vendredi 10 avril 2009

chapitre N-11

##N-11
. La Palestine libérée ne manquait pas de métal, vu le nombre de carcasses de chars, de bulldozers géants, de blindés à roues, de camions, de Land-Rover blindées, d'avions et d'hélicoptères répandus sur son sol: "La Palestine sera votre Viet-Nam", avait annoncé les FPI lors du début de la "guerre contre les machines" (et contre leurs usines, en plein Israël), par opposition aux attentats anti-civils des autres groupes de lutte armée. L'ex-occupant lâché par son ex-allié américain, désarmé (il restait l'arme nucléaire, mais l'employer en Palestine eût été un suicide mutuel) et privé de tout accès aux ressources jusqu'alors pillés chez le voisin ne pouvait désormais compter que sur le tourisme: l'agriculture sur les seules terres israëliennes (privées, de plus, de détournements d'eau), n'était plus capable de nourrir seule sa population. Les industries étaient en miettes (comme depuis bien plus longtemps celles des Palestiniens), et il n'y avait pas d'argent pour les reconstruire, en raison des indemnités à verser à la Palestine pour les 35 ans d'occupation, dont la "facture d'eau". Le tourisme marchait bien puisqu'il n'y avait plus de guerre. Les hôtels et résidences touristiques n'avaient pas reçu de missiles, ceux-ci visant uniquement les "organes vitaux de l'industrie". Le problème principal était le rationnement en eau et en électricité, d'où l'apparition d'éoliennes sur les toits et de panneaux de désalinisation solaire de l'eau de mer. Certains touristes venant en Israël redécouvraient les joies (?) du kibboutz, sorte de retour aux sources dans un contexte pré-industriel (post-, en fait). Le tourisme marchait aussi en Palestine, qui profitait de divers investissements parmi lesquels l'usine BFR, près de la frontière égyptienne. Suite à l'arrêt du détrounement d'eau par l'ex-occupant, on avait vu reverdir de vastes prairies en Palestine (pas partout, mais là où il y avait de l'eau), avec chèvres, moutons et même vaches.

. Le 31 décembre 2002, la Chine reconnût enfin l'indépendance du Tibet (qu'elle n'occupait déjà plus activement) et accepta (sans le dire officiellement) de verser une somme énorme à titre d'indemnités pour les pillages de ressources et les morts dûs à l'occupation. La somme fut versée sous forme de bons du Trésor américains, dont la Chine était la plus grosse détentrice. L'économie chinoise avait subi des dégâts tels que la poursuite de cette occupation devenait du masochisme: les exportations de biens grand public avaient baissé de 28% pour la période de Noël habituellement si fructueuse.
. La récession en Chine fit les beaux jours de ses divers concurrents du sud-est asiastique s'engouffrant dans les parts de marché ainsi libérées, de sorte que pour le client occidental ça ne changeait pas grand chose.

. Pour "Le serpent de Mygdar", VTP avait mis plus de deux ans à trouver de quoi reconstruire un scénario qui ne fît pas "déjà vu" avec les deux précédents, tout en réutilisant le même acteur (comme bien d'autres) dans un rôle de Viking qui ne serait pas Harald tout en lui ressemblant (inévitablement). Suffirait-il de le faire préenregistrer par un autre acteur que dans les deux films précédents? Erwann supposait que s'ils investissaient dans ce nouveau film, c'était qu'ils avaient de quoi y intéresser le public, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que ça ne marcherait pas, alors qu'il n'était pas particulièrement pessimiste, sans être optimiste non plus: il était souvent "sans opinion" sur ce qu'il ne pouvait pas évaluer, mais là, il ne voyait pas ce que l'on pourrait faire de mieux que ce qui avait déjà été fait, tant il s'était déjà passé de choses dans "Drakkars et dragons" puis "Le drakkar fantôme".

. La France terminait 2002 avec 42,5 millions d'habitants, le taux de suicide restant élevé tout en baissant par rapport à l'an dernier. Il y avait eu neuf millions et demi de suicides en Europe cette année, les pays offrant ce service (y compris aux "touristes en aller simple") s'étant multipliés. On se suicidait plus dans les terres qu'en bord de mer, à densité égale, mais bien plus (y compris en pourcentage) dans les zones denses que dans les autres ce qui faisait qu'au total il y avait plus de suicides en bord de mer qu'à la campagne: ce n'était qu'à densité voisine que la campagne poussait plus au suicide que la mer. Les Norvégiens étaient ceux qui se suicidaient le moins, en pourcentage, ce qui confirmait l'effet de la densité de population sur la tendance au suicide. Malgré la "saison des suicides" (coutume locale près de BFRSF) la Finlande était également un pays dont la population avait peu diminué par ce moyen. On se suicidait beaucoup en Allemagne (en se rendant en Hollande, en Belgique, en France ou en Hongrie, selon le plus proche, l'Allemagne n'ayant pas encore de service public du suicide), en Hollande, en Italie, en Angleterre, en Pologne... Le phénomène intriguait beaucoup les Japonais, leur culture du suicide étant fort ancienne contrairement à celle de l'Europe. Une Europe qui allait un peu mieux, économiquement, que quelques années plus tôt, donc ce n'était pas la "crise" qui induisait les suicides, mais un "retard à rattrapper", comme le suggérait l'exemple français où la vague de suicide avait été énorme les premières années de libre-accès, puis était revenue à deux fois et demi les autres causes de décès. L'année prochaine, la population de ce pays ne baisserait que d'un million d'habitants, prévoyait-on. L'objectif "idéal" estimé par l'ELR de ramener la population à onze millions d'habitants (20 au km²) allait donc prendre plusieurs décénies, après avoir obtenu une baisse spectaculaire d'un quart de l'effectif en quatre ans.

2003

. Chez BFR et VTP, les possibilités offertes par le nouvel élastomère biosynthétisé électropolymérisable (EBSEP) donnaient lieu à beaucoup de travaux, ainsi que des essais de pneus de vélos et de véhicules légers chez Kermanac'h. Chez VTP, c'était pour faire bien plus facilement des surfaces électroanimables, en particulier pour les automates et robots à l'image de personnages existants ou imaginaires: le crépuscule des acteurs était pour bientôt, d'autant plus que les Emilianiens, par définition, n'étaient pas difficiles à imiter ainsi. Bien avant cela, il existait chez VTP plusieurs faux Erwann d'Ambert (permettant de lui arracher un bras, par exemple, où de le décapiter), de même que des faux Zhao, depuis Gamma un faux Atte, un faux Knut, etc. Les nouvelles versions allaient pouvoir se faire passer encore plus souvent pour lui, là où la synthèse ne convenait pas parce que non matérielle, pour les interactions physiques avec d'autres personnages, en plus d'être gloutonne en temps de calcul pour rester indétectable vue de près.
. Erwann n'était pas contre l'idée, si c'était bien fait et s'il gardait un droit de véto sur l'utilisation de ses clônes mécaniques réalistes de même qu'il en avait un sur les images de synthèses capables de ce faire passer pour lui dans certaines conditions de tournage. Ca lui rapporterait bien moins que les tournages réels, mais en tant qu'ingénieur et presque roboticien (il n'était pas expert mais avait participé à des développements en robotique, tant chez VTP que VTPSF puis Kermanac'h, entreprise pour laquelle il avait pu télétravailler à un projet de motoneige transformable en scooter (à trois roues) routier pour le reste de l'année, destiné aux pays enneigés) l'expérience l'intéressait: on allait pouvoir faire des films entièrement à la machine sans que le public ne s'en rendît compte, avant (plus tard, quand on aurait encore plus de puissance de traitement infographique) de les faire entièrement en synthèse sans que l'on pût s'en rendre compte.
. VTP créait aussi (et surtout) des personnages inédits, par ce moyen, ce qui évitait d'avoir à verser de l'intéressement à qui que ce fût pour les utiliser, en plus de pouvoir en faire n'importe quoi. Toutefois, VTP n'en feraient pas n'importe quoi: de même qu'un personnage de roman ne tenait la route que si on lui accordait une certaine cohérence comportementale au fil du temps (quelqu'elle fût), un acteur mécanique gagnerait à avoir un peu de "suite dans l'attitude", de même que l'on ne mettrait pas à bord d'un des tigres mécaniques (réutilisés dans le Crépuscule de Rome, entre autres) un logiciel comportemental d'oie du Capitole.

. VTP fit avec Erwann, depuis VTPSF, des expériences de téléjeu: ce n'était pas vraiment nouveau, car "Kerminator" puis quelques scènes de "Gamma" (jouées depuis la Finlande) avait déjà utilisé une version de ce procédé, retour d'effort inclus: dans l'armure à capteurs et moteurs de retour d'effort, Erwann sentait (grossièrement) ce que le robot touchait, tout en voyant et entendant comme lui. Un système de projection de réseaux quadrillés permettait de lire aussi les expressions et de les reproduire sur le faux Erwann, voire (moyennant une "fonction de transfert" car l'effet ne serait pas le même) un autre personnage.
. Toutefois, comme on demandait déjà à Erwann d'imiter en détail un modèle virtuel, il était plus simple, pour les tournages "tout en faux" d'asservir le robot réaliste au modèle virtuel: 100% de synchronisme, sans période d'apprentissage. Il était doué (selon VTP) pour imiter fidèlement un modèle virtuel détaillé, mais on ne lui avait jamais demandé de créer lui-même du jeu de personnage (c'était interdit, dans les tournages: il fallait suivre ce qui était virtualisé) donc il était peu probable qu'on le lui demandât pour animer un robot réaliste autrement qu'à type d'expérience. S'il participait à cette expérience, c'était parce qu'il s'y connaissait et qu'il n'y verrait aucun inconvénient, supposait VTP.

. Il n'avait pas eu l'ambition initiale d'être acteur dans des gros succès, ni même décidé d'être acteur amateur: il ne l'avait jamais fait avant VTP, où il avait accepté d'essayer à l'occasion d'un stage chez BFR, le système VTP l'avait rassuré (tout était indiqué, il n'y avait qu'à imiter) et ça avait marché. Toutefois il s'était toujours considéré comme un ingénieur jouant aussi dans des films (après des rôles annexes dans des séries télévisées, puis un des rôles consistants dans "Cap sur Mars"), sans savoir combien il en ferait ni sur combien d'années. Il savait que ça s'arrêterait un jour avec les progrès du "tout virtuel". La robotique réaliste allait constituer une étape intermédiaire économisant de la puissance informatique et permettant de l'intéraction matérielle avec du réel (par exemple la végétation ordinaire, elle aussi très gourmande en synthèse) avant de disposer d'une puissance infographique (dans dix ans?) permettant de faire du faux indiscernable du vrai, de même que ce qui était réservé jadis à quelques simulateurs de vol militaires hors de prix était tombé entretemps dans les consoles de jeu grand public, tout en allant bien au delà en réalisme. Pendant ce temps les simulateurs militaires faisaient encore mieux, annonçant les jeux vidéo grand public de la décénie suivante. Erwann avait été utilisé comme un de ces robots à une époque où VTP n'était pas en état d'en construire (d'aussi "vrais" à l'image), et allait être remplacé avantageusement par eux: on ne pouvait pas séparer le vrai Erwann en plusieurs morceaux et les réassembler ensuite, où lui faire faire certaines cascades. Zhao faisait déjà l'objet de tels remplacements, d'autant qu'il participait en détail à la construction de ces mécanismes depuis l'époque des mécanimaux.

. "Les planétaires" fut lancé le 5 janvier 2003 (puis le mercredi 8 pour les salles non stéréoscopiques), film retraçant (et romançant, pour la rendre plus spectaculaire à l'écran) l'histoire de plusieurs branches du groupe "extrême-écolo" Grünwehr, qui existait toujours: certaines composantes du mouvement avaient été arrêtées, d'autres s'étaient reformées, avec désormais une composante assez forte aux Etats-Unis, accusant la surconsommation d'avoir ruiné le pays, devenu débiteur pour fort longtemps du Tibet et de la Chine (entre autres), celle-ci ayant transmis 30% de ses créances américaines au Tibet à titre de dommages d'occupation, lors des négociations secrètes aboutissant à l'indépendance officielle et à la fin des frappes de "désindustrialisation" en Chine. Grünwehr prônait le renoncement à toute consommation évitable ainsi qu'au sexe et aux religions, les deux facteurs principaux d'abêtissement humain. Il avait été établi par observation de fonctionnent du cerveau que la religion et la sexualité tiraient toutes deux parti d'une capacité de désactivation de la pensée rationnelle dans le cerveau humain, avec désactivation aussi de l'instinct de conservation. On objectaient à cela que les "libertins" étaient en même temps athées, mais cela n'était pas contradictoire: ces deux addictions étaient concurrentes et pouvaient aussi bien cohabiter que se concurrencer donc s'exclure: cela dépendait du taux d'irrationalité et de sacrifice "sans raison" admissible à bord de cet individu. Ceux qui avaient la rationalité la plus stable ne donnaient prise ni à la passion amoureuse, ni à la ferveur religieuse.

. Si la Chine avait préféré sortir du problème tibétain, c'était aussi en raison d'insurrections internes contre le communisme, fomentées par des groupuscules s'organisant à l'abri de tout espionnage grâce au Lioubioutchaï 2 (le 1 supposait un réseau terrestre, le 3 était trop encombrant pour être portable et dissimulable, en plus de son prix d'achat). Des solidarités extérieures réussissaient à leur faire parvenir des armes. Des policiers, des militaires et des membre de la nomenclatura avaient été tués dans des attentats. Des photos de camps d'exterminations chinois, prises de l'intérieur, circulaient dans le monde entier: les médias occidentaux ne pouvaient plus faire semblant de les ignorer, ni le CIO qui décida, le 2 janvier 2003, qu'il n'y aurait pas de jeux olympiques à Pékin en 2008. La question pourrait toutefois être réexaminée fin 2003 si le pays était entièrement sorti de la dictature entretemps. Si ce n'était pas le cas, les jeux pourraient avoir lieu dans un autre pays: les candidatures étaient réouvertes.

. "Réduction" avait été bien acceuilli, de même que "La planète des chats", films reposant en grande partie sur leurs effets spéciaux, donc très "Kerfilm". Il restait encore "Oubliettes", à sortir, parmi ses tournages de l'an dernier, et "Disgénisme". VTP avait tourné un autre film gore, en 2002, mais sans lui: "Emulsion", où l'on retrouvait Romain et Alceste.

. Fulbert vint en Finlande le 11 janvier, Aymrald lui ayant réservé (via VTPSF) un hébergement pour les six jours prévus. Plutôt que d'y aller en été, Fulbert souhaitait voir la Finlande dans une configuration selon lui plus finlandaise: l'hiver, avec les lacs bien gelés et la neige partout. Aymrald espérait qu'il ne tomberait pas: à cet âge-là, glisser sur une plaque de verglas pouvait être dangereux. Il put lui présenter Gorak (qui, l'hiver, était plus sociable: ce fut donc plus facile), lui montrer les installations de VTPSF, l'usine BFRSF, puis (ayant contacté Esko pour voir si c'était possible) il lui fit rencontrer son grand-père finlandais. Fulbert ne savait pas, pour Huntington. Esko, prévenu de ceci, n'y fit aucune allusion. Tous deux faisaient entorse aux statistiques selon lesquelles les veuves étaient bien plus nombreuses que les veufs.
. Cette année, un engin déblayait chaque nuit la neige tombée sur le lac pour maintenir une surface de glace bien lisse, propice au patinage ainsi qu'aux courses de chars à voiles sur patins, engins pouvant dépasser les vitesses de leur cousins à roues. Aymrald y participa, après un peu d'entraînement au simulateur (un simulateur avait aussitôt été mis au point par les informaticiens de VTPSF). Fulbert découvrait ce pays étrange aux confins de l'ex-URSS, emprunta la CRT d'Aymrald (sans replier le toit, vu la température) et visita avec prudence. Il espérait être pris pour un Finlandais âgé, et savait que dans ce pays les gens parlaient fort peu donc qu'il n'aurait pas à s'y débrouiller dans un suédois qui était loin d'être "courant". Apprendre cette langue (ô combien moins difficile que le finnois) ne lui avait pas posé de difficulté, quelques années plus tôt, en prévision d'un voyage éventuel en Suède ou en Finlande: son cerveau n'était donc pas encore un bloc sec et non remodelable, en voie d'effrittement inexorable, toutefois il fonctionnait moins bien que jadis: ça, c'était net. La baisse de performance avait été bien plus tardive mais plus perceptible, de ce fait, ces deux dernières années, que les effets du temps sur l'ensemble de l'organisme: il avait eu plus de temps pour s'y habituer et apprendre à les gérer pour la vie quotidienne. Ce déclin mental lui faisait pressentir que la fin était proche: un corps usé, certes, mais "sainement usé", sans handicap ni douleur chronique ni ces divers tracas dont les gens n'aimaient pas parler, qui aurait pu probablement rester en état de marche "normal" pendant au moins dix ans de plus, supposait-il, mais il devait maintenant réfléchir à certains actes, noter, ou s'imposer de bien remarquer intérieurement, bien mémoriser (comme si on allait ensuite lui poser un "quizz") ce qui vers 77 ans allait encore de soi, sans avoir à y penser: "de 7 à 77 ans", parce qu'ensuite on ne se souviendrait plus des premières pages en arrivant aux dernières, supposait-il. Sauf accident, il estimait maintenant qu'il serait gâteux avant d'être infirme.

. Disgénisme sortit le 19 janvier: lors de sa réécriture pour en faire un film autonome, VTP avait veillé à ce qu'il ne fût pas indispensable d'avoir vu "Gamma" pour comprendre: cela se passait longtemps après, et la présence des croix gammées (inversées, mais les gens n'ayant pas vu Gamma y feraient-ils attention?) dans un contexte "fin de siècle" suffisait à faire comprendre que cela se passait dans un monde où soit les Nazis avaient gagné la guerre, soit ce mouvement s'était reformé et était parvenu au pouvoir en Europe. Quelques allusions visuelles (en particulier le musée avec les avions, bombes volantes et missiles conçus par l'équipe de Sigmar Thorgård, ainsi qu'un sous-marin monoplace à queue motrice) permettaient à ceux qui avaient vu Gamma d'en reconnaître la suite, mais on pouvait voir "Disgénisme" sans que cela dévoilât le scénario de Gamma. Un "film de traque" qui pouvait faire penser parfois à Blade Runner (mais en plus propre d'image, donc passant mieux à la télévision, plus tard, dans les zones à réception difficile, que ceux filmés trop "nuit"), parfois à l'Age de Cristal, à Gataca (mais le parti pris n'était pas le même, à voir les handicaps transmis par leurs parents aux enfants nés d'accouplements clandestins), et à diverses autres SF y compris certaines de VTP, dont "les sexus et les poucus" dans "Les N voyages de Robert Trebor" mais en moins caricatural car il n'y avait pas de différences des doigts, toutefois les "hommes sexuels" étaient montrés comme monstres aux enfants dans les leçons de choses, à l'école: "ça datait de l'époque où l'humanité était affligée d'une maladie génétique appelée puberté, qui provoquait l'apparition de poils, d'odeurs putrides, de pustules sur le visage et de dégénérescence du cerveau. Rassurez-vous: ce n'est absolument pas contagieux". On voyait au mur le tableau de la gestation humaine dans l'utérus d'une vache schématisé en coupe. Tout en puisant dans "l'après-gamma" (car initialement ce scénario en était issu), "Disgénisme" aurait pu se contenter d'être une extrapolation de certaines avancées scientifiques récentes. Toutefois, pour se situer dans les années 70 et 80, il fallait modifier leur "passé antérieur".

. VTP ne savait pas (ce n'était jamais prévisible, en fait, mais souvent ils arrivaient à estimer une fourchette proche de ce qui allait se passer) si ce film marcherait. Il sortait un peu trop près de Gamma (mais on n'allait pas le garder encore des mois dans les tiroirs...) parce que du fait de sa post-production (qui fit beaucoup pour les éloges techniques que reçut ce film) Gamma était sorti tard.

. Au sujet de Gamma, divers médias avaient mentionné que le tournage commencé avec Atte Ruusuvaara avait dû être repris pour cause de décès par Erwann (ou par un robot) dans tout ce qui lui restait à tourner. "Disgénisme" receuillit beaucoup des spectateurs de Gamma qui souhaitaient voir comment VTP avait écrit le monde "moderne" qui pouvait s'ensuivre, plus 18% de "n'ayant pas encore vu Gamma" qui venaient voir une bonne "société-fiction" avec des vaches porteuses et une chasse aux "disgénistes sexuels" basée en grande partie sur l'odorat (des chiens, des traqueurs et de quelques dispositifs électrochimiques en cours de mise au point dans ce scénario). On y faisait aussi des lavages de cerveaux (voire des lobotomies "de précision", au laser ou à l'aide de "micro-bombes chimiques" se liant à certains récepteurs pour les détruire, comme on le faisait déjà pour annuler l'addiction à la nicotine) aux croyants, la croyance en un dieu étant considérée comme une maladie mentale d'origine neurologique, dans ce scénario. Le polythéïsme et l'animisme étaient considérés comme des cas moins graves se contenant généralement de traitements plus légers de déconditionnement, thérapies essentiellement comportementales comme pour les superstitions et les "TOC". VTP s'appuyait en cela sur la découverte récente d'une zone cérébrale dont le développement n'était pas le même chez les croyants et les athées, zone inhibant le raisonnement rationnel voire l'instinct de conservation d'une façon voisine de celle de la sexualité, de la passion amoureuse ou de certaines drogues.
. L'essentiel de l'action se déroulait en traques externes (d'où beaucoup de grands espaces traversés de scènes d'action rapides entre des moments de tension) et non dans les établissements de soin (sauf à l'occasion d'évasions ou tentatives d'évasion) de façon à ne pas faire double emploi avec "Lobosibirsk". L'eugénisme assexuel de la société de "Disgénisme" permettait d'y employer quasi-exclusivement (sauf pour les "monstres", "mutants resexualisés", etc) des Emilianiens "très Emilianiens", car cette population déboguée et "dépolluée" ne vieillisait plus (en tout cas n'en avait pas eu le temps en quelques décénies: on n'en était qu'aux années 80). Toutes les voitures étaient différentes de celles ayant réellement existé, tout en ayant l'air "années 70" ou "80" mais en plus épurées, sans compromis: il s'agissait de divers projets des stylistes d'époque avant leur abâtardissement et affadissement par divers commerciaux (vendant aux "mémères à bichons", estimait Tarsini) ou des considérations mesquines de fabrication de tel ou tel détail. Dans "Disgénisme", les voitures étaient, chacune dans leur style, aussi "émilanométriques" (si l'on avait pu définir de tels critères pour des voitures) que leurs créateurs les avaient pensées. Il y avait aussi tous les modèles ajoutés par divers stylistes (souvent des amateurs doués, parmi les ingénieurs de tournage ou même les acteurs) de VTP. Certaines avaient été construites en vrai (sur base électrique: dans un monde propre, les moteurs l'étaient aussi...) pour faciliter le tournage de certaines scènes, beaucoup étaient intégrées virtuellement, ternies de poussière ou autres (avec une irrégularité de manque de brillance "statistiquement réaliste") pour faire moins virtuelles. Héritage "Gamma" (basé sur un vrai projet hitlérien), les voies ferrées de 4m de large, permettant aux wagons d'offrir un confort "de vaisseau de croisière" ou des capacités en marchandises comparables à celle des péniches, la vitesse en plus.
. Sachant qu'ils auraient largement le temps de post-produire "Disgénisme" (intrinsèquement moins glouton que Gamma, puisque représentant des choses plus modernes donc moins compliquées et surtout moins "historiques dans les moindres détails") les scénaristes et "virtualiseurs" retravaillant Disgénisme lui avaient donné son propre univers cherchant à évoquer les années 80 mais sans en incorporer directement les composantes réelles, à quelques exceptions près comme le Rubik.

. Erwann, lui, pensait que ce film ferait 20 à 30% des entrées de Gamma "dans le meilleur des cas", ce qui serait déjà intéressant vu qu'il n'avait coûté que 16% de son précécesseur. Gamma eût coûté moins cher s'il avait pu être tourné directement dans la foulée de ce qui avait été commencé (sans décès d'Atte) et (lui avait ensuite fait remarquer VTP) sans l'ajout de détails techniques "passionnants mais coûteux" qu'il avait suggérés (et souvent obtenus) un peu partout. Mais sans eux, aurait-il fait autant d'entrées par le bouche-à-oreilles sur cette richesse technique à l'écran?
. Le film fut accusé en Allemagne (et dans d'autres pays) de favoriser le néo-nazisme, avec la thèse "le nazisme aurait réussi si ce fou d'Hitler ne l'avait pas fait dérailler de ses priorités d'efficacité militaro-industrielle". Gamma disqualifiait l'obsession antisémite comme gaspillage de moyens mais ne critiquait pas l'eugénisme, bien au contraire: "un peuple plus sain dès la naissance, donc plus fort et moins coûteux en soins", ce qui était ce que la Suède avait continué (bien plus discrètement) à appliquer jusque dans les années 60, ceci expliquant (selon certains) que les Suédoises fussent plus réussies que les Norvégiennes, en moyenne. Les néo-nazis hitlériens, eux, réfutaient la thèse prônant l'assassinat du premier Führer pour le remplacer par un jeune pilote d'essais et ingénieur aéronautique se souciant fort peu d'idéologie puisque cherchant juste comment affaiblir le plus vite possible les forces alliées.

. Outre "Le serpent de Mygdar", il aurait aussi à tourner, en avril, "Teutonisation", retraçant l'épopée des chevaliers teutoniques. Il y jouerait un Lituanien, la Lituanie ayant réussi à résister à l'assaut des chevaliers teutonniques, contrairement à ses voisins baltes. Ce ne serait donc un rôle que dans une partie du film, lequel serait l'occasion de maintes batailles, pillages et exactions, sans oublier les bébés jetés dans les flammes, sinon le public serait déçu. Erwann préférait la HF à l'épopée historique scénarisée, cette dernière ne pouvait faire appel au fantastique.
. VTP tournerait plus tard dans l'année un nouveau film antique: "le bout du monde", où des galères romaines emportées dans une tempête finissaient par se retrouver au bout du monde, basculant dans les chutes vers le néant... mais en fait, non: elles se retrouvaient à naviguer sur l'autre face, dans un monde totalement différent où Erwann jouerait un des personnages d'une tribu de canibales (mais pas primitifs: une autre Antiquité, plus nordique). De plus, on y retrouverait les tigres de Sibérie qui étaient capables d'encore plus de comportements félinement réalistes que dans "Lobosibirsk". On pouvait aussi passer d'une face du monde à l'autre via certains tourbillons géants.
. Le thème du monde à double face, de part et d'autre d'une paroi, avait déjà servi dans "Troglodia", mais cette fois il n'y avait ni intérieur ni extérieur: la planète était plate (comme celles des "Gibi" dans la BD des Shadocks, sauf qu'elle ressemblait à une grosse pièce de monnaie et non à un morceau de nougat) avec la pesanteur bien verticale vers la plaque, sur chaque face, et tournant autour des bouts. L'eau qui partait à l'ouest (de notre monde, qui ne comportait pas les Amériques, non découvertes à l'époque) revenait à l'est, vers la Chine. C'était à contresens des vents dominants, mais peu importait. Sur l'autre face, tout était différent, mais avec à peu près la même faune et flore: on pouvait imaginer que par le passé d'autres avaient déjà fait le tour, emportés sur des bois flottants à l'occasion de grandes tempêtes, mais avaient évolué autrement.
. L'autre face étant imaginaire, VTP et Tarsini pouvaient donner libre cours à leur imagination pour les sociétés pouvant y habiter. L'architecture du peuple dont Erwann ferait partie s'inspirerait du style maya (mais en bien plus ambitieux), avec d'énormes blocs mis en place par des esclaves d'autres éthnies (asiatiques, semblait-il: ceux venus par l'autre bout?), constructions sur lesquelles ils pratiquaient des sacrifices humains servant ensuite de festins.
. Le problème de l'horizon qui semblait "rouler" à mesure que l'on avançait, suggérant une surface bombée plutôt que plate, était expliqué par l'un des navigateurs comme devant être une illusion d'optique, "comme au dessus de quelque chose de très chaud: la mer doit être plus froide, quand on s'éloigne des terres".

. Il y aurait aussi de la SF: après une guerre bactériologique et thermonucléaire (chacun ayant riposté avec ce qu'il avait sous la main, mais les radiations tuaient plus facilement les gens que les virus...) une base scientifique européenne abyssale avait survécue, alimentée par une centrale géothermique (comme dans l'un des "0016", ce projet étant parfaitement viable si on y mettait les moyens) qui était informée par l'équipage du dernier sous-marin de relève de ce qui s'était passé: le sous-marin ne repartirait donc pas, tout le monde restait. Toutefois, des organismes abyssaux mutants se mettaient à colonniser la station, via les récoltes alimentaires externes. Cela pouvait faire penser à "The thing", mais dans un autre contexte et avec une autre mise en scène. Ce film ne réutiliserait pas les acteurs principaux de "0016: alliage désentropique" puisque la station abyssale géothermique pouvait déjà y faire penser, donc Erwann n'y jouerait pas.

. Il jouerait dans une autre SF: "Soif", ainsi que dans un mélange de HF et de SF: "le mur interdit" (en septembre), où il y aurait un vrai mur, en pierres massives, genre muraille de Chine en plus haut, et un autre monde derrière, appartenant à un autre temps, peut-être une autre planète.

. La chute de la théorie de la relativité avait libéré l'imagination des auteurs de SF, y compris américains (bien que ce pays fût longtemps le plus attaché à cette théorie), le mur de la lumière n'étant désormais qu'un équivalent lumineux du mur du son, au lieu de la pirouette de "l'hyperespace". Il était parfaitement possible de le dépasser, mais ce n'était pas sans risque, car nombre de phénomènes électromagnétiques s'en trouvaient perturbés, y compris à l'intérieur des êtres vivants. Il fallait donc disposer soit des moteurs gravitationnels déjà décrits dans plusieurs SF de Kerfilm (ou de nouveaux modèles), soit de boucliers spéciaux pour éviter ces effets. L'existence de couples matière/énergie autres que ceux connus jusqu'alors (existence prouvée par les fragments de météorites hypogravitationnels) avait aussi ouvert tout un tas de possibilités, dont la "micromatière" à structure plus fine (voire purement continue) que celle de la matière classique et permettant de pousser plus loin toutes les miniaturisations, puisque non soumise aux effets quantiques avant une échelle bien plus fine, voire pas du tout, chacun imaginant la sienne.

. Serranix avait eu beaucoup de succès, en renouvellant le style d'affontement et de canardage entre vaisseaux spatiaux, puisqu'il ne reprenait aucune des "erreurs communément acceptées" dans ce genre de film jusqu'alors, comme la DCA tirant mal sur les chasseurs ennemis alors que des gens capables de construire de tels vaisseaux savaient forcément faire de la visée automatique mettant 99,9% de coups au but sans intervention humaine.

. Il y aurait "Mécanotron 2", dans lequel le problème serait planétaire, l'intelligence artificielle (apparue suite à un bogue, parmi des milliards de programmes optimisés automatiquement au fil des problèmes rencontrés) aurait l'intelligence de se dissimuler jusqu'à s'être infiltrée dans tous les systèmes accessibles, et d'arriver à faire accuser des humains des premiers problèmes causés, ceux-ci ayant pour but de permettre d'accéder d'une façon ou d'une autre aux systèmes non accessibles. On ne voyait pas ces logiciels essayer à toute vitesse des trillards de codes d'accès, car des personnages avaient déjà mentionné dans plusieurs films de VTP que des essais répétitifs rapides ne seraient jamais acceptés, car ça montrerait qu'ils n'étaient pas tapés à la main.
. L'intelligence artificielle trouvait donc un autre moyen: modifier les compilateurs (ce qui servait à créer les programmes) incorporés dans les ordinateurs neufs de façon à ce qu'à la prochaine petite amélioration de tel ou tel logiciel très bien protégé s'occupant de tout un système, la recompilation se fît avec ce qu'il y aurait de mieux, comme compilateur, donc avec le cheval de Troie implanté d'origine, donc indétectable par comparaison avec une version "saine" du nouveau programme puisqu'il n'y en aurait jamais eu.
. Ce début du film aboutirait vite à la fabrication pirate de robots de toute sortes (y compris quelques humanoïdes réalistes d'aspect, pour infiltration) dans des usines censées faire autre chose, parties déguisées en éléments d'automobiles, de machines-outils, de robots industriels, etc, comme dans Kerminator (mais dans divers pays), puis aux scènes d'action "à la Mécanotron" mais dans bien plus de lieux, sans être cantonné à un décor trop facilement virtualisable ou à des espaces naturels engendrés par fractales. Le principe de base étant que personne (d'humain) n'ayant décidé de créer cela, personne ne pouvait savoir quel était le but des machines, ni même s'il y en avait un: "si ça se trouve, elles font ça pour jouer", suggérerait un chercheur japonais joué par Zhao. Elles n'étaient pas carnivores, contrairement aux "giboyeuses".

. Dans "Le serpent de Mygdar", qu'il tourna en février tout en travaillant chez BFRSF et VTPSF comme élément de la maison-mère sur place, comportait des décors différents: il y avait plus de scènes en forêt ou d'escalade de rochers mal fixés à flanc de fjord, des tremblements de terre (à cause du marteau de Tor), ce qui changeait des précédents, et Knut (le personnage d'Erwann) n'avait pas le même rôle: dans le premier, Harald devenait chef de clan suite à la mort de son père, là, il n'était qu'un élément viré du sien suite à une erreur qu'il n'avait pas commise mais qu'un ennemi personnel (se vengeant ainsi d'une moquerie) lui avait fait endosser. Loki, personnage trouble de la mythologie (tantôt allié aux dieux, tantôt aux géants) lui proposait un pacte pour pouvoir se venger mais nombre d'évènements allaient compliquer les choses. Certaines transformations spectaculaires des paysages pouvaient faire penser aux "Miroirs du temps", tout en veillant à ne pas appliquer les mêmes effets aux mêmes paysages. Il y avait aussi des poursuites en drakkars et des nauffrages, sinon le public eût été déçu, et des combats contre d'énormes ours pôlaires, lors du voyage jusqu'à la banquise. Le film réempruntait les Småprat et leurs remplaçantes.
. Stéphane eut droit aux câlins d'Hillevi, un peu plus possessive que Pia (elle était aussi plus grande) tout n'étant pas inquiétante donc lui permettant de se laisser carresser de confiance: il trouvait agréable d'être utilisé comme chat, de temps en temps. Il pétrit Hillevi comme pâte à pain, sur sa suggestion.

. Le 16 (puis 19) février 2003, ce fut la sortie d' "Oubliettes".

. Tout en n'étant pas aussi médiatisé que l'avaient été les Småprat, les Bifidus et divers acteurs des séries pour adolescentes de VTP, Vittorio était bien plus présent dans les médias qu'Erwann, y compris au rinnepallo car la télévision française retransmettait rarement les matchs finno-finnois de Juustomeijeri. Ils n'y jouaient ensemble que dans l'Equipe de France (qui était essentiellement VTP22, de fait). Les autres pays retransmettaient encore rarement ce jeu que l'on hésitait à prendre au sérieux). Il avait joué moins de rôles importants dans moins de films (ou des petits rôles dans d'autres), mais parfois dans des rôles où il surprenait plus. Erwann avait appris que Vittorio avait même eu un petit rôle de milicien dans "Gamma". Il y repenserait la prochaine fois où il reverrait ce film.

. Derek jouait maintenant dans une série télévisée: "Traque express", pleine d'interventions arme au poing et de poursuites en voitures. Trafic de drogues, d'armes, proxénétisme (et trafic d'organes), ceci à travers plusieurs pays d'Europe grâce aux accords Europol. Dans cette série, Zhao et Tiffany joueraient deux membres de la police scientifique, avec lesquels il était en communication à distance par les lunettes virtuelles à transmission longue distance, pour pouvoir leur montrer des choses sur le terrain. Eux disaient quoi prélever et comment, ce qu'un drône (ressemblant à un V1...) expédiait aussitôt au laboratoire, bien plus vite que tout transporteur n'aurait pu le faire.
. Ca n'avait rien à voir avec les séries policières françaises traditionnelles: ça pouvait évoquer un mélange de "Alerte Cobra" (abondance de poursuites en voitures à vraie grande vitesse: à l'allemande), "Les Experts" (la police scientifique, mais sans copier les scénarii) et des films de justiciers genre "Inspecteur Harry" ou certains films avec Belmondo. Cette série ne comporterait que vingt téléfilms, pour ne pas en épuiser l'intérêt et renouveller aussi le type d'effets spéciaux utilisés. Les policiers subissaient souvent des tirs en pleine tête ou dans les jambes, les bandits ne visant pas le gilet pare-balles. L'utilisation de lance-roquettes provenant de l'ex-URSS pulvérisait aussi des véhicules d'intervention: la tâche n'était pas facile. Les voitures de police restaient stables avec des balles dans les pneus, puisque comme dans la réalité (et contrairement à ce que l'on voyait dans trop de films ou téléfilms) il s'agissait de Michelin "Pax" anti-déjantage. Toutefois ça ne permettait de rouler longtemps à grande vitesse. L'appel à des collègues en aval du trajet était plus souvent utilisé (comme en vrai) que la poursuite en solo.
. Dans le premier épisode, le "pilote" de la série, qui était en tournage, les malfrats utilisaient une Porsche 911 dont le coffre avant avait été modifié (réservoir déplacé, etc) pour pouvoir lancer des roquettes, introduites sous la boite à gants par le passager comme pour charger les tubes lance-torpilles d'un sous-marin, ce qui leur permettait de pulvériser les barrages policiers avant d'être à portée de leurs tirs.

. Un phénomène "ovni" (passage d'un corps incandescent dans l'atmosphère sans s'écraser au sol: il était reparti dans l'espace) put être expliqué par l'hypogravité: l'objet possédait une masse d'inertie élevée, lui permettant de ne pas perdre trop de vitesse par freinage atmosphérique, tout en étant moins attiré par la Terre d'un objet de cette masse n'eût dû l'être, d'où la ressortie de sa trajectoire vers l'horizon, après être descendu jusque vers 7000m d'altitude: si l'Himalaya s'était trouvé sur son chemin, le projectile aurait pu percuter l'un de ses sommets et être étudié. Sa trajectoire dans l'atmosphère était passée un peu à l'est du Japon (bien visible depuis plusieurs villes côtieres), en direction de l'Australie mais était ressortie bien avant celle-ci. La trajectoire parcourue n'était explicable que de deux façons: soit ce météore disposait d'une force motrice, mais dont ni l'intensité ni la direction n'était constante, soit il avait un poids ne correspondant qu'à 14% de sa masse, explication correspondant bien à la trajectoire observée. 86% d'allègement, c'était autrement plus spectaculaire que la météorite russe, et enfonçait le clou de la notion de variable (et non constante) G. Le météore brillait bien moins qu'une roche "normale" ne l'eût fait à cette vitesse, ce qui laissait supposer que seule une partie de la matière dont il était constitué émettait de la lumière visible lors de son échauffement par frottement atmosphérique.

. Ce thème avait déjà été utilisé dans un film de SF américain tourné en Inde à l'automne 2002: "A la poursuite des pierres volantes". Une multinationale mettait en veille plusieurs vaisseaux spatiaux chargés de capturer de tels corps célestes hypogravitationnels en vue d'en revendre la matière à prix d'or. Le temps de repérage était bref, ces corps étant petits et obscurs avant leur entrée dans l'atmosphère: les téléscopes ne les repéraient qu'un peu avant. Divers lancements échouaient dans leur tentative de poursuite, un seul réussissait mais suite à une avarie le vaisseau ayant suivi la météorite s'y étant accroché et ayant réussi à la freiner grâce à une immense voile solaire avait dû faire un atterrissage forcé avec elle dans un lac de barrage chinois, lâchant la météorite au dernier moment, qui percutait la maçonnerie, sous l'eau, et y provoquait une brèche, d'où une belle "scène catastrophe". L'armée de ce pays s'en emparait aussitôt, d'où l'envoi de nouveaux commandos furtifs pour essayer de récupérer la météorite, à défaut de pouvoir reprendre les prisonniers bien qu'initialement on le leur eût fait croire. Ca retombait alors dans du film américain de commando plus classique (à ceci près que l'ennemi était la Chine: ce n'était donc pas une guerre officielle, mais une "infiltration"), bien fait mais décevant par comparaison avec le début qui avait beaucoup plus à Stéphane en le voyant. Ce film n'utilisait aucune star "bankable" mais beaucoup de jeunes gens qui semblaient avoir été recrutés en tenant compte des effets de la stéréoscopie, sans aller jusqu'à un tri émilianométrique complet. Beaucoup de soldats chinois étaient probablement virtuels, pour faire du nombre à peu de frais. Six grosses productions américaines avaient ainsi été tournées à "Bollywood" en 2002 (deux étaient déjà sorties), ainsi que des centaines de téléfilms et d'épisodes de séries télévisées, après le succès de "Double Bang". Il y en aurait bien plus en 2003, les studios de tournage à effets spéciaux indiens s'étant aggrandis et multipliés.

. Les difficultés internes se multipliaient, pour le régime chinois, les attentats anti-gouvernementaux étant de plus en plus fréquents, comme si la réussite des premiers avait montré au reste de ce peuple incarcéré que c'était possible, l'information circulant très vite (y compris sous forme d'image) via le Lioubioutchaï 2, impossible à intercepter (à moins d'un hélicoptère passant dans le champ à ce moment, et sachant quelles fréquences analyser) et facile à cacher. 217 blindés envoyés contre des émeutes avaient été détruits au lance-roquette à charge creuse, dans diverses villes chinoises. Des hélicoptères venus mitrailler les insurgés avaient aussi été abattus. Il y avait beaucoup de morts parmi les civils, mais aussi des pertes militaires inédites, chaque char détruit, chaque hélicoptère ou avion abattu motivant un peu plus les groupes de résistants. Quelques rebellions avaient eu lieu dans l'armée, refusant d'intervenir dans certaines émeutes, sans que l'on pût savoir si c'était par rejet du communisme ou par peur des pertes que tel ou tel bataillon craignait désormais de subir depuis que la foule chinoise n'était plus aussi désarmée qu'elle n'en avait l'air: jusqu'alors les militaires pouvaient intervenir en toute impunité. Des limousines appartenant à des nababs de la nouvelle économie chinoise furent incendiées et quelques-uns (ceux qui avaient pu être repérés directement) furent tués. Ceux-ci ne pouvaient, selon les révolutionnaires, accumuler une telle richesse sans la complicité du Parti.

. La Russie avait fort prudemment accordé l'indépendance à la Tchétchénie, qui ne représentait qu'un timbre-poste par rapport à elle.

. Stéphane vit que des réalisateurs suédois venaient tourner des films et téléfilms chez VTPSF, le trajet étant rapide via le tunnel et les studios finlandais ayant un excellent rendement de tournage, décalqué des méthodes VTP.
. La Suède avait rétabli son programme eugéniste après que la France eût créé le sien via la "responsabilité génétique parentale". La Suède avait vite été imitée par la Norvège qui, toutefois, n'exportait pas d'embryons. Aux Etats-Unis, l'importation d'embryons suédois était autorisée par dix-sept des Etats, mais à ce jour aucun n'avait autorisé les vaches porteuses sur le territoire américain, d'où la sous-traitance (par les futurs parents adoptifs) à des élevages le plus souvent hollandais.

. Le jeudi 6 mars 2003, naissance (par vache porteuse) de Heidi, première clône humaine issue d'un individu déjà né (et non par bouturage embryonnaire), sa jumelle (dans le temps) était une Suissesse de 41 ans, donc née bien avant les techniques de FIV. Les chercheurs suisses avaient donc réussi à battre les équipes coréenes, japonaises, françaises et hollandaises (entre autres) dans la course au clône d'adulte, mais en trichant partiellement: l'analyse ADN montrait bien la gémélité avec Frida Saurel, mais l'ADN mitochondrial n'était pas humain: c'était dans un oeuf (ovule fécondé) bovin que le noyau cellulaire humain avait été transféré, en de nombreux exemplaires dans diverses vaches, jusqu'à réussite. Les mitochondies étant des organismes très anciens (antérieurs, même, à l'apparition des mamfifères) leur origine bovine ne causerait certainement pas de problème. De plus c'était la preuve formelle qu'il n'y avait pas eu "gémélité retardée" (issue d'une expérience de FIV plus ancienne et non officielle?), mais bel et bien clônage. Une "chimère" mitochondriale, certes, mais les chercheurs ne détectaient pas de différence de fonctionnement entre les mitonchondries bovines et humaines.
. Stéphane essaya de savoir s'il y avait moyen de modifier un peu l'ADN avant de clôner: en supprimant au moyen d'enzymes de restriction quelques "CAG" répétés dans son chromosome 4, un clône de lui-même aurait pu être exempté de la chorée de Huntington, sans toucher au reste. Tout en lui fonctionnait très bien, et sur divers points mieux que les humains "normaux": son seul problème (à venir) était cette bombe à retardement dans le cerveau. En discutant de cela avec Mika, ils avaient déjà envisagé que l'on pût un jour mettre au point un "prion" capable de s'insérer dans les cellules du cerveau pour y supprimer les "CAG" surnuméraires. Leur présence dans les autres cellules du corps (et même les neurones) était sans risque, donc il n'était pas nécessaire de découvrir un moyen de tout corriger. Le prion de la vache folle pouvait causer des trous dans le cerveau, alors en en ingérant un tout autre, il pouvait y avoir moyen de faire des trous juste dans la quarantaine de "CAG".

. Stéphane apprit aussi qu'une station abyssale alimentée en énergie par la géothermie était en construction comme projet scientifique européen. Il y avait bien assez de sites tout le long de la dorsale atlantique pour que chaque pays ou groupe de pays pût tranquillement établir le sien. Les travaux se feraient à distance suffisante des sources hydrothermales comportant ces formes de vie spécifique pour ne pas les perturber, tout en facilitant leur observation à bord de batyscaphes restant en profondeur, de la station aux sites à observer. La structure en béton armée était en construction à terre. Elle serait remorquée en mer puis immergée progressivement jusqu'au site thermique déjà repéré. Il s'agissait d'un réseau de vingt sphères ne dépassant pas cinq mètres de diamètre intérieur, reliées par des tubes permettant la circulation assis sur tapis de rouleaux (pratiques aussi pour y pousser des objets un peu lourds), en mettant les mains aux parois pour se faire avancer, ou via des échelles pour les liaisons verticales. Certaines sphères contenaient les bioincubateurs (alimentés électriquement et éclairés aux ultraviolets) d'origine BFR fournissant les nutriments nécessaires sur place, et qui seraient aussi un moyen de recycler les excréments (en trois étapes).

. Ellinor informa Hillevi et Stéphane que des photos d'eux ensemble (juste "ensemble", rien de plus) circulaient sur des sites du réseau Lioubioutchaï ainsi qu'internet (repris des précédents): "Erwann d'Ambert avec Hillevi de Småprat". Qu'il fût "avec" une Suédoise de chez VTP n'était pas surprenant, pour beaucoup de gens: "parmi les cinq, il a choisi celle qui lui ressemblait le plus". Quelques pages pariaient sur la naissance d'abord d'une fille ou d'un garçon, et sur la couleur des yeux: verts, bleus, ou bleu-vert? Rien ne permettait pourtant de dire autre chose que "vus ensemble". Il y avait donc des paparazzi en Finlande, probablement amateurs vu la qualité des photos: prises avec un appareil numérique grand public (3 millions de pixels), au zoom, sans utiliser de pied. Stéphane songea que les mêmes photos auraient pu être prises de lui avec Viljami (par exemple), puisqu'il ne se passait rien non plus sur celles avec Hillevi. Hillevi et lui avaient eu quelques gestes (juste affectueux) qui n'avaient pas eu lieu avec Viljami, mais personne n'avait pris ces photos-là. Hillevi et lui se mirent d'accord: "ni confirmation, ni démenti: ça ne les regarde pas". De plus, en cas de publication sur un site ou dans un magazine français, le droit à l'image permettait d'agir, d'autant plus facilement qu'Erwann et VTP n'avaient jamais donné à la presse de photos autres que provenant des tournages ou d'interviews. La loi datait de bien avant l'ELR, mais les sanctions, elles, avaient été alourdies: saisie de la totalité des recettes publicitaires du numéro, plus du montant de sa vente, 5% étant reversés à chaque personne concernée (ou moins, si le magazine en avait publié sur plus de vingt: ça se partageait), le reste étant ajouté au budget de la recherche scientifique. "Ils publient ça pour espérer gagner de l'argent, donc si ça leur en fait perdre réellement, ils n'essayeront même plus". Si les photos violaient réellement l'intimité, le chiffre d'affaire annuel (et non les bénéfices) du magazine pouvait être saisi, en plus d'une interdiction de publication pendant plusieurs numéros, ce qui entraînait généralement sa disparition. Par contre, le principe de l'exclusivité n'était pas opposable: quiconque avait autorisé un média à utiliser ses photos autorisait, de ce fait, les autres à les réutiliser, moyennant le versement d'une simple redevance, fonction de l'ampleur de diffusion, mais sans pouvoir s'y opposer. Ceci distinguait clairement celles et ceux faisant étalage de leur vie privée de ceux ne le faisant pas et pouvant donc s'opposer légitimement à toute publication sans leur accord. Quant aux images extraites de films, le producteur ou le réalisateur pouvaient s'y opposer si elles dévoilaient des points importants du scénario: plus le film était récent, plus ce critère était strict.
. Le droit à l'image n'existait plus, par contre, s'il s'agissait de montrer le coupable d'un délit, à condition de pouvoir le prouver, sinon il y avait condamnation pour diffamation. Ceci avait légalisé les émissions prenant des escrocs en flagrant délit en clair par caméra cachée, mentionnant leur nom, adresse, numéro de Sécu, de registre du commerce (pour les professionnels), etc. Les télévisions installées en France pouvaient le faire aussi, depuis 1997, à condition d'avoir collecté des preuves acceptées par les tribunaux. Des centaines de dépanneurs à domicile indélicats avaient pu être dépistés de cette façon puis condamnés suite à un complément d'enquête judiciaire. Il fallait filmer avec un camescope analogique à bande magnétique ou une caméra à film chimique, le numérique étant suspect de trucages indécelables. Une enquête était menée par la police (elle aussi incognito et en caméra cachée) en cas de doute.
. Ceci avait permis de découvrir, comme s'en doutaient beaucoup de téléspectateurs, que beaucoup de ces cas étaient totalement inventés par les chaînes, à l'époque du floutage de l'image et de la déformation des voix: cela pouvait avoir été joué par n'importe qui, et très souvent des gens de l'équipe de production.
. Il n'y eut pas d'utilisation non autorisée des photos d'Hillevi et Erwann dans les médias français: ce qu'elles montraient ne signifiait rien, alors à quoi bon risquer des ennuis, sachant que VTP (dont ces deux personnages faisaient partie) n'y aurait pas manqué?

. Le mercredi 12 mars 2003, ce fut la sortie dans les salles stéréoscopiques (les autres étant désormais servies une semaine plus tard) d'Alvéole 75, dont le tournage avait commencé en août 2001. Erwann s'attendait à être un peu déçu, après tant de temps, mais il ne le fut pas, et le public non plus, vu l'augmentation de la fréquentation les jours suivants par bouche à oreille.

. Erwann avait vu beaucoup de sites sur lui (c'était plus facile à faire dans le Lioubioutchaï, où il suffisait d'insérer directement des pages de traitement de texte de type "rtf", "doc" ou autres (il y avait des convertisseurs pour un grand nombre de formats) avec les images éventuelles, qu'avec le format HTML qui nécessitait plus de professionnalisme) occupés essentiellement par sa filmographie et quelques images déjà disponibles ailleurs. Il était souvent mentionné qu'il était aussi ingénieur et vivait en Finlande hors des tournages, en ajoutant parfois "parce que trop facilement repérable en France". Sa filmographie était presque toujours donnée dans l'ordre de sortie des films:

. 1998: 3
18 oct: Les miroirs du temps
29 nov: La citadelle des goules
13 dec: Dent pour dent
. 1999: 13
11 avr: Les reflets du temps
30 mai: Revanche nocturne
6 juin: Peur filante
4 juil: les Maîtres du Fer
18 jui: l'Atlantide
29 août: Kergatoëc
5 sept: La mémoire des glaces
26 sep: Voyage au centre de la terre
10 oct: Viande urbaine
17 oct: Kerminator
31 oct: Digestion
28 nov: Sartilvar
12 dec: La cinquième équation d'Otusczewsky
. 2000: 11
5 mars: Tarsilvar
19 mars: Objectif dunes
11 juin: 0016: filière bulgare
30 juil: Dedalux
13 août: 0016: embryons suédois
10 sep: Aux portes du néant
17 sep: Les dents de la nuit
22 oct: Les N voyages de Robert Trebor
29 oct: Les giboyeuses
12 nov: Troglodia
10 dec: Drakkars et dragons
. 2001: 10
7 janv Cave canem
15 avr: César et les Vénètes
17 juin: Torx
19 août: 0016: alliage désentropique
9 sep: L'ère des trolls
23 sep: Le drakkar fantôme
7 oct: Les hordes
4 nov: Cyberlander
18 nov: Troglodia 2
9 dec: Le crépuscule de Rome
. 2002: 18
13 janv: L'île ingénieuse
30 janv: Chargeur camembert
17 fev: Gamma
10 mars: Serranix
31 mars: Silmät
21 avr: Délit de savoir
5 mai: Danger: nouilles
19 mai: Otaké
2 juin: Yaganda
23 juin: Le cheval de Neptune
7 juil: Groupe B
21 juil: Otages volants
11 août: Phytoclônes
25 août: Neurobogues
8 sept: 0016: masse manquante
22 sep: Alignement direct
17 nov: Réduction
1 dec: La planète des chats
. 2003: 4
5 janv: Les Planétaires
19 janv: Disgénisme
23 fev: Oubliettes.
12 mars: Alvéole 75

. C'était la charge de post-production imposée aux ordinateurs qui avait fait sortir en 2002 nombre des films tournés en 2001, plus que ça n'avait reporté en 2001 de films tournés en 2000, d'où la grosse différence du nombre de sorties en salles entre 2001 et 2002, alors que la différence du nombre de tournages était moindre.

. Erwann lui, listait sa filmographie dans l'ordre des tournages et non des sorties, comme peu de sites le faisaient (et souvent avec des erreurs). La chronologie des tournages (celle qui comptait pour lui) était:

1998: 4 films (-> date de sortie en stéréoscopie)
juin:
. la citadelle des goules (->29 nov)
septembre:
. les miroirs du temps (->18 oct)
. les reflets du temps (->11 avr 1999)
. dent pour dent (->13 dec)
1999: 15 films
avril:
. les maîtres du fer (->4 juil)
. revanche nocturne (->30 mai)
. peur filante (->6 juin)
juin:
. Sartilvar (->28 nov)
. Tarsilvar (->5 mars 2000)
. l'Atlantide (->18 juil)
juillet:
. Kergatoëc (->29 août)
. voyage au centre de la Terre (->26 sep)
. la mémoire des glaces (->5 sep)
. viande urbaine (->10 oct)
septembre
. Kerminator (->24 oct)
. digestion (-> 31 oct)
. la cinquième équation d'Otusczewsky (->12 dec)
. objectif dunes (->19 mars 2000)
. 0016: filière bulgare (->11 juin 2000)

2000: 11 films
juin:
. les N voyages de Robert Trebor (->22 oct)
. aux portes du néant (->10 sep)
. les dents de la nuit (->17 sep)
. dédalux (->30 juil)
. 0016: embryons suédois (->13 août)
septembre:
. Troglodia (->12 nov)
. les giboyeuses (->29 oct)
. César et les Vénètes (->15 avr 2001)
octobre:
. drakkars et dragons (->10 dec)
. le drakkar fantôme (->23 sep 2001)
. cave canem (->7 jan 2001)

2001: 13 films + début de 2 autres
avril:
. Torx (->17 juin)
juin:
. 0016: alliage désentropique (->19 août)
. Troglodia 2 (->18 nov)
. les hordes (->7 oct)
. l'ère des trolls (->9 sep)
août:
. l'île ingénieuse (->13 janv 2002)
. le crépuscule de Rome (->9 dec)
. Cyberlander (->4 nov)
septembre:
. Gamma (->17 fev 2002)
. délit de savoir (->21 avr 2002)
. Serranix (->10 mars 2002)
. Chargeur camembert(->27 janv 2002)
. *début de Alvéole 75
. *début de Yaganda
octobre:
. silmät (->31 mars 2002)

2002: 16 films (dont la fin d'Alvéole 75)
janvier:
. Otaké (->19 mai)
. groupe B (->7 juil)
. 0016: masse manquante(->1er sept 2002)
. Yaganda (->2 juin)
février/mars:
. Disgénisme (->19 janv 2003)
. danger: nouilles (-> 5 mai)
. neurobogues (-> 25 août)
. otages volants (->21 juil)
. le Cheval de Neptune (->23 juin)
juin:
. la planète des chats (->1er déc)
. phytoclônes (->11 août)
. alignement direct (->15 sept)
octobre:
. oubliettes (->23 fev 2003)
. les Planétaires (->5 janv 2003)
. Réduction (->17 nov)
décembre: *fin du tournage d' Alvéole 75 (->12 mars 2003)

Les sites n'avaient pas encore les informations sur les tournages de 2003, donc citaient 60 films. Ce qu'Erwann savait:

2003: 2 tournés + 4 prévus (au moins)
février:
. le serpent de Mygdar (->?)
mars:
. teutonisation (->?)
ensuite:
. Soif
. Mécanotron 2
. le bout du monde
. le mur interdit

Parmi les films de VTP dans lequels il n'avait pas joué:
Mécanotron
merdes molles
Christine
Eurotoxique
la prisonnière des trolls (VTPSF)
Robur le conquérant
les 21 ballons
l'Odyssée
l'Illiade
Traction
objectif Suède
carton noir
crimes dans le Transsibérien
la secte
l'empire d'Alexandre
Hindenburg
le crépuscule de Gomorrhe
0016: herbivores
les 12 travaux d'Hercule
accidents domestiques
attaquer en 36
cliniques privées

. Certains sites ajoutaient un commentaire sur Kergatoëc mentionnant que c'était son film le plus autobiographique car fortement inspiré des catastrophes rencontrées par l'ingénieur-acteur lors de sa première mission en Finlande "certaines ayant été reprises dans le film telles qu'elles s'étaient réellement produites", tandis que le début du film avec le départ pour la Suède en Audi 100 évoquait sa première tentative de s'y rendre pendant ses études.
. Il était parfois mentionné que comme certains autres acteurs de VTP, ses personnages ne participaient à aucune romance et personne ne semblait prêter attention à leur apparence, mais uniquement à ce qu'ils faisaient: "il se peut que ces rôles avaient été conçus sans savoir qui les jouerait, pour donner le maximum de souplesse de choix d'acteurs à VTP".
. Sur quatre ou cinq films, on n'y eût probablement pas prêté attention, mais sur plus de cinquante, on pouvait repérer les types de rôles qu'il ne jouait pas. On ne lui avait jamais non plus fait jouer un rôle de "jeune ayant ses parents sur le dos": aucune allusion à une famille (ni d'ailleurs à une abscence de parents: on n'avait tout simplement pas le temps de se pencher sur la question, dans le scénario).

. Ses résultats flatteurs comme attaquant dans l'équipe de rinnepallo de Juustomeijeri, et occasionnellement dans l'équipe de France, étaient aussi mentionnés, en disant parfois "les réalisateurs filmant les matchs font souvent des plans proches plus longs sur lui que dans ses films".

. Il lut aussi "on peut se demander si VTP n'a pas initialement craint que l'apparence inédite de ce nouvel acteur ne draîne l'attention du public au détriment des autres et surtout des scénarii eux-mêmes, puisqu'ils se sont empressés d'aller chercher en Suède et au Danemark plusieurs autres Nordiques paraissant eux aussi sortir d'un logiciel, comme pour le priver de ce monopole dans leurs tournages. La récolte d'acteurs faite en Finlande, dont le regretté Atte Ruusuvaara, semble aussi aller dans ce sens".

. Il était rare que l'on citât l'un sans citer l'autre: Erwann était presque toujours mentionné dans les documents consacrés à Atte, ceci bien avant qu'il eût pris sa suite au cours du tournage de Gamma.

. Il lut ainsi dans un résumé: "probablement découvert via sa ressemblance avec Erwann d'Ambert, qu'il connaissait déjà comme ingénieur chez BFRSF, Atte Ruusuvaara joua divers personnages dans des séries télévisées de VTP avant d'accéder à des rôles plus étoffés, comme Thierry d'Eurotoxique, puis surtout l'inoubliable Damien de Viande Urbaine et l'étonnant Riku de Torx. Kerfilm avait commencé à le faire jouer dans Gamma pour le rôle qui dut être repris Erwann d'Ambert".

. La mort sous un car de touristes japonais était presque toujours mentionnée, seul quelques biographies plus sobres se contentant de citer le lieu et la date, parfois "écrasé par un bus" alors que strico sensus il s'agissait d'un car.

. Erwann lut aussi que l'hypothèse d'une paternité finnoise était parfois mentionnée (un site américain le décrivant même comme acteur franco-finlandais), mais non sa parentée avec Mika.

. Que Fulbert (présent dans quelques films "verniens") fût son grand-père maternel était parfois mentionné, en citant que pour une fois c'était l'ancètre qui avait emprunté le nom de scène de son descendant.
. L'Etat-civil exact était parfois mentionné:
. Aymrald Stéphane Erwann Dambert, né le 16 juin 1976 à Loqdiren (22),
en précisant parfois que "d'Ambert" était une idée de VTP, "peut-être pour rappeler le nom d'un fromage", et qu'Erwann, en plus de faire plus breton, était le prénom qu'il n'avait pas encore utilisé dans sa vie courante, contrairement aux deux autres, en précisant qu'Aymrald servait en France et Stéphane en Finlande parce que se prononçant comme le "Stefan" local.
. Aymrald (donc) préférait en fait ce prénom-là, depuis ses études, mais avait peu l'occasion de l'entendre. Stéphane était une vieille connaissance confortable (son enfance, puis la Finlande) et Erwann réservé à l'acteur.

. Il y avait peu d'erreurs: les fans visitant les divers sites parlant de lui les avaient vite repérées (par recoupement) et signalées aux auteurs.

. Les médias donnant très peu d'informations sur lui (d'autant moins qu'il n'y avait pas grand chose d'intéressant dans sa vie, vu qu'il n'avait que 26 ans, et moins encore dans le peu que l'on en savait), les sites restaient assez sobres, occupés essentiellement par la filmographie avec parfois des "quizz" comme celui montrant dix images extraites de films (personnage montré en entier) et où il fallait cocher, dans la liste totale, desquels c'était extrait.

. Le concernant, le fait qu'il ne tournât que quelques mois par an et chaque fois plusieurs films en même temps (jusqu'à cinq, en septembre 1999) était parfois mentionné, comme: "doté d'une capacité d'imitation comportementale et d'une mémoire remarquables, Erwann d'Ambert est capable de jouer le même jour des scènes de jusqu'à cinq films différents dans un ordre ne correspondant pas à celui des montages, tout en s'entraînant pour les prochaines, ce qui explique probablement le nombre élevé de rôles importants qui lui sont confiés par VTP chaque année".

. Beaucoup de choses avaient été dites et écrites sur le "tapis de bombes" déversé par VTP sur les salles depuis 1998, car en plus de leur nombre, presque tous ces films avaient été des succès, bon nombre des triomphes. "Oui, c'est du film industriel, mais c'est comme le Délice de Kérisper: si vous essayez de le faire en version artisanale, il sera moins réussi, bien plus cher et surtout plus lourd pour les artères". Certains disaient que cela avait surtout repris des parts de marché (dans le monde, pas seulement en France) au cinéma américain, car les "merdes molles" citées par Venant auraient de toute façon disparu en même temps que leurs anciennes subventions et la découverte par la justice de la collaboration avec les cigarettiers. Là où VTP avait tari une bonne part de ce qui restait d'autre cinéma français, c'était quand des scénaristes extérieurs étaient venus proposer chez VTP les films que les autres producteurs et réalisateurs n'auraient pas pu tourner pour raisons budgétaires: "il faudra se passer de ça, ça, et ça, sinon ça va coûter trop cher", ce qui la plupart du temps n'était pas un problème chez VTP, si l'histoire tenait la route (selon VTP) donc était capable de mener l'intérêt du spectateur à travers tout un film. Un film de guerre comme "Gamma", comportant une prépondérance de scènes de combats de grande ampleur avec quantité de matériel fidèlement détaillé et copieusement détruit n'était pas imaginable dans le cinéma français hors VTP, et n'était même plus imaginable à Hollywood: les Américains l'auraient fait préparer et tourner à Bollywood...
. Dans le domaine des séries télévisées, la plus grande réussite mondiale du groupe avait été tournée chez VTPSF: "Lobosibirsk". Après qu'un film ("Résistance virale") ait été dérivé de "Commando 22", certains s'attendaient à en voir un sortir à partir de Lobosibirsk. Ce n'était toujours pas le cas.

. Stéphane apprit le samedi 15 mars 2003 la mort de Leo: un "AVC", accident vasculaire cérébral, imprévisible et inexplicable. Un AVC pouvait causer des paralysies, des pertes de portion de mémoire ou de capacités mentales, ou la mort. Un garçon très sain, grand, beau, fort et intelligent, supprimé d'un coup par un phénomène semblant surgi de nulle part. Stéphane perdait son interlocuteur le plus intelligent. Il y avait d'autres gens intelligents ici, mais qui ne lui parlaient pas sans raison professionnelle.
. Il prit l'initiative d'en parler avec Oskari (parler des AVC, sans citer directement Leo), après avoir discuté avec lui des nouvelles pierres volantes et du sort de Bertillon, sur Mars. En fait il n'avait pu s'empêcher de penser qu'il pouvait mourir aussi et qu'il serait dommage d'avoir trop rarement bavardé avec lui: Oskari était bavard une fois lancé sur un sujet qui l'intéressait, mais, un peu comme Stéphane, il en prenait rarement l'initiative.

. "Le serpent de Mygdar" avait été post-produit remarquablement vite pour un film contenant autant d'effets spéciaux (en fait: massivement "prè-produit", comme l'Altantide, pour tout ce qui n'interférerait pas avec les acteurs réels) puisqu'il sortit dès le 2 avril 2003. Etait-ce son film de Vikings de trop? Erwann s'était dit que s'il faisait au moins 10% des entrées d'un des deux autres, ce serait déjà un beau résultat, vu que "Drakkars et dragons" avait franchi les cinq cent millions d'entrées dans le monde, la multiplication des salles stéréoscopiques conduisant celles-ci à le ressortir, et nombre de spectateurs n'ayant connu que la version "plate" à le revoir en relief. L'effet "on ressortira nos films et pas les autres", sur lequel comptait VTP avec le passage de plus en plus de salles en stéréoscopie, fonctionnait effectivement. Certes, maintenant il y avait aussi les réalisations américaines made in India qui s'y étaient mises, mais pour le moment seul VTP pouvait proposer un "catalogue" de grands films d'action stéréoscopiques.

. Il s'amusa à aller voir si ses diverses filmographies avaient été mises à jour. C'était le déjà le cas de nombre de celles qu'il avait examinées antérieurement. Les sites américains manquaient parfois de sobriété dans les expressions utilisées par leur rédactrices, comme "laser-green eyed". Il était un peu connu aux Etats-Unis depuis "Cap sur Mars", série dans laquelle il avait été remplacé par Knut puis Niels (aux yeux mis en vert par infographie), mais sans être oublié d'une partie du public qui l'avait ensuite (fin 1998) retrouvé au cinéma dans de plus en plus de films. Hollywood avaient aussi trouvé sur place (il y avait de tout, aux Etats-Unis, surtout en Californie) quelques garçons dans ce genre-là, certains aux yeux bleus, d'autres verts. Toutefois, Erwann d'Ambert n'était pas qu'une apparence, mais surtout des rôles (grâce à VTP) et l'aptitude à les jouer (VTP le lui ayant fort bien appris, à partir de quelques dispositions initiales à l'imitation de modèles comportementaux), or les Attéens californiens n'avaient pas été utilisés ainsi, dans un premier temps: plus pour être vus que pour faire partie des éléments moteurs d'un film ayant bien d'autres pôles d'intérêt. Ces premiers réalisateurs à les utiliser avaient misé sur le public des séries télévisées pour adolescentes (en trouvant que dans les rôles d'Erwann d'Ambert "on n'avait pas assez le temps de bien le regarder"), à une exception près dans une série policière donnant à son Attéen (Travis Rutgersson) un rôle plus sérieux.
. L'une des rares interviews données à une équipe américaine (rares car il fallait aller en Finlande, pour ça) avait eu lieu quatre jours après la mort de Travis Rutgersson, abattu lors d'une promenade en vélo par des gamins jouant avec l'arme de leur père, or dans les questions déjà prévues, il y avait "envisagez-vous un jour de venir aux Etats-Unis"?
Erwann- le jour où il sera interdit aux gens d'y détenir des armes et où tout contrevenant passera immédiatement à la chaise électrique, peut-être.
. La mort de Travis Rutgersson (jouant dans une série à grand succès) avait relacé ce débat aux Etats-Unis. L'interdiction des armes avaient peu de chance de passer, tellement la mentalité "cowboy" était profondément ancrée (y compris en ville) dans ce pays, mais une autre loi semblait avoir ses chances: qu'en cas d'utilisation d'une arme par un enfant se l'étant procuré sans effraction ni agression, le propriétaire de l'arme soit jugé exactement comme s'il avait tiré lui-même, et délibérément, ce qui serait une épée de Damoclès conduisant à garder les armes sous clefs. Ca ne remettait pas en cause le "droit constitutionnel" de détenir une arme donc il était possible que certains Etats l'adoptent. La famille Rutgersson n'avait d'ailleurs pas attendu cette loi pour se porter partie civile contre le père des enfants au titre de l'homicide par imprudence, en prévoyant de dire aux jurés: "ils auraient pu tirer sur n'importe qui, y compris vous si vous étiez passés par là". L'instruction était en cours.

. VTP avait utilisé Erwann dans beaucoup de films, mais (à quelques exceptions près) sans l'y imposer comme personnage principal (laisser le choix entre plusieurs, pour le spectateur) et sans le filmer plus que nécessaire pour le rôle: il n'y avait pas de "plans de complaisance" sur lui ne servant à rien. VTP, sachant qu'il allait beaucoup resservir, en raison de ses aptitudes (car pour ce qui était de l'apparence, ils avaient trouvé d'autres "beaux blonds" en Suède et au Danemark, avant même la prospection finlandaise via VTPSF), avait estimé (dès "Les miroirs du temps") qu'il fallait éviter d'induire une saturation ou le risque d'une lassitude. Utiliser Erwann d'Ambert tant qu'il aurait réellement quelque chose à faire dans le film, d'autres personnages pouvant jouer les plantes décoratives surtout s'ils étaient moins aptes aux scènes d'action.
. En même temps, tout était soigneusement étudié image par image, au stade du projet virtuel: il y avait peu de plans proches sur lui, et toujours brefs, mais comme dans une publicité rien n'y était laissé au hasard. "En donner juste assez à ses fans pour avoir envie de le revoir", tout en ne l'imposant jamais "pour rien" à ceux qui ne s'intéressaient qu'aux scènes d'action. Le jeu et les expressions (même si la plupart du temps on ne les percevait pas, la scène étant filmée d'ensemble) étaient étudiés pour éviter la répétitivité d'un rôle à un autre, grâce au principe du préenregistrement par d'autres acteurs, ou à partir de modèles d'animation numériques déjà en stock. Il était un produit que VTP voulait réussir à bien vendre, mais sans en avoir l'air. Vu la qualité et le dynamisme des films, ça aurait pu marcher sans avoir vérifié tout cela, mais grâce à tout cela, ces films marchaient sans lasser: "le serpent de Mygdar" fit un beau score dès son démarrage, tout en ne pouvant pas (VTP le pensait aussi) approcher celui des précédents, mais pouvant espérer plus de cent millions d'entrées dans le monde. Ce n'était pas "un film de Vikings de trop", de l'avis du public. VTP risquait donc d'en "commettre" un quatrième...

. Erwann commençait à demander (et obtenir, parce que ça restait raisonnable) quelques petites modifications dans ses rôles, estimant que ça ne correspondait plus avec le "style" Kerfilm, en particulier si ça attirait l'attention sur l'acteur au lieu d'être utile au rôle. Des gens de VTP en avaient convenu, d'ailleurs, admettant qu'ils avaient laissé un peu trop de liberté aux scénaristes en raison de la nécessité de renouveller les scénarii. Erwann aimait bien le "post-civilisationnel", comme "les giboyeuses", "Cave Canem", "Neurobogues", "Soif" (pas encore tourné), ainsi que d'autres qui n'étaient pas de VTP, comme "Mad Max" ou "La planète des singes". Le succès planétaire de certains films comme "Peur filante" ou "Danger: nouilles" l'avait surpris, tout comme VTP, qui s'attendait à un bon succès populaire mais pas à avoir lancé des porte-avions, de même que Torx avait connu une carrière inattendue. Il espérait beaucoup du "Bout du monde", le thème d'une Terre plate avec des civilisations et faunes différentes sur chaque face offrant beaucoup de possibilités, en plus d'effets océaniques spectaculaires lors de l'arrivée au bout du monde. Ca commencerait en "péplum" un peu comme l'Odyssée, mais aboutirait en pleine HF (mâtinée de "Jurassik Park") de l'autre côté.

. Dans Torx, les chansons étaient en finnois quelle que fût la langue de doublage du film. La difficulté principale dans le choix de paroles en finnois était qu'il fallait respecter la longueurs des sons, ce qui laissait bien moins de liberté pour en "accrocher" à la musique de Millénium que dans les langues qui n'en tenaient pas compte. L'informatique avait beaucoup aidé à trouver des phrases qui ne fussent pas dénuées de sens ni d'intérêt tout en s'accordant au rythme musical préexistant. L'album "Torx" était la plus grosse vente mondiale en finnois, et ceci malgré la proposition par Millénium de versions dans d'autres langues: "peu importe que l'on ne comprenne pas le finnois: très peu de gens sont capables d'extraire les paroles des chansons en anglais sans les avoir déjà sous forme écrite, donc ça ne change rien".

. Torbjörn hultgren faisait preuve d'une belle endurance dans les matchs qu'il avait joués de bout en bout. En ce moment, il ressemblait à son personnage "Siegfried" de la série Niebelungen. Ce grand gabarit, bien que lourd, s'avérait parmi les plus rapides (même si pour les changements soudains de direction les légers évaient avantagés) tout en fournissant une poussée remarquable à l'arrêt lors des mêlées et une bonne capacité de remorquage quand on tentait de l'arrêter dans une offensive en s'y suspendant ou en le ceinturant. C'était toujours possible, mais ça nécessitait d'envoyer plus de joueurs (ou plus puissants) contre lui. Dans certains matchs où il ne rentrait qu'en 2ème mi-temps, il continuait à voir le match en surimpression (lui laissant aussi voir où il allait en vrai) dans des lunettes virtuelles pendant son parcours d'échauffement. L'étude scientifique de ses performances (entraînement réaliste mais bardé de capteurs physiologiques) montrait que son utilisation optimale était sur 45 à 58 minutes, selon la température. Quand il jouait tout un match, il n'était pas tout le temps à fond (se ménageant pour en avoir encore sous le pied à la fin) donc ne produisait pas des résultats aussi intéressants, face à une équipe de haut niveau: il fallait mieux l'utiliser en relais d'un autre joueur puissant et rapide qui serait ainsi économisé pour le match suivant.

. La réforme (spectaculaire) du système scolaire français, inspiré en partie du système Kermanac'h (classes "asynchrones" puisque par niveaux trimestriels matière par matière), en partie par les résultats bien meilleurs (en bien moins d'heures) obtenus par les élèves téléétudiant chez eux avait nettement remonté le classement de la France dans les comparatifs internationaux, surtout pour les moins de dix ans qui avaient bénéficié tôt du nouveau système. L'école ne servait plus du tout de garderie, tout en gardant un oeil sur les élèves scolarisés entièrement à domicile de façon à permettre l'examen fréquent par la médecine scolaire, en même temps que le contrôle de niveau, pour détecter des cas de maltraitance ou d'endoctrinement sectaire. Cela restait fort différent du système finlandais car nettement hiérarchisé, mais hérarchisé matière par matière, avec le droit d'en abandonner certaines après y avoir acquis le minimum vital (correspondant grosso modo à l'ancien "certificat d'études"). Il était maintenant fréquent de commencer des études d'ingénieur vers quinze ans, en ne "planchant" que ça et à un âge où les capacités d'apprentissage étaient bien meilleures qu'elles ne l'eussent été vers vingt ans. Dans les écoles d'ingénieurs aussi, le "tronc commun" avait été fortement réduit: "mieux vaut que les élèves cultivent ce dans quoi ils réussissent plutôt que de les forcer à n'être que des touche-à-tout bons-à-riens". Les universités au sens classique avaient disparu, remplacées par le téléenseignement pour les branches qui ne nécessitaient pas de travaux pratiques, et des écoles spécialisées, de petite taille (pas plus de cent élèves par année, chacune aussi en trois trimestres de niveaux) travaillant parfois en liaison avec le CNRS.
. Jadis la France était mal classée dans les comparatifs d'études supérieures car ce classement, d'inspiration américaine, ne prenait en compte que les universités (qui étaient en France déjà un signe d'échec de parcours scolaire) et non les grandes écoles. La disparition des universités avait obligé ce classement à prendre en compte les grandes écoles (d'autant plus légitimement que bien des "universités" étrangères avaient aussi des concours d'entrée, ou une sélection sur dossier...) d'où un progrès très important, en plus de ceux intrinsèques à celles-ci.
. Le classement sur toute une tranche d'âge s'était moins amélioré, car les réformes de l'ELR avaient dissuadé beaucoup d'élèves de faire des études supérieures "juste pour survivre": maintenant c'était à condition de ne pas en faire (et de ne pas faire d'enfants non plus) qu'ils touchaient un revenu minimum, cumulable avec les autres revenus donc n'imposant pas l'inactivité. Le pourcentage d'étudiants avait été divisé par trois, en plus d'une baisse de l'effectif total de la population des 15-25 ans suite à l'accès libre et facile au suicide pour tous. Non seulement on faisait bien moins d'études supérieures (sauf techniques et scientifiques, qui restaient subventionnées) mais en plus on les commençait plus tôt, vu l'amélioration du rendement du lycée (le "collège unique" avait disparu: on entrait au lycée en sixième, comme autrefois, ou dans des collèges d'autres types d'enseignements) où l'on étudiait déjà ce qui serait nécessaire dans les études scientifiques. La Terminale avait été supprimée, transformée en "classe préparatoire". Un élève n'ayant réussi à sauter aucun trimestre (mais n'en ayant pas redoublé non plus) dans les matières principales arrivait au Bac un an plus tôt qu'avant, les élèves "moyens-bons à bons" y arrivant vers quinze ou seize ans, le système favorisant l'accélération de parcours des bons éléments, contrairement au "nivellement par le bas" pratiqué antérieurement.
. Facteur de réussite supplémentaire: la possibilité de reporter la puberté (comme jadis on reportait le service militaire) ou d'atténuer ce phénomène souvent nuisible voire catastrophique pour les capacités scolaires. Non seulement les étudiants étaient en moyenne plus jeunes qu'avant (et donc moins fatigués, moins démotivés), mais en plus il avaient l'air encore plus jeunes qu'ils ne l'étaient. Les filles étant plus nombreuses à se faire installer le regulateur permettant de reporter la puberté (parce que plus précoce chez elles) que les garçons, leurs progrès avaient été plus importants. En plus d'une rémunération (dès les petites classes) des bons élèves (via l'école ou le contrôle périodique hors école), réussir le Bac ou un de ses équivalents (il y avait beaucoup de filières) ou entrer dans une école supérieure (certaines recrutant sans Bac) vallait majorité civile (celle-ci n'étant plus liée à l'âge, ni à la majorité pénale qui était sur examen de force physique et de réactivité mentale) et permission de passer le permis de conduire.
. L'utilisation de beaucoup d'acteurs jeunes (ou le paraissant) chez VTP n'était donc qu'en avance sur ce que devenait la société réelle.

. La jeunesse avait massivement voté pour l'ELR en 2002, ne souhaitant ni le retour à la "parentocratie" ni à la "fonctionnarocratie" antérieure. L'abaissement de l'âge de la majorité de 21 à 18 ans par Giscard ne lui avait pas apporté de nouveaux électeurs (au contraire), alors que pour l'ELR cela avait bel et bien été le cas, suite à la disparition de l'âge de majorité au profit d'un examen. C'était aussi l'ELR qui avait libéré la jeunesse (et les âges moyens) du fardeau des retraites en abolissant le système par répartition (qui ne répartissait pas, mais au contraire concentrait la ponction sur les éléments les plus utiles à la nation, au lieu de la répartir sur tous les consommateurs-pollueurs) au profit du financement par la TVA, la TPA et la taxation des nuisances, qui, elles, étalaient la charge sur bien plus de monde y compris sur les produits importés. L'ELR avait rappelé plusieurs fois que la gérontocratie antérieure faisait jusqu'alors payer son faste et son luxe par des générations qui n'en profiteraient jamais, tout ayant été dillapidé avant qu'ils n'atteignent cet âge. En même temps, les petites retraites (surtout celles des gens n'ayant pas eu d'enfants) avaient été améliorées, grâce à la suppression des grosses (hors épargne privée): en fermant tous les robinets gavant les lobbies et en utilisant l'argent ainsi récupéré pour améliorer la qualité de vie du plus grand nombre, l'ELR était sûr de faire bien plus de satisfaits que de mécontents donc de gagner les élections. De plus, comme c'étaient essentiellement ces lobbies qui finançaient les anciens partis, et que désormais, en plus de ne plus en avoir les moyens ils ne croyaient guère dans leurs chances de succès, ceux-ci (tout comme les grands syndicats d'autan) n'avaient pas pu renaître de leurs cendres. D'autres (bien plus dispersés, jeunes et proches du modèle associatif, dont ils étaient souvent issus) avaient pris leur place.

. A force d'observer en vidéo comment les autres s'y prenaient, Dinan avait finir par faire des progrès dans la conservation ou la capture de ballons dans les regroupements. Cette aptitude restait médiocre, essentiellement par les consignes strictes de ne pas se faire prendre en faute dans cette "zone grise" du jeu, où il existait quantité de "pièges à fautes" comme la règle du hors jeu et plus encore celle de libération du ballon, un joueur coincé avec par les autres étant jugé fautif sans avoir fait quoi que ce fût. C'était une des raisons d'interdire les tas (ou "rucks" ou "mêlées ouvertes") au rinnepallo car trop difficiles à surveiller par l'arbitrage automatique, et pas faciles pour l'arbitrage humain non plus. Jeu au sol médiocre au lieu de mauvais, toutefois, ce qui avec l'habitude prise d'éviter le plus possible de se retrouver dans cette situation et le meilleur taux de "conquête" du Top16 sur touches et mêlées, et le nombre de bons buteurs à bord (là où beaucoup d'équipes françaises n'en avait pas un seul franchissant les 60% de réussite) avait permis après le gain (assez prévisible dès janvier) de la poule 1, puis ensuite des phases qualificatives "plays-off", et la demi-finale contre Toulouse. A 80mn de jeu, Toulouse avait marqué dix essais, dont deux non transformés: 66 points, tandis que les Bretons en avaient inscrits trois (transformés), issus de mêlée proches de l'embut, cinq pénalités et neuf drops. Score pendant la dernière action en cours: 66-63 pour Toulouse. Faute sur le 12 breton à 41m de l'embut toulousain: un peu d'hésitation, puis les joueurs montrèrent majoritairement les perches: la probabilité de marquer un essai sur pénaltouche était trop faible par rapport à celle d'obtenir le nul et d'aller en prolongation avec une équipe un peu moins fatiguée que celle d'en face: marquer des points aux pieds (ou sur mêlée proche de l'embut) coûtait moins d'effort qu'aller faire le siège de l'embut breton pour y marquer des essais en force à l'issu de longues scéances de "pick & go" comme l'avaient fait les Toulousains, car en "maul" il ne pouvaient pas le faire, le DD disposant de plus de puissance motrice comme on l'avait vu dans toutes les mêlées gagnées, y compris donc toutes celles à introduction toulousaine. On demanda à Lefar de la tirer: ce n'était pas dans l'absolu le meilleur buteur (qui était Yvinnec) mais il n'était rentré que depuis quatre minutes alors qu'Yvinnec en avait déjà joué 80 et était l'auteur du neuvième drop, tiré de 46m. Or une pénalité était moins difficile qu'un drop, à position égale. Elle passa: prolongations, avec un peu moins de fatigue côté breton mais encore une nette supériorité de "débrouillardise" des Toulousains dans l'art de faire le siège de l'embut breton, ce qui conduisit à trois essais supplémentaires (dont un non transformé) tandis qu'en face il y eût cinq drops dont trois par Lefar, les Toulousains ayant bien du mal à intercepter le remplaçant de Kerdazenn rentré si tard dans la 2ème mi-temps et qui leur avait démoli (sans faute: percussion par le travers, au niveau des côtes, "comme un sanglier éventre un chien") déjà deux joueurs probablement trop fatigués pour bien gérer l'impact d'où rentrée de joueurs déjà fatigués (ayant été remplacés antérieurement) et pas poste pour poste, en plus.
. Pendant la dernière action en cours après les 80mn, le score était de 84 à 81. A l'issue de la mêlée faite sur en-avant biarrot à 12m de l'embut breton, Lefar reçut le ballon de Le Clézio (avec feinte de passe sur Le Manac'h) et partit pour une longue course en zig-zag façon rinnepalliste, en prenant appuis par "raffut" sur les joueurs qu'il éjectait pour faciliter des changements de direction. "Un sanglier en pleine forme à travers une meute de chiens haletant la langue à terre", dit un des commentateurs. Ou une boule de flipper arrachant les plots qu'elle percutait. Celui qui commit l'erreur de tenter de l'arrêter de face n'aurait pas pu jouer la finale, si Toulouse avait gagné ce match. Ce fut avec les trois derniers Toulousains fixés autour et sur lui (ceux qui s'y étaient mieux pris pour l'intercepter), et grâce à la vitesse déjà acquise (pas facile pour les "chiens" de freiner de sanglier en étant entraînés, car dans cette position les crampons ne mordaient pas la pelouse) finit par tomber... contre le poteau droit de l'embut biarrot, la tête calée par l'épaule de celui qui était sur lui d'où implosion du nez et d'autres dégâts de façade. Le choc éjecta celui qui était sur son dos et celui qui le ceinturait par la droite (donc se retrouvaient "hors jeu") tandis que celui qui avait glissé le long de ses jambes (c'était ça qui avait provoqué la chute) et formait boulet autour de son mollet droit ne l'empêchait pas de tomber dans l'embut, contre le poteau, avec son ballon.
. Lefar n'avait pas l'intention de tenter un essai, lors de cette percée: un drop aurait suffi à créer le nul suite auquel la scéance de tirs au but (façon foot, mais sans gardien) eût été "de la rigolade" pour les artilleurs bretons face à leurs adversaires, car dans cet exercice chaque joueur ne tirait qu'une fois, avant que l'on eût fait défiler toute l'équipe si aucune n'avait "fait le break". Pas l'intention de tenter un essai mais pas un mètre carré de disponible "un peu au calme", au cours de cette course, pour tenter un drop: tel qu'il était lancé, il ne pouvait s'arrêter net qu'en percutant face à face un adversaire (et comptait d'ailleurs là-dessus pour trouver le temps de mettre un drop) mais vu le sort des imprudents ayant tenté de cette manoeuvre face à lui (au lieu de l'attrapper latéralement, comme les trois derniers sur son parcours avaient su le faire) il ne trouva aucun butoir d'arrêt humain pour l'immobiliser et lui permettre de tenter le drop: il fallait donc continuer.
. D'autre part ce qui pouvait sembler de l'héroïsme: ne pas avoir lâché le ballon pour se protéger avec l'avant-bras, au lieu de s'écraser le nez contre le poteau, n'en était pas. Lefar savait que vu sa vitesse, sa masse et celle des trois autres sur lui, son avant-bras serait fracassé net (peut-être même une fracture ouverte) s'il tentait de parer le poteau ainsi, donc en plus de perdre le ballon (et le match) il se fût blessé pour bien plus longtemps qu'en tapant avec la tête. Toutefois il n'avait pas pu la baisser assez (car en fait il y avait "cravatte": le bras droit de celui qui était sur lui lui passait sous le menton) pour taper avec le front et c'était le nez qui avait servi de "structure déformable" pour résorber une partie de l'énergie. En même temps, l'épaule de celui qui était sur lui avait empêché la tête de reculer et donc tout risque de lésion des vertèbres cervicales. Quatre drops et un essai: bon score "perso" pour 25 minutes de jeu, l'essai ayant eu lieu à 81'12". Un match marathon pour les deux équipes (ça se voyait encore plus côté biarrot, mais les Bretons manquaient aussi de vivacité sur la fin, à part les remplaçants récents comme Lefar, ce qui avait facilité les trois derniers essais biarrots), avec 17 essais (13 pour Toulouse, 4 pour Dinan), 14 drops (tous bretons) et 172 points marqués en tout: 84-88 en faveur de Dinan. Les 19 mêlées (dont huit sur introduction toulousaine) avaient toutes profité à Dinan, qui avait aussi confisqué 8 des 17 touches toulousaines, sans perdre une seule des 22 qu'ils avaient eu à lancer. Possession du ballon: 72% Dinan, 28% Toulouse. Occupation du terrain: 54% Dinan, 46% Toulouse. Ceci illustrait aussi l'infériorité nette du jeu au sol breton par rapport aux Toulousains: avec un tel taux de conquête les Toulousains auraient mis au moins 25 essais aux Bretons, qui n'en avaient mis que 4, et n'en auraient pas subi plus de trois, au lieu de 14. Toutefois le style de jeu toulousain dépensait bien plus d'énergie par point marqué que celui des Bretons, qui en défense "au près" se contentaient de quelques belles percussions (éprouvantes pour le percuté, mais sans fautes: l'entraînement aux arts martiaux y veillait) aux moments où le ballon n'était pas sous un tas et d'intercepter plus de passes que ne parvenaient à le faire les Toulousains. Par contre, les "rucks" avantageait énormément les joueurs du Sud-Ouest, le péril breton n'existant qu'au moment de transmettre le ballon transversalement. Le rugby scientifique breton savait que les prolongations seraient fatales aux Toulousains ce qui expliquait la rentrée de Lefar si tard, "comme le Me262". En remplaçant Kerdazenn (après 76mm dont les quinze dernières manquaient de reprise: en théorie il eût fallu le changer plus tôt, vu l'intensité du match), Rahan n'avait pas fait que de l'infiltration-raffut-rebond pour tenter de placer des drops: il avait aussi été fort actif en défense, rattrappant des échappées toulousaines (il y en avait eu quelques-unes, le temps de réponse d'une bonne partie de la défense bretonne ayant lui aussi augmenté) en se contentant souvent d'envoyer le poursuivi finir sa course en touche (ça se produisait surtout au bord) et tout de même plusieurs courses loins des lignes de touche finissant par un bond "tel un léopard sur une gazelle" en applatissant avant l'embut le joueur poursuivi: dans cette manoeuvre, il n'y avait pas de moyen de défense à part courir plus vite, or les 3/4 les plus rapides de Toulouse étaient maintenant moins rapides que le prédateur breton, les rattrappant comme le Me262 un Spitfire ou un Mosquito. Cette manoeuvre n'était possible que parce que les autres Bretons étaient encore suffisamment bien organisés pour ne pas laisser d'échappatoire ailleurs, en particulier pour une passe vers un joueur de l'autre côté ou sur un bord depuis le centre. En fait les Bretons auraient pu marquer plus de points dans les prolongations mais il fallait impérativement rester en état de jouer la finale, alors que Toulouse l'eût certainement perdue, vu l'épuisement des joueurs, sans compter les blessés.

. Pour Lefar, le match s'interrompait au moment du coup contre le poteau, puisqu'il reprit conscience 40 secondes plus tard, aux mains des soigneurs. Choc spectaculaire (du sang partout, y compris sur le ballon) mais sans dommages fonctionnels, semblait-il (ce qui se confirma plus tard), tout en nécessitant de gros travaux de chirurgie esthétique. On le revit en tribune pour la finale contre Paris, avec un masque tigré vert et noir (aux couleurs du DD) lui couvrant une grande partie du visage, un autre élément assorti lui entourant la mâchoire inférieure de sorte que l'on ne voyait de peau que sous le menton, le reste étant couvert par les protections et les cheveux.
. Jouer la finale contre le DD ne réjouissait pas les Parisiens: "ah bon, pas encore eux", d'ailleurs ils avaient été caricaturés, avant cette finale, habillés comme les pirates d'Asterix (mais avec une voile rose) disant "les bre-bre, les bre-bre, les Bretons" en claquant tout des dents à la vision de la voile rayée vert et noir. Toutefois après Hiroshima et Nagasaki cette fois ce ne serait peut-être "que" Tchernobyl, car le DD sortait d'un match éprouvant, avec deux joueurs indisponibles (Lefar et Noguet: le 6, qui avait l'épaule droite "à rétablir") qui étaient parmi les plus puissants et pugnaces, et malgré une possession (certains disaient "un monopole") du ballon s'était avéré être une opération portes ouvertes pour les essais toulousains. L'entraîneur parisien s'attendait donc à perdre toutes les mêlées ou presque, beaucoup de ses touches, à subir un bombardement de drops mais aussi à pouvoir saisir des opportunités de marquer, mais serait-il possible de faire aussi bon usage de ce peu de temps de possession du ballon que les Toulousains étaient parvenu à le faire dans un match aussi intensif de part et d'autre? Les Bretons avait marqué 88 points mais les Toulousains leur en avaient mis 84. Certains pronostiquaient quelque chose comme 60-35 en faveur de Dinan.

. Ce fut 57-26: sept pénalités et douze drops bretons, quatre essais parisiens dont un non transformés: un des trois marqués dans l'angle, imposant un tir très oblique. Un match ressemblant plus à ceux du DD dans le Top16, tout en encaissant plus d'essais car le match précédent avait obligé à renouveller plus les effectifs donc c'était un "mix" de l'équipe domicile (mais sans Lefar) et de l'équipe d'extérieur (mais sans le "sanglier d'Armorique" Valéry Noguet) en ne faisant rentrer les Krüger qu'à la 55ème minute, pour mieux écrabouiller la mêlée parisienne qui reculait déjà bien face au pack "sans Krüger". C'était aussi grâce à eux que des rucks avaient été proprement déménagés, ce qui n'avait pas permis aux Parisiens de continuer à exploiter "à la toulousaine" leurs rares possessions de ballon en fin de match. Deux des drops avaient été marqués par Philippe-Alexandre Rivannel, le talonneur "bis" de Dinan (titulaire dans ce match avec les deux piliers "bis", pour n'envoyer les Krüger que plus tard) donnant l'impression qu'il fallait vraiment se méfier de tout le monde, pour le jeu au pied, dans cette équipe. La technique était un lancer en touche court (fait par Rivannel, alors que quand Fritz était talonneur ce n'était généralement pas lui qui lançait) qui lui était immédiatement renvoyé pour lui permettre de partir derrière l'alignement adverse et tenter le drop plutôt que l'essai (trop loin et trop "encombré" pour ça). On y rôdait aussi son remplaçant, Ferry Delamarre, pour la même raison: ajouter encore un tube à l'orgue de Staline breton. Une variante existait avec lancer plus classique vers le premier bloc de saut, le sauteur renvoyant le ballon vers Rivannel (qui avait un peu reculé après le lancer pour ne pas être hors jeu) qui se lançait alors dans un sprint aboutissant à son deuxième drop du match. Ce risque existait moins avec Fritz Krüger: lui (qui était dans l'alignement et non au lancer), il serait parti directement à l'essai comme un rhinocéros, poussé en maul par ses deux cousins, si l'équipe en avait détecté la possibilité et lui en avait transmis la consigne. Ce ne fut pas le cas dans le match. Pour Paris il y avait un progrès net: après n'avoir marqué aucun point puis un seul essai dans les deux premières rencontres avec le DD, cette fois ils en avaient marqué quatre. Rivannel qui n'avait pas encore d'engagement ferme avec le DD pour l'an prochain accepta la proposition de Biarritz qui était bien plus allèchante que celle... du Stade Français, qui s'y intéressait aussi après s'être pris deux drops de sa part et n'avoir jamais pu le prendre en défaut en mêlée. Le DD venait de perdre l'un de ses buteurs, en plus d'être son ex-talonneur remplaçant. "Un talonneur qui tient bien en mêlée, qui lance impeccablement et qui en plus réussit des drops, il nous le faut", avait-on estimé à Biarritz, d'où une offre sur laquelle le DD n'avait pas l'intention de surenchérir: pas question de se lancer dans une inflation salariale, on avait tout l'été pour spécialiser le jeune Ferry Delamarre (1982) à cette tâche (cette année, il avait joué 12 et 15, n'étant talonneur qu'une seule fois), le DD ayant toute confiance dans l'efficacité de son centre de formation. On apprit un peu après qu'il faudrait aussi changer les "piliers bis", rachetés par Narbonne. Le DD avait engagé les Krüger "pour longtemps" (la durée du contrat étant secrète) mais ne s'était pas couvert pour sa "première ligne bis", dont l'excellent Philippe-Alexandre Rivannel, une grosse perte bien que moins utilisé et bien moins connu (il ressemblait "à n'importe qui") que Fritz Krüger.

. Le DD gagnait la finale du Top16 sans avoir marqué d'essais et bien que fort animée, cette finale ne recréait pas le spectacle épique de la demi-finale DD/ST. Dans les médias s'intéressant au rugby (et pas uniquement, vu la "médiatisabilité" de nombre de joueurs du DD) on s'intéressa encore plus au DD et à ses joueurs que pendant que le club breton promu de D2 "dévastait" déjà le Top16.

. Cette année Dinan avait aussi comme avantage (pour le Top16) de ne pas participer au championnat européen (ce serait pour sa deuxième "saison") et n'avait eu aucun joueur recruté par le XV de France, ce qui consitutait un avantage face aux équipes les plus sollicitées pour cela. Cette critique ne s'adressait pas à Dinan mais au XV de France: "il y a tant d'excellents buteurs à Dinan qu'ils ne se seraient même pas rendus compte qu'il leur en aurait manqué un ou deux alors que la France en aurait eu tant besoin dans le Tournoi". Le sélectionneur, auquel cela avait maintes fois été mentionné y compris avant le Tournoi, avait répondu une fois que les joueurs de Dinan dépendaient d'un contexte d'entraînement technologique qui supposait que toute l'équipe s'entraîne ainsi, mais que si ce club confirmait ses bons résultats il faudrait réfléchir pour l'avenir à utiliser de telles méthodes dans l'équipe nationale. Sur les six meilleurs buteurs formés scientifiquement à Dinan (d'autres étaient en élaboration: l'idéal eût été que tous les joueurs fussent aptes à réussir un drop à 25m, à défaut de leur demander de le passer à 40), trois avaient un contrat sur deux ans, les trois autres sur seulement un an et ils furent aussitôt recrutés par des clubs étrangers: un en Irlande et deux en Angleterre. Dinan savait que sans le système du DD leurs performances baisseraient, toutefois en s'entraînant classiquement, après ces acquis, ils pourraient garder assez de précision pour rester de très bons buteurs, à défaut d'être excellents. "Les buteurs, spécialité bretonne", avait confirmé la finale où c'était au pied que le DD avait marqué tous ses points contre le SF, gagnant malgré les six essais marqués par ce dernier. De plus six joueurs bretons, et non un ou deux comme dans les autres clubs, avaient marqués des points au pied. C'était ça le gros problème pour l'adversaire: trop de buteurs potentiels à surveiller pour le risque de drop.

. Il restait l'infériorité dans le jeu au sol, mais les progrès étaient perceptibles par rapport à 2001-2002 où la plupart des équipes de D2 parvenait à y prendre des ballons ou mettre en faute des joueurs de Dinan. Sur 2002-2003, Dinan savait empêcher les équipes faibles du Top16 de jouer ainsi (en les privant de ballons avant) et limiter les dégâts face aux équipes fortes, dégâts que les drops suffisaient généralement à rembourser, puisqu'il n'y avait eu que deux défaites, toutes deux à domicile: une contre l'ASM, l'autre contre Biarritz. L'ASM était de ce fait (un nul, une victoire) la seule équipe à n'avoir pas perdu contre les "vert et noir", parmi celles l'ayant rencontré: avec le système des deux "poules", dans le Top16, certaines équipes ne se rencontraient pas, contrairement à ce qui se fit par la suite dans le Top14.

. On en apprit plus aussi sur les Krüger: s'ils n'étaient pas de tous les matchs, ce n'étaient pas que pour les économiser ou prouver que l'équipe pouvait gagner sans: c'était parfois qu'ils avaient un peu trop fait la fête les jours précédents. Ils respectaient la discipline de ne pas le faire les semaines précédant un match en extérieur, car là, Dinan estimait avoir besoin d'eux dès le début du match (même si parfois il n'y en eu que deux), mais avant les matchs à domicile ce n'était plus tout à fait la rigueur germanique. Il y avait maintenant quatre Krüger et non trois à bord: un troisième cousin (moins blond et moins massif, mais excellent sauteur avec ses 2m05) jouait parfois en 2ème ligne. On trouvait aussi parmi les remplaçants un Roumain et un Canadien, en plus du Suédois et du Finlandais souvent titulaires: ces nationalités avaient pour avantage de ne pas avoir de grande équipe de rugby souvent sollicitée à l'international, contrairement aux Anglais, Irlandais, Argentins, Sud-Africains, etc. Le DD pouvait donc les utiliser aussi souvent que nécessaire en cours d'année.

. Comme convenu en cas de victoire en finale du Top16, le Dynamo de Dinan allait faire un "calendrier" avec plusieurs de ces joueurs, ceux-ci ayant accepté en cas de victoires. Pas tous, toutefois. D'abord ils n'étaient pas tous photogéniques dévêtus, d'autre part ça ne convenait pas à toutes les mentalités.
. Pour ce qui était des "transferts", BFR n'avait pas l'intention de se lancer dans l'escalade salariale: les rats quitteraient le navire, on était déjà en train d'en former d'autres qui ne se prendraient pas non plus pour des stars donc l'esprit sérieux et "industriel" du club serait préservé. Le départ des Krüger aurait posé problème mais ils ne semblaient pas "corruptibles": ils préféraient simplement rester en Bretagne. Torbjörn Hultgren avait été contacté par le ST et le SF, en voyant que Dinan ne lui donnait pas tant de temps de jeu que ça et qu'il était peut-être débauchable, pour cette raison, mais pour le moment le Suédois préférait laisser monter sa cote en restant en Bretagne: l'an prochain il jouerait plus souvent, en raison de quelques départs et des progrès en précision comme en endurance (apprendre à consommer moins d'énergie pour autant d'efficacité) constatés à la fin de cette saison.

. Erwann rentra en France en juin pour y tourner "Soif", "Croisière grouillante", "Géode 565" et "le bout du monde" (meilleur scénario de 2003, selon Erwann), tout en participant à la mise au point des robots à animation réaliste dont les visages et les mains bénéficaient d'une amélioration de la formule électrocontractible de l'Ebsep de BFR. Il put aussi tester le "monocoptère", ayant la forme d'un sac à dos à harnais. Les rotors concentriques ("à la Kamov") utilisaient chacun quatre pales, rapidement démontables et transportables comme des skis (mais en moins lourds) de part et d'autre du groupe accumulateurs+moteurs+transmission. Les moyeux étaient simplifiés: il n'y avait ni commande de pas collectif ni cyclique, ceci par l'utilisation de deux moteurs électriques indépendants et d'un dispositif d'inclinaison de l'ensemble: le poids du corps et des accumulateurs (qui y restaient liés) représentant les trois quarts de l'ensemble, la gestion "pendulaire" des déplacements était très efficaces sans avoir besoin d'une inclinaison importante. Une ogive transparente protégeait la tête du pilote du souffle des pales. La différence de vitesse de rotation entre les deux rotors servait à faire pivoter le tout à droite ou à gauche, la variation d'altitude étant obtenue par variation du régime, un moteur électrique s'y prêtant bien mieux qu'une turbine. L'engin pouvait voler environ quarante minutes, atteignant une vitesse horizontale de près de 100 km/h. L'absence de tout élément éloigné du moyeu contribuait au bon rendement de soulèvement des rotors, sans avoir à utiliser des pales longues. Une sphère située au dessus de l'arbre fixe tranversant les deux rotors contenait un parachute, assurant un atterrissage peu violent quel que fût l'altitude (sauf trop basse pour déployer le parachute) et le type de panne. La présence d'un parachute contrôlant la chute de l'aéronef (et pas juste du pilote) était déjà fréquente pour les ULM, et la sphère contenante n'étant pas gênante aérodynamiquement pour le "monocoptère", puisque centrale.
. L'appareil développé par Kermanac'h avait initialement un usage militaire: prendre de l'altitude depuis n'importe où avec les moteurs électriques pour ensuite finir silencieusement (même pas le bruit des pales) en parachute orientable en territoire ennemi. Son autonomie était moindre en raison de moteurs plus puissants permettant d'emporter une arme d'assaut et suffisamment de munitions. L'analyse de la météo permettait de savoir vers où monter pour faciliter la descente vers le point souhaité. Aymrald avait accepté de présenter la machine dans une émission scientifique et technique grand public, même si ensuite Kermanac'h s'était demandé si c'était un bon choix: "les gens vont penser qu'il faut être cascadeur pour l'utiliser, et en plus certains savent qu'il est déjà pilote de vrais hélicoptères", toutefois cela signifiait que la machine était sûre, sinon VTP n'aurait pas autorisé son acteur le plus utilisé à s'en servir. Il fit aussi une démontration de panne: on vit le parachute se déployer et permettre la réception assis sur un coussin gonflable rappelant les ballons sauteurs des années 70: il n'était pas nécessaire d'avoir des jambes de parachutiste pour s'en tirer sans dommage.

. Le modèle militaire ayant évolué, l'ancien était maintenant commercialisé avec une autonomie augmentée (au détriment de la charge utile) comme engin de loisirs, de photographie aérienne, etc. Il existait une version à moteur thermique pouvant voler plus longtemps, mais perdant l'avantage du silence (juste le souffle), donc de l'autorisation de voler presque partout, et de la simplicité d'entretien. Des hommes d'affaires utilisaient la version électrique pour se rendre à leur bureau (sur le toit de la tour) sans l'inconvénient des embouteillages ou de la cohue des transports publics: les accus, rechargés pendant la journée de travail, permettaient le retour. Le parachute se déployant automatiquement à partir d'une certaine vitesse de chute, l'engin était réputé sûr, en plus d'être silencieux, donc beaucoup de villes avaient autorisé des survols: pas partout, mais de la périphérie à certains quartiers.
. Kermanac'h savait que les Russes proposeraient bientôt la même chose, sans être sûr qu'ils le fissent pour moins cher, le monocoptère ayant été optimisé lui aussi (comme le Kéroptère 55) pour la fabrication automatique: Kermanac'h avait embauché (en CDD) pour installer un plus grand nombre de lignes d'assemblage de ses nouveaux véhicules volants, et non pour les assembler. Kermanac'h fabriquait aussi des ULM électriques (classiques: de type "avion simplifié") permettant de voler plus loin mais nécessitant 80 à 100m de route, piste ou parking vide pour décoller ou atterrir. Kermanac'h avait estimé que les gens s'accomoderaient plus facilement d'une autonomie de l'ordre d'une heure de vol que d'une heure de circulation en voiture électrique, car dans le premier cas il s'agissait surtout d'un loisir, dans le second d'un besoin réel de transport. C'était un domaine (tout comme la navigation de plaisance) où il n'y avait pas encore eu d'offensive à bas coût des pays "émergeants": il fallait donc être le premier à le simplifier (moteurs électriques sans entretien, gestion fortement automatisée des commandes) et à le démocratiser (coùt d'achat proche de celui d'une voiture familiale, recharge bon marché, entretien réduit) de façon à rentabiliser l'automatisation de production et couper ainsi l'herbe sous le pied des Coréens, Chinois et peut-être même des Russes, qui avaient beaucoup d'expérience en matière d'hélicoptères y compris petits (puisqu'il existait des drônes, chez Kamov) mais pas de leur marché "grand public". La plupart des aéronefs électriques Kermanac'h étaient monoplaces, les accumulateurs occupant de fait la charge utile qui eût été nécessaire pour un passager, par rapport à une version thermique.

. La Suède n'ayant pu se qualifier pour la coupe du monde de rugby, Torbjörn ne put y participer, puisqu'il s'agissait d'équipes nationales, et non de clubs.

. Le "tournois des cinq nations" (puisque maintenant le rugby était à six, on ne pouvait confondre) se déroulait entre la Finlande, la Suède, la France, la Belgique et l'Argentine: ce n'était pas le Danemark qui avait intégré le tournois: l'Argentine avait plus de clubs de rinnepallo (sport demandant des aptitudes pouvant aussi recycler des footballeurs) et des joueurs souvent présents dans les clubs français ou belges, en échange de quoi les matchs qui auraient dû se dérouler en Argentine se dérouleraient au Danemark, solution proposée par les Argentins pour éviter des déplacements aux quatre équipes européennes, et inclure d'une certaine façon le Danemark dans le tournois: ses terrains, à défaut de ses joueurs. Le tournoi occupait la première quizaine de juin, chaque pays jouant quatre matchs (et aucun à domicile, comme depuis le début de ce tournois). La Finlande fit de nouveau le "grand schelem", l'équipe de France se contentant de battre les trois autres et de finir ainsi seconde. L'Argentine, nouvelle venue, fut battu par tous, mais pas écrasée (perdit de seulement deux points face à la Belgique), et cette fois ce fut la Belgique qui battit la Suède. Les médias continuaient à moins retransmettre ces matchs que ceux des sports classiques, mais ceux des pays concernés diffusèrent au moins les matchs joués par leur propre équipe. Les matchs avaient lieu simultanément par paires (par exemple France/Suède en Belgique et Argentine/Finlande en France), et toujours le samedi matin ou le dimanche matin (de 9h30 à 11h: il n'y avait pas de pause de mi-temps au rinnepallo, et leur durée était la même qu'au football) pour limiter la concurrence avec d'autres retransmissions sportives. Cela évitait aussi d'exposer inutilement aux UV de fin mai ou début juin (le calendrier variait d'une année à l'autre, selon les autres évènements sportifs) les joueurs nordiques: Finlande, Suède, surtout pour les matchs se situant dans ces pays où les "heures dures" solaires commençaient plus tôt. En acceuillant l'Argentine plutôt que le Danemark, le tournois s'équilibrait (deux pays latins, deux pays nordiques, et un pays "du nord de l'Europe non nordique": la Belgique) et prenait une dimension "mondiale" au lieu de seulement européenne. L'Argentine espérait aussi intégrer un jour un tournois de rugby européen, et l'exemple d'ouverture donné par la fédération européenne de rinnepallo lui semblait consituer un précédent intéressant.
. L'Irlande commençait aussi à s'intéresser un peu plus sérieusement au rinnepallo qu'avant: certains de ses clubs étaient d'un niveau valable dans la coupe européenne des clubs: là, les joueurs d'autres pays, dans la limite de quatre par équipe, étaient autorisés, puisqu'il ne s'agissait pas d'équipes nationales. Erwann jouait donc avec Juustomeijeri, sauf s'il était en France pour tournage auquel cas il jouait avec l'équipe de VTP22 (où Vittorio était "permanent", de même que quelques autres acteurs de VTP22): dans ce sport non lucratif, les clubs ne pouvaient pas "acheter" des joueurs, donc la participation à plusieurs clubs était possible. Ca aurait pu poser problème en cas de rencontre entre les deux clubs utilisant tour à tour un même joueur, mais dans le cas d'Erwann, l'un comme l'autre savaient qu'il ferait personnellement de son mieux dans l'équipe où il serait à ce moment, car Juustomeijeri était l'équipe avec laquelle il avait créé le rinnepallo moderne et VTP22 était sa région natale ainsi que nombre de ses camarades de VTP. Le rinnepallo était un sport très télégénique, en raison de sa vivacité (et des chutes, il ne fallait pas le nier) et du très peu de temps morts (d'où la nécessité de joueurs endurants) mais il y avait nombre de voix, y compris à l'intérieur de la fédération européenne (essentiellement finlandaise) pour souhaiter que l'on ne tînt plus compte des points sur les faces du ballon-dé pour modifier la valeur des essais. D'autres estimaient que ça pimentait ce jeu dont la régulation électronique (jusque dans les joueurs et jusque dans le ballon) éliminait la quasi-totalité de l'arbitraire de l'arbitrage humain: il restait une part de flou, mais qui ne dépendait pas de l'inéquité éventuelle d'un arbitre. De plus, un joueur adroit pouvait réussir à poser le six en l'air, lors de l'essai. Il suffisait d'y avoir pensé en recevant le ballon, ensuite ça se faisait tout seul s'il était déjà bien placé sous le bras ou en mains. Ce qui freinait le plus la diffusion du rinnepallo était la nécessité d'avoir un terrain de 120m avec les pentes correctement placées et identiquement inclinées. Quelques terrains motorisés existaient déjà, surtout en France: on pouvait remettre à plat les extrémités (solidement engazonnée: l'élément porteur était épais donc profond) pour s'en servir aussi comme terrain de rugby en replantant les poteaux moins loin. La Finlande pratiquait très peu le rugby et disposait d'une grande surface par habitant, donc n'avait pas besoin de terrains à géométrie variable. Erwann trouva encore un autre "résumé" sur le rinnepallo:

§§§rinnepallo (mot composé finnois contenant "ballon" et "pente"), jeu finlandais dérivé du rugby (en moins brutal et plus rapide) avec ballon cubique et terrain à extrémités en pente. Les semelles n'ont pas de crampons (juste des lamelles souples) d'où l'importante de l'équilibre en glissade pour pratiquer ce jeu. On suppose que l'idée du ballon cubique était originellement destinée à l'empêcher de dévaler tout seul les pentes, et que quelqu'un a eu ensuite l'idée d'en faire un dé, à l'époque où c'était un jeu entre quelques localités des environs de Juustomeijeri. On doit à Erwann d'Ambert (ingénieur sur place) l'informatisation de ce jeu (arbitrage électronique) et le développement de méthodes d'entraînement scientifiques de haut niveau, tout en conservant son caractère strictement amateur (que le rugby a perdu depuis 1995). Le rinnepallo, simple curiosité locale, se répandit ensuite dans une grande partie de la Finlande, ainsi qu'en France (car vu comme un excellent entraînement à faible risque pour les acteurs de VTP), en Suède, puis en Belgique et dans bien d'autres pays. Toutes les usines du groupe BFR possèdent au moins un terrain et une équipe sérieusement entraînée, ce qui a contribué à la diffusion de ce jeu dans d'autres pays européens. Il existe un tournois des quatre puis des cinq nations, l'Argentine ayant récemment rejoint le quatuor Finlande, France, Suède, Belgique, et une coupe d'Europe des clubs, mais l'organisation d'un vrai championnat du monde pâtit du statut amateur du jeu et de l'interdiction de vendre des droits de retransmissions, ainsi que de la publicité sur le terrain et les joueurs. Quelques Etats (dont ceux du tournois des cinq nations) mettent à disposition de leurs équipes nationales des moyens de transport et d'hébergement pour participer à des compétitions à l'étranger. Les entreprises peuvent aussi créer des terrains et mettre de la logistique à la disposition d'équipes, mais ne doivent pas utiliser les joueurs ni les matchs comme vecteurs publicitaires: le principe "même sans logo ça se sait assez vite et ça contibue à l'image de l'entreprise" semble suffire à certaines, en particulier BFR qui fournit aussi l'alimentation vitaminée optimisée de ses joueurs. De ce fait, on note un développement du rinnepallo dans le système scolaire de divers pays, ce sport régulé informatiquement étant considéré comme un bon apprentissage des règles, de la géométrie, de la logique, de la préparation tactique de phase de jeu et de la coopération entre joueurs tout en comportant moins de risque de blessure que le rubgy ou même le football. L'armée française a depuis cette année des terrains de rinnepallo, en raison du sens de l'équilibre en manque d'adhérence et de la rapidité de décision que développe ce jeu, et c'est aussi le cas de beaucoup des acteurs de films d'action de VTP§§§

. N'en déplût aux afficionados du rugby, Torbjörn Hultgren avait démontré qu'un bon joueur de rinnepallo pouvait devenir un excellent joueur de rugby, alors que l'inverse n'avait rien d'évident, en raison des exigences d'équilibre en glissade. Torbjörn devait aussi sa carrure de déménageur à la pratique assidûe de la brasse papillon.

. Le 4 juin 2003 ce fut "la statue de Dorian Gray" qui sortit urbi et orbi en stéréoscopie (et une semaine plus tard dans les salles monoscopiques), avec pendant trois heures le parcours à travers le temps de plusieurs quartiers de Paris, ses voitures, ses habitants, prouesse technique expliquant la durée de post-production.

. En 1997 VTP avait fait le téléfilm "Le portait de Dorian Gray", assez fidèle au roman (Angleterre du XIXème siècle: calèches, redingotes, brouillard à ne plus voir ses propres pieds. L'ambiance "Jack l'Eventreur"), où Dorian était joué par Emiliano, la star de leurs séries télévisées de l'époque.
. Cette fois l'histoire, tournée avec bien plus de moyens (pour les décors) était transposée à Paris, de 1925 à 2000, et jouée par Kalle Alioravainen (qu'Erwann n'avait jamais rencontré): pour mieux ressembler à sa sculpture (monochrome), le personnage devait être soit nordique soit africain très noir. Kalle Alioravainen, emprunté chez VTPSF, n'était pas un sosie de Viljami (ou Erwann), ni de la catégorie "Kare" ni de Jarkko. Il avait sa propre apparence, tout en passant sans faute à l'Emilianomètre. Il avait été choisi d'une part parce qu'il avait appris assez de français pour pouvoir se débrouiller chez VTP, d'autre part parce que ses traits agréables (critère indispensable pour ce rôle) pouvaient vieillir moins bien que ceux d'un Kare ou d'un Erwann, chacun dans son genre. Il avait besoin de sa jeunesse, alors que les deux autres catégories pourraient plus facilement s'en passer: elle ne leur apportait qu'un "plus", la fraîcheur et l'éclat du neuf. Kalle était moins invariant qu'eux, comme le montraient ses photos de classe où il ne se ressemblait pas encore. Ce n'était pas "le même mais enfant" et ce ne serait probablement pas "le même mais en vieux", vers soixante ans. Les essais de simulation de vieillissement déjà fait sur des personnages comme Atte ou Erwann par VTP montraient que le temps les userait sans vraiment les changer. Erwann lui-même (avant de savoir qu'il avait la chorée de Huntington) s'imaginait facilement dans tel ou tel de ces vieux pêcheurs bretons, regard presque disparu derrière une meutrière effondrée prolongée par des rides, lèvres comme "avalées", angles de la mâchoire plus apparents. Il n'aurait pas, supposait-il, une "boule de chewing-gum mâché avec des yeux au plat" ni "une longue tête de cadavre aux orbites creuses", comme il en voyait chez d'autres vieux. Vieux loup de mer tanné, tassé et crevassé par le sel, ça il pouvait l'imaginer. Certains de ces vieux tout fripés mais que l'on pouvait imaginer avoir été jeunes, et même enfants, contrairement aux"boules de chewing-gum mâché" et aux "longues têtes de cadavres". De plus, en évitant le soleil, ça ne lui arriverait que bien plus tard qu'aux vieux qu'ils voyait ainsi.
. En Finlande, il avait vu que les gens ne vieillissaient pas tout de la même façon.

. Dix-huit statues différentes (la dernière en gargouille crevassée et bossue à échine saillante) furent produites par une des machines à prototypage 3D qui servaient déjà à créer toutes sortes d'éléments de décors compliqués pour des films, par exemple des statues équestres, puis métallisés sous vide. Certains exemplaires furent refait en métal coulé par technique de la "cire perdue" (le matériau de prototypage pouvait fondre sans brûler) de façon à avoir le poids et la résistance nécessaire pour être manipulé dans le film. L'intérêt d'une statue par rapport à un portrait était que l'on voyait les effets sur tout le corps, pas juste le visage, et sous tous les angles. Il y avait bien plus de versions à l'image, par infographie. On voyait certains changements se faire.

. Le reste suivait le scénario du roman, en commençant en 1925, à ceci près que la statue remplaçait le portrait. Dorian voyant le modèle de cire (qui allait être remplacé par du métal par technique de la "cire perdue") rêvait de rester ainsi pour l'éternité. Il obtenait via un pacte obscur un sachet de poudre à verser dans l'alliage d'aluminium (le scupteur lui disait: "c'est le même que celui que Bugatti utilise pour faire ses moteurs: ça permet une grande précision dans les moindres détails") en fusion juste avant la coulée dans le moule en plâtre contenant le modèle en cire.

. La première altération dont il s'apercevait était un épaississement des flancs de la statue, en comparant avec lui-même: début de "poignées d'amour" et dessin estompé des abdominaux, suite à des repas copieux et bien arrosés. Un portrait n'aurait pas pu montrer cela, de même que la déformation progressive de toute la posture, sous tous les angles.

. L'entraînement suivi par Kalle pour d'autres films, joint à une bonne discipline alimentaire, selon VTP, lui avait donné (à partir d'une bonne géométrie d'origine génétique) un corps élégant sans couenne ajoutée, même si l'infographie avait aidé à le faire paraître encore un peu mieux pour ce film, dans les scènes dévêtues, peu nombreuses: une fois qu'il avait été vu ainsi et que le public savait qu'il ne changerait pas de tout le film, c'était surtout ce qui arrivait à la morphologie et aux traits de la statue qu'il souhaitait suivre. D'où la réalisation de dix-huit modèles, pour pouvoir les voir souvent. La plupart étaient en résine alumisée sous vide, quelques-uns en aluminium coulé. La collection était exposée dans une longue vitrine chez VTP, un peu comme celles évoquant jadis l'évolution du singe à l'homme. Ici la série allait du beau jeune homme à la gargouille bossue à l'échine saillante.

. Ceci le menait jusqu'à la fin du siècle: on voyait les changements de voitures, le vieillissement des autres personnages, ainsi que de la statue.
. Le scénario étant connu d'avance, le public viendrait pour la qualité des effets spéciaux et l'agrément d'apparence du personnage principal.
. Erwann observa qu'au cours de ces 80 ans Dorian ne changeait pas tellement de coupe de cheveux: ce n'était qu'un peu plus long dans les années 70 et un peu plus court derrière dans les années 50, l'avant ne changeant que par la façon de se coiffer, qui, elle, variait beaucoup d'une époque à une autre de même que les vêtements. Les fans de Kalle pourrait l'observer dans tous les styles "chics" ayant existé et sous toutes les coutures, au sens propre. Les autres personnages évoluaient plus car eux vieillissaient, en plus de suivre plus ou moins les modes. Beaucoup de virtuel avec "morphing" 3D, une part de masques électrodéformables sur acteurs réels ou robots animés.
. VTP avait proposé aux grandes maisons de couture parisiennes d'en proposer pour réexposer sur Dorian et ses amis (amis à renouveller, parce que devenus trop vieux entretemps) leurs anciennes collections. Certaines avaient trouvé l'idée intéressante et prêté les vêtements. Les stylistes de VTP en avaient aussi créé d'autres.

. Les amateurs d'automobiles anciennes apprécieraient aussi: Hispano-Suiza, Voisin, Buccialli, Bugatti... Le personnage appartenant à un milieu aisé le parc automobile l'était aussi. En 1961, Dorian conduisait (entre autres) une Facel II puis une Jaguar type E, au début des années 70 une SM, une Countach, une BMW 30 CSL, etc. L'évolution de Paris reprenait le savoir-faire mis en oeuvre pour "Alvéole 75", mais en remontant jusqu'en 1925. Les plus observateurs (quand ce serait disponible sur support enregistré) reconnaîtraient des mouvements de caméra dans le Paris de 1985 qui étaient exactement ceux d'Alvéole 75, et pour cause: ça évitait d'avoir à tout resynthétiser sous un autre angle.
. Tarsini avait encore réussi à mettre de l'architecture partout dans l'adaptation d'un roman dont ce n'était pas le sujet, mais aucun spectateur ne le lui reprocherait, estimait VTP: c'était si bien fait et si progressif, au lieu de grands sauts dans le temps, que le public pourrait souhaiter revoir le film rien que pour prendre le temps d'observer cela, après avoir d'abord suivi l'histoire. Le vieillissement des personnages autres que Dorian était tout aussi intéressant à observer.

. Les simuations du Paris des années folles (stockées avant l'ajout des personnages et des véhicules en mouvement) resserviraient dans d'autres productions VTP, de même que celles des évènements de 1968 et bien d'autres. Certaines scènes de l'Occupation provenaient directement de "Gamma", d'autres en réutilisaient la synthèse de décors (y compris les parades militaires nazies) en intégrant d'autres personnages. Dorian collaborait d'une façon assez spéciale pour garder son train de vie: il contribuait à un Lebensborn situé en Alsace, où après quelques mois on lui apprenait qu'il était stérile (dans la plupart des légendes, les immortels l'étaient) puis devenait résistant de l'avant-dernière heure pour ne pas avoir d'ennuis à la Libération.
. A cette époque, la statue avait de la bedaine, un début de poches sous les yeux et les cheveux moins épais devant.

. 4CV, 203, Frégade, Aronde, 403, DS, 404, Ami-6, R16: le temps allégeait et élançait les formes, affinait les cadres de vitres et affutait les angles (idem pour les locomotives électriques, d'ailleurs), sorte d'évocation (mais autrement) des années 1925 automobiles (dessin net, cadres fins), puis semblait hésiter entre aérodynamisme et cubisme (R14, 505, R9, Fuego, Volvo 740, 205, BX, Sierra, R25, Espace...) avant d'entamer un retour vers le lourd et le mou dans les années 90.
. La vapeur cèdait la place à l'électricité et au diesel, les hélices aux réacteurs, la lessiveuse à la machine à laver, le jazz au rock puis à la "pop" et au disco, les jupes des filles raccourcissaient encore plus vite que les cheveux des garçons ne s'allongeaient. La couleur remplaçait le noir et blanc, tant pour les voitures que les vêtements et les objets (conquis par le plastique) que pour (plus lentement) la télévision. Au fil des diverses histoires vécues pendant l'après-guerre par Dorian, la statue subissait nettement les outrages du temps et des mauvaises habitudes de vie de son modèle.

. Un objet suffisait parfois à indiquer une nouvelle date, comme quand on voyait Dorian essayer (sans succès) de réordonner un Rubikube.

. Pendant les années du début du sida (où Paris des années 80 resservait), Dorian le transmettait d'une conquête à une autre (des deux sexes: le personnage d'origine étant ambigü, celui du film pouvait l'être aussi) sans en être atteint. On ne voyait aucune "scène de cul" mais on savait (sauf les petits enfants) qu'elles avaient eu lieu.
. Dans les années 90 il devenait "golden boy" sniffant des lignes de cocaïne en pratiquant allègrement le "délit d'initié", quitte à provoquer ce faisant le rachat de groupes européens par les Américains ou les Asiatiques et des millions de licenciements. Le personnage d'arriviste retournant sa veste chaque fois qu'opportun correspondant selon VTP à ce qu'aurait pu faire celui du roman d'origine dans le contexte moderne. Pour ne pas lasser, le film ne durait que 2h30, dans lesquelles VTP lui faisaient parcourir 80 ans, ainsi qu'à sa statue.

. La question avait été: on ne peut pas détruire une statue en métal d'un geste d'emportement. Comment serait-elle détruite?

. VTP avait souvent utilisé la foudre pour tuer ou réanimer des personnages, en particulier dans Sartilvar. Ce serait donc soit la foudre, soit un câble à haute tension (lors d'une tempête) qui tomberait sur la statue, mais pour cela il fallait qu'elle fût à l'extérieur.

. La solution venait de la spéculation sur les métaux: en raison de la hausse du cours de l'aluminium, elle était volée par les plombiers venus modifier le système de filtration de sa piscine d'intérieur, au dernier étage de son hôtel particulier du Parc Monceau. La statue découverte par hasard dans un grand placard mural de l'immense salle d'eau était chargée sur un diable, descendue par l'ascenseur (un "Roux Combaluzier" à grille en fer forgé de style "nouille") et chargée dans la camionnette. On la revoyait plus tard, sous la pluie dans un terrain clôturé plein de métaux volés, regroupés par nature: les alliages d'aluminium, l'acier inox, et le cuivre provenant quantités de câbles électriques volés sur des chantiers ou même dans des installations en service puis brûlés pour se débarasser des gaines isolantes.

. C'était au cours d'une soirée dans son "club" que la foudre tombait sur le dos (qui en était la partie la plus saillante, dans sa configuration 2000) de la statue. L'évolution se produisait alors en accéléré sur le modèle humain, comme s'y attendait le spectateur. Et encore: comme il était habillé, on n'avait pas droit à tous les signes de mauvaise vie et de décrépitude corporelle vus dans la statue qui, elle, retrouvait en se dépliant, se remusclant et se lissant la morphologie et les traits d'origine de Dorian, avec juste la petite trace de fusion dûe à l'impact de la foudre entre les homoplates. Ce point d'impact, logique compte tenu de la position fortement voûtée à vertèbres saillantes du centenaire, était aussi une allusion à l'endroit (équivalent du talon d'Achille) où Hagen pourfendait Siegfried dans "Niebelungen".

. En repensant à certaines scènes du film, pour les comparer à d'autres reconstitution dans d'autres films, Erwann se rendit compte qu'il manquait quelque chose, par rapport (entre autre) à l'image de la "garçonne" et son long fume-cigarette: l'alcool coulait à flot, sans oublier l'expérimentation des drogues, mais personne ne fumait, même dans les années 50 du film. Ce n'était pas du tout évoqué, et pour cause: comme si ça n'avait jamais existé. VTP aurait pu se contenter d'indiquer à la fin "aucun acteur n'a réellement fumé dans ce film: la fumée est ajoutée par infographie ensuite", comme cela avait été fait pour d'autres (Traction, Chargeur Camembert) mais Erwann avait entendu dire que certains pays coupaient les séquences de tabagisme dans les oeuvres récentes (voire toutes), en particulier lors de la diffusion télévisée. La France ne le faisait pas, sauf si un plan proche et prolongé sur l'allumage et le "tirage" d'une cigarette par un personnage était totalement inutile au scénario (or c'était très jadis fréquent) donc ne pouvait avoir été mis là que suite à une subvention tabagiste clandestine (voire non clandestine pour certains films étrangers où l'on voyait la marque du paquet). Un personnage pouvait encore fumer dans un film, téléfilm ou série si on n'insistait pas à l'image dessus, s'il se passait en même temps autre chose que cela, ou bien sûr si un autre l'en empêchait ensuite. L'ELR avait totalement interdit le tabac fumable, mais disait "dans les films, il est normal que des personnages transgressent les lois: ils preuvent commettre un viol ou verser des déchets toxiques dans une rivière, donc il peuvent aussi fumer. Il faut juste que ce ne soit pas là que pour ça". On ne s'en rendait pas forcément compte dans "Dorian Gray" si on ne comparait pas à des films plongeant dans la même époque, de même que beaucoup de spectateurs de "Dallas" n'avaient pas remarqué par eux-mêmes (avant que quelqu'un n'en fît la remarque) que personne n'y fumait, bien avant les mesures anti-tabagiques américaines, alors que l'on aurait pu s'attendre au gros cigare accompagnant le whisky et la personnalité de JR.

. Aymrald se souvint en voyant les poingées d'amour apparaître autour de la statue que lui aussi se tâtait et se pinçait souvent pour surveiller tout début d'engraissement, sachant que c'était par là qu'il pouvait se détériorer en cas de négligence. Il n'en faisait pas tout un plat, ne cherchant pas à être "sec" de morphologie (il pensait que ce n'était pas souhaitable, en plus de ne pas être confortable) mais contrôlait souvent, de même que l'on était censé vérifier la pression de ses pneus quand il ne s'agissait pas d'increvables. Mieux valaient des pneus bien gonflés et un ventre plat que l'inverse. Malgré les chairs artificielles de BFR qui s'y vendaient bien, il voyait encore beaucoup de bedaines, en Finlande, surtout en cette belle saison où l'on ne portait plus les vêtements d'hiver. La natation en monopalme lui évitait d'avoir à appliquer entièrement la méthode de Roy Valford, même s'il savait que manger un peu plus que nécessaire et brûler le surplus par exercice supplémentaire créait des toxines et radicaux libres qu'une alimentation réduite et peu d'activité physique n'auraient pas produits. Il estimait que puisqu'il ne mangeait pas de mauvaises graisses ni ne buvait d'alcool (ou très rarement), il avait de la marge en matière de capacité à résorber les toxines métaboliques.

. Il essaya de savoir dans quoi avait déjà joué Kalle Alioravainen dont il n'avait jamais entendu parler, chez VTPSF. Commando 22? Lobosibirsk? Oui: il avait eu un petit rôle dans Lobosibirsk. Le rôle "Dorian Gray" ne demandait pas d'aptitudes particulières aux scènes d'action (il y en avait quelques-unes, notamment celles dans lesquelles il était blessé), et l'utilisation d'un personnage "neuf" du point de vue du spectateur contribuait à lui donner sa propre personnalité. L'essentiel de l'intérêt visuel du film était tout ce qui changeait autour de lui, et non le beau garçon qui lui, ne variait que de vêtements et de coiffure.

. En fait (il ne l'apprendrait que bien plus tard) Kalle Alioravainen n'existait pas: VTP avait profité de l'abondance de trucages pour tout le reste, qui attireraient plus l'attention, pour faire jouer un robot (qui serait virtuel à d'autres moment), la froideur de jeu d'un acteur finlandais (pas tous, mais certains) convenant bien à cette expérience. La plupart des acteurs de VTP existaient déjà sous forme de robots à leur image les remplaçant dans certaines scènes, même quand il ne s'agissait pas de celle de destruction façon "Viande urbaine". Cette fois le robot n'imitait pas un personnage réel, mais virtuel, dérivé (initialement) de Jarkko, mais auquel au fil des essais infographique on avait donné une apparence inédite, tout en restant émilianocompatible.

. Le robot n'était pas encore apte à remplacer Erwann dans un rôle d'adresse, la gestion de la qualité des appuis restant plus facile (pour le moment) pour un acteur humain (entraîné) qu'artificiel. Les sitcoms étaient déjà partiellement robotisés (mais il y avait plus de personnage virtuel, pour meubler les arrière-plans, que de robots) et le seraient entièrement dès que l'investissement dans les robots réalistes deviendrait plus rentable que les jeunes acteurs fort peu payés de VTP et utiles à bien d'autres choses, entre les tournages proprement dits.
. Erwann savait -pour y avoir travaillé techniquement, bien avant Gamma- qu'il y avait des robots très ressemblants (les siens recyclaient ses cheveux, mais seulement en surface, recouvrant du "blond finlandais" plus banal de façon à avoir assez de "blond ambertien" pour un catalogue de perruques pour tous ses rôles) mais jusqu'alors VTP n'en avait pas utilisé de bout en bout pour un rôle principal dans un grand film.

. "Teutonisation" sortit le 25 juin 2003 (puis le 2 juillet en monoscopie). Aymrald passait beaucoup de temps à voler avec le monocoptère, laissant deux accumulateurs à charger pendant qu'il en utilisait un troisième: le temps de charge n'était que deux fois celui de vol. Avec cet engin volant compact, pouvant être rangé dans une voiture (même les pales, si le système de sièges s'y prêtait ou s'il y avait une "trappe à skis") il avait l'impression que l'on était enfin en l'an 2000 "comme dans les films", même si c'étaient les piétons qui volaient et non les voitures.

. "Soif" était une anticipation sinistre (mais vivement animée, ambiance à la Mad Max sauf qu'ils se battaient pour l'eau).
. "Le bout du monde" en était une AVM ("Autre Version du Monde", catégorie pouvant comporter aussi Troglodia), qui commençait comme un péplum sur cette terre plate à double face pour aboutir à de la HF sur l'autre face. Le titre aurait pu être "la face cachée de la terre" mais "le bout du monde" avait paru plus parlant à VTP.

. Il y eut aussi "croisière grouillante", un film d'horreur de deux heures se déroulant à bord d'un nouveau paquebot de croisière géant, à propulsion nucléaire pour être totalement autonome, envahi par une espèce mutante imprudemment pêchée par un touriste et gardée par curiosité dans un des aquariums de bord.

. Le navire de "Croisière grouillante" n'existait pas réellement, contrairement au "Cheval de Neptune", tout en étant moins original d'allure: c'était un grand monocoque très long (360m), équipé d'un réacteur nucléaire, puisque reconversion civile d'un projet de porte-avions nucléaire soviétique non terminé faute de budget, racheté par un armateur norvégien (dont Erwann jouait le fils issu d'un remariage tardif, avec un penchant pour l'alcool et les fêtes à bord) et terminé par un chantier naval lituanien. Ceci expliquait le problème des manuels de maintenance en russe de toute la machinerie et quelques erreurs.
. Projections de langues collantes, de bave acide ou de filaments gluants s'étirant comme du gruyère fondu, ponte de larves dans les victimes, le film donnait dans le "gros gore" à souhait, comme "Digestion" ou "Oubliettes", films ayant très bien marché. Il suffisait de renouveller le contexte et le type de monstres, chose faite via la croisière sur navire nucléaire. L'ambiance de luxe festif dépensant sans compter pouvait rappeler Oubliettes, sauf que dans le film terrestre les "choses d'en bas" de montaient pas en surface, alors que dans "Croisière grouillante" aucune zone n'était durablement épargnée, à part le confinement du réacteur nucléaire dans lequel certains survivants se réfugiaient, avant d'avoir l'idée de ressortir semer des appâts truffés de poudre de déchets radioactifs, préparés à l'aide d'un télémanipulateur et d'une "boite à gants". Cela tuait nombre de bestioles, mais en faisait muter d'autres en encore pire. On pouvait penser à "gremlins", mais en moins "grosse farce". Les versions mutantes présentant le risque de se répandre partout en mer, Gert (Erwann), ayant plusieurs larves rempant sous la peau, neutralisait le système de chute automatique des barres de contrôle en cas de surchauffe puis attaquait à la disqueuse le circuit de refroidissement du réacteur, en disant (dans la VF) "chauffe, Marcel!" au moment où l'eau radioactive se mettait à fuir (puis il remontant dans les coursives jusqu'à la proue) de sorte que le film se terminait par un champignon nucléaire sur une zone d'eau intensément lumineuse (effet Cherenkov) puis s'évaporant, suite à la fusion du coeur. L'évolution de son personnage, initialement gosse de riche invivable et insousciant, devant finalement prendre la décision qui s'imposait, n'était pas absurde, car cette forme de suicide était moins douloureuse que ce qui était en train de lui arriver, comme à bien d'autres (la plupart étant déjà hors d'état de prendre des décisions): se faire irradier n'aurait pas le temps d'avoir des conséquences si l'explosion survenait peu après. On voyait bouillir les bestioles qui avaient déjà commencé à nager hors du navire pour conquérir le monde. Au moment de l'explosion, on voyait juste un instant comme la radiographie de la structure du navire, puis plus rien à cet endroit, écran tout blanc, la vue d'ensemble avec la mer en train de bouillir et le champignon revenant par recul du point de vue. Juste avant l'explosion, on voyait Gert, à la rembarde de proue, dire "je suis le roi du monde", façon Titanic.

. Certes, il n'était pas si simple que ça d'obtenir une vraie explosion nucléaire à partir d'un réacteur (même soviétique): même à Tchernobyl l'explosion n'avait pas été nucléaire (sinon le bâtiment aurait totalement disparu), mais chimique (hydrogène) tout en projetant de la matière radioactive partout et pour longtemps. Toutefois le public pourrait l'admettre comme fin, puisque les bestioles étaient elles aussi imaginaires.

. Le quatrième tournage était une SF dans une planète artificielle (servant en même temps de vaisseau spatial vers une autre galaxie, d'où la durée multigénérationnelle du trajet, même au delà de la vitesse de la lumière) dont les boyaux métalliques pouvaient être parcourus en tous sens à l'aide de patins à roulettes électriques, ainsi que des sortes de tire-fesses à induction (pas de perche). VTP se souvenait de ce qu'une bonne partie du succès (énorme et imprévu) de "Peur filante" venait de la fluidité et de la rapidité des déplacements des personnages, dont parfois des loopings au plafond des couloirs quasi-cylindres du métro. D'où le tournage de Géode 565 au moment où beaucoup d'acteurs de VTP avaient les cheveux longs, pour d'autres tournages, même si moins qu'à l'époque de "Peur Filante". Cette fois la direction de la gravité était variable, voire nulle (effets d'apesanteur obtenus par infographie) comme dans "Dédalux", mais avec une esthétique des lieux totalement différente: autant celle de Dédalux était cartésienne, dure, miroitante, autant celle de "Géode 565" était fluide et balistique. La surface de la planète n'était pas pleine mais poreuse, les vaisseaux se posant entre les méandres du réseau de canaux de transfert et des constructions.

. Ceci n'était que l'ambiance, et non l'histoire, qui était un "thriller" contre la montre dans lequel plusieurs groupes ou solitaires convoitaient la même chose, avec alliances et trahisons. Les personnages étaient tous jeunes (paraissant 18-25 ans) et au lieu d'une "réduction" (comme dans le fim du même nom) la punition était d'être ralenti, fonction secondaire possible de la puce d'apprentissage immédiat (qui supprimait l'école) implantée dans le cerveau.

. Aymrald repartit en Suède et ce fut Adrien (qui avait aussi joué dans "Géode 565") qui l'y accompagna. Il faisait anormalement chaud, cet été, de sorte qu'ils passèrent beaucoup de temps dans l'eau: bien que ne transpirant pas plus que des enfants (donc ne s'épuisant pas par deshydratation) la chaleur était fatigante. Les chats étaient répandus comme des carpettes, rêvant probablement d'un dallage en marbre au lieu du plancher de pin de la sommarstuga.
. Dans les studios de VTP22, la clim fonctionnait bien, et la maison bretonne de ses parents avait une bonne inertie thermique, donc il n'y faisait pas encore chaud, fin juin.

. Il ne s'était pas demandé si Pia avait des copains suédois: peut-être, ni s'ils étaient utilisés comme chats ou comme autre chose: ça ne le regardait pas. Pia avait beaucoup aimé "la planète des chats", films dans lequel Adrien et lui étaient parmi les personnages principaux (après les chats, bien sûr). Stéphane se rendait en Suède avec le faux Gorak, qu'il avait pu garder avec lui après le film, pour continuer à perfectionner sa gamme de comportements. Il avait voyagé dans une valise, parmi ses autres affaires, pour ne pas avoir besoin de prouver à la douane sanitaire suédoise (il y avait une quarantaine) que ce n'était pas un vrai chat, ce qui eût été facile mais aurait fait perdre du temps et surtout attiré l'attention sur lui.
. Pia trouva l'expérience intéressante et l'imitation de comportement de Garok étonnante: on pouvait lui faire les câlins et gratouillis comme à un vrai chat, y compris le moment (peu prévisible) où il commençait à en avoir assez (surtout si c'était le ventre qui était chatouillé) et envoyait un coup de patte. Stéphane expliqua que là, il était en mode "réaction libre", mais que pour les films, on pouvait obtenir de lui exactement ce que souhaitait le scénario, contrairement à un vrai chat, tout en faisant attention (dans le scénario) à ce que le comportement demandé restât réaliste.

. Adrien Le Guern était un personnage encore moins médiatisé qu'Erwann, juste plus que le mystérieux Florian (qui ressemblait effectivement à Zhao en plus grand et plus froid: Erwann l'avait déjà vu), compositeur de Millénium. Millénium ne faisait jamais de scène (tout en composant pour des groupes qui en faisaient), mais Adrien avait joué quelques petits rôles, ce qui suffisait à susciter des documents sur lui:
. §§Chanteur-imitateur et occasionnellement acteur ayant un air de famille avec Erwann d'Ambert, Adrien le Guern fait toutes les voix des chansons du groupe Millénium, beaucoup de doublages, et, pense-t-on, certaines des voix des Bifidus ainsi que des Småprat, l'élasticité exceptionnelle de sa tessiture le lui permettant. C'est aussi lui que l'on entend dans Torx. D'un naturel plutôt réservé, il ne semble pas envisager une carrière d'imitateur "en tant que tel".§§
. Quelques précisions comme:
"ayant passé son enfance dans un élevage félin, il fut conseiller comportemental pour le tournage de La planète des chats, en plus d'y jouer", ou:
"petit, il imitait nombre d'animaux avant d'apprendre à imiter aussi les gens, à mesure que sa voix acquérait les graves tout en conservant la plupart des aigüs. Chez VTP il commença par doubler beaucoup de personnages de dessins animés tout en enregistrant des chansons de Millénium".

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