vendredi 10 avril 2009

chapitre N-10

#N-10
. Erwann fut informé d'un nouveau projet de HF/SF pour le printemps ou l'été 2004, où il ferait de nouveau un personnage n'ayant que l'apparence humaine (à plusieurs exemplaires pouvant être remis en jeu, ce qui allait permettre de le tuer tout en lui faisant jouer un autre exemplaire dans le prochain opus, et parfois d'exister à trois ou quatre en même temps). Kerfilm tournerait les quatre films de trois heures en même temps, qui sortiraient ensuite tous les six mois, de façon à "factoriser" tous les éléments et personnages nécessaires à ces tournages, dans le même état, en une seule fois. La difficulté scénaristique était de ne refaire ni une variante de Sartivlar ni des autres grandes HF de Kerfilm, tout en conservant l'impact visuel et l'enthousiasme populaire qu'elles avaient suscité. Erwann ne serait pas le seul de son espèce: tout ce qui aurait l'air "nordique" le serait, dans ce film (des Finlandais et autres avaient été réservés pour ce tournage futur), les humains réels ayant l'air "normalement européens". Un mélange de Highlander, des Phytoclônes, voire de Kerminator. Certes, il y avait déjà eu les Sylvaniens, dans Sartilvar, mais cette tétralogie qui n'avait pas encore de titre mettrait en oeuvre un tout autre contexte: pas de pauvres paysans mutilés par des taupes happeuses, mais des cidadelles bien armées pour combattre ces envahisseurs pseudo-humains, d'où de grandes batailles en perspective, compliquées par l'arrivée d'autre envahisseurs, humains, eux, agissant par opportunisme. Certaines cités faisaient alliance avec les humanoïdes nordiques, en y trouvant provisoirement avantage: il y aurait bien assez d'intérêts en jeu et de renversement d'alliances pour remplir quatre films, avec toutes les péripéties ajoutées par des catastrophes naturelles.
. Il voulut en savoir un peu plus. Qu'allait-il jouer entretemps? Encore de la HF? Après celle de juin et avant celle de 2004, ça risquait d'épuiser le thème... En fait comme on le lui avait expliqué à l'été 2001, VTP avait eu "les scénarii plus grands que les ordinateurs", lesquels, après avoir eu "les dents du fond qui baignent" avec tout un tas de superproductions ("Le bout du monde" étant à son tour fort gloutonne en post-production) allaient enfin être (en partie) disponible pour de la HF à très haut degré de retraitement infographique en 2004.

. Il apprit aussi qu'il reprendrait cet automne le rôle de 0017, devenu à moitié mécanique en raison de son découpage en deux dans "masse manquante" (le changement de style du personnage montant aussi le temps écoulé: il n'avait pas participé à "0016: herbivores"), et changerait à nouveau de camp, cette fois au profit d'un clan de Yakusa (ayant besoin d'un agent en Europe) lié à une énorme société de jeux vidéo ayant optimisé son système de prothèses et piraté celui de Zhao, qui reviendrait néanmoins "défendre seul le monde contre la mafia nippone". Il jouerait aussi dans "Mécanotron 2" (il n'avait pas joué dans le 1) et dans un film de braquage et prises d'otages situé en Allemagne, Hollande et Danemark dans les années 70, avec des poursuites en BMW (motos incluses), occasion de traverser des villes architecturalement interessantes par le mélange de rues et de canaux: les "Venise du nord" et d'y réalister de belles cascades en auto, moto et canots puissamment motorisés. En fait cela reprenait des portions de scénario et des cascades initialement prévues pour un "0016", mais tout transposer dans les années 70 (vers 1976) renouvellait l'ambiance et les thèmes: à l'époque, on attaquait encore les banques "à l'ancienne", il y avait eu aussi les Brigades Rouges, la Bande à Bader, Mesrine, etc. L'utilisation d'un break CX corbillard était prévue dans une des poursuites.
. Kerfilm avait un tout autre projet de film de gangsters qui se situerait dans les années 60, avec une tonalité bien plus "tontons flingueurs" (ou "ne nous fâchons pas") alors que le film de braquage "années 70" serait bien plus tendu et plus sombre, tout en fournissant du grand et du gros spectacle, vu au premier degré. Tirs de Kalashnikov (les gangsters n'avaient pas attendu la chute du Mur pour s'en procurer), poursuites sur autoroutes allemandes (avec les Posche 911 "Polizei" bicolores), ainsi que l'abondance d'accidents, feraient penser à "Alerte Cobra", mais dans un contexte général plus "vrai film sérieux". Lors d'un passage (assez bref) en France, on verrait une SM de la gendarmerie démarrer en trombe, ainsi qu'une Alpine A310 (ces voitures étant réellement utilisées par les forces d'intervention autoroutières à cette époque) prévenues par la police allemande au moment où la BMW 30 CSI des malfrats passait la frontière.
. Le titre provisoire était "Autobahn". Il faudrait en trouver un autre pour la version allemande. Malgré le fait que cela fît des droits musicaux à reverser, Kerfilm prévoyait de mettre du Sparks, comme musique, parce que ça allait bien avec les poursuites en voitures et parce que groupe avait beaucoup plu en Allemagne aussi.

. Le quatrième film: "Extraction" serait une SF inspirée à la fois (dans l'ambiance, en particulier les vêtements) par "Matrix" et "New York 1997", avec un petit peu de "Blade runner" pour les décors de bas-fonds.

. Retour en France (et non en Finlande) pour préparer les travaux de robotique cinématographique qu'il poursuivrait chez VTPSF, en particulier les motards du film "Jakt", tourné par l'équipe finlandaise.

. Il vit "Prépas", un téléfilm (car le sujet n'en mettait pas "plein l'écran" donc VTP ne le sortirait pas au cinéma) sur l'univers hyperstressant des classes préparatoires aux écoles d'ingénieurs, au début des années 80. Les acteurs étaient pris parmi les rôles pas trop connus (mais capables) de diverses séries télévisées, avaient presque tous des lunettes et la plupart de l'acné (maquillage), car à l'époque il n'existait aucun traitement efficace contre cette maladie génétique. Très peu de filles, et qui avaient l'air de "filles", pas de "jeunes femmes": aucun maquillage ni excès vestimentaire. Il était difficile de rendre à l'écran l'effet cauchemardesque d'une ambiance dans laquelle il n'y avait pas d'agressivité directe entre élèves. Stéphane n'avait pas connu cela: non seulement il n'était pas de cette époque, mais en plus la prépa "deux en un" de Kermanac'h était fort différente, basée sur l'efficacité d'apprentissage et non la comparaison: les notes n'étaient pas énoncées publiquement, chacun connaissait les siennes mais pas celles des autres, à moins qu'ils les montrassent.
. L'ambiance était froide, le téléfilm ne mettait pas en oeuvre de musique (ces élèves là ne "sortaient" pas). On revoyait les premiers ordinateurs familiaux bon marché (à base de Z80, pour la plupart), le Rubicube, les voitures (très peu en avaient, contrairement aux élèves de grandes écoles qui en avaient besoin pour cause d'éloignement familial et de prix très élevé du train).
. Ca n'aurait effectivement pas marché au cinéma. Il supposa que c'était fait de souvenirs de gens de VTP ou de BFR ayant connu ce cursus, donc ayant dix-douze ans de plus que lui.
. VTP continuait à tourner une quinzaine de séries (dont trois policières) ce qui représentait environ 500 épisodes par an (une "saison" chez VTP en comptant 30 à 40, ce qui était plus que l'usage américain) et en était maintenant à 160 téléfilms par an ne faisant pas partie d'une série, certains atteignant quatre heures tandis que la plupart duraient entre une heure vingt et deux heures. Il y avait une quarantaine de films (ce qui était jugé digne d'amener du public en salle, donc proposer une différence nette par rapport aux oeuvres qui ne perdraient presque rien à la télévision), dont le tiers du calibre "Kerfilm". Erwann était dans la plupart de ceux-ci.

. Comme grand film de cinéma, il vit "la bande à Bono" tourné par VTP en mars, avec des De Dion-Bouton, Panhard & Levassor, Delaunay-Belleville, etc, des fusillades, mais pas à la mitraillette car ça n'existait pas encore: il n'y avait à cette époque que des mitrailleuses bien trop lourdes pour servir de fusils d'assaut.

. De retour en Finlande, dans l'après-midi du samedi 12 juillet, il retrouva Gorak chez Timo, où il y avait aussi Nelli, Oskari, Mika, Viljami et Nelli qui était coiffée "à vue de nez", cette fois. Nelli lui raconta que Timo jouait pour la première fois dans un film, chez VTPSF: Rubix, évoquant les années 80 avec le Rubicube, les punks, le début des ordinateurs familiaux et du sida, sur fond d'OMD, Madness, A-Ha...
. Côté tournages, y avait déjà eu les deux HF de VTPSF, celles de VTP, et il y en aurait encore plus en 2004. VTPSF avait donc, depuis plusieurs années, réservé une vingtaine acteurs à cet effet. Stéphane trouvait que c'était une bonne chose: il s'en trouvait "banalisé", ainsi, vu de loin, (il utilisait le même accessoire que Viljami et Oskari: fréquent, ici, alors que la mode n'avait pas vraiment pris en France) et ça resterait vrai même l'an prochain, si les autres aussi. Ce n'était pas le style "années 70" non plus: aucun d'eux ne faisaient "baba cool". On pouvait parler de style "Juustomeijeri", ou "HF VTP".

. VTPSF avait donné une certaine image de la Finlande dans le monde: Nelli lui montra des magazines féminins indiquant que parmi les Finlandaises moins blondes "que dans les films tournés à Kinokylä" beaucoup se faisaient maintenant éclaircir, et que le lissage du "pas vraiment lisse" était plus fréquent qu'avant. La chirurgie esthétique connaissait aussi un engouement spectaculaire, en allant se faire opérer en Hongrie où c'était bien moins cher (et pas uniquement pour les dents). Les Finlandaises partaient en moyenne d'une assez bonne base, mais il y avait parfois ceci-cela à refaire par rapport à ce qu'elles considéraient maintenant comme un "minimum vital national". L'engouement pour les aliments savoureux mais sans vrai gras de BFRSF s'amplifiait, pour la même raison. D'autres articles remarquaient que VTP continuait de préférer les Suédoises, dans sa récolte de belles plantes nordiques, alors que côté garçons les Finlandais étaient plus souvent choisis que les Suédois, ce qui était logique puisque Kinokylä (qui faisait les castings puis l'entraînement pour envoyer en France pour certains tournages) était en Finlande. Il y avait aussi des Finlandais(es) de second et même de troisième choix, y compris parmi les "très nordiques": la géométrie n'était pas toujours valable, les matériaux non plus, même si on y trouvait moins de ratés qu'en Europe ordinaire. Toutefois il était plus vivable d'être une larve mal bâtie et un peu déplumée en Europe ordinaire qu'en Finlande, car ce pays avait une image de marque (surtout depuis les films de VTPSF) à laquelle les pays de l'Europe ordinaire ne prétendaient pas, du moins avant VTP: il y avait un contraste encore plus net entre les Emilianiens (et Emilianiennes) utilisés dans les films de VTP et ce que l'on trouvait en vrai dans la rue en France, ceci malgré la démocratisation de certains travaux de chirurgie esthétique et l'accès facile au suicide pour celles et ceux qui ne se supportaient plus. Le taux de suicide avait augmenté en Finlande pendant la crise économique, en raison de la disparition du marché de la téléphonie mobile et de l'informatique non-russe.

. Il apprit que "Grünwehr" s'en prenait maintenant aux chaluts de fond, qui râclaient tout sur leur passage, en y déposant (au moyen de leurs sous-marins: il en avaient maintenant plusieurs, estimait-on, vu l'éloignement entre les lieux d'attaques) des mines en plastique souple en forme de poissons (indétectables par les moyens usuels, ni même à vue, sauf de près), détruisant l'arrière du navire et blessant des hommes d'équipage une fois treuillées hors d'eau. Ceci permettait d'agir en restant loin du chalutier, qui se "suicidait" en treuillant ce qu'il croyait avoir pêché. En 2002 et mi-2003, 1165 chalutiers utilisant ce type de chalut et appartenant à 17 pays avaient été mis hors d'usage ainsi, dont 382 avaient coulé. Les assureurs refusaient de couvrir ce risque qu'il apparentaient à un péril militaire puisqu'il s'agissait de mines. Grünwehr n'ayant ni les effectifs ni le matériel pour s'en prendre à toutes les surpèches s'attaquait sélectivement à celle-ci, ignorant les navires pèchant au filet flottant, considérés comme moins nuisibles: la priorité était de punir le chalutage de fond. Pour nourrir l'humanité, Grünwehr prônait le retour au canibalisme, comme la République Malthusienne Centrafricaine (RMC) qui était maintenant un modèle de réussite économique africaine. Plusieurs membres de Grünwehr disaient se nourrir de viande humaine "chaque fois que possible", c'est à dire après des opérations leur permettant de récupérer des prisonniers ou des morts frais.
. La RMC bénéficiait aussi de l'essort du tourisme, en particulier français, venant déguster de la viande d'immigré clandestin, déjà mort mais découpé et préparé devant eux. La consommation (mais non le commerce) de viande humaine étant légale en France, ces touristes-là pouvaient le faire sans s'en cacher, alors que bien d'autres, venant de pays pouvant les condamner pour ça même si ça avait eu lieu à l'étranger, veillaient à ne pas être reconnus.

. Il apprit aussi qu'Audry (venu le remplacer ces deux mois dernier) avait joué dans un film policier de VTPSF où il faisait un étrangleur en série. Des "comme Audry", il y en avait quelques-uns, sur place, alors pourquoi utiliser quelqu'un ne parlant pas couramment finnois? Parce qu'il était censé être allemand et que parler le finnois avec des fautes et un mauvais accent (en particulier les longueurs de sons) marchait aussi bien à partir du français que de l'allemand et de bien d'autres langues non "finno-ougriennes".
. Oskari s'était acheté le Monocoptère Kermanac'h, après avoir passé le brevet, la Finlande ayant assoupli sa règlementation pour les aéronefs légers dotés d'un parachute automatique et n'emportant pas plus de quarante litres de carburant (or là, il n'y en avait pas), ceci parce qu'un constructeur finlandais de motoneiges (qui proposait déjà des modèles électriques ou hybrides, consistant en un 125cm3 de secours prenant le relais en fin d'autonomie d'accus) souhaitant produire des ULM avait posé la question. Les normes avaient donc été définies (un peu plus sévères qu'en France: il fallait vraiment du léger, et pas plus de deux places en tout) pour lui permettre de savoir quoi fabriquer, la production avait pu commencer et les futurs clients (de cet engin ou d'autres) s'entraîner au simulateur pour l'épreuve de pilotage d'ULM. Le cas des mini-hélicoptères était prévu aussi, moyennant des tests de récupération automatique sur panne en plein ciel, ce qui dispensait le pilote d'apprendre à devenir un virtuose de "l'auto-rotation", technique qui, de plus, convenait mal aux versions à rotors contrarotatifs, d'où l'intérêt du parachute dans un globe au dessus des rotors.

. Il y avait eu la vague de suicides habituelle en juin et début juillet, dans les environs de Juustomeijeri. Dans les émissions en finnois que Stéphane écoutait le soir, avec Gorak sur lui, il entendit quelqu'un dire ce qu'il avait déjà entendu dire en France: "beaucoup de gens ne sont pas faits pour vivre, et sortent de la vie si l'occasion s'en présente". Stéphane n'était jamais en Finlande pendant cette période, VTP ayant toujours eu des tournages l'utilisant, suite à quoi il séjournait généralement en Suède avant de revenir en Finlande.

. VTPSF recrutait aussi en Suède, grâce au tunnel: pour certains tournages, des Suédois et Suédoises triés "à la VTP" passaient sous la Baltique pour venir faire nombre (et parfois même avoir des rôles consistants) dans les productions locales.

. Audry qui avait finalement accepté de revivre l'expérience finlandaise en juin était maintenu sur place tout l'été pour BFRSF, puisqu'Erwann serait entièrement chez VTPSF. Audry avait vite trouvé sa place dans l'équipe de rugby locale (d'un niveau correct uniquement à l'échelle finlandaise), ce qui lui fournissait une occupation lui faisant plus apprécier la Finlande que lors de son premier séjour, d'autant plus qu'il avait fait de gros progrès en finnois. C'était bien payé, la langue lui posait de moins en moins de problème (elle ne lui serait jamais "facile", mais il y arrivait assez pour être compris et même comprendre, malgré le piège des longueurs de sons) et il avait quelques copains dans l'équipe, tout en veillant à ne pas boire autant qu'eux lors de certaines soirées bien arrosées, en juin. Mika y jouait aussi: rien ne le lui interdisait, contrairement à Stéphane auquel seul le rinnepallo était autorisé par VTP et BFR.

. VTP tournerait en août "KGB55" un film d'espionnage des années 50 vu du point de vue d'un jeune espion russe joué par Reinhart Bäker, 23 ans, Bavarois émilianométrique tout blond (mais sans ventre) repéré chez BFRD en septembre 2000, déjà utilisé dans "Gamma", dans "Attaquer en 36" et peu à peu rôdé aux rôles d'action plus personnels (au lieu de juste "être parmi") avec le système d'entraînement de VTP.

. Viljami, Mika et Stéphane allèrent aussi au lac (cet été, l'eau était vraiment bonne), où ils nagèrent équipés de la même façon: gants palmés et monopalme. Viljami avait fait de gros progrès, Stéphane ne le dépassant pas facilement. Mika avait de la puissance, mais moins d'entraînement à synchroniser le mouvement d'ensemble du corps sur celui de la houle engendrée par le mouvement précédent pour se réappuyer dessus comme le faisaient les cétacés.

. Erwann accepta de donner une interview (les deux photos furent prises par VTPSF et choisies par VTP: le magazine ne fut pas autorisé à en prendre d'autres par ses propres moyens) dans un magazine pour adolescentes et jeunes femmes, dans la rubrique "santé et beauté", non pour parler de lui, mais d'elles: il disait qu'il ne fallait surtout pas se mettre au soleil, surtout dans un pays où il était violent une grande partie de la journée en été: "si vous voulez un teint hâlé, utiliser de l'autobronzant: ça n'accélère pas le vieillissement et ce n'est pas cancérigène: le soleil est à la peau ce que le tabac est aux poumons". Une simulation montrait en dix images la dégratation de la peau d'une jeune Suédoise abusant du soleil chaque été.
. Le magazine avait estimé que si ça venait de lui, qui avait tant de fans (y compris en Finlande), ce serait plus écouté que quand c'étaient des dermatologues qui disaient de ne pas se mettre au soleil.

. Chez VTPSF, il participa au perfectionnement des robots d'entraînement aux arts martiaux de contact: ceux pour lesquels l'ancien simulateur ne donnait pas de sensations fidèles. Ils avaient été étonnés d'apprendre qu'il n'y avait pas encore de bon robot judoka au Japon, alors que moyennant des capteurs sur le combattant humain, facilitant la perception rapide de son attitude par la machine, VTP y était parvenu, le système n'ayant plus qu'à mémoriser sur le tas des corrélations entre postures et effets: "c'est le métier qui rentre", et établir des tables de probabilités de faire ceci ou cela (anticipation du mouvement de l'adversaire, selon plusieurs hypothèses, comme aux échecs) pour y réagir (ou préagir) le plus efficacement possible. L'autre intérêt du robot était de veiller à ne pas endommager un acteur par inadvertance, ce qui pouvait arriver entre humains en travaillant des situations difficiles et rapides. Pour les arts martiaux à frappe indirecte (avec instrument) le simulateur de VTP de 1998 permettait déjà de faire d'énormes progrès, avec en plus la mémoire et la redécomposition cinématique de ce qui avait été fait, pour permettre au candidat d'analyser ses propres erreurs, ce qui n'était pas possible en combat réel (difficilement via la vidéo, qui ne montrait pas tout, et en particulier ni les forces ni les adhérences mises en oeuvre).

. Ceci rendit cet été fort intéressant, sans regretter de ne plus être utilisé par BFRSF où il ne se passait rien de tel. Oskari aussi avait été "détaché" chez VTPSF pour la robotique. Il joua souvent aux échecs à trois avec Viljami et Roni qui travaillait toujours chez VTPSF.

. Il apprit les morts de la canicule ça et là en Europe, sans trop la connaître: VTPSF était climatisé, et dehors, le lac était de plus en plus agréable à fréquenter. Gorak dormait échoué de flanc, de tout son long, sur le dallage de faux marbre vert de la maisonnette. Stéphane supportait bien la chaleur et savait que sinon, le truc le plus simple était la bouillotte d'eau froide (avec des glaçons) autour des pieds: "quand on a froid aux pieds, on a froid partout", plus une entre les homoplates en cas de vraie canicule: rien qu'à la pensée de faire cela, il tressaillit de froid. En fait, tout comme son chat, son métabolisme se mettait en "régime minimum", lui évitant de rajouter à la température ambiante plus de calories que ce qui provenait des fonctions vitales "végétatives". Sans être un animal à sang froid, il disposait d'une tolérance thermique plus élevée que la moyenne, comme il l'avait déjà constaté au froid (où ça pouvait toutefois lui jouer des tours s'il n'y prenait garde, comme lors de la première expérience lacustre).

. Il alla voir "Géode 565", chez VTPSF, à sa sortie stéréoscopique le 6 août 2003. Ca ne le dérangeait pas d'être dans le film: la séparation entre l'acteur et le personnage de la vie quotidienne fonctionnait assez bien, surtout dans des films "absorbant" efficacement leurs personnages pour ne laisser penser aux acteurs qu'en allant les revoir (et parfois seulement la troisième fois). Il n'était pas Erwann: il le rangeait dans un sacrophage de "temps suspendu" en quittant VTP, pour l'y reprendre au prochain tournage. Disposant de fauteuils animés (verrins) la salle de VTPSF était idéale pour voir ce film où les personnages se déplaçaient en tout sens dans une immense structure dans laquelle la notion d'envers et d'endroit était variable.

. La prochaine scéance de monopalme au lac se fit avec Audry que Viljami avait réussi à convaincre d'essayer. En fait, Stéphane ignorait que VTP avait donné consigne à VTPSF/BFRSF (donc aussi via Audry) de veiller à ce qu'il ne fût pas seul dans un endroit où on aurait pu l'enlever, le lac consituant l'occasion idéale: deux plongeurs arrivant par dessous, lui attrappant les palmes (ou plutôt la palme), et gloup! Quitte à lui enfiler ensuite un sac alimenté en air pour ne pas le noyer. C'était aussi la raison qui avait poussé (en plus du gain de temps de trajet) à le réinstaller dans une des maisonnettes du "campus" BFRSF-VTPSF et de réattribuer celle proche du village à un autre "cadre technique". La Finlande était un pays estimé à faible risque, du point de vue de VTP, mais si on pouvait en éviter un, en profitant de ce qu'Erwann n'avait rien contre cette compagnie dans ces activités, autant ne pas s'en priver. Si quelqu'un avait voulu l'abattre au fusil à lunette, c'eût été difficile à empêcher: il n'aurait pas accepté de vivre enfermé à plein temps, mais ce risque semblait bien moins probable à VTP qu'une tentative d'enlèvement: en raison des films dans lesquels il allait jouer, Erwann représentait un enjeu, donc une monnaie d'échange avec VTP.

. Les matchs de rinnepallo étaient nombreux, cet été 2003, et beaucoup avaient lieu le matin (parfois dès 5h30), pour éviter trop d'ensoleillement et de chaleur. La polyvalence des joueurs de Juustomeijeri avait progressé au fil des entraînements optimisés par analyse infographique. Ceci rendait plus difficile à l'adversaire de prévoir qui allait faire quoi, sauf que l'on ne mettrait pas les joueurs les plus rapides à l'arrière. Stéphane préférait maintenant les matchs aux tournages: on y créait soit-même le scénario, face à une équipe adverse qui ferait tout pour en imposer un autre, et aucune cascade n'était truquée. Il y avait eu de la casse dans l'équipe de rugby locale: un genou aux ligaments croisés endommagés, un autre joueur était HS avec une minerve, un troisième avait eu deux côtes cassées (coup de tête adverse). Stéphane ne reprochait plus (depuis longtemps) à BFRSF/VTP de lui avoir interdit le rugby: le rinnepallo lui semblait bien plus amusant, rapide, avec bien moins d'arrêts de jeu et des "figures de style" en glissade dans lesquelles il excellait. Les gens ayant vu quelques matchs (parfois juste des fans d'Erwann d'Ambert, initialement) y avaient souvent pris goût, de plus la nature strictement bénévole (statutairement) des joueurs était dans l'air du temps de la "déconsommation" et de la "dévénalisation" d'une partie de la société, Finlande incluse. Sur ce point, le rinnepallo avait récupéré des nostalgiques du rugby amateur d'avant 1995, même si le jeu lui-même était nettement différent. La Finlande avait de plus en plus de terrains couverts pour jouer l'hiver, ce qui contribuait à son hégémonie dans le tournois inter-nations.

. En août, Erwann jouait dans "Jakt", tourné par VTPSF, un film se situant en Norvège où des touristes imprudents (hollandais, tirant un bateau avec un break Audi 100 "Avant" de 1984: le même que celui d'Ari) étaient pris en chasse par des "hell's angels" locaux (réalité norvégienne que les motards néo-nazis), dans une ambiance entre "Mad Max" et "Délivrance", sur ces routes étroites, sinueuses et interminables (première à droite dans 58 km...) à flanc de fjord, sans rencontrer la moindre habitation. Tous les acteurs étaient finlandais ou suédois (à part Erwann (cheveux attachés, lunettes, pour mieux le distinguer de ses rôles de HF précédents), et Audry, emprunté pour jouer un Norvégien, équipé d'une fausse barbe blonde et d'un faux ventre à bière) et ce qui se passait en Norvège y avait déjà été "préfilmé", pour avoir les paysages selon les mouvements de caméras exacts du film, pour ce qui ne serait pas tout simplement virtuel, autour des scènes réelles. La présence du bateau permettait une scène "à la HF" pour Erwann, utilisant l'ancre et sa chaîne comme fléau d'arme, après avoir récupéré une des motos parties en déroute dans la forêt, après qu'un de ses copains eût été éborgné d'un lancer de couteau et que la Norvégienne qu'ils avaient prise en stop eût été violée par cinq motards.
. Il n'avait que peu d'expérience de la moto, ayant passé le permis en France "à tout hasard", mais dans un film ça n'avait aucune importance: tout était prévu. Le film durait seulement 1h45, de façon à ne pas épuiser le scénario, malgré les variations de la traque (finissant en forêt, assiégés dans une cabane de bûcherons) et maintenir un rythme intense.

. Erwann fut surpris d'apprendre que "Jakt" était issu d'un scénario norvégien, et non finlandais: écrit par quelqu'un ayant soit eu affaire à ces bandes de motards, soit ayant imaginé ce qui arriverait si c'était le cas, au lieu de juste s'amuser à passer en trombe au ras des rétroviseurs des automobilistes circulant en sens inverse du leur sur ces routes sinueuses, isolées et dangereuses. Aucune équipe norvégienne ni suédoise (second choix) n'ayant les moyens techniques de tourner ce film, Pal Arvidsen avait contacté VTPSF, puis s'y était rendu (via le tunnel) en avril pour storyboarder en virtuel ce que cela deviendrait sous forme de film. Au début, il avait pensé à des Hollandais avec une caravane, car il en voyait parfois passer, l'été. C'était VTPSF qui avait eu l'idée du bateau: "en plus d'être plus cinégénique, surtout en stéréoscopie, ça permet au gibier de mieux se défendre, en jetant une voile qui aveugle un poursuivant qui dégringole à flanc de fjord, en utilisant une partie du gréement pour flanquer des coups, ou avec l'amarre: si on fait un gros noeud au bout ça peut désarçonner un motard, d'un bon coup, ou avec la chaîne de l'ancre". Ensuite ils pouvaient larguer la coque, puis la remorque, au lieu de la caravane d'un seul coup.
Pal- n'oubliez pas l'hélice du moteur hors-bord qui hache une tête ou un ventre, plutôt: ça, ce serait bien. Un moteur hors-bord n'est pas fait pour tourner sans eau, mais juste le temps de cette scène, c'est crédible, d'autant plus que l'on peut l'orienter: une bonne embardée de la remorque, et il peut se trouver en position de travail.
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Cette scène utilisait Sigrid la jeune autostoppeuse. L'un des assaillants (désarçonné de sa moto, qui était allée se disloquer contre la paroi rocheuse) qui avait pu s'accorcher à la remorque tentait l'escalade par l'arrière. Sigrid réussissait à démarrer le moteur, et, le braquant puis le cabrant, à hacher le bas-ventre puis le ventre du Norvégien, destabilisé par une embardée de l'attelage. Après ce qu'elle avait subi, le public ne pourrait qu'approuver. Pal avait expliqué qu'un scénario à la Duel ou Mad Max 1 était possible en Norvège, en raison de ces distances très longues sans aucune échappatoire, ni possibilité d'intervention des forces de l'ordre, et où souvent, le téléphone mobile ne "passait" pas, ni même le Lioubioutchaï si on était assez profond dans un fjord étroit, rendant difficile d'assurer la visée des satellites, sauf par moments et jamais longtemps: pendant qu'ils passaient au dessus.

. Pal était tout rond, un peu moins d'1m80, avec des lunettes rondes aussi, et une tignasse châtain clair façon "tas fibreux": on l'eût plus facilement pris pour un Allemand (bavarois?) ou un Belge.

. Stéphane vit l'enregistrement d'un débat télévisé, en France, sur l'évolution du cinéma et de la télévision, auquel Alexandre Fresnel avait été autorisé à participer après probablement que VTP lui eût fait longuement répéter les répliques à toutes sortes de questions, contradictions ou attaques envisageables. Ce fut ainsi que quand on lui dit "Erwann d'Ambert n'est pas venu" Vittorio répondit:
V- il ne peut pas: il a un vrai travail, en Finlande, lui. S'il tournait à plein temps, vous le subiriez dans une quarantaine de films par an.

. En fait il était dans plus de films que l'on en avait l'impression (car jouant "indirectement" certains rôles qui ne lui ressemblaient pas où n'avaient qu'un air de famille avec lui), et dans souvent d'autres rôles des films dans lesquels il était, en échange de quoi ses rôles apparents occupaient moins de minutes à l'écran (en moyenne), dans les films où il était visible "tel que", que dans ceux de 2000. Ceci permettait de diminuer le risque de saturation tout en permettant à VTP d'utiliser souvent ses aptitudes et créer des personnages inédits (qui ne correspondaient exactement à aucun des acteurs réels, tout en s'en inspirant ça et là). Dans "Jakt", toutefois, il avait un rôle important et souvent à l'image, "dilué" par l'abondance des plans d'ensemble ou de "moyennement loin" (ceux permettant de voir tout l'attelage et les premiers motards).

. Il apprit aussi le budget stratosphérique du tournage du second opus du "Seigneur des anneaux": "Les deux tours", non délocalisé à Bollywood (mais en Nouvelle-Zélande, pour les paysages) et coûtant à lui seul (bien que non stéréoscopique) autant que tous les "Kerfilm" tournés depuis début 2002. Les cachets des acteurs principaux avaient toutefois été divisés par 25 par rapport à ce qu'ils auraient été quelques années plus tôt. Le dollar avait beaucoup chuté par rapport à l'euro, mais même converties en euros, ces sommes restaient anormalement élevées, estimait-on ici. VTP s'intéressait bien plus à la HF américano-bollywoodienne qui était maintenant d'un bon niveau (après une période de rôdage) tout en étant d'un coût quasi-vétépien. Il restait trop de temps de morts (avec un taux d'action plus élevé, le devis fût-il resté le même?) mais le retour sur investissement était bien plus rapide (et donc certain) que celui des dernières HF purement hollywoodiennes.

. Des scénaristes et producteurs américains s'étaient renseignés sur la possibilité de faire tourner du "gros" par Kerfilm, en laissant la société de production française organiser tout à sa façon, avec ses propres acteurs, pourvû qu'elle suivît le storyboard. Kerfilm ayant déjà adapté des oeuvres extérieures (le "remake" de Christine étant celle qui avait eu le plus de succès mondial), ca ne dépendait en fait que du plan de charge des tournages en cours.

. Ce fut ainsi qu'un énorme western (avec quantité de bisons, d'indiens, de chariots...) fut tourné (décors filmés en Espagne où il y avait exactement ce qu'il fallait, comme l'avait déjà montré Sergio Leone) cet été par VTP sur un scénario purement américain (y compris les périodes de bla-bla à la tombée du jour entre deux personnages, où tout spectateur habitué savait que celui qui avait le projet de s'acheter ensuite une petite ferme dans l'Orégon serait tué dès le lendemain matin) et produit sous le label "Westfilm". La note serait 9% plus élevée pour tourner en anglais: "ça fait perdre du temps pour apprendre les dialogues" donc les Américains décidèrent que seuls les personnages principaux joueraient dans cette langue, ce qui réduisait le surcoût, les autres apprenant le texte en français, qui serait doublé ultérieurement. Ils estimaient que le public n'y ferait pas attention mais que comme dans leur storyboard on verrait de près certains personnages pendant des dialogues (ce que VTP ne faisait pas dans ses propres films) il fallait que ces scènes-là fussent articulées en anglais, pour que ça n'eût pas l'air doublé. Les Indiens étaient soit virtuels, soit déguisés ou modifiés par infographie, VTP n'ayant pas ce type d'acteur à bord (les Chinois du XIIIème n'ayant pas ces traits-là). Les cowboys étaient un peu trop émilianiens, mais les Américains le savaient, en proposant le projet, et le film aurait son propre style ainsi. Outre la puissance de traitement infographique (continuellement accrue par les recettes des films précédents), des logiciels spécifiques ("fonctions de formes", etc) il y avait la cavalerie robotisée, permettant à peu de frais, sans risque et bonnes du premier coup (le cavalier aussi était faux, pour cette prise) des cascades que l'on n'eût pas tentées avec de vrais chevaux, ni avec des faux montés par de vrais cavaliers. Cette production n'utilisait pas d'acteurs américains, mais Jarkko pouvait en tenir lieu, ayant été choisi par VTPSF en grande partie pour ça.

. Kerfilm n'ayant pas prévu de tourner de western (mais étant équipé pour toutes sortes de batailles équestres et chevauchées) ce projet ne coupait l'herbe sous le pied d'aucun des siens. Comme tout avait été soigneusement décrit dans le storyboard américain, il n'y eût pas d' "européïsme" involontaire dans ce tournage, comme par exemple le système métrique. Il restait maintenant trois mois aux Américains pour trouver le titre, le temps que la post-production se fît, car les ordinateurs avaient déjà d'autres films sur la planche, avec la rafale de tournage de juin puis ceux de l'été. Chez VTP, on désignait ce film par "Go west", faute de connaître le vrai titre.

. A part Jarkko et Reinhart, il n'utilisait aucun acteur maison "de premier rang", car non disponibles à ce moment.

. Le sport professionnel mondial connaissait lui aussi une décrue des rémunérations (en grande partie à cause de la diffusion gratuite des matchs par certaines chaînes du Lioubioutchaï, coupant l'herbe sous le pied des négociations de droits d'exclusivité de retransmission) qui était toutefois moins spectaculaire que dans le cinéma et la télévision. Les revenus restaient hallucinants pour le citoyen lambda, mais avec un chiffre de moins que quelques années plus tôt.

. "Le bout du monde" avait été massivement pré-produit et comportait une longue navigation, au début, qui s'y prêtait bien, de sorte que sa post-production fût achevée fin août, permettant sa sortie stéréoscopique le 27. Un grand film d'aventure dont le début pouvait rappeler l'Odyssée (bien que ce fussent des Romains et non des Grecs), des effets spéciaux saisissants (ce qui arrivait à l'océan au bout (ou plutôt au bord) du monde, en particulier), puis un contexte inédit, avec nouvelle civilisation (Erwann en faisait partie) mélangeant barbarie et architecture grandiose (merci Tarsini) d'inspiration maya mais en plus élancée. Il y avait des retours via d'immenses tourbillons communiquant d'une face à l'autre, ou par un autre bord. Ca permettait de mélanger du péplum, de la HF, et du "film de jungle" (avec reptiles préhistoriques), de quoi bien remplir trois heures de scénario sans "minutes molles". On allait peut-être reprocher à Vittorio de "faire du Vittorio" (de péplum) et à Erwann d'y faire "du Erwann d'Ambert" (de HF), mais ils étaient là pour ça, justement, le film étant conçu pour faire se rencontrer les deux univers. Cela avait déjà été un peu le cas dans "César et les Vénètes".
. Alvéole 75 avait connu un succès à la hauteur de la durée de tournages (par tranches) et de post-production qui y avaient été consacrés, mais "La statue de Dorian Gray" plus encore, comme si (cela allait faire plaisir à Tarsini) plus on faisait d'effort de synthèse réaliste d'une ville à travers les temps plus ça plaisait.

. Stéphane dégusta "Le bout du monde" presque comme un spectateur normal, car il ne connaissait pas le début, et n'était qu'un des personnages principaux ayant de belles scènes d'actions parmi bien d'autres péripéties dont il ne faisait pas partie: il y en avait pour tout le monde, mais moins en même temps (faute d'unité de lieu, même si ensuite sa horde se lançait à la poursuite des galères avec des catamarans assez sophistiqués, faits en grande partie de bambous, avec des voiles translucides en peau de reptiles géants) que dans la moyenne des HF de Kerfilm, donc chacun en savait moins que d'habitude sur l'ensemble du film. Vittorio était le plus souvent vu, en échange de moins de scènes d'action difficiles qu'Erwann.

. Les documents sur Vittorio (Victor Damien Philippe Carioux, né le 18 août 1974 à Nantes) se multipliaient, profitant de ce que l'on trouvait bien plus d'images déjà diffusées de lui que d'Erwann, et qu'il avait donné un certain nombre d'interviews ne portant pas toutes uniquement sur les films: bien moins que nombre de "people" mais plus que la moyenne des acteurs de VTP. La part d'ambiguïté (calculée) du personnage, via ses rôles, lui ajoutait du piment, du point de vue d'une partie du public (y compris féminin). VTP le faisait maintenant moins, estimant qu'il avait été suffisamment "lancé" et qu'il était inutile d'en rajouter: les films et surtout la série télévisée "Traque express" (directement visible gratuitement par quiconque le souhaitait) suffiraient à entretenir l'intérêt que le public lui portait. Ses interviews se faisaient rares et plus "pour émissions cinéphiles technophiles", façon Erwann.

. La liste des émissions (y compris de radio) auxquelles il avait participé était mentionnée par certains documents. Erwann était passé dans fort peu (surtout Cinexplix, et parfois à la télévision finlandaise), mais même sa première intervention à la radio à l'époque de Centrale Dinard avait été retrouvée et citée (la date, pas le contenu).

. Il y avait des documents Lioubioutchaï (ou internet, mais c'était le réseau russe gratuit à l'usage qui se développait le plus et permettait au plus grand nombre d'échanger de telles informations) sur bien d'autres, dont Emiliano (depuis longtemps) Romain, Flavia, Zhao, Manfred, Thiphany, Bengt (ces deux derniers ayant attiré l'attention avec la scène des nouilles), etc. Au sujet des Småprat, concernant Hillevi, était parfois mentionné "souvent vue avec Erwann d'Ambert" ou "la Småprat préférée d'Erwann d'Ambert", sans aller (sauf quelques sites étrangers) jusqu'à écrire qu'il y aurait "plus" entre eux: le laisser suggérer suffisait, sans risquer l'intervention de VTP.

. C'était sur Småprat qu'il y avait le plus de documentation depuis le plus longtemps, parmi les personnages de VTP.

. A part "Kergatoëc", ses rôles n'avaient aucun rapport avec sa vie réelle: c'était quelqu'un de simple dans ses goûts et comportements (à part faire de l'hélicoptère, mais ça, c'était parce qu'il en avait les moyens), qui n'était pas attiré par les sports à risques et ne voyageait pas, à part entre VTP22, Rolbaka et Juustomeijeri. Le seul film dans lequel quelqu'un lui manifestait de la tendresse était "la planète des chats", car le sujet s'y prêtait. Contrairement à l'usage cinématographique suggérant presque toujours l'esquisse de quelque chose (même si ça n'arrivait pas) entre un garçon et une fille pris au hasard dans le scénario, VTP ne "forçait pas les probabilités" sur ce point: ça ne se produisait que rarement dans la vie réelle, donc tout aussi rarement dans les films de VTP. Les personnages n'essayaient pas de se séduire, puisque dans la vie réelle ils ne l'auraient pas fait non plus, à de rares exceptions près. VTP n'en avait donc mis que dans très peu de films, la scène la plus connue (et la plus lascive) étant dans "Danger: nouilles". Certes, le Crépuscule de Gomorrhe en était plein, mais il s'agissait plus de sexe que de séduction proprement dite, et puisque c'était le thème (un des thèmes) du film, cela perdait sa spécificité. Même les Småprat et Vittorio étaient rarement utilisés dans des rôles comportant de la séduction.

. Un scénariste de VTP avait une fois répondu à ce sujet dans une émission de cinéma:
- si c'était une volonté de ne pas en mettre, il n'y en aurait pas du tout. Nous en mettons rarement parce que sinon ça fait artificiel et personne n'y croit.
- vous avez pourtant des filles et des garçons sublimes, dans ces films.
- dans la vie réelle, la fille sublime, elle sera caissière à Franprix et vous ne la regarderez qu'une fraction de seconde parce que vous devez surtout vérifier qu'il n'y a pas de fraude au code-barre par rapport à l'étiquettage en rayon, et le garçon sublime vous ne le verrez pas du tout parce qu'il est employé de bureau. Si personne de chez nous n'était allé chercher Erwann d'Ambert dans un laboratoire pour lui proposer de jouer quelques petits rôles, il y serait resté jusqu'à sa retraite et vous ne l'auriez jamais vu: ça, c'est la vie réelle. Regardez attentivement, et vous verrez que la plupart des gens bien faits sont là où ça n'a aucune importance.
- Erwann d'Ambert n'est pas issu d'un casting...
- non: cette année-là nous avons cherché un peu partout, y compris dans le trombinoscope de BFR. Il a accepté de passer les tests et c'était bon.
- vous n'aviez pas encore eu l'idée d'aller prospecter en Europe du Nord.
- non, car nous pensions que ces gens-là voudraient être payés plus cher. C'est Erwann qui est revenu de vacances avec des Suédoises, et c'est ça qui nous a donné l'idée de faire Småprat puis d'aller chercher aussi des garçons: il y en avait que la notoriété intéressait plus que l'argent. A l'époque, lui, il n'était pas connu: il avait juste eu un rôle secondaire dans quelques épisodes d' "Au vent du large". C'est après avoir joué dans "Cap sur Mars" et surtout dans "Castel mortel" que nous avons compris qu'il pourrait tenir de grands rôles.
- et vous ne le payez pas un kopek de plus que les autres...
- le barème est exactement le même, mais comme il tourne beaucoup de scènes à gros coëfficient, il s'en sort bien. En juillet il a joué dans cinq films en même temps, tout tourné dans le désordre, tout en participant à la technique.
- on vous accuse d'avoir tué le cinéma français, par votre concurrence.
- le "gaucho-caviardo-judéo-intello-parisien", comme dit Venant? Sur le marché mondial, il était mort depuis longtemps: on a juste débranché le respirateur artificiel qui lui donnait l'illusion d'exister sur le marché français. Le cinéma français, dans le monde, c'est nous. 96% des entrées des films français hors de France sont les nôtres. Il n'y avait jamais eu autant de spectateurs à aller voir du cinéma français dans le monde. Nous avons repris l'Europe aux Américains: ils y sortent plus de films que nous, mais les nôtres totalisent beaucoup plus d'entrées, maintenant, au point que nous dépassons 60% du marché dans neuf autres pays. Même aux Etats-Unis, sans que ce soit comparable, des salles passent nos films en version anglaise, alors qu'avant, ça se comptait sur les doigts d'une main: même quand le film leur plaisait, il préféraient en faire un "remake" plutôt que de le doubler, mais maintenant comme ça leur coûterait quinze fois plus cher que notre propre tournage, ils prennent le vrai. Ce n'était jamais arrivé avant Kerfilm. Nous avons même réussi à y diffuser des péplums, et pas juste dans trois petites salles pour snobs. Il y a eu le "western spaghetti", maintenant il y a le "péplum camembert", et ça marche.
- ne vous ont-ils jamais proposé d'emprunter Erwann ou Vittorio pour des films à eux?
- rarement, et ça ne se fera pas: l'expérience avec Knut a montré que c'était une mauvaise idée, comme dans les années 70 quand on a essayé de leurs vendre des locomotives: leurs voies étaient trop mal entretenues pour pouvoir s'en servir dessus. En plus, ils ont trouvé des garçons comme Knut ou Erwann chez eux, et qui s'adaptent mieux à leur propre système. Hansen a montré que rien qu'en appliquant les plus faciles de nos méthodes, il était possible de faire là-bas des films d'un bon rapport prestation/prix. En payant les acteurs comme des livreurs de pizza, comme il dit.

. "Le bout du monde" connut l'engouement espéré par VTP pour une telle production: cela confirmait que les gens péféraient aller au cinéma pour voir quelque chose ne leur rappelant pas la réalité, offrant de grands espaces inédits et de l'action "rafraîchissante" (quoique souvent sanguinolente, mais pas de façon "malsaine", estimait ce public). Erwann l'avait déjà revu six fois (dont les versions finnoises, suédoises et japonnaises).

. En septembre, ce fut (entre autres) le tournage de la HF "Le mur interdit", grande HF avec chevaux (mécaniques) et un univers inattendu (du spectateur, l'espérait VTP) derrière cette muraille qui semblait sans fin, avec des bestioles mi-taupes mi-sangliers rappelant un peu les trolls (ou "trogs?") de "l'ère des trolls", dans un autre contexte. Il vit parmi les rôles de cavaliers (sur chevaux artificiels) Emiliano (le vrai), qui après beaucoup d'entraînement accédait à son tour aux rôles d'action. Des années de séries romantiques, quelques rôles dans des films "planants" ne présentant pas trop de difficultés ("l'appel du vide" étant le plus réussi, jusqu'à présent: un grand bol d'air) parce qu'il savait réellement faire de la chute libre (entraînement sur la soufflerie géante de VTP22) et du parapente. Dans "Le mur interdit" il ne frapperait pas autant d'estoc et de taille qu'Erwann (ou même Alexandre, maintenant), mais il avait une part d'action qui renouvellait le registre de l'acteur de "sitcom" le plus connu (et aimé) de VTP. C'était la trajectoire de Vittorio (qui n'était au départ que sa doublure pour des rôles peu remuants) qui l'avait incité à ne pas rester qu'une plante décorative au sourire infographique et regard de chat birman. Au fil du temps (le projet de l'y mettre datant de l'été 2002, vu les progrès réalisés à l'entraînement) il avait les cheveux bien plus longs que d'habitude, ce qui sortait du style "romantique" pour aller vers l'héroïque, voire l'un peu sauvage (bien qu'impeccable: Emiliano restait un pur Emilianien). Autre nouveau personnage de HF lancé dans un rôle actif dans ce film, Alexandre Fresnel, avec ce "blond canari" (ou presque) se repérant de loin. VTP lui avait dit de ne rien couper depuis qu'il avait été engagé (été 2001), en l'utilisant entretemps dans diverses séries et rôles "périphériques" ça et là. Lui avait-on donné aussi beaucoup de Saumonix à tous les repas? On le voyait déjà dans "Soif" et dans "Géode 565", par exemple, pour lequel il s'était beaucoup entraîné aux "tripatins" acrobatiques.

. Alexandre Fresnel avait l'inconvénient de résider en France, et non Finlande (quoiqu'on l'y eût tout de même remarqué, ce blond-là y étant peu fréquent) donc depuis qu'il était "vu à la télévision" via les séries (ça, c'était connu tout de suite, contrairement aux films qui mettaient le temps qu'il fallait à sortir et que moins de gens allaient voir tout de suite) il était obligé de se déguiser, dans la vie courante, VTP l'y ayant aidé en lui fournissant ce qu'il fallait, dans un premier temps, puis un logement sur place, ce qui résolvait plus confortablement le problème.

. Contrairement à Vittorio qui n'avait rien contre, Alexandre avait souhaité être le moins médiatisé possible: aussi peu d'interviews qu'Erwann, et uniquement dans des émissions sérieuses. Pas du "people".

. Après les tournages (entrelacés, comme d'habitude, les personnages non utilisé à un moment dans l'un l'étant dans un autre) de "Mécanotron 2" (où le premier rôle était confié à Manfred, tout de cuir vêtu) du "mur interdit", Autobahn, "0017: game over", "Quantyx" et "Extraction", VTP constata que "Le bout du monde" confirmait dans le temps son démarrage enthousiaste, plus encore que "Le serpent de Mygdar", qui, sans pouvoir se comparer au succès des deux "drakkars" précédents était déjà bien parti pour devenir un nouveau "porte-avions". Les résultats meilleurs qu'espéré de "César et les Vénètes" (sujet peu connu donc moins porteur que les autres péplums de Kerfilm) et maintenant ceux du "bout du monde" par rapport à d'autres films de même impact théorique commençaient à inquiéter VTP: si ça marchait mieux quand il y avait Vittorio et Erwann dans le même film, c'était que les acteurs commençaient à compter, aux yeux du public, or ce n'était pas le but recherché: non seulement VTP ne les mettait pas sur les affiches, mais en plus veillait à ce qu'ils ne "mangent" pas le public au détriment de ce qui se passait dans le film. Malgré cela, l'accumulation de bons rôles dans de bons films ayant beaucoup plu finissait par en faire des stars "de fait". Vittorio avait été lancé tant comme "moteur" de personnage de péplum que pour ne pas avoir l'air de faire de la monoculture erwandambertienne, or loin de détourner l'attention de ce dernier, il s'y ajoutait, dans les films qui utilisaient les deux. Certes, dans "César et les Vénètes" le combat entre les deux héros n'avait pas lieu, ni, d'ailleurs, dans "Le bout du monde": c'eût été trop prévisible. Depuis 2002, tous les films "Kerfilm" contenaient au moins l'un de ces deux acteurs, en plus de bien d'autres "valeurs sûres" de VTP comme les Småprat, Zhao, Romain, etc. Les films de HF restaient donc la "valeur sûre" de Kerfilm car tous avaient bien marché et la plupart "formidablement bien", mieux que la SF (dont VTP attendait pourtant plus), en particulier. Alexandre Fresnel, nouvelle "valeur sûre" de la HF tarsinienne? Ce dernier avait dit qu'il ne voulait pas rester prisonnier de ce seul genre (sachant qu'Erwann avait eu bien d'autres thèmes porteurs, par exemple "Viande urbaine") bien qu'il appréciât la teneur en action des rôles qui lui y étaient confiés, mais savait qu'il n'était pas en position de choisir pour le moment. Il avait suivi la carrière d'Erwann et constaté que bien qu'assez diverse, VTP le maintenait hors de certains rôles et films: Vittorio avait pu explorer plus de types de personnages et de scénarii, bien qu'ayant été longtemps confiné à jouer dans les "soupes" émilianiennes tournées au kilomètre et servant de prétexte à montrer des gens en train de déguster toutes sortes de produits BFR au fil des épisodes. Flavia lui avait dit, entre autres: "attention, si tu leur plais trop dans les films de HF, il vont te réserver à chaque fois pour les suivants et ça va limiter le type de rôles que tu pourras jouer. Erwann n'a pas pu être dans certains films pour cette raison, alors que techniquement il y aurait été bon".
. Alexandre se renseigna auprès d'Erwann, qui sans dire ce qu'il n'avait pas à dire (accord avec VTP en échange d'autres concessions), donc sans mentionner qu'il avait tenté d'obtenir "Chargeur camembert", confirma que VTP avait tendance à placer les acteurs dans des "cases" (on disait jadis des "emplois", à la Comédie Française), les laissant aller un peu dans d'autres mais moins facilement changer de casier. Vittorio avait pu le faire parce qu'à l'époque ils avaient plusieurs "Vittorio" (sosies d'Emiliano) à bord et que ça ne posait donc pas de problème, grâce à la robotisation et au virtuel qui n'obligeait plus à tourner ce type de séries en faisant faire les "trois huit" à des acteurs se ressemblant assez pour se remplacer là où il n'étaient pas filmés de près: les robots ou la synthèse pouvaient depuis longtemps s'en charger, donc tout pouvait être tourné avec un seul Emiliano, puis désormais un de ses remplaçants (André Renimel, étiquetté "Renato") puisqu'Emiliano (le vrai) se lançait (après avoir été entraîné intensivement par le système VTP) dans la HF. Emiliano (qui sous son air de jeunesse invariable était le plus âgé) avait demandé: "donnez-moi des rôles d'action avant que j'aie trop de rhumatismes pour les jouer". Il avait dû s'entraîner (en heures sup, sur son temps libre) jusqu'à pouvoir convaincre dans des téléfilms de HF à faible enjeu, puis maintenant dans les "vraies" HF maison, ce qui lui avait aussi donné le temps d'avoir le look qui allait avec. Il n'y ferait pas double-emploi avec Vittorio (ex-sosie d'Emiliano) puisque l'usage ("l'emploi") principal de celui-ci était le péplum.

. Quantyx était une SF dans laquelle les personnages découvraient, en raison de la mécanique quantique (il leur semblait anormal qu'il y ait une granulométrie minimale de la matière et de l'énergie: quelque chose ne tournait pas rond, ne "jouait pas le jeu", comme certaines disparitions ou réapparitions d'objets. Les bizarreries de la mécanique quantique venaient de ce que leur monde n'était pas codé sur assez de bits pour modéliser quelque chose plus petit que la "constante de Plank") qu'ils faisaient partie d'un jeu vidéo, qu'en fait ils n'avaient que l'illusion de leur vie (thème classique en fiction, sous diverses formes: "The Truman Show", par exemple) mais grâce à des bogues dans le système certains pouvaient modifier les choses, y compris changer les lois physiques, puisqu'elles n'étaient que des fonctions programmées quelque part, comme tout le reste. Ceci permettait tout un tas de changements de contexte (se retrouver dans de la HF, dans un péplum, dans un jeu de courses de voitures où il était impossible de sortir des voitures, etc), beaucoup d'action, des images spectaculaires et le tout tracté (avec bien des rebonds, sauts de contextes et virages, comme un skieur nautique) par un scénario qui évitait le "décousu" et le "dispersé", bien que la tentation fût forte d'y ajouter tout et n'importe quoi. Une ambiance pouvant plaire tant aux nostalgique de "Tron" (synthèse qui se voit) qu'aux amateurs de jeux vidéo, de SF ou tout simplement d'aventures occupant bien l'écran, et plus encore en stéréoscopie. L'utilisation de personnages émilianiens prenait ici tout son sens.

. Par rapport aux moyens mis en oeuvre, "Les N voyages de Robert Trebor" n'avait pas fait un "carton", par rapport à la moyenne des "Kerfilm", de même qu' "Alignement direct" ou "la cinquième équation d'Otusczewsky": il y avait des fans de ces films au point d'être allés les revoir (ce qui suffisait largement à leur rentabilité, avec les méthodes de tournage de VTP), mais pas autant que pour du "gros qui tache" comme Digestion, par exemple, ce qui décevait un peu les scénaristes et les acteurs: que "Digestion" marche bien, tant mieux, mais marche mieux que des films supposés "meilleurs" par l'équipe... Ca signifiait que le gros du public mondial voulait des films "faciles", en plus d'être spectaculaires: "pour le prix du Crépuscule de Rome, on aurait pu tourner seize films comme "Digestion" qui auraient totalisé près du triple d'entrées, au total: c'est à vous dégoûter de faire du très grand et du très beau". Ce n'était pas si étonnant quand on se souvenait, en cinéma américain, du succès de films comme "Ghostbusters" ou "Gremlins". VTP avait d'ailleurs parié sur ce phénomène en tournant (en y mettant les moyens, pour les décors et l'animation des nouilles) "Danger: nouilles", qui était devenu un des "porte-avions nucléaires" de Kerfilm. "Croisière grouillante" pouvait donc espérer attirer beaucoup de monde. Toutefois "Les N voyages de Robert Trebor" connaissait un regain d'intérêt tardif, peut-être parce qu'ayant été signalé comme son film ayant fait le moins gros score (quoique gros tout de même). Ceci lui vallait d'être repassé devant "Objectif dunes", "Dent pour dent" et de ne pas avoir été rattrappé par "Groupe B". VTP avait l'impression que le public potentiel des "N voyages de Robert Trebor" avait simplement "manqué" ce film, à l'époque, et que comme il était listé dans la filmographie d'Erwann les amateurs de Kerfilm (et pas seulement ses fans) avaient pu l'y repérer et avoir eu la curiosité d'aller le découvrir "plein effet" en stéréoscopie plutôt que d'en chercher un enregistrement. Le bouche à oreille était-il en train de faire le reste?

. Les "0016" marchaient très bien, mais Erwann estimait que du "vrai" devrait remettre Zhao en première ligne, donc n'avait accepté de rejouer Igor que si celui-ci repassait chez les méchants, une fois devenu à moitié mécanique suite au découpage en deux dans "masse manquante", et apparaissait moitié moins souvent à l'image (ou encore moins) que 0016 (Zhao) en moyenne sur la totalité du film. De ce fait VTP avait décidé qu'il ne serait pas récupéré par une mafia est-européenne (trop prévisible) mais par les Yakusa, actionnaires silencieux d'une énorme société de jeux vidéo (qui allait améliorer sa partie prothèse) et l'envoyer infiltrer l'Occident, où 0016 traquait précisément des pseudopodes de cette mafia, agissant indirectement sur place via des truands européens soigneusement triés et entraînés. De plus, cette fois, Igor serait définitivement détruit: électrocuté par une ligne à haute tension puis applati et étalé au sol (une fois foudroyé) par un rouleau compresseur, suggestion d'Erwann, approuvée et incorporée. VTP n'était pas sûr de tourner encore d'autres "0016" et si tel était le cas, ce serait sans lui, voire sans Zhao non plus: l'idée était de faire reprendre le rôle par un autre de leurs acteurs de "premier rang".

. "Soif" sortit le 24 septembre 2003. Des tournages de septembre, ce fut "Extraction" qu'Erwann estima le plus intéressant (mais il avait déjà pensé ça des "N voyages de Robert Trébor" qui avait marché moins bien que "Dédalux" tourné en même temps avec bien moins de moyens, puisque se contentant d'un décor facile à virtualiser, et bien moins d'imagination: il n'y avait pas seize univers narratifs différents dedans) car il y avait quelque chose de "New York 1997" dedans, sans en être un détournement ni moins encore un "remake". Mécanotron 2, de la "grosse artillerie" robotique, plairait à un grand nombre, ce film en donnant beaucoup plus (pour le même prix) que le premier Mécanotron, qui avait déjà bien marché. "Le mur interdit" était une nouvelle HF bien nourrissante, dont on pouvait espérer (mais seulement espérer) que le public ne penserait pas qu'elle ferait double-emploi avec d'autres, alors que "Le bout du monde" était plus original. "Autobahn" était plus noir, plus réaliste, même si les amateurs de poursuites en voitures (surtout allemandes, mais pas uniquement) et autres scènes brutales y trouveraient leur compte sans avoir à réfléchir. "0016: game over" signifiait peut-être la fin des 0016, avec l'avalanche attendue de cascades, rebondissements et destructions massives ou de précision, en tout cas ce serait celle du personnage Igor, tout en laissant un 0016 (Zhao) encore plus endommagé: resservirait-il?
. Il avait bien aimé "Jakt" (bien que le scénariste fût norvégien lui-même, les Norvégiens apprécieraient-ils? VTPSF les avaient déjà bien "habillés pour l'hiver" dans "Aquavit"...) tout en se demandant si ça aurait un grand impact. Peut-être, mais rien ne permettait de l'affirmer, d'autant moins que tout ceci se concurrençait, dans le porte-monnaie de l'amateur de cinéma, où les autres productions VTP pouvaient aussi piocher, ainsi que les tournages américano-bollywoodiens, les dernières grandes HF hollywoodiennes et quelques autres films pouvant trouver leur public.
. Le tournage de "Go west" (titre toujours provisoire) avait été tenu secret, en particulier le fait que ce fût une commande américaine n'était connu d'aucun des acteurs: que VTP tournât cela de sa propre initiative se pouvait, supposerait les espions médiatiques américains (il y avait déjà eu "chargeur camembert", action située à Chicago mais tournée en France) alors que ce que les scénaristes et producteurs américains à l'origine du projet voulaient éviter, c'était de laisser savoir, avant la sortie, que c'était une commande américaine: si maintenant en plus de la sous-traitance des tournages à Bollywood il y en avait aussi chez VTP, ça serait très mal vu, supposaient-ils.
. Financer la totalité du film chez VTP leur revenait dix-sept fois moins cher (selon leurs propres estimations) que de tenter de le faire chez eux, tout en récupérant 40% des bénéfices, le reste restant chez VTP pour ses propres investissements et l'intéressement des acteurs (au taux habituel, et non "moins 40%"), ainsi que des techniciens ayant choisi d'être payés ainsi: eux avaient le choix de répartir leur "mise" entre salaire direct et intéressement. VTP était donc producteur de 60%, en droits, d'après le contrat: c'était à prendre ou à laisser, or ces 40% rapportés à la mise de fond initiale restait très intéressants même par rapport à Bollywood (qui n'était pas encore en état de tourner un tel film, avaient estimé les commanditaires) donc ils avaient signé ainsi. De plus que VTP se réservât 60% suggérait que les studios français auraient fort intérêt à ce que le film réussît, donc fût bien fait. Certes, il était déjà payé, mais ce n'était pas une raison pour se priver de belles recettes d'exploitation... L'autre raison pour les Américains de penser que ce serait fait au mieux était que ces clients satisfaits (eux) pourraient en amener d'autres, au lieu de s'adresser à Bollywood.

. Erwann avait remarqué que depuis "La cinquième équation d'Otusczewsky" il avait souvent une scène dans l'eau (ou plutôt sous l'eau), dans ses films (pas toujours: ça dépendait du scénario, mais souvent) comme si VTP souhaitait le montrer au moins une fois tel qu'il était fait "de partout", signe qu'il avait progressé sur ce point, car avant l'automne 1999 ses personnages n'en avaient jamais l'occasion. Il avait continué à parcourir de bonnes distances quotidiennes (sans aucun soucis de chronométrage: au rythme ne donnant pas une fatigue excessive, tout en demandant un effort perceptible: pas "sans y penser du tout") dans la piscine de VTP22 et rentré en Finlance, y retournerait en visant les heures creuses (les horaires de VTPSF n'étant pas les mêmes que ceux de BFRSF, il était plus facile d'en trouver) le lac d'octobre n'étant plus celui de fin août.
. "Croisième grouillante" sortit le 1er octobre, VTP estimant que ça ne concurrençait pas "Soif": c'était pour les amateurs de "gore", parmi les films d'action.

. Le 11 octobre, ce fut avec Alexandre qu'il repartit en Finlande, celui-ci (qui ne parlait pas finnois mais correctement suédois, ayant eu l'envie et le temps de l'apprendre) étant prêté à VTPSF pour quelques petits rôles, ce qui était aussi une récompense (il souhaitait voir ce pays mystérieux) pour son excellent entrainement pour "le mur interdit", qui lui avait aussi vallu un petit rôle dans "Extraction", personnage ajouté seulement à la mi-août.
. Il récupéra comme d'habitude Gorak chez Timo, où il y avait Nelli, restée à un style "moyen couvrant".
Nelli- ton chat fait du lard.
Stéphane- c'est normal: le temps fraîchit.
N- plus que ça: tu aurais déjà dû le sentir, par là, en le carressant.
S- ce n'est qu'un lipôme: ce n'est pas grave, ça se dissout tout seul ensuite. Ce serait s'il avait une boule sans engraisser qu'il faudrait s'inquiéter, car ça pourrait être un cancer. Ca, non: c'est un lipôme.
N- il mange trop.
S- mais non: ça veut juste dire que l'hiver sera rude, comme pour la fourrure.
N- quant à toi, puisque tu gardes tout, j'en déduis qu'il y aura de la HF au programme en 2004.
S- c'est possible.
N- de la SF?
S- cela se pourrait aussi.
N- pourquoi VTP ne nous refait pas un gros machin avec plein de batailles spatiales et des créatures bizarres comme dans "La guerre des étoiles"? VTP avait refait "Christine", par exemple, et ça rendait très bien en stéréoscopie.
S- ça rapporte moins, à cause des droits à reverser, et il faut être sûr d'apporter quelque chose de plus pour que le public apprécie. Il y a eu Serranix, pour les batailles spatiales.
N- justement: c'est pour cela que ce serait bien d'en faire un autre. N'as-tu jamais pensé à devenir réalisateur ou scénariste?
S- il faut avoir de bonnes idées avant les autres. Beaucoup de spectateurs pourraient imaginer une suite de "Serranix", mais ça n'apporterait pas grand chose de plus. Il faut trouver autre chose. Quand Kerfilm produit des films qui se suivent, en fait tout a été conçu en une fois, puis a été découpé en deux parce qu'il avait trop de choses à mettre pour un seul film. Grâce à cela la suite n'a pas l'air d'être du réchauffé. C'est souvent tourné en même temps, même si le second sort bien plus tard.
N- à combien de films en es-tu?
S- 71 tournés, 65 sortis.
N- 71.... Et pas juste le petit rôle qui vient se faire tuer et que l'on ne reverra plus: tu fais beaucoup de choses, dans tes films.
S- si c'était juste pour servir le thé, ils prendraient un autre acteur.
N- il y a des acteurs qui n'aiment pas revoir les films où ils ont joué.
S- par chance j'oublie vite que j'y suis: il y a assez d'action pour suivre ce qui se passe, plutôt que qui joue quoi. Sinon ça me priverait de voir presque comme un spectateur ordinaire ces films-là.
. Par rapport au spectateur ordinaire il en savait trop, donc n'en profitait pas aussi "à neuf", mais était loin de tout connaître, et comme c'était souvent tourné dans le désordre, entrelacé avec les scènes d'autres films, il n'avait qu'une idée vague (en plus d'être parcellaire) de ce à quoi ça ressemblerait une fois monté et post-produit. C'était en partie parce qu'il imitait finalement un modèle comportemental (y compris les expressions) qui ne lui devait rien (a part certaines scènes "d'action pure" (escrime ou déplacements rapides et adroits), il n'en avait préenregistré que pour d'autres, ou pour des personnages sans acteur) qu'il se sentait suffisamment extérieur, en tant que Stéphane Dambert, spectateur, à ce qu'il voyait le personnage joué par Erwann d'Ambert faire dans le film, quand il avait l'occasion de l'observer, souvent à sa deuxième ou troisième vision du film.

. La mode des sushis permit à BFR d'augmenter encore ses ventes de "chairs artificielles", car l'ersatz de BFR se conservait très bien, contrairement au vrai poisson cru. Nombre de restaurants (souvent tenus par des Chinois et non des Japonais) se fournissaient maintenant chez BFR.

. Alexandre découvrit (avec Stéphane comme guide) un pays étonnant, bien qu'ayant déjà vu des documentaires à ce sujet. Les aménagements techniques élégants et futuristes aux environs de Juustomeijeri l'intéressèrent beaucoup. Il constata qu'effectivement il y avait peu de Finlandais "blond canari": presque tout le monde était blond, dans le coin (jusqu'à de l'incolore: "vermicelle chinois"), mais rarement de cette nuance-là. Alexandre s'était muni d'une combinaison isolante car il avait bien l'intention de tester la nage dans un lac finlandais en octobre.

. Il rencontra quelques connaissances de Stéphane, dont Nelli qui vint l'observer d'assez près, sans toutefois prendre l'initiative de le toucher, puis dit à Stéphane, en finnois:
N- encore un modèle spécial pour l'exportation dans les pays froids?
. Stéphane lui expliqua qu'Alexandre venait tourner dans deux téléfilms et une série (petit rôle) de VTPSF.

. Audry restait maintenant une grande partie de l'année chez BFRSF: le rugby lui avait donné une raison d'apprécier la Finlande (dont il avait aussi fini par apprécier plus le calme et le sérieux: très reposant), de même qu'il était facile d'aller en Suède en train depuis le tunnel. Quant au finnois, les progrès étaient lents mais encore utiles.

. Alexandre s'entraînerait aussi chez VTPSF pour de nouvelles scènes de combat à l'épée et d'acrobaties équestres (mécaniques, dans celles pour lesquelles il ne serait pas remplacé par un robot à son image) car "Westfilm" allait tourner en novembre un film de HF américain sur l'épopée arthurienne (maintes fois adaptée de bien des façons, mais pas encore en stéréoscopie) pour lequel VTP avait répondu: "non, vous n'aurez pas Erwann: nous l'avons déjà mis dans trop de films cette année, mais si vous voulez un blond aux yeux verts, nous avons celui-ci. Les gens le connaissent moins, donc il devrait vous intéresser". Alexandre n'était pas encore capable de jouer en "entrelacé" dans cinq rôles complexes, mais un rôle complexe tout en continuant à jouer dans une série et faire quelques petits rôles faciles dans des téléfilms, oui. Comme Niels, VTP avait l'intention de le spécialiser dans la HF, au moins dans un premier temps, ou certaines SF comme "Géode 565". Le film de HF pour les Américains ne pourrait pas non plus utiliser les Småprat, mais d'autres Suédoises et Finlandaises de VTP/VTPSF pouvaient être utilisées.

. Bien qu'ayant fort peu d'infos sur lui, les médias s'étaient vite intéressés au nouvel Emilianien français blond aux yeux verts de VTP, au vu de la carrière déjà parcourue par le premier, et se doutant que VTP n'allait plus utiliser Erwann aussi souvent que jusqu'alors bien qu'ils aient veillé à ne pas le "surfilmer" dans la plupart de ses rôles. Alexandre n'avait pas échappé au jeu de mots: "Fesnel porte-t-il des lentilles"?

. Contrairement à Erwann, il avait directement eu l'intention de faire de la télévision ou du cinéma, tout en commençant sagement par travailler dans un entrepôt d'une des fromageries du groupe. Il était passé à l'Emilianomètre et avait été pris, malgré la myopie (moyenne-forte: -3): il y avait trop peu de garçons de ce genre (une fois triés par la machine) pour le refuser rien que pour ça (critère fonctionnel et non d'aspect), vu qu'il ne s'agissait pas d'une banque de sperme. Oui, Fresnel portait des lentilles (ayant la chance de bien les tolérer), mais uniquement pour voir, et non pour se verdir les yeux: elles étaient incolores, de type semi-rigide ("flexible") et non "méduses jetables", réputées plus dangereuses, car avec les semi-rigides l'inconfort se produisait bien avant que la cornée ne fût agressée, en cas de problème.
. Il ne les mettait bien sûr pas pour nager, préférant des lunettes de piscine à sa vue.
. VTP avait retrouvé des photos de classe, coiffé "cache-lunettes" avec effectivement des lunettes à cacher. Il avait une peau très saine (jamais eu d'acné) et une dentition agréablement attéenne. Contrairement à Erwann, ses parents n'avaient pas su (ou pas pensé à) cacher leur admiration pour cette petite merveille (qui en plus ne fût myope qu'à partir de neuf ans et demi) et effectivement, Alexandre n'avait pas eu son Bac en avance et aurait moins encore pu entrer dans une école d'ingénieurs, bien qu'on lui eût détecté (à 11 ans) un QI de 118, ce qui était supposé "bon". Bon, mais pas utilisé, donc ne donnant pas de résultats particuliers.
. Alexandre avait réussi à passer aux lentilles dès 14 ans, avant l'adolescence, et s'était amusé à étudier l'effet qu'il produisait sur autrui à un âge où Erwann, lui, n'en avait aucune idée. Alexandre savait toutefois qu'il ne fallait pas avoir l'air de penser à l'air que l'on avait, surtout si on y pensait beaucoup. Il s'était appliqué intensivement à l'entraînement proposé par VTP: l'escrime mécanique (au simulateur) et et les sauts d'un niveau à un autre (pas de haut, mais sans regarder, car il devait continuer à ferrailler) sur les plate-formes des studios automatiques. Si on lui faisait travailler cela, c'était qu'il allait avoir des rôles "à la Erwann d'Ambert". D'abord un peu, puis peut-être beaucoup.
. La première fois où il l'avait rencontré, peu après avoir été accepté par VTP, il bricolait des "mécanimaux", lui avait semblé bien plus jeune qu'il ne l'imaginait, et loin de l'univers "HF" puisque c'était en septembre 2001. Toutefois, même ainsi, il lui avait donné l'impression qu'il allait se passer quelque chose, qu'un monstre baveux cornu et tentaculaire allait surgir à travers le sol des studios, mais qu'Erwann lui règlerait son compte d'un seul coup de clef dynamométrique entre les trois yeux.

. Alexandre constata en Finlande (et bien que ce fût chez VTPSF) qu'Erwann ne se prenait pas pour "Erwann d'Ambert" mais simplement pour Stéphane Dambert, d'ailleurs tout le monde le désignait par ce prénom puisqu'il ne tournait rien en ce moment: comme ingénieur et bricoleur chez VTPSF, c'était "Stéphane". Le suédois étant la seconde langue officielle du pays, Alexandre pouvait à peu près se débrouiller avec, mais tout le monde ne le parlait pas courramment, en échange de quoi ceux qui le parlaient le prononçait plus "carré" (donc plus français) que dans les enregistrements faits en Suède avec lesquels il s'était entraîné.

. La Finlande était un pays étrange, Juustomeijeri encore un peu plus, mais avec Stéphane pour expliquer et avertir des erreurs à éviter ça lui semblait gérable. Il ne s'était encore jamais baigné dans un lac, donc ne le fit pas sans méfiance: il pouvait y avoir des tas de trucs sous l'eau, contrairement à la mer où l'on voyait bien comment c'était à marée basse, avant de s'y baigner à marée haute. Il n'avait pas de monopalme, n'en ayant pas l'habitude, mais des palmes classiques. Viljami et Stéphane étant là, il n'était pas inquiet: eux connaissaient le lac, donc il ne devait pas y avoir de bout de ferraille ou autre proche de la surface dans la partie qu'ils parcouraient.
. Marika Hirvimäki, aux studios VTPSF, lui sembla être une version finlandaise de Flavia (coiffée un peu plus long et blond pâle). Elle s'intéressa à lui, contrairement à ce qu'il avait entendu dire des Finlandaises: "encore plus froides que l'eau de leurs lacs", de plus octobre n'était pas juin.

. Bien qu'étant quelqu'un de mentalement stable et plutôt raisonnable (ça faisait partie du tri de VTP), Alexandre n'avait pas le même caractère que Stéphane. Ce dernier n'était devenu un peu narcissisque que parce que VTP avait attiré son attention dessus, et aussi en voyant les effets de la "négligence abdominale" chez certains Finlandais, puis sur lui-même pendant le début de sa mission ici. Alexandre, lui, l'était depuis fort longtemps, ayant reçu ça et là presque autant de compliments niais qu'un chat d'exposition (au détriment de son sérieux dans le travail, peut-être) à un âge où ça avait pu s'imprimer durablement. Au point que quand il avait dû porter des lunettes, il savait qu'il y perdait beaucoup (et pas uniquement en qualité de vision ou par le soucis d'avoir une prothèse sur le nez) même si avec lunettes il restait bien mieux loti que la majorité de ceux qui n'en avaient pourtant pas. Toutefois (même maintenant où c'était plus facile) il n'avait pas tenté l'opération de la myopie, craignant de faire partie du petit pourcentage de ratés qui ne seraient pas diagnostiqués comme cas à risque avant l'opération. Puisqu'il tolérait bien les lentilles, autant en rester là. Il n'avait pas développé la capacité de "réduction de présence" de Stéphane: celle-ci ne pouvait pas le faire disparaître réellement à la perception des autres, mais aidait bon nombre à penser "ce n'est pas important", ou plutôt à ne rien en penser, à le considérer comme un élément du paysage. Alexandre, lui, n'avait pas cette propriété, et en semblait pas chercher à l'avoir: il avait de la "présence" dans la vie en vrai, et pas uniquement par ce dont il avait l'air. Certes, sans cela, ça n'aurait pas marché, mais sa propre personnalité faisait qu'il était plus difficile de le fondre mentalement dans le décor qu'avec Stéphane. VTP s'en était d'ailleurs un peu méfié, et l'avait mis en observation dans des séries pour des rôles de faible enjeu (plutôt décoratifs), car si cet Alexandre s'avérait capter plus l'attention que ses personnages ne le demandaient, on ne pourrait pas l'utiliser dans autant de rôles qu'Erwann. En fait cet effet disparaissait quand Alexandre jouait un rôle, car alors il calquait fidèlement son attitude, jusqu'aux petites expressions et à la direction du regard, sur ce qui avait été préenregistré. On le remarquait à cause de ce blond très clinquant, genre "papier cadeau de Noël", mais si on atténuait cet effet par infographie, on constatait qu'il fonctionnait tel que le rôle était prévu. On allait donc le faire jouer un peu "en sous-tension" (ce qui ne signifiait pas moins vite), et pour cela, ce serait Erwann qui préenregistrerait certains de ses rôles, d'autres préenregistrements étant confiés à Zhao qui fonctionnait (de lui-même) d'une façon voisine, à Bengt (plus froid) et encore à d'autres.
. VTP devait veiller à la répartition d'impact entre ses personnages dans un film: l'un ne devait pas éclipser les autres, même si momentanément, selon le contexte du scénario, cela pouvait (voire devait) être le cas. Si ça se produisait même là où le scénario ne le demandait pas, c'était nuisible au suivi réel du film, estimait VTP. Comme dans un plat bien conçu où un goût ne devait pas tuer les autres. On rééquibrait donc le jeu des personnages, pas scène par scène, mais sur l'ensemble du film. Ainsi, Vittorio avait déjà eu un jeu légèrement "refroidi" (emprunté à Zhao, par exemple) alors qu'inversement, il était déjà arrivé de faire enregistrer par Vittorio des scènes de 0016 jouées par Zhao, ce type de film s'y prêtant.
. Le public ne devinait pas cette stratégie, mais une partie de la durée du succès des films de VTP venait de là, de même que la bonne tolérance à la présence dans beaucoup de films d'Erwann, Zhao, Vittorio, etc: leur réutilisation semblait légitime, et non excessive, la plupart ne pensant même pas à l'évaluer ainsi, d'autant moins qu'ils ne refaisait pas "du Erwann d'Ambert" ("du Zhao", "du Vittorio"), autre avantage de ce système permettant de renouveller le jeu des acteurs sans leur demander d'apprendre à le faire, donc de contre-braquer par rapport à ce qu'ils avaient fait antérieurement: le modèle à imiter était là, posait les rails, et les acteurs de VTP étant (surtout ceux de "premier rang", mais bien d'autres aussi) doués pour suivre des rails d'attitudes et comportement, ça marchait bien et sans leur demander d'effort perceptible. Toutefois, Erwann préenregistrait lui-même ses scènes d'action (quand il ne suffisait pas de piocher dans des comportements déjà modélisés et réadaptables) comportant des déplacements importants, car VTP avait remarqué qu'il rendait très bien en mouvement: même si après préenregistrement on remplaçait son personnage par un robot anonyme (ayant l'air d'un robot "comme un robot", et non de quelqu'un) il en restait quelque chose, par rapport à faire préenregister le mouvement par un autre.
. Alexandre avait bien appris à le faire, et y trouvait avantage: ça le "déresponsabilisait": s'il avait eu telle attitude à tel instant, telle petite expression, c'était dans le rôle (comme les paroles), et non de son fait. On n'avait donc pas à le juger là-dessus, mais uniquement (et ça, c'était le système de VTP qui le faisait) sur la fidélité d'imitation.

. VTP l'avait rendu plus modeste, en commençant par ne lui confier que des petits rôles et beaucoup de tâches "à tout faire" dans les studios. Bien que n'ayant pas été élevé comme Stéphane, Alexandre savait tout de même cesser d'exister par lui-même et suivre des rails quand ça vallait mieux que tout autre comportement: il imitait alors celui des autres "VTP".

. Parmi les mécanimaux à la mise au point desquels Stéphane participa, ce mois d'octobre 2003, il y eût une espèce d'éléphant ayant cinq tentacules de pieuvre (et non huit, toutefois) au lieu d'une trompe et des défenses. Spectaculaire et pas "absurde" à voir, bien qu'imaginaire. Le modèle réel atteignait de bonne performances de souplesse et de préhension, confirmant le bien-fondé du choix de VTP de construire un mécanimal plutôt que de le faire en virtuel: ça ferait faire de grosses économies de synthèse en particulier quand cette chimère saisirait et arracherait de la végétation réelle ou d'autres choses. "Les cités oubliées", la grande HF en quatre parties prévue pour 2004, devait aller au delà de ce qui avait été vu dans Sartilvar et les autres films de cette lignée, en plus d'avoir un scénario et des contextes inédits. Il avait appris qu'il y aurait aussi "Le mur d'Hadrien", nouvelle occasion de mêler du péplum (les Romains, valeur sûre chez Kerfilm auprès du public) et de la HF (les Ecossais, tendance "Highlander" dans ce projet). De ce fait "le mur interdit" allait changer de titre, car il y avait aussi "mur" dedans. Ca pourrait devenir "par delà la muraille".
. "Le bout du monde" confirmait son succès en salles urbi et orbi: beaucoup de gens voulaient donc voir à quoi ressemblerait la Terre dans l'Antiquité si elle avait été plate, sans attendre un passage à la télévision, qui serait probablement tardif: Kerfilm attendait souvent trois ans (voire quatre ou cinq) plutôt que deux, ce qui était aussi le cas de certains grands films américains. De plus VTP ne tournant pas en co-financement avec des chaînes payantes (contrairement à ce qui s'était beaucoup fait antérieurement pour le cinéma français) n'accordait ni tarif préférentiel ni diffusion en avance sur celle des chaînes publiques. Ceci expliquait aussi la libérté totale de création et donc la grande différence de thème, de ton et de rythme par rapport aux productions antérieures non-VTP, d'où le succès massif à l'exportation.

. La République Malthusienne Centrafricaine connaissait des succès économiques spectaculaires, car nombre d'entreprises occidentales et même asiatiques y délocalisaient une partie de leurs productions, en plus des lancements de satellites (y compris ceux du réseau Lioubioutchaï, la base spatiale ayant été conçue par les Russes, qui fournissaient aussi les lanceurs) à prix imbattables.
. Cette prospérité attirait des clandestins, qui dès qu'ils étaient repérés devenaient de la main d'oeuvre gratuite (juste de quoi la nourrir) pour les tâches les plus pénibles ou néfastes, contribuant ainsi à la prospérité de la RMC. Des examens permettaient de sélectionner un petit nombre d'immigrés qualifiés (sans quota: quand il n'y en avaient pas, les clandestins étaient tous aux travaux forcés non qualifiés) pour des tâches à plus forte valeur ajoutée, et un peu rémunérées. Il vallait donc mieux tenter ces examens avant d'immigrer, et non après où l'échec vallait mise aux travaux forcés. Quelques autres gouvernements africains avaient suivi avec intérêt les progrès spectaculaires de la RMC et créé une taxe sur les naissances, voire des sanctions au delà de deux enfants. Au Zaïre, désormais, le dépistage du Sida était obligatoire et tout homme positif avait ses nerfs érectiles (ceux passant par la prostate) détruits, ce qui le rendait impuissant donc incapable de transmettre le virus par pénétration. Cette mesure systématique fit beaucoup pour le port du préservatif, et l'abstinence si on n'en avait pas: la perspective d'être rendu définitivement "mou du bout" si on attrappait la maladie dissuadait ces prises de risque.

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