vendredi 10 avril 2009

chapitre N-6 & N-7

##N-6
Erwann fit l'interview de fin d'année en téléprésence, via un des robots à son image, ce qui était techniquement facile puisqu'assis: dans ce cas, le petit retard dû à la transmission vers et depuis la Finlande ne posait pas de problème perceptible. En plus de voir par les yeux du robot, il pouvait aussi se voir via les caméras du studio où l'interview avait lieu. Il avait généralement peu à parler (il y avait toujours d'autres VTP présents) et restait calme, quoique pas amorphe: pas de problème de temps de réponse. Il portait l'exosquelette qui lui donnait l'impression de toucher la table, quand le robot la touchait, de même que l'appui ou non contre le dossier. L'expérience l'amusait, tout en la menant aussi scientifiquement que nécessaire. La téléprésence par robot réaliste pouvait fausser les témoignages (sincères) dans une enquête, voire sans téléprésence: avec un robot d'allure crédible, quelqu'un pouvait feindre de tondre sa pelouse (appuyé à la tondeuse, la marche du robot était grandement facilitée, sans recourir à un prototype hors de prix) tout en allant commettre un meurtre avec un bon déguisement. La prochaine expérience serait de télépiloter Kalle Alioravainen (puisqu'il n'en existait pas de version "bio") dans un téléfilm.
Il y avait eu quelques fuites: "Kalle Alioravainen n'existe pas: c'est un robot", mais on avait déjà dit ça de bien d'autres VTP, à commencer par les Småprat et Bifidus, donc ce n'était pas un indice suffisant. La rareté des interviews non plus puisqu'Erwann en donnait encore moins. Qu'il existât des robots à l'image de la plupart des "VTP" n'était pas un mystère, de même que leur remplacement par du virtuel chaque fois que l'occasion s'y prêtait pour un coût de synthèse raisonnable et rendait service au tournage. Erwann en avait testé un pour la natation dans le lac: pour cela, outre l'exosquelette, il était partiellement immergé dans un bac où une machinerie créait des courants d'eau variables. Certes, la présence de l'exosquelette (bien qu'assez fin, dans cette version) modifiait les sensations perçues par rapport à être librement dans l'eau, mais l'expérience n'en était pas moins intéressante.

La population française avait baissé de 1,5 millions cette année (émigration+décès (dont un 1,24 millions de suicides) moins (naissances+immigration)), passant ainsi sous la barre des quarante millions: 39,3.

2005

Le téléfilm avec Kalle Alioravainen était à l'opposé de l'univers "Kerfilm", puisqu'il s'agissait d'une histoire d'adultère. Kalle n'y jouait pas l'amant, mais le jeune mari de Corine, la jeune femme jouée par Tiphany, que celle-ci trompait avec un plus âgé et à priori peu attirant (sans être vraiment plus laid que la moyenne des vrais quadragénaires: juste "pas du tout émilianométrique" et ni très fiable ni bien entretenu) mais qui lui faisait bien plus d'effet, allait-on peu à peu comprendre. Antoine, le personnage joué par Kalle, ne devinait rien, pendant un bon bout de temps, car il n'eût pas imaginé que sa femme le trompait, et moins encore avec ce type-là. Bernard (l'autre) était aussi une machine tout en en ayant bien moins l'air. Seule Tiphany (qui était plus souvent vue que les deux autres) était réelle. Corine avait choisi Antoine d'abord en pensant à l'intérêt génétique pour les enfants, en plus du fait que c'était un garçon facile à vivre et calme qui ne ferait donc pas un mauvais père, mais il ne lui suffisait pas.

VTP ne tournerait jamais d'histoire de ce genre pour le cinéma, car visuellement ça ne le méritait pas, ça manquait d'action, mais ça ne coûtait pas cher du tout et il existait un créneau télévisuel pour ça: celui des sociétés de production qui auraient sorti une histoire moins originale (dans ce domaine) pour dix fois plus cher. "Pourquoi chercher ailleurs" passerait dans le flot de ce type de productions tout en étant un banc d'essai pour la robotisation intégrale de deux personnages souvent vus de près. Erwann était cité avec huit autres noms à la rubrique "robotique".

Erwann (ou plutôt Stéphane, puisqu'il n'y était pas directement acteur) fit d'autres expériences de téléjeu dans d'autres productions à enjeu modeste, et dans lesquelles on ne s'attendait pas à le trouver (en plus du fait qu'il animait des robots qui ne l'imitaient pas visuellement, voire bien plus différents que Kalle), scénaristiquement. Pour jouer des scènes d'actions rapide demandant vivacité et précision de réaction, il eût fallu être moins loin: c'était surtout la mise en micro-paquets des trains de données dans le Lioubioutchaï (y compris 3) qui pénalisait le "temps réel", car le retard France-Finlande stricto sensus n'eût été que d'un centième de seconde (si par exemple on avait pu utiliser un faisceau laser dévié par un prisme se trouvant au bon endroit au bon moment en orbite basse et transmettant l'information sans multiplexage par paquets), donc un cinquantième en aller-retour, ce qui serait resté acceptable.
Il télépilota aussi des mutants gluants et filandreux dans des épisodes de "Chasseurs d'ombres", un autre mort-vivant mais cette fois aquatique dans un autre épisode de "Chasseurs d'ombres", un gladiateur dans "Spartacus" (encore une production Westfilm), etc. Les progrès principaux venaient du gain en précision des "semelles tactiles", permettant une gestion presque instinctive des appuis au sol. Les gants à retour tactile avaient encore bien des progrès à faire, mais ceux-ci étaient perceptibles de mois en mois: l'ebsep avait permis de faire de l'animation fine de surface au contact des doigts sans recourir à toute une machinerie. Ce matériau était aussi utilisé pour construire des lignes tactiles en Braille, depuis l'été dernier. Comme télépilote de gladiateur, lourdement carrossé en "mirmillon", il n'avait pas besoin d'un système tactile aussi précis, puisqu'il recevait les coups via le bouclier, le casque ou l'armure et en donnait via le glaive. Ce gladiateur très blindé était celui se prêtant le mieux à la robotisation, mais les autres aussi étaient objets d'essais de robotisation, l'un des objectifs étant de pouvoir reconstituer des combats de gladiateurs "sans limitation de la violence des coups" pour des parcs à thème.

Certains des bretteurs de "Lames d'élite", le fil de cape et d'épée (et de concussion, par les collecteurs d'impôts) prévu pour juin, seraient aussi robotisés, Erwann y jouerait (souvent) en vrai le personnage Aldebert, tout en en pilotant ou prépilotant d'autres quand il ne jouerait pas Aldebert.

"Nuages rouges" sortit le 17 janvier, avec beaucoup de combats spatiaux (mais aussi dans les souterrains martiens, contre des clandestins infiltrés) dans une histoire de refus de laisser immigrer des gens ayant déjà détruit leur planète d'origine (la Terre) par surpopulation et surconsommation. L'écosystème recréé sur Mars était tout juste suffisant pour la survie des Néomartiens (de culture scientifique, donc raisonnables), en faisant bien attention. Pas question de laisser entrer les parasites qu'étaient les Terriens. A la fin du film les Néomartiens revenaient sur Terre pour y répandre une méningite neusocomiale éradiquant l'espèce humaine, mais étaient interceptés par des vaisseaux armés, avant de finir par y parvenir via les petites sondes automatiques: l'expédition avec les vaisseaux servait seulement de diversion. "Dans quelques décénies, il n'en restera aucun, et peu à peu l'écosystème s'en remettra: il a vu pire, avec la météorite qui avait tué les dinosaures. Nos descendants lointains pourront retourner y habiter".

Erwann revint en France en février pour "robopiloter" d'autres "mécanacteurs" (certains ayant bien l'air de robots, d'autres moins, ou pas du tout) dans des scènes nécessitant une réponse immédiate (c'est à dire, en fait, sans retard perceptible par lui ni à l'image) en particulier le personnage "Thor" dans une adaptation "Westfilm" de ce super-héros "Marvel" moins connu que les autres mais pouvant justement renouveller l'offre, le péril venant cette fois de "Galactus". Au générique américain, était mentionné "powered by Erwann d'Ambert" en face de ce personnage dont la physionomie était intermédiaire entre la sienne et celle d'Audry (en version "refait par ordinateur"). On lui fit aussi jouer (là aussi indirectement) un "Tarzan" stéréoscopique, là aussi pour Westfilm, les sauts de liane en liane étant impressionnants filmés en relief. La ménagerie mécanique de VTP comportait déjà tout ce qu'il fallait pour s'épargner des problèmes de dressage et les pertes de temps énormes liées au tournage de scènes avec des animaux. Cette fois l'acteur existait réellement (Guillaume Pelletreau, sorte de "Karéen non-nordique", karéen de morphologie et physionomie, châtain "crême de marrons", yeux gris-vert clair). Outre les versions virtuelles (utilisées pour les sauts de grande ampleur, pour permettre sans aucun plan de coupe depuis le départ du mouvement une arrivée exacte) il y avait deux robots construits à son image: l'un pour les scènes de combat et cascades proches, l'autre pour les scènes dans l'eau (y compris les plongeons de grande hauteur), l'un et l'autre confiés gestuellement à Erwann, en dehors des scènes qui pouvaient facilement être tournées en mode "non interactif", c'est à dire programmé "comme un robot d'usine". Erwann (qui n'était vu nulle part) était mentionné à la robotique et aux cascades (avec combinaison quadrillée pour substitution virtuelle ensuite).
Les commanditaires des "Westfilm" ne savaient pas comment c'était tourné. Ils obtenaient juste des nouvelles du tournage, des extraits de ce qui avait été tourné quand ça pouvait déjà être post-produit, etc, avant livraison du film prêt à répliquer et projeter.

Pendant le pilotage par exosquelettes (ainsi que d'autres procédés, dont la rotoscopie 3D aussi appelée "motion capture", se passant de l'exosquelette en échange de perdre le retour d'effort) il joua un terroriste hollandais dans "Mangapolis", là aussi dans un parc d'attraction géant mais d'une toute autre allure, inspirée de l'univers manga, ce qui se prêtait très bien à l'infographie. Un thriller bien plus sérieux que le précédent car n'utilisant ni mutants ni extraterrestres, ceci dans un parc au thème moins inquiétant que "Gorparc" (pour contraster), et dans un rôle de méchant n'hésitant pas à contaminer toutes sortes de visiteurs, y compris des enfants, au fusil à lunette à l'aide de fléchettes surgelées fondant sous la peau sans laisser plus de trace qu'une piqûre d'insecte. Parmi les membres du commando d'intervention, Vittorio, mais là non plus il n'y aurait pas de confrontation directe entre eux (Vittorio abattrait Jarkko, qui jouait un autre terroriste hollandais) car le personnage d'Erwann finirait broyé dans un des mécanismes, en commençant par un pied (à cause d'un lacet dénoué) mais en l'avalant assez vite.

Il eut le rôle principal dans "Le péril vieux": cela se passait dans une maison de retraite (où l'on aurait pu avoir une attaque de nouilles, mais ce n'était pas ça cette fois) dans laquelle l'expérimentation d'un nouveau médicament rendait les "croulants" à la fois plus vigoureux mais aussi plus agressifs, en leur donnant des hallucinations. Erwann y était un des jeunes infirmiers, restant presque seul (il y avait une infirmière jouée par Tiphany et un médecin: cinquantaine, un peu ventru, sérieux, rassurant, qui était en fait un rôle robotisé, et pas seulement quand il serait mis en pièce par onze vieilles) de garde pendant la Saint Sylvestre, qui tournait peu à peu au cauchemard. Il y aurait des scènes comme celle où il s'enfuirait de justesse avec un dentier resté planté dans le bras pour découvrir un ascenseur plein d'autres vieux (surtout des vieilles, ce qui était une réalité statistique), puis serait obligé d'en tuer à coup de béquilles ou de montants de brancard.
Un film d'horreur règlé comme une horloge suisse, dans l'enchaînement des effets, derrière la pagaille apparente. Erwann (comme Tiphany, qui, elle, subirait un viol collectif, laissant deviner que le nouveau traitement agissait aussi comme un hyper-Viagra) y incarnerait au début la fraîcheur, la santé, la lumière, la simplicité et la bonne humeur, habillé vert menthe à demi-manches, et coiffé du serre-tête finlandais. Cela contrasterait plus tard avec le personnage terrorisé, dont la tenue en lambeaux montrerait morsures, griffures et contusions diverses au fil du film, et plus du tout gentil, une fois compris que ce serait "eux ou lui". Ca aurait pu s'appeler "La nuit des vieux vivants", mais finalement VTP avait choisi "Le péril vieux".
"Les vieux n'ont pas des "superpouvoirs" (n'arrachent pas les portes verrouillées, ne jetent pas une télévision à travers toute une pièce) mais retrouvent une mobilité qui sans être juvénile suffit à les rendre dangereux rien que par leur nombre et leur agressivité croissante au cours de la nuit. Ca n'atteint pas tout le monde en même temps, et au début les victimes sont d'autres vieux, sans que le très peu de personnel resté sur place ne s'en rende compte."

En ce début 2005, Erwann jouait aussi pour la première fois un rôle important dans une production "Westfilm", donc tournée par VTP pour les Américains sur scénario américain. Il y avait un personnage direct ("Zarkov") et d'autres rôles non directement reconnaissables, en particulier Batman quand celui-ci serait en action, donc masqué et costumé. Le masque de cette version de Batman ne laissait rien voir (ni les yeux, ni la bouche) tout en semblant fait d'une matière très fluide. En fait c'était pour partie de l'infographie: la "cagoule" à oreilles était réelle mais l'avant virtuel, dans certaines scènes. Bruce Wayne, lui (sans le costume) serait joué par Marcellin Hello (nom breton, tout en semblant anglais), Emilianien sportif ressemblant globablement à Vittorio, tout en étant de même taille qu'Erwann et d'une morphologie voisine. Erwann serait mentionné au génétique en face de "Zarkov" mais aussi de "Batman", tandis que Marcellin le serait en face de "Bruce Wayne". Ce film reprenait le savoir-faire des "0016" (entre autres) en matière de gadgets et d'effets spéciaux, mais dans une tonalité bien plus sérieuse voire grave. "Batman: les dessous de Gotham City". Du sordide voire du gore gluant et grouillant, mais peu salissant grâce au costume qui, techniquement, serait dérivé d'une combinaison de plongée, en plus d'être ignifugé bien que le vrai acteur n'ait pas à tourner les scènes comportant du feu: le robot s'en chargerait, de même que pour l'essaim de frelons, sauf quand les frelons seraient virtuels. Tout en comportant quantités d'effets spéciaux et de scènes d'action, ce "Batman" était sur certains points plus sobre visuellement que les précédents. La Batmobile, par exemple, ressemblait à une limousine blindée soviétique (ZIL 117: déjà vue dans Lobosibirsk, entre autres) à ceci près que les phares étaient remplacées par une ligne de diodes dans le pare-choc et que les roues étaient totalement masquées par des parois déformables dans les virages, lui donnant un air monolithique (comme celui de "2001" ?) quand elle roulait sans braquer. Les quatres roues directrices permettaient le déport en crabe (sans faire pivoter la caisse) d'une voie à une autre, façon vieux jeu vidéo. Reétudiée par les stylistes maisons à partir de la ZIL 117 (en simplifiant et unifiant certains détails qui leur avait semblé maladroits) et dotée de huit moteurs électriques (chaque roue en ayant un pour rouler et un pour braquer), la Batmobile 2005 (bien moins lourde qu'elle n'en avait l'air) était agile et facile à conduire. Une copie faite de grosse tôle "construction navale" était utilisée au moment des collisions non simulées. Cette version "de choc" était équipée de moteurs de métro (totalisant 2300 kW) alimentés en 1500V par un câble se déroulant derrière, ce qui lui permettait des accélérations de prototype de rallye malgré ses six tonnes.
Zarkov était un des méchants, un jeune savant russe d'origine finlandaise ayant volé de la matière à gravité négative dans une base secrète et s'en étant fait (mélangé avec du fil de titane) une cote de mailles antigravitationnelle, lui permettant, ainsi équipé, de ne peser qu'un vingtième de son poids, d'où la possibilité de sauter d'un avion sans parachute (étendre bras et jambes suffisaient à ne pas arriver trop vite au sol), de faire des bonds spectaculaires et d'escalader n'importe quoi sans avoir besoin des superpouvoirs d'un Spiderman. Le procédé avait son revers: le manque d'appui au sol, l'obligant, s'il courrait, à prendre appuis sur des parties verticales ou relevées du décor pour pouvoir prendre un virage, et d'être soumis au recul quand il portait un coup, un peu comme s'il avait eu du verglas sous les pieds. Il y avait bien sûr de faux Zarkov à son image, en particulier quand les essais avaient montré que dans telle ou telle scène il était préférable de lui faire animer Batman, plutôt que de mettre un faux Batman (ou quelqu'un d'autre dans le costume) aux prises avec le vrai Zarkov.
Le personnage était une idée des producteurs américains, fortement modifiée par VTP (en particulier la cote de mailles à pesanteur négative était une idée de VTP, pour lui permettre de tout escalader sans le faire "à la Spiderman": pas besoin de doigts hyper-adhérents ni de jets de toile liquide) quand il avait été question d'y mettre (peut-être) Erwann, ce qui à ce stade n'était pas encore promis aux Américains: initialement, il n'apparaissait pas en tant que tel dans le projet, ne faisant que de l'animation indirecte ou des cascades costumées. Puisque Batman était entièrement en noir, avec un peu de rouge, Zarkov serait costumé "métal brillant" et joué par un "nordique ou équivalent", en ajoutant "si on peut avoir Erwann d'Ambert ou un de ceux qui lui ressemblent, ce serait intéressant".
Batman était confronté à bien d'autres adversaires, dont "Medusa" (jouée par Ophélie Kim, une Emilianienne d'origine coréenne ayant déjà fait beaucoup de cascades chez VTP), dont les gants pouvaient émettre de longs fils collants, corrosifs et ténanisants, et non de la toile d'araignée comme Spiderman.
Aucun personnage n'était surhumain: juste rapides, agiles, et munis de tel ou tel gadgets, différents de ceux de Batman. Zarkov disposait d'une moto (évoquant vaguement une BMW bicylindre "druilletisée") dont la roue avant (également motrice: on voyait la descente de transmission le long du guidon) pouvait devenir une scie circulaire par dégonflement des deux demi-pneus de part et d'autre des dents (cachées en roulage normal), ce qui rendait aussi la lame bien plus plate. Le trucage pour Zarkov était assez simple, car ce n'était pas lui mais sa cote de maille qui était à gravité négative, et dans la réalité, ce fut un électroaimant d'une énorme puissance (comme ceux des machines à IRM) qui soulevait l'acier (un ferronickel aussi brillant qu'aimantable) et allégeait ainsi Zarkov, une énorme grue (sans câble sous le bras, pour éviter tout balancement) maintenant l'électroaimant (supraconducteur, pour ne pas fondre, d'où des tubes d'azote liquide) au dessus du personnage, l'intensité électrique étant pilotée par ordinateur pour ne pas l'arracher du sol (et surtout l'écraser contre l'aimant, la puissance attractive augmentant à peu près comme l'inverse du carré de la distance). Dans d'autres scènes, l'électroaimant était sous le sol (une feuille de composite fine et bien tendue pour ne pas sembler élastique) et avançait sur rails avec lui. Westfilm utilisait aussi nombre de trucages plus classiques, l'électroaimant servant là où l'on devait bien voir l'effet "mailles antigravitationnelles" et là où le tournage donnait la place de le mettre en oeuvre (ce qui était facilité par le fait que l'essentiel du décor était créé en postproduction, Gotham City étant aussi virtuelle que la Rome de Tarsini).
Les accords avec les coproducteurs et auteurs américains leur interdisaient de donner la distribution du film sur les affiches ou de l'afficher au début: la présence d'Erwann d'Ambert ne devait en aucun cas servir de "produit d'appel" ("sinon vous devrez utiliser un autre acteur"), même si dès les premières exploitations en salles sa présence serait connue des critiques.

Ce fut le 23 février (et non en mars, comme initialement supposé) que sortit "Les cités oubliées: Sud".
Paranouilla sortit le 2 mars 2005, soit une semaine seulement après, mais VTP estimait que ces deux films n'étaient pas en concurrence.

Parmi les fiches sur lui (au format Lioubioutchaï: internet déjà minoritaire continuait à perdre du terrain, y compris dans les formats de documents utilisées: on pouvait transmettre du HTLM via le Lioubioutchaï, mais il était bien plus facile de faire des documents au format "natif" d'AK, qui, de plus, prenait moins de place) il en lut une qui parmi les renseignements anecdotiques mentionnait qu'il avait grandi de 8cm au cours de sa carrière, si on commençait avec "Devine qui vient dîner ce soir". D'autres provenaient certainement de petites fuites de chez VTP, comme l'augmentation des informations données sur les différents avions au détriment des "intringues de pouvoir". Ses biographies devenaient plus précises et les erreurs s'y raréfiaient, les visiteurs des unes comparant à d'autres et, si ça ne collait pas, s'informaient ailleurs pour savoir à qui demander si telle info était crédible.
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Les notes renvoyaient à des listes de documents jugés intéressants par l'auteur sur ces séries, téléfilms, films ou acteurs.
Dans "l'anecdotique":

* Erwann d'Ambert serait à l'origine du lancement du groupe Småprat en ayant introduit pour la première fois une véritable Suédoise dans une production VTP ("Au vent du large").
* Avait rencontré Atte Ruusuvaara dans l'usine finlandaise avant qu'il ne devînt acteur.
* Considère qu'avoir peu de volonté est un facteur de réussite car laissant l'esprit plus ouvert et évitant de "piétiner son infanterie comme à Crécy".
* aucun film l'utilisant n'a fait moins de 28 millions d'entrées (monde) la première année. "Drakkars et dragons" approche les 700 millions.
* Pilote d'hélicoptères et avions.
* Adore les chats.
* Vit en Finlande mais semble préférer les Suédoises aux Finlandaises.
* Utilise une voiturette électrique et à pédales.
* Nage beaucoup, surtout en "monopalme".
* Joueur de "rinnepallo", sport finlandais dérivé du rugby mais sur terrain en pente forte à chaque bout. Erwann est à l'origine du passage à l'arbitrage informatisé et des nouvelles méthodes d'entraînement du rinnepallo.
* utilise des simulateurs à retour d'effort pour s'entraîner à l'escrime, aux arts martiaux et acrobaties.
* contribue comme ingénieur au développement de ces simulateurs ainsi que de la robotique utilisée dans les tournages. Pilote via un exosquelette articulé certains robots ou personnages virtuels, de sorte qu'il a parfois joué des rôles dans lesquels on ne le voyait pas, comme "Rahan".
* N'a jamais utilisé de lentilles bleues: le changement de couleur dans certains rôles était infographique.
* Ne porte jamais de jean ni de T-shirt, que ce soit dans les rôles ou en vrai, à notre connaissance.
* A participé dans les médias finlandais à une campagne de prévention contre le cancer de la peau s'adressant surtout aux jeunes filles.
* particularité thermique génétique (rare, mais il n'est pas le seul): il ne transpire pas et ses doigts ne s'engourdissent pas au froid, même dans l'eau.
* N'irait aux Etats-Unis que si les gens n'avaient plus le droit d'y détenir des armes à feu.
* préfère se dire "ingénieur" qu' "acteur".
* aurait recherché son père génétique en Finlande.

Via les archives des médias finnois, on savait qu'il s'était au moins posé la question, puisqu'ayant demandé ce que quelqu'un savait d'un certain Eetu ayant fait un voyage en Bretagne en septembre 1975. Ceci était resté, et avait alimenté une rumeur qui en fait n'en était pas une, puisque c'était vrai. Il ne l'avait par la suite jamais démentie ni confirmée, cette question (comme tout ce qui était "vie privée") étant exclue d'avance lors des interviews. D'où parfois la mention "acteur franco-finlandais", ce qui était inexact formellement car il n'avait pas la double nationalité et n'avait pas déposé de demande, bien que ce fût sa "résidence principale" depuis 1998: "je pense que l'on ne peut pas devenir Finlandais sans y avoir vécu tout petit pour en acquérir les réflexes culturels", avait-il répondu une fois sur un radio finlandaise lui ayant posé la question.

Les documents sur lui en finnois mentionnaient qu'il lui était strictement interdit, dans ses contrats, de pratiquer le sauna, en précisant "les Français pensent que c'est dangereux pour le coeur, et ne manqueraient pas de nous rappeler que nous faisons plus d'infarctus qu'eux".
Le nombre d'infarctus en Finlande avait toutefois baissé chez les consommateurs de "chairs artificielles" BFRSF, l'abus des graisses animales ayant une responsabilité plus lourde dans les accidents cardiaques que le sauna, qui, certes, maltraitait coeur, artères et veines (aggravation des varices et hémorroïdes, épaississement du sang et mauvaise irrigation des muscles (coeur inclus) en raison de la transpiration...), mais pas aussi souvent ni longtemps que les abus alimentaires.

Il se demandait d'où provenaient l'information "particularité génétique": cela avait simplement pû être observé au fil des tournages, toutefois ça n'avait pas sa place dans une biographie. Aymrald craignait surtout que "génétique" n'incitât à examiner son ADN plus en détail, pour voir à quels gènes c'était lié, et peut-être trouver Huntington. On pouvait intervenir chirurgicalement pour diminuer fortement la transpiration, mais il n'y avait à ce jour pas d'opération pour obtenir des doigts antigels, d'où l'hypothèse génétique. De plus, si on remarquait les mêmes propriétés chez certains des descendants américains d'Eetu (seulement une partie: ça dépendait à la fois de ce qu'Eetu leur avait légué et de la contribution maternelle), ainsi que (il suffisait de la chercher pour la trouver, en examinant un ADN) de la chorée de Huntington, on ne tarderait pas à faire le rapprochement. Plus il jouait dans des films (à succès mondial, en plus) plus il y aurait d'informations sur lui. Il y en avait encore peu (de non cinématographiques) par rapport à la moyenne des acteurs connus, mais ce qui l'inquiétait était que certaines qui ne pouvaient provenir que de gens de VTP filtraient.

Le festival de Cannes avait été appelé par certains (surtout dans les infos circulant via le Lioubioutchaï, mais aussi dans quelques médias classiques) le "festival du film non-VTP", car les productions de VTP n'y étaient jamais citées (comme aux César) bien que représentant la quasi-totalité des entrées du cinéma français (et encore plus "presque tout" à l'exportation). VTP sachant que ses films et acteurs n'auraient rien ni envoyait jamais quiconque, contrairement à Avoriaz (redevenu festival de la SF et du fantastique depuis 1997) qui suivait mieux les goûts du public. On ne voyait personne de chez eux non plus dans les "galas" et autres réunions de célébrités. Il y en avait peu dans les émissions "people" (Vittorio était allé dans quelques-unes, au début, mais plus maintenant), moins rarement dans de vrais émissions de cinémas ou sur les séries télévisées, tout en les prêtant plus facilement à la radio qu'à la télévision, et plus facilement à l'étranger qu'en France. Pour les émissions moins sérieuses, VTP prêtait surtout des "nouveaux", de sorte qu'en 2002 Alexandre y avait été présent plusieurs fois.

Quatre journalistes d'émissions sur le cinéma (d'Allemagne, d'Italie, d'Angleterre et de France) purent assister à un peu de télépilotage robotique, démonstration faite par Erwann en animant un des gladiateurs de Spartacus puis un monstre du futur "Gorparc" (sans dire dans quel projet ça se plaçait: ne voyant rien du décor, les visiteurs ne pourraient le deviner avant la sortie du film). Ensuite, un corps humain décapité. L'exosquelette ajouré entièrement articulé et plein de petits vérins (pour les retours d'efforts plus fin, c'était de l'ebsep, en particulier dans les gants) était très télégénique, de meme que le quadrillage lumineux multicolore projeté sur son visage par un système fixé à l'exosquelette et ne lui mettant pas de lignes dans les yeux. Sur un écran mural, un autre personnage, entièrement fait de nouilles grouillantes, mimait fidèlement le robot et Erwann. Géry, l'un des ingénieurs:
- Erwann joue parfois dans des films sans y être vu.

A la fin de "Paranouilla", la distribution montrait brièvement chaque personnage principal. Pour Nikita on voyait le robot de Valtteri Niininen et Erwann en vrai dans l'exosquelette en train de l'animer, avec la mention "Nikita: Valtteri Niininen... animé par Erwann d'Ambert". Ceci donnait à penser que tout son rôle était joué ainsi (à part du virtuel de plus loin, comme d'habitude chez VTP) donc que la robotique réaliste avait atteint un niveau d'agilité à peine croyable, là où en fait il s'agissait du vrai en ne substituant que la tête, ce qui résolvait des problèmes d'agilité encore difficiles en robotique. D'autres personnages étaient "animés par Erwann d'Ambert". Dans la VO (française) on retrouvait aussi ça et là Adrien au générique dans "voix de": les VTP n'étaient pas tous les plus adroits de leur propre voix pour dire les textes censés être "dans le feu de l'action". Dans ce cas, Adrien était chargé d'imiter leur voix sur le bon phrasé.

Kerfilm ayant déjà utilisé le titre "Les dents de la nuit" en 2000, il fallait trouver autre chose pour son nouveau film de vampires agissant cette fois dans le monde contemporain. Ce fut "Sang nocturne", où Erwann jouerait de nouveau un vampire qui escaladerait les immeubles à mains nues (après tout, quelques virtuoses y arrivaient sans trucage. Le vampire le ferait juste plus vite, sans avoir besoin d'aller jusqu'à imiter Spiderman) pour surprendre ses proies. Il était déjà habituel dans les films de vampires que la lumière électrique ne leur fît rien: seul le rayonnement solaire direct pouvait les griller. Il y aurait d'autres vampires, certains opérant dans les boites de nuit un peu comme Damien dans "Viande urbaine", mais sans avoir besoin d'un complice ni d'une cuisine bien équipée. Quant au cruxifix plaqué à un moment sur William (le personnage d'Erwann), qui souriait en disant: "ce placebo ne marche que si le patient y croit", avant de saisir et vider de son sang celui qui avait cru pouvoir le neutraliser ainsi. L'eau bénite non plus, donc, mais restait l'ail et surtout le fait qu'aspirer le sang d'un mort était toxique. Il y avait aussi la situation inverse: une jeune femme acculée dans un atelier trouvait en hâte les outils qui lui tombaient sous la main, et ce n'était qu'au moment où la faucille touchait le manche du marteau que le vampire joué par Lauri reculait en se cachant le visage.

Erwann revint en Finlande en mars. Ce mois-ci VTP tournait surtout des téléfilms et des séries, ainsi que "0016: les voleurs de mémoire", avec Vittorio Cario, dans lequel il téléjoua deux des méchants, depuis la Finlande. Il continuait les travaux d'amélioration des systèmes de retours d'efforts et surtout de retours tactiles précis, en liaison avec le bureau d'études de La Défense pour les prototypes de revêtements en ebsep restituant de plus en plus précisément le toucher. Il continuait également (comme bien d'autres) à observer et optimiser le réalisme des chats artificiels. Depuis "La planète des chats" les productions VTP utilisaient souvent des chats sans l'énorme perte de temps qu'il y aurait eu à tenter de tourner avec des vrais.

"Centrale meurtres" sortit le 16 mars 2005. "Cités oubliées: Sud" faisait mieux que les estimations de VTP qui pensait que ça ferait 10% d'entrées de moins que "Nord", sur les trois premières semaines d'exploitation, par crainte (par le spectateur) d'usure du concept, bien que disposant de plus de temps pour post-produire tous les effets spéciaux et le décor, or il n'en manquait que 3%, pour la première dizaine de jours. Il fût donc décidé qu'Erwann referait de la HF: "nous sommes encore loin d'avoir noyé le marché". "Le bout du monde" avait fait 221 millions d'entrées (dans le monde) donc accédait au statut de "porte-avions".

Profitant de la concurrence bollywoodienne ainsi que de Westfilm, les producteurs américains avaient divisé par cinquante, voire cent, les cachets proposés aux acteurs les plus connus: l'époque où l'on accordait plusieurs millions de dollars au premier rôle d'un grand film hollywoodien (et des dollars encore au prix fort, de plus) ne reviendrait probablement pas. Seuls quelques-uns dépassaient encore les cinquante mille dollars pour un rôle, et le système de l'intéressement aux bénéfices ("producteur associé") se répandait de plus en plus, en dispensant la production de verser de l'argent aux acteurs avant de l'avoir gagné. Bollywood faisait des progrès important dans la qualité des films tournés en stéréscopie (les effets fatigants pour le spectateurs étaient mieux évités, même si pas toujours) tout en ayant acquis de gros moyens infographiques, d'origine AK tout comme ceux de VTP. VTP avait spécialisé VTPI (Italie) et VTPIRL (Irlande) dans le tournage des séries télévisées pour des tiers, en plus de celles imaginées par des auteurs de ces pays.

"Paranouilla" fut post-produit facilement, vu les possibilités de pré-production d'un tel film (seuls les marins les plus proches des caméras étaient la plupart du temps réels) et sortit ainsi dès le 6 avril 2005. Il eût même pu sortir avant, mais "Centrale Meurtres" était sorti le 16 mars. "Paranouilla" fit énormément d'entrées dès la première semaine, le public semblant avoir envie de reprendre une bonne platée de nouilles carnivores. VTP pensait qu'il restait le risque de trouver que la transposition dans un porte-avions nucléaire russe puis un hôpital psychiâtrique ne suffisait pas à renouveller assez le genre. "Le péril vieux" sortit le 20 avril, et Mangapolis le 18 mai, tandis que "Batman: les dessous de Gotham" sortit (aux Etats-Unis et dans le reste du monde) la semaine suivante. Bollywood n'était pas encore capable de tourner un tel film, avaient estimé les Américains, et moins encore d'en "abattre" la post-production (gloutonne en puissance, vu le nombre d'effets spéciaux et une ville entièrement virtuelle devant avoir l'air "d'un réalisme sordide", pour ses bas-fonds) en si peu de temps. Zarkov n'y était qu'un des ennemis, d'où un temps d'occupation de l'image "moyen" (huit fois moins que Batman, voire dix fois moins si on ajoutait le temps d'image de Bruce Wayne) en échange d'une densité d'action et d'effets spéciaux (d'autant plus de la plupart n'étaient pas visibles "en tant que tels", mais rendaient facile à tourner ce qui ne l'eût pas été sans eux) supérieure à celle de Batman. Contrairement à ce que pouvait sur le moment attendre le spectateur mauvais en électricité et ayant trop vu de scènes conçues par des scénaristes en ignorant (délibérément?) les principes, Zarkov n'était pas du tout électrocuté quand il était projeté sur les rails (y compris le "troisième") du métro avec sa cote de mailles: bien au contraire, celle-ci lui servait de paratonnère et faisait disjoncter le réseau (comme si on y avait jeté du fil dénudé) donc sans avoir le temps de chauffer significativement. De même, la mise en route de la machine à IRM, dans l'hôpital, ne l'y plaquait pas (alors que c'eût été le cas avec ce que portait réellement l'acteur, si l'IRM avait été vraie) car le titane n'était pas magnétique. Seule l'une des armes allait s'y plaquer, les autres n'étant pas ferromagnétiques. C'était finalement Medusa qui le tuait d'un de ses pseudopodes digitaux gluants (esquivé par Batman et se collant à la commissure droite des lèvres de Zarkov, tétanisé), Batman s'étant débrouillé pour que ces deux-là l'attaquent au même moment dans le même lieu. On restait dans le cliché "le poison, arme des femmes", mais ce genre de film n'avait rien contre les clichés. Le problème pour Batman était que Medusa ne perdait pas un instant: elle avait déjà courru, attrappé Zarkov par un pied (il ne tombait de la galerie technique que lentement, grâce à l'hypogravité) et était partie avec (facile à porter, puisque ne pesant presque rien, mais il restait l'inertie, surtout en cas de changement de direction) puis s'emparait de la cote de mailles (que l'on voyait pendre vers le haut), mais avant d'avoir pu l'enfiler un coup la lui faisait lâcher. La cote tombait vers le haut du bâtiment, brisant un vasistas et disparaissant dans le ciel. Ceci (sans que ce fût mentionné explicitement) pouvait faire comprendre au spectateur que si on n'avait pas retrouvé de météorites à gravité négative, c'était parce qu'elles ne restaient pas sur Terre, même s'ils leur arrivaient peut-être de s'y cogner en raison d'une vitesse initiale suffisante dans l'espace. Les chercheurs russes, dans le film, avaient obtenu cette matière en dissociant la matière classique qui était fondue avec, dans la roche "allégée" qu'ils avaient découverte.

En voyant le film, Erwann constata que ça restait très américain mais "sans les défauts agaçants", les corrections de rythme (pas de "minutes pour rien") introduites par VTP comme les erreurs (très classiques dans le cinéma américain) ôtées avant de signer pour de bon le contrat y avaient contribué. Pas d'abus d'explosions ni d'effets empêchant de bien voir l'action: on voyait tout, "jusqu'au fond", comme dans du Kerfilm. Pas d'électrocution dans des situations où elle ne se produirait pas en vrai, et pas de "silhouettage" en éclair bleu électrique dans les cas où il y avait bien électrocution: les convulsions suffisaient. Pas d'explosions de véhicules mitraillés (mais des trous dans la caisse, les vitres), pas de perte spectaculaire de contrôle pour cause de pneu crevé: roulage sur la jante et imprécision de conduite, sans plus. Les grand succès de Kerfilm avaient déjà habitué le public (y compris américain: ça finissait par sortir dans la plupart des salles, là-bas, par simple loi de l'offre et de la demande) à ce "débogage" du cinéma par rapport aux effets du monde réel, car il y avait bien assez de moyens et d'occasions de produire des scènes spectaculaires sans recourir à des invraissemblances. Ca nécessitait juste de meilleurs trucages que du "gros qui tache" irréaliste. Ce qui n'existait pas en vrai était présenté comme "donnée du jeu" (la cote de mailles anti-G, les gants lance-glue corosive et neurotoxique, certains des équipements de Batman) mais ensuite, les lois de la physique étaient respectées (anti-G, d'accord, mais pas n'importe comment, et avec l'inconvénient du manque d'adhérence des pieds, à moins d'utiliser un lest, par exemple un sac à dos rempli de sable dont il suffisait d'ouvrir le fond pour s'alléger rapidement).

Le succès fut immédiat aux Etats-Unis, car même "déboguées" ces 2h45 contenaient tout ce qu'attendait le public américain dans un tel film (sauf des acteurs américains, par contre l'ambiance urbaine et les voitures étaient américaines, Westfilm en ayant déjà quelques centaines (pour d'autres tournages) permettant de tout tourner dans les studios bretons, voitures multipliées, repeintes et "réoptionnées" par infographie pour en faire stationner et circuler plein les rues sans trop de répétitions, puis en casser quelques-unes dans les scènes qui le demandaient), avec en prime un côté "noir et amoral" à l'anglaise ainsi que le rythme plus latin (ou plus "jamesbondien") imposé par Westfilm. Parmi les cinq ennemis principaux qu'affrontait le héros, on ne retrouvait pas le Joker (ni "Catwoman"), mais des inédits. Medusa était l'adversaire ayant le plus de secondes de présence (active ou non) à l'écran.

La puissance de transmission du système "Lioubioutchaï 3" continuait de croître malgré le nombre croissant d'utilisateurs: grâce au pas de tir centrafricain, la Russie lançait bien plus de satellites qu'au début du système: plus de quinze cents par an, soit chaque année le triple de que tout ce qui avait été mis en orbite par les autres pays à ce jour. L'émetteur récepteur restait encombrant, avec ses deux paraboles, et gourmand en courant quand il émettait. Ceci allait peu à peu faciliter la télétransmission de films dans une qualité "télévision" correcte donc tuer le marché de la vidéo payante (quelque fût le support) car il n'y avait aucun moyen de "pister" quelqu'un via le Lioubioutchaï, d'où son succès et sa popularité auprès des contestataires de tous poils: c'était ainsi que la Chine avait perdu la bataille de la désinformation.

En plus de "Lames d'élite" et de "Sang nocturne", il allait tourner en juin "Gorparc", situé principalement dans un immense parc d'attraction sur le thème des films d'horreur, de SF et de "gore", avec quantité de bestioles et chimères animées, effets gluants (qui en principe ne se plaquaient pas sur les voyageurs) dans lequel des mutants insecto-humanoïdes s'infiltraient pour enlever des visiteurs et des techniciens (Erwann jouant l'un d'eux), les premiers ayant disparu mystérieusement aux cours de tournées d'inspection et d'entretien des installations, en particulier le train fantôme qui constituait était une partie du "grand huit". Ceci permettait des scènes impressionnantes qui l'étaient d'autant plus en stéréoscopie. VTP envisageait de créer un parc de ce genre, à condition de réussir (les simulations étaient en cours) à ce que l'entrée puisse être proposée pour beaucoup moins cher que dans les autres attractions de ce genre. Pas de problème pour la nourriture (BFR) et les effets spéciaux (VTP savait faire), restait à bien estimer le coût des mesures de sécurité et de la malveillance possible (en particulier de concurrents envoyant de faux visiteurs). Certaines attractions permettraient de gagner des points permettant d'augmenter son avoir pour en visiter d'autres. Comme pour deux des paquebots participant à des films de VTP avant leur lancement, VTP ne construirait le parc que si le film marchait bien. Des "ingénieurs à tout faire" (ou presque) comme Aymrald (puisque pas en tant qu'acteur, cette fois) participeraient alors à la fabrication des attractions. La "grosse machinerie" serait fabriquée chez Kermanac'h, la moins grosse et à "aspect réaliste" par le bureau d'études et les ateliers de VTP, dérivée de celle du film mais devant pouvoir fonctionner continuellement, et pas juste le temps d'une prise, ce qui imposait de repenser le système d'accumulateurs pour les robots mobiles, donc aussi la répartition de cette masse ajoutée.

"Mangapolis" et "Gorparc" étaient deux films fort différents ayant comme seul point commun d'avoir lieu dans un parc d'attraction, d'où beaucoup d'effets de foules (surtout lors des paniques) gérés par l'infographie, et de mouvements de caméras à retourner l'estomac lors des poursuites dans certaines attractions, ou simplement au stade de la "mise en situation", par exemple quand l'équipe d'entretien dont Erwann faisait partie (pour Gorparc) effectuait les vérifications quoditiennes avant l'ouverture au public, vérifications qui, on le devinait, étaient prétextes à bien s'amuser. La disparition de deux ouvriers d'une des équipes allait changer un peu l'ambiance, mais comme toute la machinerie avait passé les tests sans bogue, et que si c'était un accident, le système informatique et la vidéo en auraient gardé trace, le parc ouvrait normalement ce matin-là.

Gorparc allait sortir dès les 13 juillet, étant post-produit au fil du tournage en priorité par rapport aux autres films en cours, de façon à faire "gros film d'été qui tache".

"Bio", le quatrième film dans lequel il jouerait en juin serait situé dans le "middle-west" américain (mais rien n'y fut tourné): une communauté d'agriculteurs biologiques était soupçonnée par les habitants (plutôt primitifs, la "22LR" accrochée sous le toit du pick-up) d'être une secte et d'avoir enlevé deux enfants du village (alors qu'il s'agissait d'une fugue: le gamin et sa soeur étaient montés dans un train de marchandises, à l'insu de leurs parents), d'où de petites puis peu à peu une grosse attaque de la ferme devenue un camp fortifié façon Alésia. Les constructions en bois (antérieures à l'installation de la colonnie, sinon on pouvait supposer qu'elles auraient été bâties directement en terre, avec juste un réseau de poutres d'ossature, pour abattre le moins d'arbres possible) avaient été doublées d'un mélange de paille et de boue (sèchant vite, car c'était l'été), y compris sur le toit, en y ayant d'abord cloué des filets et de la toile de jute pour que la préparation ne coulât pas avant de sècher, ce qui leur donnait un aspect bien plus "primitif" mais les rendait difficiles à incendier, contrairement aux fermes des péquenots lors de deux sorties de représailles. Ce n'était pas "Westfilm" mais "Kerfilm", car le scénario était entièrement "maison". Certains (dont Travis, personnage joué par Erwann) tentaient des sorties commandos pour essayer de prendre l'ennemi à revers après avoir créé une diversion à l'aide de cocktails Molotov (c'était une communauté sans OGM mais pas sans alcool, car on les voyait en distiller dans une colonne à chauffage solaire, au début: gouttière parabolique en aluminium autour d'un tube de cuivre noirci, avec mécanisme d'horlogerie pour faire pivoter la gouttière selon la course du soleil. Cet alcool servait aussi dans les quelques voitures et motos qu'ils avaient). Un "film de siège" en version moderne (avec beaucoup d'action: de la part de ceux tentant d'entrer, ou de sortir), mais très primitive dans son contexte comme par le QI des assaillants, qui avaient toutefois l'avantage d'être mieux armés. Après les primitifs norvégiens à motos, les péquenots de l'Amérique profonde en pick-up, et la police locale qui préférait ne pas s'en mêler, après être tout de même (au début, avant le siège) entrée fouiller avec un chien qui n'avait trouvé aucune trace des enfants, ce qui pour les péquenots ne pouvaient pas qu'ils n'étaient pas détenus dans un souterrain ou quelque chose de ce genre.
Il y avait déjà eu nombre de films sur des sectes retranchées, mais cette fois il s'agissait de gens qui étaient supposées en être une alors que ce n'était pas le cas. Bio sortirait le 27 juillet, deux semaines après Mangapolis.

En juin, outre les quatre films dans lesquels il jouait directement, Erwann pilota à l'exosquelette le robot de "Kerminator II", qui cette fois opérait au Japon: un des chercheurs japonais ayant pisté ce qui était arrivé en Bretagne suite au vol d'une version défectueuse de leur logiciel de robotique le plus poussé s'était beaucoup intéressé à l'intelligence artificielle qui en avait résulté, sans que personne ne sût comment (certains bogues avaient de l'intelligence artificielle, puisqu'ils résistaient à toutes les tentatives de prise en "flagrant délit" par les informaticiens retestant les programmes et pouvaient faire accuser à leur place des fonctions qui n'y étaient pour rien). D'où la construction, après le premier exemplaire qui ressemblait à Zhao en plus grand et "armoire à glace", d'une d'une variante de Goldorak, lancé pour tenter de le récupérer et l'arrêter. (VTP s'écartant juste assez du dessin initial pour ne pas être accusé de plagiat. De plus le robot n'était pas immense: il pouvait tenir sous un plafond ordinaire. Il y avait aussi quelques emprunts stylistiques à "Gundam Wings", autre histoire de robots géants), l'un puis l'autre (pas "dommages collatéraux",lui) semant la dévastation sur son passage dans Tokyo (plus facile à synthétiser chez Tarsini que Paris ou Rome), mais toutefois ne volant pas avec des réacteurs dans les pieds comme ces robots de dessin animé. Cette fois, c'était quantité de voitures japonaises récentes qui avaient été soigneusement numérisées pour pouvoir être cassées de façon aussi crédibles que des vraies: il eût coûté trop cher d'importer des épaves du Japon, or les versions vendues en Europe (il eût fallu puiser en Angleterre, pour avoir le volant à droite) différaient par divers détails extérieures de celles circulant au Japon. Ce problème se posait moins pour les motos: VTP en avait déjà bon nombre, ainsi que leurs modèles virtuels.
Zhao et divers autres Emilianiens asiatiques jouaient certains des "Japonais", les autres étant virtuels ou sous forme de robots "pour casser": par exemple se faire emporter la moitié de l'arrière du crâne par une balle entrée par un oeil. On retrouvait toutes les "figures imposées" du genre, dont la poursuite en motos à travers un hypermarché (sur plusieurs niveaux, d'où escalade des escaliers mécaniques à contresens en fendant la foule) et les sauts à travers les vitres d'un immeuble à un autre, et le lancement (puisées au rayon de bricolage) de lames de scie circulaire par l'un ou l'autre des robots, ou quand, faisant irruption dans une compétition, le Kerminator empoignait un sumotori et le projetait loin contre les policiers (arrivant en masse) comme pour faire un score au bowling, puis leur lançait le second pour faucher ceux encore debout. Nombreux emprunts aux mangas et à des films de karatés connus (dont ceux de Jackie Chan), pour certaines scènes.
Dans Zapman, super-héros "à la Marvel" (mais sur un rythme scénaristique plus rapide et sans aucune morale) inventé de toute pièces par VTP, Erwann télépilota tour à tour, partiellement ou totalement, trentre-quatre des personnages dont Zapman "prenait le volant" au cours de l'action, avant d'en zapper soit pour meilleure opportunité sur le moment (le précédent étant fatigué, par exemple), soit parce qu'ils étaient sur le point de se faire tuer. Le détournement d'individus était le seul "superpouvoir" de Zapman, qui marchait aussi avec des animaux, en particulier pour s'éclipser discrètement. Quand ils survivaient, les gens qu'il avait "zappés" ainsi retrouvaient leur esprit avec un trou de mémoire correspondant au temps pendant lequel ils avaient été squattés. Il jouait pendant deux minutes à l'écran un des "zappés" les plus agiles, dans la scène se déroulant à Bruxelles, mais qui, ayant glissé sur l'huile s'écoulant d'un distributeur automatique de frites chaudes percuté par une voiture, finissait écrasé par un tramway dont les boggies sursautaient sur le corps: ce véhicule était bien moins lourd qu'un train. Ses poursuivants ne s'étaient pas tout de suite rendu compte qu'il n'était pas mort immédiatement de ses blessures et avait zappé dans la première passante s'étant approchée, pendant qu'elle téléphonait (Lioubioutchaï) pour appeler les secours.
Zapman avait comme intérêt de n'avoir pas de physique attribué, puisque c'était une sorte de Bernard-l'hermitte des cerveaux. Il n'effaçait pas l'hôte, mais le mettait hors jeu pendant qu'il prenait le contrôle de son corps. Quelques mauvais réflexes, en passant d'un petit à un grand ou d'un léger à un lourd ou inversement, lui jouaient parfois des tours juste après avoir zappé. C'était l'occasion d'utiliser quantité d'acteurs connus de VTP, de synhèse d'eux et de robots comme Kalle Alioravainen et bien autres n'imitant pas quelqu'un d'existant, mais qui avait l'air de pouvoir exister.

Zapman serait donc le film où il semblerait avoir le moins joué (de ceux où il apparaissait) mais en fait il y était cinématiquement présent bien plus souvent et longtemps que sous son propre aspect. De plus il avait aussi préenregistré pour les autres acteurs humains jouant des "zappés", quand il ne pilotait pas directement leur version robotique ou virtuelle. C'était cela qui donnait quelque chose de commun (si l'on était sensible à la façon de bouger des gens) à tous les "zappés" par Zapman, qui faisaient tous "du Erwann d'Ambert" mais moyennant leurs possibilités physiques: il ne pouvait communiquer de "pouvoirs" particuliers aux gens qu'il squattait. La prestation l'intéressa beaucoup techniquement, car il contribua aussi aux règlages de chacun des robots, tout en supposant que le film ne ferait pas un gros score, malgré les possibilités offertes par ce "non-personnage" qui pouvait faire en sorte de déclencher une bagarre en prenant brièvement le contrôle de deux ou trois invidus pour les faire se cogner dessus (voire s'entretuer s'ils étaient armés), provoquer des votes à mains levées en les levant tour à tour, etc. D'où des personnages occupés juste une seconde, ce qui expliquait leur grand nombre au total, et dans ce cas il n'y avait pas à téléjouer: l'acteur (ou la simulation) pouvait le faire directement. Zapman ne pouvait pas faire cela à travers un obstacle (même une vitre): il fallait une trajectoire linéaire ne comportant que du fluide (air, eau, etc) entre le dézappé et le nouveau zappé, et pas trop loin: jusqu'à environ dix mètres. En particulier ça ne marchait pas pour s'emparer du conducteur d'un véhicule si la vitre n'était pas baissée de ce côté. On n'avait pas le temps de nommer la plupart des personnages zappés, donc au générique il était cité à:
"Ecrasé par le tram: Erwann d'Ambert",
tous étant listés dans l'ordre de "zapping" au cours du film, avant la liste des autres personnages (non zappés) bien que certains eussent joué plus longtemps que le plus durable des zappés, et cités eux aussi par ordre d'apparition. Certains "zappés" étaient déjà dans le film avant d'être squattés, d'autres y jouaient encore un rôle après.

Zapman était le 88ème film dans lequel il apparaissait comme acteur visible, en plus des 19 (en comptant les "Rahan") où il avait "téléjoué" sans y être vu et des 22 autres dans lesquels il avait "préjoué" certaines scènes pour d'autres acteurs, lors de la mise au point et l'enregistrement numérique des mouvements des personnages.

L'industrie russe avait réussi une grande percée dans le marché (récent) des voitures hybrides à prépondérance électrique (contrairement aux modèles japonais du début de ce millénaire) à prix très accessible, grâce à la technologie Ni-Zn: la puissance massique ne vallait pas les éléments au lithium, en échange d'un coût nettement inférieur et d'une longévité supérieure.

Alvéole 75 connaissait un succès important, au fil du temps: à défaut d'avoir suscité un engouement immédiat comparable à celui des "porte-avions" de VTP, il avait fini par en devenir un, en franchissant les deux cent millions d'entrées mondiales début 2005, ceci bien que l'histoire concernât Paris. Ceci avait incité VTP à étudier d'autres scénarii de SF interférant avec le monde réel (contrairement par exemple à Troglodia). Avec 488 millions d'entrées fin juin 2005, "Viande urbaine" méritait sa réputation de "film culte", au point que VTP avait abandonné l'idée d'en dériver une série télévisée, de crainte de décevoir. Il y avait finalement eu une série exploitant le thème du canibalisme "civilisé", mais qui se déroulait dans des clubs de vacances. VTP tardait à proposer certains des grands "Kerfilm" pour diffusion télévisée: tant que ça marchait encore en salles (parmi les gens ne l'ayant vu qu'en plat, beaucoup souhaitaient les revoir en stéréoscopie quand ils en avaient enfin l'occasion, une nouvelle salle équipée ainsi ayant ouvert à distance raisonnable de chez eux), à quoi bon? La télévision et la commercialisation sur supports enregistrés viendraient ensuite.

Cet été, Erwann travailla à beaucoup de robotique d'animation réaliste (félins, reptiles et chimères), pour divers films et télésuites de VTP et VTPSF, tout en pilotant à l'exosquelette diverses "entités" dans la seconde saison de "Chasseurs d'ombres". "Sang nocturne" sortit le 10 août, puis "Lames d'élite" le 31 août.
Il prépara aussi les rôles de ses tournages de septembre, dont le nouveau film de cape et d'épée: "réaffutage", où Henri, un jeune rémouleur, devenait le justicier nocturne remédiant dans une ville du XVIIIème siècle aux impunités que s'accordaient entre eux les notables, le clergé et les magistrats. Ce film utilisait Erwann (d'un blond "or jaune" façon Alexandre Fresnel par infographie, comme cela avait déjà été fait pour quelques rôles) dans ce rôle qui demandait beaucoup d'adresse, d'aptitude à l'escalade rapide et de résistance à la fatigue (en plus de devoir donner l'impression d'aisance à faire tout ceci). Il y jouerait un autre personnage fort actif, cette fois infographié en noir-bleu (reprise des reflets d'origine mais en changeant les couleurs, d'où un effet réaliste sans trop de calculs) et aux yeux gris-violet, personnage que l'on supposerait peut-être avoir été confié à un nouvel Emilianien du stock, avant de le retrouver dans le générique.

Le film devant beaucoup aux aptitudes dynamiques d'Henri (aidé par la façon de filmer), sans en faire trop (sans donner l'impression d'en faire trop: ça se buvait "sans y penser") VTP avait préféré lui confier le rôle, après des essais avec Alexandre (correspondant mieux à la définition virtuelle du personnage d'origine) qui auraient obligé à truquer plus de scènes. Alexandre eût un autre rôle dans ce film, plus souvent à l'écran mais plus abordable du point de vue exécution.
Erwann ne jouait donc pas le personnage le plus souvent à l'image (il n'arrivait qu'en quatrième position, et si on prenait le film quart d'heure par quart d'heure, il n'était que huitième à douzième des plus présents, dans une "tranche", tout en étant au total dans presque toutes les tranches (sauf la dernière, puisqu'il était mort dans l'avant-dernière: le film continuait fort dynamiquement sans lui), contrairement à beaucoup d'autres, d'où cette quatrième position de présence à l'image au total), tout en étant le "vecteur" principal de l'histoire: VTP avait réparti l'intérêt sur d'autres, comme d'habitude, y compris de jeunes et vaillants Emilianiens habiles eux aussi à l'épée.

Parmi les tournages de septembre, XXY (c'était ce qui était gravé sur la fiole contenant la potion), était une fantaisie médiévale (plus romantique-comique que de la "HF", mais avec beaucoup d'action tout de même) dans laquelle une princesse devait se changer en garçon (pas juste se travestir: le devenir, en avalant une potion) pour succèder au trône, qui sans cela reviendrait à son oncle. Une fois qu'elle serait roi (via son soit-disant frère), elle pourrait abroger la loi réservant le trône aux héritiers mâles et revenir comme reine, mais bien sûr ça n'allait pas se passer aussi simplement. C'était Hillevi qui faisait la princesse Anne et Erwann le prince (provisoire) qu'elle devenait en avalant le breuvage (le prince Roland était censé avoir été enlevé par l'ennemi quand il était petit), lequel avait ensuite des effets imprévus, surtout lorsque l'effet principal s'estompait: Hillevi ne récupérait pas sa poitrine, la seconde fois, donc devait tricher avec des chiffons enroulés. Une autre fois, la voix de Roland (Erwann) restait celle d'Anne (Hillevi) ce qui lui interdisait de parler, quitte à feindre une extinction de voix. L'air de famille entre Hillevi et Erwann avait été remarqué depuis longtemps par VTP, mais c'était la première fois qu'un film en tirait partie. Hillevi serait 4,35 fois plus souvent à l'image que lui (qui n'arriverait qu'en huitième position, en temps total de présence à l'écran, parmi les acteurs de ce film, Hillevi ayant le rôle principal à la fois par le scénario et par le temps de présence à l'écran), mais (à sa demande) elle avait les yeux verts par infographie, dans XXY, plutôt que de bleuïr ceux d'Erwann. Ce n'était qu'une des nombreuses péripéties et actes de magie ou sorcelerie de cette histoire "tout public" (beaucoup d'action mais pas de violence style "chairs arrachés ou lacérées" déconseillées au jeune public) qui puisait dans bien d'autres, sur un thème plus léger voire un peu comique que la "HF" au sens habituel. Hillevi maniait l'épée, le casse-tête à pointes (ou masse d'arme), la hallebarde, etc.
C'était la première fois qu'un personnage joué par Erwann devait (du fait du scénario) lui ressembler. Ce n'était pas l'usage jusqu'alors, ses personnages pouvant avoir (si l'on ne se fiait qu'au scénario) d'autres aspects que le sien donc auraient pu être joués (au moins visuellement) par d'autres que lui. Là, il eût fallu remplacer aussi Hillevi pour pouvoir le remplacer, sauf si on prenait Knut ou Viljami qui étaient "compatibles": des Attéens.
La potion XXY n'était qu'un fil conducteur au cours de péripéties "à la VTP" avec attaque de château au trébuchet et au bélier, enlèvement de la princesse par des barbares mongoloïdes, charge de sangliers fous sortant des bois en renversant chevaux et hommes d'armes, une pluie verte transformant les gens qu'elle mouillait en grenouilles, etc. De la fantaisie médiévale "à l'italienne", à voir et revoir en famille sans arrière-pensée.

Il joua aussi dans trois autres films, dont "Métaux", une SF de futur proche dans laquelle une pénurie mondiale de ressources (énergie, métaux, composants électroniques, etc) conduisait à la raréfaction des déplacements (il y avait encore l'électricité issue des barrages et surtout des centrales géothermiques, mais essentiellement utilisée pour l'électrométallurgie (extraction de métaux de l'eau de mer, entre autres, faute de pouvoir en acheter sur le marché mondial) et ce qui restait d'industrie. Peu de trains circulaient: il avait été difficile de surveiller des milliers de kilomètres de caténaires attirant les voleurs de cuivre, l'un des métaux les plus volés. Les gens restaient chez eux, avec télétravail autant que possible) et avait conduit nombre de départements, voire de grosses villes, à déclarer leur indépendance (d'abord fiscale, ce qui avait mis fin à la puissance des Etats), ça et là en Europe, puis rétablir des péages (octrois...) tout en restant dans une ambiance "pseudo-contemporaine": quelques voitures diesel circulaient encore, alimentée à l'huile végétale, parmi beaucoup d'engins cyclables plus ou moins électroassistés ou à assistance hydropneumatique: il était plus facile de stocker de l'énergie (souvent venue d'éoliennes, pour les particuliers) sous cette forme qu'en électricité, surtout avec le manque de disponibilité de métaux pour refaire des accus. Le canibalisme fournissait de la viande très bon marché, mais pas partout: c'étaient les immigrés clandestins (venus de pays encore plus rationnés) qui servaient de nourriture près des zones frontières les plus fraudées. Nombre de faux passeurs alimentaient en fait des boucheries. Le spectateur découvrirait peu à peu cela comme toile de fond d'une histoire de trafic de métaux trans-européen qui était l'intrigue principale, mettant en jeu divers groupes mafieux, ce qui donnait lieu à des poursuites, des enlèvements, des prises d'otages et donc à beaucoup d'action.
Un film d'action de gangs situé dans un contexte renouvellant le genre, mais sur un thème, qui, lui, était déjà une réalité: le vol et recel de métaux. Ce monde rationné n'était pas totalement anarchique ni décivilisé: il revenait surtout à l'échelle locale, la "mondialisation" n'ayant pas survécu à un pétrole devenu hors de prix ni à l'inflation des métaux les plus demandés par les industries mondiales.
VTP savait que ce ne serait pas un succès "portavionnesque", mais les amateurs de futurologie proche y trouveraient leur compte de même que ceux des films d'action type "guerre des gangs": VTP y avait mis tout ce qu'il fallait, comme dans "braquages".

Le second tournage l'utilisait comme ingénieur suédois participant aux derniers tests de précision de manoeuvre (pendant l'arrivée des permiers résidents) d'une immense île artificielle motorisée japonaise. Il existait de tels projets, VTP ayant juste un peu avancé leur calendrier. Cette fois, tout était virtuel ou reconstitué dans la base nautique, car il n'avait pas été possible de se faire prêter une véritable île artificielle touristique, aucune n'étant prête à cette date.
Les Yakusa détournaient le projet, sans savoir que ce faisant ils enlevaient toute une famille de la mafia russe, qui y était en vacances.

Le cadre légèrement SF (proche: de telles îles existeraient quelques années plus tard), luxueux, fastueux, ludique, jamesbondien (mais ce n'était pas un "0016") rendait spectaculairement à l'image, mis en oeuvre avec tous les moyens infographiques constamment améliorés de VTP (les recettes colossales des films précédents y contribuant) ainsi que le prétournage dans les vastes studios à surfaces parcourables modifiables en temps réel. Les Yakusa prenaient Sven pour un des Russes, à un moment, ne distinguant pas plus un Suédois d'un Russe que les Russes un Japonais d'un Chinois. Les poursuites à travers les restaurants hors de prix, les casinos, le port de plaisance, puis dans la machinerie sousmarine (puisque sous la surface) de l'île suffisaient à meubler sans redite un film de 2h30. "L'île mobile" était le titre provisoire du film, VTP ne sachant s'il y en aurait un autre d'ici sa sortie.
Erwann animait aussi trois des Yakusa (qui étaient la plupart du temps virtuels) pour leur donner la même aisance dans les poursuites et acrobaties.

Le troisième ne fut pas compté dans sa filmographie "directe" bien que son personnage fût visiblement dérivé de lui: "Règlement de comptes" était un film de gangsters des années 50 (avec des DS aux phares "à l'ancienne") dans lequel il était censé être alsacien, tandis que l'essentiel de l'action se déroulait dans un des modèles de reconstitution de Paris qui avait déjà servi pour cette période dans "La statue de Dorian Gray". Un film très noir contrairement à Braquages, bien que non dénué d'humour indirect. C'était un style d'image qui lui aussi faisait années 50, par règlage des caméras numériques et de l'éclairage, au moins autant que celui de "braquages" faisait "milieu des années 60". Trafic de drogue et de faux billets, ainsi que de voitures volées, d'où beaucoup de poursuites et fusillades, tout en veillant à ne faire double-emploi ni avec Traction (même transposé) ni avec Braquages. Pour ce film, l'infographie lui faisait les yeux bleu clair, avait créé une fossette au menton et une sorte de brosse touffue, aspect foin. Son rôle était très actif et agile (d'où le choix de cet acteur) mais le plus souvent de loin, et dans moins de scènes que les quatre personnages principaux. Le robot à son image, qu'il pilotait, pouvait se prendre des "pruneaux" en pleine chair car à travers des vêtements, le trucage était considéré comme trop facile par les spectateurs habitués. En fait il avait aussi réellement joué dans le film (moins que le robot, qui était plus rentable que de le modifier en post-production, mais le robot ne savait pas tout faire, même bien télépiloté: le retour tactile bien que constamment amélioré lui donnait encore l'impression de porter des gants épais) mais ce fut compté comme "animé par" et non "joué par", contrairement à son remplacement d'Atte dans Gamma. VTP s'était rendu compte qu'il n'était pas si facile de former des acteurs-cascadeurs presque toujours bons du premier coup pour ce type de tournage. D'où le réemploi de plusieurs fois les mêmes déguisés ou infographié, selon les possibilités, ainsi que de la robotique asservie.

En effet, pendant le générique final (où les personnages principaux réapparaissait lorsque leur nom changeait de couleur dans le déroulant, les personnages plus périphériques apparaissant ensuite par groupes de petites vignettes, avec des flèches vers les noms) on voyait Erwann poser à côté de Gérard, son personnage robotisé, ce qui donnait à penser que tout le film avait été tourné ainsi (histoire peut-être de "désespérer Bollywood" qui n'en était pas là, et de très loin, au point de vue robotique réaliste) alors que souvent c'était soit de l'infographie totale soit de la retouche infographique de scènes réellement tournées avec lui.
Yeux bleu pâle (quand on avait le temps de les voir, mais même vite vu ça donnait une tonalité moins nette que le "vert de chat de concours" habituel), fossette au menton: des gens allaient se demander quel acteur c'était. Encore un nouveau Finlandais? La plupart n'auraient pas le temps de se poser la question, emportés par le feu de l'action (or dans les phases plus calmes, Gérard était absent ou loin dans l'image. On ne le voyait de près que par instant par exemple au moment de tirer à la mitraillette), d'autres auraient le temps de reconnaître ses dents, les commissures des lèvres (non modifiées, dans ce personnage), quelque chose dans la fin du dessin des yeux qui n'était pas si répandu chez les Attéens nordiques "de série", peut-être.
La DS 19 intéressait les gangsters en raison de ses performances (bien que le premier moteur manquât de puissance: seulement 75ch) et aussi parce qu'elle était facile à voler, comme déjà mentionné dans "Les Valseuses": il suffisait de dévisser le boulon d'extrémité d'une aile arrière (manip nécessaire pour un changement de roue) pour accéder au verrouillage d'une porte arrière et ouvrir ainsi sans effraction (il suffisait de reboulonner l'aile ensuite), puis profiter de l'absence, à l'époque, d'antidémarrage un tant soit peu sérieux. Toutefois les pannes fréquentes de ces premiers modèles participèrent aussi à l'échec de certains braquages ou à des imprévus dans des poursuites.
L'expérience cherchait à voir de combien de façons différentes on pouvait utiliser Erwann ainsi dans certains films (ça avait déjà été le cas antérieurement) tout en pouvant lui faire jouer d'autres rôles en même temps ou peu après. Les essais avaient montré que oui, donc le personnage Gérard serait fait en partie "sur lui", et non entièrement robotisé ou synthétisé (toutefois la synthèse restait plus économique de loin), ce qui faisait gagner du temps de mise au point: le robot ne pouvant pas tout faire seul, loin de là. On en profita aussi pour laisser croire, lors du générique, (sans pour antant le prétendre: juste montrer les deux) que le robot avait joué tout ce qui n'était pas confié au personnage virtuel.

Dans "Règlements de compte" il était listé comme "animateur de personnage" et roboticien, fonction qu'il occupait depuis quelques temps dans de plus en plus de génériques de films (y compris ceux où il n'animait aucun personnage ayant un air de famille avec lui).

Ces tournages porteraient sa filmographie à 99 films de cinéma, non compris "Règlements de compte" puisque compté dans les "téléanimés par lui". C'était beaucoup, mais peu de gens en auraient vu plus d'une vingtaine (seulement une douzaine, en moyenne), vu comme VTP tardait à accorder des diffusions télévisées pour nombre d'entre eux: quatre ans et demi de délai, en moyenne, sans servir plus tôt les chaînes payantes, à l'exception de celles émettant déjà en stéréoscopie (il y en avait quelques unes, via les canaux du Lioubioutchaï "passif" loués à cet effet). Ceux qui avaient presque tout vu étaient les assidus des salles obscures, les assoiffés de stéréoscopie et ses fans. Sauf lors des rediffusions de "Cap sur Mars", il était bien moins souvent à l'écran (petit écran) que des dizaines de personnages de séries télévisées de VTP et des centaines de personnages d'autres séries télévisées. De plus il n'était pas, en moyenne sur les films dans lesquels il apparaissait (mais cela pouvait arriver dans certains d'entre eux) un des trois personnages ayant le plus de secondes à l'image (sauf de loin avec les autres) dans le film, même si souvent il en animait d'autres donc totalisait un "intéressement" supérieur. VTP (et surtout Kerfilm) restait fidèle au principe "le spectateur doit pouvoir miser sur un parmi au moins cinq rôles principaux, sans que le scénario semble lui en imposer un". Il pouvait y avoir un personnage principal au sens du scénario (par exemple Anne (Hillevi) dans XXY) mais pouvant aussi être "lu" comme un fil conducteur vers d'autres. Erwann continuait à penser que le point faible (scénaristiquement, car côté réalisation il n'en percevait pas) des "N voyages de Robert Trébor" était que l'on savait que le fil conducteur ne casserait pas avant le dernier, d'une part, et que d'autre part le temps de bien "rentrer" dans un des seize contextes (en souhaitant souvent en découvrir plus) le scénario zappait déjà au suivant. Onze au lieu de seize aurait limité cet effet que personnellement (comme spectateur) il trouvait un peu frustrant. Ca marchait mieux dans la version télé qui était plus longue donc développait plus en détails (sans ralentissement apparent: c'était de l'optionnel ayant été supprimé pour le film, et non du délayage) chaque court-métrage de ce périple. Ce film avait d'ailleurs plus plu aux filles qu'aux garçons: comme on l'avait constaté (à l'inverse) en revenant à "une seule matière par jour" dans l'enseignement, le "zapping" était un trait plus typiquement féminin, les garçons (mais ce n'était qu'une tendance sur l'ensemble, pas individu par individu) préférant les longues sessions sur un seul thème fouillé en profondeur.

Il y aurait d'autres tournages cet hiver (dont de la SF), puis au printemps (dont de la HF): il calcula que ça lui ferait cent six films (auquels il faudrait ajouter les téléfilms et les épisodes de séries télévisées, ainsi que les films où il faisait des personnages indirects donc sans être compté comme "acteur") lors de ses trente ans. Pour le moment, VTP parvenait à ne pas se répéter: "XXY" ne faisait pas double-emploi avec d'autres "médiévaux", et si le thème de la piraterie à bord d'un navire de luxe tout neuf avait déjà servi, l'île mobile offrait un tout autre cadre de prise de vue et mettait aux prises deux groupes mafieux, au lieu de pirates et d'équipage. VTP avait peu utilisé le XVIIIème siècle jusqu'alors, d'où ce choix pour "réaffutage", et la SF proche qu'était "Métaux" n'était pas un pseudo-Mad Max. VTP referait de la SF "spatiale": il n'y en avait pas eu beaucoup, au total, "Alignement direct" étant la plus "technophile" et "Serranix" la plus "tuez-les tous". Seuls 22 des films dans lesquels il avait joué étaient passés à la télévision, pour le moment: la multiplication des salles stéréoscopiques entretenait les ressorties des films de ce type (essentiellement du VTP...) d'où des carrières en salles bien plus longues que pour des films plats, comme l'avait espéré VTP en misant à fond sur cette technique: certains spectateurs les ayant vus en salle "plate" les revoyaient plus tard en stéréoscopie. Ce phénomène se tasserait probablement quand la quasi-totalité de l'offre cinématrographique serait sous cette forme et presque toutes les salles équipées ainsi, avec sorties simultanées, mais pour l'heure, il contribuait encore au très gros scores d'exploitation des films tournés ainsi, surtout "Kerfilm", ces derniers perdant beaucoup à être vus sur petit écran.

Ce fut le 21 septembre que "Zapman" sortit en salles. VTP savait que le nombre d'entrées de la plupart des films de cette année serait inférieur aux scores obtenus, à nombre de jours d'exploitation égal, par ceux de 2000, car d'une part les gens commençaient à s'habituer à la stéréoscopie au lieu de se précipiter pour aller voir tout ce qui était proposé ainsi, d'autre part les possibilités de piratage (copies numériques) via le Lioubioutchaï 3, sans être à la portée de tous (l'équipement "très haut débit" étant encore cher) représentaient un nombre d'exemplaires qui n'était plus négligeable. La lenteur avec laquelle VTP permettait le passage à la télévision après l'exploitation en salles y contribuait aussi, après avoir pendant longtemps eut l'effet d'augmenter le nombre d'entrées.

De retour en Finlande, Erwann apprit que Nelli avait déménagé, en raison d'une opportunité d'emploi près de Turku (proche du point de départ du tunnel sous la baltique) dans un sex-shop commercialisant (entre autres) les produits de l'entreprise proche de Juustomeijeri où travaillait aussi Timo. Pouvoir aller facilement en Suède en moins d'une heure par le train avait contribué à lui faire saisir cette opportunité.
Il joua dans "kuivatelakka" (cale sèche), un film de surnaturel qui se déroulait dans un chantier naval en cours de restructuration, où se produisait quantités d'accidents inexpliqués, surtout la nuit. Certains venaient d'ouvriers semblant subitement devenus fous, poussant plusieurs collègues du haut d'une passerelle ou lâchant le chargement d'une grue sur d'autres, mais après ce qui ressemblait initialement à un polar classique (ou médical: on pensait d'abord à une substance neurotoxique) certains faits ne pouvaient être attribués à aucun humain. Le ryhtme du film s'intensifiait au fil des incidents puis gros accidents, Eemil (son personnage) qui y était ingénieur se retrouvant dans un film d'action face aux déments, aux machines, aux choses tombant toutes seules, etc, jusqu'à ce que l'on résolve l'énigme en trouvant quel défunt pouvait demander ainsi vengeance. C'était un mort au cours de longues souffrances suite à une irradiation dans le haut des cuisses en ramassant ce qui semblait être une grosse pile bouton mais était en fait une pastille de césium tombée d'un appareil de radiographie de contrôle de grosses soudures. Il l'avait eu dans une poche de sa salopette, puis dans l'autre.
L'ambiance insolite et grandiose du chantier naval de très grande taille (reconstitué et remanié par Tarsini pour en tirer le meilleur parti visuel: ce genre de site l'intéressait, tout comme la ville-aciérie des "Maîtres du Fer" inspirée par Usinor Dunkerque), les résonnances dans les grosses structures de métal au moindre choc, l'humidité ça et là, l'écho des pas dans la cale, contribuaient beaucoup à l'atmosphère inquiétante de ce film, surtout de nuit. VTPSF avait demandé à VTP s'il était possible d'utiliser Erwann, et en voyant le storyboard virtuel (très simplifié, mais donnant le rythme et l'ambiance de tout ce qui s'y passait) VTP avait accepté. Les poursuites acrobatiques dans les amas de ferraille enchevêtrés (tout en évitant les objets qui tombaient ou se projetaient spontanément d'un bout à l'autre du local) demandaient beaucoup d'agilité. On pouvait certes tricher (en ajoutant en post-production les obstacles qui ne seraient pas touchés si tout se passait bien mais qui représentaient un risque si jamais l'acteur manquait de précision. On le fit à certains endroits, ainsi que pour les projectiles, tandis que les autres n'avaient que l'air d'être de l'acier: en fait c'était mou si on se prenait les pieds dedans) mais pour réussir le plus possible de ces scènes du premier coup, utiliser Erwann ferait gagner du temps. L'aspect du personnage n'était pas imposé, à part d'avoir l'air du pays, plutôt jeune et en bonne condition physique.
Il travailla aux mécanismes d'animation d'êtres et machines de VTPSF pour nombre d'autres productions.

Suite à l'émission sur la robotique, il mentionna dans une interview qu'il trouvait très intéressant de participer à la mutation du cinéma vers les acteurs à la fois mécaniques et virtuels, qui pour le moment demandaient plus de travail que les vrais (sauf pour certaines scènes) pour être rendus crédibles à l'image, en échange de quoi dès que c'était bon une fois, ça le resterait si on devait refaire la prise pour une autre raison. Il rappela que grâce au retour d'effort fourni par l'exosquelette, on obtenait souvent plus d'effet de "sensation vécue" en tournage indirect que direct, puisque dans le tournage direct pour raisons de sécurité certaines parties du film (donc sensations) n'étaient pas encore présentes, tandis que l'exosquelette, lui, les simulait tactilement, en particulier les appuis et les chocs, mais qu'il ne pouvait porter ce harnachement dans les tournages directs sauf si ça faisait partie du rôle du personnage comme cela avait été le cas dans le premier "Kerminator". Il ajouta: "cela peut aussi éviter de me mettre visuellement dans trop de films, tout en permettant de m'y utiliser sans être vu lorsque la production estime que je peux y apporter quelque chose dans le mouvement".

VTP comptait toutefois l'utiliser "en tant que tel" dans encore six à dix films en 2006 (ce n'était pas encore décidé). Il y en aurait progressivement moins par la suite, tout en animant de plus en plus de personnages à la conception robotique desquels il participerait, ce qui lui restituerait une fonction prépondérante d'ingénieur en échange de celle qu'il n'avait plus chez BFRSF, entreprise dans laquelle il était facile à remplacer, alors que VTP (ou VTPSF) aurait eu plus de mal à se passer de lui, en particulier comme virtuose du pilotage réaliste et "naturel" de personnage par exosquelette. Il resterait toutefois basé principalement en Finlande, ce qu'il souhaitait (l'indifférence générale de la population de ce pays à sa présence était reposante par rapport à ce qu'il supposait qu'il aurait vécu en France) et qui ne posait pas de problème technique pour ses fonctions de roboticien de cinéma. Quand il revenait en France, il était essentiellement chez VTP donc non "détectable" dans la vie quotidienne. Bien qu'ayant été peu médiatisé hors de ses films (y compris par rapport à des acteurs en ayant tourné bien moins), il y était maintenant connu par la plupart des gens donc mettait à profit les déguisements étudiés par VTP pour lui quand il avait à "circuler dans le domaine public", ce qui ajouté à un certain talent pour se faire oublier (à partir du moment où il n'évoquait plus "du premier coup d'oeil" son personnage) fonctionnait bien. Parfois, lors d'un séjour à La Défense (la plupart du temps, en France, il était employé chez VTP22 et non dans le 92) avait pris le RER sans déguisement particulier (à part des lunettes non fumées: juste un peu grisées, et la mastication d'un chewing-gum sans sucre) et n'avait pas eu l'impression d'être pris pour le "vrai", mais juste pour un garçon probablement étranger (Allemand? Suédois? Finlandais?) lui ressemblant, en profitant du fait que vus de France, les "Nordiques" semblaient se ressembler autant entre eux que les Asiatiques. Il avait prévu de répondre en suédois (et non en finnois) si jamais on s'adressait à lui, ce qui ne fut pas le cas. En dehors de ceux ayant lu sa taille exacte dans la doc, les gens tendaient à lui accorder "1m80 ou un peu plus", d'après les films, car il y était souvent accompagné de personnages au moins aussi grands voire plus, alors qu'en fait il était plus proche d'1m90, avec 1m875. Il avait donc encore légèrement grandi en 2005, alors qu'il s'attendait au "retassement partiel de fin de croissance" qui faisait reperdre 5 à 10mm. L'utilisation de semelles un peu compensées (pour les quelques cas de "circulation dans le domaine public") accentuait encore cette différence (alors que souvent, c'était l'inverse, pour les acteurs: "il est plus petit en vrai"), et l'impression "importation venue du froid": "J'ai vu un garçon probablement suédois ou quelque chose dans ce genre-là qui ressemblait à Erwann d'Ambert, mais en plus grand, et avec des lunettes". D'autre part, les gens n'étaient pas habitués à le voir immobile: dans les films, la caméra ne restait pas sur lui quand il ne faisait rien, et dans les interviews (rares) VTP le remplaçait vite par ce dont il parlait, plutôt que de garder l'image sur lui, en n'y revenant que brièvement, de temps en temps. Cela aussi distinguait le personnage qu'ils avaient pu croiser de celui qu'ils avaient vu à l'écran. De plus, il avait vu quelques "à la manière de lui-même", en France (ne lui ressemblant que vaguement, mais avec l'accessoire Arvi, qu'il n'utilisait pas dans le "domaine public" français) et bien plus souvent en Finlande ou en Suède, donc en France c'étaient probablement des touristes venus "de là-haut" ayant suivi la mode, en profitant de paramètres compatibles avec celle-ci.
Il avait aussi vu en Finlande qu'il était imité par certaines filles: celles "sobrement et solidement sportives", tendance "androgyne calme" (Hillevi en étant un exemple) auxquelles cela allait aussi. Quelques marques de vêtements avaient proposé à VTP de l'utiliser comme "vecteur", mais VTP n'avait pas accepté: "si vous voulez un mannequin, embauchez-en un. Erwann n'est pas là pour ça, d'autant moins que nous fabriquons dans nos ateliers la plupart des tenues qu'il porte à l'écran". En fait, même quand ça semblait être du "tout venant" (contrairement à la HF ou à la SF), ça ne l'était pas réellement: ce qu'il portait avait été étudié en virtuel (en particulier le comportement en mouvement, avec les simulateurs de friction, d'élasticité, d'inertie et de prise au vent), essayé en réel puis réalisé sur lui lorsque du "tout fait" ne donnait pas l'effet souhaité à l'image. Parfois le virtuel aidait à obtenir exactement l'effet souhaité, dans certaines scènes, quand le vêtement réel ne le donnait que dans certaines autres: un trucage auquel le public ne pensait pas, mais qui contribuait à ce qu'il fût toujours intéressant à voir, surtout quand il n'était vu que brièvement ou bougeant beaucoup: "faire regretter de ne pas le voir un peu plus", dans ces plans, pour compenser sa présence dans beaucoup de leurs films. Le même procédé était parfois utilisé pour ses cheveux (surtout en version longue) pour obtenir un mouvement plus intéressant (toujours dans ces plans très brefs) sans avoir à refaire la scène avec une autre orientation ou puissance du vent, quand ça s'avérait ne pas correspondre en vrai à la simulation préalable. Erwann d'Ambert était déjà leur acteur "le plus satisfaisant à voir fonctionner", estimait VTP, mais un coup de pouce par-ci par-là (que le spectateur croirait ne pas avoir remarqué, justement parce que c'était "juste comme il aurait fallu") pouvait faire gagner du temps et confirmer cette impression, y compris et surtout quand il imitait un rôle "préjoué" par un autre de leurs acteurs pour ne pas donner l'impression de "faire du Erwann d'Ambert", mais c'était toutefois un peu erwandambertisé en pré-production, en vérifiant l'effet sur son personnage virtuel avant de le lui confier à imiter. Dans "Kergatoëc" son personnage de stagiaire puis co-dirigeant débutant était parfois maladroit (contrairement à ses rôles précédents), mais il ne l'était pas d'une façon "bancale": cette maladresse (donnant une impression "scolaire") s'intégrait bien, "passait" avec le reste.
Ce qu'il portait dans les interviews était aussi préétudié par VTP, d'autant plus facilement qu'il y en avait peu par an. C'était aussi VTP qui avait étudié pour VTPSF/BFRSF les tenues de l'équipe de rinnepallo de Juustomeijeri. Ces matchs (parfois télévisés: souvent sur la télévision finlandaise, plus rarement retransmis ailleurs) étaient l'occasion de le voir jouer sans aucun trucage, estimaient ses fans (qui n'étaient pas forcément des passionnés du rinnepallo) et comme c'était un des meilleurs joueurs, techniquement (en particulier dans les feintes "point zig-zag" dans la montée de la pente finale entre défenseurs et l'art de tirer précisément des "drops", pénalités et transformations avec un ballon cubique), il ne les y décevait pas. Il lui arrivait de tomber: à moins de ne prendre part à aucune action rapide, il était difficile de l'éviter dans ce jeu, mais pour se relever très vite et continuer comme si ça faisait partie de l'enchaînement prévu de la manoeuvre: ce n'était généralement pas le cas, mais sa gestion de chute et sa vivacité de reprise en donnaient l'impression. Ce sport s'avérait fort télégénique (y compris les matchs sans lui, donc ça venait bien du jeu) et avait peu à peu fidélisé un public qui n'était pas que finlandais: le côté "Intervilles" initialement reproché par beaucoup, en France (surtout à cause du ballon dé, en plus des "gamelles" fréquentes des joueurs) ne semblait plus être un obstacle pour se passionner pour tel ou tel match, surtout dans le tournois des cinq nations (celui des six concernant le rugby). Le rinnepallo ne pouvait espérer atteindre la notoriété du foot, du tennis, de la F1 ou du Tour de France, mais réunissait bien plus de téléspectateurs que le basket (qui ne "prenait" pas, en France, d'où sa rareté à la télévision) et au moins autant que le handball, plus ancien mais dont la médiatisation était elle aussi récente. Certains commentateurs des tendances médiatiques disaient que la présence d'Erwann d'Ambert était pour beaucoup dans l'intérêt de la télévision pour les matchs (aucune chaîne française n'en ayant diffusé avant qu'il y jouât), mais s'il avait joué au basket ou au golf ça n'aurait pas marché: le rinnepallo en lui-même passait bien au petit écran, surtout avec son informatisation de détection de la plupart des fautes et la redécomposition virtuelle des actions qu'elle permettait, ceci faisant partie des règles internationales d'organisation des matchs: dans ce sport, l'arbitrage était un des plus fiables, l'instrumentation du ballon, du terrain et des joueurs y veillant "par construction". C'était aussi ce qui avait poussé certains Japonais à s'y intéresser, au point, dans les centres de recherche de robotique humanoïde, d'étudier des joueurs artificiels: le problème de l'équilibre en course de côte avec changement de direction soudains sur pelouse gravie sans crampons était un défi que les roboticiens japonais souhaitaient relever, estimant que les robots auraient certes plus de difficultés que les humains à gérer leur propre équilibre mais estimeraient bien mieux les problèmes d'inertie et d'adhérence que rencontreraient leurs adversaires en tentant de les intercepter (défenseurs) ou les éviter (attaquants), car seul un logiciel pouvait analyser en temps réel les mouvements détaillés de plusieurs personnages simultanément, l'humain étant obligé de n'en estimer qu'un à la fois, et sans avoir une lecture aussi précise du mouvement d'inertie de chacune des parties du corps d'un adversaire. C'était pour la maîtrise de ses propres amorces de déséquilibres et glissades que le joueur humain conservait un avantage sur le robot, raison pour laquelle les robots skieurs n'étaient pas encore capables d'affronter ne fût-ce qu'une piste verte sans gamelle. Ce que les robots japonais maîtrisaient fort bien c'était le vélo (sur sol adhérent), et surtout le monocycle sur lequel ils étaient bien plus à l'aise que des humains, à l'exception de quelques virtuoses de cirque.
L'obstacle majeur au développement du rinnepallo était la nécessité d'avoir un terrain remontant en pente au deux bouts (les deux tiers éloignés du centre), même si la définition laissait une certaine latitude dans le choix de la pente pourvu qu'elle fût égale dans chaque camp et d'au moins 15%, sans dépasser 30 (car le ballon dé ne devait pas se mettre à rouler tout seul quand on l'y posait). On ne pouvait donc pas improviser ces matchs sur un terrain destiné à un autre sport de ballon, ni l'inverse: un terrain de rinnepallo ne pouvait servir qu'à ça, ou éventuellement faire partie d'un parcours de golf, en plaçant des trous un peu au delà des lignes d'embut. De plus, il fallait une pelouse tenant solidement malgré les glissades innombrables de pieds dessus. L'absence de crampons limitait les dégâts (pas d'arrachement) mais l'usure restait importante si le terrain servait souvent. La plupart des terrains non-finlandais avaient été crés près des sites de VTP ou BFR dans divers pays d'Europe (surtout en France).
Il existait ça et là une variante plate (souvent sur terrain de rugby) du rinnepallo (qui perdait donc la notion "rinne": pente) souvent proposée comme activité périscolaire moins brutale et plus ludique que le rugby: le ballon-dé, l'absence de crampons et les règles étaient conservées, mais ni les pentes, ni (le plus souvent) l'équipement électronique de gestion des règles et fautes, faute de budget pour l'installer dans ces petites réadaptations municipales.
En coupe d'Europe des clubs, Juustomeijeri restait imbattable (sur l'ensemble d'une "poule" de qualification, même s'il leur était arrivé de perdre tel ou tel match, vu les progrès fait par certaines autres équipes s'y étant mises avec toute l'analyse scientifique nécessaire), et comme il ne s'agissait pas d'équipes nationales, Erwann y jouait chaque fois qu'il était disponible sur place.
Le rinnepallo connaissait aussi quelqu'engouement aux Canada et aux Etats-Unis, ce que l'on expliquait vu de Finlande par "ce n'est pas plus loufoque que le baseball, en fait", et aussi parce que ça rendait bien à la télévision. Les quelques clubs américains qui s'étaient créés avaient aussi été convaincus (comme les Japonais) par l'arbitrage électronique détaillé rendu possible (et obligatoire) grâce à l'instrumentation du ballon, du terrain et des joueurs. Les Américains montraient habituellement peu d'intérêt pour les sports "mondiaux" (football, F1, championnat du monde des rallyes, rugby...), leur préférant leurs sports nationaux (football américain, courses sur ovales ou "champ cars", baseball), à l'exception du vélo (depuis les victoires de Greg Lemond au Tour) et du tennis. Le rinnepallo étant loin d'avoir un impact mondial (il y avait quelques clubs sud-américains, mais hors de l'Argentine, où c'était bien développé, ça restait marginal) et venant de Finlande avait donc trouvé assez d'adeptes (peu, mais assez) pour susciter la réalisation d'une vingtaine de terrains outre-Atlantique (souvent à l'initiative d'Américains d'origine finnoise) et un petit championnat national, servant à sélectionner de quoi envoyer en Europe une ou deux équipes comme le faisait aussi l'Argentine.

Les éco-terroristes ou éco-résistants (l'une ou l'autre appellation dépendant de l'idéologie des médias les citant) semblaient de mieux en mieux armés: quantités d'engins de travaux publics, de camions, de navires, d'avions étaient détruits chaque jour au lance-roquette, en tirant de plus en plus loin. Projectiles guidés par le bruit du moteur, sa signature thermique ou la masse métallique de la cible, ou par laser (infrarouge ou ultraviolet) pointé par un complice sur la cible? Peu importait, puisque ces engins et véhicules ne disposaient (pour des raisons de coûts évidentes) des "contre-mesures" équipant certains engins militaires. C'étaient des cibles faciles pour qui pouvait tirer d'assez loin pour ne pas être identifié. Il y eut aussi des mines (en particulier sur les routes d'Amazonie, en profitant des coulées de boue effacant vite toute trace de creusement) ne réagissant qu'aux gros véhicules, tout en n'ayant pas besoin de la masse compacte et plus proche du sol d'un char pour exploser.
De nombreuses moisonneuses opérant sur des terres "volées à la nature" furent elles aussi détruites, pour faire perdre à ces cultures toute rentabilité. Outre les morts dûs aux attentats, il y avait de nombreuses disparitions. On retrouva parfois des ossements humains dont il fut facile d'établir qu'ils avaient été cuits (et non incinérés) avec la viande autour, râclée ensuite.
Le trafic aérien interne ("domestique") nord-américain acheva de se raréfier (la chute du dollar et la hausse du pétrole lui ayant déjà ôté beaucoup de clients) avec le nombre d'avions détruits par des éco-terroristes.
Il y avait de nombreuses organisations (dont "Grünwehr") qui ne semblaient avoir ni le même modus operandi ni la même "philosophie", certaines étant plus anti-humanistes que d'autres qui n'étaient qu'anti-surexploitation des ressources: le canibalisme, en particulier, n'était pas systématique, bien que la "mode" lancée par la RMC en Centrafrique ait fait beaucoup d'adeptes.
En France, les restaurants avaient maintenant l'autorisation de servir de la viande humaine (donc d'en vendre. Jusqu'alors le canibalisme n'était autorisé que s'il était non lucratif) quand elle provenait de morts (le plus souvent des suicidés) ayant fait "don de leur corps à la gastronomie", une dernière volonté bien plus répandue que l'on ne s'y fût attendu... tant qu'on n'avait pas soulevé au grand jour la question. Les condamnés à mort pouvaient aussi être mangés (sans leur accord) si leur état sanitaire s'y prêtait, et tout immigré clandestin pouvait finir comme aliment quand on n'en avait pas l'usage aux travaux forcés (récalcitrant, handicapé, incompétent). Le problème de l'immigration n'en était donc plus un: elle devenait une ressource alimentaire gratuite, sur l'exemple centrafricain. Pour raisons sanitaires, l'importation de viande humaine déjà abattue restait fort restreinte: il fallait une homologation par les services sanitaires français, pour connaître l'état de santé du décédé (quelque fût la cause du décès) avant découpage. L'Espagne et l'Italie mettait elles aussi leurs clandestins aux travaux forcés (ou les abattaient, quand ils étaient inutilisables ainsi), depuis quelques années, mais leur recyclage alimentaire n'était pas encore voté.
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. Il allait revenir en Finlande après avoir tourné (au total) 86 films (il y en aurait un 87ème chez VTPSF) et deux grands téléfilms: "Castel Mortel" et le "triple pilote" de "Chasseurs d'ombres". Son personnage disparaissait (on ne pouvait pas être sûr qu'il fût mort). Avait-il été utilisé comme "produit d'appel" pour lancer la série, qui ensuite devait se suffire à elle-même une fois que les gens auraient commencé à la regarder? A la télévision, contrairement au cinéma (pas de noms sur les affiches VTP) les rôles principaux étaient indiqués dans les hedbomadaires de télévision. Objectivement, selon lui, le pilote lançait facilement la série, quels que fussent les acteurs de VTP utilisés dedans.
. VTP le mettait dans quinze films cette année mais il était logique (vu la nature multiple et régénérable de ces personnages) d'être dans toute la tétralogie "Cités oubliées" donc on pouvait dire "douze rôles indépendants", parmi lesquels trois HF (dont une quadruple) et cinq SF cette année (en comptant une "rétro-SF": "Le secret des Templiers"). Peu de gens iraient tout voir donc il y en aurait peu pour qui il y aurait eu "12 rôles l'utilisant" cette année (d'autant plus que certaines sorties étaient dispersées dans le temps). Tout ne pouvait prétendre franchir les cent millions d'entrées, rien que par concurrence entre ces lancements de films, déjà: bien que le prix des places eût beaucoup baissé (il était fréquent de trouver des salles proposant des scéances à trois euros, voire moins via des abonnements ou aux heures les plus creuses) aller voir tous ses films restait d'un coût important pour des jeunes (or ce public aimait beaucoup ce genre de films, en général), obligeant à des choix, d'autant que VTP proposait d'autres bons films sans lui, de même que Bollywood devenu le sous-traitant principal du cinéma américain. Il y en avait bien moins chez "Westfilm", car VTP n'acceptait pas de réaliser n'importe quoi (question d'image de marque, même via Westfilm), tout en s'éloignant un peu de ses propres standards. On pouvait réaliser du grand et du beau à Bollywood (Sean Murciano l'avait prouvé), mais on y tournait hélas surtout beaucoup de "daube américaine", les coûts permettant de faire une quinzaine de films (avec des acteurs américains payés presque "à la VTP") pour le prix d'un seul à Hollywood, donc rentabiliser facilement des "daubes" même difficilement exportables hors du contexte américain: films pour ados américains avec fête de fin d'année du lycée, etc. L'autre filon dispensant d'inventer des scénarii à la fois inédits et prenants était consitué par les "remakes" stéréoscopiques de nombre de grands classiques américains (et parfois européens): il y avait maintenant (provenant pour la grande majorité de chez VTP, même si cette majorité allait se diluer via la concurrence) bien assez de grands films stéréoscopiques pour rentabiliser le passage à cette technique dans beaucoup de salles, le public étant très demandeur et boudant de plus en plus les projections "plates", quitte à se déplacer pour pouvoir aller les voir en relief. Beaucoup plus de salles aptes à projeter de la stéréoscopie en vraies couleurs (plus des salles classiques se contenant de l'anaglyphe, sacrifiant les couleurs au profit du relief par lunettes bicolores), lunettes (ou surlunettes) polarisées flexibles produites en très grande quantité à coût modique: le relief tendait à devenir aussi indispensable à un grand film que le son par rapport à l'ère du muet. Le succès des projections en anaglyphes (qui ne nécessitaient aucune modification technique des salles) montraient que s'il ne pouvait avoir les deux, le spectateur préférait à renoncer à la couleur au profit de la stéréoscopie, sauf ceux que des problèmes de vision empêchaient d'en profiter.
. La stéréoscopie imposait de grands changements par rapport aux méthodes de tournage classique, en particulier pour la HF, la SF, le "gore", etc, où tout ce qui était effet de décor (y compris les fonds "mate painting") et maquillages, etc, devenait bien plus exigeant. L'infographie résolvait le problème moyennant (pour que cela ne fît pas "infographique" à voir) une consommation de puissance de calcul qui aurait suffi à prévoir la météo mondiale détaillée pour une semaine. Elle avait aussi des effets gênants (connus depuis fort longtemps) sur certains visages. Il existait un procédé dérivé du "morphing 3D" permettant de redresser et "précompenser" les reliefs que la 3D allait exagérer, mais autant utiliser des acteurs entièrement virtuels, dans ce cas. L'autre système était de filmer une vue avec plus de deux caméras, en choisissant un entraxe moindre pour les personnages proches, ce qui imposait des "bidouilles" de réincrustation dans l'autre image, la caméra filmant l'ensemble n'étant pas la même (plus écartée) pour garder de la "profondeur stéréoscopique".
. Ce phénomène jouait peu pour ce qui était filmé en intérieurs (comme dans les "sitcoms" de VTP d'autan), d'où le tournage à Bollywood de beaucoup de comédies américaines ayant peu de plans comportant le problème précédent. L'autre solution était d'utiliser des personnages qui supporteraient l'amplification du relief, comme le faisait VTP. Lorsque l'on devait jongler entre les divers procédés au cours d'un même film, les réalisateurs n'ayant pas une grande habitude des contraintes du procédé (et surtout de ce que cela donnerait vu pour de vrai sur grand écran, et non sur un petit de contrôle) perdaient beaucoup de temps à refaire des prises avec d'autres règlages ou obtenait au final des effets fatigant le regard ("pompage" de profondeur), ou involontairement amusants distrayant l'attention du film de l'action, surtout quand celui-ci ne "tirait" pas assez fortement cette attention. Il n'y avait pas eu de tels problèmes de "rendu" ni de non-respect des délais dans ce qui avait été confié à Westfilm, ni dans les premières réalisations bollywoodiennes de Sean Murciano qui avait tout pré-testé à l'état de "manga" virtuel avant le tournage, comme chez VTP. Kerfilm n'amplifiait pas autant la stéréoscopie (sauf quand l'ampleur du phénomène filmé y invitait, comme dans "Maréssima") que le faisaient les réalisateurs abordant cette nouvelle technique avec souvent trop d'enthousiasme, oubliant que ce qui était attirant pour une prise (ou une bande-annonce) pouvait fatiguer le cerveau (et non les yeux, en fait, puisque c'étaient les lobes visuels qui avaient un surcroît de travail à fournir pour rassembler les éléments des deux images, effort très variable d'un individu à l'autre) au fil d'un film de deux ou trois heures. De plus, avec une stéréoscopie exagérée, les contraintes "émilianiennes" devenaient insolubles, de même qu'une voiture garée trop près dans une photo stéréoscopique de grand paysage de montage (imposant d'augmenter fortement l'entraxe, sous peine de ne pas bien "découper" les sommets les uns par rapport aux autres, si l'ensemble était au loin) pouvait montrer ses deux flancs (y compris les jantes) d'un oeil à l'autre.
. Toute la mise en scène de VTP tenait compte dès la conception initiale du storyboard de ces contraintes, d'où d'ailleurs la brièveté de certains plans proches, où le personnage était le plus souvent de profil (moins d'effets gênants) pour éviter d'avoir un effet de "pompage" du fond en modifiant l'entraxe à ce moment. Aucun scénariste n'était autorisé à dessiner manuellement: tout devait se faire sur station graphique (avec synhèse simplifiée pour avoir du temps réel, ce qui gardait toutefois une qualité nettement supérieure à celles d'un jeu vidéo, vu la puissance de traitement disponible y compris au stade d'ébauche) avec les lunettes stéréoscopiques sur le nez: "nous ne voulons pas de dessinateur mais des sculpteurs virtuels". Tarsini ayant une longue expérience de ceci, c'était à lui que VTP avait confié à la totalité de la conception des premiers "Kerfilms" ("La citadelle des goules", "Les miroirs du temps", "Les reflets du temps"), puis l'équipe avait acquis de plus en plus d'expériences et d'anticipation (au moment de penser une scène, avant de l'ébaucher dans l'ordinateur) de ce qui poserait problème ou pas. Si le problème était bref (moins d'une seconde) on pouvait l'accepter ou tricher (virtualiser le personnage pour ne pas l'orienter de la même façon par rapport au fond d'un oeil à l'autre: c'était géométriquement paradoxal mais le cerveau acceptait bien mieux cela (si c'était bref) qu'une stéréoscopie exagérée sur quelque chose de proche). Au delà, il fallait faire autrement: se trouver devant un fond plus proche, déplacer les personnages, renoncer (mais à condition que ce ne fût déjà pas le cas dans ce qui y menait) à une stéréoscopie perceptible du fond, etc. Outre la notion traditionnelle de "profondeur de champ" il y avait celle de "profondeur de relief". Ceci expliquait le résultat souvent maladroit d'une grande partie des productions stéréoscopiques bollywoodiennes, d'autant plus que certains pensaient encore que ce n'était qu'une option pour mordus de la 3D et que pour eux "plus il y en aurait, mieux ce serait", le spectateur ordinaire se contenant de la version plate. Cela avait été vrai mais le serait de moins en moins, une part croissante du "grand public" s'étant habitué à la stéréoscopie (le lancement des films de VTP une semaine plus tôt dans ces salles-là y ayant contribué) bien gérée chez VTP, donc était capable de repérer les maladresses d'utilisation de ce procédé par certains (beaucoup d') autres et même en être gêné, donc effectivement préférer voir ces films-là "à plat".
. Sean Murciano avait étudié "Les miroirs du temps" (l'un des premiers disponibles en vidéo, y compris la version anaglyphes ne nécessitant qu'un écran ordinaire (télé ou ordinateur) et des lunettes bicolores: trois exemplaires dans l'emballage) plan par plan, voire image par image avant de concevoir "Double Bang". Il n'y avait pas d'avion dans le film de HF de Kerfilm, donc personne n'y penserait, mais c'était bien du rythme et de la gestion des profondeurs (rien que de l'assez loin, de "l'un peu de tout", du plus proche mais avec un peu de flou dans le fond...) des "Miroirs du temps" qu'il était parti pour répartir ses plans et ses règlages stéréoscopiques (faciles à faire mesurer automatiquement par un petit logiciel, quand on disposait des paires d'images) de façon à être sûr de ne pas commettre d'erreurs dans "Double Bang". Ca lui prenait beaucoup de temps, donc il n'avait conçu que six films ainsi jusqu'à présent, mais constatait que la différence de qualité en projection était nette par rapport à la vague de production stéréoscopiques américano-bollywoodiennes concurrentes, qui auraient même, estimait-il, réussi à tuer le nouvel essort de la stéréoscopie si VTP n'avait pas déjà lancé des dizaines de films l'exploitant agréablement. Murciano ne recrutait pas ses acteurs à l'Emilianomètre (qui était bien plus exigeant que juste le "non ridicule en relief", puisqu'il s'agissait de faciliter aussi la virtualisation du personnage sans que l'on pût s'en rendre compte à l'écran) mais en leur faisant tourner un bout d'essai filmé (en numérique moyenne définition: ce n'était que "pour voir") avec une stéréoscopie importante. Une paire de lunettes à réalité virtuelle (russes, vu le rapport puissance/prix) lui permettait même de les voir ainsi en temps réel, au lieu d'avec ses propres yeux. Ceux qui ne "passaient" pas ne tournaient pas dans ses superproductions bollywoodiennes: c'était aussi efficace, estimait-il, que la machine morphologique de VTP, tout en laissant plus de choix dans le recrutement: Murciano remplaçait bien moins ses acteurs par du virtuel (sauf là où l'action l'imposait, vu le risque) que ne le faisait VTP. Pour des raisons évidentes de coûts ainsi que d'adapation aux nouvelles méthodes, Murciano n'avait recouru à aucun acteur connu, d'autant moins qu'il estimait que "ce sont les films qui fabriquent les stars, et non l'inverse". Si "Double bang" et les suivants marchaient, ses acteurs deviendraient connus donc "bankable": contrairement à VTP, il n'avait pas (pas encore) le volant financier lui permettant de faire un grand film sans avoir à convaincre quiconque de son intérêt.

. Le logiciel permettant d'optimiser la répartition en carreaux de Bézier de l'imitation d'un corps et d'un visage était un secret bien gardé par VTP: contrairement à ce qui se passait en créant un volume (automobile, etc) l'Emilianomètre devait en "comprendre" un, ainsi que ses lois de déformations quand l'acteur effectuait les mouvements demandés. A certains endroits, il fallait tricher avec des surfaces qui n'étaient pas des carreaux de Bézier, de façon à s'accomoder de jonctions incompatibles avec la mise en oeuvre d'une des variantes de la "méthode de Coons". Trouver un système d'analyse permettant à l'Emilianomètre de recourir de temps en temps à du "non-Bézier" (mais jamais plus que nécessaire, ces surfaces étant bien plus lourdes en calcul, en particulier pour en engendrer les normales, alors que dans du Bézier c'était "du pipeau") avait demandé du génie, et pas seulement du savoir-faire. Ce n'était pas l'oeuvre de Tarsini (qui n'en avait pas eu besoin pour l'architecture) mais de François Bruchec, 56 ans, qui avait initialement eu à plancher sur ce problème pour le calcul des moules de sujet de Pâques et de Nôel, partant à l'époque de modèles sculptés à la main et non sortis d'un logiciel (sinon le modèle virtuel aurait déjà existé). C'était un sous-problème de l'analyse thermique et de viscosité pour optimiser le moulage de formes complexes soufflées ou centrifugées pour avoir un intérieur creux dans une coque d'un seul tenant, et non réalisée en deux parties collées à chaud ensuite. Passionné personnellement par ce problème, et n'ayant pas trouvé de solution via le procédé Unisurf de Pierre Bézier (qui en avait trouvé pour emboutir sans plis les tôles de la R16, initialement [voiture comportant des surfaces à courbures "négatives" qui auraient conduit à ces problèmes], mais pas pour mouler des animaux ni personnages en chocolat) il y avait planché y compris pendant ses loisirs: non seulement trouver une solution acceptable pour le moulage (ça, c'était fait, mais pas avec celle qu'il espérait) mais surtout la trouver automatiquement, en utilisant à chaque endroit les surfaces mathématiques convenant le mieux, et devant pour cela en inventer. Le terme "triangle de Bruchec" ou "croissant de Bruchec" (qui n'étaient pas juste des versions "dégénérées" du carreau de Bézier en fusionnant certains noeuds: c'était autre chose, apte à résoudre les problèmes de raccords incompatibles avec les carreaux de Bézier) n'était pas connu du grand public, car ces travaux restaient un secret maison.
. Plutôt que de tenter de construire une méthode générale permettant de traiter toutes les surfaces ainsi (c'était possible, avec les nouvelles surfaces de Bruchec, mais à un coût informatique qu'il jugeait excessif), il avait peu à peu créé des "fonctions de formes", capables d'engendrer avec un excellent rapport fidélité/coût de calcul une narine, son raccord à la joue, des commissures de lèvres, des coins externes et internes d'yeux, la surface complexe (surtout sa loi de déformation) située entre le pouce et l'index, etc. Au lieu de tout décomposer en surfaces "universelles" (Bézier pour la plupart, "Bruchec" là où on ne pouvait pas résoudre par du Bézier) l'ancètre de l'Emilianomètre faisait évoluer en "hasard critiqué et corrigé" une fonction de nez, de commissures de lèvres, etc, autour des centaines (puis millions) de micro-facettes relevées "brut" sur le modèle initial (il s'agissait à l'époque de mouler des sculptures célèbres. BFR se fût contenté d'une méthode moins "optimale", mais Bruchec avait essayé (sur son temps libre) cette méthode, qui s'avérait fort efficace pour les parties pouvant s'apparenter à une "famille" de fonctions de formes.
. A l'époque de l'Emilianomètre, il n'existait toujours pas de procédé "général" (et il n'y en aurait peut-être jamais, estimait Bruchec) mais une telle collection de fonctions de formes qu'en en essayant beaucoup, chacune avec tout un choix de règlages de paramètres, on finissait par pouvoir modéliser fort efficacement (excellent rendu de surface avec peu de paramètres et pas de "grouillement inutiles" de sous-surfaces) tous les acteurs et actrices de VTP. L'idée de Bruchec était que l'ADN ne comportait pas assez de gène pour engendrer "tout et n'importe quoi" donc qu'il existait des fonctions de formes implicites. Le fait que (sauf chirurgie esthétique) certaines familles de fonctions de formes (les siennes, obtenues sans aucune connaissance génétique) ne cohabitaient jamais dans un même visage, ni même d'un endroit à l'autre d'un même corps (du moins à l'état neuf et non obèse) lui confirmait qu'il devait exister des "métafonctions", qui déterminait l'utilisation de telle ou telle famille. Certaines formes intermédiaires que son logiciel pouvait engendrer et qui auraient semblé aussi naturelles que les autres ne se rencontraient jamais, lui semblait-il, d'après tout ce qu'il avait pu examiner en passant toutes sortes de gens de VTP et BFR dans la machine, pour voir (pas juste des acteurs, déjà pré-triés), comme si à certains moment il existait un "saut quantique", saut qui correspondait à un changement de famille de fonction de forme, et non de juste continuer à faire évoluer ses paramètres analogiques.
. C'était d'ailleurs en sortant de ces "effets de familles de fonctions de forme" que Kalle Alioravainen avait été engendré: il semblait possible et harmonieux, tout en ayant (estimait Bruchec, au vu de ce qu'il avait constaté) très peu de probabilité d'exister en vrai. Pourtant, à première vue, il était "quelque part" entre les Karéens, les Attéens et Jarkko, donc pas "inhabituel". Il utilisait toutefois des fonctions de formes intermédiaires statistiquement rares: Bruchec ne prétendait pas qu'elles n'existaient jamais, mais son logiciel n'en avait jamais rencontré en dépouillant les données d'une analyse par l'Emilianomètre, y compris hors "émilianiens", donc il supposait qu'il y en avait fort peu.

. Bruchec n'avait jamais rencontré directement des personnages de VTP: il ne les connaissait que via l'Emilianomètre, terme désignant à la fois la machine (dont il n'était pas le créateur: c'était dérivé d'une machine à mesurer tridimensionnelle Kermanac'h capable de gérer les "contre-dépouilles" grâce à des balayages sous de nombreuses incidences) et son locigiel, dont il avait sous-traité des parties à divers stagiaires au fil du temps (en particuler les "fonctions d'interférences entre nappes de fibres libres" qui avaient permis de modéliser fidèlement les cheveux et leurs mouvements) , mais en conservant l'exclusivité du développement du "noyau".
. Or François Bruchec était mort pendant France/Belgique de rinnepallo. Son travail était documenté, mais sachant qu'il fallait facilement une semaine à un autre bon informaticien pour comprendre "en profondeur" (pas juste comment c'était fait, mais pourquoi, et surtout ce que ça avait l'intention de devenir ensuite) une journée de travail d'un informaticien lambda, et que dans le cas de Bruchec ce serait plutôt un mois par jour, le programme n'évoluerait probablement que périphériquement, désormais, tout en bénéficiant de l'augmentation de puissance informatique brute. Peu de gens connaissaient Bruchec, même de nom, contrairement à Tarsini: seuls ceux ayant eu à travailler dans le logiciel (et non avec) connaissaient les "surfaces de Bruchec", et les principes topologiques de l'immense collection de fonctions de formes et surtout de raccords entre elles créée par Bruchec. Quelques-uns sauraient continuer ça et là sur ce qu'ils avaient déjà eu à modifier, mais le "noyau" risquait de rester à vie ce qu'il était. C'était formidable pour 2004, certes, vu les résultats obtenus sans "mettre à genoux" les ordinateurs, mais ensuite? Les programmeurs indiens finiraient par faire encore mieux, sauf si sous l'influence de l'idéologie unificatrice américaine ils cherchaient des fonctions de formes "universelles". Bruchec avait dit à VTP, pour justifier l'énorme collection de fonctions de formes compliquant le programme: "si un couteau suisse a plusieurs lames, c'est parce qu'il est impossible d'en créer une qui soit bonne à tout faire". A force d'habitude, Bruchec voyait des fonctions de formes, quand il voyait quelqu'un. Il n'était pas capable d'extraire mentalement le réseau de paramètres, mais trouvait souvent la famille de fonctions à laquelle appartenait le nez, le coin extérieur des yeux, les bouts de doigts (forme générale et dessin de la chair autour des ongles), etc.

. Les Etats-Unis avaient perdu le "Big Bang" auquel ils tenaient beaucoup (retour du créationnisme par la fenêtre après que Darwin l'eût chassé par la porte), réduit au statut de phénomène local dans un univers illimité (y compris dans le temps) ainsi que les théories "unificatrices". Ils étaient en train de perdre Hollywood, les réalisateurs hollywoodiens étant partis en Inde (ou télétravaillant depuis la Californie avec ce pays, le "pire" pour les patriotes étant qu'ils le faisaient via le Lioubioutchaï 3, dont le débit avait continué d'augmenter au fil des lancements nombreux et très bon marché faits depuis le pas de tir centrafricain).

. Dans "Le secret des Templiers" il y avait un jeu de mots (VTP en usait rarement, à cause des problèmes de traduction): le secret était celui des "temps pliés". Quelques phrases étaient rajoutées au moment où les personnages (verniens) en parlaient, en examinant la version "temps arrêté" d'Erwann, de façon à laisser le temps, dans les autres langues, de dire qu'en français (puisque l'ordre avait été exterminé par Philippe Le Bel le vendredi 13 septembre 1307) ça se disait "templier", mais que ça pouvait signifier "temps plié", chaque mot étant alors rapidement traduit dans la langue de doublage ("taipuanut aika", en finnois), puis on revenait à l'équivalent du texte d'origine: "donc lui, il est bloqué dans un pli du temps", en montrant Erwann "HF" figé sans être posé sur quelque chose, dans la crypte, après l'effondrement de la maçonnerie qui contenait initialement l'acide. Pour aller dans le passé, il "suffisait" certainement de plier le temps dans l'autre sens, supposait l'un d'eux, mais comment y parvenir? Et comment le déplier ensuite, sous peine de rester dans le même état que celui-ci mais quelque part dans le passé?
. Après quantités de péripéties, combats avec des pilleurs de trésors (qui eux, continuaient à chercher un trésor matériel, et non un savoir), destructions d'architectures (ça rendait toujours bien dans ce genre de film) ils finissaient par hasard par trouver comment déplier le temps autour du personnage suspendu (qui tombait -de pas très haut- et reprenait là où il s'en souvenait, donc était stupéfait de ne plus voir les mêmes gens ni le même état des lieux autour de lui) puis au bout de bien d'autres péripéties à aller dans le passé. Dès qu'Erwann était parti, celui qui était resté (le médiéval) disparaissait, ce qui leur faisait comprendre que le "leur" n'avait pas réussi à revenir, lui: ce voyage avait déjà modifié le présent sur ce point. "Ou alors il n'est pas revenu ici: il est peut-être figé ailleurs, puisqu'il sait que ce n'est que comme ça qu'il peut revenir dans notre temps". On suivait alors les aventures d'Erwann (version XIXème, avec sa montre, sa règle à calcul, etc) dans un passé bien plus "HF" (c'était du Kerfilm) que les années 1300 réelles.

. Le mur d'Hadrien, mélangeant péplum (les Romains défendant la partie conquise de l'Angleterre) et HF (les Ecossais, au nord du mur) sortit deux semaines après son retour en Finlande et trouva facilement du public: ça ne ressemblait pas à "Au delà de la muraille" (il n'y avait pas de fantastique) bien qu'il y en eût une aussi. Deux semaines plus tard, ce serait la SF Westfilm "Les 16 lunes de Garakande" qui sortirait.

. Ce fut avec Derek que Stéphane repartit en Finlande: il était prêté à VTPSF pour deux tournages, et peu importait la langue: on le doublerait. Il lui présenta Gorak et les gens qu'il connaissait sur place, ainsi que la piscine géothermique de cent mètres de long, celles de VTP22 n'en mesurant que cinquante. L'évolution de Nelli au fil du temps avait été retaillée en "carré abat-jour au menton", tandis que Timo avait abandonné le style "plumeau" pour revenir à un "tas de foin" plus anonyme. Il revit aussi Elina en "ex-Nelli", regard grignotté par une sorte de pluie fractale.

. Gorak était le chat qu'il lui fallait, et il lui arriva de penser à la difficulté à s'habituer à un autre chat s'il arrivait malheur à celui-ci. Le gros angora aux yeux bleus le comprenait, l'aimait, mais pas inconditionnellement: il fallait le mériter un peu. C'était un croisement de Sibérien et de quelque chose d'autre: peut-être un Birman. Stéphane appréciait de pouvoir se déplacer dans la maisonnette avec Gorak perché sur lui, ses ronronnements, ses étirements, la facilité avec laquelle il grimpait dans les arbres (surtout des bouleaux) plantés en même temps que la construction de ces maisonnettes (assez loin les unes des autres) et qui avaient maintenant bien poussé.
. Il n'y avait pas en circulation de photos de lui avec Gorak mais parfois avec d'autres chats résidant dans VTPSF (des vrais, et des mécanimaux, pour vérifier qu'ils les imitaient au point que personne ne devinât l'artifice), et comme il ne donnait pas d'informations privées le nom Gorak n'était pas connu non plus. Ceci réduisait le risque d'enlèvement, ce chat se promenant beaucoup.
. La prochaine fois il serait peut-être un chat. Ou la dernière fois il était peut-être un chat: sans croire réellement à la réincarnation, Stéphane aurait aimé qu'elle existât, mais à condition de renaître en chat, un beau chat aimé et caressé. Toutefois il devait exister d'autres espèces ailleurs dans l'univers, et sur le nombre certaines devaient même être plus intéressantes que d'être un chat. Il y avait sûrement aussi d'autres univers, avec d'autres lois physiques, un autre nombre de dimensions, mais ça devenait difficile à imager. Pour le moment, tout ceci restait utopique et il se sentait bien en compagnie de Gorak: son "complément félin". Comment des gens pouvaient-ils vivre sans chat? Ils devaient avoir un cerveau différent du sien, ou bien en souffrir s'ils étaient dans une situation ne leur permettant pas d'avoir un chat dans de bonnes conditions de vie pour celui-ci. Ses parents n'avaient jamais été méchants avec lui, mais "pour ne pas le rendre idiot" l'avaient peu ou pas caressé (il ne s'en souvenait pas). Certes, le caresser comme un chat aurait pu le rendre idiot, ce qui ne lui aurait pas permis de devenir ingénieur, d'être envoyé ici et de rencontrer Gorak. Il appréciait le contact d'autres chats, mais Gorak était vraiment "son" chat, et pas juste parce qu'il vivait chez lui. Il savait que l'on ne connaissait qu'une partie de la vie d'un chat, et c'était ce qui le rendait d'autant plus intéressant.

. On demanda à Stéphane pourquoi VTP leur envoyait un Attéen hollandais qui ne parlait pas finnois alors qu'il devait tout de même être plus facile d'en recruter un nouveau en Finlande. La raison était que Derek était déjà apte à jouer toutes sortes de rôles, avec sérieux, naturel, agilité et fiabilité. "Et il ne se drogue pas", pour répondre aux préjugés sur les Hollandais. Il put continuer s'entraîner avec la troisième équipe locale de rinnepallo: on utilisait beaucoup de termes finnois, dans ce jeu (les autres étant empruntés au rugby) donc il les connaissait déjà. De plus il se débrouillait en anglais, en allemand et (un peu) en suédois.

. Rinnepallo: défaite de Juustomeijeri contre Turku, ce qui n'était jamais arrivé avant. L'analyse vidéo du match (et infographique, grâce aux pastilles transpondeuses sur les joueurs et dans le ballon) montra qu'il avait joué comme d'habitude et été efficace quand il avait pu avoir le ballon pour le transmettre à un équipier ou tenter (parfois) un drop (plus souvent réussi que ceux de l'équipe adverse, en statistiques. Peu tentaient des drops, tellement le ballon cubique s'y prêtait mal, quand on n'avait pas le temps de le poser pour tirer) mais eu moins d'occasions, car moins de passes lui avaient été faites, comme s'il avait été légèrement "oublié" par son équipe pendant son absence.

. Ce fut chez VTPSF qu'il joua dans "Nouilles à bord", de même que Derek: le succès du premier avait été tel qu'une seconde attaque, cette fois dans un porte-avion nucléaire russe (le Tcherenkov) puis un hôpital psychiâtrique, pouvait espérer remplir les salles. Cette fois, c'était une attaque à la Alien (à travers le ventre, après en avoir mangé) puis une invasion grouillante: les humains n'en ayant pas encore mangé avaient des moyens de riposter, ou croyaient en avoir: il y avait bien trop de nouilles pour pouvoir en détruire un pourcentage significatif à la Kalashnikov (ce qui par contre faisait beaucoup de "dommages collatéraux" par ricochets), et pour grenader, il ne fallait ni être trop près, ni dans un lieu clos. Des nouilles entrant dans les réacteurs d'un Sukoï 27 pendant le décollage provoquaient sa chute en mer, etc. Un autre s'était déjà écrasé parce que des nouilles s'étaient mises à grouiller la combinaison anti-G de son pilote, que l'on avait vu en manger avant ce vol d'entraînement. Multiplier les avions était encore plus facile que de multiplier les marins, infographiquement, car les avions pouvaient être identiques, alors que le logiciel devait engendrer une "distribution réaliste" de variétés de physionomies de marins. Il n'y avait que 19 vrais acteurs, plus une vingtaine de robots réalistes pour économiser de la synthèse vus de près, que l'on pouvait légèrement modifier pour d'autres parties du film.
. L'attention du spectateur étant surtout sur les nouilles (et quand on ne les voyait pas encore, de quoi ou de qui elles allaient surgir) VTP y fit jouer parmi les personnages principaux Valtteri Niininen, un acteur inédit et imaginaire évoquant Val Kilmer jouant "Ice" dans "Topgun" sans en être un clône: juste un bon sosie, en particulier dans les expressions. Valtteri était animé par Erwann dans cette première partie du film. Leurs morphologies corporelles étaient identiques, et pour cause: dans certaines scènes, l'infographie ne susbtituerait que la tête, tout le reste étant directement du Erwann. Dans d'autres il s'agirait du robot (en fait il y en avait deux ayant même aspect, mais construits pour des scènes différentes) ou de la version totalement virtuelle (profitant de ce que le porte-avions, lui, l'était, à part certaines portions fréquement parcourues et construites comme décors de studio, escaliers inclus). Erwann jouait directement dans la seconde partie du film, Derek directement dans la première et participait à l'animation indirecte dans la seconde. Ce "nouveau" fut assez bien accepté par les autres VTPSF car effectivement sérieux, agile, naturel dans ses rôles, non-toxicomane (bien que néerlandais) et techniquement compétent. Ne pas parler finnois aurait été un problème pour communiquer, mais ce peuple communiquait peu et dans le domaine technique un petit schéma (si possible animé 3D) vallait mieux qu'un long discours. Stéphane avait bien prévenu "ce n'est pas le remplaçant d'Atte", mais on ne put s'empêcher de comparer tout de même.
. Il pilota d'autres personnages "principaux ou presque" dont un qui lui ressemblait beaucoup (modélisé à partir de lui mais aux yeux bleus et coiffé plus court) et d'autres qui ne correspondaient pas à des acteurs réels, dont Kalle Alioravainen, et Pyry Hämäläinen qui était un "Karéen" artificiel, puis bien d'autres parmi les déments et le personnel de l'hôpital qui réutilisait les portions de décor et les fonctions virtuelles de Lobosibirsk.
. Le public ayant vu "Croisière grouillante" s'attendait probablement à ce qu'un des survivants fît exploser le réacteur nucléaire, mais ce n'était pas ainsi que cela finissait: l'amirauté russe ayant eu connaissance du problème (y compris en vidéo, via le Lioubioutchaï 3) et de l'incapacité de l'équipage à le maîtriser donnait l'ordre à un autre navire de s'en rapprocher juste assez pour envoyer des hélicoptères Kamov Ka-32 y déposer des commandos munis de scaphandres-armures spéciaux et de lance-froid alimenté par des bouteilles d'azote liquide pour "traiter" tout le navire (les nouilles gelées cassaient spontanément) en essayant de ne pas trop l'endommager, avec l'ordre de "buter les nouilles jusqu'au fond des chiottes", ordre qui n'était pas superflu si on se souvenait de la façon dont une des victimes de "Danger: nouilles" avait été attaquée. Un soldat dont le scanphandre était déboité au genou par un bout de tôle tordue au détour d'un escalier (dégât saillant résultant d'un grenade défensif de l'ex-équipage, dans la phase précédente) se mettait à se contorsionner avant que l'on ne vît les nouilles envahir l'intérieur de la visière de son casque. Les nouilles semblant avoir "appris" s'arrangeaient pour faire tomber des objets ou pousser les scaphandriers contre ce qui pouvait déboiter ou entailler des parties de leurs scaphandres. Cette intervention difficile (nécessitant à la fin de détruire le Tcherenkov, après avoir eu l'impression pendant un certain temps de bien avancer dans la "décontamination") relançait le scénario vers sa moitié (au total, il y en avait pour 2h50). De plus, les personnages en scaphandre étaient plus faciles à robotiser (et plus souvent virtualiser: ça facilitait l'interaction avec les nouilles) que les marins.

. Par la suite, un membre de l'équipe d'intervention semblait perdre l'esprit et était envoyé à l'hôpital de Trepanogorsk (Erwann y jouait (tel que, cette fois) Pavel, un des infirmiers "pour cas difficiles" chargé de les rattrapper) où il était à l'origine d'une nouvelle invasion de nouilles carnivores. Au début, personne ne croyait ce que racontaient les déments, d'où la multiplication des nouilles bien avant la prise de conscience par les soignants de la réalité du cauchemard. Une tempête de neige bloquait tout accès à l'hôpital.
. Le tournage réutilisait l'équipe de Lobosibirsk, l'essentiel des trucages, mais dans un contexte inédit. "Lobosibirsk" étant un succès planétaire (les 175 épisodes tournés étant souvent rediffusés dans divers pays), "Danger: nouilles" aussi (382 millions d'entrées dans le monde à ce jour), suffisait-il de mélanger les deux pour faire beaucoup d'entrées?

. Dans la première partie, l'utilisation d'un porte-avions nucléaire russe permettait de jouer aussi du mauvais entretien du navire et de l'alcoolisme (à peine clandestin) d'une grande partie de l'équipage, entonnant des chansons à boire de là-bas. On avait d'abord pensé à un sous-marin nucléaire, ce qui eût été encore plus angoissant (aucune sortie possible), mais ça aurait fait trop "tourné en studio", alors qu'un porte-avions offrait bien plus de variétés de points de vue et d'animation, avec les appontages et catapultages d'avions. Les amateurs se renseignant sur ce porte-avions ne le trouveraient pas sous cette forme dans l'arsenal russe, ni la version aéronavale du Sukoï 27, mais peu importait: ça rendait bien à l'image.

. De plus, l'intérieur d'un porte-avions était moins gourmand en post-production (les nouilles consommeraient autant que dans le premier opus, mais la puissance de traînement de VTP s'était beaucoup accrue entretemps, accroissement auquel les bénéfices copieux de "Danger: nouilles" avaient aussi contribué) qu'une station de sports d'hiver, et les marins (puis les scaphandriers) moins que les enfants. Quant à la mer, elle avait tout simplement été filmée (longuement et en tous sens) autour du vieux porte-avions Clémenceau remorqué pour la circonstance: en donnant au Tcherenkov la même forme de coque (et mêmes dimensions) filmée sous les mêmes angles, les frais de synthèse marine réaliste s'en trouvaient nettement diminués. Quelques parties internes du porte-avions (celles utilisées le plus souvent dans le film, dont les cuisines et trois des escaliers) avaient été construites matériellement dans les studios. Le film serait prêt pour avril.

. VTP avait envisagé de faire deux films: "Nouilles à bord" puis "Paranouilla" mais avait jugé préférable d'offrir les deux dans le même aux amateurs de nouilles tueuses. Le titre définitif n'était pas encore choisi: "paranouilla" ne marcherait qu'en français, alors qu'il était facile de traduire "nouilles à bord".

. Beaucoup de travaux de robotique et d'exosquelette à retour d'effort cet été pour VTPSF, des matchs de rinnepallo tôt le matin, puis retour en France pour le tournage des "16 lunes de Garakande", une SF pleine de combats de vaisseaux spatiaux. "le nombre 12 a bien trop servi dans bien trop de récits, à commencer par les travaux d'Hercule. Le 16 parle plus à la génération actuelle, puisque c'est la base hexadécimale utilisée en informatique". Là aussi il jouait ou téléjouait plusieurs personnages, celui utilisant son apparence réelle n'étant que le huitième rôle en temps de présence à l'écran. Un "multitournage" à l'intérieur du même film, d'où un emploi du temps chargé car il participait aussi au pilotage de certaines bestioles extraterrestres. VTP l'utilisa aussi pour des rôles indirects (ou parfois modifiés par infographie, selon les problèmes techniques des scènes à jouer) dans deux téléfilms policiers, pour certaines scènes de combats et poursuites-escalades.

. VTP préparait un film d'histoire-fiction où le communisme serait allé jusqu'à l'Atlantique: en France, longues queues devant des boulangeries aux vitrines déjà vides quand les personnages de l'histoire y arrivaient enfin, des nageuses de compétition ressemblant à des piliers de rugby, l'Ami-6 comme modèle unique disponible pour les citoyens (mais coûtant quatre ans et demi de salaire), grise, blanche ou bleu ciel: seule la nomenclatura et la police politique roulaient en DS noires. Journal unique dans les kiosques: l'Humanité, et bien sûr une seule chaîne de télévision, en noir et blanc.

. Il y avait des points communs (sauf les particularités morphologiques des personnages) entre "Le crépuscule des gueux" et l'épisode "Sexus et poucus" des "N voyages de Robert Trebor", dont dès la sortie VTP avait regretté de ne pas avoir fait tout un film, tout en "grillant" le sujet dans un des voyages de Robert Trebor. On retrouvait les "chalutiers de terre" (mais différents, mûs par des roues contenant des boeufs) servant à la capture des gueux à l'aide de grands filets. On retrouvait des combats entre prédateurs, mais venant des forteresses organisant la pêche aux gueux. Les scénaristes de VTP avaient eu tout le temps de créer un scénario inédit autour de cette "variation sur un thème" (les prédateurs ne mangeaient pas directement les gueux, mais nourrissaient les monstres tapis dans les sous-sol de la forteresse et servant d'armes défensives très efficaces contre toute invasion). Il y avait (comme déjà dans "Sartilvar" et "Les hordes") des invasions semblant venu de beaucoup plus loin, cette fois (la première fois, mais il y en avait d'autres) par des espèces de Tartares coiffés à l'iroquoise, avec tatouages et insert métalliques: des robots ou du virtuel, selon la distance à laquelle ils étaient filmés, mais ne laissant pas le temps de s'en rendre compte, vu la rapidité de leurs charges, la violence des affrontements avec les habitants des citadelles et les ripostes des monstres juste entrevus dans les douves et soupiraux. D'autres envahisseurs exotiques (dont des Noirs avec os dans le nez, une fois) venaient ravager le pays et embrocher des gueux pour les rôtir dans leurs bivouacs. Ces hordes allaient obliger deux forteresses jusqu'alors rivales dans la pêche aux gueux (chacune accusant l'autre d'en prendre trop, en particulier trop de femelles et de petits, en voyant que le nombre total diminuait) à unir leurs forces tout en étant chacune prête à trahir l'autre dès que l'occasion s'en présenterait, pour se réallier à une autre, etc. La prise d'humains au filet pouvait aussi rappeler "la planète des singes". Lors d'une colision entre deux vaisseaux terrestres, Dalgor, le personnage joué par Erwann, tombait dans un filet de leurs concurrents, plein de gueux et jeté dans la fosse de la forteresse adverse, toutefois il avait encore un grand poignard (bien qu'ayant perdu son épée) alors que les gueux ne possédaient rien de métallique donc parvenait à tuer un des monstres souterrains (qui ne s'attendait pas à l'arrivée d'une proie armée) et à s'enfuir, ce qui créait aussi une fuite de gueux et une pagaille importante dans la forteresse.
. Une fois revenu dans son camp (la chute dans un filet de gueux n'était qu'un des nombreux imprévus de tout ce qui allait se produire dans le film) les autres trouvaient qu'il puait le gueu et le tenaient à distance d'eux avec une espèce de canne étrangleuse. On le revoyait dans un grand baquet où une jeune femme, la tête emballée d'une gaze fine, le frictionnait avec une grosse brosse à manche long tandis qu'une femme âgée, aux airs de "mamie Nova", et équipée de même, lui passait un peigne à dents très fin dans les cheveux, en s'arrêtant chaque fois qu'elle trouvait un pou (ce qui expliquait les "charlottes" qu'elles portaient), pour l'écraser dans une petite pince. Il apprenait qu'il y avait d'autres bestioles dans ses vêtements, que l'on mettait donc à bouillir, et qu'il n'était pas possible de ravoir les taches sur son manteau: "les sucs gastriques du vomi ont attaqué la fibre et le colorant". C'était rapide, mais montrant que sous un aspect médiéval "HF" les "prédateurs" n'étaient pas des barbares aimant la crasse, puisqu'ils se méfiaient des maladies qu'ils pensaient pouvoir attrapper au contact des gueux et surtout de leurs parasites. Ils évitaient de les approcher, d'où les filets, cannes étrangleuses, etc.

. Même chez VTP on trouvait que ça faisait beaucoup de films avec Erwann d'Ambert: "tel qu'il est fait, on pourra encore s'en servir dans ce genre de rôles pendant au moins quinze ans, à raison de douze films par an ça nous en ferait 180 de plus, mais qui va pouvoir inventer autant de rôles qui ne fassent pas double-emploi?". En fait, le public (sauf celui allant tout voir au cinéma) n'avait pas encore cette impression, les "Kerfilm" tardant beaucoup à passer à la télévision. On l'y voyait donc bien moins que beaucoup d'acteurs et actrices de VTP souvent utilisés dans les téléfilms et les séries. Le problème pour VTP était qu'il était pour le moment le seul à savoir participer simultanément à quatre ou cinq tournages comportant beaucoup de scènes techniquement exigeantes tout en ayant plus de premières prises bonnes que la moyenne de leurs acteurs principaux: "et encore: on ne s'en sert que trois mois par an". Il eût été présent dans plus de films si VTP l'avait aussi utilisé dans des rôles annexes d'autres. C'était en partie pour limiter le nombre de films "avec lui" que VTP ne lui confiait que des rôles parmi les principaux, dans les films où il jouait, nécessitant une préparation poussée des scènes, mais qui lui demandait de moins en moins d'heures d'entraînement parce qu'à force, ce qu'il avait à faire ressemblait très souvent à ce qu'il avait déjà fait à un certain moment dans un autre film (habillé autrement, dans un autre décor, mais l'exercice était le même) donc il lui suffisait de puiser dans la mémoire "motrice" et de mémoriser juste les différences par rapport à ce modèle antérieur. C'était ce qu'il apprenait à faire aux robots (animaliers, humains, ou "comme des robots"): se consituer une base de données de situations et de comportements réutilisables, et c'était ainsi que lui-même fonctionnait. Dans "Est" il avait été utilisé jusqu'à seize exemplaires simultanément, quatre étant des robots à son image et douze du virtuel. Il ne jouait aucun d'entre eux, ce qui assurait une équivalence d'interaction entre tous les personnages qu'il avait eu à gérer comme étant chacun lui. Le procédé classique eût été de le filmer en vrai seize fois, et de tout réincruster après mais se souvenir au dixième de seconde près ce que chacun des quinze autres (non visibles) était censé faire à cet instant dépassait ses capacités de "restitution mentale de contexte", alors que les robots comme les virtuels pouvaient s'adapter les uns aux mouvements des autres, formant un ensemble à la fois individualisé (pas de mimétisme) et cohérent, restituant l'impression: "pense et percoit via chacun des seize en même temps", ce dont un cerveau humain était bien sûr incapable. Celui qui en douterait, avait-il expliqué à VTP, n'avait qu'à essayer, pour commencer, d'organiser seul une course avec quatre petites voitures télécommandées. Il verrait ainsi que seul un logiciel pouvait y arriver sans donner l'impression de cesser de piloter d'une des voitures pour s'occuper d'une autre. Il savait qu'ainsi, quand il ne serait plus acteur (quand VTP n'en utiliserait plus, ce qui serait pour dans peu d'années) il resterait "superviseur de robots", en plus d'être rôdeur de comportements, donc continuerait à participer à ce que l'on verrait comme "acteurs" dans les films. Il n'était "au naturel" que comme infirmier de l'hôpital psychiâtrique de "Paranouilla", donc dans la seconde partie du film, mais avait servi à guider (indirectement ou parfois par reprise infographique sur prise de vue réelle) six personnages de la permière partie "Nouilles à bord", certains ayant un air de famille avec lui, d'autres non. Derek ayant beaucoup progressé on avait moins besoin de faire simuler ce genre de personnage via Erwann, sauf s'il y en avait plusieurs dans les mêmes scènes sans qu'il fût plus pratique de robotiser ou synthétiser entièrement.

. Bien que Vittorio n'en fût pas là (24 films, mais aussi 39 téléfilms et 66 épisodes de séries télévisées) VTP cherchait à ne pas "tourner que sur trois cylindres" (le troisième étant Zhao). Le quatrième pourrait-il être Alexandre Fresnel? "En progrès, mais pas encore assez polycompétent". Il y avait d'autres acteurs fonctionnant bien dans les films, mais VTP hésitait toujours à lancer un "gros machin" d'action sans au moins un de ces trois-là. Il y avait eu des essais pour confier à Manfred le rôle de Francis dans "Extraction": il allait bien avec le costume en cuir, prenait des attitudes qui avaient plu aux essais, mais il s'était avéré trop lourd (de muscles) et pas assez vif pour donner la même impression "j'avale les côtes en cinquième" qu'Erwann dans les mêmes situations. Chez VTP, on estimait qu'Erwann était difficilement remplaçable pour certaines scènes d'action. Derek s'en rapprochait, grâce à un entraînement assidû et une certaine "intelligence kynéstétique" lui aussi. D'autres seraient parvenus à les jouer aussi, mais de l'avis général, dans la société de production, on trouvait qu'il était agréable à voir fonctionner, comme l'avait confirmé le test où par capture de mouvements tout le monde avait été remplacé par des robots anonymes. Celui mû par Erwann apportait quelque chose de plus, sur une série de scènes très mobiles, y compris lorsqu'il devait rater quelque chose (ses personnages ne devaient pas être infaillibles: cela eut ôté de l'intérêt au scénario, estimait VTP). C'était un des rares domaines où l'on ne pouvait pas demander à un acteur d'imiter "sur des rails" la gestuelle d'un autre, car chacun n'imitait que dans la mesure où il le pouvait et avait le temps d'y penser, lors d'une prise demandant adresse, vivacité et souplesse de réception (si c'était un saut). Erwann préenregistrait donc ses scènes d'action (le premier modèle numérique n'étant alors qu'indicatif): tout ce qui était rapide ou le déplaçait beaucoup, et uniquement celles-ci. Cela lui permettait de le faire depuis la Finlande, suite à quoi c'était incorporé au storyboard 3D.

. La disparition des salles françaises des films "de peu d'action et peu d'espace parcouru" (on tournait encore de telles oeuvres, mais uniquement pour la télévision ou les réseaux télématiques) venait de ce que le public n'avait ni le temps ni les moyens d'aller tout voir, donc n'y allait que pour ce qui "méritait" selon lui le grand écran: "Kerfilm" ou équivalent. VTP n'était pas le seul producteur français de films "méritant le cinéma" mais réalisait 94% des entrées, les 6% restant étant occupés par quelques grands films comiques utilisant bien l'image (pas du "huis clos") et plus rarement des films d'action, les scénaristes préférant les proposer à des filiales de VTP, sachant que là, il y avait les moyens de les réaliser dans toute leur ampleur (et bien sûr en stéréoscopie), quitte à accepter quelques modifications "à la VTP". C'était aussi le cas dans les pays européens n'ayant déjà pas (avant VTP) un cinéma national très actif.

. La plupart des chaînes (ou "bouquets") de télévision payantes avaient disparu en 2002, ne pouvant répondre à la concurrence des chaînes satellitaires gratuites désormais nombreuses via le réseau Lioubioutchaï (dans la diffusion "passive" un vers tous, du moins dans une zone de diffusion: au cours de son voyage, un même satellite allait arroser divers pays en changeant de palette de programmes, ou parfois en gardant le même avec juste une autre langue, si elle était disponible) et ayant perdu depuis longtemps son rôle de "chaîne du cinéma": VTP n'avait jamais eu recours à des financements tiers pour ses propres films, tout en tournant parfois pour des tiers (Westfilm, en particulier) auquel cas il y avait coproduction. Très peu de chaînes de télévision payantes avaient survécu, à l'exception de certaines "thématiques" se concentrant sur des genres que les chaînes gratuites ne proposaient pas ou rarement.

. La téléphonie payante avait elle aussi disparu. Si le cinéma en salle non seulement existait encore, mais avait même gagné des spectateurs, c'était parce qu'en plus d'avoir fortement baissé ses tarifs (2 à 3 euros la scéance, pour la plupart, en 2004) il proposait des conditions de "dégustation" de film que l'on ne trouvait pas encore chez soi, ainsi que des films qui ne passeraient à la télévision que trois à cinq ans plus tard: Kerfilm ne se hâtait pas de proposer la plupart de ses oeuvres aux chaînes de télévision. De plus les films étaient plus attrayants que dix ans plus tôt. Outre la stéréoscopie, les salles à fauteuils remuants s'étaient multipliées, toutefois on pouvait aussi acheter cet équipement pour utiliser chez soi, essentiellement avec les jeux vidéo mais aussi pour certains films enregistrés avec les informations kinéstésiques. Certains étaient même diffusés avec ces informations sur les réseaux numériques, car les ajouter prenait très peu de place par rapport à l'image et au son. L'odorama, lui (auquel les arômaticiens de BFR avaient beaucoup contribué), pâtissait toujours de la difficulté à chasser vite une odeur pour la remplacer par une autre, lors des changements de scènes, donc ne se prêtait qu'aux films ayant une certaine unité de lieu, quitte à en parcourir plusieurs mais à la vitesse des personnages, sans "zapper" maintes fois d'un contexte à un tout autre.

. Le basculement vers la "société de conservation" (où chacun cherchait à dépenser moins, conserver et faire durer les choses, freiner la démographie) avait été initié en France par la transformation radicale du système socio-fiscal du fait de l'ELR (en faisant plus de gagnants que de perdants, donc sans risque de retour arrière, les ex-lobbies n'ayant plus du tout voix au chapître) mais avait aussi gagné du terrain dans bien d'autres pays, car c'était tout simplement un moyen de vivre mieux (ou aussi bien) pour moins cher: "à quoi bon mettre à la poubelle l'équivalent de N mois de travail chaque année?". La réduction des déplacements évitables était l'un des aspects les plus visible de cette évolution, y compris aux Etats-Unis où l'effondrement du dollar rendait la hausse du pétrole encore plus coûteuse. Les téléétudes et le télétravail profitaient du réseau gratuit Lioubioutchaï, ainsi que de quelques réseaux gratuits terrestres (municipaux, régionaux, nationaux) là où il en existait, la plupart fonctionnant aussi selon le modèle de la "gratuité rationnée" tout en proposant à leurs connectés un débit souvent supérieur à celui du Lioubioutchaï 2, voire 3 pour les réseaux câblés optiques. Les ventes de véhicules chutaient (y compris et surtout les avions), malgré l'engouement pour les véhicules électriques ou hybrides (le plus souvent russes, Kermanac'h augmentant un peu ses ventes mais bien moins que Donova, à l'échelle mondiale). La remotorisation électrique ou diesel-électrique (avec un tout petit moteur diesel, servant plutôt de relais en cas de fin d'accus) de petits véhicules à essence des années 80 et 90 était le marché automobile le plus porteur, car ceci évitait de perdre la valeur de la caisse et de la "base roulante", qui consituait un patrimoine bien plus important que le moteur. Les véhicules reconditionnés étaient dispensés de passer les crash-tests aux normes actuelles: ils ne devaient répondre qu'aux normes de leur année de première mise en circulation, d'où un gain de poids donc de rendement
important. En France, au Danemark et en Hollande, la fiscalité était très favorable aux véhicules de plus de huit ans reconditionnés, dès que cela induisait une réduction de la consommation et de la pollution moyennes d'au moins 25%. Les constructeurs avaient senti l'irréversiblité du mouvement et s'étaient massivement mis à produire les kits de réadaptation de leurs anciens modèles (des fabricants tiers les y ayant souvent précédés, mais sans disposer de la même base industrielle pour modérer le prix) ainsi que des ensembles automatiques pouvant être loués ou vendus aux garagistes pour effectuer l'opération avec bien moins de main d'oeuvre et bien plus de contrôles de qualité en cours de modification. La baisse des ventes des véhicules neufs était inéluctable (les gens circulant moins) donc les constructeurs (surtout européens, où les mesures avaient été appliquées les premières) avaient investi fortement dans le reconditionnement, ayant quelques ateliers optimisés pour modifier leurs modèles les plus courants, en plus des kits et outillages proposés aux garagistes et particuliers compétents pour le faire sur d'autres modèles, y compris ceux des concurrents: il n'existait aucune "chasse gardée" et tout le monde pouvait proposer des kits pour tel ou tel modèle comme la Twingo, la Polo ou la Panda. Les gens ne changeaient plus de voiture: ils la modifiaient ou la faisaient modifier, ce qui revenait bien moins cher et améliorait fortement la balance commerciale des pays ayant le plus misé sur ce principe, car il restait possible d'exporter des voitures dans ceux où ce n'était pas encore devenu la tendance générale. Ceci coupa un peu l'herbe sous le pied de Donova, qui ne pouvait (même au tarif russe) proposer une voiture entière à un prix compétitif par rapport à la modification d'une voiture existante, d'autant moins que cette tâche était parfois sous-traitée de l'autre côté de la Méditerrannée. Le marché du neuf concernait surtout les offres n'existant pas ou très peu dans le parc "à reconditonner", comme la CRT ou les Trielec Kermanac'h: il existait peu de coupé-cabriolets légers, d'une part, et peu de voiturettes mono ou biplaces à faible coût. Toutefois le marché d'électrification des voiturettes "sans permis" plus classiques était en plein essort, souvent par ces constructeurs eux-mêmes qui ne vendaient presque plus de neuf face à la gamme Trielec.

. La règlementation des "VAE" (à assistance électrique) avait été assouplie: la puissance restituée aux roues (norme ISO, et non celle consommée par le moteur) pouvait atteindre 400W jusqu'à 20 km/h (en particulier pour les côtes), puis rester sous une ligne oblique descendant de 400W à 20 km/h juqu'à 0W à 40 km/h (ce qui signifiait que les 40 km/h devaient être atteints en pédalage seul). Les "polycycles" destinés à transporter plusieurs personnes pouvaient disposer de 250W supplémentaires par personne adulte, à condition qu'elle soit réellement à bord: un véhicule triplace ne comportant que son pilote restait limité à 400W. L'intérêt des véhicules cyclables à plus de deux roues était que leur stabilité et leur largeur permettait l'installation d'un toit pouvant servir de panneau solaire, ce qui contribuait de façon non négligeable à l'allongement de l'autonomie des accus, en particulier pendant un stationnement en plein soleil à la destination (en plus du trajet), avant de revenir chez soi.

. Ce marché se comportait d'une grande partie de cycles neufs conçus pour cela, et d'un plus petit nombre de kits pour vélos existants consistant souvent en une roue avant motrice (moteur à l'intérieur, sous l'axe ou autour) et un ensemble accu+capteur s'insérant dans le bas du cadre, le capteur détectant le mouvement du pédalier et éventuellement la tension de la chaîne. D'autres montages étaient plus compliqués à installer, en particulier avec une seconde chaîne (à gauche) et une grande couronne dentée à fixer à tous les rayons du côté gauche de la roue arrière existante, servant à la fois de transmission et de réducteur. Dans certains modèles, il s'agissait d'une courroie crantée. Des roues arrière électriques étaient aussi proposées, comportant en même temps un vissage pour "cassette" de pignons et la détection du pédalage par l'effort exercé sur les cliquets de la roue-libre (si celle-ci "rouelibrait", le moteur n'agissait pas).

. Les voiturettes ferroutables (rechargées par le train conçu à cet effet, avec quai permettant entrée simultanée de toutes (ou de la moitié) des voiturettes dans un wagon) étaient aussi en plein essort, huit pays européens ayant mis en service de tels wagons et quais, avec des variantes, mais compatibles avec les voiturettes ferroutables déjà existantes.

. Ceci et la réduction importante du nombre de déplacements de la plupart des gens (pas tous: certaines professions étaient itinérantes par nature, comme les plombiers ou les infirmières) avait conduit à une baisse de 48% (par rapport à 1997) de la consommation pétrolière affectée au transport des personnes, dans l'Union Européenne, certains pays comme la France ayant connu des baisses beaucoup plus fortes. Toutefois ceci était loin de suffire à modérer la demande mondiale de carburants, donc à freiner la hausse de leurs prix.

. En France, la dénatalité avait facilité le mouvement: il était plus facile de se déplacer en vélo (avec ou sans assistance électrique), en voiturette monoplace ou via les transports publics quand on n'avait pas d'enfants. Le marché des "monospaces" s'était effondré, à part ceux servant de "bureau roulant" pour hommes d'affaires, ou équipés en mini-camping-car (solo, éventuellement biplace mais pas plus). Les Français et surtout les Françaises, jadis si prolifiques, avaient vite compris que désormais pour vivre mieux il fallait vivre sans enfant, un enfant étant un luxe qu'il était encore tout à fait possible de s'offrir (car même pour la famille "classique" de deux enfants le pouvoir d'achat réel avait augmenté, du fait de la baisse spectaculaire du coût du logement) mais dont la plupart des jeunes adultes ne faisaient désormais plus le choix. De plus faire un enfant rendait très difficile (et financièrement pénalisant, surtout pour le parent ayant demandé le divorce, si jamais il l'obtenait) de divorcer, or l'habitude prise du "mariage jetable" déconseillait fortement de le rendre permanent via un enfant. De plus les gens étaient juridiquement mariés de fait s'ils faisaient un enfant ensemble pendant qu'ils étaient en union libre. Cela aussi faisait réfléchir.

. La réussite française par la déflation (très profitable dans un contexte à monnaie unique comme l'Euro: qui baissait ses prix prenait les marchés) et la dénatalité (qui diminuait tous le coûts sociaux) avait été imitée à divers degrés autour d'elle. Nombre de pays n'avaient déjà pas ou peu d'incitations familiales, donc pour eux le changement était moindre. Peu avaient créé un équivalent de la "TPA": c'était le cas en Angleterre, en Hollande et en Belgique.

. Les médias avaient beaucoup changé, les "intellectuels de la gauche caviar parisienne" y étant bien plus rares puisqu'il n'existait plus de gros salaires, en France: pour gagner plus, il fallait être à son compte, et non salarié, donc les médias non plus ne donnaient plus de gros salaires. Les contrats du genre "animateur producteur" engageant l'employeur pour une longue durée étaient eux aussi interdit, car considérés comme du salariat déguisé: "à son compte", ça voulait dire "sans garantie d'emploi". Dès lors qu'il y avait d'une façon ou d'une autre une garantie d'emploi de plusieurs mois, on était considéré comme "pseudo-salarié" et la part de revenu dépassant le salaire maximum était prélevée (100% d'impôt au delà de cette barre).
. Du coup, les gens travaillant comme permanents dans les médias étaient bien plus proches de la réalité des télespectateurs, auditeurs ou lecteurs (la presse papier était en voie de disparition, en raison de la taxe sur le papier, et malgré la suppression du racket des NMPP) et reflettaient mieux leur façon de voir les choses, ce qui n'empêchait pas la diversité, mais évitait l'effet "tour d'ivoire".

. Dinan avait gagné le Top 16 comme l'an dernier, contre Toulouse mais par 37 à 10 (un essai partout, une pénalité parisienne, cinq pénalités et cinq drops bretons). La supériorité en matière de drops et de tirs de pénalités des "artilleurs" de Dinan restait écrasante, la mêlée ne craignait personne, les lancers en touches et surtout les sauts en "contre" sur lancer adverse continuaient à fournir des ballons, et le point faible "historique" de Dinan (car trop difficile à simuler et trop "zone grise" pour l'arbitrage), les mêlées ouvertes et les tentatives de défence contre le siège de l'embut en "pick & go" par l'adversaire, progressait peu à peu, ainsi que l'art d'éviter ces situations-là. Ce n'était pas encore "tout à fait ça" et les Bretons y perdaient encore souvent des ballons pour ne pas s'y faire pénaliser, mais sur la moyenne des matchs cela avait coûté moins d'essais qu'au début de l'an dernier. Dinan continuait à ne pas créer ces situations (ne tentait pas de marquer des essais ainsi: mieux vallait placer un drop, si on avait le ballon près de l'embut: probabilité de réussite bien plus élevée pour un effort collectif nettement moindre) et à les éviter préventivement autant que possible quand l'adversaire tentait de les créer. Donc des points faibles devenant moins faibles, et des points forts (la "conquête" et les drops) partagés par de plus en plus de joueurs bretons, grâce au système d'entraînement qui contrairement à ce que pensait VTP tardait à être imité ailleurs. Toutefois à force de se faire prendre tant de ballons en touche par le "contre" breton, nombre de clubs français avaient planché plus sérieusement qu'avant sur la coordination entre lanceur et sauteurs, ce qui avait un effet positif sur leurs matchs de coupe d'Europe.

. Le calendrier "Dynamo de Dinan 2005" était sorti trois semaines après "Les dieux du stade" 2005, et ne comportait pas Torbjörn Hultgren. Celui-ci avait été racheté cet été par les Leicester Tigers, son contrat de 2001 avec le DD expirant cet été. Ceci en le payant 2,8 fois plus qu'au DD. Ce serait un moyen d'en savoir plus sur le redoutable club breton, et un excellent joueur "multifonctions": il était bon en 11, 12, 13, 14, voire 15 (même si c'était un "sous-emploi", dans son cas) ainsi qu'en 2ème ligne pour ses qualités de sauteur, à condition d'avoir des piliers assez costauds pour le porter. Hultgren, Kerdazenn ou Lefar: le club anglais souhaitait en récupérer un des trois, et le Suédois était plus facilement délocalisable puisqu'il n'était pas breton. Dinan n'avait pas surenchéri pour le garder: ce n'était pas dans les habitudes du club. Dinan l'avait remplacé par un Allemand issu de sa formation interne, Kai Schlecht, né à Kiel (Allemagne de l'Est, à l'époque, 1m94, 102kg, châtain clair "court touffu", 22 ans, qui n'avait pas la perfection karéenne de Torbjörn mais en approchait les performances physique tout en étant encore plus sérieux que lui à l'entraînement: sur ce point, il était comparable à Lefar ou Yvinnec, réputés les plus "stakanovistes" du club. Schlecht jouerait lui aussi en 2ème ligne et en 3/4, selon les besoins de l'équipe dans tel ou tel match, même si c'était plus un "3/4" qu'un "avant", et c'était bien sûr un buteur, cette condition étant devenue "sine qua non" pour la titularisation dans l'équipe principale. Le succès de Dinan venait de son artillerie (en plus de sa mêlée et de sa touche, qui servaient à obtenir le ballon mais pour le transformer en points il fallait être bon au pied), chaque année des buteurs seraient rachetés ailleurs, donc on en retrouverait parfois contre soi, donc il fallait en cultiver le plus possible.
. Le Dynamo de Dinan était devenu le centre de formation de pointe des rugbymen allemands, depuis la notoriété acquise par les Krüger. Il y avait maintenant six autres joueurs allemands parmi les réservistes (utilisés tour à tour dans certains matchs) du club breton, qui avait retenu ces six-là à l'issue de tests poussés (y compris sur la fiabilité mentale) parmi près de cent candidats d'outre-Rhin y ayant déjà correctement joué là-bas. Les premiers tests pratiques (avant recrutement) consistaient à mesurer sur plusieurs jours les progrès obtenus dans les tirs au pied, avec le système virtuel de Dinan permettant au joueur de comprendre pourquoi le ballon prenait telle ou telle trajectoire. "Schlecht n'est pas mauvais", boutade devenue vite réalité au fil des entraînements et de ses premiers remplacements dans les "vrais" matchs l'an dernier. Kai Schlecht remplaçait cette année Torbjörn Hultgren poste pour poste, utilisé comme titulaire dans les matchs d'extérieur et comme remplaçant (en général) dans les matchs à domicile.

. Torbjörn avait toutefois un inconvénient pour Leicester: la culture "tout faire pour ne pas aller au sol" de Dinan lui convenait très bien, donc il ne serait pas utilisé en 2ème ligne là-bas, mais comme 3/4 d'abord remplaçant puis titulaire s'il confirmait son adaptabilité. Dès son premier match, où il rentra à l'heure de jeu, il marqua son premier drop anglais, dans le second (titulaire) il en tira quatre et en réussit trois, comme "artilleur longue portée", tout en s'avérant à la hauteur de sa réputation de "3/4 perforant" ouvrant le passage et fournissant le ballon à deux des marqueurs d'essais.

. Les décors virtuels (n'en ayant pas du tout l'air) et les nombreux effets spéciaux mis au point pour "Le crépuscule de Rome" y étaient abondamment recyclés, à faible coût puisqu'il s'agissait de générer des images isolées (mais de très haute résolution) et non des séquences vidéo. Kai Schlecht avait deux photos dans ce calendrier. Il n'avait pas le caractère "poseur" de Torbjörn, mais pouvait y être, estimait-il, même si cette année il y avait moins de participants que dans le précédent: dans le premier il y avait aussi ceux qui "pouvaient le faire une fois mais sans que ça devienne une habitude". Il n'y avait pas Fritz Krüger, par exemple, alors qu'il y avait ses cousins piliers parmis les "barbares".

. Dans une photos, Kai enserrait une panthère noire à bras le corps le long du sien (phantasme zoophile? Peut-être) en se maintenant hors de portée de morsure, et semblait ignorer les stries sanglantes laissées par les pattes griffues dans son dos. L'issue du combat était indéterminée, via cette image, mais l'effet visuel puissant. Il s'agissait bien sûr d'une panthère robotisée ayant déjà "joué" dans le Crépuscule de Rome. Pour une photo unique, il n'y avait même à la programmer, mais juste à lui faire prendre l'attitude souhaitée.

. Le sous-titre était "Aurore romaine", et les éclairages très dorés, proches de l'horizontale, rendait les corps plus esthétiques, plus "pain doré mais pas trop cuit". Une ambiance visuelle différente du 2004, des images semblant extraites d'une superproduction tarsinienne (toutefois avec des personnages vus de plus près que dans celles-ci), toujours une majorité d'images donnant une impression de mouvement, la moitié d'entre elles (40/80) en anaglyphes, les autres en couleurs ou parfois en sépia. Un commentateur écrivit:

§§§c'est grand et beau comme un film de Tarsini, et vous pouvez le mettre au mur dans la cuisine ou la salle à manger: ce n'est jamais vulgaire ni gênant, même si chacun peut y voir autre chose que ce qui est dans l'image, vu l'abondance de gladiateurs et autres thèmes de culte du corps. C'est devenu tellement VTP que Vittorio Cario est dans une des photos. Quelques amateurs de photos plus coquines ou plus originales (comme les allusions au canibalisme de l'an dernier) pourront regretter l'ambiance d'une partie de la première édition, même s'il y a quelques scènes de lutteurs pour faire phantasmer plus, à condition de mettre les lunettes stéréoscopiques.§§§

§§§il y avait quelque chose de plus créatif dans le DdD 2004 même si certaines photos comme celle de la carcasse avaient suscité quelques contreverses. L'édition 2005 ressemble à une bande annonce pour un remake du Crépuscule de Rome, avec l'emphase et le grandiose typiquement tarsinien d'un tel sujet. L'élégance des corps est certes bien mise en valeur à l'intérieur de cette mise en scène à grand spectacle, mais cela manque quelque peu de sensualité car plus inspiré par "Les dieux du stade" de Leni Riefenstahl que par le calendrier éponyme.§§§

§§§somptueux à la limite du prétentieux, le calendrier du Dynamo de Dinard 2005 semble avoir été entièrement conçu par Tarsini, tant les personnages s'accordent bien à l'architecture directement reprise du "Crépuscule de Rome", au point que Vittorio Cario y rempile en "guest star" comme gladiateur. Il reste de l'humour ça et là, si on regarde bien, mais on pourra en même temps regretter certaines des fantaisies de l'édition précédente, y compris ces quelques provocations (comme la carcasse dans la chambre froide) que l'on acceptait pourtant avec le sourire en feuilletant l'édition 2004. Une version dérivée du "Crépuscule de Gomorrhe" aurait probablement plus intéressé la clientelle du calendrier parisien, mais le Dynamo de Dinard avait voté contre. Il est vrai qu'avec ses quatre-vingt photos, le calendrier 2004 avait consommé les munitions qui auraient permis de faire plusieurs années de calendriers mensuels bien renouvellés§§§

§§§DdD 2005 "Aurore romaine": cette fois on entre en plein spectacle tarsinien, avec course de chars, gladiateurs, galères, marchés aux esclaves, effrondrement de constructions: "la puissance et la gloire", mais à vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans gloire? Il n'y a pas un gramme de prise de risque dans cette édition qui puisse sans retenue dans l'infographie tarsinienne du "Crépuscule de Rome", dont la thématique n'est même pas détournée pour en faire quelque chose de plus affriolant. A quand une version dérivée du Crépuscule de Gomorrhe? Belles images, incontestablement, personnages mis en valeur dans des poses plus héroïques qu'érotiques, même pour les plus déshabillés. Un petit clin d'oeil l'art nazi, peut-être? Même pas: tout ceci était déjà dans l'hyper-méga péplum de Saverio Tarsini. Précisons qu'il n'est pas le metteur en scène de cette "Aurore romaine", VTP n'ayant eu qu'à puiser dans la base de données du film (même si les angles de prises de vues sont différents pour prendre les personnages de plus près) et susbtituer les joueurs du Dynamo de Dinan à ses acteurs pour obtenir ceci. Du grand, du beau, du fort, mais du déjà vu dans les films de Tarsini§§§

. Malgré ces critiques (2004 plus créatif que le 2005 trop "Tarsinien") le DdD 2005 fut un succès immédiat, preuve que le public préférait les péplums, y compris en matière de calendriers de rugbymen.

. Quelques statues avaient été usinées en commande numérique (à partir du modèle réel relevé par l'Emilianomètre sur le joueur) puis coulées en bronze (creux, toutefois) en imitant divers classiques de la scupture dont Torbjörn en penseur de Rodin (statue datant d'avant son départ), pensif face à un ballon d'un metre de haut qui faisait partie lui aussi de la sculpture. Il était aussi représenté en discobole (le ballon remplaçant le disque, cette fois), avec une branche de laurier (de même métal) qui poussait le long de la face interne d'une de sa jambe d'appui et dont le feuillage venait cacher un "détail anatomique" ensuite). En tout, vingt-deux statues avaient été usinées, représentant seize des joueurs, et furent placées sur des socles en granit dans un bout de jardin paysagé attenant au stade. Il y en aurait peut-être d'autres au fil du temps. VTP avait déjà fait des statues d'une exactitude "au laser" (puisque numérisées ainsi à partir du vrai) de certains de ses acteurs (mais habillés comme dans tel ou tel de leurs rôles) et réalisées en alliage d'aluminium. Elles étaient à l'intérieur des bâtiments, pour rester impeccables. Il existait vingt versions d'Erwann: il n'y en avait pas eu pour tous les rôles. Certaines statues étaient à La Défense (où l'on tournait encore des sitcoms), la plupart dans les studios ou bureaux de VTP22, quelques autres dans des bâtiments de VTPSF. Aucune n'était visible de l'extérieur.

. En 2005 Erwann aurait pour la première fois un rôle "de cape et d'épée": cela semblait évident, au vu de ce qu'il savait faire, mais ça n'avait pas eu lieu avant, VTP cherchant un scénario qui ne fût pas une N+1ème adaptation des Trois Mousquetaires ou de Lagardère tout en donnant "légitimement" place à quantité de scènes d'action, dans les auberges douteuses aux escaliers vermoulus, des ports, des manoirs, avec des attaques de carrosses, etc. Jusqu'alors il avait surtout manié des glaives, des haches, des fléaux d'armes, de grands sabres ou d'immenses épées du genre "Durandal", souvent à deux mains, armes lourdes qui ralentissaient les mouvements et les rendaient prévisibles, une fois amorcés, du fait de l'inertie, donc facilitait en fait la préparation des scènes, surtout avec d'autres acteurs (pas là au même moment, pour de vrai, par sécurité) ou des robots. Avec les "fines lames" qui, de plus, avaient de l'élasticité, au moment où elles se désengegaient de quelque chose après s'y être planté, il allait faloir être bien plus rapide et précis. L'histoire tournerait (entre autres) autour des collecteurs d'impôts en collectant un supplément pour leur propre usage, et cachant tout ceci dans leurs carrosses puis manoirs, un peu comme dans "La folie des grandeurs", mais à l'intérieur d'une toute autre histoire, qui incluerait aussi un atelier souterrain de fausse monnaie caché dans les carrières de pierres sous Paris, et communiquant avec les catacombes.

. Mécanotron 2 sortit le 1er décembre, ce type de film plein de machines et de robots étant moins glouton en post-production que la HF qui ne devait surtout pas avoir l'air virtuelle. Alexandre Fresnel avait joué dans "Les sorcières de la fosse", une HF très "fantastique onirique" donnant dans le film d'horreur.

. Coupe d'Europe: premier Leicester/DD avec Torbjörn Hultgren dans l'autre camp, et premier drops marqués par le Suédois entre les perches du DD. Le DD en avait déjà pris de la part d'autres clubs, mais pas si vite. Puis un essai servi "comme sur un plateau" par le Suédois au 11 anglais. Schlecht n'était pas chargé de contrer directement Hultgren mais de le priver de ballons à la source, en s'attaquant à ceux qui auraient pu le lui fournir, en plus de ce que le DD réussissait à prendre en touches et en mêlées. Il n'y eût qu'un seul duel direct entre les deux, qui fut gagné par Schlecht en attrappant Hultgren très bas, aux genoux: on l'avait rôdé à finir sa course surbaissé, dans ce cas, pour permettre cette manoeuvre (typiquement Kerdazenn, mais que Lefar connaissait aussi) après avoir donné l'impression à Hultgren que ça allait être une percussion à mi-flanc, façon Lefar. Hultgren connaissant cela pouvait le deviner plus qu'un joueur "lambda" de Leicester et s'y préparer mais l'autre manoeuvre devenait alors plus accessible pour Schlecht, à condition de ne l'exécuter qu'au dernier moment, en se tassant dans ses deux derniers pas. Hulgren proprement déraciné et retourné ne put passer correctement le ballon, commettant un en-avant, mauvaise habitude (celle de ne pas tant chercher à l'éviter) acquise au DD: les en-avant causaient des mêlées, et les mêlées étaient "du gâteau" pour le pack du DD, surtout avec les Krüger sur le terrain. Ce fut le cas, d'autant plus facilement que cette fois c'était une mêlée pour le DD, introduction Le Clézio. Dans la suite du match il y eut quatre essais (dont un en angle qui ne fut pas transformé) et trois drops (dont deux de Hultgren) pour Leicester, cinq pénalités et douze drops (Yvinnec: 4, Delamarre: 2, Fritz Krüger: 1, Schlecht: 1, Le Manac'h: 1, Lecestre: 1, Le Clezio: 1, Galliot: 1) pour le DD, donc 35-51. Parmi les quatre derniers drops, il y en avait un "classiquement" signé Yvinnec, mais aussi deux de Delamarre et un de Lecestre, talonneur et pilier droit (dans ce match, et gauche dans d'autres) remplaçants. Guiquel, l'autre pilier remplaçant, n'en avait pas eu l'occasion mais dans des situations favorables (moins de 25m et pas trop en biais) il était maintenant capable d'en tirer aussi, aussitôt après avoir reçu une passe.
. L'entraîneur anglais avait pourtant averti ses joueurs:
- méfiez-vous de la "petite" première ligne remplaçante de Dinan. Ils ne vous écrabouilleront pas comme les Krüger, mais Delamarre est rapide et réellement dangereux en drop, même à 40m, d'ailleurs les piliers aussi savent en tirer.
Le 3- La question serait plutôt "quels sont les Bretons qui ne sont pas bons en drops"?
- Les piliers Krüger, sauf pour "abattre une vache dans un couloir", leurs 2ème ligne ne sont pas des clônes de Wilkinson non plus, mais pour le reste, le risque existe un peu partout.
Le 6- et Fritz Krüger?
- moyen, mais s'il récupère le ballon et un petit peu d'espace pour tirer de 25m à peu près en face, il va le mettre entre les perches. A l'entraînement, il n'est pas mauvais au pied, même s'il y a beaucoup mieux dans leur équipe.

. C'était ce qui s'était produit: après une belle percussion renversant un Anglais tout en lui arrachant le ballon (du "boulot classique d'avant"), Fritz Krüger n'avait pas hésité une seconde (car une seconde plus tard il en aurait eu trois sur lui: forcer le passage pour un essai restait incertain), voyant que ça allait être "une vache dans un couloir". En tirant très en cloche, de 17m, il avait aisément lobé les Anglais qui se ruaient vers lui et mis la pastèque entre les perches. Les 12 drops bretons provenaient de 8 joueurs différents, ce qui n'était pas le cas dans les autres clubs.
. Schlecht avait fait ses preuves y compris face à Hulgren, maintenant, tandis que la contribution de ce dernier aux scores du Leicester se confirmait. Renseignement aussitôt pris par la direction de Leicester, Schlecht avait signé pour quatre ans (cette saison incluse) au DD donc il ne fallait pas compter le récupérer.

. Lefar qui serait dans le match "retour" était cette année réputé le joueur le plus dangereux du DD dans les matchs à domicile, sa précision au pied déjà excellente étant devenue redoutable, en plus de sa vitesse et de son habilité à éviter, raffuter, percuter ou plaquer puis passer efficacement s'il ne pouvait aller plus loin. Il lui était interdit de participer au jeu au sol (une cheville ou un genou un peu abîmé et c'était fini de sa précision de tir ainsi que de son habileté en course avant impact), et s'il était tout de même pris dans un "caramel", la consigne était de se mettre en boule (quitte à perdre le ballon, dans les rares cas où il n'aurait pas pu le passer. Faire un en-avant était parfois une bonne solution, vu la puissance de la mêlée bretonne) pour éviter tout dommage aux membres. Se mettre en boule pouvait aussi faciliter (s'il n'était pas trop bloqué par les autres) de se remettre sur ses pieds et donc de pouvoir participer de nouveau. A l'entraînement il avait 60% de réussite à 60m en tirs de pénalités (ce n'étaient tout de même pas des drops) ce qui avait contribué à sa réputation de "grosse Bertha". En dessous de 40m on faisait toujours tirer Yvinnec (96% de réussite sous les 40m), entre 40 et 60m ça dépendait de l'oblicité. S'il y avait du vent de travers ou des rafales, on cherchait "classiquement" la touche et non les perches adverses: en effet, l'aval d'une "pénaltouche" jouée plus près était une bonne situation pour permettre à l'un des nombreux buteurs bretons de tenter un drop dans de meilleures conditions que la pénalité longue distance donc trop sensible au vent. Pénaltouche+drop était un grand classique breton (surtout aux alentours de la ligne des 22m), plutôt que pénaltouche+tentative d'essai. Même quand la touche était adverse cette manoeuvre pouvait réussir: deux des drops marqués par Yvinnec contre Leicester étaient d'ailleurs issus de ballons volés en touche par le "contre" breton sur lancer parisien, l'un à 10m l'autre à 18m de l'embut.
. Kai Schlecht continuait de progresser au pied, il était parmi les bons buteurs du DD et serait surtout utilisé comme premier ou second centre, cette année, tandis que Lefar (dans les matchs où il y aurait les deux) serait surtout ailier: 11 s'il remplaçait Kerdazenn, 14 s'il y était aussi. Ferry Delamarre fut réutilisé comme 15 pour donner du temps de jeu en 2 au "talonneur ter", Vincent Augrès, 1m82, 100kg, 21 ans, dans des matchs contre des équipes bien plus faibles. Vincent Augrès savait tirer au pied, moins bien que Ferry mais déjà un peu mieux que Fritz: le "talonneur buteur" devenait une tradition bretonne. Contrairement à Ferry, Vincent ne faisait pas encore lui-même les lancers en touche: pour un maximum de fiabilité, c'était confié au 7, Romain Le Morzadec, qui était aussi un auteur occasionnel de drops. Techniquement, Ferry était le meilleur des trois, Fritz le plus puissant et le plus redouté des adversaires, Vincent devait continuer à progresser pour se rapprocher du niveau de Ferry car on en aurait besoin si l'un des deux autres avait un pépin ou si un autre club rachetait les Krüger. Vincent jouait aussi en 6 dans certains matchs, voire en 7 quand Ferry était le 2 car alors les lancers n'étaient pas sous-traités au 7. La polyvalence des joueurs était un point que le DD cultivait depuis le début (à l'origine par manque d'effectifs), même s'il n'était pas prévu d'essayer Le Clézio en première ligne ni les Krüger ailleurs que dans le pack. Les progrès du savoir-faire de la mêlée bretonne rendaient moins nécessaire qu'au début la présence de joueurs massifs dans tout le pack, donc les joueurs de 3ème ligne n'avaient plus besoin d'atteindre ou dépasser 110kg. Au début il y avait énormément de masse et de puissance, avec une bonne technique, maintenant il y avait de la masse et de la puissance mais pas de façon aussi écrasante, et une excellente technique de coordination des huit joueurs. C'était aussi ce savoir-faire qui compensait depuis longtemps le fait que les Krüger étaient trop grands pour des joueurs de première ligne. Le simulateur réaliste était toujours utilisé, bien que Dinan eût maintenant assez de bons joueurs de pack pour en constituer deux à opposer: mettre la "petite" première ligne face à la grosse, mais avec les "3L" lourds face aux moins lourds pour compenser. Le simulateur (qui ressemblait à une mêlée humaine, la robotique étant facilitée par le fait que ces robots n'avaient pas besoin de pouvoir fonctionner séparément) servait surtout à simuler les mêlées des autres clubs, avec leurs qualités et leurs lacunes, pour savoir mieux contrer les unes et exploiter les autres. Ca, les concurrents de l'avaient pas encore, mais pour l'alimenter il fallait décortiquer toutes les informations disponibles sur ces mêlées adverses, en plus d'étudier les vidéo des matchs. La grande taille de Fritz (1m94), inhabituelle à ce poste, était souvent un inconvénient pour le jeu au sol, "gratter le ballon", etc. On l'utilisait aussi en 8 dans certains matchs, avec la "petite première ligne". Traditionnellement à Dinan le capitaine était toujours un joueur de 3ème ligne, mais quand ce n'étaient pas les 6, 7 et 8 habituels (Noguet, Galliot, Le Morzadec) il fallait que l'un des trois remplaçants fût rôdé à cette mission, ce qui fut le cas pour Fritz, qui de plus s'était avéré faire bon 8. Toutefois on ne pouvait panacher Krüger et non-Krüger, en première ligne, pour compatibilité de gabarits, donc ça supposait de n'avoir pas besoin des jumeaux, ou de les recycler en troisième ligne, la "mêlée Porsche" (moteur à l'arrière) qui avait déjà été utilisée dans certains matchs, avec l'autre première ligne. Ferry pouvait jouer tout un match, mais ce n'était généralement pas le cas des piliers or le DD ne disposait que de deux paires de piliers de haut niveau. Les piliers suivants étaient encore à améliorer. L'un d'eux était allemand, l'autre belge. Contrairement à ce que l'on voyait souvent ailleurs, le DD veillait à ne pas les spécialiser droit/gauche: la fonction de pilier droit étant plus difficile il fallait l'apprendre le plus tôt possible à tous les piliers potentiels et la pratiquer régulièrement ensuite. On vit ainsi Giquel à droite et Lecestre à gauche, de même que les jumeaux Krüger permutaient souvent mais eux, le public ne s'en rendait pas compte.

. Cette fin d'année 2004 avait apporté une surprise, aux Etats-Unis: l'élection d'un "Républicain" dissidant prônant l'antikeynésianisme comme seul moyen de redresser la balance commerciale et donc de cesser d'appauvrir l'Amérique pour commencer à la réenrichir. Le keynésianisme ne pouvait fonctionner qu'en autarcie et s'avérait suicidaire dans un marché ouvert, même avec un protectionnisme à peine dissimulé comme celui des Etats-Unis: il eût fallu une fermeture totale. Freinage massif de la dépense publique et de l'accès au crédit, de façon à freiner la consommation donc stopper l'hémorragie financière vers l'extérieur. Augmentation redistribuée de l'équivalent local de la TVA ainsi que de la TIPP locale: une partie du surplus de recettes était redistribué aux ménages sur une base fixe, indépendante de leur consommation, donc profitant plus aux petits (plus nombreux, d'où la popularité de la mesure) qu'aux gros consommateurs, qui, eux, allaient tout payer plus cher sans recevoir un chèque compensant cela. De plus même pour ceux qui recevaient au moins autant que leur surcoût fiscal de consommation, réduire celle-ci devenait bien plus rentable qu'avant. Suppression des lois facilitant le divorce: qui le demandait était désormais en tort, à moins d'un tort préalable bien plus important, or les séparations étaient sources de sur-demande de logements, donc de paupérisation (en général de l'ex-mari, et non de l'ex-épouse, mais parfois des deux). Loi et régime fiscal incitant fortement les entreprises au télétravail de façon à éviter les déplacements évitables. Loi sur la vente à perte incluant le cas des produits vendus moins cher que la somme de leurs pièces de rechange (comme en France, puis en Allemagne et dans quelques autres pays d'Europe) ce qui imposait aux importateurs à la fois de relever fortement le prix du neuf et de baisser celui des pièces de rechange, dont la mise à disposition devenait obligatoire, de plus: réparer finançait de l'emploi, alors que remplacer un produit importé créait du déficit commercial donc du chômage. Il y avait un peu de déficit commercial dans la réparation à cause des pièces de rechange, mais bien moins que pour un remplacement du produit, surtout maintenant qu'il était impossible de gonfler le tarif des pièces sans répercuter cela sur le tout. Le prix des voitures japonaises augmenta brutalement de 46% (en moyenne) de ce simple fait (contre 19% pour les Américaines), tandis que le prix de certaines pièces était parfois divisé par cinq, voire dix. "Pour éviter de vous appauvrir et d'appauvrir l'Amérique, réparez vos vieilles Japonaises, au lieu d'en racheter de neuves", recommandait la campagne gouvernementale. C'était vrai aussi pour les Américaines, même si la "culbute" pratiquée antérieurement sur le prix de leurs pièces de rechange n'était pas aussi spectaculaire. Cette loi s'appliquait aussi aux appareils électroniques. Le nouveau gouvernement américain ne pouvait pas aller aussi loin dans le virage vers la "société de conservation" que l'avait fait l'ELR en France, le gouvernement fédéral ayant moins de pouvoir, mais les effets macro-économiques ne tardèrent pas à se faire sentir: moins de déficit commercial, multiplication des emplois de réparateurs de ceci-cela un peu partout. D'autres loi favorisaient le recyclage: il était désormais interdit de compresser ou de broyer des voitures sans les avoir désossées entièrement, alors qu'antérieurement il n'était pas rare d'y laisser même les pneus. Idem pour les gros appareils ménagers et les téléviseurs "ou assimilés", donc également les écrans d'ordinateurs. Certains Etats avaient déjà des lois imposant la séparation des matériaux, et désormais c'était une obligation nationale. De même, tout ce qui était moteurs électriques devait être ôté, testé et revendu. Beaucoup de ces petits moteurs venaient du sud-est asiatique, et leur re-commercialisation comme pièces de rechange ou comme articles pour bricoleurs allait aussi améliorer la balance commerciale. Les mêmes disposition favorisaient fiscalement la remotorisation (y compris d'épaves, pourvu que la caisse ne fût pas faussée) avec des moteurs diesel de cylindrée modérée (pas plus de deux litres) pour fournir à faible investissement des voitures moins gourmandes au plus grand nombre. La taxe sur les voitures neuves trop gourmandes -qui existait déjà- était étendue aux "SUV" (pseudo-utilitaires, souvent) jusqu'alors "paradoxalement" exemptés et source de gaspillages routiers spectaculaires: les progrès (réels) faits par les constructeurs américains pour réduire la consommation des voitures avaient été plus qu'annulés par le développement artificiel (puisque lié à un paradoxe fiscal) du marché des gros "pick-up" et 4x4. Les ventes de ces catégories de véhicules s'effondrèrent aussitôt, la taxation fortement augmentée (mais redistribuée, donc ne se compensant que pour ceux qui consommaient moins que la moyenne) des carburants y contribuant aussi.

. Ceci ne résolvait pas tous les problèmes de ce pays, même si côté balance commerciale et emploi le mieux avait été perçu dès les semaines suivantes. La disparition des grands tournages à Hollywood semblait par contre inéluctable, car pour la première fois, en 2004, il n'y avait aucun film tourné aux Etats-Unis parmi les dix plus gros scores sur le territoire national. Cela se répartissait entre la sous-traitance bollywoodienne (5) , la sous-traitance française (Wesfilm: 2) et les "blockbusters" Kerfilm (3). Si on allait jusqu'à la vingtième place on ne trouvait que deux films tournés aux Etats-Unis, tout en continuant à trouver des films tournés par des Américains avec des Américains mais en Inde, et d'autres productions purement Kerfilm. Le troisième volet du "Seigneur des anneaux" avait été tourné en monoscopie, ce qui semblait maintenant être une erreur stratégique, surtout pour de la HF, vu le nombre de salles proposant de la stéréoscopie et les habitudes prises par les amateurs de HF via Kerfilm. Ce film fort coûteux ne se classait que douzième sur le marché intérieur américain. Bien que les films "bollywoodiens" ne fussent pas pour le moment (à part les productions de Murciano, soignées sur ce point) aussi techniquement réussies que celles de Westfilm, la sous-traitance indienne des tournages avait l'avantage de s'accommoder d'acteurs américains jouant en anglais, alors que Westfilm imposait ses propres acteurs et (à part dans les plans proches, notion déconseillée en stéréoscopie) sa langue de tournage, pour raison évidente de rendement d'apprentissage des rôles. "Non seulement on se retrouve avec des acteurs européens, la plupart français, mais en plus ce ne sont même pas leurs plus connus". Toutefois, Jarkko et quelques autres (y compris les sosies des Småprat) étaient appréciés par les scénaristes américains, tout en étant disponibles pour "Westfilm". Bollywood avait aussi imposé ses propres méthodes de tournages aux acteurs et réalisateurs américains travaillant sur place, donc rien n'était tout à fait américain, surtout pas les coûts, ce qui était l'argument ayant généralisé cette sous-traitance. L'un des films d'aventures (version stéréoscopique du "Bounty") tourné ainsi cette année (les chantiers indiens ayant aussi construit le bateau, qui resservirait dans une série télévisée locale) avait pris dans le rôle principal Klaus Nebendorf, un Américain de 25 ans d'origine allemande ressemblant à Torbjörn.

. Le 15 décembre, sortie de "Braquages", puis le 22 décembre (les vacances de Noël étant propices à la fréquentation des salles), sortie du "Secret des Templiers", panachant du "XIXème scientifique" et de la HF grâce aux voyages dans le temps, et Erwann d'Ambert dans les deux versions.

. Dans "Braquages" VTP avait cherché à reconstituer une ambiance "années 60" y compris les prises de vues légèrement surexposées, en extérieur, et la netteté de tous les ustensiles, en intérieur, comme si à l'époque le désordre (le vrai) et la poussière n'existaient pas: de ce fait, par ces prises de vues très propres, le film semblerait plus ancien qu'il ne l'était, sauf dans les mouvements de caméra lors des scènes d'action et bien sûr la stéréoscopie. Minijupes, transistors en plastique pastel, voitures, tout y était, sauf que ce n'était pas forcément les vieilles Aronde ou Ariane que l'on envoyait débouler à flancs de coteaux comme ça se faisait à l'époque (au point que voir quelqu'un participer à une poursuite avec une de ces Simca permettait déjà de savoir comment ça finirait) mais aussi des modèles tous neufs (de l'époque), imités (moulage), hâtivement retapés (quand on avait pu trouver une épave "crédible" sans trop de frais de remise à neuf d'aspect) ou virtualisés pour le film. Les dialogues s'étaient inspirés à la fois de ceux d'Audiard et des "San Antonio", sauf certains personnages, dont le jeune vicomte joué par Erwann qui glisserait des passés simples ou antérieurs et des imparfaits du subjonctif un peu partout (mais jamais sans légitimité grammaticale) tout en s'avérant fort efficace en action (quoiqu'à sa façon, souvent un peu décalée) lorsque la situation se précipitait et le faisait sortir de son cadre habituel, après la mise à sac totale du château familial par les deux bandes rivales cherchant ce qu'elles n'allaient pas y trouver. Les véhicules étant tous hors d'usage suite aux fusillades et grenadages, ce serait avec une étonnante Bucciali TAV 30 (la même que dans la photo de 1930 avec Fulbert) sortie d'une remise que lui et deux des malfrats (faisant équipe par nécessité) réussiraient à quitter la propriété, voiture (réplique de cinéma) qui tomberait vite en panne d'essence, vu la consommation du V12 et le fait qu'elle n'avait pas été rangée avec le plein, après le dernier concours d'élégance auquel son père l'avait présentée avant de mourir d'un accident de chasse.

. Le film (que les scénaristes remaniaient depuis 2002, en se repassant les uns les autres le projet pour avoir des avis neufs) lui sembla atteindre son objectif: ça se "buvait sans soif" comme une des meilleures productions de l'époque. Erwann n'y était pas un des quatre personnages principaux (les truands, plus âgés) mais un satellite qui tout en n'étant qu'un amateur (un "cave") par rapport à ces pros n'était pas là que pour faire joli. La question était celle de l'exportation: il y avait trop de références franco-françaises (à ce grand cinéma populaire-là), de plus les dialogues "à la manière de" perdraient de leur référence en traduction, bien que pour celles-ci l'équipe se fût inspirée du style de celles des films ayant servi de références. Certes, ça restait un produit "Kerfilm" faisant la part belle à l'action, avec quelque chose de rafraîchissant malgré (où grâce à) l'abondance de cadavres, et (Erwann espérait que ce n'était pas pour cela qu'il y était) il y avait Erwann d'Ambert, ce qui laissait supposer à beaucoup de spectateurs "on ne va pas s'ennuyer", que l'action vînt de lui ou non. Ce ne serait pas une notion mensongère: il y avait bien assez d'action pour un "film avec Erwann d'Ambert".

. La semaine suivante, le mardi 21 ce fut le "pilote" de trois heures (du fait de la pub intercalée entre les tranches de 54mn) de "Chasseurs d'ombres" qui passa à la télévision (dans plusieurs pays en même temps), puis le mercredi 22 "Le secret des Templiers" lui montra que le tournage en deux fois était indétectable, même quand on savait quand et où. Il revit la scène où il se suspendait à une des mains de lui-même en "temps plié". Il avait joué la scène avec une de ses statues d'aluminium, fournissant un Erwann immobile, indéformable et "matériel" (contrairement à de la synthèse) remplacé ensuite par sa véritable image, tout en supprimant la structure venue du plafond de la crypte qui tenait la sculpture. Seule la correspondance de la position générale du corps et de la main était nécessaire, pour cette scène.

. Finalement sa "cuvée" 2004 lui semblait plus équilibrée (divers genres de films) qu'il ne l'avait espéré initialement, ceci en grande partie parce que trois des "HF" tournées cette année ne sortiraient qu'en 2005 et 2006. L'une des SF (Nuages rouges: les Néo-martiens repoussant des "space people" terriens) sortirait elle aussi en 2005, de même que "Centrale meurtres", qui, selon lui, aurait pu sortir cet année (s'il avait été prêt à temps, donc s'il n'y avait pas eu d'autres priorités de post-production et du calendrier de lancement) sans en concurrencer un autre.

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