mercredi 21 octobre 2009

chapitre N-7

#N-7
. Stéphane retourna en Finlande en fin d'après-midi du 23 mai, retrouvant Gorak et les gens qu'il connaissait sur place, et ce fut avec Viljami qu'il retourna au lac (VTP ne souhaitait pas qu'il y allât seul), saisi par l'eau encore froide de fin mai qui l'incita à nager avec puissance (monopalme aux pieds + palmes de mains) pour se réchauffer. VTPSF n'avait pas trouvé de nouvel Attéen ayant toutes les aptitudes requises ou apte à les apprendre vide, ainsi que stable et discipliné: cette "espèce"-là semblait avoir souvent un penchant pour l'alcool, avait constaté VTPSF dans ses statistiques. Plus que les Karéens. C'était Viljami qui simulait le plus d'autres Attéens, puisqu'il participait aussi à la robotique et au télépilotage par exosquelette comme Stéphane. Remplacement par robots, infographie totale ou modification infographique à partir du vrai Viljami (ou du vrai Erwann, en tant qu'acteur), ceci permettait à VTPSF d'avoir une gamme d'Attéens plus variée. Il y avait eu plus d'électronique installée dans Viljami que dans Stéphane: ce dernier ne s'était fait ajouter qu'un système d'autodestruction au cas où il serait enlevé et torturé, tandis que Viljami s'était fait équiper du régulateur anti-transpiration (agissant sur le signal nerveux) depuis qu'il jouait au rinnepallo, car la deshydratation accentuait la fatigue (2% d'eau perdue: 20% de force en moins) et le rinnepallo n'autorisait pas les ravitaillements en eau en cours de mi-temps: juste un demi-litre à la mi-temps, très brève, comme le changement de côté de cours au tennis. Stéphane perdait environ un demi-litre par match (par la respiration) contre jusqu'à cinq litres pour certains si on les avait laissés jouer tout le match: on les remplaçait avant, épuisé qu'ils étaient. Faire le plein avant le match revenait à jouer avec du poids mort en plus, s'ajoutant aux inconvénients d'un estomac "outre" en cas de course rapide et plus encore de choc. Diminuer la consommation d'eau était donc un gros avantage, d'autant qu'il n'y avait pas de joueurs très massifs au rinnepallo, et qu'en côte, le poids c'était l'ennemi: boire des litres d'avance avant le match était déconseillé.
. Tout en étant le moins froid et le moins taciturne des Finlandais qu'il connût, Viljami ne buvait pas (ou rarement et peu) d'alcool donc il était fiable même en juin. Il ne semblait pas avoir d'états d'âme tout en n'étant pas ennuyeux. Et il n'était pas mort, lui, contrairement à bien d'autres connaissances de Stéphane ici.
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. Stéphane (ou plutôt Erwann) avait tourné (au total) 86 films (il y en aurait un 87ème chez VTPSF) et deux grands téléfilms: "Castel Mortel" et le "triple pilote" de "Chasseurs d'ombres". Son personnage disparaissait (on ne pouvait pas être sûr qu'il fût mort). Avait-il été utilisé comme "produit d'appel" pour lancer la série, qui ensuite devait se suffire à elle-même une fois que les gens auraient commencé à la regarder? A la télévision, contrairement au cinéma (pas de noms sur les affiches VTP) les rôles principaux étaient indiqués dans les hedbomadaires de télévision. Objectivement, selon lui, le pilote lançait facilement la série, quels que fussent les acteurs de VTP utilisés dedans.
. VTP le mettait dans quinze films cette année mais il était logique (vu la nature multiple et régénérable de ces personnages) d'être dans toute la tétralogie "Cités oubliées" donc on pouvait dire "douze rôles indépendants", parmi lesquels trois HF (dont une quadruple) et cinq SF cette année (en comptant une "rétro-SF": "Le secret des Templiers"). Peu de gens iraient tout voir donc il y en aurait peu pour qui il y aurait eu "12 rôles l'utilisant" cette année (d'autant plus que certaines sorties étaient dispersées dans le temps). Tout ne pouvait prétendre franchir les cent millions d'entrées, rien que par concurrence entre ces lancements de films, déjà: bien que le prix des places eût beaucoup baissé (il était fréquent de trouver des salles proposant des scéances à trois euros, voire moins via des abonnements ou aux heures les plus creuses) aller voir tous ses films restait d'un coût important pour des jeunes (or ce public aimait beaucoup ce genre de films, en général), obligeant à des choix, d'autant que VTP proposait d'autres bons films sans lui, de même que Bollywood devenu le sous-traitant principal du cinéma américain. Il y en avait bien moins chez "Westfilm", car VTP n'acceptait pas de réaliser n'importe quoi (question d'image de marque, même via Westfilm), tout en s'éloignant un peu de ses propres standards. On pouvait réaliser du grand et du beau à Bollywood (Sean Murciano l'avait prouvé), mais on y tournait hélas surtout beaucoup de "daube américaine", les coûts permettant de faire une quinzaine de films (avec des acteurs américains payés presque "à la VTP") pour le prix d'un seul à Hollywood, donc rentabiliser facilement des "daubes" même difficilement exportables hors du contexte américain: films pour ados américains avec fête de fin d'année du lycée, etc. L'autre filon dispensant d'inventer des scénarii à la fois inédits et prenants était consitué par les "remakes" stéréoscopiques de nombre de grands classiques américains (et parfois européens): il y avait maintenant (provenant pour la grande majorité de chez VTP, même si cette majorité allait se diluer via la concurrence) bien assez de grands films stéréoscopiques pour rentabiliser le passage à cette technique dans beaucoup de salles, le public étant très demandeur et boudant de plus en plus les projections "plates", quitte à se déplacer pour pouvoir aller les voir en relief. Beaucoup plus de salles aptes à projeter de la stéréoscopie en vraies couleurs (plus des salles classiques se contenant de l'anaglyphe, sacrifiant les couleurs au profit du relief par lunettes bicolores), lunettes (ou surlunettes) polarisées flexibles produites en très grande quantité à coût modique: le relief tendait à devenir aussi indispensable à un grand film que le son par rapport à l'ère du muet. Le succès des projections en anaglyphes (qui ne nécessitaient aucune modification technique des salles) montraient que s'il ne pouvait avoir les deux, le spectateur préférait à renoncer à la couleur au profit de la stéréoscopie, sauf ceux que des problèmes de vision empêchaient d'en profiter.
. La stéréoscopie imposait de grands changements par rapport aux méthodes de tournage classique, en particulier pour la HF, la SF, le "gore", etc, où tout ce qui était effet de décor (y compris les fonds "mate painting") et maquillages, etc, devenait bien plus exigeant. L'infographie résolvait le problème moyennant (pour que cela ne fît pas "infographique" à voir) une consommation de puissance de calcul qui aurait suffi à prévoir la météo mondiale détaillée pour une semaine. Elle avait aussi des effets gênants (connus depuis fort longtemps) sur certains visages. Il existait un procédé dérivé du "morphing 3D" permettant de redresser et "précompenser" les reliefs que la 3D allait exagérer, mais autant utiliser des acteurs entièrement virtuels, dans ce cas. L'autre système était de filmer une vue avec plus de deux caméras, en choisissant un entraxe moindre pour les personnages proches, ce qui imposait des "bidouilles" de réincrustation dans l'autre image, la caméra filmant l'ensemble n'étant pas la même (plus écartée) pour garder de la "profondeur stéréoscopique".
. Ce phénomène jouait peu pour ce qui était filmé en intérieurs (comme dans les "sitcoms" de VTP d'autan), d'où le tournage à Bollywood de beaucoup de comédies américaines ayant peu de plans comportant le problème précédent. L'autre solution était d'utiliser des personnages qui supporteraient l'amplification du relief, comme le faisait VTP. Lorsque l'on devait jongler entre les divers procédés au cours d'un même film, les réalisateurs n'ayant pas une grande habitude des contraintes du procédé (et surtout de ce que cela donnerait vu pour de vrai sur grand écran, et non sur un petit de contrôle) perdaient beaucoup de temps à refaire des prises avec d'autres règlages ou obtenait au final des effets fatigant le regard ("pompage" de profondeur), ou involontairement amusants distrayant l'attention du film de l'action, surtout quand celui-ci ne "tirait" pas assez fortement cette attention. Il n'y avait pas eu de tels problèmes de "rendu" ni de non-respect des délais dans ce qui avait été confié à Westfilm, ni dans les premières réalisations bollywoodiennes de Sean Murciano qui avait tout pré-testé à l'état de "manga" virtuel avant le tournage, comme chez VTP. Kerfilm n'amplifiait pas autant la stéréoscopie (sauf quand l'ampleur du phénomène filmé y invitait, comme dans "Maréssima") que le faisaient les réalisateurs abordant cette nouvelle technique avec souvent trop d'enthousiasme, oubliant que ce qui était attirant pour une prise (ou une bande-annonce) pouvait fatiguer le cerveau (et non les yeux, en fait, puisque c'étaient les lobes visuels qui avaient un surcroît de travail à fournir pour rassembler les éléments des deux images, effort très variable d'un individu à l'autre) au fil d'un film de deux ou trois heures. De plus, avec une stéréoscopie exagérée, les contraintes "émilianiennes" devenaient insolubles, de même qu'une voiture garée trop près dans une photo stéréoscopique de grand paysage de montage (imposant d'augmenter fortement l'entraxe, sous peine de ne pas bien "découper" les sommets les uns par rapport aux autres, si l'ensemble était au loin) pouvait montrer ses deux flancs (y compris les jantes) d'un oeil à l'autre.
. Toute la mise en scène de VTP tenait compte dès la conception initiale du storyboard de ces contraintes, d'où d'ailleurs la brièveté de certains plans proches, où le personnage était le plus souvent de profil (moins d'effets gênants) pour éviter d'avoir un effet de "pompage" du fond en modifiant l'entraxe à ce moment. Aucun scénariste n'était autorisé à dessiner manuellement: tout devait se faire sur station graphique (avec synhèse simplifiée pour avoir du temps réel, ce qui gardait toutefois une qualité nettement supérieure à celles d'un jeu vidéo, vu la puissance de traitement disponible y compris au stade d'ébauche) avec les lunettes stéréoscopiques sur le nez: "nous ne voulons pas de dessinateur mais des sculpteurs virtuels". Tarsini ayant une longue expérience de ceci, c'était à lui que VTP avait confié à la totalité de la conception des premiers "Kerfilms" ("La citadelle des goules", "Les miroirs du temps", "Les reflets du temps"), puis l'équipe avait acquis de plus en plus d'expériences et d'anticipation (au moment de penser une scène, avant de l'ébaucher dans l'ordinateur) de ce qui poserait problème ou pas. Si le problème était bref (moins d'une seconde) on pouvait l'accepter ou tricher (virtualiser le personnage pour ne pas l'orienter de la même façon par rapport au fond d'un oeil à l'autre: c'était géométriquement paradoxal mais le cerveau acceptait bien mieux cela (si c'était bref) qu'une stéréoscopie exagérée sur quelque chose de proche). Au delà, il fallait faire autrement: se trouver devant un fond plus proche, déplacer les personnages, renoncer (mais à condition que ce ne fût déjà pas le cas dans ce qui y menait) à une stéréoscopie perceptible du fond, etc. Outre la notion traditionnelle de "profondeur de champ" il y avait celle de "profondeur de relief". Ceci expliquait le résultat souvent maladroit d'une grande partie des productions stéréoscopiques bollywoodiennes, d'autant plus que certains pensaient encore que ce n'était qu'une option pour mordus de la 3D et que pour eux "plus il y en aurait, mieux ce serait", le spectateur ordinaire se contenant de la version plate. Cela avait été vrai mais le serait de moins en moins, une part croissante du "grand public" s'étant habitué à la stéréoscopie (le lancement des films de VTP une semaine plus tôt dans ces salles-là y ayant contribué) bien gérée chez VTP, donc était capable de repérer les maladresses d'utilisation de ce procédé par certains (beaucoup d') autres et même en être gêné, donc effectivement préférer voir ces films-là "à plat".
. Sean Murciano avait étudié "Les miroirs du temps" (l'un des premiers disponibles en vidéo, y compris la version anaglyphes ne nécessitant qu'un écran ordinaire (télé ou ordinateur) et des lunettes bicolores: trois exemplaires dans l'emballage) plan par plan, voire image par image avant de concevoir "Double Bang". Il n'y avait pas d'avion dans le film de HF de Kerfilm, donc personne n'y penserait, mais c'était bien du rythme et de la gestion des profondeurs (rien que de l'assez loin, de "l'un peu de tout", du plus proche mais avec un peu de flou dans le fond...) des "Miroirs du temps" qu'il était parti pour répartir ses plans et ses règlages stéréoscopiques (faciles à faire mesurer automatiquement par un petit logiciel, quand on disposait des paires d'images) de façon à être sûr de ne pas commettre d'erreurs dans "Double Bang". Ca lui prenait beaucoup de temps, donc il n'avait conçu que six films ainsi jusqu'à présent, mais constatait que la différence de qualité en projection était nette par rapport à la vague de production stéréoscopiques américano-bollywoodiennes concurrentes, qui auraient même, estimait-il, réussi à tuer le nouvel essort de la stéréoscopie si VTP n'avait pas déjà lancé des dizaines de films l'exploitant agréablement. Murciano ne recrutait pas ses acteurs à l'Emilianomètre (qui était bien plus exigeant que juste le "non ridicule en relief", puisqu'il s'agissait de faciliter aussi la virtualisation du personnage sans que l'on pût s'en rendre compte à l'écran) mais en leur faisant tourner un bout d'essai filmé (en numérique moyenne définition: ce n'était que "pour voir") avec une stéréoscopie importante. Une paire de lunettes à réalité virtuelle (russes, vu le rapport puissance/prix) lui permettait même de les voir ainsi en temps réel, au lieu d'avec ses propres yeux. Ceux qui ne "passaient" pas ne tournaient pas dans ses superproductions bollywoodiennes: c'était aussi efficace, estimait-il, que la machine morphologique de VTP, tout en laissant plus de choix dans le recrutement: Murciano remplaçait bien moins ses acteurs par du virtuel (sauf là où l'action l'imposait, vu le risque) que ne le faisait VTP. Pour des raisons évidentes de coûts ainsi que d'adapation aux nouvelles méthodes, Murciano n'avait recouru à aucun acteur connu, d'autant moins qu'il estimait que "ce sont les films qui fabriquent les stars, et non l'inverse". Si "Double bang" et les suivants marchaient, ses acteurs deviendraient connus donc "bankable": contrairement à VTP, il n'avait pas (pas encore) le volant financier lui permettant de faire un grand film sans avoir à convaincre quiconque de son intérêt.
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. Le logiciel permettant d'optimiser la répartition en carreaux de Bézier de l'imitation d'un corps et d'un visage était un secret bien gardé par VTP: contrairement à ce qui se passait en créant un volume (automobile, etc) l'Emilianomètre devait en "comprendre" un, ainsi que ses lois de déformations quand l'acteur effectuait les mouvements demandés. A certains endroits, il fallait tricher avec des surfaces qui n'étaient pas des carreaux de Bézier, de façon à s'accomoder de jonctions incompatibles avec la mise en oeuvre d'une des variantes de la "méthode de Coons". Trouver un système d'analyse permettant à l'Emilianomètre de recourir de temps en temps à du "non-Bézier" (mais jamais plus que nécessaire, ces surfaces étant bien plus lourdes en calcul, en particulier pour en engendrer les normales, alors que dans du Bézier c'était "du pipeau") avait demandé du génie, et pas seulement du savoir-faire. Ce n'était pas l'oeuvre de Tarsini (qui n'en avait pas eu besoin pour l'architecture) mais de François Bruchec, 56 ans, qui avait initialement eu à plancher sur ce problème pour le calcul des moules de sujet de Pâques et de Nôel, partant à l'époque de modèles sculptés à la main et non sortis d'un logiciel (sinon le modèle virtuel aurait déjà existé). C'était un sous-problème de l'analyse thermique et de viscosité pour optimiser le moulage de formes complexes soufflées ou centrifugées pour avoir un intérieur creux dans une coque d'un seul tenant, et non réalisée en deux parties collées à chaud ensuite. Passionné personnellement par ce problème, et n'ayant pas trouvé de solution via le procédé Unisurf de Pierre Bézier (qui en avait trouvé pour emboutir sans plis les tôles de la R16, initialement [voiture comportant des surfaces à courbures "négatives" qui auraient conduit à ces problèmes], mais pas pour mouler des animaux ni personnages en chocolat) il y avait planché y compris pendant ses loisirs: non seulement trouver une solution acceptable pour le moulage (ça, c'était fait, mais pas avec celle qu'il espérait) mais surtout la trouver automatiquement, en utilisant à chaque endroit les surfaces mathématiques convenant le mieux, et devant pour cela en inventer. Le terme "triangle de Bruchec" ou "croissant de Bruchec" (qui n'étaient pas juste des versions "dégénérées" du carreau de Bézier en fusionnant certains noeuds: c'était autre chose, apte à résoudre les problèmes de raccords incompatibles avec les carreaux de Bézier) n'était pas connu du grand public, car ces travaux restaient un secret maison.
. Plutôt que de tenter de construire une méthode générale permettant de traiter toutes les surfaces ainsi (c'était possible, avec les nouvelles surfaces de Bruchec, mais à un coût informatique qu'il jugeait excessif), il avait peu à peu créé des "fonctions de formes", capables d'engendrer avec un excellent rapport fidélité/coût de calcul une narine, son raccord à la joue, des commissures de lèvres, des coins externes et internes d'yeux, la surface complexe (surtout sa loi de déformation) située entre le pouce et l'index, etc. Au lieu de tout décomposer en surfaces "universelles" (Bézier pour la plupart, "Bruchec" là où on ne pouvait pas résoudre par du Bézier) l'ancètre de l'Emilianomètre faisait évoluer en "hasard critiqué et corrigé" une fonction de nez, de commissures de lèvres, etc, autour des centaines (puis millions) de micro-facettes relevées "brut" sur le modèle initial (il s'agissait à l'époque de mouler des sculptures célèbres. BFR se fût contenté d'une méthode moins "optimale", mais Bruchec avait essayé (sur son temps libre) cette méthode, qui s'avérait fort efficace pour les parties pouvant s'apparenter à une "famille" de fonctions de formes.
. A l'époque de l'Emilianomètre, il n'existait toujours pas de procédé "général" (et il n'y en aurait peut-être jamais, estimait Bruchec) mais une telle collection de fonctions de formes qu'en en essayant beaucoup, chacune avec tout un choix de règlages de paramètres, on finissait par pouvoir modéliser fort efficacement (excellent rendu de surface avec peu de paramètres et pas de "grouillement inutiles" de sous-surfaces) tous les acteurs et actrices de VTP. L'idée de Bruchec était que l'ADN ne comportait pas assez de gène pour engendrer "tout et n'importe quoi" donc qu'il existait des fonctions de formes implicites. Le fait que (sauf chirurgie esthétique) certaines familles de fonctions de formes (les siennes, obtenues sans aucune connaissance génétique) ne cohabitaient jamais dans un même visage, ni même d'un endroit à l'autre d'un même corps (du moins à l'état neuf et non obèse) lui confirmait qu'il devait exister des "métafonctions", qui déterminait l'utilisation de telle ou telle famille. Certaines formes intermédiaires que son logiciel pouvait engendrer et qui auraient semblé aussi naturelles que les autres ne se rencontraient jamais, lui semblait-il, d'après tout ce qu'il avait pu examiner en passant toutes sortes de gens de VTP et BFR dans la machine, pour voir (pas juste des acteurs, déjà pré-triés), comme si à certains moment il existait un "saut quantique", saut qui correspondait à un changement de famille de fonction de forme, et non de juste continuer à faire évoluer ses paramètres analogiques.
. C'était d'ailleurs en sortant de ces "effets de familles de fonctions de forme" que Kalle Alioravainen avait été engendré: il semblait possible et harmonieux, tout en ayant (estimait Bruchec, au vu de ce qu'il avait constaté) peu de probabilité d'exister en vrai. Pourtant, à première vue, il était "quelque part" entre les Karéens, les Attéens et Jarkko, donc pas "inhabituel". Il utilisait toutefois des fonctions de formes intermédiaires statistiquement rares: Bruchec ne prétendait pas qu'elles n'existaient jamais, mais son logiciel n'en avait jamais rencontré en dépouillant les données d'une analyse par l'Emilianomètre, y compris hors "émilianiens", donc il supposait qu'il y en avait fort peu.
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. Bruchec n'avait jamais rencontré directement des personnages de VTP: il ne les connaissait que via l'Emilianomètre, terme désignant à la fois la machine (dont il n'était pas le créateur: c'était dérivé d'une machine à mesurer tridimensionnelle Kermanac'h capable de gérer les "contre-dépouilles" grâce à des balayages sous de nombreuses incidences) et son locigiel, dont il avait sous-traité des parties à divers stagiaires au fil du temps (en particuler les "fonctions d'interférences entre nappes de fibres libres" qui avaient permis de modéliser fidèlement les cheveux et leurs mouvements) , mais en conservant l'exclusivité du développement du "noyau".
. Or François Bruchec était mort le 11 mai 2004. Son travail était documenté, mais sachant qu'il fallait facilement une semaine à un autre bon informaticien pour comprendre "en profondeur" (pas juste comment c'était fait, mais pourquoi, et surtout ce que ça avait l'intention de devenir ensuite) une journée de travail d'un informaticien lambda, et que dans le cas de Bruchec ce serait plutôt un mois par jour, le programme n'évoluerait probablement que périphériquement, désormais, tout en bénéficiant de l'augmentation de puissance informatique brute. Peu de gens connaissaient Bruchec, même de nom, contrairement à Tarsini: seuls ceux ayant eu à travailler dans le logiciel (et non avec) connaissaient les "surfaces de Bruchec", et les principes topologiques de l'immense collection de fonctions de formes et surtout de raccords entre elles créée par Bruchec. Quelques-uns sauraient continuer ça et là sur ce qu'ils avaient déjà eu à modifier, mais le "noyau" risquait de rester à vie ce qu'il était. C'était formidable pour 2004, certes, vu les résultats obtenus sans "mettre à genoux" les ordinateurs, mais ensuite? Les programmeurs indiens finiraient par faire encore mieux, sauf si sous l'influence de l'idéologie unificatrice américaine ils cherchaient des fonctions de formes "universelles". Bruchec avait dit à VTP, pour justifier l'énorme collection de fonctions de formes compliquant le programme: "si un couteau suisse a plusieurs lames, c'est parce qu'il est impossible d'en créer une qui soit bonne à tout faire". A force d'habitude, Bruchec voyait des fonctions de formes, quand il voyait quelqu'un. Il n'était pas capable d'extraire mentalement le réseau de paramètres, mais trouvait souvent la famille de fonctions à laquelle appartenait le nez, le coin extérieur des yeux, les bouts de doigts (forme générale et dessin de la chair autour des ongles), etc.
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. Les Etats-Unis avaient perdu le "Big Bang" auquel ils tenaient beaucoup (retour du créationnisme par la fenêtre après que Darwin l'eût chassé par la porte), réduit au statut de phénomène local dans un univers illimité (y compris dans le temps) ainsi que les théories "unificatrices". Ils étaient en train de perdre Hollywood, les réalisateurs hollywoodiens étant partis en Inde (ou télétravaillant depuis la Californie avec ce pays, le "pire" pour les patriotes étant qu'ils le faisaient via le Lioubioutchaï 3, dont le débit avait continué d'augmenter au fil des lancements nombreux et très bon marché faits depuis le pas de tir centrafricain).
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. Dans "Le secret des Templiers" il y avait un jeu de mots (VTP en usait rarement, à cause des problèmes de traduction): le secret était celui des "temps pliés". Quelques phrases étaient rajoutées au moment où les personnages (verniens) en parlaient, en examinant la version "temps arrêté" d'Erwann, de façon à laisser le temps, dans les autres langues, de dire qu'en français (puisque l'ordre avait été exterminé par Philippe Le Bel le vendredi 13 septembre 1307) ça se disait "templier", mais que ça pouvait signifier "temps plié", chaque mot étant alors rapidement traduit dans la langue de doublage ("taipuanut aika", en finnois), puis on revenait à l'équivalent du texte d'origine: "donc lui, il est bloqué dans un pli du temps", en montrant Erwann "HF" figé sans être posé sur quelque chose, dans la crypte, après l'effondrement de la maçonnerie qui contenait initialement l'acide. Pour aller dans le passé, il "suffisait" certainement de plier le temps dans l'autre sens, supposait l'un d'eux, mais comment y parvenir? Et comment le déplier ensuite, sous peine de rester dans le même état que celui-ci mais quelque part dans le passé?
. Après quantités de péripéties, combats avec des pilleurs de trésors (qui eux, continuaient à chercher un trésor matériel, et non un savoir), destructions d'architectures (ça rendait toujours bien dans ce genre de film) ils finissaient par hasard par trouver comment déplier le temps autour du personnage suspendu (qui tombait -de pas très haut- et reprenait là où il s'en souvenait, donc était stupéfait de ne plus voir les mêmes ni le même état des lieus autour de lui) puis au bout de bien d'autres péripéties à aller dans le passé. Dès qu'Erwann était parti, celui qui était resté (le médiéval) disparaissait, ce qui leur faisait comprendre que le "leur" n'avait pas réussi à revenir, lui: ce voyage avait déjà modifié le présent sur ce point. "Ou alors il n'est pas revenu ici: il est peut-être figé ailleurs, puisqu'il sait que ce n'est que comme ça qu'il peut revenir dans notre temps". On suivait alors les aventures d'Erwann (version XIXème, avec sa montre, sa règle à calcul, etc) dans un passé bien plus "HF" (c'était du Kerfilm) que les années 1300 réelles.
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. Stéphane (c'était son prénom usuel à Juustomeijeri) retrouva l'équipe de Juustomeijeri, cette fois de l'intérieur et non comme adversaire: il y avait eu 9 joueurs de Juustomeijeri dans l'équipe de Finlande que le Cube de France avait réussi à vaincre cette année. La Finlande avait battu ensuite la Belgique mais ne l'avait pas écrasée: 29 à 21, ce qui était considéré comme une confirmation de la baisse du niveau finlandais plus que d'une montée simultanée de la France et de la Belgique.
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. Il y eu dès le lendemain de son arrivée un match contre Turku qui fut perdu par Juustomeijeri, ce qui n'était jamais arrivé avant. L'analyse vidéo du match (et infographique, grâce aux pastilles transpondeuses sur les joueurs et dans le ballon) montra qu'il avait joué comme d'habitude et été efficace quand il avait pu avoir le ballon pour le transmettre à un équipier ou tenter (parfois) un drop (plus souvent réussi que ceux de l'équipe adverse, en statistiques. Peu tentaient des drops, tellement le ballon cubique s'y prêtait mal, quand on n'avait pas le temps de le poser pour tirer) mais eu moins d'occasions, car moins de passes lui avaient été faites, comme s'il avait été légèrement "oublié" par son équipe pendant son absence. Au rinnepallo, les matchs étaient plus fréquents pour les équipes qu'au rugby ou au football donc il n'était pas rare qu'entre deux matchs du tournoi annuel les mêmes joueurs en aient un voire plusieurs dans leurs propres clubs. Il ne fallait jamais jouer un match au point de ne pas être en pleine forme pour en rejouer un autre deux jours plus tard, d'ailleurs les remplacements servaient plus à ne pas surexploiter les joueurs remplacés qu'à remédier à un épuisement réel: si on attendait d'en arriver là, ce joueur ne serait peut-être pas à son niveau normal de performances pour le prochain, s'il avait lieu peu après. Savoir s'économiser (juste de ce qu'il fallait) au cours d'un match de rinnepallo faisait partie des aptitudes requises des joueurs: quel club en avait suffisamment du meilleur niveau pour remplacer toute l'équipe à chaque fois? Cet impératif évitait aussi certains pépins physiques chez les uns (ceux déjà rôdés et "validés") et en révélaient d'autres chez les joueurs qui n'étaient pas construits pour ça: autant prendre du muscle était toujours possible, autant pour les articulations le seul "plus" possible était d'éviter de les endommager.
. L'ambiance était froide. Elle l'était déjà dans le rinnepallo français par rapport au rugby ou au football, mais en Finlande, quand ils n'étaient pas en train de jouer et parlaient du match précédent ou du prochain, en ne comprennant pas les paroles on aurait pu penser qu'il s'agissait d'étudier comment limiter les dégâts d'un plan de restructuration et de licenciements suite à la fusion de deux entreprises. On trouvait un peu plus de camaraderie et de vie dans BFRSF, par exemple. Une activité supposé moins sérieuse (VTPSF) imposait plus de sérieux de ses participants, ce qui était aussi le cas d'une équipe de rinnepallo. C'était Viljami qui lui avait mentionné cela:
V- quand on travaille dans une usine, on ne se pose pas la question de la crédibilité. Dans d'autres activités, on peut moins se permettre de se lâcher parce que l'on ne bénéficie pas de la référence industrielle.
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. Ce fut chez VTPSF qu'il joua dans "Nouilles à bord": le succès du premier avait été tel qu'une seconde attaque, cette fois dans un porte-avion nucléaire russe (le Tcherenkov) puis un hôpital psychiâtrique, pouvait espérer remplir les salles. Cette fois, c'était une attaque à la Alien (à travers le ventre, après en avoir mangé) puis une invasion grouillante: les humains n'en ayant pas encore mangé avaient des moyens de riposter, ou croyaient en avoir: il y avait bien trop de nouilles pour pouvoir en détruire un pourcentage significatif à la Kalashnikov (ce qui par contre faisait beaucoup de "dommages collatéraux" par ricochets), et pour grenader, il ne fallait ni être trop près, ni dans un lieu clos. Des nouilles entrant dans les réacteurs d'un Sukoï 27 pendant le décollage provoquait sa chute en mer, etc. Un autre s'était déjà écrasé parce que des nouilles s'étaient mises à grouiller la combinaison anti-G de son pilote, que l'on avait vu en manger avant ce vol d'entraînement. Multiplier les avions était encore plus facile que de multiplier les marins, infographiquement, car les avions pouvaient être identiques, alors que le logiciel devait engendrer une "distribution réaliste" de variétés de physionomies de marins. Il n'y avait que 19 vrais acteurs, plus une vingtaine de robots réalistes pour économiser de la synthèse vus de près, que l'on pouvait légèrement modifier pour d'autres parties du film.
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. Par la suite, un membre de l'équipe d'intervention semblait perdre l'esprit et était envoyé à l'hôpital de Trepanogorsk (Erwann y jouait (tel que, cette fois) Vitali, un des infirmiers "pour cas difficiles" chargé de les rattrapper) où il était à l'origine d'une nouvelle invasion de nouilles carnivores. Au début, personne ne croyait ce que racontaient les déments, d'où la multiplication des nouilles bien avant la prise de conscience par les soignants de la réalité du cauchemard. Une tempête de neige bloquait tout accès à l'hôpital.
. Le tournage réutilisait l'équipe de Lobosibirsk, l'essentiel des trucages, mais dans un contexte inédit. "Lobosibirsk" étant un succès planétaire (les 175 épisodes tournés étant souvent rediffusés dans divers pays), "Danger: nouilles" aussi (382 millions d'entrées dans le monde à ce jour), suffisait-il de mélanger les deux pour faire beaucoup d'entrées?
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.  L'attention du spectateur étant surtout sur les nouilles (et quand on ne les voyait pas encore, de quoi ou de qui elles allaient surgir) VTP y fit jouer parmi les personnages principaux Valtteri Niininen, un acteur inédit et imaginaire évoquant Val Kilmer jouant "Ice" dans "Topgun" sans en être un clône: juste un bon sosie, en particulier dans les expressions. Valtteri était animé par Erwann dans cette première partie du film. Leurs morphologies corporelles étaient identiques, et pour cause: dans certaines scènes, l'infographie ne susbtituerait que la tête, tout le reste étant directement du Erwann. Dans d'autres il s'agirait du robot (en fait il y en avait deux ayant même aspect, mais construits pour des scènes différentes) ou de la version totalement virtuelle (profitant de ce que le porte-avions, lui, l'était, à part certaines portions fréquement parcourues et construites comme décors de studio, escaliers inclus). Erwann jouait directement dans la seconde partie du film.
Il pilota d'autres personnages "principaux ou presque" dont un qui lui ressemblait beaucoup (modélisé à partir de lui mais aux yeux bleus et coiffé plus court) et d'autres qui ne correspondaient pas à des acteurs réels, dont Kalle Alioravainen, et Pyry Hämäläinen qui était un "Karéen" artificiel, puis bien d'autres parmi les déments et le personnel de l'hôpital qui réutilisait les portions de décor et les fonctions virtuelles de Lobosibirsk.
Le public ayant vu "Croisière grouillante" s'attendait probablement à ce qu'un des survivants fît exploser le réacteur nucléaire, mais ce n'était pas ainsi que cela finissait: l'amirauté russe ayant eu connaissance du problème (y compris en vidéo, via le Lioubioutchaï 3) et de l'incapacité de l'équipage à le maîtriser donnait l'ordre à un autre navire de s'en rapprocher juste assez pour envoyer des hélicoptères Kamov Ka-32 y déposer des commandos munis de scaphandres-armures spéciaux et de lance-froid alimenté par des bouteilles d'azote liquide pour "traiter" tout le navire (les nouilles gelées cassaient spontanément) en essayant de ne pas trop l'endommager, avec l'ordre de "buter les nouilles jusqu'au fond des chiottes", ordre qui n'était pas superflu si on se souvenait de la façon dont une des victimes de "Danger: nouilles" avait été attaquée. Un soldat dont le scanphandre était déboité au genou par un bout de tôle tordue au détour d'un escalier (dégât saillant résultant d'un grenade défensif de l'ex-équipage, dans la phase précédente) se mettait à se contorsionner avant que l'on ne vît les nouilles envahir l'intérieur de la visière de son casque. Les nouilles semblant avoir "appris" s'arrangeaient pour faire tomber des objets ou pousser les scaphandriers contre ce qui pouvait déboiter ou entailler des parties de leurs scaphandres. Cette intervention difficile (nécessitant à la fin de détruire le Tcherenkov, après avoir eu l'impression pendant un certain temps de bien avancer dans la "décontamination") relançait le scénario vers sa moitié (au total, il y en avait pour 2h50). De plus, les personnages en scaphandre étaient plus faciles à robotiser (et plus souvent virtualiser: ça facilitait l'interaction avec les nouilles) que les marins.
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. Dans la première partie, l'utilisation d'un porte-avions nucléaire russe permettait de jouer aussi du mauvais entretien du navire et de l'alcoolisme (à peine clandestin) d'une grande partie de l'équipage, entonnant des chansons à boire de là-bas. On avait d'abord pensé à un sous-marin nucléaire, ce qui eût été encore plus angoissant (aucune sortie possible), mais ça aurait fait trop "tourné en studio", alors qu'un porte-avions offrait bien plus de variétés de points de vue et d'animation, avec les appontages et catapultages d'avions. Les amateurs se renseignant sur ce porte-avions ne le trouveraient pas sous cette forme dans l'arsenal russe, ni la version aéronavale du Sukoï 27, mais peu importait: ça rendait bien à l'image.
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. De plus, l'intérieur d'un porte-avions était moins gourmand en post-production (les nouilles consommeraient autant que dans le premier opus, mais la puissance de traînement de VTP s'était beaucoup accrue entretemps, accroissement auquel les bénéfices copieux de "Danger: nouilles" avaient aussi contribué) qu'une station de sports d'hiver, et les marins (puis les scaphandriers) moins que les enfants. Quant à la mer, elle avait tout simplement été filmée (longuement et en tous sens) autour du vieux porte-avions Clémenceau remorqué pour la circonstance: en donnant au Tcherenkov la même forme de coque (et mêmes dimensions) filmée sous les mêmes angles, les frais de synthèse marine réaliste s'en trouvaient nettement diminués. Quelques parties internes du porte-avions (celles utilisées le plus souvent dans le film, dont les cuisines et trois des escaliers) avaient été construites matériellement dans les studios. Le film serait prêt pour avril.
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. VTP  avait envisagé de faire deux films: "Nouilles à  bord" puis "Paranouilla" mais avait jugé préférable d'offrir les deux dans le même aux amateurs de nouilles tueuses. Le titre définitif n'était pas encore choisi: "paranouilla" ne marcherait qu'en français, alors qu'il était facile de traduire "nouilles à bord".
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. Le 28 mai, à 7h00, match Juustomeijeri/Tempere, à domicile, où Stéphane joua: au foot ou au rugby, on n'eût peut-être pas fait jouer un élément important de la sélection nationale l'avant-veille d'un match décisif. Au rinnepallo, on ne se posait pas la question: un rinnepalliste digne de ce nom devait pouvoir jouer tous les jours, voire deux fois par jour si le calendrier y conduisait. Savoir se gérer dans un match en pensant aussi aux suivants faisait partie des aptitudes exigées des rinnepallistes. Petite victoire de Juustomeijeri: 17-13, car tant Stéphane que les Finlandais de l'équipe nationale devaient "en garder sous le pied" pour le surlendemain. Plutôt que de faire jouer une "équipe bis" Juustomeijeri utilisait ses internationaux, sachant que le niveau de Tempere était moindre et que ça leur ferait plus de bien de jouer ce match (à domicile) que d'attendre le "vrai" en ne faisait que de l'entraînement.
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. Le 30 mai, 7h00, match France/Argentine, joué à Göteborg, ce qui faisait un trajet long depuis Juustomeijeri parce que c'était la côte ouest de la Suède. Il avait fait ce trajet en train la veille, pour rejoindre l'équipe de France dans la résidence mise à disposition des deux équipes par la fédération suédoise. Victoire 31-16. Il restait donc France/Suède, qui aurait lieu à Turku, en Finlande, plus pratique pour les Suédois (direct en train sous la Baltique) que pour les Français, sauf Stéphane qui viendrait de Juustomeijeri.
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. Il y eut deux matchs intra-finnnois cette semaine, auxquels Erwann participa, puis enfin LE match France/Suède dans la banlieue de Turku. Avoir battu la Finlande rendait possible de remporter le tournoi cette année. Restait toutefois à battre la Suède qui n'avait fait que progresser au cours du tournoi. Le reste de l'équipe de France arriva deux jours plus tôt, pour se familiariser avec ce nouveau terrain, et le match fut gagné par la Suède: 32-31. Suède: quatre essais. France: quatre essais, deux drops, mais l'un des essais avait été marqué avec le "1" du dé en haut, donc n'avait rapporté que 2 points plus les deux de la transformation tirée par Stéphane. Les autres avaient été marqués avec le 4, le 6 et le 2 en haut, alors que les essais suédois avaient été marqués avec le 6, le 3, le 6 et le 5, tous transformés aussi, ce qui faisait 32 points. Les Suédois avaient soit eu de la chance, soit un peu plus d'aisance dans leurs essais leur donnant le temps d'orienter le dé avant de l'applatir, ou d'avoir pu le faire pendant que le porteur courrait avec, la relation entre la façon de l'avoir dans les bras et la face qui serait en haut dans l'embut étant connue depuis longtemps. Pas totalement, mais au moins éviter de faire des 1 ou des 2. La Suède avait perdu contre la Finlande donc aucune équipe n'était invaincue et trois n'avaient qu'une seule défaite. Au décompte des points marqués et encaissés la France gagnait l'édition 2004 grâce à cette défaite d'un seul point qui la mettait deux petits points devant la Finlande et quatre devant la Suède.
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. Perdre un match en ayant marqué autant d'essais que l'adversaire, tous transformés, et deux drops à zéro apporta encore de l'eau au moulin des détracteurs du ballon cubique: "jouer avec un cube se comprend, parce que sinon sur un terrain en pente il roulerait tout seul, mais que ce soit un dé, non! Surtout après tous les perfectionnements informatiques assistant l'arbitrage pour en éviter l'arbitraire".
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. Cette année, le Dynamo de Dinan battit le Stade Toulousain en finale (22-14): une seule des nombreuses attaques bretonnes (Dinan avait eu 68% de possession du ballon, dans le match) avait abouti à un essai, une autre avaient permis de réussir un drop (sur onze tentés au cours de ces attaques quand elles aboutissaient au sol à une impasse), ce qui ajouté à quatre pénalités (conséquences d'interceptions "urgentes" de certaines de ces attaques quitte à risquer la faute) avait permis la victoire malgré les deux essais encaissés. Un club dont le score semblait en dessous de ses qualités techniques de jeu et de sa puissance physique, constatait-on. Le point fort de Dinan au score restant la rareté des pénalités concédées, sur l'ensemble du championnat. Cela pouvait expliquer selon certains que la défense ne fut pas aussi imperméable qu'elle en avait l'air, car la consigne "pas de faute" (dans la pratique il n'y avait que de temps en temps un "en-avant" involontaire ou un hors-jeu) était strictement appliquée donc limitait un peu les initiatives lors des placages, et puisqu'il fallait de ce fait un peu plus de monde en défense l'attaque ne disposait pas (la plupart du temps) des moyens humains qui eussent permis de faire la différence. Mais cela marchait parfois (en restant excellent en "conquête de ballons", le Dynamo avait souvent l'occasion de telles offensives, même si très peu aboutissaient), ce qui joint à très peu de points offerts à l'adversaire aboutissait à un bilan presque toujours supérieur à celui de l'autre équipe. Il y avait une autre raison de ne pas envoyer "trop" de monde à l'avant: la gestion de la fatigue. Ce n'étaient pas toujours les mêmes qui restaient en "filet de sécurité", ce qui permettait à certains participants de l'attaque précédente de récupérer autant que possible. Le "filet de sécurité" n'était pas trop sollicité (mais quand il l'était, il fallait qu'il ait assez de joueurs) puisque Dinan avait plus souvent le ballon que l'adversaire grâce au travail scientifique de la précision de jeu qui permettait aussi de rattrapper un plus grand pourcentage des grands coups de pieds de dégagement qui chez trop d'autres clubs n'étaient qu'un moyen de se donner un peu d'espace pour se réorganiser mais en se débarrassant du ballon par la même occasion. Dinan était beaucoup plus précis, beaucoup moins fautif, un peu plus rapide (en moyenne, tant par l'entraînement des joueurs que par la gestion adroite de la courbe de fatigue en cours de match) mais rarement en surnombre pour éviter de "deshabiller Pierre pour habiller Paul" (et aussi pour garder du potentiel "moteur" chez d'autres joueurs pour la prochaine attaque), ce qui limitait le score de part et d'autre. Toutefois les matchs à l'extérieur n'étaient plus qualifiés d'ennuyeux du point de vue du public, tandis que ceux à domicile restaient un peu ternes, ceci dans un stade d'une ambiance trop sage (surtout pour les habitués de Jean Bouin) et rarement plein. Pour certains matchs, (et malgré un prix raisonnable: à partir de 2 euros) il avait moins du quart des places d'occupées et les supporters de l'équipe visiteuse y étaient parfois aussi nombreux que les locaux. Le public local ne s'y était pas trompé et allait plus souvent aux matchs de l'équipe féminine (le F15) qu'à ceux du Dynamo, car le F15 semblait plus vivant et ludique à voir jouer, bien qu'étant entraîné avec autant de sérieux (et depuis plus longtemps) et concédant aussi rarement des fautes.
. Un peu après la fin du match, ce fut un Torbjörn Hultgren restylé "Monsieur Propre" qui répondit à une des interviews, découvrit Erwann à la télévision. Le vrai, ou un gag via un robot à son image (répondre à une interview était facile pour le matériel télépiloté par exosquelette ou simplement "lecture optique de mouvements" de VTP), songea Erwann. Ca pouvait être un faux Torbjörn, mais le vrai pouvait avoir promis à ses camarades de pouvoir raser sa longue chevelure en cas de victoire. De la part de Tobjörn, les deux étaient possibles, et il apprit en contactant Dinan que c'était la seconde hypothèse.
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. Même chez VTP on trouvait que ça faisait beaucoup de films avec Erwann d'Ambert: "tel qu'il est fait, on pourra encore s'en servir dans ce genre de rôles pendant au moins quinze ans, à raison de douze films par an ça nous en ferait 180 de plus, mais qui va pouvoir inventer autant de rôles qui ne fassent pas double-emploi?". En fait, le public (sauf celui allant tout voir au cinéma) n'avait pas encore cette impression, les "Kerfilm" tardant beaucoup à passer à la télévision. On l'y voyait donc bien moins que beaucoup d'acteurs et actrices de VTP souvent utilisés dans les téléfilms et les séries. Le problème pour VTP était qu'il était pour le moment le seul à savoir participer simultanément à quatre ou cinq tournages comportant beaucoup de scènes techniquement exigeantes tout en ayant plus de premières prises bonnes que la moyenne de leurs acteurs principaux: "et encore: on ne s'en sert que trois mois par an". Il eût été présent dans plus de films si VTP l'avait aussi utilisé dans des rôles annexes d'autres. C'était en partie pour limiter le nombre de films "avec lui" que VTP ne lui confiait que des rôles parmi les principaux, dans les films où il jouait, nécessitant une préparation poussée des scènes, mais qui lui demandait de moins en moins d'heures d'entraînement parce qu'à force, ce qu'il avait à faire ressemblait très souvent à ce qu'il avait déjà fait à un certain moment dans un autre film (habillé autrement, dans un autre décor, mais l'exercice était le même) donc il lui suffisait de puiser dans la mémoire "motrice" et de mémoriser juste les différences par rapport à ce modèle antérieur. C'était ce qu'il apprenait à faire aux robots (animaliers, humains, ou "comme des robots"): se consituer une base de données de situations et de comportements réutilisables, et c'était ainsi que lui-même fonctionnait. Dans "Est" il avait été utilisé jusqu'à seize exemplaires simultanément, quatre étant des robots à son image et douze du virtuel. Il ne jouait aucun d'entre eux, ce qui assurait une équivalence d'interaction entre tous les personnages qu'il avait eu à gérer comme étant chacun lui. Le procédé classique eût été de le filmer en vrai seize fois, et de tout réincruster après mais se souvenir au dixième de seconde près ce que chacun des quinze autres (non visibles) était censé faire à cet instant dépassait ses capacités de "restitution mentale de contexte", alors que les robots comme les virtuels pouvaient s'adapter les uns aux mouvements des autres, formant un ensemble à la fois individualisé (pas de mimétisme) et cohérent, restituant l'impression: "pense et percoit via chacun des seize en même temps", ce dont un cerveau humain était bien sûr incapable. Celui qui en douterait, avait-il expliqué à VTP, n'avait qu'à essayer, pour commencer, d'organiser seul une course avec quatre petites voitures télécommandées. Il verrait ainsi que seul un logiciel pouvait y arriver sans donner l'impression de cesser de piloter d'une des voitures pour s'occuper d'une autre. Il savait qu'ainsi, quand il ne serait plus acteur (quand VTP n'en utiliserait plus, ce qui serait pour dans peu d'années) il resterait "superviseur de robots", en plus d'être rôdeur de comportements, donc continuerait à participer à ce que l'on verrait comme "acteurs" dans les films. Il n'était "au naturel" que comme infirmier de l'hôpital psychiâtrique de "Paranouilla", donc dans la seconde partie du film, mais avait servi à guider (indirectement ou parfois par reprise infographique sur prise de vue réelle) six personnages de la permière partie "Nouilles à bord", certains ayant un air de famille avec lui, d'autres moins.
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. Bien que Vittorio n'en fût pas là (24 films, mais aussi 39 téléfilms et 66 épisodes de séries télévisées) VTP cherchait à ne pas "tourner que sur trois cylindres" (le troisième étant Zhao). Le quatrième pourrait-il être Alexandre Fresnel? "En progrès, mais pas encore assez polycompétent". Il y avait d'autres acteurs fonctionnant bien dans les films, mais VTP hésitait toujours à lancer un "gros machin" d'action sans au moins un de ces trois-là. Il y avait eu des essais pour confier à Manfred le rôle de Francis dans "Extraction": il allait bien avec le costume en cuir, prenait des attitudes qui avaient plu aux essais, mais il s'était avéré trop lourd (de muscles) et pas assez vif pour donner la même impression "j'avale les côtes en cinquième" qu'Erwann dans les mêmes situations. "Il aurait été très bien dans Kerminator, mais là-dedans il faut plus de ressort". Du coup, Manfred avait eu un autre rôle dans ce film, celui d'un costaud taciturne et habile dans les combats, mais pas aussi acrobatique. Chez VTP, on estimait qu'Erwann était difficilement remplaçable pour certaines scènes d'action. D'autres seraient parvenus à les jouer aussi, mais de l'avis général, dans la société de production, on trouvait qu'il était agréable à voir fonctionner, comme l'avait confirmé le test où par capture de mouvements tout le monde avait été remplacé par des robots anonymes. Celui mû par Erwann apportait quelque chose de plus, sur une série de scènes très mobiles, y compris lorsqu'il devait rater quelque chose (ses personnages ne devaient pas être infaillibles: cela eut ôté de l'intérêt au scénario, estimait VTP). C'était un des rares domaines où l'on ne pouvait pas demander à un acteur d'imiter "sur des rails" la gestuelle d'un autre, car chacun n'imitait que dans la mesure où il le pouvait et avait le temps d'y penser, lors d'une prise demandant adresse, vivacité et souplesse de réception (si c'était un saut). Erwann préenregistrait donc ses scènes d'action (le premier modèle numérique n'étant alors qu'indicatif): tout ce qui était rapide ou le déplaçait beaucoup, et uniquement celles-ci. Cela lui permettait de le faire depuis la Finlande, suite à quoi c'était incorporé au storyboard 3D.
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. L'infographie pouvait modifier son apparence et il savait imiter fidèlement divers modèles de jeu, toutefois VTP n'en profitait pas pour l'utiliser dans "tout et n'importe quoi". Il ne fallait pas le mettre dans trop de films car il y en avait déjà beaucoup, il n'était pas disponible à plein temps et il n'était pas destiné à tous les rôles (même quand l'infographie l'eût permis visuellement).
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. Le mur d'Hadrien, mélangeant péplum (les Romains défendant la partie conquise de l'Angleterre) et HF (les Ecossais, au nord du mur) sortit le 13 octobre 2004 et trouva facilement du public: ça ne ressemblait pas à "Au delà de la muraille" (il n'y avait pas de fantastique) bien qu'il y en eût une aussi. Deux semaines plus tard, ce serait la SF Westfilm "Les 16 lunes de Garakande" qui sortirait.
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. La disparition des salles françaises des films "de peu d'action et peu d'espace parcouru" (on tournait encore de telles oeuvres, mais uniquement pour la télévision ou les réseaux télématiques) venait de ce que le public n'avait ni le temps ni les moyens d'aller tout voir, donc n'y allait que pour ce qui "méritait" selon lui le grand écran: "Kerfilm" ou équivalent. VTP n'était pas le seul producteur français de films "méritant le cinéma" mais réalisait 94% des entrées, les 6% restant étant occupés par quelques grands films comiques utilisant bien l'image (pas du "huis clos") et plus rarement des films d'action, les scénaristes préférant les proposer à des filiales de VTP, sachant que là, il y avait les moyens de les réaliser dans toute leur ampleur (et bien sûr en stéréoscopie), quitte à accepter quelques modifications "à la VTP". C'était aussi le cas dans les pays européens n'ayant déjà pas (avant VTP) un cinéma national très actif.
. La plupart des chaînes (ou "bouquets") de télévision payantes avaient disparu en 2002, ne pouvant répondre à la concurrence des chaînes satellitaires gratuites désormais nombreuses via le réseau Lioubioutchaï (dans la diffusion "passive" un vers tous, du moins dans une zone de diffusion: au cours de son voyage, un même satellite allait arroser divers pays en changeant de palette de programmes, ou parfois en gardant le même avec juste une autre langue, si elle était disponible) et ayant perdu depuis longtemps son rôle de "chaîne du cinéma": VTP n'avait jamais eu recours à des financements tiers pour ses propres films, tout en tournant parfois pour des tiers (Westfilm, en particulier) auquel cas il y avait coproduction. Très peu de chaînes de télévision payantes avaient survécu, à l'exception de certaines "thématiques" se concentrant sur des genres que les chaînes gratuites ne proposaient pas ou rarement.
. La téléphonie payante avait elle aussi disparu. Si le cinéma en salle non seulement existait encore, mais avait même gagné des spectateurs, c'était parce qu'en plus d'avoir fortement baissé ses tarifs (2 à 3 euros la scéance, pour la plupart, en 2004) il proposait des conditions de "dégustation" de film que l'on ne trouvait pas encore chez soi, ainsi que des films qui ne passeraient à la télévision que trois à cinq ans plus tard: Kerfilm ne se hâtait pas de proposer la plupart de ses oeuvres aux chaînes de télévision. De plus les films étaient plus attrayants qu'en 1996. C'était la démocratisation de l'accès, en plus de la qualité technique et du dynamisme des productions Kerfilm, qui avait sorti le cinéma de son caractère élitiste et en avait refait un divertissement (presque) populaire. Cela correspondait aussi à la réindustrialisation du pays au détriment du "tertaire" considéré par l'ELR comme en grande partie improductif (en grande partie mais pas totalement: la part de tertiaire travaillant pour les industries -et vu ses exportations, VTP en était une- pouvait être considéré comme une extension du secondaire): les personnages du cinéma actuel y étaient plus souvent ouvriers, chômeurs, techniciens, ingénieurs, etc, que journalistes, avocats, publictaires ou médecins, contrairement à ceux du cinéma "pré-VTP". Une autre raison faisant que le public y adhérait mieux, quand il s'agissait d'un contexte réaliste, et comme l'essentiel était hors contexte réaliste (HF, SF, péplum...) le problème ne s'y posait pas.
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. Dans environ une décénie il y aurait très peu de jeunes, en France, les mesures malthusiennes ayant fort bien fonctionné (le départ spontané d'une partie des familles "un peu nombreuses" continuait, les "très nombreuses" étant parties depuis longtemps) donc le public de VTP diminuerait... Mais c'était un raisonnement à l'ancienne, datant de l'époque où le cinéma français s'exportait mal et où les jeunes allaient voir des films américains, de toute façon, ou surtout attendait leur passage à la télévision car le coût en salle était dissuasif. VTP avait un public bien plus large tant sur les tranches d'âge que la géographie, puisque mondial: ça marchait même (sans parler d'invasion, on pouvait dire "pas si mal") aux Etats-Unis, malgré le protectionnisme culturel de ce pays, d'autres part le succès des Kerfilm au Japon était comparable à celui des dessins animés japonais en France dans les années 80. Erwann d'Ambert faisait partie de ce phénomène, avec un petit "plus" personnel qui était le rinnepallo: on pouvait vérifier qu'il existait en vrai et qu'il était capable de beaucoup d'action sans trucage.
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. Outre la stéréoscopie, les salles à fauteuils remuants s'étaient multipliées, toutefois on pouvait aussi acheter cet équipement pour utiliser chez soi, essentiellement avec les jeux vidéo mais aussi pour certains films enregistrés avec les informations kinéstésiques. Certains étaient même diffusés avec ces informations sur les réseaux numériques, car les ajouter prenait très peu de place par rapport à l'image et au son. L'odorama, lui (auquel les arômaticiens de BFR avaient beaucoup contribué), pâtissait toujours de la difficulté à chasser vite une odeur pour la remplacer par une autre, lors des changements de scènes, donc ne se prêtait qu'aux films ayant une certaine unité de lieu, quitte à en parcourir plusieurs mais à la vitesse des personnages, sans "zapper" maintes fois d'un contexte à un tout autre.
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. Le basculement vers la "société de conservation" (où chacun cherchait à dépenser moins, conserver et faire durer les choses, freiner la démographie) avait été initié en France par la transformation radicale du système socio-fiscal du fait de l'ELR (en faisant plus de gagnants que de perdants, donc sans risque de retour arrière, les ex-lobbies n'ayant plus du tout voix au chapître) mais avait aussi gagné du terrain dans bien d'autres pays, car c'était tout simplement un moyen de vivre mieux (ou aussi bien) pour moins cher: "à quoi bon mettre à la poubelle l'équivalent de N mois de travail chaque année?". La réduction des déplacements évitables était l'un des aspects les plus visible de cette évolution, y compris aux Etats-Unis où l'effondrement du dollar rendait la hausse du pétrole encore plus coûteuse. Les téléétudes et le télétravail profitaient du réseau gratuit Lioubioutchaï, ainsi que de quelques réseaux gratuits terrestres (municipaux, régionaux, nationaux) là où il en existait, la plupart fonctionnant aussi selon le modèle de la "gratuité rationnée" tout en proposant à leurs connectés un débit souvent supérieur à celui du Lioubioutchaï 2, voire 3 pour les réseaux câblés optiques. Les ventes de véhicules chutaient (y compris et surtout les avions), malgré l'engouement pour les véhicules électriques ou hybrides (le plus souvent russes, Kermanac'h augmentant un peu ses ventes mais bien moins que Donova, à l'échelle mondiale). La remotorisation électrique ou diesel-électrique (avec un tout petit moteur diesel, servant plutôt de relais en cas de fin d'accus) de petits véhicules à essence des années 80 et 90 était le marché automobile le plus porteur, car ceci évitait de perdre la valeur de la caisse et de la "base roulante", qui consituait un patrimoine bien plus important que le moteur. Les véhicules reconditionnés étaient dispensés de passer les crash-tests aux normes actuelles: ils ne devaient répondre qu'aux normes de leur année de première mise en circulation, d'où un gain de poids donc de rendement
important. En France, au Danemark et en Hollande, la fiscalité était très favorable aux véhicules de plus de huit ans reconditionnés, dès que cela induisait une réduction de la consommation et de la pollution moyennes d'au moins 25%. Les constructeurs avaient senti l'irréversiblité du mouvement et s'étaient massivement mis à produire les kits de réadaptation de leurs anciens modèles (des fabricants tiers les y ayant souvent précédés, mais sans disposer de la même base industrielle pour modérer le prix) ainsi que des ensembles automatiques pouvant être loués ou vendus aux garagistes pour effectuer l'opération avec bien moins de main d'oeuvre et bien plus de contrôles de qualité en cours de modification. La baisse des ventes des véhicules neufs était inéluctable (les gens circulant moins) donc les constructeurs (surtout européens, où les mesures avaient été appliquées les premières) avaient investi fortement dans le reconditionnement, ayant quelques ateliers optimisés pour modifier leurs modèles les plus courants, en plus des kits et outillages proposés aux garagistes et particuliers compétents pour le faire sur d'autres modèles, y compris ceux des concurrents: il n'existait aucune "chasse gardée" et tout le monde pouvait proposer des kits pour tel ou tel modèle comme la Twingo, la Polo ou la Panda. Les gens ne changeaient plus de voiture: ils la modifiaient ou la faisaient modifier, ce qui revenait bien moins cher et améliorait fortement la balance commerciale des pays ayant le plus misé sur ce principe, car il restait possible d'exporter des voitures dans ceux où ce n'était pas encore devenu la tendance générale. Ceci coupa un peu l'herbe sous le pied de Donova, qui ne pouvait (même au tarif russe) proposer une voiture entière à un prix compétitif par rapport à la modification d'une voiture existante, d'autant moins que cette tâche était parfois sous-traitée de l'autre côté de la Méditerrannée. Le marché du neuf concernait surtout les offres n'existant pas ou très peu dans le parc "à reconditonner", comme la CRT ou les Trielec Kermanac'h: il existait peu de coupé-cabriolets légers, d'une part, et peu de voiturettes mono ou biplaces à faible coût. Toutefois le marché d'électrification des voiturettes "sans permis" plus classiques était en plein essort, souvent par ces constructeurs eux-mêmes qui ne vendaient presque plus de neuf face à la gamme Trielec.
. La règlementation des "VAE" (à assistance électrique) avait été assouplie: la puissance restituée aux roues (norme ISO, et non celle consommée par le moteur) pouvait atteindre 400W jusqu'à 20 km/h (en particulier pour les côtes), puis rester sous une ligne oblique descendant de 400W à 20 km/h juqu'à 0W à 40 km/h (ce qui signifiait que les 40 km/h devaient être atteints en pédalage seul). Les "polycycles" destinés à transporter plusieurs personnes pouvaient disposer de 250W supplémentaires par personne adulte, à condition qu'elle soit réellement à bord: un véhicule triplace ne comportant que son pilote restait limité à 400W. L'intérêt des véhicules cyclables à plus de deux roues était que leur stabilité et leur largeur permettait l'installation d'un toit pouvant servir de panneau solaire, ce qui contribuait de façon non négligeable à l'allongement de l'autonomie des accus, en particulier pendant un stationnement en plein soleil à la destination (en plus du trajet), avant de revenir chez soi.
. Ce marché se comportait d'une grande partie de cycles neufs conçus pour cela, et d'un plus petit nombre de kits pour vélos existants consistant souvent en une roue avant motrice (moteur à l'intérieur, sous l'axe ou autour) et un ensemble accu+capteur s'insérant dans le bas du cadre, le capteur détectant le mouvement du pédalier et éventuellement la tension de la chaîne. D'autres montages étaient plus compliqués à installer, en particulier avec une seconde chaîne (à gauche) et une grande couronne dentée à fixer à tous les rayons du côté gauche de la roue arrière existante, servant à la fois de transmission et de réducteur. Dans certains modèles, il s'agissait d'une courroie crantée. Des roues arrière électriques étaient aussi proposées, comportant en même temps un vissage pour "cassette" de pignons et la détection du pédalage par l'effort exercé sur les cliquets de la roue-libre (si celle-ci "rouelibrait", le moteur n'agissait pas).
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. Les voiturettes ferroutables (rechargées par le train conçu à cet effet, avec quai permettant entrée simultanée de toutes (ou de la moitié) des voiturettes dans un wagon) étaient aussi en plein essort, huit pays européens ayant mis en service de tels wagons et quais, avec des variantes, mais compatibles avec les voiturettes ferroutables déjà existantes.
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. Ceci et la réduction importante du nombre de déplacements de la plupart des gens (pas tous: certaines professions étaient itinérantes par nature, comme les plombiers ou les infirmières) avait conduit à une baisse de 48% (par rapport à 1997) de la consommation pétrolière affectée au transport des personnes, dans l'Union Européenne, certains pays comme la France ayant connu des baisses beaucoup plus fortes. Toutefois ceci était loin de suffire à modérer la demande mondiale de carburants, donc à freiner la hausse de leurs prix.
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. En France, la dénatalité avait facilité le mouvement: il était plus facile de se déplacer en vélo (avec ou sans assistance électrique), en voiturette monoplace ou via les transports publics quand on n'avait pas d'enfants. Le marché des "monospaces" s'était effondré, à part ceux servant de "bureau roulant" pour hommes d'affaires, ou équipés en mini-camping-car (solo, éventuellement biplace mais pas plus). Les Français et surtout les Françaises, jadis si prolifiques, avaient vite compris que désormais pour vivre mieux il fallait vivre sans enfant, un enfant étant un luxe qu'il était encore tout à fait possible de s'offrir (car même pour la famille "classique" de deux enfants le pouvoir d'achat réel avait augmenté, du fait de la baisse spectaculaire du coût du logement) mais dont la plupart des jeunes adultes ne faisaient désormais plus le choix. De plus faire un enfant rendait très difficile (et financièrement pénalisant, surtout pour le parent ayant demandé le divorce, si jamais il l'obtenait) de divorcer, or l'habitude prise du "mariage jetable" déconseillait fortement de le rendre permanent via un enfant. De plus les gens étaient juridiquement mariés de fait s'ils faisaient un enfant ensemble pendant qu'ils étaient en union libre et faire un enfant hors mariage quand on était déjà marié était un délit. Cela aussi faisait réfléchir.
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. La réussite française par la déflation (très profitable dans un contexte à monnaie unique comme l'Euro: qui baissait ses prix prenait les marchés) et la dénatalité (qui diminuait tous les coûts sociaux) avait été imitée à divers degrés autour d'elle. Nombre de pays n'avaient déjà pas ou peu d'incitations familiales, donc pour eux le changement était moindre. Peu avaient créé un équivalent de la "TPA": c'était le cas en Angleterre, en Hollande et en Belgique. C'était la dénalatité qui avait permis de convertir le système de retraite (sortir de la "répartition") sans faire payer une génération deux fois. Certes, toutes les grosses retraites (à souce publique) avaient été ramenées à la médiane nationale, mais comme il en avait été de même pour ceux qui n'avaient jusqu'alors pas ou presque pas de retraite, et surtout que perdre le superflu était bien moins gênant que de manquer de l'essentiel, comme c'était le cas des "sous-retraités" jusqu'alors, il y avait bien plus de satisfaits que de mécontents. Erwann faisait partie des riches par rapport à la moyenne nationale, mais loin (très loin) des revenus statosphériques des acteurs les plus connus de "l'ancien système". La chasse massive aux surcoûts et aux indus (en particulier en ne prenant plus en charge les traitements des fumeurs, après enquête sur leur passé) avait nettement "désenrichi" (sans que l'on pût parler de pauvreté) le milieu pharmaco-médical et de ce fait diminué énomément la dépense publique. La dénatalité et l'accès facile au suicide sans douleur y avaient aussi contribué: moins de jeunes, moins de vieux et moins de malades incurables, ceci de leur propre intiative. Le droit à la mort (sauf pour les condamnés aux travaux forcés devant d'abord payer ainsi certains forfaits avant de pouvoir demander la peine de mort) pour quiconque la souhaitait (et ceci sans notion de majorité) avait beaucoup de succès et destressait les gens: maintenant, il y avait une solution facile et confortable pour le jour où il n'y aurait plus de solutions, que le problème fût médical ou non. Cela avait été critiqué: "on va perdre des individus de valeur, car ce sont surtout les plus lucides qui se suicident" mais puisque dans le contexte précédent les "individus de valeur" étaient presque tous chômeurs ou (par piston?) rangeurs de caddies pour un hypermarché, cela montrait qu'il y en avait dix voire cent fois plus que la société n'en avait l'usage, donc on n'en manquerait jamais. "En plus ça va sélectionner des gens plus fiables, en meilleure santé et moins émotifs, ce qui leur donne une valeur réelle très supérieure à celle de quelqu'un de théoriquement intelligent mais qui ne peut pas s'en servir". Ca correspondait à ce que BFR puis VTP avait estimé d'Erwann: une intelligence "juste du bon côté de moyenne" mais dont aucun bogue physique ou psychique n'entravait le fonctionnement, d'où d'excellents résultats et une fiabilité ferroviaire (le droit de grêve avait été aboli dans les transports publics). "Chez lui, ce n'est pas débrayable, donc il ne peut pas faire une bêtise sur une impulsion. Si jamais il fait quelque chose qui nous déplaît, il l'aura pensé et choisi". Pas débrayable sauf peut-être par drogue ou alcoolisation importante, ce qu'il ne pratiquait pas. La peur non plus ne débrayait pas sa rationnalité: il fuyait un danger si danger il y avait et s'il vallait mieux le fuir que l'affronter. Le drop à improviser dans la dernière minute d'un match et qui pouvait inverser le score n'était pas plus (ni moins) difficile que celui tenté à l'entraînement au même endroit en y arrivant de la même façon. Il n'en réussissait ni n'en manquait plus que quand il n'y avait aucun enjeu. Il était moins sensible à la douleur que la moyenne: elle le gênait mais elle ne lui déchirait pas le cerveau en le privant de toute capacité de réflexion. Ca aussi, c'était biologique: l'amygdale détenait moins de pouvoir sur le reste de son cerveau que chez la moyenne des gens. Autant être totalement insensible à la douleur (même sans l'être au toucher) pouvait être dangereux: on risquait de se brûler gravement avant de s'en rendre compte, par exemple, ou ignorer un morceau de verre entré sous le pied, autant y être peu sensible était un énorme avantage: c'était gênant, mais comme l'aurait été un signal sonore insistant, par exemple, jouant le rôle d'alterte détaillée donc permettant d'y remédier, au lieu d'empêcher de penser et d'agir (ou créer une réaction réflexe qui pouvait aggraver la blessure ou empêcher de la soigner) comme la douleur ressentie par la plupart des gens. Quand il avait entendu l'histoire du navigateur qui avait dû se recoudre la langue, il n'aurait pas aimé avoir un jour à faire ça mais savait qu'il pourrait se forcer à le faire sans souffrir exagérément. Il lui était déjà arrivé, petit, de se mordre "férocement" la langue avec ses canines transsylvaniennes: ce n'était pas si terrible que ça...
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. Les médias avaient beaucoup changé, les "intellectuels de la gauche caviar parisienne" y étant bien plus rares puisqu'il n'existait plus de gros salaires, en France: pour gagner plus, il fallait être à son compte, et non salarié, donc les médias non plus ne donnaient plus de gros salaires. Les contrats du genre "animateur producteur" engageant l'employeur pour une longue durée étaient eux aussi interdit, car considérés comme du salariat déguisé: "à son compte", ça voulait dire "sans garantie d'emploi". Dès lors qu'il y avait d'une façon ou d'une autre une garantie d'emploi de plusieurs mois, on était considéré comme "pseudo-salarié" et la part de revenu dépassant le salaire maximum était prélevée (100% d'impôt au delà de cette barre).
. Du coup, les gens travaillant comme permanents dans les médias étaient bien plus proches de la réalité des télespectateurs, auditeurs ou lecteurs (la presse papier était en voie de disparition, en raison de la taxe sur le papier, et malgré la suppression du racket des NMPP) et reflettaient mieux leur façon de voir les choses, ce qui n'empêchait pas la diversité, mais évitait l'effet "tour d'ivoire".
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. Les travaux de robotique et d'exosquelettes à retour d'effort avaient repris. "Multivers" sortit le 3 novembre, suivi par "Le crépuscule des gueux" le 24 novembre, dont VTP espérait un grand succès populaire. Aussi bien faite fût-elle, la SF (Multivers) ne draînait pas autant de public que la HF, avait constaté VTP. Westfilm avait tourné cet été "les 16 lunes de Garakande", une SF pleine de combats de vaisseaux spatiaux, vaisseaux dessinés par les stylistes américains mais ayant suivi les recommandations de VTP pour la mise en jeu dans les combats, de même que le fait de mettre 16 lunes et non 12: "le nombre 12 a bien trop servi dans bien trop de récits, à commencer par les travaux d'Hercule. Le 16 parle plus à la génération actuelle, puisque c'est la base hexadécimale utilisée en informatique".
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. Il y avait des points communs (sauf les particularités morphologiques des personnages) entre "Le crépuscule des gueux" et l'épisode "Sexus et poucus" des "N voyages de Robert Trebor", dont dès la sortie VTP avait regretté de ne pas avoir fait tout un film, tout en "grillant" le sujet dans un des voyages de Robert Trebor. On retrouvait les "chalutiers de terre" (mais différents, mûs par des roues contenant des boeufs) servant à la capture des gueux à l'aide de grands filets. On retrouvait des combats entre prédateurs, mais venant des forteresses organisant la pêche aux gueux. Les scénaristes de VTP avaient eu tout le temps de créer un scénario inédit autour de cette "variation sur un thème" (les prédateurs ne mangeaient pas directement les gueux, mais nourrissaient les monstres tapis dans les sous-sol de la forteresse et servant d'armes défensives très efficaces contre toute invasion). Il y avait (comme déjà dans "Sartilvar" et "Les hordes") des invasions semblant venu de beaucoup plus loin, cette fois (la première fois, mais il y en avait d'autres) par des espèces de Tartares coiffés à l'iroquoise, avec tatouages et insert métalliques: des robots ou du virtuel, selon la distance à laquelle ils étaient filmés, mais ne laissant pas le temps de s'en rendre compte, vu la rapidité de leurs charges, la violence des affrontements avec les habitants des citadelles et les ripostes des monstres juste entrevus dans les douves et soupiraux. D'autres envahisseurs exotiques (dont des Noirs avec os dans le nez, une fois) venaient ravager le pays et embrocher des gueux pour les rôtir dans leurs bivouacs. Ces hordes allaient obliger deux forteresses jusqu'alors rivales dans la pêche aux gueux (chacune accusant l'autre d'en prendre trop, en particulier trop de femelles et de petits, en voyant que le nombre total diminuait) à unir leurs forces tout en étant chacune prête à trahir l'autre dès que l'occasion s'en présenterait, pour se réallier à une autre, etc. La prise d'humains au filet pouvait aussi rappeler "la planète des singes". Lors d'une colision entre deux vaisseaux terrestres, Dalgor, le personnage joué par Erwann, tombait dans un filet de leurs concurrents, plein de gueux et jeté dans la fosse de la forteresse adverse, toutefois il avait encore un grand poignard (bien qu'ayant perdu son épée) alors que les gueux ne possédaient rien de métallique donc parvenait à tuer un des monstres souterrains (qui ne s'attendait pas à l'arrivée d'une proie armée) et à s'enfuir, ce qui créait aussi une fuite de gueux et une pagaille importante dans la forteresse.
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. Une fois revenu dans son camp (la chute dans un filet de gueux n'était qu'un des nombreux imprévus de tout ce qui allait se produire dans le film) les autres trouvaient qu'il puait le gueu et le tenaient à distance d'eux avec une espèce de canne étrangleuse. On le revoyait dans un grand baquet où une jeune femme, la tête emballée d'une gaze fine, le frictionnait avec une grosse brosse à manche long tandis qu'une femme âgée, aux airs de "mamie Nova", et équipée de même, lui passait un peigne à dents très fin dans les cheveux, en s'arrêtant chaque fois qu'elle trouvait un pou (ce qui expliquait les "charlottes" qu'elles portaient), pour l'écraser dans une petite pince. Il apprenait qu'il y avait d'autres bestioles dans ses vêtements, que l'on mettait donc à bouillir, et qu'il n'était pas possible de ravoir les taches sur son manteau: "les sucs gastriques du vomi ont attaqué la fibre et le colorant". C'était rapide, mais montrant que sous un aspect médiéval "HF" les "prédateurs" n'étaient pas des barbares aimant la crasse, puisqu'ils se méfiaient des maladies qu'ils pensaient pouvoir attrapper au contact des gueux et surtout de leurs parasites. Ils évitaient de les approcher, d'où les filets, cannes étrangleuses, etc.
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. Il n'y eût pas officiellement de calendrier "Dynamo de Dinan 2005", bien que les photos aient été préparées et faites avec 14 des 34 joueurs que comptait le club. Elles furent disponibles sur un site de supportrices du club, et non directement via le Dynamo de Dinan. L'un des thèmes était "jeux du cirque": les joueurs n'étaient donc pas nus, mais très peu vêtus (souvent un string en cuir), en combats de gladiateurs (beaucoup), lutte greco-romaine (permettant des corps à corps sans accessoires), en auriges (effet stéréoscopique de la course de chars), en athlètes divers, marché aux esclaves, galériens enchaînés, etc. Torbjörn était coiffé presque ras (ce qui permettait de dater les photos par rapport à la finale gagnée) et une de ses photos était façon statue du discobole, le disque venant de quitter sa main et fonçant vers l'objectif (ou presque) ce qui l'agrandissait par effet de perspective et lui permettait de cacher l'entrejambe pour les deux yeux (image anaglyphes) car c'était un objet en largeur. Il ne portait rien, pouvait-on supposer. Image (vue sur la couverture, mais elle était "zoomée" sur le personnage à l'intérieur du calendrier): Torbjörn en train de franchir à la perche une barre très haute (6m?) entre les poteaux de transformation de rugby (en arrière-plan, un peu flou (délibérément), on reconnaissait les rang d'arches superposées du Collisée), tout en ayant le ballon bloqué contre lui sous l'autre bras. Il passait la barre les pieds en avant, se poussant de la perche à bout d'un seul bras (l'autre tenant le ballon) légèrement vrillé pour ne rien avoir à ajouter de "cachant", ce qui (recadré plus près du personnage) convenait bien au format horizontal du calendrier. Les décors virtuels (n'en ayant pas du tout l'air) et les nombreux effets spéciaux mis au point pour "Le crépuscule de Rome" y étaient abondamment recyclés, à faible coût puisqu'il s'agissait de générer des images isolées (mais de très haute résolution) et non des séquences vidéo. Torbjörn avait huit photos dans cette édition virtuelle non officielle: il n'y aurait pas d'édition officielle cette année.
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. On pouvait aussi voir (plus visiblement) Vittorio Cario en gladiateur, combattant le redoutable Georg (qui était le plus proche de l'objectif, donc occupait encore plus d'espace dans l'image): cette photo-là avait été faite après le tournage du "Mur d'Hadrien", et un calendrier "péplum" sans Vittorio Cario, ce n'eût pas été du VTP. Cet "invité" ne volait pas la vedette au joueur, loin de là, et n'apparaissait que dans cette image. On apercevait Fritz Krüger (et sa mâchoire de dogue anglais) enchaîné dans une ventes d'esclaves (Germains?), ses cheveux "carré mi-long" lui revenant dans la figure. Le talonneur teutonique de Dinan était souvent photographié, sans être considéré comme "beau" à moins d'y ajouter un autre mot: "beau bestiau", "beau molosse", etc. Il était surtout impressionnant, bien que moins grand que ses deux cousins piliers. L'allure générale, sa mâchoire, son regard en ligne et son nez un peu retroussé (groin?) en faisaient un personnage de bande dessinée. Les cousins jumeaux aussi, mais il y avait quelque de plus déterminé chez Fritz, de plus canibale, même si on pensait peut-être ça à cause de l'histoire des doigts.
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. Dans une de ses autres photos, Torbjörn enserrait une panthère noire à bras le corps le long du sien (phantasme zoophile? Peut-être) en se maintenant hors de portée de morsure, et semblait ignorer les stries sanglantes laissées par les pattes griffues dans son dos. L'issue du combat était indéterminée, via cette image, mais l'effet visuel puissant. Il s'agissait bien sûr d'une panthère robotisée ayant déjà "joué" dans le Crépuscule de Rome. Pour une photo unique, il n'y avait même pas à la programmer, mais juste à lui faire prendre l'attitude souhaitée.
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. Le sous-titre de la présentation dans le site de supportrices était "Aurore romaine", et les éclairages très dorés, proches de l'horizontale, rendait les corps plus esthétiques, plus "pain doré mais pas trop cuit". Une ambiance visuelle différente de 2004, des images semblant extraites d'une superproduction tarsinienne (toutefois avec des personnages vus de plus près que dans celles-ci), toujours une majorité d'images donnant une impression de mouvement, la moitié d'entre elles (40/80) en anaglyphes, les autres en couleurs ou parfois en sépia. Un commentateur écrivit:
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§§§c'est grand et beau comme un film de Tarsini, et si vous l'imprimez pouvez le mettre au mur dans la cuisine ou la salle à manger: ce n'est jamais vulgaire ni gênant, même si chacun peut y voir autre chose que ce qui est dans l'image, vu l'abondance de gladiateurs et autres thèmes de culte du corps. C'est devenu tellement VTP que Vittorio Cario est dans une des photos. Quelques amateurs de photos plus coquines ou plus originales (comme les allusions au canibalisme de l'an dernier) pourront regretter l'ambiance d'une partie de la première édition, même s'il y a quelques scènes de lutteurs et surtout Torbjörn Hultgren en discobole pour faire phantasmer plus, à condition de mettre les lunettes stéréoscopiques.§§§
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§§§il y avait quelque chose de plus créatif dans le DdD 2004 même si certaines photos comme celle de la carcasse avaient suscité quelques contreverses. L'édition 2005 qui n'est pas commercialisée mais juste offerte sur un site de fans ressemble à une bande annonce pour un remake du Crépuscule de Rome, avec l'emphase et le grandiose typiquement tarsinien d'un tel sujet... dans lequel tout rapport avec le rubgy est oubli駧§
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§§§somptueux à la limite du prétentieux, tout en étant accessible gratuitement, le calendrier de Dinard 2005 semble avoir été entièrement conçu par Tarsini, tant les personnages s'accordent bien à l'architecture directement reprise du "Crépuscule de Rome", au point que Vittorio Cario y rempile en "guest star" comme gladiateur. Il reste de l'humour ça et là, si on regarde bien, mais on pourra en même temps regretter certaines des fantaisies de l'édition précédente, y compris ces quelques provocations (comme la carcasse dans la chambre froide) que l'on acceptait pourtant avec le sourire en feuilletant l'édition 2004. Celle-ci avait été conçue sans thème général par Erwann d'Ambert, les Småprat et Vittorio Cario, d'où la grande diversité de sujets utilisés, avec de nombreuses surprises et aucun "double emploi". Cette année, tout a été repris en main par VTP pour en faire quelque chose de plus cohérent -esprit d'équipe?- que l'on peut trouver plus beau, mais le sujet s'épuise au fil des photos. "Le crépuscule de Gomorrhe" aurait probablement plus intéressé la clientelle du calendrier parisien, mais le Dynamo de Dinard avait voté contre. Il est vrai qu'avec ses quatre-vingt photos, le calendrier 2004 avait consommé les munitions qui auraient permis de faire plusieurs années de calendriers mensuels bien renouvellés§§§
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§§§DdD 2005 "Aurore romaine": cette fois on entre en plein spectacle tarsinien, avec course de chars, gladiateurs, galères, marchés aux esclaves, effrondrement de constructions: "la puissance et la gloire", mais à vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans gloire? Il n'y a pas un gramme de prise de risque dans cette édition qui puisse sans retenue dans l'infographie tarsinienne du "Crépuscule de Rome", dont la thématique n'est même pas détournée pour en faire quelque chose de plus affriolant. A quand une version dérivée du Crépuscule de Gomorrhe? Belles images, incontestablement, personnages mis en valeur dans des poses plus héroïques qu'érotiques, même pour les plus déshabillés. Un petit clin d'oeil  l'art nazi, peut-être? Même pas: tout ceci était déjà dans l'hyper-méga péplum de Saverio Tarsini. Précisons qu'il n'est pas le metteur en scène de cette "Aurore romaine", VTP n'ayant eu qu'à puiser dans la base de données du film (même si les angles de prises de vues sont différents pour prendre les personnages de plus près) et susbtituer les joueurs du Dynamo de Dinan à ses acteurs pour obtenir ceci. Du grand, du beau, du fort, mais du déjà vu. C'est peut-être pour cela qu'il est en accès libre sur ce site et non commercialisé sous forme imprimée§§§
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. Malgré ces critiques (2004 plus créatif que le 2005 trop "Tarsinien") le DdD 2005 fut un succès d'affluence immédiat, preuve que le public préférait les péplums, y compris en matière de calendriers de rugbymen.
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. Il n'y avait pas de vidéo du "making of", mais comme l'an dernier il y en avait (sur divers supports) des actions de jeu les plus spectaculaires de la saison, avec le club et (pour certains) en équipe de France.
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. La question fut posée à "Angel" dans une interview:
- 5 euros, c'était encore trop cher, donc cette année vous le donnez.
A- l'impression grand format de bonne qualité revenait cher, vu le nombre de pages, et en fait le club ne gagnait rien à le commercialiser ainsi. De plus nous avions remarqué qu'il était surtout téléchargé, donc cette année autant le concevoir directement pour cela. Ca ne nous coûte rien à publier et ça donne une liberté totale dans les formats d'images, et plusieurs résolutions sont disponibles.
- certains joueurs n'y participent pas.
A- en fait nous sommes une minorité à avoir posé dedans: 14 sur 37, et il y a des emprunts à VTP pour faire du nombre.
- vous laissez donc le marché des calendriers imprimés aux Parisiens.
A- oui: ce n'est pas tout à fait le même marché. Notre clientelle est en moyenne plus jeune et préfère accéder gratuitement à des images pour mettre dans ses sites ou comme fonds d'écran dans leurs ordinateurs. De plus on peut prendre juste ce que l'on veut, et il y a 118 photos en tout donc ça permet aux fans de tel ou tel joueur de se concentrer sur les siennes, en plus de toute la photothèque habituelle des images de matchs.
- qui est le plus visité? Hultgren?
A- dans le calendrier, oui, mais dans les photos en général, pas juste le calendrier, ce sont celles avec les Krüger qui sont les plus téléchargées.
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. Ce trio savait gérer ses efforts (en particulier les changements de direction en course de telles masses) et n'avait connu aucun pépin physique. Ils étaient de tous les matchs, quitte à n'y rentrer parfois qu'en cours de deuxième mi-temps. Leur rachat éventuel par un autre club aurait été une catastrophe pour Dinan, mais ils ne semblaient pas chercher à se "revendre", bien que devenus des références en matière de "première ligne". De temps en temps on faisait lancer une touche par Fritz (habituellement c'était le 7 (Le Morzadec) qui lançait) histoire de montrer qu'il savait aussi le faire, et puis décaler les habitudes d'observation des adversaires. Dinan préférait généralement l'avoir en début d'alignement pour permettre d'improsiver une touche courte suite à laquelle il chargeait à travers la ligne adverse le ballon contre lui, poussé par ses deux cousins. Les piliers, lors de la touche, servaient à catatapulter au voisinage des cinq mètres (bras tendus) le 4 (Tronscorff, 2m01, 109kg) ou Vänänen (le 18 s'il était remplaçant) ce qui permettait parfois (et même souvent par rapport aux statistiques usuelles) de capturer un lancer adverse.
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. Dans la photothèque (et vidéothèque) disponible pour le public il y avait aussi beaucoup de fréquentation pour les vues des entraînements avec tout le harnachements de "capture de mouvement" (en déplacement) ou dans des exosquelettes à retour d'effort.
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. Quelques statues avaient été usinées en commande numérique (à partir du modèle réel relevé par l'Emilianomètre sur le joueur) puis coulées en bronze (creux, toutefois) en imitant divers classiques de la scupture dont Torbjörn en penseur de Rodin, pensif face à un ballon d'un metre de haut qui faisait partie lui aussi de la sculpture. Il était aussi représenté en discobole (le ballon remplaçant le disque, cette fois), avec une branche de laurier (de même métal) qui poussait le long de la face interne d'une de sa jambe d'appui et dont le feuillage venait cacher un "détail anatomique" ensuite). En tout, vingt-deux statues furent usinées, représentant seize des joueurs, et furent placées sur des socles en granit dans un bout de jardin paysagé attenant au stade. Il y en aurait peut-être d'autres au fil du temps. VTP avait déjà fait des statues d'une exactitude "au laser" (puisque numérisées ainsi à partir du vrai) de certains de ses acteurs (mais habillés comme dans tel ou tel de leurs rôles) et réalisées en alliage d'aluminium. Elles étaient à l'intérieur des bâtiments, pour rester impeccables. Il existait vingt versions d'Erwann: il n'y en avait pas eu pour tous les rôles. Certaines statues étaient à La Défense (où l'on tournait encore des sitcoms), la plupart dans les studios ou bureaux de VTP22, quelques autres dans des bâtiments de VTPSF, parmi celles de bien d'autres acteurs.
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. En 2005 Erwann aurait pour la première fois un rôle "de cape et d'épée": cela semblait évident, au vu de ce qu'il savait faire, mais ça n'avait pas eu lieu avant, VTP cherchant un scénario qui ne fût pas une N+1ème adaptation des Trois Mousquetaires ou de Lagardère tout en donnant "légitimement" place à quantité de scènes d'action, dans les auberges douteuses aux escaliers vermoulus, des ports, des chateaux, avec des attaques de carrosses, etc. Jusqu'alors il avait surtout manié des glaives, des haches, des fléaux d'armes, de grands sabres ou d'immenses épées du genre "Durandal", souvent à deux mains, armes lourdes qui ralentissaient les mouvements et les rendaient prévisibles, une fois amorcés, du fait de l'inertie, donc facilitait en fait la préparation des scènes, surtout avec d'autres acteurs (pas là au même moment, pour de vrai, par sécurité) ou des robots. Avec les "fines lames" qui, de plus, avaient de l'élasticité, au moment où elles se désengegaient de quelque chose après s'y être planté, il allait faloir être bien plus rapide et précis. L'histoire tournerait (entre autres) autour des collecteurs d'impôts en collectant un supplément pour leur propre usage, et cachant tout ceci dans leurs carrosses puis manoirs, un peu comme dans "La folie des grandeurs", mais à l'intérieur d'une toute autre histoire, qui incluerait aussi un atelier souterrain de fausse monnaie caché dans les carrières de pierres sous Paris, et communiquant avec les catacombes.
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. Mécanotron 2 sortit le 1er décembre, ce type de film plein de machines et de robots étant moins glouton en post-production que la HF qui ne devait surtout pas avoir l'air virtuelle.
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. Cette fin d'année 2004 avait apporté une surprise, aux Etats-Unis: l'élection d'un "Républicain" dissidant prônant l'antikeynésianisme comme seul moyen de redresser la balance commerciale et donc de cesser d'appauvrir l'Amérique pour commencer à la réenrichir. Le keynésianisme ne pouvait fonctionner qu'en autarcie et s'avérait suicidaire dans un marché ouvert, même avec un protectionnisme à peine dissimulé comme celui des Etats-Unis: il eût fallu une fermeture totale. Freinage massif de la dépense publique et de l'accès au crédit, de façon à freiner la consommation donc stopper l'hémorragie financière vers l'extérieur. Augmentation redistribuée de l'équivalent local de la TVA ainsi que de la TIPP locale: une partie du surplus de recettes était redistribué aux ménages sur une base fixe, indépendante de leur consommation, donc profitant plus aux petits (plus nombreux, d'où la popularité de la mesure) qu'aux gros consommateurs, qui, eux, allaient tout payer plus cher sans recevoir un chèque compensant cela. De plus même pour ceux qui recevaient au moins autant que leur surcoût fiscal de consommation, réduire celle-ci devenait bien plus rentable qu'avant. Suppression des lois facilitant le divorce: qui le demandait était désormais en tort, à moins d'un tort préalable bien plus important, or les séparations étaient sources de sur-demande de logements, donc de paupérisation (en général de l'ex-mari, et non de l'ex-épouse, mais parfois des deux). Loi et régime fiscal incitant fortement les entreprises au télétravail de façon à éviter les déplacements évitables. Loi sur la vente à perte incluant le cas des produits vendus moins cher que la somme de leurs pièces de rechange (comme en France, puis en Allemagne et dans quelques autres pays d'Europe) ce qui imposait aux importateurs à la fois de relever fortement le prix du neuf et de baisser celui des pièces de rechange, dont la mise à disposition devenait obligatoire, de plus: réparer finançait de l'emploi, alors que remplacer un produit importé créait du déficit commercial donc du chômage. Il y avait un peu de déficit commercial dans la réparation à cause des pièces de rechange, mais bien moins que pour un remplacement du produit, surtout maintenant qu'il était impossible de gonfler le tarif des pièces sans répercuter cela sur le tout. Le prix des voitures japonaises augmenta brutalement de 46% (en moyenne) de ce simple fait (contre 19% pour les Américaines), tandis que le prix de certaines pièces était parfois divisé par cinq, voire dix. "Pour éviter de vous appauvrir et d'appauvrir l'Amérique, réparez vos vieilles Japonaises, au lieu d'en racheter de neuves", recommandait la campagne gouvernementale. C'était vrai aussi pour les Américaines, même si la "culbute" pratiquée antérieurement sur le prix de leurs pièces de rechange n'était pas aussi spectaculaire. Cette loi s'appliquait aussi aux appareils électroniques. Le nouveau gouvernement américain ne pouvait pas aller aussi loin dans le virage vers la "société de conservation" que l'avait fait l'ELR en France, le gouvernement fédéral ayant moins de pouvoir, mais les effets macro-économiques ne tardèrent pas à se faire sentir: moins de déficit commercial, multiplication des emplois de réparateurs de ceci-cela un peu partout. D'autres loi favorisaient le recyclage: il était désormais interdit de compresser ou de broyer des voitures sans les avoir désossées entièrement, alors qu'antérieurement il n'était pas rare d'y laisser même les pneus. Idem pour les gros appareils ménagers et les téléviseurs "ou assimilés", donc également les écrans d'ordinateurs. Certains Etats avaient déjà des lois imposant la séparation des matériaux, et désormais c'était une obligation nationale. De même, tout ce qui était moteurs électriques devait être ôté, testé et revendu. Beaucoup de ces petits moteurs venaient du sud-est asiatique, et leur re-commercialisation comme pièces de rechange ou comme articles pour bricoleurs allait aussi améliorer la balance commerciale. Les mêmes disposition favorisaient fiscalement la remotorisation (y compris d'épaves, pourvu que la caisse ne fût pas faussée) avec des moteurs diesel de cylindrée modérée (pas plus de deux litres) pour fournir à faible investissement des voitures moins gourmandes au plus grand nombre. La taxe sur les voitures neuves trop gourmandes -qui existait déjà- était étendue aux "SUV" (pseudo-utilitaires, souvent) jusqu'alors "paradoxalement" exemptés et source de gaspillages routiers spectaculaires: les progrès (réels) faits par les constructeurs américains pour réduire la consommation des voitures avaient été plus qu'annulés par le développement artificiel (puisque lié à un paradoxe fiscal) du marché des gros "pick-up" et 4x4. Les ventes de ces catégories de véhicules s'effondrèrent aussitôt, la taxation fortement augmentée (mais redistribuée, donc ne se compensant que pour ceux qui consommaient moins que la moyenne) des carburants y contribuant aussi.
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. Ceci ne résolvait pas tous les problèmes de ce pays, même si côté balance commerciale et emploi le mieux avait été perçu dès les semaines suivantes. La disparition des grands tournages à Hollywood semblait par contre inéluctable, car pour la première fois, en 2004, il n'y avait aucun film tourné aux Etats-Unis parmis les dix plus gros scores sur le territoire national. Cela se répartissait entre la sous-traitance bollywoodienne (5) , la sous-traitance française (Wesfilm: 2) et les "blockbusters" Kerfilm (3). Si on allait jusqu'à la vingtième place on ne trouvait que deux films tournés aux Etats-Unis, tout en continuant à trouver des films tournés par des Américains avec des Américains mais en Inde, et d'autres productions purement Kerfilm. Le troisième volet du "Seigneur des anneaux" avait été tourné en monoscopie, ce qui semblait maintenant être une erreur stratégique, surtout pour de la HF, vu le nombre de salles proposant de la stéréoscopie et les habitudes prises par les amateurs de HF via Kerfilm. Ce film fort coûteux ne se classait que douzième sur le marché intérieur américain. Bien que les films "bollywoodiens" ne fussent pas pour le moment (à part les productions de Murciano, soignées sur ce point) aussi techniquement réussies que celles de Westfilm, la sous-traitance indienne des tournages avait l'avantage de s'accommoder d'acteurs américains jouant en anglais, alors que Westfilm imposait ses propres acteurs et (à part dans les plans proches, notion déconseillée en stéréoscopie) sa langue de tournage, pour raison évidente de rendement d'apprentissage des rôles. "Non seulement on se retrouve avec des acteurs européens, la plupart français, mais en plus ce ne sont même pas leurs plus connus". Toutefois, Jarkko et quelques autres (y compris les sosies des Småprat) étaient appréciés par les scénaristes américains, tout en étant disponibles pour "Westfilm". Bollywood avait aussi imposé ses propres méthodes de tournages aux acteurs et réalisateurs américains travaillant sur place, donc rien n'était tout à fait américain, surtout pas les coûts, ce qui était l'argument ayant généralisé cette sous-traitance. L'un des films d'aventures (version stéréoscopique du "Bounty") tourné ainsi cette année (les chantiers indiens ayant aussi construit le bateau, qui resservirait dans une série télévisée locale) avait pris dans le rôle principal Klaus Nebendorf, un Américain de 25 ans d'origine allemande ressemblant à Erwann, ou plutôt à Alexandre, car d'un blond plus jaune (quoique pas autant qu'Alexandre: plus "or" que "canari") ce qui ne nuisait pas au personnage mais faisait que l'on ne risquait pas, même de loin, de le confondre avec la "star de Kerfilm". Pour les traits, à bien y regarder il y avait plus de Knut chez lui que d'Erwann ou d'Alexandre, mais ça restait dans le domaine "attéen" et comme il avait les yeux bien verts, c'était plus à eux que l'on tendait à le référencer. Klaus ne mesurait qu'1m80, mais ce n'était pas un critère pour le rôle. Kerfilm n'aurait pas mis Erwann dans un tel rôle, mais après tout, les Américains faisaient ce qu'ils voulaient en Inde avec leurs propres acteurs.
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. Le 15 décembre, sortie de "Braquages", puis le 22 décembre (les vacances de Noël étant propices à la fréquentation des salles), sortie du "Secret des Templiers", panachant du "XIXème scientifique" et de la HF grâce aux voyages dans le temps, et Erwann d'Ambert dans les deux versions.
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. Dans "Braquages" VTP avait cherché à reconstituer une ambiance "années 60" y compris les prises de vues légèrement surexposées, en extérieur, et la netteté de tous les ustensiles, en intérieur, comme si à l'époque le désordre (le vrai) et la poussière n'existaient pas: de ce fait, par ces prises de vues très propres, le film semblerait plus ancien qu'il ne l'était, sauf dans les mouvements de caméra lors des scènes d'action et bien sûr la stéréoscopie. Minijupes, transistors en plastique pastel, voitures, tout y était, sauf que ce n'était pas forcément les vieilles Aronde ou Ariane que l'on envoyait débouler à flancs de coteaux comme ça se faisait à l'époque (au point que voir quelqu'un participer à une poursuite avec une de ces Simca permettait déjà de savoir comment ça finirait) mais aussi des modèles tous neufs (de l'époque), imités (moulage), hâtivement retapés (quand on avait pu trouver une épave "crédible" sans trop de frais de remise à neuf d'aspect) ou virtualisés pour le film. Les dialogues s'étaient inspirés à la fois de ceux d'Audiard et des "San Antonio", sauf certains personnages, dont le jeune vicomte joué par Erwann qui glisserait des passés simples ou antérieurs et des imparfaits du subjonctif un peu partout (mais jamais sans légitimité grammaticale) tout en s'avérant fort efficace en action (quoiqu'à sa façon, souvent un peu décalée) lorsque la situation se précipitait et le faisait sortir de son cadre habituel, après la mise à sac totale du château familial par les deux bandes rivales cherchant ce qu'elles n'allaient pas y trouver. Les véhicules étant tous hors d'usage suite aux fusillades et grenadages, ce serait avec une étonnante Bucciali TAV 30 (la même que dans la photo de 1930 avec Fulbert) sortie d'une remise que lui et deux des malfrats (faisant équipe par nécessité) réussiraient à quitter la propriété, voiture (réplique de cinéma) qui tomberait vite en panne d'essence, vu la consommation du V12 et le fait qu'elle n'avait pas été rangée avec le plein, après le dernier concours d'élégance auquel son père l'avait présentée avant de mourir d'un accident de chasse.
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. Le film (que les scénaristes remaniaient depuis 2002, en se repassant les uns les autres le projet pour avoir des avis neufs) lui sembla atteindre son objectif: ça se "buvait sans soif" comme une des meilleures productions de l'époque. Erwann n'y était pas un des quatre personnages principaux (les truands, plus âgés) mais un satellite qui tout en n'étant qu'un amateur (un "cave") par rapport à ces pros n'était pas là que pour faire joli. La question était celle de l'exportation: il y avait trop de références franco-françaises (à ce grand cinéma populaire-là), de plus les dialogues "à la manière de" perdraient de leur référence en traduction, bien que pour celles-ci l'équipe se fût inspirée du style de celles des films ayant servi de références. Certes, ça restait un produit "Kerfilm" faisant la part belle à l'action, avec quelque chose de rafraîchissant malgré (où grâce à) l'abondance de cadavres, et (Erwann espérait que ce n'était pas pour cela qu'il y était) il y avait Erwann d'Ambert, ce qui laissait supposer à beaucoup de spectateurs "on ne va pas s'ennuyer", que l'action vînt de lui ou non. Ce ne serait pas une notion mensongère: il y avait bien assez d'action pour un "film avec Erwann d'Ambert".
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. La semaine suivante, le mardi 21 ce fut le "pilote" de trois heures (du fait de la pub intercalée entre les tranches de 54mn) de "Chasseurs d'ombres" qui passa à la télévision (dans plusieurs pays en même temps), puis le mercredi 22 "Le secret des Templiers" lui montra que le tournage en deux fois était indétectable, même quand on savait quand et où. Il revit la scène où il se suspendait à une des mains de lui-même en "temps plié". Il avait joué la scène avec une de ses statues d'aluminium, fournissant un Erwann immobile, indéformable et "matériel" (contrairement à de la synthèse) remplacé ensuite par sa véritable image, tout en supprimant la structure venue du plafond de la crypte qui tenait la sculpture. Seule la correspondance de la position générale du corps et de la main était nécessaire, pour cette scène.
. Il s'y passait encore plus de choses à la minute que dans un "Indiana Jones" (il y avait des plages plus calmes, permettant l'exploration et la compréhension, via ce que découvraient les personnages, mais elles étaient plus courtes que dans les films américains, comme d'habitude chez VTP), ceci pendant trois heures, les méandres de l'histoire (qui se jouait aussi dans le passé médiéval, avec quelques conséquences dans le XIXème siècle) ayant besoin d'au moins ce temps-là.
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. Finalement sa "cuvée" 2004 lui semblait plus équilibrée (divers genres de films) qu'il ne l'avait espéré initialement, ceci en grande partie parce que trois des "HF" tournées cette année ne sortiraient qu'en 2005 et 2006. L'une des SF (Nuages rouges: les Néo-martiens repoussant des "space people" terriens) sortirait elle aussi en 2005, de même que "Centrale meurtres", qui, selon lui, aurait pu sortir cet année (s'il avait été prêt à temps, donc s'il n'y avait pas eu d'autres priorités de post-production et du calendrier de lancement) sans en concurrencer un autre.