vendredi 10 avril 2009

chapitre N-12

##N-12
. Dans le monde réel, la chasse baleinière avait effectivement cessé grâce à "Grünwehr": ayant réussi à connaître les noms des assureurs des flottes baleinières, ils leurs avaient écrit en leur disant qu'ils devraient refuser d'assurer ces navires (il y avait la liste complète pour chaque assureur), car désormais ça ne reviendrait plus à couvrir un risque, mais une certitude de sinistre. Après les premières attaques les assureurs avaient résilié les contrats pour les autres navires baleiniers ainsi que leur escorte: les nauffrages consituaient désormais des pertes sèches pour les armateurs, en plus de la difficulté à recruter des équipages: "Grünwehr" mitraillait les canots de sauvetage.
. Certains navires n'étaient pas coulés mais leur équipage mis hors de combat par des tirs de petites grenades à gaz mortel, suite à quoi les commandos amenés par sous-marins s'en emparaient et les transformaient soit en bases flottantes d'opérations, soit, après avoir détruit l'équipement nécessaire aux fonctions baleinières, les revendaient sur les marchés du piratage sud-asiatique, comme navires ou comme source de ferraille.
. Manfred (le personnage joué par Erwann, et non l'acteur Manfred) n'était vu que lors de ces actions où l'on voyait surtout ce qui se passait de l'extérieur des navires et du sous-marin. C'étaient d'autres branches qui opéraient à terre contre les vivissecteurs, les producteurs de tabac (par l'enlèvement et la torture, ils arrivaient à pouvoir faire imprégner le papier filtre de micro-capsules de cire contenant diverses maladies, ces micro-capsules ayant été fabriquées par des biochimistes enlevés dans des laboratoires qu'ils combattaient aussi), les mines antipersonnel (idem: enlèvement et obtention d'une cargaison, implantée dans des terrains de sport américains par une version bidouillée du tondotracteur), etc. Destruction au sol d'avions de lignes intérieures (américaines, mais parfois aussi européennes), le transport aérien interne étant une source absurde de surpollution: "les Américains n'ont qu'à prendre le train, et réserver l'avion pour les destinations non accessibles par le sol". Attentats aussi pour immobiliser des convois de déchets radioactifs: des roquettes rompant les essieux et détruisant le moteur de ces camions pour charges très lourdes, sans risquer de fissurer les containers ou "châteaux", rendaient le transport très difficile à réorganiser, en plus de le rendre visible pour tout le monde. Les gens protestaient parce que la route restait bloquée: dans certaines actions des "Planétaires", il y avait de la gène pour une partie du public, mais pas toujours: détruire ou détourner les navires baleiniers était massivement applaudi dans le monde. Après le plasticage de trois grands navires-usines dans les ports japonais, bloquant durablement le trafic, le Japon, sous la pression de ses industriels (dont les cargos étaient bloqués par ces nauffrages) avait signé l'interdiction totale non seulement de la pêche baleinière, mais aussi de la commercialisation de viande de cétacé (une des exigences des Planétaires pour éviter de la sous-traitance) sous peine de quatre ans de prison.
. On verrait aussi deux petites vedettes rapides venir faire du tir à la mitrailleuse sur les habitants des îles Féroé au moment du massacre traditionnel des "globicéphales". D'autres commandos attaquaient aux gaz toxiques les ouvriers déboisant l'Amazonie ou l'Indonésie: "les balles, ça ne fait pas assez peur. Les gaz de la guerre de 14 sont assez faciles à refabriquer et sèmeront une telle panique que plus personne ne voudra venir les remplacer, et s'ils doivent travailler avec des masques à gaz, par une telle chaleur, ils renonceront vite".
. Tout ceci permettait du grand spectacle, du suspens (il y avait des pertes parmi les Planétaires, mais aussi de nouveaux adhérents. Dans la réalité, Grünwehr avait fait beaucoup d'adeptes à l'intérieur même des Etats-Unis pour combattre certaines multinationales, s'ajoutant au mouvement "stop kidding" prônant une taxe à la personne ajoutée, sur le modèle français: "toute naissance dans un pays surconsommateur est un crime contre l'environnement") et laissait le spectateur classer lui-même ce qui était "mérité" ou "excessif", parmi toutes ces actions. La post-production serait longue, même si pour certains effets les "trouvailles" algorithmiques faites pendant le début de la post-production de Gamma pourraient s'appliquer aussi.

. En France le système de retraites fut de nouveau modifié, devenant totalement indépendant des cotisations antérieures à 1997, en dehors de celles à des régimes privés: désormais, la retraite dépendait uniquement de l'âge de départ (qu'il y ait eu carrière ou non), son montant étant moindre quand on avait eu plusieurs enfants, le calcul déduisant de l'équivalent capital (qui eût été en moyenne nécessaire pour servir cette rente) les avantages familiaux perçus au cours de la vie du retraité: allocations et économies d'impôts par QF. Par ce moyen, la retraite de base des gens sans enfants dépassait le Smic, soit bien plus que la médiane des retraintes de l'ancien système. Les grosses retraites n'existaient plus, sauf par financement hors système. En effet, l'ELR considérait que MOINS on avait eu d'activités rémunérés au cours de sa vie, PLUS on avait besoin d'une retraite, les ex-gros salaires n'en ayant de fait aucun besoin, vu leur capacité d'épargne et la possibilité d'être devenus propriétaires. Toutefois on n'alla pas jusqu'à priver de toute retraite les ex-gros revenus: on leur donnait simplement la même retraite que quelqu'un dans la même situation n'ayant jamais travaillé, et n'ayant pas bénéficié de plus d'avantages familiaux. Par le jeu du quotient familial, de ce fait, les retraités ayant eu un gros revenu et N enfants percevaient une retraite moindre que celle d'un smicard qui aurait eu le même nombre d'enfants de la même répartition d'âge, le smicard n'ayant pas bénéficié de gros rabais d'IRPP au cours de sa carrière, puisque son QF s'appliquait à un petit taux d'imposition.
. La réforme fut considérée comme "de gauche" voire "d'extrême gauche" puisqu'elle rabotait toutes les retraites pour regonfler les plus faibles (en particulier en donner une, sans aucune condition de ressource ni de patrimoine, aux gens n'ayant jamais travaillé, et qui étaient ceux qui en avaient le plus grand besoin, selon l'ELR), en donnant moins, par "rembousement des avantages tirés du QF" les retraites des parents de familles nombreuses à gros revenu avant retraite que celles des familles identiques mais à petit revenu.
. La retraite fournie ainsi remplaçait le "minimum vieillesse" et aucune condition n'y était attachée: ni condition de ressource, ni récupération sur succession. Tout le monde (sauf condamnation judiciaire privant de l'aide sociale) y avait droit (et elle était supérieure au Smic, dépassant le double de l'ancien minimum vieillesse), moins les avantages familiaux antérieurement perçus: ils devenaient "récupérables sur retraite". Les cotisations à des organismes privés n'étaient pas concernées (puisque relevant de la banque ou de l'assurance-vie), mais celles des régimes complémentaires généraux l'étaient.

. Cette réforme fit un grand nombre de mécontents mais un nombre encore plus grand de satisfaits, car tronçonner toutes les grosses retraites (or certaines étaient énormes) pour les déverser sur les plus petites avait fait fortement monter la médiane. Chacun était libre de choisir son âge de départ (la retraite diminuant si on l'anticipait, mais moins que dans l'ancien système dont la décote surpénalisait ce qui n'avaient pas toutes leurs "annuités", et les pénalisait bien plus que le manque réel pour les caisses). Il n'y avait plus aucune référence à des durées ni montants de cotisation: on passait dans une vraie "retraite par répartition", où ce que l'on répartissait étaient les impôts généraux (il n'y avait plus du tout de charges sociale), en particulier la TVA, la TPA (Taxe à la Personne Ajoutée), la TICF (Taxe Intérieure sur les Combustibles Fossiles, qui avait rendu le charbon et le "fioul lourd" extrêment cher au point d'en détourner les industriels au profit du gaz et surtout de l'électricité (géothermique et nucléaire, la première remplaçant peu à peu la seconde), car il y avait plus de carbone par kWh obtenu dans ces énergies que dans le gaz) et toutes les autres taxes "sur les nuisances": taxes sur les travaux bruyants, les produits jetables, les emballages, etc.
. Ceci avait mis fin à la "double peine" du chômage (qui, de plus, avait baissé, grâce à l'amélioration de la balance commerciale, puisque la TVA poussait à réparer (donc employer) ce qu'autrefois on aurait jeté): perte de revenu immédiate et perte de droits à la retraite. Maintenant la carrière n'avait aucun effet sur la retraite "générale", seule la capacité d'épargne vers des systèmes privés (mais qui n'était pas indispensable: la retraite de base pour un smicard avec 2 enfants étant meilleure qu'autrefois, ceci malgré la déduction des allocations familiales perçues au cours de la vie) étant une conséquence du revenu.
. Les retraites, en particulier, étaient financées en bonne partie par les dépenses des retraités les plus dépensiers, via la TVA sociale.

. Le mois de septembre se déroula sans surprise chez BFRSF et VTPSF, avec la sortie du film de SF "d'ingénieurs" (puisque tout était basé sur la concurrence entre constructeurs de moteurs gravitationnels) "Alignement direct" les 22 et 25 septembre, un film qu'Erwann avait beaucoup aimé mais qui ne connut pas un succès comparable à "Serranix". Il était largement rentable mais passerait assez vite en télévision, devinait-il, et inciterait VTP à remettre une bonne dose de canardage dans ses prochaines SF utilisant des vaisseaux spatiaux: dans "Alignement direct" il y avait des courses, des pannes, des accidents (et même des implosions), de l'espionnage, du sabotage, mais pas de canardage. Curieusement "Objectif Dunes" connaissait un regain d'intérêt, nombre de salles le programmant. Des gens l'ayant découvert en vidéo (c'était un de ceux qui étaient sortis ainsi cette année) avaient souhaité le revoir sur grand écran. "Groupe B" aurait-il droit lui aussi à cette seconde chance?

. Erwann vit aussi "La Fayette", premier grand film à grand spectacle utilisant Alexandre parmi les rôles principaux et même le rôle principal, puisque titre, même si au total il n'était pas si souvent que ça à l'écran, au profit des combats "vus de dedans", en plus des vues d'ensemble. Il savait que via ce lancement VTP testait la "validité" d'Alexandre du point de vue du public. Le film avait comme handicap d'être basé sur l'Histoire réelle et donc de ne pas contenir de surprise dans ses grandes lignes, même si le scénario "ne passait pas aux mêmes endroits" (ni selon le même rythme, surtout) que l'ancien. VTP savait que beaucoup de gens (surtout les jeunes) ne connaissaient pas la version de 1961, donc que le film ne serait jugé que pour ce qu'il était: du spectacle, de grands espaces, encore du spectacle, de beaux uniformes, toujours du spectacle, et puis pour une fois que c'étaient les Anglais qui perdaient... VTP espérait aussi l'exporter outre-Atlantique, puisque l'action s'y déroulait. Ce film sortait avant le téléfilm "Louis XVII" car sinon ce dernier eût indirectement annoncé qu'Alexandre jouerait La Fayette (petit rôle, dans "Louis XVII", mais le même personnage joué par le même acteur), ce qui était contraire à l'usage des lancements de VTP. Alexandre allait ensuite jouer dans "Les planétaires" et "Réduction", tandis que Tanguy jouerait dans "Oubliettes" (où il disparaîtrait assez vite, de même qu'Emiliano, qui ça et là jouait autre chose que du sitcom, sachant qu'y rester exclusivement n'était pas un avenir).

. Sans espérer devenir un "porte-avions" (ce n'était ni du Kerfilm, ni un sujet "fortement inédit") cette simili-superproduction (car elle avait coûté bien moins cher qu'elle n'en avait l'air) connut un succès honnête, bien plus que "Gaston Phébus, comte de Foix" qui était un sujet trop régionnal et trop peu "VTP" scénaristiquement. VTP n'avait rien à reprocher aux scénaristes, réalisateurs ni acteurs: c'était peu exportable, sauf probablement pour la télévision (dans divers pays d'Europe). Sigur non plus n'y était pour rien, d'ailleurs VTP lui confierait d'autres personnages "de premier rang" dans d'autres types de productions, mais surtout pas de l'historique régional: ça, VTP n'en referait que sous forme de téléfilms à petit budget. Les "exégètes" des films de VTP semblaient avoir trouvé une logique (assez classique): "si un rôle qui aurait vraiment pu utiliser un de leurs acteurs les plus connus prend quelqu'un d'autre, c'est que VTP n'avait pas grande confiance dans le succès du film, et s'il n'y a que leurs acteurs les moins connus, ou n'ayant jamais joué dans du gros avant, c'est qu'ils estiment l'échec probable, à défaut d'être certain". Echec, ça ne signifait pas perdre de l'argent (car la mise était adaptée à la probabilité...) mais en gagner nettement moins que d'habitude par rapport à la mise. Ce rapport entre distribution et résultat n'était pas vrai à tous coups (heureusement), dans un sens comme dans l'autre: de l'ample, du beau et du fort comme "La cinquième équation d'Otuscewsky", qui utilisait la "dream team" maison et un scénario particulièrement astucieux (peut-être trop, justement) n'avait pourtant pas fait de score à neuf chiffres, tout en en faisant un qui aurait déjà comblé bien des réalisateurs et producteurs français "ancienne vague". Les cinéphiles trouvaient que c'était un bon film, le grand public, lui, avait préféré aller en voire plutôt d'autres, vu l'offre de plus en plus abondante et diversifiée de VTP. "La croix du sud" avait bien marché (dans le monde) grâce à Gamma, qui avait montré la capacité de VTP à faire de beaux et bons "films d'avions", bien que dans Gamma il n'y eût pas que l'aviation et que dans "La croix du sud" il n'y eût pas de combats aériens. Toutefois, pour certains analystes, VTP devait l'avoir prévu puisque le premier rôle était confié à Tanguy Hemery, qui sans faire partie du "triumvirat Kerfilm" était une "valeur sûre" maison, resté très aimé du public des séries qui l'avaient fait apparaître à l'écran. Tanguy était utilisé moins "partout et pour n'importe quoi" qu'antérieurement: allait-il progressivement être réservé aux "grands" films? Ce n'était pas encore le cas de Fabrizio, qui tout en étant utilisé dans les grands films restait "mis à toutes les sauces", y compris celle des sitcoms. Quant à Derek, il faisait encore surtout du sitcom, tout en accédant à des rôles progressivement plus consistants dans les téléfilms d'action et certains films. Fabrizio, Derek, Alexandre et Tanguy n'étaient plus prêtés aux émissions "grand public", ce qui obligeait ces émissions (si elles voulaient de ces "vus à la télé") à s'intéresser à d'autres, dont (pour le moment) Sigur (mais jamais dans du "sottement people", tout de même). Bengt et Knut non plus n'étaient plus prêtés depuis mi-2001, ni les Småprat depuis fin 2000. Jarkko l'était encore occasionnellement (de même qu'Emiliano), car lui, ça faisait partie de son "créneau", même si désormais c'était avec modération. Tiphany (surtout connue depuis "Danger: nouilles". Elle était maintenant coiffée plus long et moins "découpé au laser") jouait une tueuse en série (mais certains des meurtres n'étaient pas ses oeuvres) dans "Spot", un téléfilm "noir" de trois heures vingt se déroulant dans le monde de la publicité. Tiphany était encore disponible (à doses raisonnables) pour certaines émissions "grand public mais pas trop futiles". Il fallait renouveller les personnages de premier rang (quitte à ne le faire que dans les gros téléfilms et non les films, dans un premier temps), inciter les médias à se porter sur de moins connus, sortir certains de leur "ancienne niche" (d'où l'emploi d'Emiliano ça et là, pas seulement dans les sitcoms) pour éviter de retomber à ce que l'on reprochait à l'ancien cinéma français (et aux productions télévisées): "toujours les mêmes". VTP (dont surtout Kerfilm) focalisait bien moins l'attention sur les acteurs que ne le faisait "l'ancienne vague", donc allait moins vite vers la saturation d'usage, mais ce n'était pas une raison pour se passer d'un renouvellement au moins partiel.

. L'équipe de Castres s'attendait au pire en allant à Dinan jouer contre le Dynamo contre lequel Paris avait perdu 75-0 à domicile. Ce qu'il découvrirent sur le terrain était pour partie l'équipe "bis", en particulier la redoutable première ligne allemande n'y était pas. Ce fut une victoire 22-14 (quatre drops, une pénalité et un essai transformé pour Dinan, deux essais transformés pour Castres): "cette fois il y avait bien deux équipes sur le terrain", commenta-t-on. Dinan restait redoutable en touche (son "contre" s'étant emparé de la moitié de celles jouées par les Castrais) mais cette fois c'était plus équilibré en mêlée, les "mauls" furent peu utilisés et l'essai breton fut marqué par Lefar en prenant de vitesse les rideaux défensifs castrais qui s'étaient un peu imprudemment avancés, enhardis par les deux essais: à la mi-temps, Castres menait au score par 14 contre 9. Dinan n'avait plus concédé de points dans la seconde, tandis qu'un essai transformé, le quatrième drop et une pénalité avaient ajouté 13 points au compteur breton.

. Dinan battit ensuite Biarritz en extérieur (le champion de l'an dernier) avec "die grosse Manschaft" (celle du premier match) mais plus modestement: 18-14, encaissant deux essais sans parvenir à en marquer mais plaçant cinq drops tout en bénéficiant d'une pénalité à tirer. Théoriquement des piliers de 2m n'étaient pas l'optimal en mêlée: ça les obligeait à fléchir les genoux, toutefois les exercices avaient permis de travailler cette position de poussée et soulever un peu leurs adversaires (sans se relever donc sans faute) au détriment de leur adhérence motrice. En fait c'était une fois que l'on avait "mis la suspension en position haute" que Fritz Krüger pouvait correctement talonner. Inconvénient que le pack "bis" (à première ligne bretonne) n'avait pas, mais au détriment du poids, de la puissance et surtout de l'intimidation de l'adversaire que constituait la première ligne bavaroise.

"Cette équipe bretonne entraînée par ordinateurs fait maintenant figure d'épouvantail: infaillible en touche, puissante en mêlée, solide à l'impact et redoutable même loin de l'embut par le nombre de joueurs capables de placer des drops, son seul point faible semble être le jeu au sol puisque les Bretons l'évitent autant que possible et y perdent souvent le ballon quand l'adversaire le leur impose".
. Les drops tentés ne passaient pas tous, mais l'aptitude à confisquer des ballons sur touche adverse, à anticiper et capter les chandelles, ainsi que les placages efficacement rôdés permettaient de se remettre vite en position de tenter un autre drop, sans permettre à l'adversaire de ne surveiller qu'un ou deux "buteurs", Dinan en mettant cinq à six dignes de ce nom sur le terrain. Plusieurs des avants étaient aussi entraînés à cela. Ceci parce que les simulations puis les essais réels avaient montré que l'on dépensait moins d'énergie et de temps à faire avancer le score par des drops que par des essais: les essais, c'était en cas d'opportunité, sur imprudence de la défense adverse.

. Dinan perdit à domicile contre le Stade Toulousain, 43 à 42. Sept essais toulousains (dont un non transformé) et une pénalité pour joueur breton bloqué avec le ballon sous un tas (la règle permettant à une équipe de créer une faute chez l'autre sans que l'autre eût fait quelque chose pour), quatre pénalités et dix drops tirés par les Bretons. L'équipe de Dinan "domicile" était pour une bonne part l'équipe "bis", d'ailleurs les Krüger n'étaient rentrés sur le terrain qu'à la 53ème minute. Un seul essai toulousain avait été marqué ensuite. Le ST avait bien étudié le match SF/DD (0-75), savait ce qu'il ne fallait surtout pas faire, avait repéré les quelques fenêtres se présentant de temps à autres dans la défense bretonne (premier rideau très solide et mobile mais si on parvenait à le franchir tout devenait possible, Dinan étant très vulnérable dans le jeu au sol) et imposé une discipline stricte à ses joueurs: "Kerzadenn bute à 60m, alors toute faute commise à moins de 50 coûtera automatiquement trois points". Il n'y avait grâce à cela eu que quatre fautes donnant lieu à des tirs. Les Toulousains n'étaient pas peu fiers d'avoir réussi là où les Parisiens avaient totalement échoué, mais l'un de ceux-ci avait objecté:
- après tout ce qu'ils nous ont mis c'était normal qu'ils soient à cours de munitions contre Toulouse. Les matchs joués dans l'ordre inverse auraient pu donner le résultat inverse.
. Quand les Toulousains réussissaient à jouer au sol à moins de dix mètres de l'embut breton sur une grande partie de la largeur cela aboutissait presque toujours à un essai, que Dinan tentait ensuite de remonter à coups de drops (la spécialité bretonne) après avoir confisqué un ballon en touche ou en mêlée, mais cette fois ça n'avait pas suffi. Par contre (l'année précédente ni celle-ci) Dinan ne se laissait pas prendre de vitesse en contre par deux ou trois joueurs isolés: ce type d'offensive était toujours efficacement plaquée car il restait toujours au moins deux joueurs à l'arrière pour ça.

. La semaine suivante: Castres/Dinan, 7-18. Dinan semblait avoir fait "juste ce qu'il fallait", sans engager aussi longtemps ses meilleurs joueurs que contre le SF. La domination sur le terrain s'était faite comme les autres fois en bénéficiant surtout des gains de ballons en mêlée et en touche, mais sans avoir l'occasion d'aller à l'essai, car il n'y avait pas eu de mêlée assez proche pour cela.
. Dinan perdit 24-28 à domicile contre l'ASM, en encaissant quatre essais. Là aussi Dinan avait été efficace en touche, son "contre" s'emparant de trois des septs lancers clermontois tout en ne perdant aucun des siens, avait dominé en mêlée mais n'avait pu empêcher quatre essais: chaque fois que les Clermontois avaient pu arriver en nombre avec le ballon dans les dix derniers mètres bretons, il y avait eu essai. Les six drops bretons ajoutés aux deux pénalités obtenues n'avaient pas suffi à compenser.

. Après la démonstration de force du premier match, Dinan ne développait pas un jeu "flamboyant", préférant capitaliser des fautes adverses et des drops que s'épuiser à tenter de marquer des essais: c'était seulement si opportunité, surtout quand il y avait une mêlée proche de l'embut adverse. Face à une équipe ne concèdant pas de fautes (Dinan n'en avait pas encore rencontré), il y aurait eu plus de tentatives de percées pour essais. Le petit nombre de bons remplaçants était le talon d'Achille de cette équipe (la formation était en cours, mais "Rome ne s'était pas faite en un jour") qui devait plus que les "grosses" veiller à ménager ses joueurs et les entraîner à éviter les blessures lors des chocs et surtout des mêlées ouvertes. Les responsables tactiques de Dinan détestaient voir des "rucks", car l'arbitre n'y voyait pas tout et le pire y était possible. Il fallait donc les éviter autant que possible, d'où l'intérêt des tirs de drops pour faire tourner le compteur sans mettre en danger les joueurs. Meilleur club français en touche, en mêlée, en drops, Dinan n'arrivait qu'au douzième rang pour le jeu au sol et il semblait difficile d'y remédier. Alexandre Galliot l'avait reconnu dans une interview:
A- il n'y a pas de mystère: le rendement de progression rapporté aux heures d'entraînement est trop faible dans ce domaine pour se permettre d'y sacrifier ceux où il est le plus efficace. C'est sûr qu'à cause de ça on encaisse des essais qu'une équipe meilleure au sol aurait sû empêcher.
- pourquoi Dinan joue moins bien à domicile?
A- trop d'énergie mise dans le premier match: ça obligeait à faire tourner les effectifs et à ménager ceux que l'on ne pouvait pas remplacer. Quand nous aurons une trentaine de joueurs de niveau suffisant pour pouvoir alterner, le problème se posera moins.
- toutefois Dinan paie moins que les autres clubs. Vous risquez plutôt de perdre des joueurs.
A- il y a ceux qui jouent surtout pour gagner de l'argent et ceux qui jouent surtout pour gagner des matchs. C'est la deuxième catégorie qui nous intéresse, et pour les attirer, il suffit de continuer de gagner.
- le rugby scientifique, il semble que ça marche, mais quand tout le monde le fera vous perdrez cet avantage.
A- sûrement, mais pour le moment ce n'est pas encore copié. Toulouse sera peut-être la première équipe à suivre la tendance, vu qu'il y a beaucoup d'ingénieurs sur place.
- juste pour rire: Erwann d'Ambert, il aurait été bon, au rugby?
A- comme 10 ou 15, probablement.

. C'étaient les mêlées qui enthousiasmaient le public, celui-ci essayant de prévoir de combien de mètres l'autre équipe allait reculer ou au bout de combien de secondes la mêlée (si introduction adverse) allait tourner. Outre BFR, il y avait Kermanac'h, comme sponsor principal sur les maillots (cette année le maillot était à grands chevrons verts et noirs en quinconce, façon crans de pneus de tracteur) qui fournissait la robotique spéciale avec laquelle Dinan s'entraînait. Celle-ci avait été rendu plus réaliste d'aspect par les ingénieus et techniciens en robotique de Dinan: les robots ressemblaient maintenant à de vrais joueurs, pour former la mêlée artificielle adverse (se tenant les uns aux autres sur 16 ou 14 pattes selon qu'il y avait ou non talonnage, c'était facilement robotisable) auxquels on mettait les maillots de la prochaine équipe rencontrée: les maillots des grands clubs étaient disponibles à la vente dans leurs stades. Sans aller jusqu'à un réalisme cinématographique, on règlait les tailles et l'aspect général de façon à voir qui était qui (sauf ceux qui se ressemblaient), ce qui était un bon moyen d'ancrer les habitudes de jeu surtout face à des équipes que Dinan n'avait pas encore rencontrées.

. Début octobre, Erwann revint en France pour les trois tournages prévus, qui lui laissaient du temps pour participer comme ingénieur à la mise en oeuvre d'un nouveau matériau conçu par BFR.
. Les généticiens de BFR tentaient depuis longtemps de produire du latex (ou un équivalent satisfaisant à l'usage) par biocultures avec un meilleur rendement que l'hévéa, et surtout sans dépendre du climat. Ils venaient d'y parvenir, après beaucoup de produits incapables de bien remplacer le latex et d'autres qui convenaient, mais étaient biosynthétisés trop lentement ou avec un procédé trop coûteux. BFR savait déjà produire des bioplastiques rentables et fiables, mais le latex "in vitro" était plus difficile à obtenir par biotechnologies, sinon d'autres chercheurs dans le monde auraient déjà trouvé.
. Le produit obtenu à Rennes cet été 2002 n'imitait pas le latex lui-même, mais les performances d'élasticité et de résistance à la fatigue du caoutchouc vulcanisé, une fois électropolymérisé. Le sens du champ électrique appliqué lors de cette opération déterminait le "tissage" moléculaire élastique obtenu: on pouvait donc créer directement un matériau ayant des propriétés élastiques anisotropes se modifiant d'une zone à une autre, en plus de celles influencées par les additifs (comme pour le caoutchouc).
. La première application qui vint à l'idée d'un des chercheurs fut de fabriquer des préservatifs: c'était un cas où l'on avait plus besoin d'élasticité circulaire que longitudinale donc il pourrait être plus fin à résistance égale que la version latex (deux couches à prévoir, en fabrication: l'une à élasticité surtout circulaire, l'autre, plus fine, apportant la part d'élasticité longitudinale souhaitée), ça en consommait peu par rapport au prix de vente (même en entrée de gamme), il existait le problème de l'allergie au latex chez certains (ou certaines: cet objet s'utilisait à deux), et les modèles en vinyles étaient moins sûrs contre les MST. Il fallait donc procéder aux tests d'allergie, d'une part, d'étanchéïté et de confort d'utilisation, d'autre part. Application voisine: les gants chirurgicaux, là aussi pour les allergies au latex. Les pneus? Plus tard: on ne connaissait pas encore la tenue du produit dans un tel usage et BFR ne prenait pas le risque de l'industrialiser en telle quantité avant de bien le connaître: il faudrait peut-être tout changer, les tests d'endurance demandant par définition beaucoup de temps, alors que l'on n'utilisait jamais un préservatif ou un gant chirurgical aussi longtemps qu'un pneu. Le centre de recherches testa des mousses alvéolaires ("nids d'abeilles bouchés" ou autres) obtenues à partir de ce matériau, fabriqua quelques balles de tennis, des joints de bocaux en verre (test de non-craquellement après remplissage bouillant et refroidissement), quantités d'objets tirant partie de la facilité de mise en forme et de structuration de l'élasticité grâce à l'électropolymérisation entre des réseaux de fils et plaques conçus par ordinateur pour cela. De plus le matériau, s'il était "dopé" convenablement, conserverait des propriétés électrovariables une fois polymérisé: un pneu "sec" pourrait ainsi devenir un pneu "pluie" (plus tendre) à la demande (appliquation d'une tension entre deux réseaux conducteurs noyés dedans) et retrouver sa dureté initiale pour ne pas se dégrader trop vite en l'absence de pluie.
. VTP s'y intéressa aussitôt en vue de faire de la peau artificielle électroactivable sans avoir à mettre de machinerie (électromagnétique ou micro-hydraulique) derrière: convenablement "résillé" de l'intérieur, le matériau se contractait ou relâchait de lui-même sous l'effet du courant. Pas de beaucoup (8 à 11% sans endommager électriquement le matériau. Les tests d'endurance permettraient d'en savoir plus) mais bien assez pour un usage "masque auto-animé de précision" pouvant être plus fin que la peau, et surtout que la peau avec les muscles dessous. Une surface auto-contractante électriquement. On arrivait même (si on la fabriquait pour) à lui donner la "chair de poule". Le matériau ne se contactait pas assez loin ni avec assez de force pour servir de muscle artificiel, à encombrement égal. C'était donc surtout pour des effets de surface que c'était intéressant. Toutefois il n'avait pas été inventé initialement pour cela, tout en ayant déjà cette propriété: un de ses cousins de labo pourrait probablement faire bien mieux en matière d'électrocontraction, surtout si les chercheurs finissaient par trouver comment "apprendre" aux cultures génératrices à le produire.

. Dans "Réduction", tous les individus étant optimisés génétiquement (sans être indentiques) et débarassés du vieillissement (ils n'avaient d'ailleurs aucune capacité sexuelle, pouvait-on deviner) VTP avait pu utiliser massivement ses Emilianiens les plus optimaux. Derek y jouait pendant 28 minutes (pas présent 28 minutes à l'écran, mais tué 28mn après son apparition), ce qui était son record. Entre autres péripéties, après avoir été condamné à être réduit aux alentours de 20cm et avoir réussi à sortir du "vortex" pour éviter une nouvelle réduction, Erwann était poursuivi par un chat (un gros Chartreux) puis par une pie que fort heureusement le chat (il était revenu près de la haie sous laquelle somnolait celui-ci) abattait en vol, bondissant d'instinct, celui-ci réagissant plus vite aux volatiles qu'aux humains miniatures, concept trop récent pour faire partie des réflexes conditionnés de déclenchement d'attaque pendant le sommeil. Ce film comportait des Emilianiens de toutes tailles (aux proportions conservées), certains devant se méfier des insectes. Les problèmes de vie quotidienne rencontrés par les miniaturisés venaient de l'absence d'objets, outils et instruments à leur taille, à part ceux qu'ils réussissaient à bricoler eux-mêmes. Certains d'entre eux étaient employés par les "non réduits" (ou peu réduits) pour des travaux de précision ou dans des endroits inaccessibles. En raison du facteur d'échelle (le poids donc les efforts subis décroissant plus vite, par réduction, que les surfaces ou section devant les encaisser) les miniaturisés résistaient mieux (à leur échelle) aux chutes et aux chocs, tout en étant bien sûr très vulnérables à l'écrasement par quelque chose de lourd. Ils étaient aussi plus sensibles au froid, leur surface corporelle ayant moins réduit que leur masse d'inertie thermique et leur capacité à produire de la chaleur. S'il n'avaient été immortels (juste sans vieillissement et pré-immunisés génétiquement contre toutes les maladies connues) leur espérance de vie eût été bien plus courte, leur coeur battant bien plus vite que celui des grands.

. Stéphane découvrit un autre film de guerre de Kerfilm: "Attaquer en 36", autre embranchement possible de l'histoire dans lequel un putsch renversait le Front Populaire au profit d'une droite dure (dissolution des syndicats, abolition du droit de grève (travaux forcés en cas de grève) incarcération des dirigeants du Front Populaire pour complicité avec le socialisme "national" allemand) qui envoyait aussitôt l'armée française bombarder Berlin et réoccuper militairement la Ruhr et la Rhénanie puisqu'Hitler commençait à remilitariser en violation des traités. Le IIIème Reich s'effondrait, ses dirigeants étaient arrêtés et certains exécutés, les usines d'armement allemandes étaient toutes confisquées, démontées et réinstallées en France, ce qui avait pour conséquence, plus tard dans le film, un affrontement entre la coalition franco-italienne (la "droite militariste" française ayant tué dans l'oeuf l'essort nazi avait alors fait alliance avec Mussolini dans une "union latine contre le collectivisme") et l'URSS en Europe Centrale.
Pour sortir Gamma le plus tôt possible, la post-production de l'autre "rétro-fiction" (tournée pourtant juste après, et même en partie en même temps) n'avait commencé qu'au lancement en salles de Gamma, d'où la sortie à l'automne seulement, compte tenu des autres post-productions déjà en cours.
. VTP avait vérifié que son scénario tenait la route: l'Allemagne nazie n'était pas en état de faire face à une guerre en 1936 (Hitler le savait, mais savait aussi que le Front Populaire empêcherait toute réaction française et se ferait ainsi le complice involontaire de sa victoire future). On avait donc des affrontements d'avions français et italiens contre leurs équivalents soviétiques, des batailles de chars dans toute l'Europe Centrale puis l'Allemagne à laquelle il fallait fournir d'urgence des armes (sauf les avions, par méfiance) pour résister à l'avance soviétique. L'Angleterre s'y mettait aussi, sachant que tout pays passant sous contrôle communiste serait perdu pour le commerce international. Le film mettait en oeuvre des résistants allemands à la fois contre l'occupation française et l'offensive soviétique, pris en étau entre les deux blocs, celui de l'ouest finissant par sembler un moindre mal: il n'y avait pas de camps de concentration à l'ouest, même si les prisonniers nazis, ainsi que les syndicalistes et dirigeants de l'ex-Front Populaire, travaillaient dans les mines. Pas dans les mines de charbon, de crainte qu'ils n'y missent le feu. Il n'y avait pas de guerre américano-japonaise dans ce scénario.
. Bien qu'ayant l'Angleterre avec eux (et non contre, comme l'Allemagne dans la vraie histoire), la mauvaise organisation typiquement française et italienne (munitions livrées à des unités n'ayant pas d'armes de ces calibres, essence d'indice d'octane insuffisant pour les avions les plus récents...) permettait à l'Armée Rouge (elle aussi mal préparée: retard très important dans la production des chars et des avions, en 1936-1937, alors qu'à l'époque l'aviation française était à jour des techniques les plus récentes) de s'emparer d'une grande partie de l'Europe Centrale, au prix de pertes humaines très importantes dans ses rangs: l'Union Latine n'hésitait pas à réemployer les gaz de combat, sachant que les vents dominants d'ouest ne les renverraient pas en arrière. On assistait à une guerre bien plus maladroite (de part et d'autre) que la vraie, et de ce fait très meutrière elle aussi. Malgré une organisation ne vallant pas l'allemande, l'Union latine avait le gros avantage de ne pas avoir de combats à mener à l'ouest, et investissait moins dans les sous-marins au profit des tanks, des avions et des bombes volantes, Werner von Braun ayant été recyclé par l'Union Latine (comme il le fut par les Américains dans l'histoire réelle). Tout ceci avec beaucoup de pannes, d'erreurs et donc de bavures.
. Les moyens techniques de reconstitution étaient communs aux deux films, au matériel militaire près, et en utilisant des personnages plus latins (beaucoup ayant joué dans "Le Crépuscule de Rome").
. "Gamma" montrait comment l'Allemagne aurait pu gagner en se débarassant d'Hitler au moment où il était devenu contre-productif militairement, et "Attaquer en 36" comment la France aurait pu facilement anéantir l'essort nazi (les historiens étaient d'accord sur ce point: Hitler avait joué un coup de poker avec une paire de "2"...) en se débarassant de ses pacifistes, quitte à passer dans un regime semi-fasciste au réminiscences napoléonniennes (nombre de symboles du Premier Empire était ressortis, ainsi qu'une influence dans les costumes, militaires exceptés) pour s'associer avec l'Italie prompte à retourner sa veste vers le plus offrant dès la défaite d'Hitler. Il n'y avait pas d'holocauste dans ce scénario, cette idée venant d'Hitler et non de Mussolini: en 1936 le fascisme italien n'était pas antisémite. La chasse aux sorcières contre les Communistes (déjà considérés comme complices des Nazis dans leur volonté d'éviter la guerre donc de faciliter le réarmement allemand), sorte de McCartysme à l'européenne, se renforçait encore plus avec l'offensive soviétique. La France encore très rurale d'alors étant farouchement anticollectiviste (la propriété privée des terres étant une notion "sacrée") les Communistes n'avaient aucune possibilité de s'y cacher. La traque anticommuniste était donc urbaine, avec des "Cocos" guillotinés quotidiennement par milliers pour collusion avec l'ennemi dans les grandes villes détenant une guillotine et une cour martiale.

. Erwann savait qu'en 2003 VTP tournerait "Soif", une fiction proche dans laquelle en plein réchauffement climatique et surpopulation mondiale les gens se battaient pour l'eau potable, fortement rationnée, de sorte que ceux qui transpiraient le plus mourraient les premiers. Seuls quelques chirurgiens savaient couper les nerfs déclenchant la transpiration sans en endommager d'autres. Des dispositifs étaient improvisés pour distiller l'eau de mer (voire l'urine, quand on était loin des côtes ou d'une rivière non encore assèchée) dans des évapocondenseurs solaires bricolés à partir d'un vieux vasistas, etc. Il y aurait aussi une allusion à Mad Max avec l'attaque d'un camion d'eau (et non de pétrole), car par contre il restait un peu de carburant ça et là. Pendant ce temps, les membres des gouvernements et les patrons des multinationales se prélassaient dans leurs piscines ou jouaient sur des golfs à l'herbe bien verte, copieusement arrosée toutes les nuits, contrairement aux champs dessèchés ailleurs.

. Il avait l'impression que la cuvée 2002 cherchait à faire feu de tous bois (sauf la HF: ce serait pour 2003). La direction de VTP, supposaient certains dans cette entreprise, s'était dépêchée de sortir beaucoup de films en 2002 pour occuper le terrain avant que le système Lioubioutchaï 3 ne se démocratise et ne se généralise, car par celui-ci on pouvait transmettre des films, et on le pourrait de plus en plus à mesure que les nouveaux satellites, à capacité de débit bien supérieure à celles des précédents, seraient lancés par la plate-forme centrafricaine, la moins chère du monde tout en étant techniquement une des meilleures grâce à la contribution de nombre d'ingénieurs russes à ce projet. Le second péril était la concurrence des tournages américano-indiens (et non "amérindiens"), qui était en train de finir d'assassiner les studios hollywoodiens tout en remplissant les poches des producteurs qui n'y recouraient plus. Seule une partie (et de moins en moins importante, Bollywood s'équipant aussi) des post-traitements infographiques étaient encore faits aux Etats-Unis.

. "Alvéole 75" (avec Erwann) et "La statue de Dorian Gray" (sans) seraient les deux réalisations VTP les plus étoffées (en moyens techniques) lancées en 2003, supposait-il, mais il ne connaissait qu'une partie de ce qui était prévu. Il savait qu'il y aurait aussi un film de Vikings chez VTPSF puis de la HF l'utilisant, mais on ne lui avait encore donné aucun programme d'entraînement pour ce ou ces film(s). La HF avait toujours très bien marché, VTP n'en tournant pas chaque année, ce qui donnait le temps de tester et retester à froid (après les avoir laissés dans un tiroir quelques mois, pour ne plus être "dans l'enthousiasme de la création") les storyboards animés prévus, les modifier, et ainsi de suite. Erwann avait initialement douté de l'impact des "Maîtres du fer", mais après l'avoir revu plusieurs fois en avait découvert de nouvelles richesses, ce que le succès persistant de ce film (comme de ses autres HF) confirmait de la part du public. Son film préféré restait pour le moment "Drakkars et dragons", mais d'autres n'étaient pas loin de lui plaire autant, comme "Le Crépuscule de Rome" où il découvrait de nouvelles créations tarsiniennes à chaque fois qu'il le revoyait. C'était LE film de Tarsini, même s'il y avait aussi énormément de Tarsini dans "L'Atlantide" et tant d'autres.
. "Le crépuscule de Gomorrhe" connaissait un engouement imprévu de la part du public, cette "série B" (mais faite avec des moyens "tarsiniens", qui y avait saupoudré ses constructions partout) ayant eu plus qu'un succès de curiosité. Après avoir fait du péplum "sérieux et grandiose" ("l'Odyssée", "l'Illiade"), Vittorio trempait dans ce qui était quelque part entre luxure sulfureuse, grosse farce et grand "film catastrophe".

. "Danger nouilles", malgré l'absurdité du sujet, lui plaisait beaucoup lui aussi, de même qu'au public. Il ne pouvait pas encore juger "La planète des chats": sa sortie était prévue pour fin novembre ou début décembre. Ce serait le film le moins brutal de l'année (des chats partout, peu de violence) sans être une niaiserie, car les parents transformés en cochons continuaient le thème (en plus gentil) de la revanche des enfants contre leurs parents, la version crue étant dans "Accidents domestiques".
. "Oubliettes" et "Réduction" restaient dans la lignée du divertissement grand public sans "message", contrairement à "Planétaires" qui pourrait être considéré comme un film "engagé", estimait-il.

. Il vit un autre film de violences urbaines tourné par VTP sous le titre "Citron mécanique", avec le si gentil Romain Gouillouzouïc (qui jouait aussi dans les nouvelles sessions d' Alvéole 75, jusqu'à la fin de cette année) implosant des têtes à coups d'arbre primaire de boite de vitesses (le plus long, car extrait d'une boite-pont en croix, avec les pignons directement taillés ou sertis dans la dernière partie, les synchros étant sur l'arbre secondaire). C'était bien plus sordide et moins "envolé" que "Peur filante". Film de Lucien Venant, nom que le grand public avait surtout découvert avec "Viande Urbaine" et qui s'était fait des ennemis dans tout le cinéma "parisien" (avant qu'il ne quasi-disparût faute de public et de producteurs) en composant et réalisant "Merdes molles".
. S'ils n'avaient pas toujours l'impact visuel portavionnesque de ceux de Tarsini (mais l'un n'empêchait pas l'autre: Tarsini était parfois venu planter ses créations dans des films de Lucien Venant) ses films étaient souvent considérés comme plus "féroces", et pas uniquement par ce qui s'y passait. Ils suscitaient plus de débats "de société" dans les médias que la HF, par exemple.

. Philippe Pirault, 41 ans, était l'un des rares acteurs français connus (même si pas "un des dix plus connus") du cinéma non-VTP à avoir pu s'adapter au système VTP et à y être accepté, après un entraînement intensif à ces méthodes de tournages qui ne ressemblaient en rien à ce qu'il avait connu auparavant:
P- d'abord, il n'y a jamais de câbles qui traînent par terre et on ne peut pas se faire servir de cafés sur les plateaux: il faut aller le prendre ailleurs, avait-il expliqué à un magazine de cinéma à propos de sa première participation dans "Clauses en petites lettres" (film de prise d'otages dans une tour de La Défense, dans les bureaux d'un assureur, réalisé par Venant) tourné chez VTP. Pas du "Kerfilm" (donc pas les plus gros budgets ni les mises en scènes les plus spectaculaires) mais tout de même assez de vues d'ensemble et de "traversées de caméras" pour mériter selon VTP d'être mis en cinéma, et non directement en téléfilm. Pirault ajoutait:
P- on n'est jamais une star chez VTP: on y tourne des scènes comme Renault fabrique des voitures, puisqu'il y a des espèces de bras robotisés partout, et on est payé "au coëfficient", comme tous les autres, c'est à dire en participation, et sans coëfficient préférentiel pour tel ou tel: ça ne dépend que du nombre et de la complexité des scènes à jouer. Il faut aussi faire plein d'autres choses que juste jouer des scènes: à part les sacs de ciment, "Le crépuscule des stars" n'avait pas exagéré.
- alors justement, vous qui n'avez pas de problèmes financiers, pourquoi accepter une telle charge de travail pour si peu?
P- pour vérifier que je n'étais pas encore trop vieux pour apprendre un nouveau système, diront certains, mais surtout parce que le rôle m'intéressait, et que "si peu", ce n'est pas rien pour autant, vu le grand nombre d'entrées que l'on peut espérer. La robotisation est impressionnante: par exemple après les premiers essais qui étaient faits à la main par une maquilleuse, pour voir ce qui s'adapterait le mieux sur moi, ensuite j'ai à chaque fois été préparé par des bras robotisés: comme ceux qui peignent les voitures, mais en beaucoup plus petits, avec d'autres qui tiennent des caches, qui époussettent ou qui réaspirent. Ca va beaucoup plus vite, c'est plus précis et on ne s'en prend jamais dans les yeux. Idem pour le démaquillage, même si on ne passe pas entre des rouleaux comme je me l'étais imaginé. En plus de ça, chacun est suivi par son propre bras automatique d'éclairage, pendant la prise, puis comme en numérique il n'y a pas à développer c'est automatiquement repris en infographie à l'image pour la température de lumière et les constrastes si ce n'était pas directement ce qui était prévu dans le modèle virtuel. Dans d'autres scènes j'ai été remplacé par un personnage entièrement virtuel, ou par un robot construit à mon image. Et voilà comment on ne met que deux semaines à tourner un film qui demandait autrefois cinq fois plus de temps et vingt fois plus de budget, et encore: sans pouvoir se permettre de faire tout ce qu'il y a dans celui-ci. C'est comme de passer de la typographie à casier de caractères en plomb au traitement de texte: ça ne crée pas de talent en soi, mais ça évite énormément d'erreurs et de pertes de temps donc d'argent.
- n'avoir droit qu'à une seule prise, ça doit être stressant.
P- pas plus qu'au théâtre: là non plus, on ne peut pas reprendre au montage. De plus VTP a d'excellents simulateurs pour s'entraîner avant, comme le font les militaires, jusqu'à savoir apponter dans le brouillard par vent de travers. Aux commandes d'un Rafale, vous n'aurez pas droit à une deuxième prise si vous visez un chouïa trop bas le pont du Charles de Gaulle, alors ce qui marche pour eux marche encore mieux pour des tournages où il n'est pas impossible de refaire une scène et où il y a tout un tas de repères projetés par des lasers comme aide-mémoires comportementaux: c'est surtout pénalisant pour le coëfficient de celui qui n'était pas tout à fait "dans les rails". On bouge plus dans du "VTP" que dans ce que je connaissais avant, et surtout plus souvent, donc chacun doit être précis comme une horloge suisse sinon ça pourrait être dangereux, en plus ne pas rendre l'effet prévu à l'écran. Je pense que des danseurs de ballets seraient plus vite à l'aise dans ce système, même si ça ne ressemble pas à de la danse.

. C'était une interview écrite, "réécrite" et non directement la transcription d'un enregistrement d'interview orale, d'où le style plus "narratif" ou "explicatif" que ce qu'Erwann avait pu entendre à la radio ou à la télévision. Il préférait d'ailleurs les documents sous cette forme moins "people", même si en fait ce magazine, habituellement, l'était. Philippe Pirault allait revenir au cinéma via ce film après trois ans de "trou noir" (liés à la disparition des tournages français "conventionnels") meublés par quelques apparitions dans des téléfilms policiers français et étrangers (anglais, surtout). Pirault ajoutait:
P- ce qui est très agréable, c'est que comme justement les acteurs ont souvent beaucoup à bouger, il ne fait pas chaud dans leurs studios: l'éclairage est fait par des rampes à diodes: ça, en plus de permettre de simuler n'importe quelle couleur à n'importe quel instant, ça ne chauffe pas, et en plus il y a une clim à travers le sol qui ne fait aucun bruit.
. Les DEL étaient encore une technique chère (dès que l'on avait besoin d'une composante bleue dans l'éclairage. Les rouges, jaunes ou vertes étaient peu coûteuses, même "de puissance") mais en en commandant "des hectares" VTP avait pu avoir des prix d'usine auprès de plusieurs fournisseurs mis en concurrence; en échange de les mentionner dans "systèmes d'éclairage à DEL" au générique. "Choisi par VTP" était un gage de bon rapport prestation/prix dans l'esprit des autres clients possibles, savaient ces industriels.
- en venant tourner chez Venant, et pas juste chez VTP, n'avez-vous pas l'impression de retourner votre veste?
P- non: je n'en avais dit aucun mal, à l'époque, et je ne faisais pas partie du microscosme qu'il dénonçait dans "merdes molles". J'ai été un peu "caviar", ça, je l'avoue, mais jamais de gauche, ni "judéo" ni "intello" ni parisien. D'ailleurs c'était peut-être ça qui m'avait privé de certains rôles autrefois... Il y avait réellement un système de cooptation, surtout chez certains producteurs et réalisateurs.
- donc aujourd'hui il vaut mieux être breton.
P- il faut surtout apprendre le système VTP en oubliant toutes les anciennes habitudes, ne pas espérer être plus payé que n'importe qui d'autre de chez eux, et surtout uniquement une fois que l'exploitation du film aura amorti ses frais de tournage.

. Erwann ne l'avait pas rencontré car il était en Finlande pendant ce tournage. Selon Pirault, plus loin dans l'interview, si très peu des grands acteurs d'avant tournaient encore au cinéma, c'était "parce qu'assis sur leur matelas de billets des tournages passés ils estimaient que les nouvelles rémunérations ne méritaient pas un tel effort de reconversion", en plus de celles et ceux dont de toute façon VTP n'aurait jamais eu l'usage. "C'est comme si on demandait à un footballeur professionnel de se reconvertir au rinnepallo". La différence était que le football professionnel, lui, se portait encore bien. Pirault mentionna aussi qu'il fallait s'habituer à être "sous-filmé", VTP donnant toujours priorité à l'action plutôt qu'au jeu des acteurs: l'entraînement leur demandait de l'apprendre très précisément, programmait les éclairages asservis aux déplacements de chacun et s'il y avait lieu la post-production "optimisation physique" mais les caméras ne faisaient (souvent) que passer dessus au tournage:
R- c'est tout sauf du théâtre filmé: il n'y a que dans leurs sitcoms que l'on est plus "vu pour soi" que "simples rouages de transmission de l'action".

. Ceci était une évidence pour les "VTP" (sauf au début pour ceux qui passaient d'un sitcom bon marché à des tournages plus dynamiques) mais pouvait frustrer ceux habitués à "se faire lècher par la caméra" dans d'autres productions. D'une part, la stéréoscopie se prêtait mal aux plans proches sur les personnages (ou alors en passant vite). D'autre part, VTP voulait à la fois du cinéma esthétique (certains plans étant entièrement composés avec des "lignes de force" comme des tableaux, même si cet effet n'allait durer qu'une à trois images et donc ne serait pas perçu consciemment) mais sans la perte de rythme que l'on reprochait généralement au cinéma "esthétisant": tout ceci ne serait réellement perçu qu'en repassant l'enregistrement (quand ce serait passé à la télé) au ralenti, mais "nourrissait" le spectateur, à vitesse réelle au cinéma (et plus encore en stéréoscopie), sans qu'il eût le temps de s'en rendre compte. C'était conçu pour donner envie de revoir les films (comme d'autres de leurs caractéristiques, en particulier les actions secondaires, tertiaires, etc, en arrière-plans "mais pas trop loin", où VTP se permettait quelques gags qui (selon eux) n'avaient pas leur place au "premier rang" et ne seraient pas perçus en première découverte du film, sauf si on n'accrochait pas au scénario [malgré le soin apporté à le remplir assez sans atteindre non plus la "saturation d'attention et de suivi": ces paramètres variaient d'un spectateur à un autre]: auquel cas on ne s'ennuyait tout de même pas...), et dans les faits, le taux de re-vision était assez élevé pour du cinéma. Le raisonnement était le même que pour la conception des aliments: ajouter quelque chose de "pas immédiatement compréhensible" (en plus du goût principalement perçu, qui était l'attracteur initial), si possible à retardement ("longueur en bouche") qui invitât à en reprendre plus que juste par faim ou gourmandise: par curiosité.

. Parmi les autres raisons de revoir les films VTP (surtout "Kerfilm") il y avait la stéréoscopie après n'avoir eu l'occasion de le voir que dans une salle "plate" (ou à la télévision) et aussi mieux "suivre" tel ou tel personnage de tel ou tel acteur après avoir été initialement "pris" par le scénario. VTP savait que ça jouerait pour "Gamma", les fans d'Atte voulant déguster en détails son dernier film. Le public était encore loin d'être blasé de la stéréoscopie, d'autant que l'on n'en proposait pas encore dans toutes les villes.

. Une partie du "grand public" aurait souhaité revoir certains "anciens acteurs" (pas si anciens en âge, certains n'étant qu'en fin de vingtaine, mais "de l'ancien système"), or peu avaient tenté la reconversion de Pirault (manque de motivation financière?), encore plus rares étaient ceux à l'avoir réussie et ils n'étaient à ce jour que deux à avoir pu convaincre VTP de les mettre dans du cinéma: pour les autres "reçus", il s'agissait de quelques rôles d'un ou deux épisodes ça et là dans des séries pour renouveller les personnages: là, VTP avait l'usage des "autres", quand ils s'étaient adaptés au système de tournage et de rémunération maison. En fait (même pour les rôles annexes de séries) les femmes s'étaient avérées les plus difficiles à recaser, les filles un peu moins, même si elles devaient pour la plupart s'habituer à des "emplois" allant de "médiocres" à "moches", par rapport au cheptel VTP, ce qui avantageait celles qui s'assumaient déjà dans ces créneaux avant. De plus, pour les emplois "annexes" de personnages inédits, VTP recourrait de plus en plus au virtuel (qui arrivait maintenant à simuler des personnages ayant moins l'air de sortir d'un logiciel que les Emilianiens, à condition de ne pas y recourir de trop près, ni trop souvent de "pas loin") et à la "robotique réaliste" qui en échange d'un temps de mise au point (les "répétitions mécaniques") plus important était "sans coût ajouté" à filmer de plus près que le virtuel, et (par rapport aux humains) d'une fiabilité totale lors des prises, en plus de pouvoir avoir exactement l'apparence souhaitée: cela donnait autant de liberté de "distribution" que dans une bande dessinée. Moins un personnage était émilianométrique, plus on gagnait à le faire en robot plutôt qu'en virtuel. La robotique autorisait même le "cradingue" sans surcoût de post-production. Elle revenait par contre bien plus cher à animer dès que la gestuelle ou les déplacements étaient peu "incertains" pour une machine (même à haut niveau de gestion d'équilibre "fluide"), en particulier sur les sols ou revêtements mous. Ils étaient alors remplacés par du "dur ayant l'air mou", à l'inverse de ce que VTP faisait pour la sécurité des acteurs humains dans les cascades. Autre astuce: augmenter l'équilibre en marche des robots par des électroaimants puissants placés sous le sol (couche dure fine) à l'emplacement de leurs futurs pas, leur alimentation étant synchronisé à ceux-ci pour "verrouiller" la semelle (en "tôles de transformateur", sans en avoir l'air) une fois posée et donc de leur éviter tout balancement intempestif lors de l'enjambée suivante (il n'y avait que celui prévu pour ce type de mouvement) sans ralentir la marche (le courant était coupé juste avant que cette semelle n'ait à redécoller le talon: les pas ne semblaient pas "collants" à observer, alors que le collage était puissant pendant les phases "pied posé"), surtout pour les modèles peu coûteux (donc pas aussi détaillés mécaniquement) utilisés dans les séries télévisées pour des personnages annexes. Les robots "annexes" ou "figurants" étaient bien sûr plus rentables à utiliser pour des personnages assis, attablés ou non.

. Les chutes de commandes d'Airbus étaient comparables à celles de Boeing, supprimant beaucoup d'emplois aux Etats-Unis et en Europe. Grâce à la baisse de sa population, la France pouvait recaser ces chômeurs dans d'autres secteurs, en particulier ceux de l'environnement productif: géothermie, éoliennes, récupération des gaz de fermentation qui étaient tous source d'économies de dépenses d'énergies. Il y avait aussi la construction navale civile qui se portait bien, secteur que les Russes et les Chinois n'avaient pas encore cherché à envahir. La production de lithium, aluminium et magnésium s'était fortement développée, tout particulièrement dans les îles volcaniques comme la Réunion ou la Martinique où il n'y avait presque pas à creuser pour produire d'énormes quantités de vapeur turbinable. L'Islande était devenu le plus gros producteur de lithium dans la zone européenne, ce qui contribuait aussi à faire baisser spectaculairement le coût des accumulateurs lithium-ion donc des véhicules électriques. Plusieurs prototypes d'avions privés électriques (et pas juste des "libellules" n'emportant qu'une personne à petite vitesse) avaient été construits. L'autonomie restait faible mais suffisait pour rejoindre rapidement une île depuis une côte, par exemple. Les petits hélicoptères électriques à double rotor coaxial déjà construits par Kermanac'h (reprenant le principe général des Kamov), qui servaient pour des prises de vues dans de nombreux tournages de VTP commençaient à coûter moins cher et pouvoir voler plus loin. Beaucoup de constructeurs automobiles avaient électrifié la ou les plus petites voitures de leur gamme, le principe du train+auto rechargeant la voiture pendant le trajet n'étant désormais plus réservé à des voiturettes "ferroutables" spécialement dimensionnées pour cela. Moyennant un tarif plus élevé, en raison de l'espace occupé dans les wagons, le voyage avec voiture électrique à quatre-cinq places rechargée par le train, dans laquelle on laissait les bagages (gros gain de temps) se répandait dans plusieurs pays. Il était maintenant possible de passer des voitures tout-électriques par le tunnel sous la Baltique, dans des wagons conçus à cet effet. Le transport des voitures à combustible n'était autorisé que réservoir vide, pour raison de sécurité, ce trajet étant bien plus long que celui sous la Manche, de plus c'était un moyen pour les gouvernements suédois et finlandais d'inciter leurs automobilistes à passer au tout-électrique, la recharge par l'électricité géothermique étant très bon marché et maintenant rapide, en chargeant un grand nombre de petits accus simultanément plutôt qu'un gros. L'électricité se développait aussi pour les camions, dont la masse fournissait une énergie de ralentissement en descente intéressante à récupérer pour alimenter en partie la prochaine montée, ce qui était impossible avec un moteur thermique. Certaines autoroutes comportaient des portions électrifiées: une caténaire, et des bandes conductrices au sol par lesquelles un rouleau fait d'une matière souple revêtue d'un tressage de cuivre (roulant et non frottant, d'où beaucoup moins d'usure) renvoyait le courant pris par pantographes. Ceci servait à la fois à faire rouler le camion et à recharger ses accus pour les trajets non électrifiés. L'alimentation des caténaires était segmentée: hors tension en l'absence de contact physique dessous, et par sections courtes à disjoncteurs individuels se "prévenant" du passage d'un véhicule en court-circuit puis rétablissant le courant ensuite.
. Autre véhicule mis en service dans plusieurs pays, grâce aux performances et à la baisse du coût des accumulateurs Ni-Zn: l'autorail-bus, véhicule monocaisse possédant dans chaque bogie deux types de trains roulants, rétractables hydrauliquement: une paire de roues à pneus (increvables), pour l'usage routier, dans lequel la direction (assistée) orientait aussi les boggies (ce qui offrait plus de maniabilité que juste le braquage avant), l'autre avec les roues ferroviaires, avec orientation passive des boggies par les rails, classiquement. La circulation sur rails "fer sur fer" était plus économe en énergie que sur pneus, en plus d'assurer le guidage et une sécurité totale puisque le véhicule respectait automatiquement les instructions de la voie, comme déjà beaucoup de trains. Ce trajet se faisait avec ou sans pantographe, selon que la voie était alimentée ou non, puis l'autonomie (bien connue d'avance, s'agissant de dessertes régulières) permettait de sortir de la voie, aux endroits prévus à cet effet (mise à niveau d'une chaussée de part et d'autre des rails) pour aller desservir les zones sans rails. Dans beaucoup de pays, les trains commençaient aussi à avoir un ou plusieurs wagons à accès direct depuis le quai en scooter électrique: le flanc s'ouvrait sur toute la longueur en remontant sur le toit, ce qui permettait d'en ranger beaucoup à bord sans avoir à tenir compte d'un ordre d'entrée ni de sortie, grâce à l'accès simultané. Le titre de transport à puce servait à débloquer le sien. En plus du blocage mécanique, tout ceci était doté de surveillances anti-vol et anti-vandalisme. Les voiturettes courtes pouvaient aussi être rangées de la même façon, en accès transversal simultané. Les modèles plus longs étaient chargés classiquement, ce qui faisait perdre du temps donc n'avait de sens que pour les grands trajets.
. Stéphane put ainsi se rendre en Suède avec la Trielec et l'utiliser ensuite sur place: au pire, s'il s'éloignait trop, il restait les pédales, dans cette voiturette très légère.
. En France, la SNTF avait créé la "carte-billet de train à puce", qui ressemblait à une carte bancaire mais servait à stocker du kilométrage (les options comme les réservations des jours de pointe étant déduites sous forme de distance) et les réservations éventuelles. On n'achetait plus de billet, les bornes du quai puis le système de lecture sans contact (à courte distance) du contrôleur vérifiant que le voyage avait été pris en compte et débitant le kilométrage utilisé. Si l'on prenait le train sans réservation (le système du quai savait s'il restait de la place, et indiquait dans quels wagons) il n'y avait rien à préparer, le quai vérifiant qu'il y avait assez de kilomètres dans la carte pour la destination choisie. On n'achetait pas un trajet pour telle ou telle destination: on recréditait du kilométrage sur une carte pouvant servir partout. Certains horaires facturaient moins de kilomètres que réellement parcourus, ce qui était indiqué dans la gare. Les options pour le chargement d'un véhicule électrique rechargeable étaient elles aussi débitées comme kilométrage, à un taux encourrageant cette pratique. Avoir acheté des kilomètres protégeait aussi contre les hausses de tarif éventuelles (toutefois il n'y en avait jamais eu, depuis la création de la SNTF reprenant l'exploitation de l'ex-SNCF), de même que les timbres "Marianne" sans valeur affichée.
. Le même système fonctionnait aussi pour les compteurs électriques et de gaz, désormais. L'encodage extrèmement complexe et le temps de réponse très court exigé des puces avait jusqu'à présent rendu la réalisation de contrefaçons impossible. La carte était entièrement avalée, avec un rabat en acier derrière, ce qui interdisait toute transmission vers un ordinateur externe qui, lui, aurait peut-être pu mener les calculs assez vite, à condition, toutefois, de connaître la formule utilisée par chaque compteur. Ce n'étaient pas juste des données qui y changeaient, mais l'algorithme lui-même. Ceci revenait bien moins cher aux diverses compagnies d'électricité (habilitées à vendre du courant via des bornes pouvant recharger ces cartes) qu'un système de relevé sur place puis de facture, en plus d'assurer l'absence d'impayés: on achetait une provision de courant, que l'on était libre d'utiliser en autant de temps que l'on voulait, de même que du fuel dans une cuve à ceci près qu'il ne s'agissait pas d'un stockage matériel chez l'usager mais d'un droit d'utilisation: il était strictement interdit de fixer une date de péremption de ces avoirs. L'Etats se subituerait aux fournisseurs éventuellement défaillants et recouvreraient sur eux la différence. Pour cette raison, on ne pouvait acheter d'avance plus de 500 kWh par fournisseur, tout en pouvant en charger sur la carte d'autant de fournisseurs que l'on voulait, chacun à son tarif. L'acheminement du courant restait un monopole d'Etat, sa production et sa vente (via les bornes de chaque fournisseur) étant totalement ouverte à la concurrence, y compris étrangère, après enquête sur la capacité réelle de production de courant du fournisseur. Le courtage indirect était interdit: seuls ceux détenant réellement une capacité de production (donc une ou plusieurs centrales électriques, quelque fût le type) pouvaient vendre du courant en France, de façon à éviter des problèmes de "capacité fantôme" comme cela s'était produit aux Etats-Unis. Le courant était taxé au pro-rata du CO2 émis pour le produire, directement ou indirectement: dans le cas du nucléaire, toutes les étapes de préparation et transport du combustible étaient comptés, ainsi que la mise en sécurité de très longue durée des déchets, en plus de la dépense de CO2 liée à la construction de l'installation (comme toutes les autres) et (très pénalisant pour le nucléaire) les frais de décontamination du site en fin de vie. La production la plus taxée restait tout de même le thermique au charbon, mais le nucléaire sortait de son mythe du "sans CO2". Le solaire photovoltaïque était lui aussi assez mal classé, en raison de la pollution et du coût énergétique de production des photopiles. Le bilan restait excellent pour l'hydraulique, l'éolien, la géothermie et la "biomasse", à condition qu'elle ne fût pas issue de cultures artificielles: la taille de haies et le débroussaillage fournissait un combustible qui avait coûté très peu d'énergie artificielle à produire (juste l'outillage de coupe et le transport), contrairement aux "biocarburants" issus de cultures agrochimiques classiques.
. Avec l'instauration de la continuité du service public limitant le droit de grève (la grève n'était légale que tant qu'elle n'empêchait pas le service aux clients), la suppression des "régimes spéciaux" et des gros salaires, ce qui faisait spectaculairement baisser les coûts, de même que la mise en concurrence, le fret ferroviaire avait repris au transport routier longue distance 80% de son tonnage (bien aidé aussi par la suppression des sous-taxations "professionnelles" pour le gazole, que depuis 1997 tout le monde payait plein pôt et sans possibilité de déduction du résultat imposable), ce qui était un record historique. Les camions servaient à chaque bout, bien plus rarement de bout en bout, d'autant moins que les "convois exceptionnels" étaient devenus réellement exceptionnels: il était très difficile d'obtenir le transport d'objet trop encombrants ou lourds par la route, sauf sur les courtes distances permettant d'accéder à une gare (si le gabarit restait compatible avec la circulation ferroviaire) où à une voie fluviale, solution la plus logique pour le très gros ou très lourd, mais il n'y en avait pas partout.
. Le projet de l'Airbus A380 avait été annulé en raison de la concurrence russe, qui en plus de vendre un avion bien moins cher au siège se passait d'aéroport en amerrissant d'où des économies énormes et une souplesse d'utilisation sans concurrence ayant aussitôt convaincu les compagnies aériennes. Le supersonique Mig 260 pouvait lui aussi se poser sur l'eau, dans une nouvelle version, au prix d'une autonomie diminuée (mais restant apte à franchir le Pacifique) en raison du poids des flotteurs gonflables et "échelles" hydroptères à loger dans les ailes de ce qui était le premier hydravion supersonique construit en série. Ceci résolvait le problème du survol supersonique de zones habitées, en particulier au Japon, l'une de ses destinations favorites: beaucoup d'hommes d'affaires japonais l'utilisaient pour arriver en Europe ou revenir des Etat-Unis "avant d'être partis", en heures locales. Dans l'autre sens, c'était aussi rapide mais sans créer cet effet "plus vite que le soleil", qui pouvait, à bord, se coucher à l'est ou se lever à l'ouest, selon l'horaire du vol. Des caméras permettaient aux passagers de voir un peu partout autour de l'avion (y compris dessous), en sélectionnant telle ou telle caméra via le petit écran à cristaux liquides inséré dans le dossier.
. Ce n'était pas un avion à portance toute positive entièrement stabilisé par l'informatique: il pouvait encore planer passivement, gouvernes "lâchées", contrairement aux prototypes (et à quelques avions militaires) en "tout positif". Le "tout portant" aurait économisé du carburant (on en gâchait à faire de la portance négative pour équiliber, dans un avion classique) et les Russes savaient le faire mais avaient estimé que vu le passé négatif du Tupolev 144 il ne fallait prendre aucun risque avec ce nouveau supersonique: que l'avion fût stable en vol en l'absence de toute correction électronique (comme un avion ordinaire) rassurerait assureurs, compagnies aériennes et passagers, ainsi que les régions survolées. Le prochain, lui, serait à portance toute positive, et peut-être (d'ici là) à moteurs électriques, avec pile à combustible à hydrogène ou tout autre procédé mis au point entretemps. L'armée russe testait déjà des avions de reconnaissance électriques (donc silencieux, car non supersonique) à long rayon d'action alimentés par pile à combustible, une technologie qui n'était chère que vis-à-vis du budget des véhicules civils, et non militaires, lesquels acceptaient aussi mieux le stockage d'hydrogène à bord: ce n'était pas plus dangereux que de transporter des bombes... Des hélicoptères Kamov testaient eux aussi la motorisation électrique alimentée par pile à combustible, en plus de quelques accumulateurs permettant un décollage immédiat avant démarrage du générateur à hydrogène. L'augmentation du nombre de pales (pour pouvoir diminuer leur vitesse), dans ces prototypes, permettait de diminuer nettement le bruit de brassage d'air, au prix de moyeux contra-rotatifs concentriques encore plus complexes.
. Ce fut un modèle Kermanac'h monoplace (ayant l'air du Ka 50 en plus petit et bien plus léger car il n'avait pas à transporter d'armement) électrique que Stéphane acheta. Le Keroptère 55, doté de deux rotors à cinq pales pour en diminuer encore l'envergure, était pourvu d'un logiciel de contrôle d'autonomie et d'altitude le posant automatiquement lorsque l'autonomie restante diminuait trop. S'envoler de n'importe où avec un engin peu bruyant, très fiable (les moteurs électriques duraient généralement plus longtemps que les véhicules qu'ils animaient) et fort peu coûteux à l'usage était un rêve enfin accessible. De plus, le pilotage de ce type d'hélicoptère (double rotor contrarotatif coaxial) était bien plus simple et homogène que celui d'un modèle classique: c'était d'ailleurs ce qui avait permis au Ka 50 d'être un modèle d'attaque monoplace, les autres ayant besoin de séparer les fonctions de pilote et de tireur, faute d'avoir assez de mains pour tout gérer. Cette caractéristique (monoplace) devant être gardée secrète aussi longtemps de possible, les premiers prototypes avaient été équipées de fausses vitres autour d'une partie non habitable derrière le pilote, pour simuler un poste de tireur assis un peu plus haut que son pilote. C'était aussi cette homogénéïté aérodynamique qui permettait à Kamov de fabriquer un drône très maniable et fiable. La totalité du système de rotors du Keroptère 55 était fabriqué et assemblé sans la moindre intervention humaine, en plus de l'utilisation de pièces en composites à flexibilité anisotropes (le brevet du rotor de l'Ecureuil étant tombé depuis longtemps), ce qui garantissait la précision de fabrication (les couples de serrage étant toujours respectés) et un coût encore plus bas que celui de l'usine russe. L'absence de turbine donc de réservoir de carburant plaisait aussi aux assureurs ainsi qu'aux organisme d'homologation: le Keroptère 55 était classé "ULM", ce qui était bien moins contraignant. L'utilisation d'une visserie à crans de blocage (non comme une rondelle à ailettes, mais comme un cliquet à ressort: pas de desserrage possible dans éloigner la dent du cran) assurait que rien ne se dévissât sous l'effet de vibrations. C'était aussi grâce à la robotisation de l'assemblage que Kermanac'h avait pu se permettre de doter chaque rotor de cinq pales, au profit à la fois de la compacité et de la réduction du bruit. Le système d'assemblage et de démontage des pales était assez rapide (une dizaine de secondes chacune, temps de rangement contre le fuselage ou de prises depuis ce rangement inclus) moyennant un outil électrique spécial livré avec l'hélicoptère. Les pales en fibres de carbone et le système d'assemblage contenaient des puces permettant à l'hélicoptère de tester que tout était assemblé correctement avant la mise en route. Il était ainsi possible, en moins de deux minutes (voire à peine plus d'une avec l'habitude, supposa Erwann) de retirer et ranger contre le corps les dix pales pour permettre le rangement du Keroptère 55 dans un garage (où il prenait la moitié de la largeur d'une voiture pour une longueur de 4m hors tout) ou pour le préparer à voler après l'avoir sorti.

. Grâce à la perte de pouvoir de la Commission Européenne en Europe, le parlement européen put, conformément à l'intérêt des citoyens, voter une loi instaurant une surtaxe d'un facteur cinq (+400%) sur tous les produits chinois, en raison de l'esclavage des enfants et des déportés des goulags chinois, jugés concurrence déloyale, et aussi comme sanction pour la contrefaçon, systématique en Chine. Le gouvernement chinois n'ayant pas sanctionné ces fraudes comme il s'y était soit-disant engagé, l'Europe le sanctionnait et l'annonçait publiquement: "et si l'Etat chinois continue à laisser faire nous continuerons à augmenter les taxes sur les produits chinois jusqu'à ce que les contrefaçons coûtent deux fois le prix des produits authentiques, ce qui les éradiquera" La Commission Européenne, faits de non-élus vendus aux lobbies américano-asiatiques, n'aurait jamais pris une telle décision. Vu le fort peu de produits européens vendus en Chine (même les Allemands n'étaient pas en excédent commercial avec ce pays, bien qu'étant son plus gros fournisseur européen) l'Europe avait tout à gagner à freiner le commerce avec la Chine: même si celle-ci n'achetait plus rien en Europe, une simple baisse de 30% des achats européens de produits chinois compenserait la chose. Or avec les nouvelles taxes, la baisse fut de 76%. Elle eût été plus importante encore si les importateurs n'avaient pas serré leur marges (jusqu'alors copieuse), en particulier sur le textile et les jouets dont le prix d'achat en Chine était très inférieur au prix (avant taxes) de revente ici. Aucun peuple européen (parmi ceux s'étant donné cette possibilité) ne fit de référendum de blocage de la décision du parlement d'écraser de taxes les produits de cette dictature (ouvertement désignée comme telle). Il y aurait une part de citoyens qui auraient voté contre la taxe, car elle allait les priver de certains produits jusqu'alors très bon marché, mais tout le monde savait que la Chine détruisait les emplois et saignait à blanc l'économie européenne, appauvrissant ainsi ses citoyens, de plus il existait d'autres fournisseurs asiatiques de produits à bas prix, ainsi que la Russie pour tout ce qui était informatique et télématique.
. Les Chinois bloquèrent les produits européens, comme prévu, alors l'Europe bloqua totalement les produits chinois (certains pays comme la France votant un an de travaux forcés (en plus de l'amende) à quiconque en importerait un, et quatre ans en cas de récidive), ce qui enrichit formidablement l'Europe. Certains secteurs perdirent des emplois, bien plus en recréèrent grâce à l'arrêt de ces importations. L'Europe avait déjà perdu l'essentiel du marché des satellites de télécommunication du fait du Lioubioutchaï, donc il n'y avait déjà aucune commande chinoise de mise sur orbite de satellite chez Arianespace: ça ne changeait rien. De même, les Russes avaient coupé l'herbe sous le pied d'Airbus (de même que de Boeing) avec leur hydravion catamaran géant, économique à l'achat comme à l'usage en évitant les surcoûts prélevés par les aéroports. La Chine n'en aurait donc pas continué d'acheter d'Airbus à moins de négocier des "transferts de technologie" suicidaires à moyen terme pour les Européens. La perte de débouchés la plus importante était donc pour l'industrie allemande de la machine-outil, et à moindre échelle pour Kermanac'h (qui n'avait pas réussi à vendre beaucoup en Chine, le préjugé en faveur du "made in Germany" restant tenace dans ce domaine) en échange de quoi il n'y aurait pas d'invasion des marchés europées par les voitures et deux-roues chinois comme on s'y attendait jusqu'alors.

. Les Américains ne pouvaient agir de même vis à vis de la Chine sans faire plonger le dollar au niveau de l'ex-lire italienne, vu que l'essentiel des bons du Trésor américains étaient détenus par la Chine. Refaire "le coup des emprunts russes" aurait donné définitivement au dollar le statut mondial de billets de Monopoly, avec à domicile le besoin d'en transporter des brouettes pleines pour acheter le moindre litre de carburant. Le carburant était de plus en plus rarement facturé au "gallon": pour rendre le prix psychologiquement moins dissuasif, il était affiché par litres... comme c'était depuis longtemps le cas pour le vin, y compris le vin américain. La chute du dollar avait d'ailleurs fait les affaires des viticulteurs locaux: non seulement les vins européens (déjà traditionnellement chers) mais maintenant aussi ceux d'Amérique latine ou d'Australie étaient devenus plus chers que les vins nord-américains (y compris ceux de qualité).

. La baisse du dollar lui avait déjà fait perdre son rôle de monnaie commerciale internationale: plus personne n'en voulait pour des contrats à long terme. L'euro, le yen et même le rouble (qui, lui, montait régulièrement) ainsi que le franc suisse (valeur sûre) devenaient les instruments monnétaires y compris pour les achats des Américains ailleurs.

. "Objectif Suède" avait fait des ravages dans ce pays auprès des Suédoises ne correspondant pas à celles qui peuplaient ce film qui avait connu un succès mondial (Europe et Japon, surtout). Certaines recourraient la chirurgie esthétique (ceci, cela, liposuccion...), d'autres s'étaient suicidées. Le problème concernait peu les Suédois, car on n'en voyait que rarement et brièvement, dans le film: aussi "idéalement suédois" que les Suédoises du film, mais ce n'était pas eux qui retenaient l'attention car les voyageurs n'en rencontraient pas directement. A un moment un des deux voyageurs remarquait une fille moins blonde:
L'autre- ça doit être une touriste. Peut-être une Allemande, vu qu'elle est bien ronde... Sprechen Sie Deutsch?
. Elle s'avérait être hollandaise, mais c'était bien une touriste. Les deux Emilianiens utilisés n'étaient pas non plus représentatifs des jeunes Français.
. Le film marcha peu aux Etats-Unis (moins que la moyenne des productions VTP proposées là-bas) car le mythe de la Suédoise y était moins présent qu'en Europe, en plus du fait que l'on ne pouvait pas s'y rendre en voiture (ce qui n'avait pas empêché le succès au Japon). Il restait toutefois pour remplir quelques salles l'abondance de blondes authentiques à morphologie vérifiée par ordinateur.

. La multiplication spectaculaire du nombre de salles de cinéma stéréoscopiques (sans être forcément de très grand format) en France et dans d'autres pays commençait à handicaper commercialement les films "plats". Avant, il fallait avoir la chance rare d'avoir une salle stéréoscopique près de chez soi et qu'il n'y eût pas deux cent mètres de queue devant pour chaque film. Maintenant, sans être banal, le relief était devenu plus accessible: de plus d'endroits différents et sans faire autant la queue "même pour les scéances avant midi". C'était aussi une motivation pour voir les films en salle au lieu d'attendre leur passage à la télévision. Le matériel pour tourner en stéréoscopie n'était pas hors de prix mais cette technique nécessitait de renoncer à certaines habitudes et astuces classiques de la profession. De plus, c'était peu flatteur voire enlaidissant pour nombre d'acteurs et actrices.

. Les grossesses par vaches porteuses s'étaient multipliées, d'autant plus que cela donnait un nouveau débouché à l'élevage bovin face à la chute forte de la consommation de viande du fait du succès des chairs artificielles produites par BFR dans toute l'Europe et même au delà. L'embryon suédois se développant paisiblement et confortablement à bord d'une vache (tout en lui passant des enregistrements de la voix de sa future mère sociale, pour reconstituer ce qu'il aurait entendu dans celle-ci. Elle pouvait même lui parler à distance en téléphonant à la vache) constituait en cette fin d'année 40% des gestations en cours, d'autres étant classiques mais aussi à base d'embryons sélectionnés avec garantie de responsabilité génétique du fournisseur, et une minorité par l'ancienne méthode, après examen poussé des parents et néanmoins un risque résiduel qui n'existait pas dans l'autre méthode. Beaucoup de gens pensaient "quand on adopte un chat [ou un autre animal] on ne l'a pas fait soi-même, or on s'y attache beaucoup, et dans une relation souvent plus saine et sincère qu'avec ses propres enfants, donc adopter un embryon et confier sa gestation à une vache ne peut pas nuire".
. La vache porteuse résolvait aussi le problème des congés de prématernité obligatoires (pour toutes les tâches pouvant demander des efforts ou créer du stress) et non rémunérés, dans le droit du travail français, depuis l'automne 1997.

. "Réduction" sortit le 17 puis le 20 novembre, suivi par "La planète des chats" le 1er puis le 4 décembre. Stéphane vit le film d'abord au premier degré, comme d'habitude, oubliant facilement que c'était lui (ou plutôt Erwann d'Ambert) qui y jouait: le film "avalait" bien les rôles, comme VTP y veillait chaque fois. En le revoyant, le lendemain, il chercha plus à voir si l'on pouvait voir que les chats étaient des mécanimaux, et s'intéressa aussi un peu plus à son rôle, mais ce ne fut que la troisième fois qu'il comprit ce qui le distinguait de tous les précédents: pour la première fois, son personnage regardait directement dans la caméra. En fait VTP en avait un grand nombre et ce n'était pas celle qu'il supposait active qui l'était. En tout cas ils n'avaient pas du mettre le viseur laser infrarouge (il savait que ce n'était pas de l'ultraviolet), pour faire ça, supposait-il. Ceci parce que les chats regardaient souvent vers l'objectif quand on les filmait, tandis que les chiens avaient tendance à regarder leur maître ou (s'il n'était pas là) la personne maniant la caméra. Il n'avait donc pas que des attitudes de chats, dans ce rôle: il était filmé comme s'il en était un, de même qu'Adrien. En plus de certaines "visions directes" ("alignement direct" du regard) les plans proches n'étaient ni aussi rares, ni aussi brefs que d'habitude: ses fans allaient y avoir droit plus que d'habitude, tout en restant un dosage modéré. D'autre part, il arrivait qu'on le carressât, qu'on le tînt contre soi (dont une grosse dame dans une robe à fleurs) comme s'il était un chat, alors que l'on ne lui témoignait jamais d'affection dans les autres films. Pia, Flavia, Hillevi ou Nelli le faisaient de temps en temps, dans la vie réelle, mais pas à l'écran. La scène où Adrien attrappait une mouche d'une main contre une vitre lui plut. Ils n'étaient pas très présents dans le film (moins que les chats, vu le titre), et ne mimaient pas exagérément des chats, même si Erwann était vu un moment en train de fouiller les poubelles d'une poissonnerie pour y récupérer des arrêtes, en arrière-plan d'une autre action. C'était ces petits gestes, de temps en temps, qui rappelaient qu'ils n'étaient que des illusions d'humains dans notre monde, parce qu'il fallait des mains et une certaine taille pour réussir certaines missions qu'un chat n'aurait mécaniquement pas pu accomplir.

<<. Millénium (compositeur et arrangeur: Florian Verne) est un groupe très productif qui ne fait pas de scène et, outre des albums sous son propre nom, en conçoit pour d'autres groupes dont les plus connus sont Småprat et Bifidus, "le plus préfabriqué des boysbands français" qui fut aussi celui qui fit les plus grosses ventes, en particulier à l'exportation.
. Sa ressemblance physique avec Erwann d'Ambert (à part les cheveux moins clairs) contraste avec un tempérament plus réservé (plus finlandais?), mais pas autant que Florian Verne qui n'apparaît dans aucune production VTP. Il admet que s'il a accepté le rôle pour "la planète des chats" c'était parce qu'aimant et connaissant très bien ces animaux il estimait pouvoir y être utile.>>>

. A l'occasion d'une émission sur les ex-"boysband" un membre d'un autre avait dit:
- et puis ensuite il y a eu Bifidus. Eux, ils n'étaient pas issus d'un casting en trois coups de cuillères à pot: VTP a pioché dans son stock de beaux gosses vérifiés par ordinateur, leur a appris ce nouveau rôle comme sur des rails et les a installés sur des chansons conçues par Millénium. Millénium, le groupe que l'on ne voit jamais et qui avait déjà conçu les chansons des Småprat. Et en prime, des clips fabuleux signés Tarsini: les nôtres avaient l'air d'avoir été tourné en Bulgarie par des amateurs, à côté. D'ailleurs on a bien vu que les clips des Bifidus lui ont servi de banc d'essai pour les techniques qu'ensuite il a mises dans ses films: "L'Atlantide", c'est devenu un film. Il paraît qu'ils avaient proposé à Erwann d'Ambert d'être dans Bifidus, avant d'aller chercher un Suédois. Bengt: vous savez, c'est lui qui est le premier à être dévoré par les nouilles. Parce qu'il y avait aussi ça, pour les Bifidus: ils savaient qu'ils pourraient les recycler dans les séries ou les films, après. Nous n'avions pas ce parachute, nous: une fois bien pressés comme des citrons, ils nous ont jetés.
i- Bifidus a été un concurrent à ce point redoutable?
- oui, parce qu'eux ne se cachaient même pas d'être un pur produit marketing de l'empire du yaourt: rien que le nom, déjà! Et les CD offerts dans les packs de seize yaourts: le cheval de Troie pour entrer dans les familles en passant par la porte du frigo. C'est un groupe qui a été créé pour faire vendre plus de yaourts, et accessoirement des disques. Sauf que comme en plus techniquement et vocalement c'était mieux fait, on les passait plus dans les boîtes, les télés passaient plus leurs super-clips de chez Tarsini, alors que nous, nous n'avions ni cette force d'impact, ni non plus l'image sympathique du vrai groupe qui fait tout lui-même. Bien sûr, nous avons gardé des fans fidèles, mais pour la conquête de nouveaux marchés, la comparaison était difficile. C'est comme le cinéma classique par rapport à celui de Kerfilm.
i- sauf que Bifidus n'a pas éradiqué la production musicale française.
- non, mais ce fut "Le crépuscule des boysbands". Je suis sûr qu'au début les commerciaux de BFR ont pensé faire un boysband juste pour un coup commercial, vite fait sur un coin de table, mais que sont les gens de VTP qui ont pris le projet bien plus au sérieux: ils l'ont tarsinisé à bloc, comme pour les Småprat.
i- et pas moyen pour vous de tenter le recyclage dans les séries de VTP.
- leur machine à analyser est très exigeante. Il n'y a que Val qui a quelques petits rôles chez eux, parce que lui, il passe leur contrôle technique et il a un caractère très stable.
. Val de l'ex-groupe Octane (resté à bord du sous-groupe "V-cube" après la scission de début 1998) était effectivement émilianométrique.

. Le film "La planète des chats" fut diversement commenté après sa sortie: seule la mise en scène des chats fut largement appréciée voire admirée. Dans les quelques forums s'intéressant à Erwann, ce qui (réécrit en français moins "ado" et en supprimant les mentions annexes) donnait quelque chose comme:
1- il est trop craquant dans ce film: j'adore!
2- peut-être mais il n'est pas fait pour ça. Ils auraient dû mettre un autre de leurs acteurs que l'on est habitué à voir jouer dans des trucs gentillets.
3- il n'aurait pas dû jouer là-dedans parce que l'on a tendance à préférer les chats. Erwann est très bien, mais quand on le compare à un beau chat y'a pas photo, quand même.
4- qui est l'autre? Adrien, serait-ce celui de Millénium? On ne le voit jamais. Je ne savais pas qu'il ressemblait à Erwann.
2- oui, et ils ont plusieurs acteurs du même genre: ça vient de leur logiciel de casting.
1- c'est vrai que les chats sont très beaux, dommage que l'on n'ait pas encore le cinéma tactile.
5- si Erwann est dans le film c'est aussi parce qu'il a participé à la mise au point des chats artificiels, donc ça doit être lui qui sait le mieux comment ils vont réagir pendant le tournage de certaines scènes un peu compliquées. Enfin: je suppose, vu qu'il avait déjà travaillé dans les tigres de Sibérie pour Lobosibirsk.
1- ce sont des faux chats? On dirait pourtant vraiment des vrais. Ca ne fait pas image de synthèse, ou alors ça a dû coûter une fortune en occupation des ordinateurs.
2- ce ne sont pas des chats en images de synthèse, mais des robots, d'après ce que dit [5]. VTP a beaucoup de robots qui imitent très bien des animaux, comme les chiens dans Cave Canem: tu te doutes bien que c'étaient des faux, quand même!
5- Erwann aussi est parfois remplacé par un robot, dans beaucoup de films, mais c'est vrai que ça doit être plus difficile de faire un chat robot qui ait l'air vrai, car il y a beaucoup moins de place pour la machinerie et les systèmes à l'intérieur.
6- VTP va peu à peu remplacer tous les acteurs par des robots et du virtuel: pas que les enfants ou les animaux. Erwann est bien placé pour le savoir, lui, et c'est pour ça qu'il ne met pas tous les oeufs dans le même panier en n'étant pas uniquement acteur: il fait aussi la robotique, parce que ça, il y en aura de plus en plus. Il installe des tas de machines dans une usine en Finlande, donc il doit s'y connaître.

. Erwann apprit qu'il jouerait dans un nouveau film de vikings en février et revint en France pour tourner d'autres scènes d'Alvéole 75: le tournage s'arrêterait là, le concernant, la portion finale avec la version "HF" de son personnage, pour la prochaine étape de retour à la barbarie, ayant déjà été tournée en août 2001.
. L'idée initiale du film venait du roman "Les fourmis de l'Ombre Jaune", mais avec l'astuce de l'univers répété (à maille hexagonale, d'où le titre "alvéole") il n'y avait de paroi nulle part, en dehors des falaises formées par les dénivellations d'un bout à l'autre. Cela privait le film de la scène du train kamikaze, mais offrait des effets visuels bien plus intéressants qu'un dome: en montant à la tour Eiffel (occupée par une des tribus, qui devait toutefois en redescendre pour se procurer de l'eau et de la viande humaine) on voyait la répétition jusqu'à l'horizon de la même ville, mais sans inversions, contrairement à un kaléïdoscope.
. L'univers parisien en pleine anarchie pouvait aussi faire penser à "New York 1997".

. Il vit "Cliniques privées", tourné en septembre, un film sur la chirurgie esthétique et les trafics d'organes, mené "à la 0016" (il y avait aussi quelque chose rappelant "Eurotoxique", dans la course contre la montre à travers plusieurs pays d'Europe) mais sans en faire partie, le rôle de l'enquêteur d'action étant confié à Vittorio, coiffé comme Zhao dans ces rôles-là, ce qui lui redonnait un air plus "Emilianien de série", mais juste l'air: le rôle utilisait intensivement la puissance physique et l'aisance dans les combats à main nue (plus souvent au corps à corps que par armes, contrairement à Erwann) acquise dans ses rôles précédents. Ce film commençait dans le monde des "castings" pour émissions sur la chanson, les mannequins ou pour jouer dans des séries télévisées, sans s'inspirer de VTP: c'était la version classique, sans Emilianomètre. Ceci permettait d'introduire le thème de la chirurgie esthétique, ainsi que la disparition de candidates (et candidats). Derek jouait un des revendeurs d'organes bulgares, dans ce film.
. "Alvéole 75" étant terminé, Erwann avait joué dans 59 films (en fait 60 longs-métrages: s'y ajoutait "Castel mortel" qui était un téléfilm (pas sorti en salles), tourné avec cette définition d'image), dont quinze cette année.

. Pour le match "retour" où le Stade Français venait à Dinan, le DD avait mis presque l'équipe d'extérieur car cette fois, il ne fallait pas rêver d'un 75-0 obtenu en grande partie par surprise, en plus de la précision des buteurs bretons. Il y avait les Krüger, il y avait cinq buteurs (dont Lefar, qui avait encore progressé dans ce domaine, mais sans compter Fritz Krüger comme "buteur"). D'où dans un forum du SF, un des intervenants:
- ils ont mis les chevaliers teutonniques en première ligne et leurs meilleurs artilleurs: après Hiroshima, il vont nous faire Nagasaki.
- ou alors ils pensent qu'on a compris la leçon et ne veulent pas perdre 0-75 à domicile.
- Dinan n'a qu'un point faible: on peut souvent leur prendre le ballon dans les rucks. Sur tout le reste, ils nous effacent, surtout avec la composition qui vient d'être annoncée.
. Il y eut un petit divertissement sur le terrain pendant que les spectacteurs s'installaient: des extraits de matchs de rugby joués par deux équipes, l'une de léopards l'autre de panthères noires. Les actions étaient scénarisées d'avance pour les trentes mécanimaux, donc il n'y avait pas besoin d'une intelligence artificielle comme pour faire s'affronter librement deux équipes mécaniques. Il suffisait d'en donner l'illusion, ce que l'imitation de phases de matchs réels intéressantes assurait. Imitation adaptée aux gestes dont des félins eussent étés capables: on ne les faisait pas courir sur deux pattes, par contre les animaux réels étant capable de sauter bien plus haut que les humains (même avec porteurs pour ces derniers) les captations de ballons lors des lancers en touche étaient spectaculaires. Les chats (et donc les gros félins aussi) avaient déjà des gestes spontanés pouvant évoquer le rugby, comme ceinturer et renverser un autre chat ou plaquer une proie (le ballon) au sol des deux pattes. Par contre ils n'étaient pas faits pour tirer aux pieds (les chats lançaient parfois de petits objets à la "main", mais pas avec les pattes arrière) donc cela ne fît pas partie de cette simulation (brève) de rugby, contrairement aux passes, placages, touches et mêlées (y compris ouvertes).

. Ce fut 56 à 7. le DD savait qu'après le match "aller" le public attendait du spectacle, donc devait pilonner son adversaire de drops, quitte à dégarnir légèrement les lignes de défense ce qui conduisit à subir un essai, tout en en mettant deux aussi (sur mêlées proches de l'embut adverses). Il n'y eût "que" neuf drops, puisqu'il y eut aussi cinq pénalités offertes par des fautes parisiennes. Pour écrasante qu'elle fût, cette défaite confirmait qu'il était moins difficile de marquer des essais au DD à Dinan qu'ailleurs (cette fois le score parisien n'était pas zéro) et que, présents sur le terrain pendant 45 minutes (changement de toute la première ligne), les Krüger avaient dû avoir consigne d'en garder sous le pied pour le prochain match. Les match suivant avaient été moins spectaculaires en matière de score: en particulier, le DD ne gagna que 24 à 21 grâce à un drop 14 secondes avant la fin à Toulouse qui avait marqué trois essais sans en encaisser. Supérieur en mêlée, en touche, en jeu au pied (et captation de chandelles). Le match joué en extérieur contre Biarritz fut gagné difficilement lui aussi par Dinan, en partie (supposèrent certains) parce que les Bretons n'avaient pas l'habitude de jouer sous la pluie, le stade de Dinan étant équipé d'un dôme (genre "hangar à dirigeable" en plus large) à déploiement automatique. L'appareillage pour réparer des déchirures éventuelles dans la membrane translucide (pour être légère et se replier sans prendre trop de place, elle n'était pas invulnérable à l'impact du bec d'un gros oiseau plongeant "bêtement" dedans) était inclu dès la conception du projet, en pouvant se rendre sur place en utilisant l'armature (on ne réparerait qu'en position déployée, bien sûr) comme rails (en se pendant dessous). Le stade de rinnepallo, conçu lui aussi par Tarsini, était équipé de même, sur des murs d'enceinte plus hauts en raison des pentes d'extrémités. On jouait ainsi au rugby "en salle". L'eau d'écoulement du toit était stockée dans les piliers (creux) du mur d'enceinte et restituée progressivement à l'herbe après le match via le système d'arrosage, ce qui évitait de détremper excessivement la terre d'un coup et donc de rendre la pelouse trop vulnérable au piétinement. L'équipe d'extérieur jouait parfois sous la pluie, mais au total ce club en avait moins l'expérience que la moyenne de ses concurrents. En échange de quoi il n'y avait jamais de jour de l'année où la météo empêchait un entraînement "en vraie grandeur". Pour cette raison le stade de Dinan (qui disposait aussi d'un excellent système vidéo, pour les retransmissions télévisées: merci VTP) était prévu par la fédération française de rugby comme possibilité de repli pour des matchs internationaux ou une finale de championnat si la météo rendait le Stade de France impraticable.

. VTP continuait à ne jamais montrer un des acteurs principaux sur l'affiche, ni citer leurs noms. Quand il y avait des personnages sur une affiche, ils étaient en grand nombre, non individualisables. VTP n'aimait pas les "stars", bien qu'en ayant fabriqué de fait à force de réutiliser certains acteurs dans des rôles dont le public se souviendrait longtemps, et il n'y avait toujours pas de rémunération "de star": le barème restait le même pour tout le monde, le coëfficient de participation aux bénéfices d'un film ne dépendant que du nombre et de la complexité des scènes à y jouer (estimation du temps de répétition antérieur), ainsi qu'un "droit à l'image" sur les simulations robotiques ou infographiques de l'acteur. Si Erwann avait totalisé huit cent mille euros, c'était pour avoir joué des rôles consistants dans des films accumulant près de quatre milliards d'entrées dans le monde: ça faisait une moyenne d'un euro pour 4872 entrées, taux variable d'un film à l'autre et incluant les droits télé et vidéo pour ceux qui avaient aussi été proposés ainsi. Contrairement à un paiement direct, il continuerait à toucher un revenu même s'il ne tournait plus d'autres films, ce qui lui ferait certainement franchir le demi-million d'euros. Ceux qui ne jouaient que des scènes simples dans peu de films et téléfilms n'atteignaient pas le smic donc avaient en fait une autre activité rémunératrice chez VTP, où la plupart des acteurs étaient aussi techniciens, manutentionnaires, etc, d'autres travaillant chez BFR entre les tournages.

. Le Les acteurs et réalisateurs des "merdes molles" dénoncées par Lucien Venant ne tournaient plus ou rarement, pour la plupart, l'économie de tout ce secteur ainsi que de celui des émissions de télévision ayant été profondément revue, avec des compressions budgétaires spectaculaires allant parfois jusqu'à la division par cent du coût des émissions "de plateau", qui jusqu'alors étaient dispendieuses alors que techniquement elles pouvaient être entièrement réalisées par quatre personnes et un matériel automatique qui n'avait pas besoin de recourir à l'intelligence artificielle. Jadis, énormément de gens étaient listés à la fin de ces émissions, le public se demandant pourquoi il en fallait temps pour juste filmer des gens parlant assis. Les chaînes de télévisions avaient fini par se poser la même question et ne reproposer de contrats que dix, vingt, voire cent fois moins cher, pris par de nouvelles sociétés de productions "à la VTP" (sans avoir besoin de tout son arsenal, s'il ne s'agissait que d'émission de ce type), sortant définitivement du marché les tenant du prix fort et les "animateurs-producteurs" bien connus jusque vers 1998.
. On ne faisait plus fortune dans les médias, les salaires restant désormais proches du smic même pour les animateurs, d'où un renouvellement plus fréquent et parfois l'utilisation de robots ou de personnages virtuels sans que le public ne s'en aperçût, sauf dans les émissions où l'on souhaitait que cela se vît.
. C'était la multiplication des chaînes de télévision via le câblage national en fibre optique (utilisant les gens condamnés au travaux forcés, dont les immigrés clandestins non affectés aux forages géothermiques) qui avait poussé la production d'émission de télévision vers l'économie (tout en ne faisant pas "hard discount" à l'image) car les audiences s'étaient fragmentées, ces chaînes étant gratuites et reçues presque partout. Ce projet avait été préféré à celui de la TNT qui en plus d'encombrer le réseau herzien utilisait un système de codage trop vulnérable aux parasites. Il n'y aurait donc pas de TNT en France (sauf étrangère, près des frontières) au profit du réseau câblé optique général sans facturation en réception.
. Quelques relais herziens à faisceau étroit (d'antenne à antenne) assuraient la reprise de continuité vers le répétiteur d'un réseau local de village isolé, surtout en montagne, plutôt que de câbler continuement jusque là.
. C'était aussi ce réseau qui transportait les informations du "Minilog", le remplaçant haut débit du Minitel, source du téléenseignement gratuit à domicile et du téléconseil juridique ayant coupé l'herbe sous le pied des avocats dans 94% des affaires. Même quand on recourrait à un avocat, arriver avec un dossier déjà précis venu de ce service national évitait de se faire mener en bateau et facturer des sommes exhorbitantes: les temps où un avocat gagnait plus du smic (mensuel) chaque jour étaient de l'histoire ancienne, d'autant plus que les bases du droit faisaient désormais partie du programme du bac: "si nul n'est censé ignorer la loi, il faut enseigner au moins celles que les gens rencontreront dans leur vie courante, et leur apprendre à utiliser efficacement le système juridique informatique".
. Quant à l'enseignement à domicile, l'ELR n'avait jamais compris que les cours du CNED fussent payants alors que l'école (bien plus coûteuse pour l'Etat) était gratuite: le CNED faisait faire d'énormes économies (par élève) à l'enseignement classique, donc il fallait le mettre en libre-accès et promouvoir son utilisation, souvent dans un système mixte: les TP utilisant du matériel spécial ainsi que les examens périodiques avaient lieu à l'école, tout le reste chez soi. Le Bac était désormais en contrôle continu, mais avec anonymisation des candidats: pour les épreuves qui n'étaient pas en QCM, les copies devaient être tapées (on n'écrivait plus à la main, à l'école, tous les élèves ayant eu le temps -sauf les imbéciles irrécupérables, disant l'ELR- d'apprendre à taper vite et bien, pendant la première partie de la réforme) et étaient ainsi corrigées (pour ce qui n'était pas corrigeable par logiciel, en particulier les rédactions) par des professeurs (au moins trois par copie non corrigeable à la machine, pour tasser l'aléa de notation) ne pouvant pas savoir de qui ça venaient. Les formules mathématiques restaient faites à la main (au stylet optique) car les encoder par un autre moyen faisait perdre trop de temps aux élèves, même après l'avoir correctement appris. Les pupitres d'examen reconnaissaient les symboles formés (sinon il n'y avait qu'à les rayer au stylet et les retracer mieux) et restituaient la formule comme imprimée dans un manuel de mathématiques, de plus ça aidait à contrôler en temps réels la correspondances des parenthèses, accolades, crochets pendant que l'élève les traçait, évitant ainsi des étourderies qui n'avaient rien à voir avec les capacités en mathématiques. Il y avait trois corrections indépendantes de chaque devoir non corrigeable automatiquement, certes, mais comme au total il y en avait beaucoup moins et que c'était répartit sur toute l'année, et non concentré à la fin (que l'on étudiât chez soi ou à l'extérieur) cela nécessitait bien moins de correcteurs que l'ancien Bac, pour un résultat bien moins aléatoire.

. Ce système avait à la fois diminué l'échec scolaire et diminué la charge de travail imposée aux élèves, tout en divisant les coûts (par élève) par trois par rapport à l'ancienne "éducation nationale" donc très peu de partis avaient proposé de le remettre en cause, lors des élections du printemps 2002: les réformes proposées n'étaient que des règlages.

. La baisse des dépenses de santé venait tout à la fois de la non-prise en compte des pathologies et "modifications de l'état physiologique" (en particulier la grossesse et les effets du tabagisme actif) créées par le comportement du patient, du déremboursement de nombre de traitements "de complaisance" (cures thermales, psychotropes) de l'accès massif au service de suicide public à tout âge, tout hôpital devant avoir des machines permettant aux patients de se supprimer eux-mêmes, la baisse spectaculaire de la population, en cinq ans, ayant été (fort naturellement) bien plus le cas des malades ou handicapés souhaitant en finir que des gens en bonne santé. Ceci avait rapporté bien plus que ce qu'avait coûté la démocratisation des implants dentaires, de l'opération de la myopie, du régulateur antipubertaire et quelques autres traitements jusqu'alors réservés à une élite.

. La réduction de la population avait aussi permis le développement des biocarburants (qui n'étaient admis à ce label que s'ils étaient cultivés sans "intrants" chimiques et avec une consommation totale de carburant ne devant pas dépasser 20% de celui finalement issu de cette culture, labourage, moissonnage, transformation et transport inclus) puisque l'on n'avait plus besoin d'autant de superficie pour l'alimentation humaine, tandis que le nombre d'utilisateurs de véhicules avait baissé: non seulement il y avait moins de gens, mais en plus ils bougeaient moins, grâce au développement massif du téléenseignement et du télétravail pour tous les métiers qui s'y prêtaient, mouvement ayant contribué à l'effondrement de la spéculation immobilière.

. L'exemple français de virage vers la "société de conservation" et l'impact économique spectaculaire qu'il avait eu était de plus en plus suivi en Europe, dans divers domaines, ceci parce que dans le contexte de l'euro, nul ne pouvait surconsommer sans s'appauvrir au profit de ses voisins. Ca et là, des lobbies avaient encore beaucoup d'influence sur certains gouvernements, mais l'exemple d'autres pays conduisaient le peuple à ne pas reconduire ces gouvernements, surtout après avoir appris sur le Lioubioutchaï (impossible techniquement à censurer) les collusions financières entre les équipes au pouvoir et les groupes d'intérêts contribuant à l'appauvrissement des citoyens.

. Les exportations chinoises avaient pâti des nouvelles taxes européennes puis de l'arrêt total du commerce entre ces deux régions du monde. La production avait subi des sabotages et attentats très nombreux perpétrés dans les usines les plus rentables par la résistance tibétaine, au moyen de missiles de précision. En particulier, les frappes massives sur les usines de jouets, dans cette période précédant Noël, allaient causer une nouvelle année de récession pour la Chine. On pouvait se dire que cela profitait aux industriels japonais, coréens et autres, donc que bien des gens avaient eu intérêt à doter d'armes modernes la nouvelle résistance tibétaine, et leur donner les coordonnées SPS précises des objectifs qui appauvriraient le plus l'Occupant. Outre maintes frappes sur les centrales électriques et les raffineries, dans le but de priver l'industrie chinoise d'énergie, les frappes directes sur les industries exportatrices les plus profitables avaient conduit à un ralentissement des investissements étrangers en Chine.
. "Pour chaque yuan de pillage au Tibert, nous devons apprauvrir la Chine d'au moins cinquante yuans".
. La capitulation israëlienne, avec retrait dans les frontières de 1948 et d'énormes indemnités à verser pendant 35 ans (l'équivalent de la durée d'occupation) aux populations des territoires occupés, augurait mal de l'avenir de la Chine comme occupant du Tibet, les techniques utilisés par les résistants se ressemblant, à part l'utilisation de missiles à longue portée pour aller frapper "n'importe quand et n'importe où" en Chine.
. Les Chinois soupçonnaient les Russes, qui depuis qu'ils s'étaient lancés dans l'electronique grand public à bas coût avaient tout intérêt à affaiblir (en armant les résistants tibétains) le numéro un mondial dans ce domaine. La Chine livra donc discrètement des missiles aux résistants tchétchènes (retour à l'envoyeur), mais avec bien moins de précision de frappe puisque se basant sur le GPS américain (sans avoir accès à sa version militaire) et non le SPS russe bien plus précis, celui-ci étant conçu, par sécurité, pour ne pas être utilisable par des récepteurs se déplaçant trop vite sur son territoire (la puce plombée à autodestruction interne sachant, par définiton, où elle était et à quelle vitesse elle se déplaçait) et non enregistrés comme militaires russes.
. Deux usines d'automobiles et un barrage (Krasnoïarsk) furent toutefois endommagés par les projectiles tchétchènes.

. Le "tir au pigeons" effectué avec tant de facilité apparente par les résistants palestiniens sur les hélicoptères "Apache" et chasseurs F16 de l'occupant avait réduit à peu de chose le marché d'exportation de ce matériel considéré désormais comme périmé par les clients potentiel, les roquettes palestiniennes ignorant tous les leurres. Outre le guidage SPS et la vision par satellites permettant le choix de la cible, il y avait un "détrompage" sonore du système de guidage, or les leurres émis par ces aéronefs n'imitaient pas leur son.
. Ceci apporta des commandes à l'hélicoptère "Tigre" franco-allemand dont la production en série avait commencé en mars 2002 ainsi qu'à des avions non-américains, bien qu'en réalité ceux-ci eussent été tout aussi facilement descendus par les armes des résistants, comme le rappelaient (à juste titre, mais sans avoir d'exemple sur le terrain pour l'étayer) les constructeurs américains. Les drônes israëliens d'une taille suffisante pour transporter de l'armement avaient eux aussi été abattus, tandis que les résistants évitaient de gaspiller des roquettes "intelligentes" vers les plus petits, servant à espionner ou à guider les tirs d'autres engins, et qui pouvaient être abattu par un fusil longue portée à orientation optique automatique (par contraste avec le ciel, de jour, par signal thermique, de nuit, ces mini-drônes n'embarquant pas de leurres): l'arme commençait par suivre l'image, pour connaître la direction de vol, puis déclenchait le tir en anticipant la position atteinte. Ces drônes devant transmettre des images, leur pilotes (ou leur logiciel autonome) ne pouvaient pas les faire virevolter comme des mouches, sous peine de perdre leur utilité, de plus il eût fallu savoir quand ils allaient être attaqués. La trajectoire de vol était donc précalculable le temps qu'un tir l'atteignît. Les Israëliens auraient su développer des armes du même genre, mais l'occupé n'ayant ni aéronefs, ni chars, à quoi bon? C'était un système de réponse "du faible au fort", jusqu'à ce le fort ne le fût plus, au fil des pertes. Ce matériel défensif de petite taille pouvait être caché n'importe où, dans un sac en plastique rapidement enterré dans le sable ou la terre.

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