vendredi 10 avril 2009

chapitre N-46

Il n'y avait plus de problèmes de factures téléphoniques car chez France Télécom, désormais, ça ne marchait que par provision: de même que l'on faisait le plein de sa voiture avant de rouler avec le carburant acheté, on provisionnait son avoir téléphonique avant usage, l'appareil indiquant en temps réel le niveau restant. On ne pouvait donc jamais dépenser ce que l'on n'avait pas provisionné, ce qui était sécurisant, tout en simplifiant grandement la facturation par l'entreprise. La réception de messages était gratuite, en plus d'être automatique (comme un répondeur téléphonique), contrairement à internet où il fallait se connecter exprès et payer juste pour voir s'il y avait quelque chose, donc même s'il n'y avait rien.
Les jeux vidéo en réseaux, par exemple, revenaient très peu cher en connexion, car seuls les actions sur les manettes et boutons étaient envoyés sur la ligne, l'imagerie étant créée sur place par le logiciel résidant de chaque joueur. Ces jeux tenaient tous sur une seule disquette, ayant été programmés "sérrés" comme autrefois, au lieu de bourrer un CD comme on tendait à le faire depuis la généralistion des lecteurs de cédéroms. L'unité de disquette était de série, le lecteur CD en option. Lancé en 1997, le Minilog proposait aussi en option un enregistreur du disque opto-électro-chimique (réeffaçable) du constructeur russe AK, plus pratique et aux supports moins cher que pour un graveur "CDRW", périphérique qui était encore rare.
L'appareil appelé "Minilog", remplaçant Minitel (en mieux et moins cher), téléphone (idem. On pouvait brancher d'autres téléphones dessus, pour d'autres pièces, mais c'était le Minilog qui servait de central local) et internet.
On pouvait aussi utiliser internet via le Minilog, donc moins cher puisqu'arrivant ainsi directement sur les "grandes lignes" du réseau internet mondial, où la facturation était elle aussi à l'encombrement réel, pour les opérateurs intermédiaires.
Le Minilog étant aussi un ordinateur autonome (de puissance modeste: équivalent à un Pentium 100, bien que ce fût une puce "RISC" de conception différente, moins chère à fabriquer mais pas compatible avec le code machine Intel) on pouvait utiliser les logiciels d'apprentissage reçus du service de téenseignement public, qui avaient des capacités de correction autonomes, et renvoyer au système central ce qui dépassait l'intelligence artificielle locale de la machine, en particulier les dissertations de philo, pour les révisions du bac.
Une partie importante du Minilog était de l'importation (processeur et mémoires fabriqué en Russie, d'autres éléments étant coréens (l'écran plat) ou chinois) mais cela faisait bien moins de déficit commercial que les consoles de jeu (il y avait plein de jeux sur Minilog, tous libres de recopie, d'où l'engouement familial) et plus encore les ordinateurs importés donc il allait freiner le marché. Certes, l'écran n'était que du 640x480 (le 800x600 étant fréquent en 1997, voire 1024x768 même si nombre d'écrans d'alors ne l'affichaient pas impeccablement: flucutations parfois perceptibles) et le processeur n'était pas une Lamborghini, mais la "carte graphique" était au dessus de la moyenne, de même que l'implantation finement associée de la librairie OpenGL, contrairement à celles sous Linux qui étaient particulièrement lentes car ne sachant pas sur quel matériel on allait les faire tourner. Le Linux simplifié et en ROM (d'où sa rapidité de mise en oeuvre et sa fiabilité "à perpétuité") du Minilog démarrait en 7 secondes, au lieu de longues minutes d'attente. Ceci pour pouvoir être prêt en une seule sonnerie après avoir été réveillé par un appel extérieur: cet appel ne lançait d'ailleurs qu'un système minimum, prêt en 3 secondes chrono (dont deux au lancement et contrôle du matériel), n'ayant pour tâche que de vérifier les sources d'appel: le numéro était toujours transmis), trier et stocker s'il y avait lieu, voire envoyer un accusé de réception préprogrammé pour certains interlocuteurs, pouvant aussi être dépendant du contenu du message. Le disque dur n'était lancé que s'il y avait lieu, car un peu de mémoire magnétique statique (version miniature des vieilles mémoires réellement permanentes à tores de ferrites tissées: c'était ça que le Minilog importait de l'ex-URSS) suffisait à stocker très rapidement 128 Mo de données. Le système ne lançait le disque dur que s'il en fallait plus.
L'ELR savait qu'il y aurait une grève massive de l'Enseignement Public à la rentrée, et avait donc mis à profit l'été pour pouvoir se passer de la forme classique de l'Enseignement Public. On n'avait donc pas retiré le droit de grève aux professeurs, même s'il interrompait ce service public, car ce n'était pas une activité dont l'arrêt pouvait mettre en danger l'économie nationale, contrairement à la SNCF, EDF, France Télécom et autres. La grève était même souhaitée par l'ELR (sans le dire, mais bien des gens l'avaient deviné), car elle allait obliger les familles à essayer autre chose: le Minilog. De plus ça éviterait de payer des professeurs inutiles (il n'y avait plus de "bidouilles" revenant de fait à payer quand même les jours de grèves contrairement à la loi) donc améliorerait le budget. Il était plus rentable de payer un peu mieux des professeurs bien choisis pour participer aux corrections non automatisables du téléenseignement public Minilog. Ce qui était inutile, c'était de payer des profs à faire cours, surtout des cours qui étaient plus des garderies au profit du lobby des "parents démissionnaires" qu'un véritable enseignement. Les logiciels étaient bien meilleurs pour faire cours, car ils s'adaptaient à chaque élève, ce qui était impossible dans une classe. Le système Kermanac'h améliorait les choses, avec la progression à niveaux différents pour chaque matière, mais ne pouvait suivre précisément le rythme d'assimilation de chaque élève: il restait dans le groupe courant ou passait dans le suivant, mais on ne pouvait pas trop multiplier le nombre de groupes. Chez Kermanac'h, ils étaient déjà structurés par niveaux trimestriels au lieu d'années entières.
La plus grosse révolution scolaire allait être, grâce à la suppression des allocations familiales, la création d'un salaire scolaire, versé aux résultats, avec comme les autres revenus enfantins 10% tout de suite, 10% pour les parents et 80% placés par l'Etat. Outre l'argent, on gagnerait du temps, en étant bon élève. Ce salaire serait également versé pour le téléenseignement, au vu des contrôles périodiques (mensuels) effectués hors de chez soi (pour éviter toute triche) sur un Minilog (pour garder les mêmes références de travail) dans un lieu public de la commune, ou un véhicule servant de salle d'examens itinérante pour les petits villages ayant trop peu d'élèves. En général, une salle de la mairie ou autre suffirait. Le contrôle périodique serait également l'occasion pour les téléenseignés d'une visite médicale (l'analyse d'urine détectant, entre autres, les enfants enfumés par leurs parents, comme l'école devait aussi le contrôler), d'un examen psychologique par une assistante sociale, car il ne fallait pas que la scolarisation chez soi fût un moyen de faciliter la matraitance. Ces enfants seraient donc un peu plus contrôlés que les autres, et il pouvait y avoir des contrôles surprises.
Les assistances sociales de la protection de l'enfance pouvaient contrôler les familles n'importe quand, y compris le soir et le week-end. Ceci surtout après des signalements par la médecine scolaire (qui s'appliquait aussi aux "chez soi"): les contrôles surprises, avec autorité équivalente à celle de la police, permettaient de vérifier ces signalements. En particulier pour l'empoisonnement volontaire: fumée de tabac.
On ne trouvait plus en France de paquet de cigarette à moins de 100 francs (et ce n'était pas moins cher en utilisant du tabac à rouler ou à pipe), ce qui n'était pas si cher que ça puisque 5F la cigarette (certaines confiseries de distributeur étaient plus chères, à la minute de dégustation obtenue), avec de longues peine de prison pour tout trafic (seul un paquet entamé par adulte était autorisé à la frontière. Entamé, pour ne pas pouvoir être revendu) de sorte qu'il n'y eût pratiquement pas de trafic: le rapport risque/bénéfice restait en faveur d'autres drogues de valeur plus forte au litre d'encombrement, donc plus faciles à passer. De plus, désormais, les patches et gommes, vendus chez les buralistes (au lieu d'uniquement en pharmacie) revenaient trois fois moins cher, à dose de nicotine obtenue, que le tabac à fumer. Il était donc plus simple de passer à un substitut que de tenter de s'en procurer en fraude... où ça restait tout de même plus cher que les substituts, les passeurs penant leur marge et revendant le paquet de 20 aux alentours de 60 francs.
Enfumer quelqu'un était une "attaque à l'arme chimique", comme avec une bombe lacrymo, et poursuivi comme tel. La maltraitance tabagique à enfants, qui était de toutes les matraitances celle qui causait le plus de décès annuels (mort subite du nourrisson, crises d'astme, puis décès ultérieurs) tout en étant jusqu'alors paradoxalement impunite, valait désormais la Cours d'Assises en cas de décès (autopsie systématique: les traces de tabagisme passif restaient une bonne semaine dans le corps) ou de maladie durable. Tout enfumage d'enfants vallait la suspension immédiate de l'autorité parentale et la mise en cure de désintoxication aux frais du délinquant jusqu'à dégoût réel du tabac, s'il voulait retrouver son rôle parental. En cas de récidive, le parent était décu de ses droits parentaux pour de bon.
Si ça arrivait aux deux parents, l'enfant devenait adoptable, ou libre (ça, c'était une autre nouveauté du droit familial) s'il réussisait un examen de capacité.
En effet, de même que l'obligation scolaire cessait en fonction du niveau atteint, et non de l'âge, la majorité pouvait être obtenue sur examen d'instruction civique et de gestion d'un budget personnel, sans considération d'âge.
L'ELR n'avait absolument "rien à cirer" du lobby des buralistes ou autres: "les marchands d'absynthe aussi avaient dû se réadapter, et pourtant ça faisait beaucoup moins de victimes que le tabac". La vente des susbtituts nicotiniques et les jeux à gratter faisaient qu'ils étaient loin d'être dans la misère, de toute façon, tandis que des fumeurs persistants et aisés continuaient à acheter leur "cancer à crédit" au prix fort: moins de paquets vendus, mais rapportant beaucoup plus chacun, la marge des buralistes ayant augmentée aussi. Ils avaient réclamé la répression réelle du trafic aux frontières, qui était déjà dans les intentions de l'ELR, donc sur ce point ils étaient d'accord.
La population française avait baissé grâce à la "désimigration" prévue par l'ELR suite à la suppression des allocations familiales: l'ELR avait dit qu'il n'y aurait même pas besoin d'explusions, que "dès que l'on débrancherait l'électroaimant familial cette limaille retomberait toute seule d'où elle venait". Ce qui s'était effectivement produit: "venir pondre pour toucher les allocs", ça ne servait désormais à rien, sauf à avoir plus de frais quotidiens que sans enfants, donc ce n'était plus viable. D'où émigration vers d'autres destinations. Y compris pour certaines familles "de souche" qui avaient profité du même système jusqu'alors. On vit quantité de breaks, monospaces et camionnettes surchargées prendre la route vers le Sud et s'embarquer pour des pays où la vie était moins chère. Le coût de la vie en France avait baissé, grâce aux mesures ELR, mais la suppression de tous les avantages familiaux, y compris l'allocation logement pour plus d'une personne, etc, imposait de chercher un pays nettement moins cher. Les immigrés qui vivaient de leur travail ou de placements sans avoir besoin des allocations restèrent: le tri s'était fait tout seul, entre "assimilés" et "parasistes sociaux", selon l'ELR. Le regroupement familial fonctionnait désormais uniquement dans le sens des sorties, et non des entrées (trop chères). De plus les employeurs de clandestins étaient enfin traqués, grâce à une mesure poussant leurs employés à les dénoncer: quand un employeur était pris sur dénonciation (après vérification), le premier à l'avoir dénoncé obtenait une carte de séjour légale de deux ans, gratuitement, ce qui avait pour effet d'inverser le sens de la peur: au lieu d'avoir peur de dénoncer et d'être expulsé, le clandestin y avait tout intérêt, et le plus vite possible, car c'était la première délation qui était ainsi récompensée.
Ceci tua très vite le travail clandestin (sauf individuel), d'autant plus que la suppression des charges sociales avait déjà tué le travail salarié au noir: un employé au noir coûtait plus cher que déclaré, puisqu'on ne pouvait pas le déduire du résultat imposable. Sauf si on le sous-payait fortement, comme cela avait été le cas des clandestins en leur facturant "à mort" l'hébergement leur permettant d'échapper aux contrôles. Fini, ça, avec la prime à la délation.
Le secteur du BTP, déjà frappé par les restrictions fortes aux permis de construire, à la taxation plus importante du neuf que de l'ancien, etc, était l'un des plus gros fraudeur aux Assedics et un des plus gros employeur de clandestin. L'ELR estimait qu'il avait jusqu'alors pesé de tout son poids pour éviter le passage à la TVA sociale, car contrairement aux charges sociales, il n'y avait pas moyen de la frauder sur des produits immobiliers: ça ne pouvait pas s'écouler en douce comme des magnétoscopes de contrebande.
Nombre d'entreprises de BTP jusqu'alors carressées dans le sens du poil par les gouvernements antérieurs (d'où les affaires ayant torpillé en public les grands partis de gouvernements au profit de l'ELR) coulèrent ce qui donna de l'air à celles qui n'avaient pas bénéficié de ses largesses.
De l'ordre fut également mis dans la gabegie médicale: suppression des remboursements de psychotropes, sauf pour les cas réellement graves (3% des prescriptions antérieures...), des cures thermales (un séjour dans un club de vacances non thermal ayant le même effet), baisse considérable des gaspillages en milieu hospitalier, baisse des tarifs de prothèses dentaires, des lunettes (fabrication par l'Etat à coût réel pour forcer les occulistes à diviser leurs marges par dix), des consultations médicales, suppression du "numerus clausus" pour créer de la concurrence et confirmer ainsi la baisse des prix, non prise en charge des problèmes déclenchés par un comportement délibérément choisi par le patient (il y avait déjà des clauses de ce genre, mais elles étaient peu appliquées: on ne remboursait pas l'effacement au laser des tatouages, mais on remboursait le cancer du poumon d'un fumeur, ô combien plus coûteux) ce qui fit une économie énorme et contribua fortement à la chute du tabagisme: voir des gens ruinés par les traitements réduits à cracher leurs poumons sur le trottoir était plus parlant que n'importe quelle campagne anti-tabac. Jusqu'alors, on ne montait pas cela au public...
Il y avait une enquête (vu l'importance des sommes en jeu, c'était très rentable) pour déterminer si le malade avait été un fumeur actif. On pouvait souvent distinguer l'actif du passif par les examens médicaux, mais pas toujours, d'où l'enquête policière des inspecteurs des fraudes à la Sécurité Sociale (tabagisme non déclaré) à la recherche des preuves d'un tabagisme actif.
En cas de tabagisme passif, en particulier en entreprise ou en famille, la facture serait présentée aux enfumeurs: pollueur payeur, comme pour l'amiante.
La grossesse était elle aussi une modification volontaire de l'état physiologique, les accouchements n'étaient plus pris en charge par la Sécurité Sociale, ce qui rendait les naissances coûteuses pour les parents, en plus de la suppression de toutes les aides financières antérieures. La stérilité n'étant pas un problème de santé (ça ne nuisait en rien à la vie physique de la patiente) tout financement public des FIV et autres fut supprimé. Ces méthodes n'étaient pas interdites, mais entièrement aux frais du patient. En échange de quoi l'opération de la myopie (car, ça, c'était un handicap fonctionnel dont le porteur n'était pas responsable) était désormais prise en charge à 100% à condition de ne la faire qu'après la fin de la croissance. Les dispensaires dentaires d'Etat faisaient enfin des implants dentaires, à un prix imbattable... et gratuit pour les patients en ayant besoin. Les bridges, eux, n'étaient plus du tout pris en charge, cette technique accélérant l'édentation, contrairement aux implants en titane dans la mâchoire.
L'orthodontie n'agissant que sur les dents n'étaient plus remboursée: il fallait une opération préalable de la mâchoire pour que ce fût pris en charge au tarif "dispensaire". La Sécu remboursait déjà l'opération des oreilles décollées, or ce qui se voyait presque autant, c'était un nez mal fait. Un logiciel déterminait le taux de prise en charge de l'opération du nez selon son taux de déformation: en effet, le coût était à peu près le même que l'on ait un peu ou beaucoup à redresser, et il fallait donner priorité aux gens qui avaient beaucoup à redresser: bosse bien visible, ou nez franchement courbe, tombant, etc. Prise en charge des traitements antihormonaux (et uniquement ceux-là) contre l'acné et la chute de cheveux, car ces maladies dermatologiques étaient les signes extérieurs d'une prédisposition à des problèmes cardiovasculaires sérieux (et coûteux car rarement mortels "du premier coup"). Soit par médicaments (prise en charge partielle) soit par implantation d'un petit boitier électronique inhibant la production hormonale dès qu'elle dépassait le seuil autorisé. On parla de "castration électronique", mais ce n'était pas ça. La castration électronique était à l'essai pour les violeurs, et agissait autrement: en plus de l'effet inhibiteur (à fond) de production d'androgènes, elle brouillait les nerfs responsables de l'érection (supprimer les hormones ne supprimait pas l'érection: ça diminuait juste la tendance à en avoir), garantissant une impuissance totale. Cela diminuait aussi la sensibilité de la verge, via d'autres nerfs: ni plus ni moins sensible qu'un doigt. Accumulateur fonctionnant plus de six mois, rechargeable par induction, télécommande cryptée de l'extérieur permettant aux responsables du suivi médical de vérifier le système (qui avait une "boite noire" mémorisant tout ce qu'il avait pu mesurer depuis le dernier contrôle): on ne pouvait pas mettre un policier en permanence derrière ce type d'individu pour vérifier qu'il prenait ses cachets, alors que la combinaison de la castration électronique (qui restait désactivable en cas d'erreur judiciaire: là était l'argument) et du bracelet électronique de localisation assuraient à peu de frais une neutralisation et une surveillance efficaces. Le régulateur hormonal (servant aussi à lutter contre les règles douloureuses, qui étaient statistiquement signe de prédisposition aux cancers féminins) avait une action plus simple (pas sur les nerfs, ni les surrénales) se contenant d'empêcher les surdosages hormonaux.
Parallèlement, s'agissant d'organes génitaux, la loi interdisait désormais formellement la circoncision et l'excision sur enfants mineurs, même sous "prétexte médical": les vrais phymosis étaient très rares et ne nécessitaient qu'une rupture chirugicale des fibres: pas une mise à nu du gland. Le port trop prolongé de couches trop absorbantes (donc non "pédagogiques") était l'une des causes principales, car elles empêchaient le petit de se tripoter... donc de maintenir la souplesse de l'étui. Le retour au couches lavables, par forte taxation des couches jetables, allait résoudre ce problème. "Les religons ou cultures qui imposent des mutilations rituelles à vie à des enfants incapables de se défendre ni de choisir doivent y renoncer ou disparaître du sol français. Depuis l'Occupation, certains rabbins ne préconisent plus la circoncision. Les imams n'ont qu'à suivre l'exemple et la remplacer par une cérémonie non mutilante".
La dentisterie et l'optique ayant toujours été les points noirs de la médecine française et plus encore de leur (non) prise en charge, cela allait au total faire bien plus de soulagés que l'accouchement payant n'allaient en mécontenter: on n'accouchait pas tous les jours, alors que les problèmes dentaires (surtout chez les personnes âgées, part importante de l'électorat) étaient ressentis au quotidien, idem pour la myopie, les problèmes dermatologiques. Les économies énormes faites sur d'autres portes (en particulier la non prise en charge des cancers des fumeurs actifs prouvés, mais aussi de l'obstétrique, vu le nombre de cas par an) finançaient largement cela.
Dégazages en mer: prison ferme dans tous les cas et confiscation du navire en tant qu'instrument d'une attaque terroriste à l'arme chimique: c'était considéré comme un acte de guerre, donc exclu des conventions maritimes civiles. Poursuites possibles dans les eaux internationales: "il fallait bien que notre si coûteuse marine nationale serve enfin à quelque chose de concret..." avait dit le ministère de la Défense, qui était chargé de la lutte contre ces pollutions volontaires.
C'était au Québec qu'Aymrald avait rencontré le premier ordinateur portable "AK48" russe quadriprocesseur à mémoire réellement permanente, qui coûtait l'équivalent de 4000F (on avait aucun portable digne de ce nom à ce prix-là à l'époque), avec 128Mo de mémoire rapide (contre 48 ou 32 sur une machine "de table" de bas de gamme de l'époque) doublée de 512Mo de mémoire permanence à micro-tores ferritiques microtissés: une technologie des années 50 ammenées à l'échelle des années 90 tout en conservant ses atouts: rémanence de l'information, solidité (le substrat étant souple. La mémoire était roulée comme une pile pour gagner de la place) tout en ayant l'immédiateté de disponibilité en tout point qu'un disque dur ne pouvait pas fournir. Un quart de cette mémoire servait à copier la mémoire volatile (plus rapide) à l'extinction, ceci via un bus 128 bits (chaque coprocesseur travaillant sur 32 bits sur son propre bus). Le système en ROM était une variante russe d'un Linux, embarquant en ROM non seulement un compilateur C et ses librairies, mais aussi un système à simulation de réseaux neuronaux permettant la reconnaissance vocale dans un grand nombre de langues après rôdage par l'utilisateur. Lecteur/graveur de disque mémoire de série, mais n'utilisant pas les CDR ou CDRW classique, pour en éviter les brevets encore en cours: il s'agissait de disques optoélectrochimiques lus et écrits par transparence, après application d'une tension d'effacement ou d'écriture entre ses faces pendant le travail du faisceau: une passe pour faire les "0", une autre pour les "1", sur la même piste. Ceci plus vite et avec moins de puissance (s'agissait d'un procédé dérivée de photographie, mais électroréversible. En absence de tension entre les faces, la pellicule ne réagissait pas à la lumière, ce qui permettait la lecture sans altération) que les CDRW d'alors: c'était équivalent à du "14x" en écriture (deux passes) et "28x" en lecture (une seule passe, sans tension de polarisation) le réseau conducteur des faces était fait de stries métalliques circulaires passant entre les pistes, invisible à l'oeil nu, reliées par quatre rayons qui servaient aussi à la synchronisation optique en rotation. L'inconvénient du procédé était que l'on ne pouvait rien imprimer ni coller dessus, la lecture étant par transparence. Ces disques étaient plus petits (9cm, dont 8 utiles: le bord était un cerclage métallique conducteur) et contenaient un peu moins: 522K au lieu de 650, ce qui traduisait une densité d'information un peu plus élevée, le procédé photographique le permettant. Ceci simplifait aussi la production de supports non inscriptibles: par photocontact "au kilomètre" sur une bande continue découpée et cerclée ensuite, comme la production en série des diapositives touristiques.
Le premier quadriprocesseur grand public de l'histoire de la micro-informatique (il y avait eu quelques précédents dans les années 80, comme les systèmes à "transputers", mais qui n'avaient jamais atteint le stade commercial grand public) cachait sous cette dénomination flatteuse des puces RISC ex-soviétiques un peu lentes une par une, malgré l'amélioration des procédés de gravure entretemps, en échange de quoi il n'y avait aucun besoin de "mémoire cache" car la mémoire vive de masse pouvait suivre. Ce qui restait le cas avec quatre ou même 65536 coprocesseurs. Ce n'était donc pas la "Lada du micro-ordinateur", comme on l'avait surnommé au début: c'était une machine qui avait des performances supérieures au "tout venant" américano-asiatique d'alors dès que le programme était parallélisable, car alors on disposait de l'équivalent de quatre Pentium 100. Le graphisme 3D était grâce à cela de bon niveau. Parmi les logiciels offerts (sur supports optiques passifs) avec la machine, un jeu d'échecs aux performances redoutables (il fallait s'y attendre de la part des Russes), tirant pleinement partie de l'architecture quadriprocesseur puisqu'il s'agissait d'explorer en concurrence des arbres d'analyse de coups différents. AK48 faisait bien sûr allusion à la Kalashnikov (+1), l'AK48 étant vendu comme pas cher, efficace et robuste, avec l'espoir de devenir aussi "urbi et orbi" que la mitraillette soviétique. Des assocations de consommateurs ayant fait quelques tests de ce genre s'étaient aperçue que l'AK48 pouvait tomber d'une table sur du carrelage (même sur un angle de l'écran) ou recevoir du thé bouillant (goût russe) sur son clavier sans perturber son fonctionnement.
On retrouvait certains composants de l'AK48 à bord du Minilog, plus ceux destinés aux télécommunications et à la fonction "fax différé" à mémoire réellement permanente. L'AK48 utilisait des mêmes leviers de navitation de de jeux (qui se repliaient chacun au bord du clavier) au lieu d'une souris (mais on pouvait aussi en brancher une, pour ne pas se priver du marché des adorateurs de cette bestiole). Le pari d'un système à base de Linux (à la russe) dans une machine grand public supposait de livrer du même coup tous les logiciels usuels remplaçant ceux que l'on s'attendait à trouver dans un PC où à pouvoir y ajouter facilement.
Le lecteur de CD classique était en option, et externe: l'AK48 était une machine fermée, scellée, même, pour raison de faibilité: sa carte mère baignait dans l'huile dans un noyau en inox rainuré, à l'intérieur de sa coque en plastique, pour se passer de tout refroidissement bruyant et source de pénétration de poussière ou d'humidité dans les entrailles. L'AK48 pouvait grâce à cela fonctionner sous la douche, à condition de ne pas agir sur le lecteur de disquettes à ce moment (mais ça n'aurait noyé que cet organe). Contrairement aux systèmes Linux usuels (mais fort peu diffusés, à l'époque) celui de l'AK48 n'était pas recompilable puisqu'il était en ROM. Seuls les "pilotes" non prévus d'origine étaient stockés dans la mémoire statique: il n'y avait pas de disque dur, d'où la solidité et l'immédiateté de démarrage de la machine. 512Mo c'était peu, même pour 1997 (on avait plus d'1Go dans les bas de gamme concurrents, mais pour bien plus cher...) mais la possibiilté de brancher l'enregistreur de disques opto-électro-chimique (DOEC en français) simplifait les sauvegardes et rechargement par rapport à devoir le faire sur disquettes ou disques amovibles de type "ZIP" (coûteux). Le Minilog avait un disque dur de 1,7 Go démarrant en cas de besoin.
L'AK48 fit une partie de sa carrière comme super-console de jeu portative: quitte à n'être compatible avec rien (c'était un système Linux donc proche d'Unix, mais avec des processeurs exotiques donc ne pouvant pas faire tourner les logiciels concurrents) il y avait au moins ce marché-là, surtout avec la puissance disponible, l'indépendance par rapport à la télé et la quasi-gratuité de l'avalanche de jeux disponibles: 9F le "DOEC" plein à ras-bord.
C'était aussi un vrai ordinateur, mais plutôt pour mordus de programmation (il y avait un "C//", variante du C incluant des symboles et opérateurs pour gérer plus facilement le parallélisme) ou de création infographique, et d'autres part pour les simples utilisateurs "bureautiques" trouvant que c'était pratique, pas cher et que ça ne plantait jamais (l'absence de disque dur y contribuant, de même que les accumulateurs en cas de coupure secteur). Pas de virus "féroces" non plus, le système étant gravé en ROM.
Aux Etats-Unis, la machine avait été présentée comme "Les Russes attaquent", le rapport performances/prix étant redoutable, ainsi que la fiablité (AK avait évité le syndrôme "Tupolev 144"), même si l'utilisateur Windows ou Mac risquait d'être perdu dans cette variante d'Unix (plutôt élaguée, mais suffisante) et autres curiosités ex-soviétiques. La mémoire permanente mircotorique était présentée comme "issue de celles mises au point pour les satellites" (sans que l'on pût vérifier), de même que les DOEC. Les Russes avaient-ils inventé cela comme pellicule indéfiniment réutilisable pour permettre à leur satellites de prendre des photos haute définition (pas possibles avec les capteurs CCD de l'époque) puis les relire tranquillement par balaye façon bélino pour les transmettre au sol, sans que l'appareil se trouvât à cours de pellicule après un certain nombre de clichés? Possible. Si c'était le cas, sa mise dans une application grand public signifiait que les militaires russes avaient trouvé mieux entretemps.
Au Japon aussi l'AK48 inquiétait: AK donnait (ou presque) des jeux vidéos très musclés, exploitant à fond l'architecture quadriprocesseur, ce qui était un argument massue face à des consoles de jeux certes moins chères, mais ne pouvant pas servir de vrai ordinateur, n'ayant pas d'écran intégré (sauf les mini-consoles à mini-performances) et dont les jeux étaient payants. Fortement payants.
Cette fois-ci il ne s'agissait pas d'ex-Fiat des années 60 soviétisées et qui bien que bradées à l'exportation n'avaient pas convaincu par rapport à des Européennes d'occasion moins chères mais plus modernes. Il s'agissait d'une machine qui sans être supérieure en tous points à ses concurrentes offrait mieux, sur bien des points, pour moins cher à l'achat mais aussi à l'usage: logiciels et jeux au prix du support et sans limitation de recopie. De plus, c'était fiable.
Au retour d'Aymrald en France, il y avait l'AK49 dont la mémoire statique passait à 1Go, toujours quadriprocesseur mais 25% plus rapide. Le 48 en bénéficait d'ailleurs aussi (l'ancienne version du RVR64 n'étant pas moins chère à produire), tout en gardant la mémoire statique (tenant lieu de disque dur sans les inconvénients) d'un demi-giga. L'AK49 avait le lecteur/enregistreur de DOEC intégré de série, en échange d'un prix TTC de 5240F. Oui, car avec la TVA sociale, tout ce qui était matériel importé était autrement plus cher qu'avant, tandis que les produits nationaux avaient baissé puisque délestés des charges sociales, désormais étalées aussi sur les importations.
Aymrald passa des vacances d'été (vacances par rapport à BFR) à tourner pour VTP dans "Cap sur Mars", téléfilm pilote (de trois heures) d'une nouvelle série télévisée. Il garda sa coiffure "Aymrald et quelques" à une égalisation près, en guidant tout ceci par un serre-tête vert transparent. "Dans le futur, ça se fera", lui avait dit VTP. Les vêtements étaient d'inspiration manga en plus sobre, avec en même temps une allusion aux pyjamas de Star Trek (mais en moins sobre). Ce personnage "Oleg" lui plut, bien qu'il fût censé abuser de la vodka. Là aussi, la totalité du brouillon virtuel était déjà disponible avant la première heure de tournage réel, l'entraînement consistant à confier à chacun des copies d'entraînement des scènes dans lesquelles ils jouerait. Stéphane avait une version simplifiée de la machinerie Dimitrief (mêmes formes mais aspect simplifié) pour s'entraîner à se glisser et contorsionner dedans. Il imitait les gestes, attitudes, expressions et le phrasé de son "avatar" virtuel, ce qui remplaçant avantageusement des consignes orales d'un réalisateur: VTP avait tout défini d'avance, il ne restait qu'à imiter aussi fidèlement que possible, en s'entraînant hors tournage de façon à ce que ce fût bon (pour tous) en très peu de prises, lors du tournage réel.
Au vent du large avait été un succès mais avait coûté bien trop cher pour une production VTP, selon la direction: ça avait rapporté à peu près le triple d'un "sitcom" d'Adeline, mais ça avait coûté huit fois plus cher de l'heure, et ceci bien qu'il n'y eut pas des régates dans tous les épisodes, surtout l'hiver. On allait donc revenir à du "hors sol", mais beaucoup plus original qu'un sitcom: une série de science-fiction (rareté, dans la production française) mettant en jeu une compétition de la Terre à Mars entre deux équipages dans deux vaisseaux de technologies de moteurs gravitationnels différentes: monorotor triphasé à tubes à résonnances Kadetatsu d'un côté, rouble rotor contrarotatif pentaphasé à alignement direct Dimitriev de l'autre côté. C'était joué "sérieusement". Erwann était à bord de la machine à rotors Dimitriev qui connaissait elle aussi nombre de pannes, en plus du fait que ce système ne supportait pas les sous-régimes: "une fois lancé il faut rester à fond tout le temps, sinon l'alignement entre en résonnance et on risque de casser l'arbre", avait expliqué le constructeur au départ. La technologie Kadetatsu consistait, elle, à exploiter les résonnances en question pour fournir de la puissance supplémentaire, mais c'était encore plus capricieux à règler. Le scénario lui plut: comme un voyage spatial en Audi 100... Il y jouait un jeune ingénieur russe (il n'y avait pas que des Russes à bord de ce vaisseau, et un seul "japonais" (joué par un Chinois de chez VTP, en fait) dans l'autre) chargé de rafistoler tant bien que mal la machine Dimitriev (rôle d'ingénieur de salle des machines confié à un véritable ingénieur, tant qu'à faire)... tout en buvant en cachette. Il y avait aussi quelque chose du "film de sous-marin" dans cette série, sauf que ce n'était pas une mission militaire mais une compétition sponsorisée par deux constructeurs se disputant le marché de la motorisation du futur transporteur Terre-Mars.
C'était joué avec un sérieux "statrekien", car c'étaient les situations qui pouvaient faire rire, les personnages restant sérieux (ce qui accentuait l'effet indirect). Oleg (Erwann) y avait toujours l'air embêté par les pannes de la machine Dimitriev et surtout le non-respect des consignes du constructeur par les pilotes: "non, on ne lève pas le pied quand il y a des météorites: on les évite ou on les dégomme au canon à protons. Mais on reste à fond, sinon c'est deux heures d'arrêt pour changer les roulements", les engueulait-il après avoir dû tout arrêter pour cette réparation. Quelque chose de la cannonière du Yang-Tse-Kyang (l'huile en moins) quand il fallait se glisser entre les satellites d'un des trains épicycloïdaux géants du système Dimitriev, avec les faux contacts réilluminant par instant les cristallites des rampes d'induction, ce qui causait des impulsions parasites tendant à faire tourner le mécanisme.
La nourriture était sous forme de poudres de couleur à dissoudre dans l'eau provenant du circuit de recyclage. Il n'y avait pas de filles dans le vaisseau à moteur Dimitriev (d'où la tendance à boire pour compenser, peut-être), il y en avait trois pour deux garçons dans l'autre.
Les vaisseaux avaient été construits à l'échelle réelle, avec le moteur gravitationnel occupant une part importante de la structure, mais pas de la même façon: le système triphasé à tubes Kadetatsu avait ses trois rampes de cristallites disposées radialement, continuant à l'extérieur de la coque et reliées par un cercle (ce qui évoquait le "magnétoporteur" du "Trio de l'Etrange", sauf que c'était dans l'espace, et sans rails magnétiques), tandis que le système à induction longitudinale Dimintriev avait deux fois cinq rampes, disposées longitudinalement à l'intérieur du vaisseau, ce qui était encombrant à bord (d'un bout à l'autre) mais les métait à l'abri des météorites et autres débis errants. Oleg devait escalader ceci pour aller bricoler dedans, or selon que le moteur tournait ou pas il y avait de la gravité ou non, et quand ça tournait sur un seul rotor (rafistolage provisoire) le vaisseau tournait (moins vite, heureusement) dans l'autre sens sur lui-même.
Raison pour laquelle les vaisseaux du tournage avaient dû être construits pour être manoeuvrés à l'intérieur de grands cerceaux "gyroscopes" et non simulés statiquement en studios. On pouvait les retourner en tous sens (ainsi que l'équipage et les caméras), les secouer (l'astrolabe géante était montée sur des verrins le permettant), et même les centrifuger sur place (pas trop vite, tout de même: la structure en fibre de verre et aluminium n'y aurait pas résisté).
Il y avait une réussite ethétique dans la conception des machines gravitationnelles, très différentes l'une de l'autre. Comme personne n'en avait construit en vrai, on n'allait pas leur dire "mais ce n'est pas comme ça", d'où la libertée de conception, tout en cherchant à faire "technique". Il y avait un côté julesvernien dans les entrecroisement de contreforts rivetés maintenant les paliers de la ligne d'arbre de la Dimitriev en prenant appuis sur les rampes inductrices qui servaient aussi d'élément de carcasse, dans cette machine: "ça fait gagner du poids". Oui, mais ça compliquait leur démontage quand elles claquaient. Toutefois, une machine pentaphasée pouvait encore tourner avec une ou deux rampes claquées (à condition qu'elles ne fussent pas consécutives), alors qu'en triphasé dès qu'une lâchait ça ne marchait plus. La luminescence verte et violette des cristallites inductrices contribuait à l'effet "SF" des prises de vue. La machine Kadetatsu, à rotor radial (large et plat) et tubes à résonnance avait une toute autre allure, même si l'on reconnaissait les matériaux en "micromatière" permettant de s'affranchir des problèmes relativistes. D'ailleurs au début, à propos de la vitesse de la lumière: "oui, et les mêmes disaient pour les premiers trains qu'à 40 km/h la compression de l'air tuerait les voyageurs en entrant dans un tunnel". Le principe étant que si l'on fabriquait de la gravité on repoussait les problèmes relativistes donc qu'il n'y avait pas à s'en soucier, contrairement à des moteurs non gravitationnels. Toutefois dans cette démo ils ne cherchaient pas à approcher la vitesse de la lumière: seuls des vaisseaux utilisant des moteurs beaucoup plus puissants développés à partir de la technologie gagnante (d'où la nécessité de bien choisir avant de se lancer dans de tels investissements) le feraient pour atteindre des planètes habitables siutées autour d'autres étoiles.
Le public voyait tout de suite que ça n'avait pas été tourné "à plat en studio avec juste des vues extérieures d'une petite maquette": on se sentait tout de suite "dedans", comme dans un bon film de sous-marin, de catastrophe aérienne ou certaines SF correctement faites.
Il n'y avait aucune romance entre personnages (on n'était pas dans un des sitcoms de VTP: ce "spacecom" n'en était pas une simple adaptation spatiale). Tout était écrit en russe, à bord du vaisseau Dimitrief, en japonais dans l'autre. Comme ça, c'était plus simple à exporter: on ne privilégiait aucune langue ouest-européenne. L'informatique de bord russe à bain d'huile (puisque l'AK48 utilisait ce procédé) connaissait parfois des fuites, tandis que côté japonais c'étaient les logiciels, et non le matériel, qui plantaient. Les uns passaient surtout du temps à bricoler, les autres à déboguer (mais l'inverse se produisait parfois).
Un peu de gore (inattendu, la prise de vue étant très propre, dans cette série) quand Oleg finissait par se faire broyer un bras dans la pignonerie: l'induction avait réenclenché (faux conctats) une fois de trop, au mauvais moment. On lui fabriquait une prothèse (comme dans "L'empire contre attaque") et il y retournait, en emportant cette fois un des ordinateurs portables hors d'usage comme parpaing pour bloquer le mécanisme "au cas où".
Le reste de l'équipage avait un rôle au moins aussi important: c'étaient eux qui faisaient les sorties "extravéhiculaires" en scaphandre pour réparer ce qui se détraquait dehors (micro-météorites, surtout).
Au 17ème épisode il se passait quelque chose relançant l'intérêt de la série et l'envoyant dans l'inconnu: les deux engins étaient déviés de leur trajectoire et téléportés sur une autre planète (pas du tout Mars) entièrement recouverte de glace (tournage dans une patinoire avec décor continué virtuellement d'une façon capable de tromper un téléspectateur attentif: le trucage virtuel suivait les perspectives et rotations, ce qu'un trompe-l'oeil autour de la patinoire n'aurait pas pu faire.
VTP utilisait déjà cela dans ses sitcoms pour simuler une maison (en studio) dans un vrai jardin, avec paysage non "obstrué": les prises de vues avaient été faites dans un terrain ne comportant pas la maison, ce qui permettait de filmer dans toutes les directions depuis son intérieur. Les caméras suivaient, sur place, les mouvements qu'allaient ensuite faire les même en studio, d'où une illusion fidèle d'ouverture sur l'extérieur, y compris le vent dans les arbres, un véhicule éventuel sur une route que l'on entrevoyait, des vaches dans un champ. Ceci sans déplacer toutes les équipes et le matériel de tournage, et en pouvant choisir la météo (il suffisait d'avoir filmé "en vrai" un autre jour) sans dépendre de celle du moment où la scène allait être jouée par les personnages. Le "fond vert" derrière les fenêtres ou les portes ouvertes était ensuite facilement replacé par la portion de paysage correspondante, quelque fût le mouvement de caméra du moment car le même avait servi à enregistrer ce paysage préalablement.
Ceci rendait les sitcoms de VTP moins "confinés", à l'image, contrairement à ce qui se faisait généralement ailleurs, tout en gardant un budget réduit.
Le procédé était au point depuis longtemps quand "Cap sur Mars" se retrouva sur la planète glacée inconnue: les tournages extérieurs étaient faits dans le grand nord canadien par la filiale de BFR où Aymrald avait travaillé. Les arbres étaient mauves au lieu de verts, par trucage infographique (même principe que pour changer la couleur des yeux d'un personnage).
C'était bien fait, avec des rebondissements, des personnages moins superficiels que ceux d'un sitcom, et ça avait coûté (contrairement aux apparences) nettement moins cher que "Au vent du large": une fois les vaisseaux et quelques décors construits, leur mise en oeuvre était bon marché. Cela aurait pu être trop scientifique pour le public des productions de VTP, trop VTP pour les vrais amateurs de SF, mais la plupart des uns ou des autres regardait la série, faute d'offre concurrente (y compris américaine: il n'y avait que des rediffs, ailleurs), au second degré pour les amateurs de SF.
Chez VTP, on reprocha aussi à Catherine (co-réalisatrice chargée des personnages, le réalisateur principal chargé du contexte et de l'ambiance étant un ingénieur ayant travaillé pour Tarsini, d'où l'esthétique insolite et grandiose des décors et de la machinerie) d'avoir repris trop de personnages de "Au vent du large", même si moins "brut de paquets de mer" que dans cette série. C'étaient les personnages les plus "VTP" d'Au vent du large que l'on retrouvait à bord des vaisseaux de "Cap sur Mars".
Il y eut quelques réussites à l'exportation de ce "pilote" de trois heures, comme la Suisse (inattendu) et les Etats-Unis, ce qui était encore plus inattendu: c'était une chaîne de télévision qui avait acheté la version déjà doublée en Irlande pour ce pays et l'Angleterre. Si ça avait marché aux Etats-Unis, c'était d'une part parce que les séries de VTP y étaient inconnues (donc leurs personnages aussi) et que le scénario était dépourvu de toutes les lourdeurs et "conventions" des séries américaines (ni Noir ni handicapé, ni, ni, dans les équipages, ni même de femme dans l'un d'eux, jamais d'allusions à une ex-femme (tous les personnages étant jeunes, célibataires et scientifiques de formation), à du base-ball, etc). Une petite chaîne cablée de la côte Est l'avait achetée, puis un diffuseur national, voyant que ça avait marché. Succès de curiosité (jamais une série télévisée française n'avait été diffusée nationalement là-bas, et moins encore de la SF étrangère, sauf anglaise), mais pas uniquement car par la suite toute la "saison" (54 épisodes tournés en trois mois, et pas 24 par an comme habituellement aux USA) fut achetée. Aucun des personnages de la série n'était censé être américain, mais aucun, non plus, français: il y avait un Suisse, mais ce n'était pas pareil.
L'explication était plus simple: VTP était 18 fois moins cher, à l'épisode, que la concurrence américaine (surtout pour de la SF). Un diffuseur ayant besoin de remplir une case de "moyenne audiance" avaient donc essayé cette série dont l'originalité pouvait attirer les curieux et le charme visuel des personnages (VTP savait trier: encore plus que la moyenne des séries américaines) fidéliser des fans, d'autant plus que le scénario ne les utilisait pas "pour ça". D'où l'achat des 54 épisodes pour diffusion nationale en "access prime time", comme on disait là-bas: le rapport investissement/retour publicitaire passait avant toute considération xénophobe (et en particulier francophobe) habituelle des médias américains. Cela prouvait aussi que contrairement au prétexte habituellement invoqué pour ne diffuser les films étrangers qu'en VO sous-titrée, d'où un public microscopique, le public n'avait rien contre les séries doublées: la version déjà doublée par les Irlandais les avait conquis telle que, même si l'accent irlandais n'était pas l'accent américain, tout en étant moins exotique pour eux que l'accent anglais d'Oxford.
Un magazine ayant déjà prévu de faire d'autres reportages en Europe sur d'autres sujets pris rendez-vous avec VTP pour interviewer quelques personnages de la série (interview dont la version filmée était pré-vendue au diffuseur américain de "Cap sur Mars") à bord des vaisseaux du tournage (tant qu'à venir sur place), ce qui eût lieu. "Erwann d'Ambert" se retrouva ainsi en couverture d'un magazine télé américain à grand tirage, avec son regard "de chat guettant sa proie" (commentait ensuite la journaliste dans l'article) histoire d'afficher quelqu'un qui ne l'avait jamais été jusqu'à présent, qui pouvait susciter la curiosité positive dans un étal de journeaux et qu'une partie du public connaissait: le public de cette série. Il y avait aussi Solgerd, la Suédoise (Pernilla d'Au vent du large) de l'autre vaisseau, interviewée dans le sien, et un peu plus rapidement les dix autres, mais c'était Aymrald qui était sur la couverture annonçant l'article sur "Cap sur Mars" sur huit pages à l'intérieur, interview exclusive (pour les Etats-Unis) des personnages de la série. Des photos montraient aussi le mécanisme gargantuesque (et travaillé esthétiquement, lui aussi) manipulant de l'extérieur les vaisseaux. Pour les prises de vue externes, le vaisseau était suspendu à les câbles noir mat, hors de ce mécanisme. Certes, il y avait déjà eu des choses de ce genre (voire bien plus chères) dans des surproductions américaines, mais jamais dans une série aussi peu chère (surtout à l'échelle financière américaine).
Le reportage vidéo ne montrait pas cela (pas avant la fin de la série), se contentant des interviews des équipages de l'intérieur des vaisseaux.
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Le tout TVA avait induit un redressement spectaculaire de la balance commerciale et commençait à résorber du chômage malgré les faillites dans le BTP (où le taux élevé de travail au noir voire clandestin n'avait pas été comptabilité en chômage en disparaissant, fort logiquement) et l'absence de recrutements dans le secteur public: les départs en retraites n'étaient pas remplacés, car ne libérant pas de ressources: "ce qui fait une économie, ce n'est pas quand un fonctionnaire part en retraite, mais quand ce retraité meurt". Ceci bien que le système de calcul ait été aligné sur le privé, avec en particulier le calcul sur toute la carrière, au lieu des six derniers mois: ceci rendait sans effet les "promotions de complaisance" accordées six mois avant la retraite. En échange de quoi il n'y avait plus un nombre rigide d'annuités à faire: ça dépendait uniquement de l'âge de départ et du volume total cotisé (que l'on ait travaillé peu d'années en gagnant beaucoup ou beaucoup en gagnant peu), comme dans les systèmes en "points". C'était en fait de points qu'il s'agissait, la valeur du point dépendant des recettes disponibles, de sorte que le régime (unique, désormais) n'était jamais déficitaire: il payait ce qu'il pouvait, au delà d'un seuil "minimum vieillesse" attribué sans conditions de ressources. Les cotisations ayant été abolies depuis la TVA sociale, le nouveau système fonctionnerait par capitalisation personnelle garantie par l'Etat (pour éviter les risques inhérents aux capitalisations d'entreprises, comme cela s'était vu aux Etats-Unis), le paiement de l'ancien étant assuré par la TVA sociale et non des charges sociales.
Le PIB français avait baissé de 3% par baisse de la consommation, ce dont l'ELR se félicitait car le PIB mesurait surtout les gaspillages (en particulier un moteur d'auto continuant à tourner pour rien au feu rouge générait du PIB comptable alors qu'elle appauvrissait indiscutablement le pays). Ce qui comptait, c'était le PNN, Produit National Net: non seulement il intégrait la balance commerciales (comme le PNB), mais surtout il comptait toute consommation (au sens strict: produit détruit par son utilisation) comme une perte: c'était ce que faisait toute entreprise ou tout particulier, et l'ELR affirmait qu'il était absurde de raisonner autrement pour une nation. La suppression du crédit à la consommation et le départ massif des gens vivant essentiellement d'allocations familiales avait eu un effet déflationniste, donnant du pouvoir d'achat aux gens (surtout sans enfants, mais aussi avec un ou deux, en fait). Le tout TVA n'était pas inflationniste puisqu'il déplaçait l'impôt (les anciennes charges sociales) sans l'augmenter.
L'effet déflationiste le plus spectaculaire, dès l'été 1997, avait été l'effondrement de la spéculation immobilière: d'une part, la taxation à 100% (et de moins en moins à long terme) des plus-values la dissuadait à court terme, d'autre part la suppression de tous les avantages familiaux inverserait la loi de l'offre et de la demande de logements à moyen et surtout long terme: l'effondrement des prix était certain, d'où une ruée de ventes avant que cela ne se produisit: avant l'entrée en vigueur de la taxation des plus-values à court terme, et avant l'effondrement prévisible... à cause de ces ventes.
Dans certaines villes, le prix du mètre carré habitable était retombé en dessous de son cours de la fin des années 70, sans correction de l'inflation (donc encore plus avec). Les loyers s'effrondraient donc de même. C'était là-dessus que l'ELR avait tablé pour donner du pouvoir d'achat "gratuit" (sans coût pour l'économie) aux gens: la baisse du "surcoût" du logement. Les grand perdants étaient ceux qui avaient acheté recemment: certes, ils étaient logés, mais ils regrettaient d'avoir emprunté au lieu d'être restés locataires et d'acheter après la chute des cours. Toutefois il y avait plus de gagnants que de perdants parmi les électeurs (et pas uniquement les jeunes), donc l'ELR en sortirait renforcée.
La baisse de la natalité n'avait pas encore eu lieu (les naissances jusqu'en mars 1998 dateraient d'avant l'ELR) mais le nombre de grossesses démarées chutait tandis qu'il y avait une vague d'avortements spectaculaire, ce qui apportait de l'eau au moulin des ELR qui avaient affirmé qu'en France, 40% des enfants étaient conçus uniquement par appât du gain: il suffisait selon eux de comparer avec des voisins n'ayant pas de subventions "hypernatalistes" pour le vérifier: Allemagne, Italie, Espagne, qui avait rejeté le natalisme en même temps que les dictatures qui l'avaient glorifié comme source de chair à canons. L'ELR disait "on est enfin sorti du pétainisme familial". Suppression de tout financement public (national ou local) des crèches ou garderies: la mise en crèche était une négligeance parentale à combattre. Sur ce plan, la France s'inspirait du modèle allemand: "quand on fait des enfants on doit s'en occuper, et on ne demande rien à l'Etat pour ça", ce qui prédisait une natalité à l'allemande, voire moins, car il y avait le pari d'un échec de l'ELR aux prochaines législatives donc autant attendre cinq ans avant de faire les enfants prévus: une partie de ces nombreuses grossesses en moins était constituée de tels reports par calcul financier. Cumuler deux emplois hors domicile à plein temps donnait lieu à une taxation à 50% (au lieu de 20%) des revenus, "taxe sur l'abandon de famille", ce qui dissuada fortement le cumul des emplois. Cette taxe n'existait pas quand il s'agissait de deux mi-temps, et n'était que de 33% au lieu des 20% "de base" pour un plein temps et un mi-temps hors de chez soi. Les congés maternité devenaient obligatoires, et presque sans solde: revenu de remplacement plafonné à 25% du Smic, soit moins que le RMI. Le but était de favoriser l'allaitement naturel, comme la TVA "plein pot" sur les laits maternisés, les biberons et tout ce qui était jetable: lingettes, couches non lavables... D'où retour aux couches lavables et au sein, ce dernier évitant beaucoup de problèmes de santé: un grand nombre d'allergies et les malformations maxilo-faciales, en plus d'être gratuit, de diminuer le risque de cancer du sein et de donner le lait le mieux adapté au bébé. Un bébé était propre plus vite (souvent avant six mois) avec des couches lavables, d'où un gain précieux pour les apprentissages en général.
Faire bien moins d'enfants pour mieux s'occuper d'eux: là était la priorité de l'ELR en matière de politique familiale.

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