vendredi 10 avril 2009

chapitre N-1

##N-1
. Chez VTP22, Erwann avait retrouvé nombre de gens qu'il connaissait mais pas Vittorio. Ce dernier était parti vivre en Suède avec Kirsten, une des ex-doublures des Småprat, et ne tournerait rien de plus cette année ni peut-être en 2007: il n'avait pas dit qu'il arrêtait définitivement ce métier, mais qu'il prenait "une année voire plus", ce dont il avait informé VTP avant d'être inscrit "pour de bon" dans certaines productions futures. Erwann considérait que Vittorio était un bon "paratonnerre" médiatique, puisqu'il intéressait plus les médias que lui, certains de ses rôles étant plus "osés" et bien que n'ayant lui non plus jamais donné d'infos sur sa vie privée on lui en supposait une moins linéaire que celle (elle aussi supposée) de l'acteur franco-finlandais. VTP disposait de quelques Emilianiens ayant suivi les traces de Vittorio (au point de vue rôles) donc pouvant le remplacer, en plus de lui ressembler (en particulier Fabrizio) de même que Viljami (ou parfois Knut) pouvait jouer des rôles "erwandambertiens".
. Hillevi lui demanda s'il pouvait imaginer partir vivre en Suède avec elle sans faire de cinéma pendant un an. Erwann répondit qu'il ne s'imaginait pas vivre avec quelqu'un d'autre que son chat: "rencontrer, fréquenter, oui, mais cohabiter non". Il ajouta qu'il aimait visiter la Suède mais préfèrait habiter en Finlande, pays qu'Hillevi (qui avait déjà joué dans des productions de VTPSF) trouvait ennuyeux. Quant au cinéma, il pensait qu'il aurait pu ne pas y jouer pendant un an, mais sans cesser de participer techniquement à la robotique et autres trucages des films, car c'était (en pourcentage de l'emploi du temps) son métier principal, et dans quelques années le seul lorsque VTP n'utiliserait plus du tout d'acteurs vivants, de façon à disposer de la même liberté de création et gestion de personnages qu'en bande dessinée. C'était déjà le cas de certains rôles des productions maison.

. Erwann repensa à Alvéole 75, dont le tournage (par petites sessions) s'était étalé sur 17 mois. Ce film étrange et spectaculaire (Paris emboité dans une cellule à répétition infinie) avait fait 216 millions d'entrées, la dernière fois qu'il avait vérifié. Pas un score à la hauteur des moyens mis en oeuvre, si on comparait à certains autres grands succès moins coûteux à post-produire mais énorme tout de même: "La statue de Dorian Gray" (là aussi avec de nombreuses simulations de Paris, à cause de la traversée des décénies) avait démarré plus vite, mais n'avait pas eu la même "endurance de fréquentation" mondiale donc n'en était pas encore à cent millions. De très gros scores, dans l'absolu, mais VTP avait pris depuis longtemps l'habitude des nombres à neuf chiffres. Allumerait-on un jour le dixième? Il y avait bien plus d'action dans "Alvéole 75" que dans "La statue de Dorian Gray" (qui pour autant n'avait rien de lent): ceci pouvait expliquer cela, ainsi que le thème inédit, même si on pouvait penser aux "fourmis de l'Ombre Jaune" pour le thème de l'isolation totale de la capitale. Des gens qui n'avaient pas vu "La statue de Dorian Gray" pensaient qu'il jouait ce personnage, d'autre que c'était Jarkko, alors qu'en réalité l'acteur n'existait pas et n'était un sosie ni de l'un ni de l'autre. Ce n'était pas le seul rôle qui lui était parfois supposé à tort, y compris par des spectateurs ayant vu le film mais s'en souvenant mal parce qu'en ayant vu beaucoup d'autres, surtout si c'étaient des "Kerfilm".

. Il apprit qu'Emiliano jouait un des rôles principaux d'un grand téléfilm (4 heures) de HF dont le titre n'était pas encore choisi. Ce n'était pas la première fois qu'il jouait de la HF, mais jusqu'alors seulement comme rôle annexe. Emiliano, caparaçonné de cuir et de métal, éclaboussé de sang et de tripes, regard "rayon de la mort", épée d'1m40 en mains, quelques longues cicatrices ça et là: visuellement, très bien, gestuellement à la hauteur (il s'était beaucoup entraîné, y compris chez lui) mais le public l'ayant trop vu (3842 épisodes, dans ses diverses séries) trop longtemps dans trop de niaiseries ne pouvait s'empêcher de sourire. Etait-ce l'effet secondaire recherché par VTP? La HF demandait probablement plus de "sérieux" que le péplum, puisque la reconversion de Vittorio avait semblé plus "crédible" en partant du même type de CV.

. VTP avait récupéré (et avait même réussi à se faire payer 11 millions d'euros pour cela) début 2006 le Clémenceau (et aussi obtenu l'autorisation de garder ce nom, ce qui n'était généralement pas le cas des bâtiments militaires réformés), parce qu'en collaboration avec Kermanac'h une robotique de désamiantage sans intervention humaine avait pu être mise au point: ce qui était friable ou risquait de le devenir était découpé et aspiré, ce qui pouvait être "confit" sur place (par une résine à longue durée de vie, surtout que dans cette structure, elle ne serait pas exposée au soleil ni aux intempéries) le serait aussi. Toutes les autres solutions envisagées (Inde, etc) coûtaient plus que ne rapportaient la vente de la ferraille. Ce navire allait servir à la fois de décor (actif) aux productions en ayant l'usage (dont une série télévisée "années 60" avec Etendards, etc, style "Les chevaliers du ciel", mais avec un autre titre puisque déjà pris) et de studios de tournages flottants, car il y avait beaucoup de place à bord puisque l'on n'allait pas y entreposer tant d'avions, de pièces de rechange ni de carburant que jadis. Enfin, le navire serait parfois utilisé comme hôtel flottant, avec casino hors des eaux territoriales donc entièrement détaxé. La marine était favorable à cette solution, car le Clémenceau ne serait ni détruit ni même changé d'aspect (juste remis à neuf d'apparence) puisque nombre de tournages en auraient l'usage ainsi. La motorisation serait réinstallée avec des groupes turbogénérateurs alimentés à l'huile végétale brute et des "pods" électriques (ça, c'était sous l'eau, donc peu imporait que cela changeât l'aspect). Des éoliennes pourraient être déployées en hauteur quand VTP n'aurait pas besoin de filmer le porte-avions.

. VTP avait supposé que la marine avait correctement entretenu ce "bâtiment" au moins jusqu'à son désarmement, en fait ce n'était pas tout à fait le cas. Il y avait de la corrosion non traitée (juste repeinte avec un vague antirouille pour portail...), les circuits électriques et la plomberies n'étaient pas fonctionnels partout non plus, mais c'était moins gênant que la corrosion puisqu'il était prévu d'origine de tout rééquiper autrement (en particulier le mutiplexage en fibre optique pour toute la logique, l'électronique et la segmentation électrique). Un système de rails sous plafonds, dans les coursives, avait été installé par les premières machines automatiques (il n'y avait qu'à percer, taurauder, positionner, visser...) progressant grâce aux rails posés antérieurement, qui véhiculaient aussi l'électricité et les télécommunications, comme pour le télécabine Kermanac'h. Ceci avait pu être fait pendant les travaux de désamiantage (une aspiration continue située plus bas empêchant des fibres éventuelles d'aller se cacher dans le rail creux, qui, lui, était soufflant) et avait considérablement simplifié l'automatisation de ceux-ci. Aucun autre chantier (même indien) n'aurait pu l'effectuer à si bon compte. Ce faisant, un relevé précis de toutes les cotes internes du navire (jusqu'au moindre raidisseur de panneau de tôle, et jusqu'à l'emplacement des charnières des portes) avait été enregistré, les plans de l'époque étant encore indisponibles (secret défense, alors qu'ils en apprenaient bien moins que la visite réelle du Clémenceau). Kermanac'h comptait aussi sur cette démonstration à très grande échelle (il y avait plus de cent tonnes d'amiantes à ôter d'un peu partout) pour obtenir ensuite les marchés du désamiantage automatique d'autres navires de diverses nationalités. Le même système de parcours et d'analyse permettait ensuite de décaper la peinture là où les ultrasons montraient des cloques de rouille sous elle, puis de retraiter (et pas au pistolet: au rouleau cylindrique ou cônique (divers modèles selon l'accessibilité des zones) alimenté par pompe, pour ne pas en mettre partout) y compris des recoins où un être humain n'aurait pas pu s'introduire. Tout était bien sûr filmé par plusieurs objectifs en même temps pour pouvoir être montré aux prochains clients, d'où l'intérêt d'un système de traitement antirouille sans pulvérisation, et du décapage de la rouille avec aspiration, ou par reconversion thermochimique quand il s'agissait de grandes surfaces: flamme de butane règlée riche en CO, faisant une réduction directe de la rouille en fer sur place, comme on pouvait l'observer sur un fer à béton rouillé chauffé fortement par une lampe à souder. Certaines parties de la structure interne étaient entièrement découpées, évacuées par morceaux (revente de la ferraille) pour permettre d'autres aménagements.

. Pendant "instinct", au pilotage des mécanimaux duquel il contribuait déjà, et "1868" dont les aventures passaient par le canibalisme indigène, une fois la partie "coloniale" abordée, il continua les travaux pour "la planète des rats", film dans lequel il ne jouerait pas mais piloterait indirectement certains animaux (et non des humains, cette tâche étant confiée à d'autres) robotisés lorsque la synthèse ne les remplacerait pas.

. La cohabitation (sauf temporaire) était de moins en moins souhaitée par la jeune génération d'adultes (et pas uniquement du fait qu'il y avait bien moins de "sexuels" au sein de cette génération), d'autant plus que le CNS et l'effondrement des prix de l'immobilier n'obligeait plus à rester chez ses parents jusque vers 30 ans ni à subir les contraintes de la colocation qui étaient souvent plus gênantes au quotidien que celles de chez les parents. L'essor massif du télétravail permettait de s'installer dans des "trous perdus" (qui n'étaient plus des trous noirs en matière de télécommunications) pour encore bien moins cher que dans les zones d'habitat habituelles où les prix avaient déjà été divisés par trois par rapport à 1996: l'exode rural avait été inversé, décompressant les zones urbaines denses où l'on avait démoli les logements sociaux "concentrationnaires" (vidés en grande partie par la "désimmigration" massive de 1997-1998 dûe à l'inversion de la politique familiale) pour faire place à des espaces verts, aires de jeux et de habitat individuel dont le COS ne devait pas dépasser 25%. Les cours de l'immobilier continuaient donc de baisser lentement, au fil de la baisse de la population et de la déconcentration de celle-ci. Cette baisse était une moyenne: dans les zones ex-désertées, les prix avaient un peu remonté puisqu'il y avait maintenant des acheteurs grâce au télétravail et au nombre croissant de gens pouvant passer plusieurs années sans travailler, grâce au CNS et à un contexte sociofiscal très favorable à l'épargne, d'autant plus que la déflation continuait: le coût de la vie baissait lentement, après la baisse spectaculaire de la fin du millénaire. Pour la jeune génération que la crise des années 90 avait habituée à vivre de très peu, le CNS pouvait suffire, si l'on habitait une zone bon marché et n'achetait que rarement du superflu. Ces "oisifs" sans enfants revenaient bien moins cher à la collectivité que s'ils avaient travaillé mais aussi fait des enfants, d'où la légitimité économique du CNS. De plus chaque poste de fonctionnaire supprimé permettait (par rapport à son coût dans l'ancien système) de financer plusieurs CNS. Toute délinquance faisait perdre le CNS et la CMU (en plus des autres sanctions), d'où une paix sociale remarquable. Les jeux vidéo gratuits sur de l'informatique (russe) très bon marché, l'éparpillement de la population sur le territoire (s'ajoutant à la baisse démographique pour diminuer les anciens pics de densité), la tendance nette à la désexualisation (et pas uniquement des jeunes) et l'allègement de la nourriture "premier prix" en sucres et mauvaises graisses (les autres fabriquants ayant dû s'aligner sur les normes de BFR, qui fournissait une grande partie de ces "premiers prix" de bonne qualité nutritive) contribuaient aussi à diminuer la tendance à la violence entre individus.

. Aymrald resta en France en septembre pour les parties techniques de "La planète des rats", ainsi que les téléanimations d'animaux. Pas seulement les rats: tout ce qui était de taille amplifiée par rapport aux humains ratifiés, quand on n'utilisait pas la miniaturisation infographique. Il passa aussi la batterie de tests des chercheurs japonais, venus en Europe examiner divers "spécimens". Nombre de ces tests ressemblaient à ceux du recrutement de VTP, mais avec une prépondérance pour les épreuves d'endurance, et d'autres appareils de mesures fixés sur (ou reliés à) lui. Toutes les prises de vues étaient faites par la régie VTP, suivant les indications des Japonais, mais l'entreprise pouvait choisir ce qui pourrait être réutilisé ou non, et uniquement dans le contexte de l'émission scientifique japonaise prévue. Tout ce qui avait été filmé fut accepté par VTP, car la démarche était résolument scientifique. Les Japonais n'en passeraient d'ailleurs que 4mn42 dans leur émission, réparties en plusieurs fois, car il y avait bien d'autres sujets (au sens d'individus) examinés.

. VTPSF sortit "Mort radieuse" le 4 octobre, juste après son retour en Finlande. Le film était plus froid et "noir" (bien que très rapide, ou justement grâce à ça?) qu'il n'en avait eu l'impression pendant le tournage, car il ne connaissait que les morceaux dans lesquels il jouait et n'avait aucune idée du rythme de montage des autres scènes: seulement la durée des siennes. Comme VTP, VTPSF ne tournait que ce qui serait gardé, le film étant déjà entièrement défini par simulation "économique" mais du niveau de détails d'un simulateur militaire, déjà, même si le calcul des ombres et des réflexions se permettaient des simplifications algorithmiques évitant le "suivi de rayon" au pixel près: ça, ce serait pour la vraie post-production.

. Erwann revit "Silmät" et n'était plus certain que celui-ci fut pire, au point de vue impact. C'était une histoire de tueur en série, donc un côté plus "romancé" que le trafic de matières radioactives, même si la fin (avec la découverte du trafic d'organes) rajoutait un échelon de sordidité et de vénalité que fort peu de spectateurs auvaient vu venir (certains supposaient plutôt du canibalisme, surtout après "Viande urbaine"), sauf bien sûr en revoyant le film ou si quelqu'un leur en avait dit trop avant. On pourrait pourtant prendre plaisir à revoir Silmät (si on aimait ce genre-là) alors que "mort radieuse" était plus désespérant, en arrière-plan d'un rythme soutenu ne risquant pas de décevoir les habitués de VTP, bien que ce ne fût pas du "Kerfilm".

. En reprenant ses travaux pour VTPSF il aperçut Aleksi qui allait bientôt partir en France (VTP22) pour jouer un "consommable" (censé être hollandais) dans un épisode des "Débogueurs" s'occupant d'une fromagerie presqu'entièrement automatique dans laquelle un déversement inexplicable de pâte à mimolette avait noyé deux agents d'entretien, série dans lequel le personnage d'Alexandre (Airy-Hubert Leglastin) tiendrait 40 épisodes avant d'être à son tour victime d'un bogue lors d'une intervention en Allemagne dans une usine de pelles mécaniques dont certaines machines n'obéïssaient plus à leurs programmes de commande numérique. Les débogueurs devaient parfois aussi détecter et prouver du sabotage humain, car certains estimaient l'automatisme propice à maquiller un meurtre en accident de fonctionnement. Il y avait aussi des cas de sabotage par des activistes anti-robotisation.
. Aleksi lui demanda des précisions sur ce qu'il fallait savoir et éviter en France. Erwann pensait qu'il aurait déjà été mis au courant, mais précisa:
E- c'est un peu plus simple comportementalement qu'ici, mais attention: tu risques d'attirer bien plus de filles que d'habitude, si tu sors du "campus" de VTP22. Ca peut sembler amusant, mais ce n'est pas sans inconvénient, d'autant plus que beaucoup auront sur elles de quoi photographier, si c'est près du campus. Pour VTP22, il n'y a qu'à suivre les instructions de tournage: ce sont les mêmes qu'ici, à peu de choses près.
A- je pensais tout de même faire un tour à Paris.
E- nous l'avons en virtuel dans les machines, métro inclus: tu connais déjà, si tu t'y intéresses. La ville réelle n'est pas aussi nette que dans la simulation, mais bien moins sale que ce que l'on en dit souvent à l'étranger: ça a beaucoup changé depuis 1997, en particulier il est devenu rare de rencontrer une crotte de chien.
A- peut-on prendre le métro sans risque?
E- il est sûr, contrairement à celui de New York: il y a des caméras partout comme à Londres. Sinon, je ne saurais t'en dire autant que ceux qui y vivent ou y travaillent: je n'y passe que rarement. La dernière fois, c'était juste pour changer de train, entre la gare Montparnasse et la gare du Nord, via le métro: je n'ai même pas fait surface. Atte connaissait bien mieux Paris que moi.
A- la tour Eiffel?
E- le troisième étage est maintenant ouvert presque tout le temps. Avant, il était rare de pouvoir y accéder. L'intérêt de Paris c'est qu'il y a plus souvent des touristes qu'autour de VTP22, donc on t'y remarquera un peu moins: on supposera que tu es un touriste hollandais ou quelque chose dans ce genre-là.
A- tu oublies que moi, je ne suis pas encore connu.
E- mais tu ressembles à d'autres d'ici ou de VTP qui sont connus, donc on peut te prendre pour l'un d'eux: les gens n'ont pas forcément en mémoire que Knut n'a pas de fossette au menton, par exemple.
A- une casquette, des lunettes, et on y penserait déjà moins: juste un touriste d'Europe du Nord, comme tu disais.
E- sûrement.

"Silmät" était déjà passé en avril à la télévision finlandaise et ce fut le 8 octobre qu'il fut diffusé par une chaîne française:

"Yeux"
Film finlandais (2002) inédit de Tomi Hinkka et Anton Sallinen. Durée TV: 2h28.
(extrait de la distribution)
Thriller: des victimes sont retrouvés mutilées à Turku. Un film froid, dur et vivement mené. Il fut tourné à l'automne 2001, peu après Gamma, d'où la réutilisation d'Erwann d'Ambert dans un rôle destiné à Atte Ruusuvaara.

. Erwan revint en France fin octobre (il avait fait plus d'aller-retour France-Finlande que d'habitude, cette année) pour les matchs de rinnepallo de l'équipe de France et aussi pour de la "bidouille" infographique dans le calendrier 2007 du Dynamo de Dinard, les photos réelles ayant été prises pendant qu'il était en Finlande, avec les poses déduites des modèles virtuels. Le premier match de rinnepallo, en "poule" de qualification (il y en avait seize de trois équipes, vingt-quatre pays au total, le premier tour n'éliminant que la dernière équipe de chaque trio) fut France-Italie. La consigne donnée à l'intérieur du "Cube de France" fut:
- ce n'est pas du football. Il faut jouer aussi rapidement et calmement que si c'était l'Argentine ou la Finlande. Théoriquement il est peu probable que l'Italie gagne, donc il faut économiser les joueurs dès que l'avantage au score le permet.

. Ce fut 25-0 à la mi-temps et 41-0 à la fin du match, "le coude à la portière" ou presque: l'Italie avait pu se qualifier pour la coupe du monde, mais était dans les équipes de "troisième division", au niveau mondial. La première division se limitait au groupe des Six, moins l'Irlande (d'après son score assez passif du tournois de printemps) et auquel il fallait peut-être ajouter la Corée du Sud. On trouvait d'autres pays d'Europe (dont le Danemark, la Russie, l'Ukraine, l'Irlande) dans la seconde division, ainsi que le Japon et les Etats-Unis. Les autres étaient invités surtout pour "faire du nombre" et composer une coupe du monde d'un effectif à peu près crédible. L'autre adversaire du "Cube de France" dans son trio qualificatif fut l'équipe américaine, battue mais en résistant nettement mieux que l'Italie: 14-3 à la mi-temps puis 22-6 en fin de match. Ceci qualifiait donc aussi les Etats-Unis (qui avaient battu l'Italie) mais leur ferait rencontrer une équipe plus forte en huitièmes de finale, selon le principe (déjà vu au football) des rencontres en "X" entre premiers et seconds de "poules" adjacentes. Désormais, c'était de l'élimination directe. Le match contre le Danemark (qui avait fini second du groupe contenant la Finlande et l'Allemagne) ne demanda pas d'engager trop de remplaçants: après avoir obtenu 19-3 à la mi-temps, l'équipe de France n'améliora que légèrement le score (27-6) en seconde période. Pour le moment, aucun essai n'avait été encaissé: uniquement quelques tirs de pénalités. Il fallait donc (déjà maintes fois répété, mais à bien enfoncer dans les crânes) limiter au maximum les fautes concernant des actions ayant peu de probabilité de conduire à un essai (ou à un drop) adverse.

. A l'automne, le calendrier "Dieux du stade" 2007 sortit et suscita beaucoup de commentaires négatifs en raison du côté exhibitionniste (ce n'était même plus "érotique") de certaines photos, l'ambiance et les poses oubliant toute notion d'esthétique pour sombrer dans le mauvais goût assumé. Torbjörn jouait cette année au Stade Français car il s'était laissé du néant autour de VTP22 et peut-être du climat breton, pour saisir l'opportunité d'essayer Paris en plus d'y être bien mieux payé, mais ses fans furent déçus de constater qu'il n'était pas dans le calendrier, car il n'était arrivé dans le club qu'après les scéances photos.

Celui de Dinan (nouvelle victoire en finale, cette année aussi contre l'ASM: 24-7) sortit deux semaines plus tard, avec comme thèmes la SF, pour 70% des photos, et les "sauvages" pour les autres. Certaines photos avaient dû être faites récemment, parce parodiant le calendrier des concurrents, avec la peau détachée et baissée, en dessous de la taille (la peau, formant plis, et non un slip ou caleçon) qui dévoilait ainsi une zone pleine de pièces mécaniques, conduites, câbles électriques et cartes électroniques, éléments entre lesquels on apercevait quelques petites percées de jour, pour montrer que derrière aussi. Un autre joueur était scié en deux dans le sens de l'épaisseur (séparant avant et arrière, en passant par les chevilles), vu de profil les deux moitiés s'écartant comme un livre partiellement ouvert, montrant plein de machinerie à l'intérieur.
Dans la série "SF" il y avait aussi une chaîne de montage avec toute une série de Georg Krüger défilant debout sur un tapis roulant, en divers états de construction, dans lesquels des robots effectuaient les uns des soudures, les autres du vissage, les pièces à ajouter arrivant au bout de pinces sous un convoyeur suspendu. D'autres images s'inspiraient des BD de Druillet avec de petits accessoires ou prothèses métalliques incrustés ça et là, ce qui pouvait aussi évoquer l'univers sado-maso, mais c'était pris en extérieur sur les murailles d'une construction tarsinienne délirante éclairée par le soleil couchant, et non en vase clos. Une image de Fritz Krüger en partie brûlé et pelé rappelait "Terminator", puisque c'était la structure mécanique que l'on voyait, sur toute une jambe et une partie de l'abdomen. Un autre joueur pelé (aux deux-tiers, en biais, bras gauche inclus) montrait, lui, l'anatomie des muscles et tendons classique d'une planche d'anatomie, sans rien de sanguinolent. Les "accessoires" faisant partie de la peau et non de la musculature manquaient donc. Légende en tout petit en bas: "cette année, on enlève la peau". Le thème du clônage était présent aussi, avec une série de gros tubes de verre remplis de liquide légèrement vert (mais très limpide) dans lesquels un joueur entièrement immergé (mais dont les pieds ne touchaient pas le fond) était relié par des tuyaux au plafond, au dessus des tubes, tuyaux fins plongeant à travers la peau ça et là. Le même, chaque fois dans une pose un peu différente. Il y en avait quinze, dans cette image format horizontal avec un peu d'effet de perspective. Légende en petits caractères: "créer une équipe homogène". Il y avait aussi de l'intersidéral, avec de beaux effets d'ombres portées interminables sur le sol étrange de planètes inconnues. Parmi les personnages SF essayés dans le projet de calendrier, il y avait aussi un vrai androïde, à l'essai sur un tapis roulant en montée avec des capteurs divers fixés sur lui: "Gérard", le "quasi-clône" d'Erwann, d'autant qu'en anaglyphes on n'avait pas la couleur des yeux. Restait la petite fossette au menton et les cheveux sculptés dans un style entre "aspiré" et "planant" pour le distinguer de l'acteur réel. Cet acteur artificiel (piloté par Erwann ou par préprogrammation vérifiée par lui) avait joué de petits rôles dans dix-sept films, cette année, et "parmi les principaux" dans trois. Des rôles physiquement plus faciles, car il n'était pas aussi simple à mettre en oeuvre dans un film "tout en action" que le vrai (c'était possible pour certaines scènes, mais ça demandait plus de préparation), d'ailleurs le jour où VTP réussirait cela, il n'y aurait plus le moindre besoin d'acteurs humains. De fait quand "Gérald" avait un rôle avec beaucoup d'action, il était en partie remplacé par le vrai, modifié en post-production car le télépilotage à l'exosquelette ne lui donnait pas la même agilité: toujours le problème de la précision du retour de toucher dans les gants et les "spartiates" de l'exosquelette, ainsi qu'un léger retard des mouvements d'ensemble (le harnais central était manipulé par des verrins façon, mais ça ne pouvait être aussi précis, surtout avec un être vivant déformable dedans). Erwann utilisait (depuis le début) aussi cette machinerie comme jeu vidéo à retour kinéstésique, pour les simulations d'aventures ou de combats. C'était aussi avec ce harnachement motorisé que Torbjörn s'était intensément entraîné au rugby dès 2000 sans que VTP le sût. Finalement Erwann choisit de ne pas ajouter cette photo du vrai androïde Gérard dans le projet: uniquement les joueurs ou des copies d'eux.

Une des photos d' "Angel" le représentait à une centaine d'exemplaires (au moins: on n'en voyait qu'une partie, tels qu'ils se recouvraient et s'enchevétraient) ayant chacun des mutations différentes: exemplaires siamois (par diverses parties du corps, voire trisiamois fortement fusionnés, etc), cyclope à oeil central entre deux nez, autres avec permutations, fusions ou ramifications de membres, cheveux remplacés par une forêt de doigts, absence de bouche ou de nez, pied de nez, absence de tête, avec les éléments du visage sculptés (sans être plus grands) dans le torse, doigts à la place des dents, sortant de la bouche comme les tentacules d'une anémone de mer, symétrie "carte à jouer" comme deux Bernillons réassemblés tête-bêche, "étoile de mer" formée de cinq bras, etc. Il y en avait beaucoup, entassés sur le convoyeur-entonnoir d'une machine (au loin, on pouvait voir ressortir des boites de conserve), la benne levée haut d'un bulldozer en déversant une vingtaine de plus, en hommage à "Soleil vert". Comme il y en avait beaucoup, chacun n'occupait qu'une petite partie de l'image donc il fallait bien regarder pour repérer les mutations de chacun dans cet enchevêtrement de corps et de membres, l'enchevêtrement permettant aussi à la photo d'être "tous publics" sans utiliser d'autres éléments cachants. Aucun mutant n'était endommagé, tous semblaient calmement répandus et enchevêtrés les uns sur ou autour des autres, ce qui donnait quelque chose de paisible à cette étrange image, même si les yeux (quand il y en avait) n'étaient généralement pas fermés. Les diverses mutations n'avaient pas pour effet de l'enlaidir (il y avait une sorte d'harmonie et de "naturel" dans la géométrie du raccordement inédit des éléments) mais plutôt de le "diversifier". Si on regardait bien, on découvrait qu'une "bimain" (marchant en crabe sur ses huit doigts, les pouces brandis comme des crochets) était en train de s'échapper du convoyeur. Légende: "essais transformés".

Il y avait aussi (en anaglyphe, vu de juste un peu plus haut pour montrer aussi le haut des corps de la partie la plus éloignée du cercle ainsi formé) une ronde de cinquante Kerdazenn (légèrement en "Z", quand ils étaient vus de profil) en train de se sodomiser en circuit fermé. Les corps bien pressés les uns contre les autres, et fortement maintenus ainsi par cent bras ne laissaient rien voir de ce qui s'y passait réellement, mais on pouvait le deviner via la légende: "on n'est si bien servi que par soi-même", et (si on était attentif) aux petits emballages carrés déchirés ça et là sur le sol rocheux (mais semblant doux au toucher comme s'il avait été usé en strates par une mer disparue) autour de cette ronde. Au loin, des colonnes rocheuses et promontoirs plus élevés, rescapés d'errosion mais adoucis par elle, pouvaient être interprêtés comme des symboles phaliques (sans être explicitement moulés ainsi) alors qu'à première vue ils semblaient être là surtout pour meubler la stéréoscopie.

Les "sauvages", pris en jungle, steppe ou savane, avaient le corps peints (ou pseudo-tatoué, selon le cas) de diverses façons (par exemple Erwann en archer, sur lequel les ombres portées par la végétation environnante se combinaient avec les peintures de guerre. Les ombres augmentaient et fusionnaient en descendant de sorte que l'on ne pouvait pas voir comment il était vêtu en bas. Photo datant des tournages de juin), avec parfois des "inserts" d'os ou autres choses, idem pour les cache-sexes (y compris en bois). Parmi eux, trois joueurs du "Stade Français". Au total il y en avait cinq (dont les Argentins), quatre figurant dans le thème SF (certains deux fois) et trois dans l'autre: deux avaient participé aux deux catégories. Des cinq, deux avaient aussi participé aux "Dieux du stade" 2007, mais avec le même type de photos que sur leurs "vieux" calendriers (plus digestes, donc), et en ne tronquant pas le corps: on voyait les pieds. Entre autres, Alex Berkaïev ne figurait pas dans le calendrier "Dieux du stade" 2007. Ce joueur de nationalité française mais né en novembre 1981 en Belgique (et non en Russie) était inconnu quand VTP avait tourné la série "Cap sur mars", où l'effet Berkaïev détériorait les moteurs gravitationnels (sauf à alignement direct). Comme activité annexe, Berkaïev avait enregistré un CD de "glitter rock" (inspiration Sparks/Queens/Squirels. Sa voix avait l'ampleur et l'endurance de celle de Michel Sardou) en 2004, sans grand succès mais les médias en avaient toutefois parlé, en ironisant sur les sportifs qui se lançaient dans la chanson: "un nouveau Jean-Pierre François?". Le personnage (c'était celui qui était une fois représenté scié en deux verticalement, séparant avant et arrière, une autre fois s'adonnant à de la zoophilie extraterrestre avec une délicieuse créature gélatineuse mauve aux tentacules affectueux) était télégénique: il ressemblait à Casper Van Dien mais au regard plus valkilmérien et vert jade. 1m84, 98kg, construction simple et solide, il était même émilianométrique, l'Emilianomètre était un petit peu plus flexible qu'avant: il fallait éviter tout ce qui pouvait nuire en stéréoscopie, mais la puissance infographique disponible avalait sans problème la simulation fidèle des physiques un peu moins "image de synthèse". Contact fut pris avec VTP en vue de recomposer entièrement un nouvel album en collaboration avec Millénium (et réorchestrer le premier, sans le recomposer) si Berkaïev venait à Dinan. Ce qui fut le cas pour 2007, puisque son contrat parisien était à renouveller. On le surnomma Tupolev, suite à une très belle course "supersonique" aboutissant à un essai manqué parce qu'écrasé juste avant la ligne d'embut.
Il prenait un risque financier: Dinan payait six fois moins, mais si l'album marchait, ce ne serait pas un problème. Il s'habitua vite au système d'entraînement au simulateur à retour d'effort et à l'étude biométrique de ses performances sur le terrain, lui indiquant que telle trajectoire le mettait en déséquilibre un peu plus loin lors d'un changement de cap, etc. Il était déjà question de sélectionner ce joueur pour la coupe du monde 2007, et le changement de club ne devrait pas y nuire, les méthodes d'entraînement optimisées pour apprendre aux joueurs à ne pas brutaliser inutilement leurs articulations ("à quoi bon jouer de la cylindrée si les cardans ne tiennent pas?") avaient fait leur preuve. Plusieurs joueurs de Dinan participeraient à la coupe du monde.

Berkaïev fut invité dans diverses émissions (y compris "pipole") pour les trois raisons intéressant ces émissions: le calendrier DdD, le transfert à Dinan et le lancement de ce deuxième album, sans oublier qu'il pouvait attirer du public vers l'émission rien qu'à vue. VTP n'eût donc pas grand chose à faire pour lancer l'album: cela se fît tout seul, relayé par les sites de fans s'intéressant à lui depuis bien avant ce transfert.

Parmi les commentaires:
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Un magazine titra "Le crépuscule des dieux du stade", en soulignant aussi à quel point le calendrier 2007 donnait dans le mauvais goût, avec "exposition de saucisses" (même si ce n'était pas le cas pour tous les joueurs), comme s'il y avait réellement un marché important pour ça. L'article mentionnait que la sélection nationale avait bien moins pioché que d'habitude dans le club parisien, et prévoyait que l'édition 2007 ne passerait pas les 100 000 exemplaires. L'album "deuxième essai" de Berkaïev sortit début décembre. On le voyait en marquer un, en vol plané, sur la couverture stéréoscopique, la peau s'en allant par endroit et laissant voir de la machinerie métallique dedans, comme certains personnages du calendrier. Ce n'était pas imprimé sur la brochure (non visible de l'extérieur, le boitier étant opaque), mais incrusté dans le plastique transparent (plus souple et bien moins cassant que celui habituellement utilisé pour ces boitiers ô combien fragiles) pour un excellent rendu. Il s'agissait du vieux procédé à réseau de micro-lignes bombées (formant lentilles quart-cylindriques), contenant quatre images. A 30cm des yeux, bien en face (en moyenne. Un peu moins ou un peu plus selon l'écartement des yeux) on obtenait une bonne stéréoscopie couleurs sans lunettes. On pouvait changer l'angle de vue d'un cran, en allant vers la droite (les yeux recevant alors des bandelettes (remise en continu visuellement par les lentilles) des images 0 et 1) ou la gauche (images 2 et 3). Le procédé était ancien (donc tous les brevets étaient tombés à l'eau) et VTP le produisait déjà à faible coût pour les albums de Millénium, des Småprat et des Bifidus.

La composition (inédite) était partiellement dûe à Berkaïev, mais fortement milléniumisée (ce groupe avait déjà fait du "à la manière de Sparks 1974-1975", avec succès) et réadapté à la tessiture de l'interpête. Il connut un certain succès auprès de ses fans. La brochure incluse ne reprenait pas ses anciennes photos des "Dieux du stade" (problème de droits d'édition) mais VTP en avait fait seize, sur les divers themes des quatre calendriers du Dynamo de Dinan. Certes, on vendait de la "bogossitude", là-dedans, mais sans mauvais goût (c'était plutôt divertissant) et avec un contenu musical solide: pas juste une ou deux chansons bien construites et du bourrage d'album ensuite. Il y avait une impression holographique visible en lumière naturelle sur le dos du CD, le représentant en statues (une de chaque côté du moyeu): donner de la valeur visuelle à l'objet était un moyen d'arriver à en vendre malgré le piratage, car il était impossible de transmettre numériquement des hologrammes. Le dos du boitier était traité de la même façon que le dessus, avec une autre vue stéréoscopique d'action de terrain (cette fois réelle: non "SF") du joueur: la bousculade (ou "raffut") entre deux autres joueurs, forçant le passage ballon en main. Des joueurs de l'équipe bis de Dinan, en fait, l'action ayant été refaire maintes fois et filmée avec quatre caméras, pour finir par sélectionner le meilleur quatuor d'images.

Dans une émission "grand public" la sortie du CD "Deuxième essai" fut mentionnée, en sortant la brochure dépliante zig-zag (imprimée recto-verso): "et en prime, mesdemoiselles, vous avez plus d'images de lui dans le style calendrier de rugbyman qu'il n'en avait fait jusqu'alors, et pour six fois moins cher qu'un seul calendrier des Dieux du Stade".
Ne jamais commercialiser de CD à plus de cinq euros avait fait beaucoup pour le succès des albums des groupes produits (et souvent conçus) par VTP. On l'appela "le nouveau Bifidus Boy". Ce n'était pas une "reconversion" puisqu'il continait le rugby, coupe du monde incluse: c'était une "diversification". Certains supposèrent qu'il aurait bientôt un rôle dans un film de VTP.
"Deuxième essai" était également disponible en version octophonique sous forme de "carte ROM": l'équivalent d'une carte flash, mais non inscriptible, donc coûtant beaucoup moins cher à produire, et pouvant contenir quantité de clips vidéo haute définition (y compris stéréscopiques): VTP en avait tourné pour chacun des 26 titres de cet album, plus des "bonus": en fait ça contenait autant qu'un DVD mais sous la forme d'un timbre poste (en plus épais). C'était un moyen de dissuader le piratage non pas techniquement (on pouvait lire donc on pouvait copier) mais financièrement, les supports vierges étaient beaucoup plus chers (sauf l'espace sur très gros disque dur, mais ça cessait alors de pouvoir tenir dans un mini-baladeur) puisque nécessitant la technologie "mémoire flash", contrairement à une mémoire en lecture seule. L'enregistré moins cher que l'enregistrable: c'était déjà le cas pour les CD (mais on pouvait en copier "des tonnes" dans un autre type de mémoire) et ça l'était encore plus pour les "cartes ROM", car leur capacité (dans le format utilisé par VTP) étant celles des DVD, une carte flash de 4Go ne suffisait pas: il en fallait une de 8 Go, encore bien chère fin 2006. Sauf bien sûr si on ne copiait qu'une partie du contenu, ou que l'on sacrifiait la qualité en le compressant (il était déjà compressé, pour la vidéo, or décompresser/recompresser était fortement entropique). VTP avait commercialisé cette année quelques-uns de ses anciens films stéréoscopiques (pas les "porte-avions nucléaires", toutefois) sous cette forme, à dix euros pièces, car il fallait encore plus de mémoire, pour ces long-métrages stéréoscopiques en format large: ça ne pouvait pas tenir sur un DVD, à moins de compresser avec une perte de qualité visible (genre "K7 vidéo"). De plus, on ne pouvait lire qu'à vitesse réelle (l'accélération étant faire en sautant des images) donc la copie vers un ordinateur (très encombrante: ce qui sortait de la carte à puce (active: elle faisait la décompression en interne. On n'avait pas accès aux données compressées, dans ce modèle-là: l'ordinateur avait l'impression de lire un fichier, mais en fait les données étaient reconstruites au fil de cette lecture) était du décompressé, pour n'avoir besoin d'aucun "codec" spécifique dans l'appareil destinataire et très peu solliciter sa puissance de traitement) puis la recompression prenaient beaucoup de temps. Il y avait du piratage (inévitable) mais avec une grosse perte de qualité ou beaucoup d'encombrement d'espace de stockage, contrairement à la copie de supports enregistrés classiques. Pour avoir pour pas plus cher (en coût de stockage mémoire) que la version commerciale un enregistrement de meilleure qualité que pris à la télévision (or ces films y étaient déjà passés), la seule solution était d'acheter la carte ROM. "Nous vendons le film pour moins cher qu'un support vierge, donc il n'y a aucune protection anti-copie et peut se lire partout, puisqu'à l'heure actuelle la copie de bonne qualité n'est pas rentable, tout simplement. Donc si quelqu'un essaie de vous vendre un enregistrement pirate, visionnez-en un passage pris au hasard devant avant de l'acheter: si c'est moins cher que nous, ce sera forcément médiocre, à moins qu'il utilise des supports vierges volés", avait annoncé VTP en présentant ces films sous cette forme. En fait le piratage à bas coût était possible à condition de pouvoir créer (l'enregistrement se faisait à l'occasion d'une des phases "d'insolation", pendant le procédé de fabrication de la puce) directement des cartes ROM avec ce contenu, ce qui était hors de portée d'un particulier car pour être rentable, il fallait en commander des milliers d'identiques à l'une des usines les produisant. Cette situation changerait avec la baisse (peu à peu) du prix des "grosses" cartes flash, et surtout si une version enregistrable une seule fois et bien moins chère apparaissait: l'équivalent des "DVDR" en statique.

La documentation sur le Dynamo de Dinan était maintenant abondante, en mentionnant qu'à l'origine
<<< Parmi les activités périphériques, notons la mise au point d'un jeu vidéo très sophistiqué (qui est en fait un véritable simulateur de rugby) dès 2000, qui est disponible gratuitement car BFR estime que c'est un bon vecteur publicitaire, à la fois direct (présence de publicité BFR dedans) et indirect, par la notoriété qu'il confère aux joueurs du club, très fidèlement reproduits dans le jeu, y compris leur comportement et leurs expressions, volontaires ou involontaires. Les "figures de styles" des intercepteurs y sont aussi, quand le moteur d'analyse détecte qu'il est possible (et efficace avec une probabilité de réussite suffisante) de les tenter. Il tient compte de ce que pourraient voir et entendre réellement des joueurs aux cours de leurs mouvements sur le terrain. L'équipe (dont le joueur peu gérer la composition, les remplacements, les orientations tactiques, et donner des directives précises en cours de match) y est opposée à des reproductions probablement assez fidèles de vingt-quatre clubs étrangers, mais aucun autre club français.

Le maillot du Dynamo de Dinard était originellement gris et noir, à bandes larges disposées légèrement en V, devenu depuis avril 2002 vert et marron, en conservant le même motif, et depuis l'été 2003 en vert et noir, nombre de supporters estimant que le "vert et marron" faisait trop militaire. La publicité BFR n'est pas envahissante sur les joueurs, contrairement au stade, qui, lui, en regorge, mais peut les faire disparaître entièrement du champ des caméras en cas de match de rinnepallo. On joue toutefois de moins en moins au rinnepallo dans ce stade pendant la belle saison, les rinnepallistes locaux disposant de leur propres terrains (il y a surtout moins de gradins) et ne recourrant au stade de rugby à géométrie variable que par mauvais temps.

Financé par BFR et çonçu par Saverio Tarsini, le stade découvrable futuriste du F15 et maintenant du Dynamo de Dinan comporte 14 000 à 20 000 places selon la reconfiguration automatique des tribunes. Un système d'inclinaison du terrain et de repositionnement mécanisé des poteaux permet aussi de l'utiliser comme terrain couvert pour le rinnepallo, qui, lui, reste un sport purement amateur. Il est aussi possible d'y jouer au football. Etant utilisé par les filles comme par les garçons (il y a même des équipes mixtes, dans le cas du rinnepallo) ses vestiaires sont des "loges" individuelles disposant de leur propre douche. Tout le système d'entretien (y compris de la pelouse) est robotisé, la disposition des lieux ayant été pensée dès l'origine pour faciliter cela, d'où un coût de fonctionnement faible. Le club dispose aussi d'une petite résidence futuriste (dessinée par Saverio Tarsini, elle aussi) moderne pour héberger à tarif très bas les joueurs qui le souhaitent. Le coût d'usage réduit, des sièges anti-vadanlisme (un peu au détriment du confort, certes) et des détecteurs d'armes aux entrées permettent à BFR de proposer des places entre 2 et 4 euros pour le rugby (et 5 à 8 pour le football), "sinon les gens risqueraient de préférer aller voir un film dans une de nos salles". Ce tarif "grand public" est un des rares points communs avec la gestion parisienne. Malgré cela, le stade est rarement plein (malgré les entrées gratuites pour les ouvriers de BFR et certains établissements scolaires), sa situation géographique hors zone touristique (pour une raison évidente de coût du terrain, stationnements inclus) ayant du mal à draîner les foules. L'organisation de la coupe du monde de rugby en France en 2007, qui utilisera entre autres ce stade, pourrait être l'occasion de le remplir entièrement.

La pelouse n'est pas synthétique, contrairement à ce qui a parfois été dit: elle est une variété remarquablement résistante à l'arrachement développée par les généticiens de BFR et plantée à travers un substrat synthétique qui sert en même temps de système d'irrigation économique: 1200 capteurs hygrométriques surveillent en permanence l'état du sol, ainsi que d'autres capteurs pour la gestion des apports nutritifs utiles à l'herbe. Le Dynamo de Dinan et son stade restent toutefois (architecture mise à part) d'une grande sobriété: on n'y retrouve ni les spectacles "parasportifs" avant et après-match de Paris, ni l'ambiance du sud-ouest, ce qui est à l'origine du terme de "rugby industriel" ou "rugby scientifique", parfois aussi "rugby OGM", en soupçonnant qu'il n'y aurait pas que la pelouse qui serait sortie d'un laboratoire de génie génétique: un club efficace, enthousiasmant en action sur le terrain mais froid et sobre pour tout le reste. Comme beaucoup d'autres, ce stade spectaculaire est parfois loué comme lieu de spectacles et concerts, mais sans rapport avec les compétitions sportives. Outre ce stade, le Dynamo de Dinan dispose d'un terrain couvert sans tribunes (permettant de se contenter d'un bâtiment plus petit) et de terrains extérieurs entièrement équipés de capteurs et de caméras stéréoscopiques permettant là aussi une analyse très précise des actions. Contrairement à celui du stade, ces terrains ne sont pas à géométrie variable, le rinnepallo en utilisant d'autres.

Le calendrier (par semaines: 56 pages) du Dynamo de Dinan est la première entorse à ce parti-pris de sérieux "scientifique", car on peut considérer que le jeu vidéo (qui existait déjà) était "du sérieux", lui. Certains des joueurs jouent également dans des séries télévisées et parfois des films de VTP. Certains en sont d'ailleurs issus (qu'ils y continuent ou non), avant de se mettre au rugby, ce qui explique l'apparence photogénique d'une grande partie de l'équipe, même si c'est encore plus le cas des rinnepallistes locaux: en effet, le rinnepallo, physiquement moins risqué, est autorisé et même encourragé pour les acteurs de VTP, car jugé bon exercice pour les rôles d'action, alors que le rugby ne l'est qu'à ceux ayant moins d'importance dans les tournages. Les postes 11 à 15 leurs sont plus facilement autorisés que le pack et la "charnière centrale" (9-10). On trouve ainsi Erwann d'Ambert (entre autres) dans l'équipe de France de rinnepallo mais dans aucun match de rugby, sauf internes au club pour l'entraînement.
Côté joueurs, sur un recrutement essentiellement local, avec un programme de formation incluant les arts martiaux (plus pour savoir éviter les mauvais coups que pour en donner, de fait: ce club est celui qui commet le moins de fautes par match, dans le Top 14), on trouve le pack le plus lourd du championnat français, des ailiers parmi les plus rapides et des ouvreurs eux aussi entraînés bardés de capteurs qui deviennent de redoutables "snippers" par leur précision d'improvisation des drops dès qu'ils en ont (même très brièvement) l'occasion. C'est aussi le club du Top 14 qui paie le moins ses joueurs, et qui compte pourtant très peu de transferts vers l'extérieur.
La mêlée bretonne ("les déménageurs bretons") est la seule que les clubs d'outre-Manche n'arrivent jamais à faire reculer, tant par le poids (et la puissance) du pack que par l'optimisation de cet exercice par la robotisation, qui émule aussi fidèlement que possible les habitudes de la mêlée de tel ou tel club, soigneusement observé. Le faible taux de fautes concédées, malgré (ou grâce à?) des intercepteurs très zèlés, contribue à lui seul à en moyenne sept points d'avantage par match, soit l'équivalent d'un essai transformé. L'entraînement vise aussi à minimiser le risque de blessures "évitables", en particulier articulaires. Même les joueurs les plus massifs sont d'une souplesse remarquable et gèrent très habillement chutes et collisions, en plus de ne pas sous-estimer le risque de "coup bas" d'un adversaire donc savoir le parer. L'entraînement robotisé inclut la surveillance et l'esquive de coups illégaux, fourchettes incluses. Des figures d'interceptions aussi inédites que spectaculaires comme la "bétonnière", "le moule à gauffres" ou le "pantographe" dérivées d'arts martiaux non destructifs ont été inventées par le cascadeur Erwann d'Ambert en veillant à n'enfreindre aucune règle du rubgy, puis enseignées fort efficacement aux joueurs concernés. Les cascadeurs du Dynamo de Dinan ont aussi la plus petite "bobologie" du Top 14 et remarquablement peu de blessures les éloignant du terrain, ce qui explique que ce club puisse se permettre d'évoluer au sommet avec un effectif "de premier rang" plus réduit que celui de ses concurrents, même s'il dispose cette année de six très bons ouvreurs potentiels, qui jouent tour à tour entre les positions 10 et 15. Ceci explique le nombre élevé de drops marqués en championnat. Si le centre et l'arrière sont facilement recyclables, de ce fait, on peut toutefois se demander ce qui se passerait si trois joueurs du pack se retrouvaient indisponibles sur blessures.
Le Dynamo de Dinan compte (depuis 2001) deux joueurs étrangers: l'Allemand Georg Krüger et le Suédois Torbjörn Hultgren, qui ont pour point commun d'avoir d'abord été acteurs-cascadeurs dans les films de VTP.
La conception du pack breton a ceci d'inhabituel que le talonneur est plus grand et plus lourd que ses piliers (ce que compense une souplesse de gros matou), et que les "deuxièmes lignes" ne dépassent pas 1m95, en échange d'excellentes aptitudes aux sauts. Il se peut que l'étude scientifique de la gestion de mêlée et des touches (pour lesquelles il est permis de se faire soulever par ses coéquipiers) ait suscité cette répartition originale. Depuis 2003, le Dynamo de Dinan s'est installé en tête du Top 14. L'application de méthodes de type voisin (en particulier la mêlée robotisée à réactions réalistes et "intelligentes") à Toulouse et à Biarritz, en vue de l'homogénéïsation du prochain "XV de France", pourrait rééquilibrer les performances, du moins entre ces trois clubs, même si rien n'interdit à d'autres de s'en inspirer.>>>>

Quart de finale de rinnepallo: la Corée du Sud, qu'Erwann considérait comme une excellente équipe, d'après les données (toujours publiques, principe de base du rinnepallo) numériques des matchs coréens qu'il avait pu étudier. Cette fois, il fallait pouvoir pousser le régime et faire intervenir des remplaçants pour éviter des fléchissements de performances de certains des joueurs les plus sollicités. Il faudrait tenter des drops (son point fort personnel, mais il n'avait pas jugé opportun d'en faire des démonstrations pendant les matchs "à risque modéré"). Il faudrait "en découdre" encore plus pour tenter de placer des essais tôt, car si jamais les Coréens prenaient un léger avantage, ils étaient assez doués pour "garder le butin", avait constaté Erwann dans leurs nombreux matchs internes et contre le Japon. Une bonne équipe aussi, le Japon, mais le jeu coréen semblait plus capable de prendre en défaut les réflexes habituels du "Cube de France" que ne l'eussent fait les Japonais.
Certains Coréens avaient des lunettes: le rinnepallo interdisait les lentilles de tous types, par sécurité. Des lunettes de vues molles (plaquées, à monture-bandeau élastique de type "piscine", verres souples aussi, et non saillants, contrairement aux lunettes de piscine) étaient toutefois autorisées pour ceux qui n'osaient pas tenter l'opération.

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