son retard sur Delamarre): cette dernière propriété était introuvable dans les autres clubs français. L'adversaire devrait donc se méfier, quand Augrès obtiendrait le ballon, tant d'une charge percutante (classique à ce poste, et Augrès le faisait bien, sans lâcher le ballon à l'impact sauf pour le passer, la consigne restant d'éviter le jeu au sol tant que possible, à Dinan: on était trop à la merci du flou de l'arbitrage dans cette "zone grise") que d'un tir au pied, s'il était bien placé pour.

. Le jeu au pied étant un des points faibles de l'équipe de France, après avoir vu que ça marchait beaucoup mieux avec des Bretons à bord, on avait choisi de multiplier les buteurs. Yvinnec, bien sûr ("Johnny Deep" ayant largement fait ses preuves comme étant le "Wilkinson français"), Kerdazenn n'était pas ce que Dinan avait de plus précis (Lefar visait mieux) mais par rapport au XV de France c'était un "bon buteur", avec beaucoup de puissance, les deux talonneurs bretons étaient aussi de "bons buteurs" à l'échelle de la sélection nationale bien qu'à Dinan on n'eût pas imaginé leur faire tirer les pénalités. Juste des drops "si opportunité réelle".

. Ferry Delamarre (1m85, 94kg cette année) eût préféré (sans le dire) n'être que remplaçant dans cette finale: dans un tel match, si ça avait été le Dynamo de Dinan, les Krüger auraient été titulaires et la "ligne GDL" (Giquel Delamarre Lecestre) serait rentrée vers l'heure de jeu pour leur succéder. GDL ou LDG dans certains matchs (pour continuer à travailler la polyvalence des piliers), mais Lecestre était un meilleur pilier droit que Giquel donc dans un match aussi important c'était GDL. "Delamarre, un 15 buteur improvisé talonneur", ça restait vrai mais l'improvisation était fiable depuis longtemps, surtout associé à "ses" deux piliers. Les divers lancers "bretons" avaient déjà été travaillés pour le match précédent avec l'alignement provenant d'autres clubs. Ce serait Ferry qui déciderait quel lancer faire et donnerait le signal de synchronisation. On utiliserait souvent (pas pas trop souvent, pour limiter la prévisibilité) la touche courte renvoyée au talonneur, surtout en cas de vent. On utiliserait aussi trois autres types de lancers sur les huit que Ferry maîtrisait (deux de plus que Vincent Augier), car trois pouvaient poser problème à un alignement pas aussi impeccablement synchro qu'à Dinan. L'argument "Delamarre n'est pas aussi percutant qu'Untel ou Untel" était compensé par le fait que Giquel l'était bien assez. La tradition du talonneur-défonceur faisait place au talonneur-buteur (Delamarre pouvait faire aussi de la percussion, mais ses piliers l'y surclassaient nettement, leur masse le leur permettant, à savoir-faire égal), ce qui rapporterait plus de points, puisque Giquel et Lecestre étaient là pour les percussions à répétition, en plus du fait que Lecestre était loin d'être médiocre au pied et que Giquel avait beaucoup progressé dans ce domaine lui aussi: cette première ligne "bis" de Dinan s'y entraînait fréquemment et efficacement, entre les entraînements avec le robot simulateur de mêlée.

. France-Afrique du Sud 12-13 à 27'15" quand Valentin Yvinnec pris dans une percussion croisée fut percuté au côté droit de la tête par celle du 12 adverse et sortit sur une civière. Le Sud-Africain resta un moment au sol puis se releva et fut remplacé lui aussi, mais il sortait conscient. Le remplaçant possible en 9-10 n'était pas buteur, alors qui allait tirer les pénalités s'il y avait lieu? Ce serait Delamarre (le talonneur breton) ou Kerdazenn (le 11). Yvinnec était meilleur que l'un et l'autre mais on n'avait pas mieux que les deux autres sur le terrain ni sur le banc, alors il faudrait faire avec. L'artillerie du XV de France venait de perde sa meilleure pièce, et devrait tôt ou tard remplacer la première ligne avec Augrès qui était moins précis au pied que Delamarre. Les entraîneurs de Dinan furent consultés à ce sujet par celui de l'équipe de France, pour savoir qui choisir. Ce fut Delamarre qui tira les pénalités. Le problème de l'optimisation de jeu en mêlée de la première ligne bretonne était qu'il fallait la changer dès qu'un des trois composants fléchissait. Toutefois à l'heure de jeu (score 21-29, avec un 2ème essai Sud-Africain) ce ne fut pas le cas: on fit sortir les deux piliers Giquel et Lecestre alors que Delamarre resta sur le terrain en remplaçant le 6, qui avait pris bien des coups, de sorte que les deux talonneurs bretons seraient maintenant sur le terrain. Le score final fut de 36-39, les deux pénalités et un drop étant tirées par Delamarre, tandis que Kerdazenn réussit un drop et Augrès aussi.

. On n'apprit qu'après la cérémonie de fin du match le décès de Valentin Yvinnec. Ce n'était pas le crâne qui avait pâti du choc transvesal mais les vertèbres cervicales. Yvinnec avait repris conscience et regardé le match à la télévision à l'hôpital. Il savait qu'il était paralysé des quatre membres mais avait attendu de voir la fin avant de se faire piquer. Il n'y eût pas de calendrier du Dynamo de Dinan cette année: on avait attendu la coupe du Monde pour décider de le faire ou non et quel thème lui donner, et suite à la perte de ce joueur-clef du DD ainsi que du XV de France, il semblait plus simple de ne pas en faire.

. Le quatrième talonneur-buteur du DD était allemand et plus souvent utilisé en troisième ligne dans les matchs du club. A l'origine, il avait surtout été formé (comme Augrès) pour le cas où le DD perdrait les Krüger, mais ceux-ci étaient restés, leur engagement expiré, sans demander une augmentation importante alors qu'ils auraient pu obtenir beaucoup plus ailleurs. Ce "troisième 2 souvent 6 ou 7" était Rolf Bauer, 23 ans, 1m81, 104kg, un Bavarois au visage rond "sympathique" (si on était méchant on pouvait dire "porcin"), avec une avalanche de cheveux roux bouclés. Rolf avait des mensurations classiques pour ce rôle, il ne pesait que 11kg de plus que Ferry mais sa morphologie donnait l'impression d'une différence bien plus importante.

. La France avait perdu la finale de trois points, beaucoup estimant que c'était parce que l'on n'avait envoyé les artilleurs bretons que trop tard, et que la coordination de passes pour les approvisionner en munitions avait moins bien fonctionné qu'au DD. Beaucoup pensaient surtout que si Yvinnec avait pu jouer tout le match il y aurait aisément eu trois points de plus. L'équipe de France ne pouvait se coordonner aussi "instinctivement" que ce qui se passait dans tel ou tel club qui lui fournissait des joueurs, donc ce déficit n'avait rien d'étonnant. Il n'avait pas manqué grand chose (juste deux points), comme dans beaucoup de grandes occasions manquées.

. Dinan restait une référence du championnat, ses méthodes d'entraînement scientifiques ayant moins vite été imitées que prévu, et seulement en partie. Le club continuait à compter sur sa formation interne (locale) et ne pas aller acheter de joueurs ailleurs (les Allemands, c'était sur concours: on ne les débauchait pas d'un "grand" club les utilisant déjà), avait perdu (pour ne pas avoir surrenchéri sur les offres concurrentes) la moitié des joueurs de l'équipe de 2001-2002 et avait pu les remplacer grâce à l'excellence de sa formation interne. On n'y trouvait plus autant de grands gabarits lourds qu'initialement mais le savoir-faire compensait encore cela. Le principe d'une composition pour matchs à l'extérieur et une autre (avec diverses variantes ou panachages) pour les matchs à domicile était conservé, selon la dépendance contextuelle des joueurs et aussi parce que certains aimaient jouer au rugby à haut niveau mais pas devoir voyager. William Lefar eût été un personnage facile à utiliser publicitairement suite à l'engouement pour le rugby suscité par cette coupe du monde et la victoire française sur l'Angleterre en demi-finale, mais ce ne fut pas le cas (il ne le souhaitait pas mais put simplement répondre que VTP ne l'y autoriserait pas, "clause de non-concurrence d'image" puisqu'il était occasionnellement acteur pour de petits rôles lui demandant beaucoup d'action), contrairement à des joueurs d'autres clubs y ayant participé. Lui et VTP savaient aussi qu'une partie de son image (pas uniquement visuelle) venait de ce qu'il ne s'en servait pas: les petits rôles pour Kerfilm étaient de l'action, parmi bien d'autres "acteurs secondaires" souvent empruntés à VTPSF. Dans de telles scènes, quand il avait vu le film terminé, il se sentait à sa place, comme sur un terrain de rugby. Mais de l'image "pour l'image", non: il vallait mieux laisser ça à Torbjörn. La photo du calendrier 2004, il l'avait surtout faite pour que l'on ne pût pas dire qu'il n'en avait jamais fait (et accessoirement pour que l'on pût voir que Torbjörn n'était pas mieux bâti, mais ça, il ne le dirait pas), et puis c'était le premier calendrier du club, beaucoup de joueurs y avaient participé, puis moins dans les suivants où ça ne constituerait plus une surprise.

. C'était l'Inde qui avait les jeux olympiques 2008 ("les jeux de Bollywood") qui seraient des jeux "low cost" (budget divisé par huit par rapport à ceux de 2004), et le rinnepallo y serait. Le statut strictement amateur, la télégénie des actions, la fiabilité de l'arbitrage informatisé (il y avait encore des arbitres humains, mais uniquement pour ce que ce système ne pouvait détecter seul. On analysait alors les vidéo pour décider) et la diffusion désormais dans suffisamment de pays avait conduit à en faire une discipline olympique. Compte tenu du climat indien, les matchs auraient lieu à l'aube (d'autant plus que d'autres créneaux étaient déjà réservés pour la retransmission d'autres épreuves) donc, avec le décalage horaire, l'Europe les regarderait en milieu de journée.

. Après la mort de Valentin Yvinnec, Le Manac'h passa un temps en n°10, à Dinan, car il avait plus d'expérience de l'équipe principale que le 10 remplaçant, et la plupart des tirs de pénalité et transformations furent confié à Lefar dans les matchs où ils jouait, à Le Manac'h ou Delamarre dans les autres.

2008

. La France battit la Finlande 22-16, la Suède battit la France 17-13 et la Finlande battit la Suède 30-19, ces trois pays ayant remporté leurs autres matchs, ce qui au décompte final de tous les points fut une victoire finlandaise mais plus arithmétique que sportive. Ceci fut l'occasion d'apparition dans des sites Lioubioutchaï de fans de quantité de photos de lui qui souvent ne présentaient pas d'intérêt rinnepallistiques à part le nouveau maillot 2008 ("galactique") et les cheveux plus longs que dans les films de 2007 déjà sortis. D'ailleurs cette fois il garderait tout jusque fin 2009 ou début 2010, car VTP préparait le retour de la HF à partir d'un projet tarsinien (un vrai) qui aurait nécessité des moyens techniques déraisonnables pour 2005.

. Le tournois des VI Nations (rugby) emprunta Kerdazenn, Giquel, Delamarre et Lecestre, seul Kerdazenn fut titulaire (contre l'Italie et contre l'Angleterre), les trois autres furents remplaçants.

. Aymrald se rendit compte qu'il lui était difficile de garder son finnois: ça s'érodait vite, dans son cerveau, bien que s'astreignant à en lire et en taper quotidiennement. Ce qu'il avait mis plus de huit ans en "immersion totale" à acquérir fondrait comme neige au soleil à la moindre paresse mentale, et malgré ces "piqûres de rappel" assidûes il devenait de plus en plus difficile de garder le finnois. Ceci lui confirma que l'on ne pouvait pas apprendre "pour de bon" le finnois si on n'avait pas commencé bébé.
. Il jouait maintenant (juste après le tournoi) un rôle "en vrai" (il en avait piloté à l'exosquelette bien d'autres entretemps) dans un manga spatial très gore qui contenait quelques allusions détournées à Alien, comme lors de la première apparition de son personnage qui sortait à travers le ventre d'un monstre bien plus grand que lui et qui disait (tout gluant de filaments verdâtres-maronnasses mais entier) à un des autres personnages humains ou supposés tels: "beuark! Quand est-ce qu'ils comprendront qu'ils n'ont pas ce qu'il faut pour digérer notre viande?". Un de ses camarades répondait:
- ce qui est bête c'est que nous non plus on ne peut pas les manger, et cette carcasse va en attirer plein d'autres.
. Quantités de paysages n'évoquant rien de terrestre, tout en n'était pas purement minéraux non plus, vaisseaux spatiaux semblant dater de diverses époques, robots en tous genres, bestioles et "entités" (on ne pouvait pas vraiment dire que c'était des bêtes parce que ça se divisait, se rassemblait, s'évaporait...) à profusion. Tout l'arsenal "Kerfilm", mais Erwann craignait que le film ne fût pas très bon: "encore du gros qui tache avec beaucoup de moyens", mais il serait au moins divertissant donc son public apprécierait quand même. La notion "film avec Erwann d'Ambert" était toutefois moins caricaturale qu'autrefois, car VTP tournait les mêmes genres de films sans lui (plus souvent qu'avec, au total) et qu'en fait dans sa filmographie il y avait un peu de tout "pourvu qu'il y ait suffisamment d'action". Etre connu du public lui interdisait (comme à bien d'autres) de fréquenter l'espace public. Quand il n'était pas connu, avant VTP, beaucoup de gens le remarquaient et se souvenaient de lui, mais il ne le savait pas, car il n'y pensait pas, donc ça n'avait pas d'importance. En Finlande il avait retrouvé pendant un certain temps cette illusion d'anonymat, sans savoir qu'en fait les Finlandais arrivaient à repérer un non-Finlandais même si physiquement il en avait l'air. Comme ensuite il avait été connu, on le repérait même s'il n'avait aucune attitude trahissant une origine non-locale. Par contre il existait d'autres Attéens (VTP ne les avait pas tous trouvés, ou certains ne convenaient pas: mentalité, attitude physique, défauts non immédiatement visibles par un public "non expert"...) et il n'était pas rare qu'un quasi-Attéen fût dans un premier temps pris pour lui (ou pour Derek, selon coiffure), là où il en existait. Certains en jouaient un peu, cultivant cette ressemblance (en évitant de sourire s'ils n'avaient pas les dents qui allaient avec), d'autres non.

. Il eut l'impression qu'il n'y aurait pas de "grand" Kerfilm en 2008, en tout cas pas les siens. Plusieurs de ceux de 2007 avaient très bien marché, dont "règlements de compte" et "l'Arène". "Les polygones de feu", le film d'HM (Héroïc Manga) avait bien marché aussi, mais moins que la moyenne des HF Kerfilm.

. Dinan perdit la finale du Top14 contre l'ASM: cette équipe leur avait toujours posé des difficultés, d'autant que cette année deux ex-DD y officiaient comme buteurs. D'ailleurs au fil du temps il y en avait aussi à bord d'autres clubs français: le DD les formait remarquablement, mais n'arrivait pas à les garder tous en raison des surrenchères salariales que VTP avait toujours refusé de suivre: "le rugby ne doit pas imiter le foot". Inversement, il y avait très peu de recrutement externe vers le DD, sauf les Allemands chez qui c'était devenu une tradition car dans ce club, il retrouveraient d'autres Allemands et un excellent système de formation, encore (curieusement) peu et incomplètement copié. C'était la première fois de son existance que l'ASM gagnait le bouclier de Brémus, que le DD avait gagné en 2002-2003 et conservé jusqu'en 2006-2007 inclus, au point que beaucoup pensaient que c'était devenu un championnat pour la deuxième place: "à la fin, ce sont toujours les Bretons qui gagnent".

. Jeux Olympiques: nouvelle finale France/Finlande de rinnepallo, à 5h30 heure locale, le 22 juillet 2008 à Calcutta, mais cette fois ce fut la Finlande qui gagna, ce qui permit toutefois d'ajouter une médaille d'argent au tableau français.

2009

. Rinnepallo: cette fois Aymrald jouait 14, et non 10 ou parfois 15, sa vitesse et son aisance au slalom en côte en faisant finalement plus un ailier qu'un ouvreur, tâche confiée à Pelletier car en fait Aymrald préférait jouer au rinnepallo que devoir coordonner l'avant avec l'arrière, or même sans être capitaine (rôle restant souvent attribué au 8 ou au 15, dans le Cube de France) ça faisait partie de la charge d'attention demandée à un 10. Pelletier savait le faire, alors Aymrald pouvait être encore plus utilisé comme vecteur d'essais et de drops qu'il ne l'était déjà. On ne le verrait plus tirer le coup de pied d'engagement (rôle du 10) mais on le verrait au moins aussi actif sur le terrain. Victoire française au tournoi malgré une défaite contre l'Argentine, Argentine ensuite battue (car ayant trop donné dans le match précédent?) par la Finlande que la France battit ensuite (pour la même raison) après avoir eu moins de difficultés contre la Suède cette année.

. Dans la composition du XV de France dans le match contre l'Angleterre du tournoi des VI Nations Le Manac'h était titulaire (15) pour la deuxième fois (il l'avait déjà été contre l'Ecosse), Delamarre et Kerdazenn étaient remplaçants. On les fit rentrer (en 12) à la 59ème minute d'un match déjà largement perdu où les deux essais de Kerdazenn (le second en traînant trois Anglais aggripés à lui, tellement il avait pris de vitesse avant d'être attrappé), les deux drops puis la pénalité qu'il mit (après avoir obligé le XV de la Rose à remplacer deux joueurs qui avaient eu l'imprudence de tenter d'arrêter le TGV en le percutant par l'avant, et un troisième que lui avait plaqué en le pliant en deux par le travers) suffirent tout juste à renverser le score: c'était la pénalité sifflée dix secondes avant la fin qui avait donné lieu à un peu de discussion entre les joueurs français, et bien que située à 54m on demanda à Kerdazenn de la tirer. A Dinan, il pouvait le faire, il ne se posa pas de question, il buta et marqua les trois points renversant le score, ce qui ne changea rien à la victoire irlandaise dans ce tournoi.
. Beaucoup de spectateurs et de membres de forums sur le rubgy demandaient pourquoi on ne les avait pas utilisés plus tôt, et pourquoi on n'avait pas utilisé de Breton contre l'Irlande (match perdu). Le Manac'h avait tiré quatre drops, trois étaient rentrés dont un du milieu du terrain (50m), drop tentés parce que pas de solution pour continuer l'action ballon en main et pas de Français suffisamment fiable et rapide auquel faire une passe à ce moment (dans les autres cas, il l'avait fait: ce n'était pas du jeu "perso"). Si Kerdazenn était rentré plus tôt, il n'aurait pas non plus pu jouer ainsi plus d'une vingtaine de minutes car les Anglais se seraient réorganisés pour en tenir compte et il n'aurait plus eu d'espace de manoeuvre, au profit d'autres joueurs français (comme c'était le cas à Dinan) mais étaient-ils à même ce jour-là d'en profiter? L'essentiel du match semblait dire que non, pour la plupart d'entre eux. Dinan avait une connaissance précise du jeu de la plupart des bons joueurs anglais, pour les avoir déjà étudiés et "décomposés" pour savoir comment les contrer dans les matchs de la Hcup, dont Kerdazenn sur le terrain savait lequel pouvait faire quoi, serait assez rapide ou non pour l'intercepter, et aussi lesquels gardaient sûrement un très mauvais souvenir de leur dernière collision et hésiteraient peut-être un petit peu à y aller à fond. Ce qui fut généralement le cas, car le match semblait très largement gagné pour les Anglais alors à quoi bon se "sacrifier" (plutôt qu'un autre) à tenter de l'arrêter directement? Mieux vallait l'attrapper par le côté pour le faire chavirer ou se faire remorquer pour le ralentir: ce fut souvent le cas, ce qui avait d'ailleurs l'avantage, la plupart du temps, de l'empêcher de tenter un drop. Toutefois ça ne l'empêcha pas d'aller poser le ballon dans l'embut, à la 58ème (il venait de rentrer: les Anglais n'étaient pas prêts) et à la 71ème, celui où il en avait traîné trois sur quinze mètres, extrait de match maintes fois rediffusé sous plusieurs angles.
. Avoir été prévu cette fois comme remplaçant lui convenait bien: là, il se sentait dans un rôle réaliste, apportant un regain de puissance en fin de match sans sans avoir une responsabilité trop lourde. En rentrant à un moment où une bonne partie de l'équipe adverse serait moins vive il aurait plus d'occasion d'y faire quelque chose, en particulier au niveau des drops s'il n'y avait pas de possibilité d'essais. Dans les entraînements d'impact face à d'autres joueurs, il avait dû dire une fois (à voix basse, pour que l'autre n'entende pas) à l'entraîneur: "oui, mais si j'y vais comme contre un Anglais, lui, il ne pourra pas jouer le match, ou alors il faut l'habiller en bibendum". Protection renforcée, collision effectuée. Hors action, ses "révisions" consistaient à réexaminer la course, les changements d'appui et les types de placages de chaque joueur anglais, via les lunettes 3D et des reconstitutions virtuelles documentées (plus lisibles que l'image réelle). Ceci pour le "jeu de Nim" de gestion des collisions: sans y égaler Lefar (qui avait encore progressé dans cette précision lui aussi) il avait le niveau de ce dernier d'il y a trois ans. Comment réussir à ce que l'Anglais soit dans telle partie du cycle de course et non telle autre au moment où il le rencontrerait. C'était cela qui donnait l'impression que son vis-à-vis avait été percuté par 150kg plutôt que 110, tant Kerdazenn rencontrait peu de résistance dans cette position alors que sans cette synchronisation la collision aurait pu lui coûter des points de son "permis de percuter". Sachant cela, faire rentrer Kerdazenn tard permettait d'espérer que les Anglais aient déjà mis en jeu la plupart de leurs remplaçants, donc que si le Breton en étendait un ou deux ça leur poserait des problèmes pour un remplacement poste pour poste: ils devraient improviser en permuttant des rôles, ce qui fausserait certaines habitudes de jeu. Lors de la troisième démolition il avait fallu faire rentrer un "13" sorti antérieurement, sans blessure mais ayant déjà du kilométrage dans les jambes. Les Anglais avaient demandé à la Commission des VI Nations de réexaminer les vidéo d'impacts de Lefar après leur demi-finale perdue de 2007 "parce que quand même", et non: il n'y avait pas de faute, c'était juste que Lefar avait réussi à placer du ferme (épaule) dans du mou (ventre ou flanc) sans commettre d'irrégularité. Ils se fussent plus méfiés de lui que de Kerdazenn, qui savait maintenant en faire autant et prenait l'impact longitudinalement (à peu près), l'Anglais en "cisaillement", d'où les dégâts. Kerdazenn réduisait d'ailleurs un peu son effort de course au dernier moment, à la fois pour s'ajuster au cycle de course de l'autre, et aussi pour que la collision (pour lui) se fasse surtout par inertie, sans y ajouter la compression du dos par la poussée des jambes: il ne risquait donc pas de se plier si l'angle n'était pas tout à fait le bon. La modélisation totale du corps chez VTP, à l'aide de capteurs collés sur lui, au cours de tels essais, lui avait permis de diminuer nettement l'impact dorsal: il faisait le dernier mètre (environ) comme projectile plus que comme moteur, ses jambes l'accompagnant sans le pousser vraiment. D'ailleurs s'il n'y avait pas eu le joueur à percuter (or de si près il ne pouvait plus s'esquiver), Kerdazenn aurait pu tomber, tel qu'il était penché (et sans être en accélération) où aurait dû faire une "reprise" le déséquilibrant pendant quelques pas et qui eût fait de lui une proie facile pour une attaque par le côté. Lorsqu'il avait l'intention (voyant qu'il y avait un passage pour) de faire un "cad-deb" et non de percuter, il se baissait un instant comme pour percuter mais restait en plein effort de course pour ne pas tomber, tout en déviant les deux derniers pas. S'il ne se baissait pas, on aurait deviné ce qu'il allait faire. Par contre la différence entre course "motrice" ou "passive" lui semblait indétectable, surtout vu de face. Dans une photo de bonne qualité prise de profil juste avant l'impact ou le cad-deb, on pouvait s'en rendre compte par l'aspect des muscles des jambes: différence entre l'effort max pour le pousser, ou juste ce qu'il fallait pour le porter sur la vitesse acquise. Cela avait selon l'équipe médicale de VTP un autre intérêt: la baisse momentanée de consommation d'oxygène dans les jambes en laissait un peu plus pour préparer les muscles du torse et des bras à l'impact (là, il ne fallait surtout pas se relâcher) et aussi le cerveau pour mieux viser. La technique avait été imitée depuis longtemps par les autres joueurs du DD, mais Lefar celui qui arrivait à mieux synchroniser tout ceci, surtout pour le "jeu de Nim" conduisant l'adversaire à être moins bien placé pour digérer le choc (ou le dévier: pour ça il eût fallu être sur l'autre pied) au moment fatidique. Kerdazenn y avait assez progressé pour que l'on pût maintenant l'y utiliser comme l'autre. Dinan avait pour "tradition" une ligne de 3/4 bâtis comme des joueurs de 2ème ligne ou presque (sauf qu'ayant un type de musculature plus adaptée à la vitesse qu'à l'effort statique), la maniabilité (donc moins de poids) étant surtout confiée aux 9, 10 et 15.
. Kerdazenn avait été (sur l'ensemble de sa carrière) sélectionné treize fois dans l'équipe de France, Lefar une seule. Les entraîneurs de Dinan avaient toujours conseillé à la sélection nationale le premier plutôt que le second: "Lefar est le meilleur à Dinan mais Kerdazenn s'adaptera plus vite à une autre équipe que la sienne. Si vous prenez Lefar, il sera à peu près bon au bout de cinq matchs, à condition que les cinq soient joués dans le même stade". C'était uniquement pour France/Angleterre de la coupe du monde 2007 que les deux avaient été utilisés, tirant parti de ce que ça se passait au stade du Dynamo de Dinan, où il avait ses repères de tirs, mémorisés -différents à chaque fois- depuis chaque position-clef sur le terrain, selon la vitesse d'arrivé à ce point. Il savait aussi utiliser les écrans géants comme rétroviseurs ou "superviseurs" pour repérer (sans avoir à chercher où étaient les écrans et lequel montrerait quoi: à Dinan, il le savait) les opportunités qu'il ne pouvait voir d'où il était. Lors de ce match, ce stade n'avait toujours pas de nom: on disait "le stade du DD". Il ne fut baptisé Stade Valentin Yvinnec qu'après le décès du "Wilkinson français".
. Depuis ses début, le DD pratiquait le "délit d'initié vidéo": ce n'était d'ailleurs pas le premier club à le faire, mais ça avait été optimisé en fonction de ce que les joueurs sur le point d'entreprendre une action (les deux ou trois plus probables) avaient besoin de repérer pour l'évaluer. Des informations sur le vent en hauteur (qui n'était pas forcément le vent au sol) étaient aussi données discrètement aux buteurs par un code basé sur les banderoles de certains supporters (code changé périodiquement pour ne pas être "craqué"), à la fois selon la couleur du tissu et le nom du joueur écrit dessus, ainsi que d'autres éléments graphiques, et ça, ça marchait aussi dans les matchs en extérieur. Le vent ne changeant pas trop souvent en cours de match (sauf rafales) il n'y avait pas trop de permutations de ces banderolles et fanions donc ça n'attirait pas l'attention. La simulation des ambiances des autres stades (tout en s'entraînant dans celui de Dinan) préparait aussi les buteurs à y prendre leur repères, bien avant de s'y rendre. Lefar avait déjà joué quelques matchs en extérieur (surtout dans la Hcup) et les avait joués "suffisamment bien", même s'il osait (et réussissait: osait légitimement) plus d'offensives "profondes" (car pour décider cela, les écrans vidéo étaient fort utiles) et plus de drops à Dinan qu'ailleurs. C'était d'ailleurs aussi le cas d'Yvinnec, qui avait été meilleur buteur français mais encore meilleur à domicile.

. Kerfilm ressortait cette année un grand projet de HF de Tarsini qui aurait jadis demandé trop de moyens techniques, en particulier pour les mécanimaux, qui avaient énormément progressé par la suite. Ce fut tourné en décembre, avec Erwann auquel on avait demandé de continuer dans le très long (ça lui convenait aussi, car il y avait longtemps qu'il n'était pas retourné vers ses personnages de HF), maniant l'épée à deux mains dans des décors insolites et grandioses bourrés d'ennemis et de toutes sortes de mécanimaux, des effets de retournement complet du décor (accentués par la présence d'un lac), des attaques de mutants, des batailles navales, des effondrements de forteresses, dont un pour cause de surgissement d'un volcan dans les sous-sols voûtés, à la poursuite d'un objet mystérieux (le polyèdre) qui changeait de forme: sphère, cube, octaèdre, dodécaèdre, tétraèdre, ondecaèdre et avait à peu près (en version cubique) la taille d'un ballon de rinnepallo, d'où l'idée (non contenue dans le scénario de départ) de faire taper par Litac (son personnage), à un moment où il parvenait à s'emparer du cube, un long "coup de pied à suivre" pour se libérer les mains, se débarasser de trois adversaires au fil de sa course puis réceptionner sa propre "chandelle" en roulant par terre. Le personnage central, Akami, était joué par Typhany, Erwann qui faisait à un moment partie de ses ennemis (mais elle ne le savait pas) feignant de l'aider (et tuant effectivement des ennemis communs) pour s'emparer lui aussi de l'objet, car il lui manquait trop d'informations pour le trouver seul comme il en avait été chargé par son clan. Le fait qu'Akami soit une fille n'était pas précisé dans le scénario d'origine: ça aurait pu être un garçon moins grand et moins fort que Litac qui alors aurait pu être un Karéen si on n'avait pas un Emilianien de moins d'1m75 qui pût convenir pour Akami. Comme Erwann convenait mieux à la difficulté technique du rôle, on obtenait une différence de gabarit plus importante en confiant le rôle "fil conducteur" Akami à Typhany, coiffée court (c'était elle qui l'avait proposé), la coupe (pas à ras, mais ébouriffée en plumes) étant faite dans le film comme punition pour adultère dans sa tribu, suite à quoi elle proposait de se racheter en participant à la traque du polyèdre. C'était après avoir perdu quatre de ses cinq compagnons de voyage (sans savoir que c'était Litac qui les avait tués) qu'il la sauvait d'une attaque de morts-vivants sans sauver son dernier compagnon: "je ne peux pas en porter deux" ce qui contribuait à ce qu'elle ne sache pas qui il était, sauf que c'était un Galzinok.
. Le jeu d'Erwann (ce qui avait été virtualisé pour Litac) était plus karéen que d'habitude: "Finlandais glacial", quoique semblant plus s'amuser quand il préparait un mauvais coup (là, on retrouvait quelque chose d'Harald dans les expressions) et qu'Akami n'était pas là. Litac était moins souvent à l'image qu'elle, et disparaissait une partie du film.

. Aymrald restait utile pour le pilotage à l'exosquelette et parfois la susbtitution virtuelle de tout le personnage sur son jeu direct ce qui laissait une liberté de casting totale aux scénaristes et réalisateurs: on créait des acteurs selon les rôles, comme dans une bande dessinée. Bien qu'il n'y eût plus de HF à tourner en vrai, Erwann continua capillairement dans ce style jusqu'à la fin de l'année (suite à quoi il referait la version 2006), car ça faisait longtemps qu'il n'était pas revenu vers ces personnages-là qui lui rappelaient de bons souvenirs: l'ère Tarsini. Sa carrière d'acteur s'était achevée sans "flop", sa cuvée 2007 étant jugée meilleure que la 2006. Il lui restait (ainsi qu'à ses fans souhaitant encore le voir) le rinnepallo, pour encore quelques années, même s'il n'était pas sûr d'être encore de niveau international pour 2014. Pour les jeux de 2012, ça semblait possible, car il restait parmi les joueurs les plus fiables (ceux n'ayant pas encore manqué ou quitté un match sur blessure) et les plus précis en situation d'urgence, même si d'autres ayant commencé plus jeunes et ayant d'excellentes dispositions génétique (coordination, équilibre, vision) pouvaient faire mieux que lui à l'entraînement. L'après-Dambert ne poserait pas au Cube de France le problème qu'avait été l'après-Zidane pour les Bleus, la relève de haut niveau existant et étant déjà utilisée en même temps que lui (à d'autres postes, d'où sa réaffectation en 14 cette fois-ci) dans les matchs, tour à tour, mais dans l'esprit du public et même des joueurs le premier match du Cube de France sans lui marquerait la fin d'une ère. Il faudrait s'arrêter avant le match de trop, mais pas plus tôt. Ses fans se rassuraient en pensant que le rinnepallo c'était comme le vélo: on pouvait y être un des meilleurs très longtemps.
. Il n'envisageait toujours pas de participer directement à la formation des joueurs, parce que personnellement il n'eût pas souhaité avoir comme "professeur" quelqu'un de très connu, mais plutôt quelqu'un de sérieux, plus âgé (au moins 20 ans d'écart "et que ça se voie") peu connu mais expliquant les méthodes des meilleurs. Les ex-stars, selon lui, ne faisaient pas de bons profs (mais les profs pouvaient les étudier et s'en inspirer), or au rinnepallo, bien que ne revendiquant rien de tel, il était une star. La formation, il y participait indirectement comme ingénieur et comme testeur des techniques de formation proposées par d'autres ingénieurs. Ca, l'encadrement du Cube22 l'avait compris depuis longtemps et l'avait expliqué au Cube de France: "c'est un excellent joueur, un bon stratège mais pas un meneur. Par exemple il n'a jamais su faire du cheval, sauf sur les canassons artificiels de VTP qu'il pouvait programmer entièrement". En fait Aymrald n'avait jamais essayé: petit, il était évident qu'une grosse bête comme ça ne ferait que ce qui lui passerait par la tête, sans se préoccuper du gamin dessus, et qu'il lui serait si facile de se rouler par terre pour s'en débarasser. Dans son instinct, un cheval, ou même une vache restait un animal à ne pas approcher, car doté d'une puissance de morsure encore pire que celle d'un chien, et aux coups de pattes foudroyants. Instinctivement, il eût fait (à tort) plus confiance à un tigre, animal souple et doux évoquant un gros chat.

2010

. Au printemps, la France battit la Finlande au tournoi européen mais fut battue par la Suède, qui ayant aussi battu tous les autres remporta le tournoi.

. Outre le rinnepallo, toujours bénévole, il restait à Aymrald les activités de télémanipulateur et surtout d'ingénieur de tournage. Depuis que l'on tournait sans acteurs, il participait plus à la réalisation, sans ambition de devenir réalisateur.

. La composition du Cube de France n'avait pas beaucoup changé depuis 2006: il n'y avait eu que cinq "non réutilisés" (et donc cinq nouveaux), dans le groupe de 30 réservé à cet effet, la direction technique (dont il faisait partie pour les stratégies d'entraînement et de jeu, mais pas pour le recrutement) misant sur l'expérience consolidée de la plupart des joueurs, les "nouveaux" par rapport à 2006 ayant d'ailleurs chacun déjà participé au tournoi européen de 2007, sauf un qui n'y avait débuté qu'en 2008. "Les règles du rinnepallo sont moins compliqués que celles du rugby mais il est plus compliqué d'y jouer efficacement", car c'était en même temps un "sport de glisse" sur herbe. Ou: "la musculation, il vaut mieux l'arrêter avant le quintal et faire travailler surtout les neurones".

. Corée du Sud/Suède en finale de la coupe du monde de rinnepallo (en Finlande, où il y avait maintenant assez de stades d'hiver pour y acceuillir 32 équipes en novembre), équipes ayant sorti d'une la France, l'autre la Finlande en demi-finale. Il n'y avait pas eu de match France-Finlande, Corée/France avait été un beau match fort bien joué de part et d'autre mais les Coréens (plus forts aux jeux vidéo interactifs qu'étaient devenus la préparation du rinnepallo) étaient légèrement plus rapides sur l'ensemble du match et marquèrent un drop de plus.

2012

. Jeux Olympiques de Moscou. Victoire française au rinnepallo, contre la Suède et non contre la Finlande, éliminée par la Suède en demi-finale. Ceci fit taire ceux qui disaient qu'à 36 ans Erwan d'Ambert n'avaient plus ses accélérations d'origine et qu'il faudrait tout de même songer à le remplacer. Il pensait qu'il fallait effectivement songer à le remplacer avant Huntington. Pelletier pourrait convenir pour la qualité de tirs, mais Le Guivennec était meilleur en slalom en côte.
. Le rugby international amateur avec arbitrage électronique intégré (façon rinnepallo) redevint sport olympique, décision prise seulement en février 2012 pour les jeux de l'été d'où le manque de temps pour réorganiser des équipes national d'amateurs, ceci étant vérifié par les fédérations et le comité olympique. Interdiction de porter les sauteurs en touche, interdiction de toutes les protections corporelles sauf tibia, dents, coquille, bandeau "tennis" autorisé mais pas casque. L'équipe de Centrale Dinard (club purement amateur, mais ayant exactement les mêmes méthodes et équipement que le Dynamo de Dinan, auquel il servait de pépinière) fut réutilisée presque telle que (faute de temps de réadapter les autres clubs) pour la coupe du monde. Le 10 (Tanguy Philibert, 28 ans) avait été emprunté au rinnepallo, car s'il s'agissait de rugby amateur la fédération ne s'y opposait pas. Toutefois elle n'avait pas voulu qu'Erwann y participât (bien qu'il fût bon aussi en tirs au ballon ovale) de crainte qu'il y fût cassé. Philibert était déjà un "suffisamment meilleur 10" que les rugbymen amateurs disponibles (il jouait aussi en amateur au rugby).
. Victoire française 15-14 contre l'Australie en finale. Le rugby amateur était loin d'avoir eu le temps de se mettre au niveau du rinnepallo, et fort peu de clubs amateurs avaient un entraînement aussi scientifique. Cette victoire française soulignait le niveau trop faible du rugby amateur pour une compétition internationale. D'autres (surtout en France, maintenant) que c'était le problème de la poule et de l'oeuf: si la coupe du monde de rubgy et le tournoi des VI nations se convertissaient à l'amateurisme uniquement, laissant le professionnalisme aux championnats de clubs, hors équipes nationales, le niveau remonterait fortement. Ceci d'autant plus que ces équipes nationales ne faisaient pas partie des clubs professionnelles donc pourraient jouer et s'entraîner toute l'année contrairement aux professionnels de ces clubs qui n'était prêtés que brièvement. Ce serait même mieux qu'au rinnepallo où puisque les clubs étaient statutairement amateurs aussi il y avait le même problème des emprunts de joueurs par la sélection nationale.

2014

. Coupe du monde de rinnepallo en Suède et victoire finlandaise. La France avait perdu en demi-finale contre le Japon.

2016

. Jeux Olympiques de Buenos Aires, victoire française en finale du rinnepallo: "mais non, il n'est pas trop vieux, Aymrald Dambert, à 40 ans! Il a mis lui-même un essai et quatre drops aux Finlandais". Les essais n'étaient pas sa spécialité (sauf si on lui laissait les portes ouvertes. Habituellement il passait le ballon à un joueur mieux placé pour ça, car ayant moins de monde lancé vers lui) mais l'opportunité s'était peut-être présentée justement parce que l'on se méfiait moins de lui sur ce point, et qu'il était trop près du bord pour tenter un drop: personne n'aurait tenté d'en tirer sous un angle de 17° par rapport à la ligne d'embut, et lui non plus. Il y avait nombre d'internationaux de plus de trente-cinq ans, au rinnepallo, ce qui confirmait que ce jeu n'était pas aussi usant (en particulier pour les articulations) que le rugby ou le football, ceci en raison de l'absence de crampons, ce qui laissait le pied glisser quand l'effort transversal devenait anormal. On glissait aussi sous l'impact d'un autre joueur, au lieu de bloquer. Les médecins du Cube de France l'avaient examiné sous toutes ses coutures, en particulier les tendons et les cartilages, et avaient dit: "mécaniquement, vous avez plutôt 27 ans que 40. Sauf accident il vous reste au moins cinq ans de jeu à haut niveau". Quand les équipes étaient annoncées, sa présence était mentionnée en rappelant parfois que "Robodrop" avait joué tous les matchs du Cube de France depuis sa création, et qu'il n'avait jamais eu de pépin physique, ce qui s'expliquait en partie (en plus du fait que le rinnepallo n'était pas très "cassant") par le fait que contrairement à la plupart des sportifs il n'était pas "surmotorisé": tel qu'il était assemblé, il eût été tentant (dans un contexte sportif classique) de le laisser se muscler jusqu'à 100 voire 110kg, mais VTP le lui avait toujours interdit (à cause des sauts donc des impacts induits par son propre poids, dans les cascades) et compte tenu de ce que ses performances étaient satisfaisantes ainsi, il avait continué, par la suite, à ne pas franchir les 85kg. Le rubgy aussi était un peu revenu de la mode des "gros déménageurs", entretemps, y compris le Dynamo de Dinan qui avait pourtant marqué ses débuts en championnant français par la mêlée la plus lourde. Les "avant" restaient aux alentours du quintal ou un peu plus, mais c'était redevenu moins fréquent parmi les "3/4". D'autre part l'acteur-cascadeur gérait remarquablement chutes et collisions, tant pour les éviter que pour les prendre sans dégâts. L'interdiction des tas (ou "rucks") au rinnepallo (des joueurs tombés au sol devaient se séparer et aucun ne devait venir s'y ajouter) supprimait le risque de "caramel" contrairement à ce qui aurait pu parfois se produire sur lui au rugby. Vu à la télévision, il semblait subir beaucoup d'impacts "comme une boule de flipper", mais finissait les matchs avec peu ou pas de bleus (qui s'effaçaient vite), ces impacts étant moins violents qu'il ne le semblaient. Il n'avait jamais non plus été recousu: les coups les plus violents y laissaient des bleus mais ne l'avaient jamais ouvert. De plus le réflexe de baisser la tête et d'arrondir le dos avant impact (type "coup de boule") au lieu de se rétracter avait maintes fois sauvé son nez tout en réduisant l'effet de "cisaillement" dans les cervicales. En 2007 il avait déjà mis HS (sans le vouloir, mais parce que la collision était inévitable après avoir été dévié par deux autres) un Danois d'1m96 et 107kg (épaule meurtrie) en s'autoprotégeant ainsi de cet impact qu'il ne pouvait pas éviter plus: il avait au moins évité le tête-à-tête. Sans arrêter le jeu les arbitres avaient réexaminé plusieurs fois les vidéo et avaient conclu qu'effectivement il ne pouvait pas faire autrement que mettre un tel coup de boule à Sörensen: s'il ne s'était pas baissé ainsi il se serait pris l'épaule du Danois sous le menton, d'ailleurs le Danois, en quittant le terrain, avait dit au juge de touche "c'est normal: à sa place, j'aurais fait pareil". Aymrald était connu pour ne pas chercher l'impact direct (car c'était toujours une perte de temps et d'énergie cinétique, même si sans bobo: il fallait réaccélérer après) mais ne l'évitait pas si cela eût trop avantagé l'adversaire. L'équipe l'utilisait peu en défense (sauf quand tout le monde y était), son agilité et sa rapidité en côte ainsi que son aptitude aux drops incitant à l'envoyer jouer aussi souvent que possible dans la montée adverse.
. En plus de la règle interdisant les tas, le rinnepallo ne se prêtait pas du tout à un "siège" de l'embut adverse par "pick & go", car la gravité y aurait trop aidé les défenseurs. L'attaque se faisait donc par vagues rapides, passes transversales, tout en mobilité, car en mode lent la pente favorisait la défense. C'était là que le poids était le plus l'ennemi, à devoir se relancer plusieurs fois à l'assaut de cette "coline" (pas si raide que ça, mais à la longue, ça comptait) tout en évitant ou destabilisant les adversaires: le plus efficace était de les tirer vers le bas de la pente, à côté de soi, si on parvenait à les attrapper avant d'être attrappé.

2018

. En Belgique, première coupe du monde de rinnepallo sans Erwann d'Ambert dans l'équipe de base de certains matchs, ayant constaté lui-même aux bancs d'essai, d'endurance et de précision qu'il vallait mieux prendre Gwendal Mao, l'autre numéro 10 tirant "comme guidé au laser", qui avait 27 ans. On le fit toutefois rentrer dès la 53ème minute (les matchs de rinnepallo en comptaient 90, et non 80) de la demie-finale contre l'Argentine (les Argentins menaient 18-12) suite à une légère foulure de Gwendal (encore utilisale, mais un peu moins précis donc à remplacer), où il marqua deux drops qui remirent du moral à l'équipe: 18-18. Au décompte recalculé (puisqu'il y avait égalité "brute") il y avait toujours égalité, et aucune faute n'avait été commise dans ce match donc on pesa les équipes et le Cube de France, un peu plus léger (de 1300g), fut déclaré qualifié pour la finale. La finale contre la Finlande. Avec Erwann, ou un autre 10? Grewdal lui dit d'y aller: "on ne gagnera pas, et toi tu es incassable, alors je ne vais pas m'esquinter la cheville". Pourrait-on encore battre la Finlande? Erwann ne jouait plus avec Juustomeijeri, donc ne pouvait plus avoir ce rôle de "je les connais mieux qu'il ne nous connaissent" d'autrefois. Juustomeijeri (et les autres clubs finlandais) avaient été entièrement renouvellés: Kare et autres n'y étaient plus. Il restait une légende, dans ce sport, mais comme les voitures de légende, quelques fussent leur qualités initiales et leur bon état d'entretien, il ne fallait plus rêver gagner des compétitions avec, sauf en catégorie "collection". Toutefois, vu qu'il semblait avoir sauvé le match contre l'Argentine (même si rien ne disait qu'un autre ouvreur n'en eût pas fait autant, l'Argentine ayant des joueurs fatigués elle aussi, en fin de demie-finale) sa présence dans la finale pourrait être un "plus" moral pour l'équipe. Il était largement capable de tenir tout un match "à fond", mais son "à fond" n'était plus équivalent à celui d'un Gwendal en pleine forme, là était la différence. L'expérience de jeu venait très tôt, au rinnepallo, avec l'entraînement informatisé, et le fait que les jeunes, eux, l'avaient commencé très jeune (Gwendal avait commencé à taper dans le cube en 2002, à huit ans). L'expérience d'un quadragénaire n'était donc pas un critère déterminant non plus. Il lui restait un excellent équilibre en toutes circonstances, un rapport puissance/poids valable et surtout son sang-froid de décision rapide d'action.
. Au cours du match France-Argentine, un commentateur argentin avait dit l'équivalent de "Ca va mal pour l'équipe de France, qui en est à devoir ressortir le bel Aymrald de sous la poussière et les toiles d'araignées. Ont-ils oublié de former des remplaçants, en Bretagne, au point que ce soit leur directeur technique qui doive revenir sur le terrain au moindre petit bobo de leur demi d'ouverture?". Aymrald était toutefois listé comme remplaçant, sinon cela n'eût pas été possible, et le directeur technique avait montré qu'il pouvait encore faire autre chose que règler des machines d'entraînement. Il ne deviendrait jamais entraîneur, tout en contribuant au perfectionnement des méthodes d'entraînement.

. France-Finlande: Erwann débuta le match, puis fut remplacé à la mi-temps par Yoric Hédreuil, 31 ans, l'autre "meilleur ouvreur disponible". Gwendal n'avait rien de grave, mais il ne fallait pas jouer dessus ce match-là, tout simplement, pour ne pas hypothéquer l'avenir. Yoric fut présent aussi en début de seconde mi-temps (où la Finlande avait acquis un avantage: 9-6, trois drops à deux, personne n'ayant concèdé de pénalité ni d'essai) puis Erwann rentra de nouveau pour les 20 dernières minutes, en remplaçant le 12 et non Yoric (10). En fait l'équipe allait jouer avec deux "10", dans la pratique (ce qui n'était pas la première fois, d'ailleurs): le nouveau et l'ancien, même si c'était le 10 officiel qui tirerait les engagements. La combinaison 10-12 parvint à percer en partie la défense finlandaise, craignant logiquement un drop, mais en fait ce fut une passe longe et très précise d'Aymrald au 15 (monté s'intercaler sur l'autre flanc) qui fut à l'origine d'un essai français, posé le six en haut, en plus (Yoric tira la transformation et... la manqua, mais c'était tout de même 7 points de plus) portant le score à 9-13 en faveur de la France. Un drop finlandais vint assez vite remettre le score à 12-13 mais le match en resta là et la France gagnait ce qui serait certainement la dernière coupe du monde avec Aymrald Dambert, et à laquelle il avait lui aussi contribué, même si Gwendal en bon état aurait pu en faire autant, en le faisant lui aussi rentrer à la place du 12 ou du 13. Aymrald n'avait directement marqué aucun point (les drops n'étaient pas de lui), mais il était pour beaucoup dans la construction de l'essai salutaire marqué par le 15, et il avait peut-être une fois de plus mobilisé un peu plus de Finlandais vers lui que la moyenne: la victoire contre l'Argentine créée par ses deux drops en fin de match avait donné à penser qu'il était resté aussi dangereux qu'en 2006. Ce n'était plus le cas, mais le match avait été gagné d'un point et l'histoire ne retiendrait que cela. En fait il n'était pas le rinnepalliste le plus âgé de cette coupe du monde: le suédois Bengt Andersson avait 43 ans. L'équipe de Finlande était la plus jeune, après avoir longtemps été une des plus âgées, et ce renouvellement avait peut-être été excessif, au lieu d'une sustitution plus progressive des joueurs. Aymrald fut bien sûr interviewé massivement:
- on n'arrivera jamais à se passer de vous, en fait.
E- ce serait très inquiétant pour notre système de formation. Les jeunes sont déjà au point: je ne suis classé que quatrième à ce poste, maintenant.

. Parmi les jeunes joueurs (moins de 18 ans) de clubs de rinnepallo, on voyait maintenant beaucoup d'issus d'embyrons suédois. Et pas de l'embryon suédois tout venant: de l'Emilianien suédois, ou presque. Avoir une belle définition générale, des traits sans défauts, une denture parfaitement placée d'origine et une abondance de cheveux blonds infroissables n'avait plus rien d'une rareté, dans notre pays. Ca restait toutefois très rare chez les plus de dix-huit ans. Parmi les moins de quinze ans, certains avaient, sous un air général "d'embryon suédois", des yeux verts et des canines plus pointues que la moyenne: les clônes débogués conçus à partir d'Aymrald par BFR. Aymrald en voyait de plus en plus, et se reconnaissait très bien en eux: seuls l'habillement et la coiffure variait. Les gens s'étaient habitués, avec les embyrons suédois, à la production en série des humains, mais de même que l'on retrouvait sa voiture sur le parking de l'hypermarché bien que produite à un très grand nombre d'exemplaires, les jeunes (et leur famille) savaient se reconnaître entre eux, même quand il n'y avait pas de différence capillaire ou vestimentaire nette. Les attitudes, les mimiques involontaires, n'étaient pas tout à fait les mêmes car issues de l'histoire personnelle de chacun. Côté filles, cet océan de Suédoises contrôlées par ordinateur allait-il dévaluer le mythe? Pas encore, car toutes les générations nées dans une carence de filles de ce genre continuaient à les admirer, malgré leur présence en si grand nombre dans la jeune génération. La France ayant été le premier pays (hors Suède) à l'autoriser, et même à l'encourager en raison des lois sur la responsabilité génétique (qui se reporteraient sur le fournisseur d'embryon, dans ce cas, et non les parents, puisque non-géniteurs), c'était le pays le plus "lebensborn" d'Europe, avant même la Suède où la reproduction naturelle (et pas toujours "aussi suédoise que l'on imaginait les Suédoises vues de France") était longtemps restée prépondérante: nombre de parents recourraient à l'embryon certifié quand ils avaient des défauts (myopie, etc) mais d'autres pensaient y arriver seuls à moindre coût. La France était un pays faisant peu d'enfants, mais faisant surtout des enfants à partir d'embryons suédois, et de quelques autres sources certifiées comme les clônes débogués d'Aymrald, vendus plus cher, en petite série, ce modèle disposant d'options rares (thermiques, entre autres) et ayant déjà fait preuve d'une grande fiabilité. On lui avait déjà posé la question:
Aymrald- l'essentiel est que leurs parents ne pensent surtout pas à moi en les élevant. Il ne faut pas les punir s'ils n'entrent pas encore dans une grande école à 17 ans, ni s'ébahir s'il y entrent à quinze ans. Ce n'est plus du tout le même pays, plus du tout la même histoire, pour chacun d'eux, alors certes, ils me ressemblent, mais ils sont eux, et ils faut les considérer pour eux-mêmes, en oubliant toute référence périmée.
. Il n'avait pas été le premier personnage connu à avoir été clôné, mais le premier à l'avoir été en lui ôtant une tare génétique, et elle seule: son chromosome 4 hérité d'Eetu n'avait pas été remplacé par un autre, pour ne prendre aucun risque. Il y avait toutefois eu des essais de le rééditer en fille, en dupliquant son X à la place du Y. Globablement, elles avaient bien cet air de famille, mais lui ressembleraient-elles autant qu'Hillevi, qui n'avait pourtant pas les mêmes gènes?

. Ce fut effectivement la dernière participation de ce joueur (de 42 ans) à une compétition mondiale de rinnepallo, même s'il fut réutilisé comme remplaçant dans le tournois inter-nations et au quotidien dans son club jusqu'à 46 ans. L'équipe médicale le vérifiait plus souvent, donc il pourrait jouer tant que celle-ci n'y voyait pas d'inconvénient et qu'il gardait des aptitudes intéressantes pour l'équipe tout particulièrement son sang-froid dans les cas difficiles, en particulier en fin de match.
. Décès de Fulbert, qui ne serait donc pas centenaire contrairement à ce que beaucoup pensaient dans la famille: 98 ans.

2020

. La thérapie génique (virus découpant quelques "CAG") déjà expérimentée au Japon et en Russie fut appliquée préventivement à Aymrald Dambert: il suffisait d'injecter le virus dans la circulation générale et il semblait ne pas y avoir d'effets secondaires. Le traitement ne pouvait être que préventif ou de "limitation des dégâts": on ne connaissait toujours pas de moyen de réparer les dégâts déjà causés par la chorée de Huntington. L'arrache-CAG ne se callait pas que sur les séquences CAG (heureusement, sinon il en aurait ôtées là où elles étaient nécessaires) mais sur ce qui précédait et suivait cette répétition. Les 14 CAG centraux de la séquence trop longue étaient ôtés, ce qui était largement suffisant, sans risque de détruire les parties "à garder" de ce gène. Le processus était lent, pour que la charge virale (auto-reproduite par les cellules comme n'importe quel virus) reste faible et n'entraîne pas d'inconfort (fièvre, suractivité immunitaire), de plus le virus était construit sur mesures pour avoir des marqueurs du patient et donc être (en partie) ignoré du système immunitaire. C'était une application pacifique des travaux russes sur les "missiles viraux", conçus (à partir d'un échantillon d'ADN à analyser) pour être rejetés par les systèmes immunitaires de la plupart des gens sauf la cible visée. De la guerre bactériologique individualisée. Appliquée à la thérapie génique, elle venait à bout de la chorée de Huntington. Lentement, pour n'avoir aucun effet inconfortable et tuer le moins possibles de cellules porteuses (moins qu'un rhume, en fait), mais si on s'y prenait à temps, le virus avait le temps de déboguer un pourcentage suffisant du cerveau pour que la chorée de Huntington n'apparaisse que plus tard et plus lentement (si on s'y était pris trop près de son apparition "préméditée"), voire jamais (si on avait quatre ou cinq ans devant soi) puisque le virus continuait à corriger ces séquences restantes.

2032

. Après avoir échappé à Huntington (quoique l'on ne puisse pas donner un âge précis de déclenchement) Aymrald Dambert fut atteint (à 56 ans, où tout le reste semblait encore en excellent état, même s'il n'avait plus ses performances d'antan sur un terrain) d'une encéphalite spongiforme dûe à une nouvelle variété de prions que l'on découvrit plus tard (au fil d'autres décès, plus tard, car il était un de ceux qui en avait mangé le plus et le plus tôt) être des sous-produits de digestion des chairs artificielles de BFR. La digestion en fabriquait peu, mais ils s'accumulaient inexorablement au fil des ans, surtout si on mangeait de ça à tous les repas. BFR n'avait pas de moyen de le savoir, les prions étant par définition très difficiles à repérer, surtout quand il ne s'en fabriquait que peu chaque jour. Les prothèses et organes artificiel avaient beaucoup progressé, mais hélas, on ne savait pas encore faire d'échange standard de cerveau en conservant la présence mentale du patient dans le nouveau. Des essais de transfert progressif avaient été tentés ça et là, pour d'autre maladies neurologiques ou par curiosité personnelle du cobaye, souvent chercheur lui-même dans ce cas, mais on n'arrivait pas encore à faire "passer" l'individu dans le cerveau à optoprocesseurs. On savait greffer des modules et apprendre au cerveau biologique à les prendre en mains comme de nouveaux membres ou de nouveaux organes des sens, mais quand il y avait des prions faisant des trous un peu partout dans un cerveau, que faire? Après le décès d'Aymrald, qui sur le moment ne fut pas compris (une encéphalite spongiforme à prions, certes, mais d'où venait-elle?) on finit par mettre au point un "arrache-prion" sur le même principe que "l'arrache-CAG" qui désamorçait Huntington. La version "à moins de CAG" d'Aymrald mise au point par BFR était depuis longtemps en circulation et certifiée dans le commerce d'embryons, les premiers exemplaires étant bientôt trentenaires. Gavés de produits BFR depuis l'enfance, certes, mais puisque maintenant on savait ôter le prion, où était le problème?

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