vendredi 10 avril 2009

chapitre N-17

###N-17
VTP trouvait Erwann visuellement intéressant mais "qui ne dérange pas" depuis qu'en Suède, au Danemark puis en Finlande ils en avaient recruté de plus grands, plus puissants, plus glacialement nordiques ou au contraire plus légers (voire "gentillets"): ainsi dilué parmi ces importations frigorifiques, il savait que si on le mettait dans beaucoup de films c'était parce qu'il était estimé techniquement apte à y jouer, sinon d'autres (les "Attéens") auraient pu visuellement le remplacer: pas à l'identique, mais "dans ce genre-là", car si on voulait aussi des yeux verts au lieu de bleus, l'infographie pouvait s'en charger (idem pour son "petit plus" dentaire), de plus le rythme du scénario et la façon de filmer ne laissait guère le public s'y attarder. Visuellement, il s'aimait de plus en plus, alors qu'autrefois il y pensait rarement, tout en sachant qu'il n'avait pas tel, tel et tel défaut (la liste était longue) vus chez tel, tel, ou tel autre: "contrôle technique vierge", ça, il le savait depuis bien avant VTP, mais l'absence de toute faute d'orthographe ou de grammaire et une impression de bonne qualité sur du bon papier ne suffisaient pas à rendre un texte agréable à lire, alors en était-il de même pour l'apparence? Maintenant, il pensait que oui (contrairement aux textes). Ce narcissisme était une conséquence du cinéma, supposait-il: VTP attirait son attention sur son image, même si la façon de jouer restait ce que l'on exigeait le plus de lui (au point de l'utiliser comme modèle comportemental pour d'autres, en plus de ce qu'il jouerait directement), et ce par quoi (probablement) il était plus souvent choisi pour des rôles "parmi les principaux" que la moyenne des autres. "ne pas saturer le public de la présence d'Erwann d'Ambert", de façon à pouvoir s'en resservir sans faire penser ": tel qu'il était animé et filmé, et bien que facilement reconnaissable (sauf là où il en imitait un autre, ou un imaginaire) on pensait au scénario, éventuellement au personnage, plus rarement à l'acteur (sauf ses fans "perso"), ou seulement après le film. Le rôle mégalo (mais efficace) de Sigmar Thorgård aurait pu suggérer à l'acteur le jouant de "tirer la couverture à lui", ce qui n'était pas "ambertien", d'où (en plus de l'imitation infographique ou robotique d'Atte, et pour faciliter celles-ci) le recentrage sur les avions et nouvelles armes une fois décidé de l'y faire jouer.

Erwann avait appris que dans les tournages "classiques" un acteur ne tournait en fait que quelques minutes par jour, compte tenu du temps énorme perdu à tout préparer puis modifier entre deux prises. Lui (et bien d'autres VTP) tournaient "presque autant que des ouvriers sur tour à métaux". Il y avait toutefois quelques poses, mais par exemple, quand il reviendrait pour les tournages, il ne pourrait aller à la piscine en cours de journée que lorsqu'en suite (par exemple dans Serranix) son personnage viendrait d'arriver de l'extérieur sous des trombes d'eau: autre tenue à enfiler, mais aucune perte de temps en sèchage (jamais rapide car son contrat chez VTP leur interdisait de le sècher à l'air chaud, de sorte que quand il jouait de la HF, s'il jouait des scènes "trempé", c'étaient toujours les dernières de la journée). Suite à quoi il enchaînerait sur une autre scène de "bien trempé" mais dans "Délit de savoir", plateau 25. C'était cette méthode d'économies d'étapes évitables (gérées par ordinateur) qui contribuait au rendement de tournage élevé (record mondial, pour de la qualité "grand cinéma") de VTP. L'aptitude d'Erwann à "zapper" mentalement entre ses personnages sans jamais les inter-contaminer (comme un joueur d'échecs dans une "simultanée") y contribuait aussi, d'où la tentation pour VTP de l'utiliser plus intensément que souvent, dans l'année, d'autant plus que BFRSF en avait encore besoin sur place.

VTP avait prévu qu'il ait un peu de temps (malgré tous ces tournages) pour la participation aux améliorations techniques et à l'entraînement du Dynamo de Dinan, ainsi qu'au rinnepallo (qu'il faisait en fait sur son temps libre). Au Dynamo de Dinan ce matin il était sur la pelouse à règler des systèmes avant l'arrivée des premiers joueurs, dont Galliot qui lui dit: "ah oui, je me disais aussi que d'habitude Le Clézio était plus petit", puis (Galliot était assez familier de ce genre de truc) il fit la scène à la Dark Vador en prenant Aymrald (car Erwann c'était pour le cinéma) d'une seule main ouverte sous le menton (mais sans l'étrangler: les doigts restaient suffisamment ouvert, appliqués sous la mâchoire) et le décollant ainsi du sol, exercice qui supposait de garder la tête bien droite et contribuait ainsi à muscler l'avant du cou du soulevé. Aymrald connaissait et la manoeuvre fut "comme au cinéma", la suffocation en moins. Ce fut Le Morzadec (116kg) qui l'interrompit: "trop facile avec lui: essaie un peu avec moi". Aymrald était un peu chambré par l'équipe (un gars qui tapait dans un dé en guise de ballon était difficile à prendre vraiment au sérieux) mais jamais méchamment, toutefois c'était plus familier que d'habitude: les piliers Krüger s'amurèrent même à le lancer, le tenant l'un par les pieds, l'autre par les mains, en le balançant plusieurs fois avant de le lâcher: "un cascadeur de VTP ça retombe toujours sur ses pattes", ce qui fut le cas, mais ils n'arrivèrent pas à le lancer aussi loin que Le Clézio. Le Dynamo de Dinan n'était donc pas aussi "rugby industriel" à l'entraînement qu'il n'en donnait l'impression dans les matchs. Aymrald avait déjà pu prouver qu'il n'aurait pas été ridicule comme ouvreur remplaçant (tapant dans le ballon élipitique, dit "ovale") dans cette équipe et qu'à l'entraînement (qui ne lui était pas interdit) ses aptitudes tant de cascadeur que de rinnepallo le rendaient très rapide, agile au cadrage-débordement (car il savait déjà le faire sans crampons, au rinnepallo) et pas mauvais non plus en plaquages astucieux de joueurs un tiers plus lourds que lui. Il le faisait couvert de pastilles et réflecteurs pour des essais d'amélioration du système télémétrique. L'ambiance était techniquement sérieuse mais moins froide qu'au rinnepallo, mais ne lui faisait pas regretter d'avoir choisi le ballon cubique car la montée à l'assaut des pentes en équilibre glissant lui manquait sur le terrain de rugby, "morne plaine" désespérément plate. Il fallait aussi tirer plus haut les transformations, au rinnepallo, en raison de ces montées, et de fait on les tirait rarement au delà de 45m, sur un terrain qui en totalisait 120 (40 plats au centre, 40 en montée à chaque bout). Il joua quelques entraînements de rugby comme arrière (avec un protège-dents plus robuste que ceux habituellement utilisés au rugby, car c'était un modèle destiné à la boxe: VTP avait mis cette condition), poste où l'on mettait parfois des joueurs plus grands et plus lourd (ressemblant aux ailliers), parfois moins, ressemblant à l'ouvreur, d'où des permutations 10-15 dans certaines équipes, 11-15 ou 14-15 dans d'autres. Certains joueurs pouvaient occuper à peu près aussi bien les postes 11, 12, 13, 14, 15. Les postes 11 et 14 étaient plus indiqués pour Aymrald au rinnepallo (où les pentes dissuadaient les coureurs lourds) qu'au rugby où les titulaires de ces postes disposaient de plus de puissance car ils pouvaient allègrement franchir les 100kg.
Ceci modifiait beaucoup l'échelle de valeur perçue par Aymrald: dans la vie ordinaire, il était dans les grands (sans être très grand) et nettement plus solide que la moyenne, alors que sur un terrain de rugby il était de taille moyenne et léger, ce qui avec sa précision au pied le prédisposait aux postes 10 et 15.

De retour dans VTP il vit fonctionner la nouvelle "banque de figurants": des milliers de corps (déjà costumés), de têtes, perruques, autres accessoires (parapluies, gants, bottes, sacs, bonnets...) pouvaient être sélectionnés séparément et assemblés pour fournir un automate (assez simple: on était loin des robots de simulation de tournage, même si certains corps disposaient d'aptitudes spécifiques, par exemple faire du vélo (et même mettre du courrier dans des boites, pour disposer d'un facteur automatique "faisant partie du décor d'une scène", etc) ou avoir l'air de manger, pour "d'autres tables" plus loin dans un restaurant ou réfectoire). Chaque composition d'un figurant matériel engendrait aussi un figurant virtuel alors que l'inverse n'était pas rapidement possible: l'outillage automatique pouvait fabriquer des corps souples, des masques, etc, à partir d'une étude virtuelle mais ça restait plus difficile à automatiser pour les vêtements, sauf bien sûr ceux pouvant être travaillés de même, ou faits d'éléments moins mous: armures (y compris semi-flexibles), scaphandres de cosmonautres, de plongeurs, etc. La "machine à vêtir" avait toutefois fait de gros progrès, surtout quand il ne s'agissait pas d'obtenir quelque chose de confortable (puisque mis sur un personnage artificiel) ni durable à porter: dans ce cas, on pouvait presser-coller les "coutures" après avoir tendu les éléments de tissus, cuir (généralement artificiel) ou autre sur une forme (automatiquement) et obtenir un résultat tout à fait satisfaisant pour quelques tournages, mais qui ne l'aurait pas été pour du commercialisé destiné à des humains devant pouvoir tirer plus dessus, voire laver en machine, etc. Il n'y avait pas non plus à se soucier du confort au contact de la peau ni des problèmes thermiques, ce qui donnait bien plus de liberté dans le choix des matières et des procédés d'assemblage.
Ce système morphométrique était en fait apte (grâce aux modèles émilianométriques (mouvements inclus) de tous les acteurs réels de VTP) à faire du sur-mesure dans tout un tas de style, découper les pièces, faire directement certaines coutures et se contenter d'en "punaiser" (sortes de boutons-pressions évoquant en miniature des antivols de magasin ou des punaises à deux têtes, s'applatissant bien en ne créant qu'un trou d'épingle dans les tissus) d'autres pour les couturières humaines. Le procecus n'était donc pas entièrement automatique (sauf pour certains patrons s'y prêtant bien, idem pour les matières: tout dépendait de la capacité à automatiser leur mise en tension sur des formes paramétrables pour assurer des coutures impeccables) mais faisait gagner beaucoup de temps et d'argent pour confectionner, cette fois, du "portable et durable", aptes à résister à de nombreuses scènes d'actions sans jamais gêner les mouvements nécessaires à celles-ci. On pouvait ainsi obtenir quelque chose d'aussi "strict" à voir qu'un costume tout en étant en fait aussi confortable qu'un pyjama, et parfois aussi solide qu'un "treillis". Le prix de reviens (compte tenu de l'occupation de la machinerie, rapporté à son coût d'installation) était plus élevé qu'un achat en hypermarché, mais incomparablement moindre que de la "costumerie" de cinéma habituelle, même quand une partie de la confection VTP requiérait l'intervention de couturières humaines. Ce qui était destiné à être mis en pièces (fréquent, dans les films d'aventure) ou ne servirait que dans peu de scènes était produit de façon entièrement automatique, en utilisant des moyens d'assemblage calculés (automatiquement, au simulateur) pour lâcher d'une certaine façon (donc dans un certain ordre) sous effort exercé dans telle direction, y compris là où il ne semblait pas (à vue) y avoir de raccord. Cela permettait d'en avoir vite et à frais réduits plusieurs exemplaires au comportement identique (ce qui, cette fois, eût moins été le cas en exécution manuelle) s'il fallait refaire la prise.
Grâce à la "banque de figurants", ceux des péplums n'étaient pas aussi systématiquement virtuels que l'on aurait pu le supposer, ce qui évitait le coût infographique du "rendu réaliste" de ceux vus de "pas assez loin", dans une foule. Toutefois l'infographie permettait d'imiter avec un grand naturel n'importe quel comportement, ce qui était toujours plus coûteux à robotiser quand il était inédit: une foule évacuant en panique des gradins était bien plus réaliste (et moins coûteuse) à simuler en virtuel, malgré le niveau de détail poussé exigé, que la même sous forme d'automates: leur donner une telle agilité les eût fait entrer dans les budgets "robots substituables aux cascadeurs", donc d'un coût dissuasif pour une utilisation en nombre. La différence principale entre la robotique humanoïde de VTP et celle des labos japonais était que la première connaissait d'avance le scénario, donc n'avait qu'à ajuster son comportement à ce que détectaient ses capteurs, et non l'improviser entièrement (les robots de VTP ne pouvaient s'adapter d'eux-mêmes aux mêmes "problèmes" que leurs concurrents japonais, puisqu'ils n'auraient jamais à le faire dans un tournage. Les acteurs humains non plus, d'ailleurs), en échange de quoi l'aspect des robots et le naturel de leurs gestes devait être indiscernables de ceux de vrais humains, ce dont les chercheurs japonais étaient encore loin.
VTP utilisait aussi de la figuration humaine: des acteurs d'un autre tournage momentanément disponibles, des techniciens, maquilleuses, etc, l'informatique connaissant l'emploi du temps de chacun donc sachant à quel moment qui serait disponible (et dans quelle catégorie d'aspect) pour venir faire de la figuration dans un plateau pas trop éloigné.
On ne confiait bien sûr rien de difficile aux figurants vivants et on se débrouillait toujours pour les placer là où leur remplacement par de la synthèse serait facile en cas d'erreur de leur part, sans avoir à reprendre le reste de l'image. C'était l'incertitude sur la fiabilité des figurants humains (plus que leur coût, faible en utilisant les temps morts du personnel interne) qui poussait VTP à en utiliser le moins possible, au profit des figurants mécaniques ou du virtuel, bien que sticto sensus le virtuel (sauf "d'assez loin", où il était très rentable) fût un peu plus coûteux, surtout dans les périodes où les ordinateurs étaient "chargés à bloc", c'est à dire... tout le temps, en pratique, car il y avait toujours des projets en attente de disponibilité de post-production. La règle chez VTP était que les prises devaient être bonnes du premier coup, ou au moins "rectifiables" par infographie en moins de temps qu'il n'en faudrait pour les rejouer. La règle était un peu différente dans leurs productions télévisées "de peu d'action" car il était facile et rapide de faire rejouer une scène (dans une "soupe", en particulier) alors qu'il était très important de l'éviter dans du "Kerfilm". Cela expliquait que VTP ne confiât de telles scènes qu'à ses acteurs les plus "ferroviaires" (en ajoutant "ferroviaires suisses"), au point de recourir à la robotique (qui demandait plus de temps de préparation, mais temps pouvant être fait hors scènes, suite à quoi le robot serait "infaillible" lors du tournage) pour remplacer ceux qui tout en étant "bons" (ou qui auraient été jugés tels par d'autres réalisateurs, surtout français...) comportaient un risque d'inexactitude plus élevé. En fait, s'il l'avait demandé dès le début de l'année, Erwann aurait pu avoir "Chargeur camembert" (car alors ils auraient eu le temps de réoganiser un peu son calendrier de tournages, en lui faisant jouer plus tôt ses derniers rôles de HF, retarder un peu certains autres rôles ou le retirer d'un film pour l'ajouter dans un autre) car le tournage (avait compris VTP, d'où l'acceuil très favorable de la proposition de robot "knutoïde" programmable ou télépilotable) eût été plus facile et rapide avec lui. Seuls "Les miroirs du temps" était passé à la télévison à ce jour, donc il était encore peu connu du grand public (celui qui n'allait jamais ou presque jamais au cinéma), sauf des fidèles (à l'époque) des séries "Cap sur mars" (surtout) et "Au vent du large". Il vit qu'il était possible de reconstituer plusieurs des joueurs du Dynamo de Dinan: le club y recourrerait-il pour les interviews histoire de ne pas rogner sur leur temps d'entraînement et aussi de leur éviter de mal répondre grâce au télépilotage du figurant artificiel par quelqu'un plus apte à parler à des journalistes?

Il repensa à la manoeuvre de Galliot quand il dût jouer une scène dans laquelle il étranglait (mais plus classiquement, en pliant le coude autour) Romain Gouillouzic, qui jouait un "consommable" dans Serranix. Emilianien assez proche du modèle Attéen (mais sans la composante nordique), yeux verts généralement cachés par ses cheveux "crême de marrons". Le rôle consommable de Romain se terminait là, le rendant plus disponible pour d'autres tournages: il ne faisait pas autant de "multitournage" qu'Erwann, mais comme il était en France à plein temps au total il tournait plus, d'autant qu'il faisait aussi du téléfilm et de la série en plus des films.

Pendant le début des tournages de Gamma et de Chargeur Camembert, Aymrald (car comme ingénieur, là) travailla aussi à la robotique du Dynamo de Dinan, qui allait bénéficier des avancées réalisées par VTP (et dont l'essentiel de la fabrication était sous-traitée à Kermanac'h). D'autre part, il participa aux essais, pour VTP22, de la réplique des installations d'entraînement militaire servant à entraîner les acteurs.

L'armée française continuait de refuser 85% de candidats: ceux qui y voyaient l'occasion de jouer "au jeu vidéo en vrai" tout en étant plutôt bien payés s'apercevaient que c'était nettement plus difficile que ça, tout en étant effectivement aussi attrayant techniquement (les "corvées sans intérêt militaires" étant confiés aux condamnés aux travaux d'intérêt général, et il n'y avait plus de "marche ou crève" destinée dans l'ancien système uniquement à tuer le temps et fatiguer assez la troupe pour qu'elle fût calme le soir). En plus, même parmi les candidats capables (dont 38% de filles) il y en avait trop.
Il y avait toutefois un reproche fait à ce type de formation "pointue" par le Ministère de l'Intérieur: ceux qui n'y restaient pas (parce que pas assez de places pour prendre tout le monde) mais avaient réussi les épreuves pouvaient devenir très dangereux en cas d'insurrection urbaine en France: "c'est en même temps une excellente école du terrorisme".
VTP avait souvent recruté dans les excédents (ceux aptes mais en surnombre) des concours militaires, parce que ceux qui parmi ceux-ci (et celles-ci) passaient à l'Emilianomètre avaient déjà (testées par l'armée) les aptitudes pratiques, la vitesse de compréhension, la ponctualité et la discipline requise dans les tournages.

Les Américains à leur tour étaient venus observer (sauf bien sûr l'entraînement des commandos les plus "secrets", genre DGSE), s'étaient étonnés puis avaient compris: ce qu'ils voyaient là était inspiré de ce qui avait vaincu l'armée américaine au Vietnam ou l'Armée Rouge en Afghanistan.
La France était prête pour ce type de guerre urbaine ou de maquis, sachant que pour la guerre traditionnelle c'était aux drônes puis au gros matériel d'entrer en jeu, et non aux soldats. "On fera la grosse guerre en appuyant sur des boutons, comme vous, mais on fera les petites "à tirer dans les coins" avec les mêmes méthodes que celles des résistants ou des terroristes, le renseignement satellitaire et l'armement électronique en plus". Pas de sergent instructeur aboyant sur les recrues, mais une évaluation inexorable par les logiciels de simulation et ceux de mesures embarquées en situation: inutile de gueuler pour faire comprendre à quelqu'un qu'il n'était pas au niveau, une note sur 20 au bas d'un bilan de compétences avait bien plus d'effet de douche froide "car la parole s'envole mais les écrits restent". L'un des gros avantage du système informatisé était que les recrues en formation pouvait bien mieux comprendre et apprendre à corriger leurs insuffisances, tout leur comportement ayant été modélisé au cours des épreuves et les erreurs précisément identifiées, accompagnées de l'illustration virtuelle de ce qu'il aurait fallu faire (le système proposait parfois plusieurs solutions, pour montrer que si on n'était pas capable de faire comme son voisin il ne fallait pas renoncer à chercher une autre voie aboutissant au même résultat). Les commandos français devraient pouvoir improviser sur le terrain, donc y être entraînés, tout en coppérant efficacement: "nous les formons comme les footballeurs ou les rugbyman, en fait. Il y a un capitaine auquel il faut obéïr, mais les joueurs ne doivent pas rester comme des idiots à attendre des ordres quand il n'en donne pas, car aucun être humain ne peut tout voir ni tout gérer, ni n'aurait le temps de le répartir sur chacun". Gérer l'obligation de prendre des initiatives en absence d'ordre était bien plus difficile que d'attendre de recevoir des ordres (s'ils finissaient par arriver), mais la vitesse de réaction à des situations rapidement changeantes imposait de rôder les membres des commandos à cela. Discipline, mais sans passivité quand le chef n'avait pas le temps de décider pour eux. De plus, les rôles étaient permutables d'une mission à l'autre: il n'y avait pas de grades fixes (mais uniquement pendant une mission), la limite étant juste que l'on ne mettait pas les soldats dans des grades dépassant leur niveau de compétences, mais revenir à la case subalterne ne devait pas être vécu comme une sanction: il fallait pouvoir tester le plus de monde possible dans les postes de "décisions intermédiaires", de façon à faciliter le remplacement si le (ou la) chef d'unité se faisait tuer. Les techniques de furtivité humaine étaient inspirées de celles des chasseurs.

L'objection américaine à la transposition chez eux de ce système fut: "ce serait certainement efficace dans les guerres urbaines modernes, mais ça leur apprendrait trop de choses: ça pourrait être dangereux". En particulier le fait que l'armée française ne recrûtât que des gens ayant une véritable intelligence "applicable" (ce qui était loin d'être le cas du système américain, à part des formations d'élite comme Westpoint) semblait un choix périlleux, même si le processus français éjectait tout ceux qui manquaient de discipline [et de ce fait ne tolérait aucune amorce de tentative de bizuthage, tout étant filmé en permanence, y compris pendant les temps de repos, et la position de chacun mémorisée en continu par les bracelets transpondeurs inviolables qui servaient aussi à gérer qui était autorisé ou non à manipuler telle ou telle arme ou à pénétrer dans tel ou tel lieu: un système "Big Brother" ne permettant pas de miser sur "pas vu pas pris"]: des commandos de ce niveau de compétences pouvaient très bien la feindre impeccablement "jusqu'au jour où", après n'avoir jamais commis la moindre faute enregistrée par "Big Brother". Le point de vue français était que le risque était bien plus élevé avec des gens plus primitifs et moins continuellement surveillés "jusque dans les chiottes": ils n'y étaient pas filmés, mais le système savait qui y entrait ou en sortait, tout en analysant automatiquement urines ou selles à la recheche de drogues ou de produits dopants. La présence de plus d'un occupant eût déclenché une alarme.

C'étaient aussi ces commandos "multicompétents" qui avaient pris aux débuts du régime ELR le contrôle des trains, des centrales électriques, du tri postal, etc, lors du grand bras de fer contre les syndicats ayant abouti à l'abolition du droit de grève dans le secteur public (ça ne changeait rien pour l'armée, qui ne l'avait jamais eu) et la suppression des "régimes spéciaux". Ils pouvaient être envoyés pour rétablir rapidement les infrastructures en cas de catastrophe naturelle ou d'attentats ou autres, ainsi que faire du secourisme (comme les pompiers) ce qui était d'ailleurs à ce jour leur occupation principale, les engagements dans les conflits restant rares.

Il apprit que ce serait contre Fabrizio (de son vrai nom Fabrice Cotiniaux, ressemblant à Vittorio (sauf que les yeux verts, et pas "romain" de coiffure) et ayant fait pas mal de gym lui aussi après avoir lui aussi joué dans des séries "à la Emiliano") que William boxerait dans "Chargeur camembert". En fait lors des impacts décisifs, il cognerait dans un faux Fabrizio (et réciproquement, mais la plupart des coups tentés par Tonio, son personnage, manqueraient William, bien plus rapide sans être plus fort), de façon à ne pas avoir retenir ses coups: la scène serait plus réaliste ainsi, en particulier pour les dégâts sur le visage du faux qui apparaîtraient ainsi sans "pose remaquillage", par une commande électronique intégrée créant la tuméfaction dans une peau poreuse, en plus des autres effets. Le vrai maquillé ainsi serait remis en jeu à l'occasion du prochain changement de point de vue de caméras. La séquence durerait vingt-cinq secondes en tout (l'équivalent d'un spot de pub télévisée, d'ailleurs ça en aurait un peu l'air, sans savoir si on allait vendre une boisson revigorante, des pansements ou une assurance, à la fin) mais l'abondance d'action (car sans plans inutiles du genre "intimidation" ou "souffrance humaine": pas le temps! Il n'y avait d'ailleurs pas d'interruption de l'arbitre, à part le décompte final) donnerait l'impression d'avoir occupé plus de pellicule. Cette partie de l'histoire suivait Tonio et non William, juste avant et après cette scène. Cela pourrait inciter à se demander lequel c'était (la scène ayant été brève et filmant plus les coups reçus par Tonio donc filmant moins souvent William de face, et même une partie du temps pas du tout) et donc à voir s'il réapparaîtrait: oui, mais plus tard, et pas sur un ring.

VTP mettait au point divers scénarii de HF pour 2003 voire 2004 (indigestion infographique? Toutefois, les recettes pharaoniques escomptées avec "Le Crépuscule de Rome" devraient permettre d'augmenter la puissance de calcul... A moins que les tournages prévus aient déjà anticipé cette augmentation de puissance?), apprit-il. Pouvait-on encore en resservir au public après les "Miroirs du temps", "Sartilvar", "Maîtres du fer", "Atlantide", "Hordes", "Drakkars et dragons", "Crépuscule de Rome" et autres? Oui, car il y avait selon VTP des thèmes qui n'avaient pas encore servi, de plus le public avait apprécié et (estimaient-ils) apprécierait de nouveau Erwann dans de tels rôles. Lui aussi avait apprécié ces films, et n'avait pas de reproche à se faire en s'y revoyant. C'était plus généralement un des avantages du procédé VTP: les acteurs imitant "comme sur des rails" ce qui avait été défini "à l'auriculaire près" pour eux ne se sentaient pas responsables de ce que rendait le personnage à l'écran: si cela n'avait pas convenu, le suivi infographique le leur eût signalé pendant le tournage.

Il y aurait aussi de la SF: VTP n'en avait pas tourné beaucoup, même si personnellement Erwann avait l'impression inverse en raison des 68 (54 de la "saison 1" puis les 14 premiers de la seconde) épisodes de "Cap sur Mars" dans lesquels il avait joué. C'était celle dont il avait tourné le plus d'épisodes, et avec un personnage assez consistant: ceux qu'il avait joués dans "Au vent du large" (10 épisodes en 1995, 44 en 1996) étaient plus "périphériques". Si on ajoutait son "rôdage" dans "Devine qui vient dîner ce soir", il totalisait 113 épisodes de séries télévisées, tous chez VTP. Il avait été plus remarqué dans "Cap sur Mars" (rôle plus consistant) mais c'était "Les miroirs du temps" qui l'avait réellement lancé comme "vrai acteur", dans l'esprit du public. Le film avait frappé très fort: du sans précédent dans l'histoire du cinéma français, au point de vue richesse d'effets spéciaux réalistes, ainsi que par l'originalité de l'histoire et la "ligne de force" créée par Tarsini à travers son scénario. Ce film avait lancé "Kerfilm", ainsi que ceux qui y participaient. En le revoyant, Erwann avait vu toutes les astuces utilisées pour en faire "le plus possible avec des ordinateurs qui ne pouvaient pas encore tout faire", ainsi que l'adresse de mise en scène et de prise de vue pour faire oublier qu'il n'était ni grand ni costaud, à l'époque: juste "ni frêle ni vraiment petit". L'image "acteur de HF" lui avait vite été collée, en raison de la majorité de films de ce type l'utilisant qui étaient sortis suite à celui-ci. "La citadelle des goules" avait été tourné avant, mais était sorti après. Il avait tourné bien d'autres choses que de la HF, depuis, mais l'image lui était restée associée (le succès mondial massif de "Drakkars et dragons" y ayant grandement contribué: ceux qui avaient vu peu de "Kerfilm" avaient généralement vu au moins celui-là), alors autant l'y réemployer quand l'occasion s'en présentait. Erwann avait beaucoup apprécié le rôle Harald dans "Drakkars et dragons" puis "Le drakkar fantôme", et pas uniquement pour les acrobaties qu'il accomplissait.

Ces sessions avec la machinerie et les joueurs du Dynamo de Dinan (où il jouait (juste pour les règlage techniques) parfois 10, parfois 11 ou 14 pour les placages et les courses avec "cadrage débordement") avait été "sainement fatigantes" et le changeaient des ambiances qu'ils connaissait, chez VTP/VTPSF/BFRSF. Au rinnepallo, il faisait parfois de "l'art pour l'art" dans les feintes et les passes, là où plus simple aurait pu suffire, et lorsque l'enjeu du match n'en dépendait pas. Ce fut aussi le cas dans les placages (effectés par lui) travaillés avec Dinan, bardé de capteurs souples, histoire de vérifier qu'un défenseur de 80kg pourrait venir à bout d'un avant d'environ 120 kg. Les placages très "cinématographiques" qu'il contribua à mettre au point (et qui exigeaient d'avoir à la fois de la force dans les bras et une masse générale pas trop importante, pour pouvoir diriger le corps vers le haut et faire ainsi levier plus efficacement qu'en relevant juste les jambes) s'avéraient en fait efficaces. Plus spectaculaires qu'au rinnepallo car au rugby il s'agissait de réussir à "déraciner" des joueurs bien plus lourds et ancrés au sol par des crampons, ou au moins à ralentir assez leur progression (en les déséquilibrant par cet effet de levier) pour permettre à un autre défenseur de venir s'y accorcher à son tour, si possible sous un angle ne permettant pas à l'assailli de faire une passe vers le relayeur le mieux placé). Aymrald réussit plusieurs fois non à stopper la charge d'un des Krüger (même pas la peine d'essayer!) mais à les dévier et souvent les déséquilibrer en s'y ancrant, aucune autre partie de son corps ne touchant le sol pendant la suite de la manoeuvre. Si un coéquipier pouvait faire de même, ou simplement attrapper les pieds d'Aymrald, il devenait possible d'arrêter ou faire tomber un des redoutables "chevaliers teutoniques" du club. Les autres clubs français n'ayant rien de tel à aligner, et Dinan disposant d'intercepteurs à la fois plus grands et plus lourds (sans l'être au point de ne pouvoir faire cette manoeuvre) que lui, les techniques de leviers et chandelles, optimisées joueur par joueur par dépouillement des relevés télémétriques et reconstitution virtuelle (en plus du contrôle vidéo), devaient permettre à un seul défenseur de maîtriser un tel rhinocéros en pleine charge. De plus, ces figures de style (en plus d'avoir leur utilité technique, après être difficiles à bien apprendre et surtout exécuter "à chaud") passeraient bien à la télévision et feraient partie des photos que les journalistes aimeraient isoler et insérer dans leurs articles, estimait Dinan. Il fallait que ce fût efficace, mais si en plus c'était très "film de cascadeurs", tant mieux.
Erwann constata que Torbjörn jouait bien plus au rugby qu'il n'y était officiellement autorisé par VTP (même s'il n'était pas utilisé dans les matchs avec d'autres clubs: uniquement dans les entraînements internes entre équipes formées de joueurs de Dinan) mais comme il n'était pas chargé d'une mission d'espionnage des autres acteurs il n'en dirait rien. Torbjörn lui semblait bien assez habile et bon cascadeur pour que le risque encouru dans de tels matchs d'entraînements fût insignifiant. Torbjörn appris et amplifia (puisque plus grand et plus puissant, sans être aussi lourd que les joueurs de première ligne) les attaques optimisées par Aymrald pendant ce co-entraînement.

Ensuite, il rencontra pour la première fois Alexandre Fresnel qui lui avait été envoyé comme ouvrier de plateau pour les travaux de robotique: Alexandre "faisait ses classes", chez VTP: en rôdage dans diverses séries (mais pas que du sitcom) et téléfilms (y compris des épisodes de séries policières assez violents, mais dans des rôles encore faciles). Alexandre Fresnel ne s'attendait pas à rencontrer Erwann dans la mécanique (bien qu'il sût qu'il était aussi ingénieur, mais il croyait que c'était dans l'alimentaire), avec un "gris" de travail (ce n'étaient pas des bleus) aux poches pleines d'outils (et avec une cartouchière d'embouts de vissages à longes tiges) ni coiffé ainsi (il avait surtout en mémoire ses personnages de HF) donc à première vue pensa d'abord que c'était un des Attéens de VTP (suédois, ou finlandais?) avant de le voir de plus près.
Alexandre- alors même toi, tu dois être au four et au moulin?
Erwann- ces machines sont utilisées dans ce que je vais jouer: on n'est jamais si bien servi que par soi-même. Ca fait gagner du temps de ne rien avoir à expliquer à celui qui s'en occuperait. Tiens, dévise ces panneaux...
Alexandre prit la dévisseuse et s'appliqua, stockant les vis sur un gros aimant rond qui provenait probablement du démontage d'un haut-parleur hors d'usage. Erwann était plus simple et semblait plus jeune qu'il ne s'y attendait, parce que comme beaucoup il s'attendait à ce que les gens connus fussent froids, distants et "plus vieux que leur âge". Sans être très connu, ce n'était pas n'importe qui, mais dans cet atelier, il était juste un des ingénieurs du projet et n'en faisait ni plus ni moins. Alexandre fit de son mieux, allant chercher et rangeant les outils et les composants du projet, pour ne pas faire perdre de temps: "ne rien avoir à expliquer à celui qui s'en occuperait", le message était clair.
Erwann, le nez dans ses travaux, ne s'intéressa à Alexandre que plus tard, quand ils allèrent à la piscine après plusieurs scènes tournées. Un Jarkko-attéen coiffé Arvi (Avri "vrac") en version "or canari": c'était suffisant pour le localiser à vue ici donc son cerveau n'avait pas éprouvé le besoin d'en enregistrer plus. Mouillé, ce blond-là ressemblait à du jaune d'oeuf cru (sec, c'était presque jaune d'oeuf cuit). Alexandre faisait 1m80 bien proportionné, solidement assemblé mais peu musclé: moins que lui à ses débuts ici. Connaissant les habitudes de VTP avec les personnages auxquels ils tenaient à long terme (or pour celui-là, il avait entendu dire que oui) il n'avait pas dû être incité à faire de la musculation, mais des exercices plus progressifs et plus longs comme la natation ou le rameur. Torbjörn pouvait certainement en porter deux comme Alexandre sans avoir l'air de se fatiguer, mais il vieillirait moins bien métaboliquement, estimait VTP.
Alexandre avait aussi observé Erwann: solidement fait sans être impressionnant, par rapport à ce qu'il avait vu d'autre ici. Il espérait que le programme d'entraînement lui permettrait d'obtenir ce résultat: on lui avait bien rappelé que Torbjörn n'était un objectif ni réaliste, ni souhaitable dans son cas. Une autre fois en sortant de la piscine il avait rencontré Vittorio qui avait dit: "ils font dans l'allégé, maintenant?". Vittorio savait pourtant qu'il y avait des acteurs plus légers qu'Alexandre chez VTP: sans être costaud, il n'avait rien de frèle non plus. Il était juste non entraîné, raison pour laquelle il était en rôdage dans des séries qui ne lui en demanderaient pas plus que ce qu'il vallait: exigentes surtout sur la précision de jeu et la mémoire des déplacements. Erwann avait joué des dizaines d'épisodes de séries télévisées avant son premier grand téléfilm (puis film), et Vittorio des centaines, même s'il s'agissait essentiellement de sitcoms. Emiliano restait l'acteur de VTP le plus connu des telespectatrices mais la direction de VTP ne le considérait plus comme une référence (sauf pour l'Emilianomètre) depuis l'ascension de Vittorio vers de grands films au point d'avoir en ce moment plus de rôles que Zhao.

Flavia ne semblait pas porter grand intérêt au nouveau, contrairement à ce que l'on aurait pu supposer, de même qu'elle ne s'était que modérément intéressée à Jarkko, qui pourtant avait bien des fans parmi les actrices de séries de VTP. Erwann l'intéressait bien plus, qu'elle pétrissait comme pâte à pain et auquel elle passait souvent les mains dans les cheveux. Ce rôle de garçon-objet lui convenait, même s'il savait qu'il n'était qu'un substitut d'Atte pour Flavia. Il se rendit compte qu'on le touchait plus souvent maintenant (et pas que les filles) que pendant "Le Crépuscule de Rome". Ceci peut-être parce que les personnages correspondant à son style actuel (et qui n'auraient vraiment rien de gentils ni abordables, à commencer par William) n'étaient pas encore associés à son image, donc pour l'instant Erwann évoquait "un Attéen" et non tel ou tel rôle.

Une trentaine de Mercedes d'époque (dont beaucoup à compresseur), comme neuves, modèles de luxe ou de course, selon les scènes prévues, avaient été louées à des collectionneurs (français et parfois allemands), certains les ayant prêtées (VTP ayant pris une assurance) juste pour les voir figurer dans le film: il suffisait de changer les immatriculations. Quelques répliques (juste d'aspect) avaient été fabriquées pour jouer celles qui seraient détruites dans des courses (très meutrières à l'époque, en raison du manque d'endurance des pneus à grande vitesse) des poursuites et bien sûr l'attentat, d'autres l'étant par infographie, comme dans "Traction". Il y avait aussi, parmi les modèles qui seraient vus en course, une Auto-Union à moteur central-arrière, marque ayant réussi à battre plusieurs fois Mercedes.
Les prises de vues sur autoroutes allemandes à travers la Forêt Noire avaient déjà eu lieu: les tracés étaient pour la plupart les mêmes (ou alors qui s'en rendrait compte?) mais l'aspect de l'autoroute serait entièrement refait par infographie pour être d'époque, ainsi que ses abords immédiats. Tourner les scènes sur place n'auraient donc rien apporté de plus, parce que ce sur quoi les voitures devaient rouler n'existait plus: le film n'en réutiliserait que le tracé et les alentours.
Le public français (et d'autres pays) ayant tendance à penser que l'Allemagne rurale -était couverte de forêts à perte de vue (alors qu'en fait il n'y en avait pas plus qu'en France, la différence étant que le touriste français les traversait quand il allait en Allemagne), sauf dans les grands sites industriels comme la Ruhr, il n'y aurait à filmer (donc reconstituer) trop souvent autre chose, au bord des "autobahns" ou comme paysage survolé par les avions.

Parmi les compagnons de prise de pouvoir de Thorgård, Hans Rohr, 22 ans, avait été recuté par VTP début 2001. 1m92, avec des traits un peu secs mais encore harmonieux (nez émilianométrique, en particulier): la version martiale voire austère de l'Aryen modèle, donc ayant aussi sa place dans ce film. Vus à côté de lui, les Attéens paraissaient "bavarois".

Après les autres tournages du jour Erwann retrouva Flavia (l'idée d'être pétri comme pâte à pain l'intéressait) et celle-ci ne s'en priva pas: Erwann n'était pas Atte, mais elle le trouvait gentil (juste un peu trop sage), agréable à regarder et à toucher. Suite à quoi il la prit dans les bras (pas légère, en fait, mais c'était possible sur une distance limitée) et la porta jusqu'à un autre canapé de la salle de détente, puis il se mit contre elle (sans l'écraser): là, il y avait le tampon confortable (au moins pour le garçon) de la poitrine. Flavia avait du B, ce qui suffisait: "B comme bien", disait-on, "C comme copieux", "D comme débordant", "E comme énorme", "A comme anémique". Il passa les mains dans les cheveux de Flavia: épais, soyeux, pas trop longs donc encore "renversables" au brassage. Puis il se contenta de rester épaule contre épaule, un peu incliné vers elle sur le canapé, la main passé derrière sa nuque donc couverte par les cheveux de Flavia. Il aurait pu s'endormir ainsi, car les câlins avaient souvent cet effet sur lui. De la tendresse "et puis c'est tout", telle était sa préférence, domaine dans lequel les chats lui semblaient plus doués ou plus sincères que les humains. Flavia lui semblait l'avoir compris, ou alors c'était parce qu'il n'était pas son fantasme, mais juste un garçon dont elle trouvait la compagnie agréable. En fait Flavia, tout en sachant bien qu'il n'était pas un clône d'Atte, y trouvait un substitut valable de son cher disparu. Comme, de plus, Erwann ne buvait pas et ne prendrait jamais d'initiatives "excessives", elle pouvait lui faire totalement confiance et se réconforter paisiblement en sa compagnie. Aymrald n'ayant pas eu de soeur (des cousines, certes, mais pas au quoditien) se demandait comment c'eût été d'en avoir une: comme avec Pia, ou avec Flavia? Toutefois frères et soeurs ne s'entendaient pas forcément, puisqu'ils ne s'étaient pas choisis, et moins encore si les parents s'avéraient inéquitables.
Flavia appréciait ce personnage dont le comportement n'était ni mou ni agressif et qu'elle pouvait toucher sans qu'il supposât être invité à "bien plus". Mika était un peu plus rustique, un peu plus "déménageur finlandais" sans sortir pour autant de la catégorie "Attéen".

Parmi les exploits de début 1943 de Thorgård, l'infiltration en Angleterre (en se faisant passer pour anglais, grâce à un bon accent appris en écoutant et imitant la BBC) pour aller voler un Spitfire sur un aéroport déjà repéré par un vol insonorisé avec prise de vue infrarouges. Contrairement (supposait Thorgård) aux bombardiers, que l'on ne préparait que quand un raid était prévu, les chasseurs devaient certainement avoir le plein fait, les munitions chargées et "les clefs dessus" (ou pas de clef du tout) pour que les pilotes n'eussent qu'à sauter dedans à la première alerte. Deux bombardements allemands dans la région (avec seulement trois avions) avait dû inciter à les garder en état de décoller à tout moment. Il n'y aurait donc qu'à atteindre en vélo l'aérodrôme, puis à pied un avion visiblement bien placé pour être parmi les premiers à décoller, le démarrer et partir avec: "comme ils ont les mêmes, ils ne pourront pas me rattrapper, surtout que moi, je sais où je vais, et pas eux". Pour ne pas se faire abattre en France ni en Allemagne par la DCA nazie, il était parti par une météo très couverte et volait dans les nuages, puis au ras des champs et forêts quand une éclaircie inopportune se formait en Allemagne. L'avion, posé sur l'aérodrôme d'essais privé de Thorgård (où ses copains étaient prévenus) était revêtu de drapeaux nazis cachant les cocardes anglaises puis présenté fièrement au général de l'armée de l'air qu'il connaissait déjà:
S- voilà: nous en avons un entier, et neuf. Il n'y a plus qu'à le repeindre et faire toutes les mesures en vol.
- je ne veux pas savoir comment vous avez fait, mais si vous me rapportez un bombardier, je suis sûr que ça plaira aussi à Göering.
S- un Lancaster? Ils ne sont pas là avec le plein de carburant et les bombes à bord prêts à décoller: cela en ferait des cibles trop faciles au sol.

Parmi les projets développés par l'équipe de Thorgård, la torpille à guidage acoustique, calée sur les fréquences d'hélices de l'ennemi (le même procédé serait ensuite adapté à de mini-bombes volantes, sortes de V1 miniatures plus rapides, calés sur les fréquences de croisière des moteurs de tel ou tel type de bombardier). Ceci lui permettrait de rester bien immergée (environ 20m de profondeur: invisible de la surface, même par mer calme) jusqu'à se trouver assez près de sa cible (angle de perception du bruit remontant) pour remontrer et frapper environ 1m50 en dessous de la ligne de flottaison, près des hélices (puisqu'attirée par leur bruit). Des essais furent fait sans explosifs pour voir si les audiophones situés de part et d'autre du corps de la torpille "anguille" (à longue queue motrice souple, pour ne pas émettre elle-même de bruit d'hélice) pistaient bien les hélices d'un navire. Les ingénieurs de VTP avaient vérifié que c'était possible à un coût de production acceptable avec la technologie de l'époque: la torpille était plus chère, mais la probabilité de coup au but augmentait tellement (proche de 100%, si lancée à distance correcte) que cela revenait bien moins cher que le nombre statistique habituel de torpilles classiques nécessaires pour obtenir des dégâts équivalents, avec l'avantage supplémentaire d'une capacité de transport accrue par les sous-marins (il n'y avait pas que le problème de prix, mais aussi de poids et d'encombrement) et de faire prendre bien moins de risque au sous-marin lanceur: il restait possible d'utiliser les "U-boot" classiques (surtout après le tir de roquettes "planantes" attirées électromagnétiquement par les radars des navires) en attendant la disponibilité en grand nombre de ceux d'Elmeri Lokinen, plus petits et acoustiquement indétectables donc pouvant frapper de près, voire dans les ports pour les obstruer par des épaves coulées. L'envoi de grosses torpilles de type "Lokinen" (sous-marin suicide sans pilote, queue mûe à l'air comprimé et non électricité) pour provoquer des carnages dans les ports et arsenaux alliés n'avait même pas besoin de ce type de guidage: la connaissance des courants et le guidage gyroscopique suffisaient, puisqu'elles finiraient forcément par toucher un navire, tellement il y en avait sur place. Des croiseurs et porte-avions américains furent ainsi coulés dans leur port d'origine, alors qu'aucun sous-marin n'avait été signalé à proximité.

Aymrald suivit avec intérêt les essais en vol de plusieurs reconstitutions à l'échelle réelle (mais dissimulant des matériaux plus modernes et des asservissements électroniques à grand nombre de capteurs pour rendre le pilotage facile et le plus souvent tout-automatique) de nombreux prototypes (et avions réellement produits) de l'époque, dont la fameuse aile volante Horten IX/ Go-229. La copie utilisait réellement deux réacteurs (utilisés pour certains Falcon Dassault, entre autres) et respectait fidèlement (de l'extérieur) les cotes et les formes créées par les frères Horten (morts seulement dans les années 90). En fait il manquait des informations pour le pilotage de tels avions, car sans l'asservissement électronique au millième de seconde des gouvernes les répliques de VTP22 manquaient de stabilité. Avec ce système (qui pouvait même maintenir stable des avions instables (mais à bon rendement aérodynamique, moyennant ça) à portances uniquement positives) le faux Horten IX V3 suivait fidèlement les évolutions prévues par le scénario. Les avions inspirés de ceux-ci (mais en bien plus petit, à pilotage couché ventral, comme cela avait réellement été le cas de certains planeurs Horten d'avant-guerre) censés être conçus et pilotés par Thorgård volaient généralement tractés, même si deux exemplaires pouvaient voler avec leurs moteurs électriques pendant quelques minutes, sans pilote (mannequin creux, légèrement animé, laissant de la charge utile pour plus d'accus): fiable, précis, silencieux et économiques à construire, dès que l'on renonçait à une autonomie permettant un autre usage que le tournage de scènes d'un film. Les trois grands exemplaires volants dérivés du Horten IX participeraient à la campagne de promotion du film dans certaines villes européennes (disposant au moins d'un aérodrome pour avions privés, à défaut d'un aéroport), y compris en Allemagne. Le prototype supersonique détruit (avec Thorgård aux commandes) vers la fin du film était inspiré des prototypes supersoniques Horten et de l'avion anglais dérivé d'eux qui avait réellement explosé en tentant de franchir le mur du son, peu après la guerre. Dans "Gamma", VTP avait veillé à rester aussi près que possible des techniques et même des réalisations déjà présentes à l'époque, bien que souvent restées inconnues du grand public. Le film serait grandiose et wagnérien à souhait, mais techniquement crédible.

Thorgård et les autres ingénieurs se basaient sur l'hypothèse qu'en haute mer les convois navigaient à vitesse constante, donc que chaque modèle de navire était identifiable par des bruits d'hélices. Il fallait commencer par anéantir les destroyers, pour faciliter le travail des sous-marins, et détruire aussi les radars, ce qui était bien plus facile: les faisceaux de micro-ondes utilisés étaient d'une puissance telle qu'avec une antenne adéquate, cela suffisait à faire fonctionner l'électronique du détercteur (bien que celle-ci fût à lampes...). Il suffisait de tirer la (grosse) roquette au jugé, d'assez loin, sachant qu'elle ne pourrait pas rater le radar, et ceci (par définition) bien avant d'être détectable par lui. "D'abord les aveugler, ensuite les paralyser (torpilles attirées par les hélices), ensuite on peut même les laisser là, sachant qu'ils ne pourront pas réparer en pleine mer et que ça leur fera perdre beaucoup de temps d'envoyer de quoi les remorquer".
L'objection fut que s'il y avait des survivants, ils comprendraient le système: 100% de coups au but dans les radars (très facile même avec l'électronique de l'époque) et des torpilles cherchant automatiquement les bruits d'hélices (ou les sources sonar), par stéréophonie.
Il fallait donc soit être sûr de tuer ou capturer tout le monde, soit brouiller les pistes. Les radars, c'était évident, et comme la seule parade eût été de ne pas s'en servir (une fois la roquette aperçue, trop tard pour éteindre: elle était déjà alignée et sur le point de percuter, vu sa vitesse, et un bâtiment de guerre n'avait pas les capacités de manoeuvre d'un avion de chasse pour s'y soustraire), ça revenait au même pour la sécurité des sous-marins allemands. L'intérêt de la torpille acoustique était qu'elle n'avait pas besoin d'être très rapide (juste plus que sa cible), puisqu'elle restait bien imergée et corrigeait toute seule sa trajectoire. Au loin, sur l'ensemble des navires émettant la fréquence acoustique règlée au moment du tir, de plus près sur le plus proche. Le sous-marin pouvait donc la tirer de très loin, et sans faire surface, après avoir avancé au jugé vers la flotte (repérée par un hydravion, par exemple) pendant quelques kilomètres. Pour éviter que les coups systématiquement aux hélices fissent comprendre le système, la torpille acoustique fut équipée de "têtes multiples": le torpilleur n'avait qu'à connaître la direction du navire par rapport à la sienne: vers tribord ou vers babord, et règler le tir en éventail (à séparation tardive: là était l'avantage) en conséquence: en plus de percuter l'hélice, trois autres petites torpilles (car pouvant posséder plus de charge que de moyen de propulsion, la frappe ayant lieu de près) éventreraient la coque plus en avant, donnant l'impression d'un tir multiple (or il ne l'aurait été que dans les 200 à 250 derniers mètres) et non d'une arme acoustique, la plupart des explosions ayant lieu (tout en créant de belles voies d'eau supplémentaires) dans des zones n'émettant pas de son. Le coup dans les hélices pouvait donc donner à penser que c'était la dernière de l'éventail ayant touché, d'autres ayant peut-être raté le navire en passant derrière lui. Les navires d'escorte armée étaient coulés les premiers, les cargos faisant l'objet de tirs de roquettes à gaz dans les superstructures pour mettre l'équipage hors de combat, puis d'abordage par des nageurs de combat, toujours de nuit. Le but était de s'en emparer, plutôt que de les couler, si l'attaque avait réussi à neutraliser les navires de guerre et les soldats présents sur les cargos. Les opérations réussies permettaient non seulement de priver l'Angleterre de ravitaillement, mais en plus d'en détourner une partie au profit de l'Allemagne, sauf quand l'attaque avait été retransmise par radio et que l'ordre de bombarder ces navires (pourtant "alliés") était donné à temps.

Le même système fut étudié pour viser automatiquement les moteurs d'avions, le but étant de pouvoir tirer à l'aveuglette à travers le couvert nuageux. Les bombardiers fortement chargés de carburant et de bombes, au moment de survoler la France (où ces batteries seraient installées) volaient certainement à régime moteur constant. Il suffisait à l'artilleur d'écouter (avec un long tube anti-écho, pour identifier la direction du son) puis d'envoyer les roquettes acoustiques, une à une: sans cela, elles risquaient de viser le même avion, à moins d'une flotte de bombardiers occupant une étendue suffisante, dans le ciel, pour permettre un tir dispersé. Il y aurait donc des roquettes acoustiques visant les moteurs V12 Rolls Royce des bombardiers Halifax et Lancaster, d'autres pour les B17, etc, tout en ignorant les chasseurs d'escorte: pas de gaspillage.
Autre technique mis en oeuvre: "les phares en plein dans les yeux", avec les feux de Bengale lancés par fusées et redescendant lentement sous parachutes, avec un réflecteur orienté par un tout petit gyroscope pour rester braqué dans la direction prévue: celle d'arrivée des bombardiers alliés. Ceci faciliterait la tâche des chasseurs allemands attaquant derrière (pas tout à fait derrière, toutefois) ces points lumineux intenses mais difficiles à toucher à la mitrailleuse, car tout petits, de même qu'il faudrait hacher menu un parachute pour réussir à le faire tomber plus vite. Ce rideau de feu à chute ralentie donnait aux intercepteurs allemands, de nuit, un avantage encore supérieure à celui qu'aurait produit le soleil dans le dos, car il n'apparaissaient même pas à contrejour (ou alors trop tard pour être visé ou évités).

Autre prototype construit et testé par Thorgård pour détruire (au premier essai) une usine de roulements à billes: l'avion suicide piloté, à capsule autonome éjectable. Un bombardier minimal chevauchant une bombe bien plus grosse que lui, à laquelle étaient fixées les ailes principales (la capsule en avait de petites) et deux pulsoréacteurs (un de chaque côté, de type V1). Le principe était de piquer avec tout ceci sur un objectif ennemi précis (par exemple un navire dans un port, où la salle des générateurs d'une centrale électrique) et s'en séparer au dernier moment, en profitant de ce que l'explosion d'une telle bombe volante attirerait bien plus l'attention que le petit aéronef (très léger, car sans armement embarqué) qui s'éclipserait dans la fumée.
Les Japonais avaient conçu une variante de ceci mais sans capsule éjectable: la "Hoka", bombe volante pilotée à moteurs fusées, mais dont la mise en oeuvre (devait être approchée de la cible par un bombardier, qui, lui, était repérable et vulnérable) s'avéra trop difficile et qui fût ensuite remplacée par les kamikazes: les "Zéro" pouvaient voler plus longtemps que la "Hoka" et plus vite que les bombardiers.
Il y avait déjà des généraux tenant compte des idées de Thorgård, dans la Luftwaffe, en particulier celles de cibler en priorité les centrales électriques: "sans électricité, nous renverrons leur industrie au XIXème siècle et ils signeront l'armistice à la bougie". Idem pour prendre comme cibles des V1 les hauts-fourneaux: impossible de les recontruire en un temps raisonnable, d'où une pénurie d'acier. Une nouvelle bombe volante fut mise au point pour aller frapper cette fois les centrales électriques américaines, très loin des côtes. Le truc: un bobinage trapézoïdal tendu des ailes à la queue, alimentant le moteur électrique de l'hélice. "Pour l'avion électrique, il faudrait tendre des caténaires dans le ciel", avait dit en plaisantant un copain de Thorgård, bien avant cela, quand il avait réalisé des motoplaneurs ayant un petit moteur à essence et un moteur électrique destiné à permettre de reprendre silencieusement de l'altitude après être passé photographier de fort près un objectif en plein territoire ennemi (où y déposer des balises radio guidant des missiles): il n'y avait besoin d'accumulateur que le temps d'être assez loin pour remettre en route le moteur thermique hors de portée d'oreille des "espionnés": on ne saurait pas, ainsi, par où l'avion était passé avant, bien que l'entendant.
Thorgård avait réalisé que les caténaires aériens existaient déjà, et qu'en utilisant l'induction (c'était du courant alternatif) il n'y aurait pas besoin de "bien viser avec les pantographes". L'induction au dessus des groupes de fils des lignes à haute tension suffisait largement à faire voler un avion d'environ de plus d'une tonne, et de façon fort peu bruyante, de plus. Il suivrait la ligne jusqu'au bout, en remontant comme les fils au passage de chaque pylône, et détruirait ainsi le groupe de transformateurs auquel il aboutirait, en détectant son énorme masse métallique, contrairement à celle bien plus fine des pylônes. Lâché très haut d'un bombardier ou même d'un dirigeable, il commençait par planer en trouvant de lui-même (le signal électromagnétique étant puissant) la ligne à haute tension la plus proche, pour ensuite la suivre au moteur. La seule parade (si l'ennemi s'en apercevait à temps) était de couper le courant, au quel cas l'avion, privé de puissance, irait exploser contre le prochain pylône (faute d'avoir pu remonter) ce qui interromprait la ligne mais moins longtemps et pour moins cher que s'il y avait tout un site de transformateurs à remplacer. L'engin volait bas (par definition), de nuit, silencieusement (l'hélice, assez grande, avait été soigneusement étudiée pour siffler le moins possible, grâce à une répartition irrégulière (mais mécaniquement équilibrée) des pales) et deux cents furent envoyés la même nuit frapper autant de grands groupes de transformateurs, provoquant la plus grande panne de courant de l'histoire des Etats-Unis, et la même chose en Angleterre. L'argument était aussi "pas de courant, pas de radars". Faux, car les stations radars disposaient généralement de générateurs de secours, par contre "pas de courant, pas d'aluminium" et la pénurie ne tarda pas, les installations alimentant les grandes usines d'aluminium américaines et canadiennes ayant été frappées les premières. La théorie de Thorgård sur les armes inédites était qu'il ne fallait les utiliser que quand on en avait assez pour les déployer massivement, en une seule fois: peu importait alors que l'ennemi comprît juste ensuite de quoi ils s'agissait, les dégâts auraient déjà été faits. Centrales électriques, raffineries, réservoirs d'eau: couper l'eau dans toute une ville était un moyen de pression terrible sur les populations, bien plus que de bombarder des rues entières. En plus, l'un n'empêchait pas l'autre: sans réseau d'eau, comment faire face aux bombes incendiaires? Par des mini-sous-marins voire des navires de combats, couler de grands navires dans leurs ports (ou celui de l'allié), pour empêcher la circulation des autres.
Certains objectifs en contrariaient toutefois d'autres: si on coupait l'électricité presque partout (à part quelques générateurs militaires souterrains) il n'y aurait plus d'émetteurs radio donc le projet de guidage des bombes volantes par ce moyen échouerait. Il fallait donc garder la panne d'électricité pour après.

De plus rien de tout ceci, improvisé très vite, ne fonctionnait parfaitement (d'où les essais concurrents de diverses techniques, y compris le pistage infrarouge par groupes de cellules photoélectriques), tout en diminuant significativement le nombre de bombes alliées larguées au but en Allemagne et le nombre d'avions à en revenir. Ceci obligea les Alliés à reétudier une n-ième version d'un débarquement éventuel, car les pertes seraient bien plus importantes que prévues, en raison de ces nouvelles armes, et qu'il ne serait pas possible de produire autant d'avions qu'estimé, faute d'aluminium, d'électricité, d'acier, de roulements à billes, etc, en quantités suffisantes. Toutefois la pénurie d'acier allait surtout toucher la construction navale, bien plus gloutonne que les industries militaires terrestres ou aériennes.
Toutefois, suite à un espionnage réussi, la nouvelle usine allemande de cellules photoélectriques (technique connue depuis longtemps pour les "posemètres" photo, la belinographie, etc) ayant une bonne sensibilité dans l'infrarouge, repérée par un agent double, était détruite par un bombardement, faisant prendre un retard important à l'industrialisation de la vision de nuit directe: avec la photographie ou la prise de films infrarouge, il fallait attendre le développement pour savoir ce que la pellicule avait "vu". Les recherches en cours étaient dérivées de la télévision, pour lui permettre de montrer (avec une résolution médiocre, mais c'était suffisant pour repérer de loin la signature thermique des engins à motorisés, de nuit, que ce fût dans le ciel ou au sol comme les blindés russes) en temps réel ce que l'oeil humain ne pouvait pas voir. Contrairement au radar, dont l'utilisateur était repérable de bien plus loin (par le faisceau émis) qu'il ne pouvait repérer quelque chose (par le signal bien plus faible des échos réfléchis) donc attirer à lui des tirs sans avoir repéré d'où on lui tirait dessus, la vision infrarouge permettait de voir sans être vu, tant pour la DCA (visée sans aucun projecteur) que pour les chasseurs d'interception des attaques de nuit, si le dispositif pouvait y être installé. Les Anglais avaient dû renoncer à utiliser les radars de leurs avions, après avoir remarqué que c'étaient toujours ces avions-ci que les roquettes allemandes abattaient les premiers, tirées de très loin devant par un chasseur qu'ils n'avaient pas encore repéré: "pour eux, c'est comme si nous volions plein phares". Peu importait que le faisceau ne fit que balayer devant lui au lieu d'être fixe: il y passait assez souvent pour que les "flashs" ainsi envoyés dans le récepteur de la roquette la réorientent à chaque coup vers sa cible. Ces radars (dont l'écran n'avait pas encore l'aspect "zone balayée laissant des points allumés dessus" auxquelles les gens étaient habitués dans les films. L'interprêtation du graphe sur l'oscilloscope était bien plus difficile) étaient faits pour détecter d'autres avions, et non un objet aussi petit et rapide qu'une roquette: quand l'opérateur radar s'en rendait compte, il était trop tard: l'impact avait lieu avant qu'il n'ait pu informer un des mitrailleurs, qui, de toute façon, aurait eu du mal à viser en si peu de temps un projectile, et non un avion.

Un avion télécommandé à pulsoréacteur (dans la queue) fut utilisé comme intercepteur porteur de roquettes, de façon à les approcher d'escadrilles volant trop haut pour un tir direct du sol: non seulement il aurait fallu augmenter la charge propulsive de chaque roquette, mais en plus la direction du son aurait eu trop de regard sur la direction réelle. L'opérateur de radiocommande n'avait qu'à envoyer approximativement le drône (terme que l'on n'employait pas encore) dans vers l'escadrille, et lui faire lancer soit une à une, soit en grappe divergeante (pour ne pas se regrouper vers les mêmes avions) ses roquettes à portée de d'attaque et de ciblage sonore.
"Etre attaqués par des engins automatiques va encore plus miner le moral des aviateurs anglais, car eux y risquent leur vie, contrairement à nous. De plus l'avion est si plat [il était dérivé des travaux des frères Horten sur les ailes volantes, qui avaient depuis longtemps constaté que le cockpit était une surépaisseur indésirable à tout point de vue, d'où le pilotage couché à plat ventre...] qu'il est difficile à viser, vu de face, alors que lui n'a pas besoin de viser précisément: les roquettes acoustiques s'en chargent". Il y avait des essais pour équiper cet avion très rapide (mais à rayon d'action limité) d'une caméra de télévision (technique déjà en rôdage dans les années 30. Quelques émissions de télévision allemandes étaient reçues dans les hôpitaux parisiens soignant des militaires allemands) pour transmettre une image au sol, même grossière. L'électronique nécessaire restait lourde et fragile pour un tel usage, donc ce fut réservé à des essais de périscope de grande profondeur: en déroulant un câble, le sous-marin pouvait être loin du mini-esquif (motorisé électriquement via ce câble) portant le dispositif de prise de vue, ce qui facilitait le suivi en immersion vers une flotte. Une version en forme de petite aile volante, à monoréacteur central (pas de fuselage: juste l'entrée du réacteur, en guise de nez), baptisé "le Cyclope" par les aviateurs anglais l'ayant vu (brièvement, vu sa rapidité et sa maniabilité) sans être abattu par lui, fut développé en 1944 comme porte-roquettes télécommandé capable d'aller frapper en haute altitude, au dessus de la Manche. C'était une évolution du concept de bombe volante en porte-bombes ou porte-roquettes (récupérable, mais dont la perte était bien moins gênante que celle d'un chasseur-bombardier) radiocommandé ou autopiloté par goniométrie sur des sources radio existantes (souvent celles de l'ennemi. Raison pour laquelle l'émetteur de Radio Londres n'avait jamais été bombardé par les raids conçus par Thorgård).

Thorgård, au sujet du cyclope: "il faut qu'il l'aient vu: pas souvent et très peu de temps, mais pas jamais: ça va les inquiéter, en plus des dégâts réels. Tout ce qui peut leur montrer que nous sommes en avance sur eux dans les armes anti-bombardiers peut les inciter à renoncer à la guerre". Le côté délibérément futuriste (à voir) du matériel utilisé faisait partie de cette stratégie: le Cyclope aurait pu avoir classiquement des ailes et une queue, mais il ferait plus peur s'il ne ressemblait pas à un "avion", avait estimé Thorgård et si on devinait bien qu'il n'y avait personne à bord. Juste une sorte de boomerang avec une entrée de réacteur en guise de nez, principe inspiré des projets Horten (et conçu en collaboration avec eux) mais fortement simplifié par l'absence de pilote, qui évitait en plus d'avoir à symétriser les moteurs tout en autorisant des prises d'altitude et un nombre de "G" dans les manoeuvres qu'un humain n'aurait pas supportés. Avant d'être à portée de tir de roquettes, mais déjà visible par l'ennemi, face à lui, le Cyclope exécutait des manoeuvres presque aussi complexes et aélatoires que celle d'une mouche, rendant toute visée impossible: il fallait tirer au hasard, et vers une silhouette très fine, de face. Ce n'était qu'une fois à portée de lancement de roquettes qu'il stabilisait brièvement son vol, avant de monter en chandelle pour faire une nouvelle attaque par au dessus. Quand l'équipe au sol en avait plusieurs, un autre attaquait par dessous ou de côté, simultanément. Dépourvu de train d'atterrissage, le Cyclope se posait moteur éteint, au moyen d'un grand parachute et de poches ventrales gonflables pour éviter de cogner le réacteur au sol. Contrairement au V1, ce n'était pas du "jetable", d'où l'utilisation d'une technique bien plus chère que le pulsoréacteur mais offrant un meilleur rendement et plus de souplesse d'utilisation. Toutefois, certains explosèrent en vol car le réacteur Jumo 004 n'était pas un modèle de fiabilité, comme le savaient déjà les pilotes d'essais des Me262 et d'autres prototypes l'utilisant. Le modèle précédent, à pulsoréacteur et silhouette d'avion plat (pas de cockpit), était lui aussi récupérable par parachute, et restait le plus utilisé, car il était plus facile à construire. Ces "avions robots" n'en étaient pas tous: dans certains, il y avait un pilote humain, couché ventralement dans une sorte de filet amortisseur pour garder l'avion le plus plat possible. Le problème de vessie pouvant être suscité par le froid (ce compartiment n'était pas ouvert, mais il faisait froid en altitude) avait été prévu: un tube d'évacuation à glisser dans le pantalon avant de décoller. Les versions pilotées permettaient des attaques bien plus précises, donnant l'illusion aux Alliés d'une grande avance dans l'attaque aérienne automatique, tandis que des modèles sans pilote (mais de même aspect: ce n'étaient pas les Cyclopes) faisaient diversion en canardant d'autres parties de l'escadrille: moins bien, mais non sans résultats, vu le nombre d'avions pouvant servir de cibles dans ces nuées de bombardiers.

Un autre prototype sans pilote fut équipé d'une mitrailleuse centrale et de quatre microphones (dont deux tubulaires longs) permettant de la visée automatique de moteur de bombardier au moment de déclencher le tir: le radiopilote au sol n'avait qu'à amener l'engin en position approximative de tir, celui-ci se déclenchant alors automatiquement et pouvant être interrompu par le radiopilote quand le bombardier était suffisamment endommagé, de façon à garder de quoi repasser en canarder d'autres, en passant très vite en tous sens à travers l'escadrille ennemie, grâce au pulsoréacteur orientable (avec la queue). La probabilité que l'engin finît par être abattu était bien plus élevée que pour le Cyclope, de la façon dont on l'utilisait, d'où une conception économique, tout en créant un troisième péril pour les escadrilles de bombardements: un "mitrailleur robot" capable de manoeuvres auxquelles un pilote humain n'aurait pas résisté, à l'intérieur. Ces manoeuvres aboutissaient parfois à percuter un avion, tellement il y en avait dans ces escadrilles, et tellement il était difficile de radiopiloter précisément depuis le sol sans caméra embarquée. Le guidage acoustique intégré permettait d'aligner le tir vers des moteurs d'avion (dès que c'était assez près pour que le décalage temporel du son ne soit plus un problème) mais pas d'éviter tout ce qui volait. C'était la raison pour laquelle le Cyclope, lui, ne pénétrait pas dans les escadrilles, son réacteur en faisant un matériel trop coûteux pour servir de kamikaze involontairement. Le taux de pertes dans les raids de nuit dépassa 40% pour les bombardiers (c'était une moyenne: certaines escadrilles étaient entièrement abattues), ce qui, joint à la pénurie d'aluminium, d'acier (ces avions tombaient hors d'Angleterre, alors que ce qu'envoyaient les Allemands sur elle comportait bien moins de métal, qui, de plus, était fortement dispersé par l'explosion) et d'équipages, poussa les Anglais à renoncer à ce type d'attaque, au profit de chasseurs-bombardiers mono ou bi-moteurs (comme le Mosquito, en bois contre-collé, tant pour économiser le métal que pour être moins visible au radar), moins gourmands en métaux et en carburant, bien plus maniables, offrant ainsi des cibles moins faciles et moins "rentables", de plus, aux nouvelles armes de DCA ennemie. Transporter bien moins de bombes mais s'approcher plus habilement des objectifs, comme le faisaient les Allemands en Angleterre tant avec les bombes volantes pilotées (avion séparable) qu'automatiques. L'industrie du bombardement était un lobby puissant, surtout aux Etats-Unis, et avait jusqu'alors dissuadé les Alliés de passer aux frappes de précision utilisant moins de bombes faisant chacune plus de dégâts, car bien placées.
Le retrait américain de la guerre (trop de dégâts en trop peu de temps dans l'industrie et les infrastructures énergétiques, même loin des côtes, alors que jusqu'alors le territoire national semblait à l'abri: cela pouvait mettre le pays en position d'infériorité face à l'URSS, alors autant laisser les Soviétiques en découdre seuls contre les Nazis) et la pénurie de matériaux en Angleterre mit fin aux bombardements de masse, coûteux pour tout le monde: pour les Anglais (rationnement de tout, pertes humaines et matérielles énormes) comme pour les Allemands (beaucoup de victimes civiles, en lançant trop de bombes de trop haut donc en fait n'importe où, détruisant bien plus de logements que de sites industriels ou militaires). Ce qui restait de capacité de production anglaise fut utilisé pour construire des chasseurs-bombardiers et des "bombardiers jetables": ni train d'atterrissage (décolage d'une rampe de lancement), ni postes de mitrailleurs, mais une grosse bombe volante bi ou parfois quadrimoteur, comportant des charges largables (bombardement automatique) et une charge "nasale" pour plonger à son tour vers une cible. "Ca ne sera pas moins efficace que les bombardements habituels, et ça économise tout le carburant du retour donc on peut y mettre bien plus d'explosif et ça évitera le problème de trouver des équipages". Les moteurs pouvaient être construits plus légèrement, car plus "poussés" et sans se soucier de faciliter leur entretien, car ils n'auraient qu'un seul vol à assurer. Ces bombardiers jetables étaient radiocommandés depuis des chasseurs d'escorte. En se jetant en piqué sur l'objectif, ils diminuaient fortement le risque d'interception par les engins automatiques allemands: le son des moteurs montait dans les aigus. La trajectoire permettait de faire une "traînée de bombes", en les largant un peu avant l'impact de l'avion lui-même dans un plongeon se redressant légèrement.
Ces avions restaient toutefois bien plus faciles à intercepter (tant qu'ils n'étaient pas en phase d'attaque finale en piqué) que les bombes volantes allemandes: ils étaient bien plus grands et plus lents. La pénurie de métaux (pour les moteurs et les bombes, même en construisant ailes et fuselages en bois) allait mettre fin à cette tactique qui ne la résolvait pas: elle évitait juste de continuer à perdre trop d'équipages avec les bombardiers pilotés. Le risque était moindre à bord des chasseurs d'escorte comme le Spitfire: il existait des roquettes acoustiques accordées sur son moteur, mais elles n'étaient pas utilisées en priorité, le chasseur seul ayant un pouvoir de destruction d'infrastructures bien inférieur à celui d'un bombardier.

Certaines bombes volantes (proches du V1: pulsoréateur) lancées depuis des sous-marins emportaient sous leurs ailes deux torpilles à courte automonie de propulsion: la bombe volante explosait dans les superstructures (un peu en dessous du mât radar, quand il y en avait un) tandis que les torpilles (courtes donc relativement légères, puisque n'ayant pas à nager longtemps), larguées 100 à 150m plus tôt, éventraient la coque sans que les marins aient eu le temps d'essayer de tirer dessus. Certaines étaient tirées de loin, radiocommandées (quand il n'y avait pas de faisceau radar sur lequel se guider) depuis un hélicoptère Fl 282 servant de poste d'observation élevé (décollant du sous-marin encore hors de portée de vue de l'escadre, par rotondité de la mer. Il était déjà conçu pour cet usage) pour assurer, avec de puissantes jumelles stabilisées gyroscopiquement (pas de tremblement) que la bombe volante aille bien dans le navire choisi. L'hélicoptère ne la suivait pas, restant largement hors de portée de l'artillerie ennemie, et cessait d'être visible de là-bas (passant sous l'horizon d'observation) quand il se reposait sur le sous-marin. De par sa conception, un "syncroptère" était moins difficile à piloter qu'un hélicoptère monorotor, car il n'y avait pas le problème de la dissimétrie de portance des pales en fonction de la vitesse: il y avait tour à tour une pale avançante de chaque côté, idem pour les reculantes. Devant l'intérêt présenté par l'hélicoptère, Thorgård en fit étudier un plus puissant, apte à emporter des roquettes à charge creuse pour la lutte antichar en URSS: les avions mettaient trop de temps à revenir faire une passe au dessus d'un bataillon de chars et avaient moins le temps de viser, alors qu'un hélicoptère, tout en étant difficile à viser grâce à complexité de trajectoire permise (et surtout en lançant quelques leurres éblouïssants sous petits parachutes, pour les attaques de nuit), pouvait rester dans l'offensive tant qu'il n'avait pas épuisé ses munitions. Il pouvait être mis en oeuvre de n'importe où et récupéré de même, transportable "anonymement" dans un petit camion une fois les pales démontées, ou en grand nombre par train. Le Kolibri était trop léger pour emporter de l'armement "consistant", d'où l'étude d'un modèle plus puissant aptes à mener des attaques au sol. Depuis la reprise en main de la stratégie par Thorgård, le front de l'Est lutilisait déjà le Kolibri comme moyen d'observation (montant brièvement et redescendant de même) pour guidage d'artillerie, comme jadis les ballons, mais plus vite mis en oeuvre, plus maniable et exposant bien moins de surface aux tirs ennemis.

Les tirs sans visibilité (à travers le plafond nuageux, les bombardiers alliés se croyant à l'abri bien au dessus) par roquettes acoustiques furent d'une efficacité telle (vingt roquettes lancées, dix-neuf bombardiers abattus, au premier essai: deux avaient été attirées par les moteurs du même) que ces frappes "surgies de nulle part" firent prendre la décision, en Angleterre (car par définition ça marchait aussi bien de nuit, sans que le moindre projecteur de DCA eût été aperçu), de suspendre ces raids avant d'avoir compris de quoi il s'agissait. On soupçonnait un radar d'un nouveau type (les Allemands ayant beaucoup d'espions, il savaient probablement aussi faire des radars, après en avoir d'abord été victimes) permettant à travers les nuages des guidages de tirs très précis accompagnant la trajectoire de l'avion: l'opérateur devait le suivre quelques secondes et tirer ensuite, pour que le système adapte (calculateur analogique? Possible à imaginer) précisément la trajectoire, ce qui était redoutable contre des flottes de bombardiers volant en ligne droite à vitesse constante. L'hypothèse de la roquette acoustique fut envisagée aussi, mais que faire? Modifier tous les moteurs? Pas le temps, de plus l'arme allemande eût tôt fait d'être "accordée" sur le nouveau son, devinaient les ingénieurs anglais. Imposer de voler avec des variations constantes de régime? Cela eût imposé d'emporter bien moins de bombes. Il restait la possibilité d'utiliser des leurres volant plus bas en produisant exactement le même bruit. Plus facile à dire qu'à faire, à moins de les équiper d'au moins un moteur de ce type, en attendant d'avoir mis au point une source sonore plus économique (à sacrifier) pouvant être pris pour le moteur. Encore fallait-il être sûr que le dispositif ennemi fût acoustique. Un nouveau raid fut organisé avec la consigne suivante: en cas de frappe montante isolée (ce n'étaient pas du canardage de DCA) d'un bombardier, les autres devaient baisser immédiatement le régime moteur de 30%, quitte à perdre de l'altitude pendant un certain temps: le temps d'être sorti de la zone de tir de cette nouvelle arme.
De jour, le guidage était optique, la roquette étant tirée à contre-jour en ayant initialement l'avion (petit point) faisant tache sur sa cellule photoélectrique centrale, et non sur l'une des six collée autour, en aval de la lentille. Ceci ne permettait que de petites corrections de trajectoire (en cas d'écart de plus de 15°, le système risquait de perdre la cible) mais de loin, celle de l'avion ne pouvait pas franchir deux cellules d'un coup, et de près, il n'y avait plus aucun risque de le rater, rien que sur la trajectoire en cours. Ce système était plus léger et moins coûteux que les résonnateurs acoustiques, qui nécessitaient de petits amplificateurs (donc plus de lampes électroniques à bord, donc plus de courant). L'oeil électronique fut d'ailleurs décliné en versions à deux couronnes (1+6+12 cellules), etc, sur le principe (mais en plus grossier) de ceux des insectes. Il ne s'agissait pas, toutefois, de voir presque partout autour, mais juste de corriger les dérives autour de la trajectoire du moment, l'avion ne pouvant sortir de la "rétine" d'un seul coup. En fait il aurait pu en sortir en faisant des manoeuvres "de mouche" juste à la distance où des mouvements créeraient un déplacement important de l'ombre sur la "rétine", sans être assez près pour être touché rien qu'en continuation balistique. Le tir à vue s'avérant encore plus efficace que le tir à l'ouïe (car il n'y avait pas de retard du signal perçu par rapport à la position réelle) les attaques de jour cessèrent presqu'entièrement, sauf par des avions isolés volant bas en vue d'un objectif stratégique précis.
L'amélioration progressive des capteurs infrarouges aurait permit par la suite d'utiliser le même système de nuit, grâce à la "lueur" thermique des moteurs (de tous types, du moment qu'il y avait combustion), mais Thorgård savait que c'était très facile à leurrer en larguant des charges plus chaudes (du point de vue perception infrarouge au loin) que les moteurs, alors qu'il était bien plus compliqué, encombrant et coûteux de préparer et embarquer des leurres acoustiques largables.

L'intercepteur-fusée Me163 avait utilisé lui aussi pour lancer des roquettes autoguidées (ou même passives, s'il pouvait passer assez près) contre les offensives ennemies. Pour cette mission, quelques minutes de vol suffisaient, quitte à finir en planeur.

Les bombardiers (plus petits) étaient donc désormais envoyés seuls (et sans escorte) chacun sur une route différente, et non linéaire: les Allemands ne pourraient tout de même pas installer des batteries de ces nouvelles armes partout, d'autant que si peu d'avions à viser à la fois ne les rentabiliseraient pas.

Les frappes récentes en Angleterre, lorsqu'elles utilisaient des avions (mono ou bi-moteurs: pas de grands bombardiers) avaient été le fait de pilotes allemands seuls, attirant à eux (même si ce n'était pas forcément le but) nombre de chasseurs, dégarnissant ainsi d'autres voies aériennes dans lesquelles d'autres arrivaient. Nombre de militaires anglais étaient déjà contre le vol en formation: "même si la DCA allemande tirait les yeux bandés, dans un tel essaim elle serait sûre d'en abattre quelques-uns". La RAF savait que ce faisant elle sacrifiait inévitablement des aviateurs, quelques fût leur habileté, mais qu'il resterait une part suffisante du troupeau pour faire des dégâts là où il allait. Envoyer les avions un par un diminuait certainement l'efficacité de la DCA (car alors il eût fallu très bien viser) mais peut-être aussi le sentiment de force de groupe et de motivation.

Les roquettes acoustiques pouvaient aussi être envoyées depuis des avions, servant ainsi d'orgues de Staline volants pour ce nouveau type de projectile, ce qui résolvait le problème de leur portée: l'avion porteur n'avait pas à s'approcher à portée de combat direct, mais cela suffisait à permettre aux roquettes de rejoindre, écouter et atteindre les cibles, souvent à l'issue d'une courbe d'attaque par le haut, tel que l'avion allemand les lançait. C'était inspiré de la nouvelle stratégie sous-marine qui avait permis de couler énormément de navires en perdant bien moins de sous-marins que jusqu'alors. Là aussi, le lancement était échelonné et légèrement éparpillé, pour attaquer une formation de bombardiers, de façon à ce qu'une cible fût détruite bien avant d'attirer une autre roquette acoustique: la suivante captait encore d'autres bruits de moteurs d'une intensité voisine. "La charge n'a pas besoin d'être très puissante: en frappant un moteur, on sectionne en même temps l'aile, ou on l'affaiblit assez pour qu'elle se plie sous le poids de l'avion". Thorgård (c'était mis en oeuvre peu après son accession au pouvoir) savait qu'il fallait frapper vite, et renouveller continuellement les méthodes: "ils ne sont pas plus bêtes que nous: ils vont les copier, puisqu'elles marchent. Il faut juste détruire ce qui leur reste d'industrie avant qu'ils ne puissent le faire". Les industries électroniques (lampes triodes, condensateurs, bobinages fins...) furent donc les cibles des nouvelles bombes volantes, soit pilotées (caspule volante séparable) soit autoguidées par radiogoniométrie. Là où il n'y avait pas d'émetteurs d'origine correctement disposés, un espion en allumait un de chaque côté de la cible au moment où il captait le signal émis depuis la bombe volante (dérivée du V1). Ces balises pouvaient même s'enclencher automatiquement, dans la limite de la durée des piles alimentant leur récepteur radio (avec le moins de lampes possible, car n'étant chargé que de détecter un signal sur une ou deux fréquences seulement, et non de restituer un beau son) calé sur la fréquence qu'émettrait la bombe volante quand elle aurait besoin de donner de la précision à la fin de sa trajectoire.

"En bombardant au hasard les populations, Hitler montrait aux Anglais que nous ne savions pas viser, donc ça ne dérangeait pas leurs militaires. Maintenant, nous envoyons dix fois moins de bombes qui font deux cent fois plus de dégâts stratégiques longs et coûteux à réparer. Plus d'électricité: plus d'aluminium, plus d'aluminium: plus d'aviation". Les bombes volantes pilotées (au début) puis guidées par balises radio avaient aussi servi à mettre par terre nombre de hauts-fourneaux anglais et américains (dans ce second cas elles étaient lancées depuis des sous-marins): "plus d'acier: plus de marine". La construction automobile civile fut arrêtée, aux Etats-Unis, l'acier encore disponible étant désormais réservé à l'effort de guerre, comme en Europe. Rationnement de l'essence, aussi, en raison des frappes sur les raffineries. "Si nous faisions un grand nombre de morts dans les villes américaines, leur opinion soutiendrait unanimement l'effort de guerre, alors que si nous les appauvrissons massivement, sans grands massacres, en amputant précisément leur industrie et leur économie de leurs organes vitaux, ils pousseront leur pays à renoncer à une guerre ruineuse qui ne les concerne pas, et qu'ils vont commencer à penser qu'ils ne pourront pas gagner sans pertes de capacités économiques disproportionnées par rapport à l'enjeu".
C'était ce qui s'était porduit: ces frappes de précision, loin à l'intérieur du territoire américain (qui se croyait jusqu'alors bien à l'abri d'une attaque directe, donc n'avait pas pris de grandes précautions: ces installations n'étaient ni enterrées, ni même encadrées d'une DCA) avaient conduit effectivement les Etats-Unis à se retirer du conflit dès août 1944. Même stratégie en Russie, dont les grandes villes étaient privées continuellement d'électricité depuis le début de l'offensive "retour au XIXème siècle" décidée par Thorgård, voire plus par la destruction des grands barrages hydroélectriques, les sites pétroliers de Bakou et les chevalets de mines: "s'ils ne peuvent plus sortir leur charbon, ils ne tarderont pas à en manquer pour l'acier". Il y eut aussi un coup de bluff: les Allemands n'avaient pas encore la bombe atomique, mais savaient que les Américains travaillaient intensivement dessus donc sauraient reconnaître un essai nucléaire. Ce fut une accumulation massive d'explosifs classiques, mêlés d'uranium enrichi, ainsi que de baryum et de kripton (produits de fission) qui simula (simiquement, puis par émanations radioactives) une série d'essais nucléaires souterrains au Groënland (appartenant au Danemark donc annexé), territoire facilement espionnable par les Américains (d'où la vraissemblance d'essais au fond de forages, pour "moins attirer l'attention", mais repérables quand même comme si les Allemands avaient sous-estimé la puissance de leurs premières bombes A) mais pouvant avoir été choisi pour une expérience parce que "loin de tout" du point de vue européen. Le principe était "ils ont vu que nous pouvons envoyer des bombes précisément, loin dans leur territoire, sans avoir besoin de bombardiers. S'ils pensent que travaillons à y mettre ça, ils préférerons ne plus être en guerre avec nous avant que ce soit au point: ils préféreront que nous nous en servions contre les Communistes".
La bombe atomique allemande n'était toujours pas au point quand le traité de paix fut signé avec Staline (qui ne l'avait pas non plus), qui, voyant que les Allemands n'auraient plus à fournir autant d'effort militaire à l'ouest allaient pouvoir en ajouter à l'est où la tactique de frappes de "désindustrialisation" avaient déjà mis l'URSS dans une situation intenable.
Les Allemands ne manquaient pas d'aluminium: il suffisait de récupérer, compacter (pour le transport) et refondre les inombrables carcasses d'avions alliés tombés dans l'Europe contrôlée par l'Allemagne.

En Allemagne et en France, dès la prise de pouvoir de Thorgård en 1943, l'Axe s'était mis dare-dare à enterrer le plus possible d'installations, Thorgård ayant déjà depuis longtemps recensé (avec ses repérages géographiques aériens presque civils) les sites qui s'y prêtaient le mieux: gouffres, falaises présentant des grottes profondes, fond de lacs (il suffisait de construire un dôme étanche immergé), etc. L'efficacité de la DCA avait crû spectaculairement, mais il y avait tout de même des bombarbiers qui atteignaient leur cible. Des leurres avaient été bâtis (les Anglais en construisaient aussi, d'ailleurs), déguisant des fermes en usines, des silots en centrales électriques au charbon (il suffisait de faire fumer quelques grandes cheminées), de faux aérodômes militaires (avec de faux avions: une feuille d'aluminium "pour chocolat" peinte camoufflage (mais détectable au radar) habillant du bois voire du carton ondulé verni, avions juste assez cachés mais pas trop) détournaient l'attention des vrais, etc. Par les vols espions nocturnes filmant aux infrarouges (donc discernant bien mieux le vrai du faux) Thorgård avait vu que les Anglais utilisaient de tels leurres.
Dès sa prise de pouvoir, l'utilisation de la France par Thorgård reposait sur le principe suivant: "ils détestent au moins autant les Anglais, surtout depuis la destruction de leur flotte, alors il suffit de ne pas leur rendre la vie impossible et nous aurons facilement beaucoup de gens prêt à rejouer la guerre de Cent Ans, d'autant plus que les bombes anglo-américaines tombent aussi sur eux, contrairement aux nôtres".

La cascade consistant à tomber d'un Me 109 en flammes sur l'aile d'un bombardier anglais et de s'en emparer avait été supprimée, jugée trop fantaisiste et surtout trop dépendante du hasard, ceci au profit du vol du Spitfire.

L'un des principes visuel du film était que c'étaient de jeunes "Aryens vérifiés de partout" (en plus d'être techniquement et stratégiquement intelligents) qui prenaient le pouvoir, remplaçant des gens qui étaient loin de ressembler à l'idéal prôné par le nazisme, pour les fonction officielles. Pour les fonctions techniques, Thorgård continuait de prendre les plus compétents, sans considération génétique. VTP s'était donc fourni chez VTPSF pour avoir du "très Nordique". Dans la réforme du Lebensborn, le spectateur verrait une machine qui ressemblerait à un ancètre de l'Emilianomètre, mais fonctionnant sans laser ni ordinateur donc à base de coulisseaux, rapporteurs et palpeurs roulants ou téléscopiques en tout genre relevant électromécaniquement les caractéristiques morphologiques et phrénologiques d'un individu. La machine n'était pas totalement automatique: elle nécessitait deux opérateurs (lunettes, blouse blanche) pour certains règlages et le déclenchement des manoeuvres suivantes. Des dérouleurs de papier à stylets sortaient des graphes qui étaient ensuite insérés dans le dossier. Des essais au banc d'effort affinaient le tri: "fréquence cardiaque trop élevée", "transpire trop", "rougissement anormal", etc.

Erwann interprêtait Knut Mortensen, un footballeur du PSG (censé être danois) dans le début du film "Alvéole 75" dont il ne savait pas grand chose, à part que Paris était isolé du monde par un phénomène de répétition hexagonale: sortir par un bord revenait en fait à entrer par le bord opposé (est/ouest, ou nord-est/sud-ouest, ou sud-est/nord-ouest), ce qui allait peu à peu faire sombrer les Parisiens dans la barbarie (canibalisme inclus, faute de protéïnes). Le film débutait par un match contre l'OM, avec le score (1-0 pour Marseille) et le temps (59mn 26s) affiché en haut à droite de l'écran (de cinéma). Au moment où suite à une passe héroïque du 9 il réussissait un tir en lucarne que le gardien ne pouvait pas intercepter, le but et tout ce qu'il y avait derrière disparaissaient, remplacé par une falaise crayeuse contre laquelle le ballon rebondissait. Le terrain et le stade du Parc des Princes étaient coupés lègèrement en biais à cet endroit par cette falaise d'où tombaient aussitôt voitures, autobus, cyclomoteurs, etc, s'écrasant sur le terrain ou dans les tribunes: l'autre bout de Paris, dont le terrain était plus haut, mais ça on ne le comprenait pas encore à cet instant. Ceci dégénérait rapidement en pillages et guerre civile, avec la constitution de clans, dont celui formé aussitôt par les supporters de l'OM, qui avaient eu bien moins de disparus (du fait de la découpe du stade) que ceux du PSG.

Le chronomètre qui restait affiché en haut à droite de l'image rembobinait juste avant l'instant fatidique et montrait d'autres phénomènes de ce genre: ailleurs, des voitures (et en sous-sol un RER) s'écrasaient contre une muraille surgie de nulle part, d'autres tombaient (parfois de pas très haut) parce que mis en continuité avec une partie plus basse. La Seine s'accumulait en lac à l'ouest, sans se vider profondément à l'est, la pente étant faible.

Ce film serait tourné en plusieurs fois, au moins jusqu'au printemps 2003, d'autant plus que les travaux de reconstitution virtuelle réaliste de Paris (qu'il allait falloir pouvoir détériorer: VTP ne pouvait se contenter des prises de vues réelles dépeuplées et dévéhiculées par recoupement au fil du temps des mêmes prises) allaient consommer beaucoup de puissance infographique. Seul Erwann n'était pas un "résident" de VTP, dans ce tournage, les autres étant disponibles en continu. VTP lui ferait téléjouer certaines scènes à distance (chez VTPSF) et d'autres sur place.

Pendant la négociation de reprise du rôle Erwann avait abouti à quelques changements et à faire de Sigmar Thorgård quelqu'un au caractère moins expansif que ce qui avait été prévu initialement: il serait passionné par la technique et l'aventure aérienne et ne deviendrait dictateur à la place du dictateur que parce qu'il le fallait pour gagner la guerre qu'Hitler était en train de leur faire perdre en détournant des moyens importants pour sa "solution finale", et d'ailleurs déléguait une grande partie de ses apparitions publiques spectaculaires à son sosie joué par Knut personnage qui avait plus de dispositions pour cela, puisqu'il était acteur (et non Sigmar, dans cette version). Ce n'était que pour les arrivées en hélicoptère qu'il ne se faisait pas remplacer, car il fallait savoir réellement piloter un tel engin, mais ce n'était pas forcément lui qui faisait la suite du spectacle: les effets de lumière s'ensuivant ne permettaient pas au public de bien faire la différence, d'autant moins que l'attention était captée par ce qui était projeté sur l'écran géant, derrière et au dessus de lui, pour illustrer ce qu'il disait en bien moins de mots. Le film le montrait donc bien plus comme ingénieur et piltote d'essai que dans les autres parties de son rôle, qui n'étaient là que pour illustrer ce que devenait le "second nazisme" une fois l'attentat réussi.

Serranix: en plus de simuler une planète inconnue (mais qui n'était pas creuse, cette fois) où il y avait tout le temps un vent puissant (mais de direction variable), ce grand tournage de SF ayant lieu lui aussi en septembre mettait en jeu de grandes batailles de vaisseaux spaciaux à moteurs gravitationnels, ce qui donnait lieu à des arrachements de plaques de carapace (ou coque) de l'adversaire, ainsi que des torsions de la structure, effets plus intéressants visuellement que les grosses boules de feu trop souvent vues dans ce genre de film, et absurdes dans le vide: si explosion il y avait, elle ne pouvait pas être "bourgeonnante" puisque non freinée par de l'atmosphère. Une explosion spaciale était silencieuse (sauf entendue de l'intérieur de la cible, dont la structure pouvait transmettre des bruits), vive, sèche, sans rémanence, comme un gros flash, sauf quand il s'agissait de l'explosion de quelque chose d'immense, donnant le temps de la voir se produire, à grande distance. Cette incohérence corrigée (par rapport aux classiques du genre) on avait des poursuites et canaradages en règle, ainsi que des collisions, souvent bord à bord comme dans les poursuites en voitures, de façon à faire durer un peu, car face à face, les débris d'un vaisseau passaient à travers ceux de l'autre comme une double explosion en longueur. Une partie non alignée avec la collision pouvait partir en toupie. Les adversaires d'origine terrestres (russes et chinois) se disputant les ressource (minerais, surtout) de Serranix devaient faire face à un adversaire inconnu (et que l'on ne verrait jamais: uniquement ses vaisseaux, sans savoir s'ils avaient une intelligence artificielle ou étaient pilotés par une espèce biologique) qui non seulement s'emparait de Serranix, après avoir commencé par essuyer des pertes (mais il semblait apprendre vite de ses erreurs) mais ensuite les poursuivait (trop loin pour être repéré) jusqu'à la Terre, ce qui donnait lieu à un grand film catastrophe mais sans tricher: le scénario ne passait pas de longs moments à voir comment des gens prisonniers sous des décombres allaient s'en sortir, après un moment bref de vraie catastrophe. Elles survenaient un peu partout, avec parfois la possibilité de les empêcher, mais sans s'étendre sur le sort des victimes: dans une guerre, la priorité était de chercher des moyens de vaincre l'ennemi, où au moins de l'empêcher de continuer. Ils n'y parvenaient pas. Les humains étaient réduits en esclavage sur leur propre planète et dans les mines de Serranix (où ils étaient déportés) par un implant dans le cerveau. Ceci pouvait donner lieu à une suite (façon "Spartacus"), mais pour le moment VTP ne l'avait pas écrite.

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