vendredi 10 avril 2009

chapitre N-18

#N-18
. Depuis l'été 1997, le "1% pour la culture" dans les travaux publics, la "commande publique" d'oeuvres d'art, etc, avaient été supprimés, ce qui avait, selon beaucoup de gens, évité quantité d'horreurs extrêmement coûteuses. Les contributions des entreprises au "comité d'entreprise" et au logement avaient elles aussi été supprimés, tandis qu'offrir un petit logement en guise de partie de salaire était totalement défiscalisé, y compris pour le bénéficiaire, à condition qu'il fût de valeur locative inférieure à 20% du smic (en comparant au marché local), en 2001, ce que la chute des cours de l'immobilier avait facilité. Le surplus était imposable, de façon à dissuader les "avantages de complaisance", selon le terme officiel. Le ministère de la culture avait disparu, idem pour "l'avance sur recettes" qui avait selon l'ELR poussé à produire trop de films que presque personne n'allait voir: les "merdes molles" décrites par Lucien Venant.

. Constatant la taille nettement supérieure (un avantage de dix à quinze centimètres, voire vingt, en fin de vingtaine, étant fréquent, surtout par rapport à ceux ayant subi une puberté précoce et forte), les bons résulats scolaires et l'absence de problèmes dermatologiques de ceux, plus âgés qu'eux de quelques années, qui avaient profité, en France, des possibilités de retarder et atténuer la puberté par un microcontrôleur embarqué, les adolescents était de plus en plus nombreux à y recourir, au point que l'engouement chez les garçons commençait à rejoindre celui (bien plus rapide et massif) constaté antérieurement chez les filles. La puberté, ça signifiait la fin de croissance (après une accélération brève) or très peu de garçons souhaitaient être petits, en plus de tous ceux qui ne voulaient pas de boutons, et rejeter les problèmes pileux le plus tard possible. L'argument sur les performances intellectuelles était celui généralement donné aux parents (de toute façon leur avis était superflu, les enfants ayant le droit de décision sans eux pour leur propre corps, de même que la circoncision des jeunes avait été totalement interdite, au même titre que l'excision: ça ne pouvait être qu'une décision autonome de citoyen majeur), et dont l'impact était réel (surtout dans les matières scientifiques et techniques, qui étaient maintenant les seules études subventionnées par l'Etat) mais devenir plus grand que prévu et échapper aux problèmes de peau (souvent aussi de sommeil) était la motivation individuel principale pour la plupart.
. Ceci avait fait chuter les ventes de cosmétiques destinés à (soit-disant) traiter les problèmes de peau et de cheveux, avait fortement raréfié les cas d'anorexie, car les jeunes filles avaient maintenant un moyen direct d'empêcher leurs hanches de gonfler, etc, diminué effectivement l'échec scolaire (la modification radicale du système scolaire y était pour beaucoup, mais l'engouement pour l'implant antipubertaire y avait nettement contribué lui aussi) et les violences entre jeunes: il en existait encore (car les hormones n'en étaient pas la seule cause), mais bien plus rarement "pour rien": la violence impulsive était plus rare, d'ailleurs elle était une indication légale d'injonction de traitement antihormonal dans la loi française, depuis 1997.

. La technique ne permettait que d'agir globalement sur les hormones, en tenant compte éventuellement de la chronologie (n'en remettre qu'au moment d'une activité physique, où les muscles les consommeraient, en particulier pour les androgènes) mais ne pouvait pas modifier leur répartition dans l'organisme. L'avantage génétique important dont bénéficiaient ceux n'ayant que peu ou pas de récepteurs hormonaux cutanés (d'où une plus grande disponibilité pour les muscles, à dosage total égal), comme Stéphane (qui par parenté ocongénétique entre la peau et le cerveau y était aussi peu sensible mentalement), restait un privilège héréditaire. Théoriquement on pouvait envisager un traitement pour détruire sélectivement les récepteurs hormonaux cutanés (qui en avalaient beaucoup avec des effets purement nuisible, contrairement à ceux des muscles) mais le procédé était encore au niveau "laboratoire": son application sur tout un individu eût été d'un coût dissuasif, sans garantir sa pérénité: ces récepteurs pouvaient se reconstituer, s'ils étaient génétiquement prévus. Seule une mise en culture d'une peau génétiquement modifiée (celle du patient) en ôtant juste le codage de la sensibilité hormonale aurait pu donner un résultat définitif, mais au prix d'opérations disproportionnées par rapport à l'enjeu, puisque même pour les grands brûlés (pour lesquel c'était une priorité vitale) on n'y parvenait que partiellement et très lentement.

. Le rinnepallo n'était plus une curiosité régionnale des environs de Juustomeijeri: non seulement le nombre de terrains (y compris équipés pour l'hiver) avait forment cru en Finlande, jusqu'à Helsinki et d'autres grandes villes, mais, de plus, il y en aussi en Suède (près de l'arrivée du tunnel) ainsi qu'en France, la participation fréquente d'Erwann d'Ambert à ces compétitions ayant contribué à faire connaître ce sport plus ludique et moins violent que le rugby: en particulier, les crampons y étaient strictement interdit, au profit de semelles à lamelles souples, les "caramels" (empilements) strictement interdit (se jeter sur un joueur déjà à terre vallait exclusion) et le plaquage bien plus règlementé, d'autant plus qu'il était très facile de faire tomber quelqu'un courant sans crampons sur une pelouse en pente: aucune violence "ajoutée" n'était nécessaire pour y parvenir. Le nombre de drops tentés et réussis par Aymrald et son sang-froid en toutes circonstances (qualité rare en France) firent que "Robodrop" fut son surnom le plus fréquent.
. La règlementation avait évolué pour fluidifier le jeu. Le hors-jeu était maintenant le même qu'au foot: les joueurs se trouvant à la fois en arrière du dernier défenseur et du ballon revenait revenir vers cette ligne, sans pouvoir jouer. Des signaux lumineux et sonores (bipeur près du col) leur signalaient automatiquement s'ils étaient hors-jeu. Le système connaissant la position du ballon, cette indication de hors-jeu cessait dès que lors d'un tir au pied (par exemple) il avait dépassé ces joueurs: il y avait d'ailleurs une tolérance (gèrée électroniquement) fonction de l'altitude: on pouvait être en avance sur le ballon (en courant vers son point de chute) selon l'altitude atteinte à cet instant. C'était ô combien plus simple et souple qu'au rugby. L'en-avant de passe était autorisé dans la limite de cinq mètres, le système de mesures embarquées (obligatoire au rinnepallo) vérifiant cela. On ne risquait donc pas de commettre un en-avant en perdant le ballon sans l'avoir franchement lancé.
. Il existait une variante "plate": le "quatorze", qui n'était pas du rinnepallo (ballon cubique sur terrain de rugby) mais en reprenait la plupart des règles, en dehors de ce qui avait trait aux mêlées en côte (puisqu'il n'y avait pas de côtes) et des touches puisqu'elles aboutissaient à des mêlées et non à des lancers. La grosse différence par rapport au rugby à quinze ou treize était qu'il n'y avait pas de crampons (interdits, relief de semelles sous forme de lignes ou lamelles d'une matière souple), que les protections étaient aussi réduites qu'au rinnepallo, que les empilements (tas ou "rucks") n'étaient pas permis (tous les joueurs empilés sur celui du dessous seraient sanctionnés, à l'arbitre de distinguer avec l'aide de l'informatique ce qui relevait d'une chute involontaire sur ou avec un déjà chû de ce qui était une faute d'empilement) que la règle du hors-jeu était celle du rinnepallo (ou du foot, en fait), que l'on pouvait faire des passes en avant dans la limite de cinq mètres et que l'aide informatique à l'arbitrage était obligatoire. La répartition des joueurs du quatorze se distinguait du quinze par le fait qu'il n'y avait qu'un seul "centre". La ligne de 3/4 était 11, 12, 13, le 14 étant l'arrière. La notion de hors-jeu identique à celle du foot et une marge de 5m pour l'en-avant donnait au quatorze permettait un jeu beaucoup plus fluide (les équipes s'interpénétrait profondément, seule la ligne correspondant à l'adversaire le plus éloigné ne pouvait être franchie en amont du ballon), parfois même plus que le football car on pouvait jouer au pied et à la main. L'absence de crampons et les reliefs limités des semelles en faisait "un peu un sport de glisse", moins que le rinnepallo car il n'y avait pas de pentes mais bien plus que le foot et le rugby. On tombait beaucoup, au quatorze. Le ballon cubique roulait finalement moins mal que le ballon de rugby: il ne roulait pas facilement, mais sa trajectoire était moins capricieuse, et comme au rinnepallo on pouvait aussi faire une tête en avant, sans limitation de portée: c'était le jeu à la main (et avant-bras) qui était limité à cinq mètres. L'avantage du quatorze sur le rinnepallo était que l'on pouvait utiliser un terrain de rugby, bien plus facile à trouver, et il était possible à une équipe (20 joueurs: le nombre de changements était limité à six, au "quatorze") d'y installer toute l'électrodétection d'aide à l'arbitrage (en version "nomade") en moins d'une heure à condition d'avoir bien appris à le faire, donc ça pouvait aller encore plus vite avec deux équipes.

. Bien que trouvé ridicule par beaucoup de gens, le rinnepallo (donc aussi le "quatorze") conservaient le ballon-dé avec ses points modifiant la valeur des essais marqués. Cette année, Vittorio Cario avait suivi un entraînement "scientifique" assidû pour rejoindre l'équipe de VTP22, car VTP savait que sa présence contribuerait à intéresser le public donc les médias à ces matchs, comme Erwann faisait partie des "produits d'appel" de Juustomeijeri, mais pour cela, il fallait que les prestations de Vittorio fussent à la hauteur de son apparence. On ne me mettrait dans les matchs de l'équipe principale qu'une fois réellement utile, et surtout pas "pour faire joli", même si l'idée y était aussi. Initialement le carton jaune n'était qu'un avertissement, l'orange jouant le rôle du jaune du rugby. Désormais, un jaune vallait au joueur de porter pour la suite du match une ceinture de lest mou de 5 ou 10kg (poids laissé à l'appréciation des arbitres), l'orange vallait 10kg et exclusion temporaire. Les poids étaient cumulatifs en cas de récidive, et ils étaient transmis en cas de remplacement du joueur, ce qui ne pouvait donc être un moyen pour l'équipe de s'en débarasser. Jusqu'ici personne n'avait écopé de plus de 30kg au cours d'un match, ce qui était déjà fort pénalisant en côte, que ce fût en attaque ou en défense. Le quatorze ne reprenait pas ce principe de lest. Jaune: exclusion 10mn (comme au rugby). Orange: exclusion totale du joueur mais permission à l'équipe de le remplacer au bout de 10mn donc revenir de 13 à 14: grosse sanction sur le joueur mais ne pénalisant que temporairement l'équipe. Un arbitre hésitait donc moins à coller un orange qu'un rouge, pour distinguer la faute personnelle de celle qui visait en plus à avantager nettement l'équipe. Rouge: exclusion de tout le match (et du suivant, dans un championnat) sans remplacement. En particulier si la faute avait blessé un adversaire.
. On critiqua ce nouveau "mouton à cinq pattes": après le quinze, le treize, le dix, le sept, le rugby de plage, le "touch rugby", le footy australien, cette variante plate du rinnepallo aurait-elle un avenir, des équipes, un public? Les fans du rinnepallo craignaient que cela freine la construction de terrains de rinnepallo, puisque cette variante s'en passait. De plus le hors-jeu peu contraignant façon foot qui avait toute sa justification sur des terrains en pentes (sinon on en eût sifflé tout le temps, et il eût été difficile de jouer au rinnepallo en devant respecter des lignes d'affrontement de part et d'autres de la position du ballon) était-il justifié pour la version plate? Idem pour l'autorisation des passes en avant dans la limite de cinq mètres. Toutefois le quatroze permettait au rinnepallistes de s'entraîner (il manquait tout de même les pentes, mais le reste y était) sans avoir de terrain de rinnepallo à disposition, de plus c'était comme le rinnepallo un jeu à la fois très ludique (règles "pas trop casse-pied" par rapport au rugby) et à faible risque, puisque joué sans crampons et sans empilement de joueurs.

. L'équipe de rinnepallo de VTP22 était à maillot vert et noir, grosses bandes en V (ou chevrons), short noir, chaussettes vertes, chaussures noires. La même tenue (à de petites variantes près) était adoptée par les deux clubs de rugby de Dinan (financés par BFR): le "F15" féminin et le "Dynamo" masculin. Le club féminin, très sérieusement entraîné, avait d'excellent résultats au niveau français et européen. Le Dynamo de Dinan en était encore loin car il y avait beaucoup plus de concurrence dans le rugby à quinze masculin. Erwann apprit que l'un des demis de mêlée (9) de l'équipe de rinnepallo de VTP22 utilisait depuis longtemps (1996) les méthodes scientifiques d'entraînement de VTP pour le patinage artistique, qu'il avait commencé à l'âge de six ans. Ceci pouvait expliquer son équilibre remarquable sur terrain glissant. Geoffroy Ferral (20 ans, 1m77, châtain moyen-clair, yeux gris-vert clair) était aussi un Emilianien utilisé par VTP dans des séries télévisées.
. Aymrald n'aurait pas imaginé faire ce sport, car on ne pouvait pas remonter après avoir mal commencé un programme, contrairement au foot, au rugby, au rinnepallo, au handball où une équipe lourdement menée au score à la mi-temps pouvait encore se "refaire" et gagner, idem en F1 ou en rallye tant que l'on n'avait pas cassé la voiture, idem en cyclisme, etc. Ferral, toutefois, s'intéressait plus au défi technique de réussir ceci au cela qu'à une victoire qu'il considérait comme dépendant uniquement des autres: il y en avait tellement de meilleurs que lui que même si beaucoup étaient malchanceux dans une compétition il resterait loin du podium.
. Ferral avait un bon sens de l'équilibre et une grande souplesse mais voyait très mal (-6) et était encore trop jeune pour l'opération de la myopie, qui ne serait d'ailleurs peut-être pas possible pour une myopie aussi forte: on pourrait l'améliorer mais pas l'amener à voir net. Il tolérait au moins deux heures les lentilles, ce qui ne lui posait pas de problème pour des séries télévisées comportant peu de scènes d'action. Les lentilles n'étant pas autorisées au rinnepallo (par sécurité), il utilisait des lunettes souples à bandeau élastique qui contrairement aux lunettes de piscine n'étaient pas à coques fermées pour ne pas accumuler de buée. En patinage il lui était déjà arrivé qu'elles glissent lors de sauts ou de rotations rapides, or une lentille déplacée c'était bien pire que juste une mauvaise vue "libre". L'entraînement avait donc consisté aussi à lui apprende à se passer de la vue, ou en tout cas d'une vue précise: savoir à peu près où il était suffirait pour ne pas percuter le bord de la patinoire, et pour le reste, il devait se fier à ses perceptions kynestésiques, et (comme les autres) se synchroniser sur la musique, musique qui allait être recomposée par Millénium en fonction du programme de patinage et non l'inverse donc lui servirait encore plus de "roadbook" qu'un morceau non prévu pour cela. Jusqu'ici son meilleur score était une troisième place au championnat d'Europe au début de l'année grâce à un programme comportant trois "quadruples" et des pirouettes tenues longtemps et tournant vite, le simulateur l'ayant beaucoup aidé à les stabiliser et à entretenir longtemps la rotation (par un effet de résonnance du corps) tout en changeant de position dans ces "sculptures tournantes". Il y avait d'une part l'entraînement sur patinoire réelle en étant bardé de capteurs, avec masque à réalité virtuelle lui permettant de se voir de l'extérieur, ou en "fantôme" avec les appuis et les moments cinétiques prenant diverses couleurs, et aussi des scéances dans l'exosquelette (le même que celui qui avait servi à l'entraînement aux sauts en patin à roulettes pour "Peur Filante") pour travailler sans risque des combinaisons de sauts à la limite de ce qu'il pouvait tenter. Pour 2002 il travaillait un thème "manga" (costume inclus) sur une musique dérivée de celles conçues par Millénium pour les dessins animés japonais (où leurs équivalents reconçus en infographie par VTP). Depuis 1996 Ferral n'était jamais tombé lors d'une compétition ("les chutes, il faut les réserver aux expériences en simualteur", disait son entraîneur) et depuis 1998 il ne lui était plus non plus arrivé (en compétition) de devoir prendre un appui pénalisant (genou ou main) sur mauvaise retombée: ses retombées imparfaites, il savait maintenant les anticiper et les "sauver": on voyait alors que ce n'était pas impeccable, ce qui baissait un peu la note, mais ça ne lui faisait perdre ni l'équilibre ni le rythme de ce qui suivait. L'entraînement optimisé l'avait aussi habitué à tourner dans les deux sens, pour les sauts, ce qui diminuait les perturbations de l'oreille interne après une combinaison quadruple+triple: en lançant le triple en sens inverse, il annulait en partie les effets du quadruple, en plus du fait que ça renouvellait le thème.
. La critique principale faite à Ferral par la fédération française était qu'il s'intéressait plus à la technique qu'à une possibilité de victoire, et que s'il ne tombait jamais, c'était parce qu'il gardait trop de marge de sécurité par rapport à ce qu'il savait faire. Sa discipline "japonaise" dans l'entraînement le rendait très fiable, mais il lui manquait la combativité (ou l'ambiton?) qui aurait pu le pousser à s'approcher plus de sa limite et pouvoir être le meilleur, au risque de parfois se planter. Ferral ne se plantait jamais mais ne gagnait jamais non plus d'épreuve internationale (européenne ou mondiale), tout en étant souvent proche du podium et parfois dessus. Le point de vue de VTP était que ce n'était pas en rognant la marge de sécurité qu'il réussirait, mais en augmentant ses capacités pour que tout en gardant cette marge il puisse gagner. Sa discipline d'entraînement et l'avance technique de celui-ci rendaient cet objectif crédible, mais pour quand? Ferral faisait le quadruple+triple en compétition parce qu'il maîtrisait le quadruple+quadruple (de sens inversé) à l'entraînement, ainsi que le triple triple (trois tours "trigo", trois tours "horaires", trois tours "trigo") maintes fois réussi dans ses entraînement mais non utilisé dans ses programmes en compétition. Les phases de transition (qui intéressaient moins le public) étaient elles aussi travaillées scientifiquement pour devenir un peu moins "vides" d'apparence (ceci en variant les postures) tout en restant rigoureuses par rapport à ce qu'en attendaient les juges. Avec les lunettes à vision virtuelle, il pouvait voir en temps réel (en patinant) les petits défauts (en se voyant comme s'il avait un clône devant lui, et non dans une glace) par indices de couleurs et vecteurs ainsi que ce ça coûtait comme fractions de points en moins dans la notation. Ce qui marchait pour les acteurs-cascadeurs marchait encore mieux pour le patinage où le sol restait lisse et où on ne combattait pas d'autres acteurs. L'entraînement lui faisait aussi travailler les programmes des patineurs russes, suisses et japonais jusqu'à savoir les imiter comme sur des rails. Le style des Américains semblait moins intéressant pour exploiter l'aptitude acquise dans les sauts et pirouettes rapides, donc VTP ne s'en inspirerait pas pour Ferral.
. Cet automne VTP allait encore plus loin, avec l'opération Tupolev: ils avaient construit un faux Geoffroy Ferral capable de l'imiter: en effet, pour un robot, patiner était plus simple que... marcher (cela avait déjà été le cas pour les actroïdes de "Peur Filante") et les "centrales à inertie" stabilisaient efficacement les sauts ainsi que l'angle exact à obtenir au moment de retomber. Ce faux Ferral restait secret et était de temps en temps substitué au vrai dans les entraînements quand on savait qu'il y avait des "observateurs extérieurs". De temps en temps on fit faire un "quintuple" au faux Ferral (qui le réussissait à tous les coups, contrairement au vrai qui ne l'avait passé que parfois, avec une réception trop tassée et inesthétique). Pas trop souvent, mais ça faisait partie de l'intox par laquelle VTP comptait pousser les concurrents à tenter du "pas raisonnable" que Ferral, lui, ne tenterait pas dans une vraie compétition et ne se vanterait surtout pas d'avoir réussi à l'entraînement: seuls les "espions" le sauraient. Le Tu 144 était issu de l'espionnage de plans d'un mauvais prototype du Concorde (substitués aux plans du bon quand les premières tentatives d'espionnage avaient été décelées), d'où le nom de la stratégie de "désinformation silencieuse" autour de Ferral. Le personnage gardait une simplicité émilianienne dans son attitude en interview, ce qui n'était même pas un rôle car il était réellement ainsi. En fait il aurait préféré ne pas donner d'interviews du tout, mais puisqu'il n'osait les refuser, VTP l'entraînait à des réponses "qui ne dérangeraient personne et que l'on oublierait aussitôt", comme remercier l'équipe pour son soutien, tâcher d'améliorer certaines imperfections, etc. Du moment qu'il n'avait pas fait d'erreurs importantes, Ferral gardait un vague sourire détendu quand ensuite un, deux, trois, parfois quatre concurrents lui passaient devant au total des épreuves dans les compétitions internationales, à condition que ce fussent des Européens (Russes inclus) ou des Japonais. Il ne semblait (un peu) contrarié que quand c'était un Américain qui lui passait devant, à moins qu'il ait fait des sauts "dignes d'un Russe", où quand on classait correctement un candidat qui était tombé.

. BFR était en train de modifier les méthodes d'entraînement du Dynamo de Dinan en s'inspirant de celles du rinnepallo: les progrès étaient déjà significatifs pour les tirs de pénalités, les transformations, les drops (il fallait plusieurs bon buteurs dans une équipe pour que le risque de drop, vu par l'adversaire, ne vînt pas toujours du même joueur), les lancers en touches (la télémétrie y contribuant beaucoup) et quelques astuces comme le "panneautage" (discret, sous forme de banderoles d'encourragement de tel ou tel joueur, brandies de telles ou telles couleurs) par des supporters complices, dans le public, à portée de vue du buteur, pour lui indiquer la vitesse et la direction du vent en altitude. Ce code secret était modifié à chaque match. Les brandisseurs de fanions ou petites banderoles étaient renseignés par oreillettes sur les infos à transmettre. Ceci pour les matchs qui ne se jouaient pas à domicile. Dans le stade, c'était encore plus simple: l'affichage variable des panneaux publicitaires constituait ce code, dans la direction où le buteur pouvait regarder sans détourner la tête.
. L'eau fut beaucoup utilisée d'une part pour pouvoir apprendre comme au ralentit (et le poids en moins, au début) certaines techniques de placage, d'autre part comme élément résistant pour la musculation, en particulier courir dans l'eau (lesté, pour avoir de l'adhérence) équivalait à devoir traîner un ou plusieurs adversaires accrochés à soi pour aller marquer un essai. L'eau stabilisait la température du corps donc permettait des entraînements longs, et sans obstacle dur donc sans risque articulaire significatif. On fit aussi courir des joueurs face à une lance à eau puissante (l'eau était récupérée sous la pelouse synthétique utilisée dans cet exercice) visant de façon imprévisible divers points du corps (abdominaux, torse, épaule, cuisse...), pour créer différents déséquilibres. Il avaient des variantes rondes de lunettes de piscine avec essuie-glaces centrifuges car la gestion d'une vue brouillée était "hors sujet" pour s'entraîner au rugby. Le Dynamo de Dinan installa aussi une piste d'herbe synthétique en forte pente, et une autre formant "roue à écureuil". Certaines de ces installations orignales seraient surtout utilisées par les jeunes et étaient là pour détourner l'attention des techniques plus sérieuses (et souvent moins voyantes) réellement l'utilisées.
. Le F15 s'adaptait aussi à ses nouvelles techniques, et en particulier aux exosquelettes de simulation d'entraînement et à une toute nouvelle robotique de mêlée artificielle (simulant l'autre équipe, avec les habitudes comportementales de tel ou tel autre club soigneusement étudié au fil des matchs).
. Le travail des appuis bénéficiait des mêmes techniques sophistiquées pour optimiser le "cadrage-débordement" (qui datait d'avant le rinnepallo, mais qui comptait encore plus en rinnepallo qu'en rugby en raison du manque d'adhérence: tout s'y jouait en dérappage contrôlé). Des compétence souvent regroupées (par exemple 2 lanceur en touche, 10 buteur) avaient parfois été séparées quand les essais (toute l'équipe était testée sur chaque aptitude, avant de spécialiser plus ou moins tel ou tel) avaient montré que l'on diposait d'un meilleur lanceur en touche parmi les joueurs de 3ème ligne (même si le talonneur lançait déjà bien) ou d'un meilleur buteur parmi les 3/4 ou l'arrière que le 10. De plus ne pas utiliser toujours le même lanceur ou le même buteur (y compris dans les vrais matchs) permettait d'en rôder plusieurs en conditions réelles et de moins donner l'habitude aux adversaires (pour le moment, ça comptait plus pour le F15 que pour le Dynamo) de pouvoir prévoir le comportement de telle ou telle joueuse. Les entraînement intensifs aux passes croisées (effectuées ou non, pour feinter parfois) supposait le rôdage de binômes parfaitement synchrones pour cette opération. Le Dynamo de Dinan avait reçu récemment le renfort d'une première ligne 100% allemande, les trois "chevaliers teutonniques", constituée des jumeaux Krüger (piliers) et de leur cousin talonneur. Il fallait au moins Georg Krüger (ex-Kerminator: 2m04, 127kg) et son clône Jürgen (2m05, 130kg) pour soutenir confortablement Fritz Krüger (1m94, 124kg), mâchoire de bouledogue anglais, groin court et retroussé sous ses cheveux blonds raides en vrac façon "tas de foin". On l'imaginait facilement en culotte de peau dans une "Oktoberfest" à vider des chopes d'un litre, mais il buvait peu et pas souvent, en fait. Plutôt grand pour un talonneur (dans d'autres clubs ont l'eût mis en 2ème ligne ou en 8), mais puisque l'on disposait de piliers très puissants et plus grands que lui, ça marchait bien.
. Il pouvait parfois être préférable d'avoir des joueurs moins grands en première ligne, mais si le poids et le savoir-faire y étaient, dépasser 1m90 n'était pas un inconvénient: ça existait dans certaines équipes de l'hémisphère sud. Cette première ligne de 381kg donnait à elle seule une allure et une puissance redoutable à la mêlée de Dinan. Les Krüger n'étaient pas que grands et puissants: il étaient remarquablement souples pour leur morphologie, adroits et assez bons sauteurs, même si les joueurs de 2èmes ligne faisaient un peu mieux dans ce domaine (et pour cause: c'était leur rôle en touche). De plus ils étaient relativement endurants pour des joueurs aussi lourds (surtout Fritz, qui avait d'abord joué 3ème ligne et pouvait parcourir des distances importantes au cours d'un match pour un joueur de première ligne) et l'entraînement allait renforcer cette qualité, de façon à pouvoir jouer certains matchs sans remplacement en première ligne ce qui permettrait (lorsque ce serait possible) d'en avoir plus de disponibles pour les autres postes. L'autre raison était que pour le moment Dinan ne disposait pas de remplaçants valables des Krüger, d'où l'importance de leur endurance. Plus endurants donc un peu moins détonnants, mais rapporté à leur gabarit ça restait suffisant.
. La 2ème ligne (le 4 et le 5) était 100% bretonne:
4: Etienne Tronscorff, 22 ans, 2m01, 109 kg
5: Damien Le Golvan, 22 ans, 1m97, 112kg
. qui étaient tous deux élèves-ingénieurs (en dernière année) à Centrale Dinard et dont le projet d'études de seconde année avait justement été l'amélioration des systèmes d'entraînement informatisés pour le rugby. On trouvait ensuite les 3ème lignes ailes, servant souvent de "machines à en découdre", de même que la première ligne (mais un peu plus rapides):
6: Valéry Noguet, 25 ans, 1m93, 119kg
7: Romain Le Morzadec, 24 ans, 1m95, 116kg
. Le Morzadec était le meilleur lanceur en touche de l'équipe, de sorte que cette fonction lui était souvent confiée plutôt qu'à Fritz Krüger pourtant déjà considéré comme bon lanceur.
8 (3ème ligne centre): Alexandre Galliot, 25 ans, 1m91, 110kg, air "robustement conçu par ordinateur", cheveux brun-roux en brosse épaisse. Un joueur particulièrement adroit (était aussi utilisé pour les lancers en touches, pour éviter du "tout Le Morzadec", et avait une certaine habileté au tir des drops quand l'occasion d'en présentait), rapide, résistant aux chocs (même si ses fans craignaient toujours qu'il s'y fît esquinter). Il était celui qui avait le plus de fans parmi les spectatrices (et aussi ailleurs que dans les matchs) en raison de sa ressemblance ("et même en mieux", selon elles: yeux verts, nez plus "conçu par ordinateur") avec l'acteur David Boreanaz ("Angel"). Il était parfois utilisé dans des séries télévisées et téléfilms chez VTP, mais n'était pas "réservé" pour des rôles d'action importants dans les grands films en raison du risque de blessure au rugby: pour l'aspect, on eût encore pu tricher, mais pour les articulations, que faire?
. La mêlée de Dinard totalisait ainsi 947kg, avantage qui associé à un entraînement de précision contre des études très précises des meilleures mêlées étrangères devait faire de Dinard (espérait BFR) le club français le plus capable d'en remontrer aux étrangers, en particulier les Anglais et l'hémisphère sud.
. Après les "déménageurs bretons" (précédés par le "mur de l'Atlantique" 100% allemand), considérés comme les chars, venait l'aviation, en commençant pas les joueurs les moins lourds et les plus maniables dans la "charnière centrale" (9 et 10) puis des 3/4 et arrière (11 à 15) souvent grands et très solides mais sélectionnés pour leur rapidité et leur précision de plaquage plus que pour la force de déblayage des joueurs du pack: c'était plus une musculature d'endurance que d'effort statique.
. Le demi de mêlée (9) et le demi d'ouverture (10) étaient en fait issus d'un casting de VTP misant (en plus de l'apparence) sur l'agilité pour des rôles d'action, mais ayant trouvé des acteurs apprenant plus vite et plus fiablement les rôles, VTP ne les avait utilisés que dans des productions de second ordre et les avait donc autorisés à jouer au rugby. Les acteurs engagés dans de grosses productions n'avaient pas l'autorisation de pratiquer le rugby (trop cassant) tandis que le rinnepallo, lui, était non seulement autorisé mais apprécié pour ceux amenés à jouer des rôles d'action rapide.
9: Sylain Le Clézio, 23 ans, 1m75, 79 kg, garçon blond ressemblant vaguement à l'écrivain (à cet âge) dont il portait le nom, bien qu'il fût difficile de trouver un lien de parentée. Maniable, rapide (judoka et escrimeur, avant de jouer au rugby, sports qu'il continuait à pratiquer aussi), très précis dans ses passes et "loin d'être médiocre" au tir au pied.
10: Valentin Yvinec, 22 ans, 1m81, 84 kg surnommé "Johnny Deep" par ressemblance visuelle. Optimisé pour les passes et les tirs aux pieds, même si les tirs longue portée étaient souvent confiés au 12, plus puissant et presque aussi précis.
On trouvait ensuite des joueurs "grande vitesse" et plus aptes aux impacts directs que ces deux-là. Les 3/4 ailes:
11: Yannick Kerdazenn, 23 ans, 1m96, 104 kg, spécialiste (les autres aussi, mais lui plus encore) du "cadrage débordement" en très peu de place, réputé pouvoir l'effectuer "sur une serviette de plage". Il crochetait et changeait de cap tellement penché que ça avait parfois incité à vérifier que ses crampons étaient règlementaires, or ils l'étaient. Placages spectaculaires, s'ancrant des bras en levant souvent les jambes très haut pour "déraciner" l'adversaire par effet de levier. On le faisait aussi travailler les drops pour augmenter le nombre de solutions disponibles selon la configuration défensive qu'il rencontrerait.
14: (en fait il jouait 11, 12, 13, 14 ou 15): William Lefar, 24 ans, 1m92, 111kg, un blond-roux qui sans en être le sosie vu de près évoquait de loin le personnage Rahan (y compris à peu près la répartition musculaire). Erwann le connaissait un peu car (comme les Krüger) il était parfois emprunté par VTP pour des rôles où son allure générale et ses aptitudes physiques convenaient bien. Le nom "Lefar" donnait l'occasion de nombreux jeux de mots. Personnage parlant peu, feintant presque aussi bien (il était toutefois un peu moins maniable) que son symétrique mais préférant parfois percuter directement même lorsque la feinte eût été possible. Ceci aussi fût optimisé par le nouveau système d'entraînement, pour réduire encore le risque de blessure sans réduire la puissance d'impact. Inspiré du jeu de Nim, il s'agissait de synchroniser sa course sur celle de l'adversaire pour le percuter dans une position plus favorable, ne pouvant parer ni avec un genou ni avec le bras parce qu'en appuis sur le "mauvais" pied à cet instant. Lefar bardé de capteurs télémétriques s'y entraînait au dépends d'autres joueurs de Dinan protégés façon bibendum, le ventre où le flanc étant ses points d'impacts préférés. En impact direct il était capable de se débarasser même de Fritz Krüger (pourtant plus lourd et assez adroit) en le faisant passer par dessus lui, ou en lui imposant un tour de valse avec lui, exercice centrifuge dont Lefar gérait mieux la direction de sortie. A l'entraînement il avait aussi réussi à le déraciner (tout en conservant le ballon) et à aller le déposer dans l'embut avec. Percussions, placages en tous genres (optimisés scientifiquement pour limiter la casse côté Lefar et le risque de faute) mais aussi tirs de drops, pour disposer d'une solution de fin d'action quand il n'y en avait pas ballon en main ni de camarade bien placé pour recevoir et surtout exploiter une passe.
. Les centres:
12: Amaury Le Doztz, 24 ans, 1m88, 100 kg. Buteur "longue portée", utilisé aussi pour les tirs très obliques car sachant bien donner "de l'effet" à un ballon de rugby. En fait il avait d'abord été footballeur, mais avait finalement préféré le rugby qui considérait comme "normal" presque tout ce qui aurait constitué des fautes (voire cartons) au football.
13: Claude-Hubert Keraven, 22 ans, 1m86, 98kg. Etait le troisième meilleur lanceur en touche, utilisé à cela quand les deux autres ne jouaient pas.
. L'arrière:
15: Vincent Le Manac'h, 23 ans, 1m80, 84 kg surnommé "Playmobil", à la fois pour son air simple à dessiner et sa mobilité. Doué tant pour attrapper les ballons en vol (faire le "marque") que pour les lancer précisément et loin, d'où son emploi au poste 15.

. L'entraînement modernisé récemment visait aussi à étendre la polyvalence des joueurs pour lesquelles de nouvelles aptitudes étaient détectées, et surtout à mettre à niveau le plus vite possible un nombre suffisant de remplaçants, le point faible principal de Dinan en 2001 étant une baisse de rendement perceptible dès qu'il fallait remplacer un joueur, ces quinze-là n'ayant pas de remplaçants d'un niveau proche dans le reste de l'équipe. Le travail au pied s'apprenait assez vite avec ces méthodes optimisées par informatique (dérivées de ce qui se faisait depuis longtemps dans l'athlétisme) mais l'optimisation des scénarii de passes et relais supposait le rôdage de joueurs par paires ou trios, la recombinaison étant possible mais difficile à optimiser.
. Le Finlandais Riku Väänänen, 23 ans, issu originellement de la petite équipe de rubgy de Juustomeijeri (celle dans laquelle Erwann n'avait plus eu le droit de jouer quand VTP l'avait appris), localité surtout connue dans le monde du rinnepallo, était remplaçant (et souvent utilisé) comme 2ème ligne (en 6 ou en 7) pour ses talents de sauteur malgré ses 110kg et grâce à ses 2m08. Toutefois sur l'ensemble du jeu la paire 6+7 bretonne lui restait préférée: Väänänen s'entraînait beaucoup et remplaçait dans les matchs "à faible enjeu". Parmi ses atouts, de très grandes mains pouvant faire le demi-tour de l'équateur du ballon, ce qui le dispensait de le tenir contre lui en courant: il pouvait courir avec en gardant le bras libre, ce qui était avantageux tant pour l'équilibre que pour le "raffut", car il lui arrivait de donner un coup avec le ballon pour ouvrir le passage quand l'attaque ne venait pas du côté de sa main libre. Le risque de se le faire prendre n'était pas nul, si l'adversaire s'y attendait, mais la plupart du temps ça marchait. De plus, il savait le faire d'une main comme de l'autre. Les Krüger aussi (surtout les jumeaux) pouvaient tenir solidement le ballon d'une main, "bras libre", mais il ne couraient pas aussi vite que Väänänen.

. A cette époque le Dynamo de Dinan jouait en noir et gris clair (effet argenté), sous forme de grosses bandes en V étroit. Il existait une autre tenue, où le noir (du maillot, mais non du short) était remplacé par du vert fluo, pour les matchs où l'autre équipe était à dominante de couleurs sombres. BFR n'était pas le seul sponsor: il y avait aussi Kermanac'h, le rugby ayant une image de puissance et de technicité qui plaisait au fabricant de machines-outils, lequel avait fourni (et parfois conçu exprès pour) toute la machinerie d'entraînement qui expliquait la progression rapide de ce club "venu de nulle part", appelé l'an dernier encore "les petits frères" par rapport aux bons résultat du F15.

. La première ligne 100% Krüger avait été entraînée à quelque chose qui ne faisait pas officiellement partie du rugby mais avait hélas parfois (souvent?) lieu lors des mêlées: les agressions (surtout vers Fritz, le talonneur, puisqu'il avait les bras pris pour se suspendre aux deux autres) et en particulier les "fourchettes", d'où l'entraînement au simulateur puis par mécanismes (mais sans risque réel pour les yeux: des lunettes plates "bandeau" y veillaient) à non seulement les esquiver, mais aussi les contrer par la manoeuvre de la "tortue happeuse": même si les protège-dents ne permettaient pas une vraie morsure, il s'agissait d'esquiver les doigts en relevant d'un coup la tête pour que l'un des deux (ou les deux?) arrivent pile dans la bouche, mordre à fond dessus tout en baissant à la tête d'un coup sec pour tenter de les casser vers le dos de la main assaillante. Tous les joueurs de Dinan étaient entraîné à une combinaison d'arts martiaux augmentant l'aptitude à éviter les coups bas, et, lorsque c'était possible, à effectuer discrètement des représailles exploitant le mouvement illégal de l'adversaire.
. Cela faisait partie de la partie "préserver le capital de jeu" de l'entraînement de Dinan, tout particulièrement les articulations. De nombreux capteurs sur eux pendant tout l'entraînement permettaient de mesurer comment les diverses parties de la machinerie travaillaient et ne jamais les mettre dans la zone rouge, tout en fréquentant la zone orange "juste le temps d'efficacité sans dégradation".
. BFR avait optimisé l'alimentation et le cycle d'entraînement de chacun, tout en pratiquant des contrôles anti-dopages plus fréquents et chimiquement plus sévères que ceux de la fédération: vu le temps passé à former un excellent joueur, il ne fallait pas risquer d'une part de se faire prendre, d'autre part (pour le "difficilement détectable") d'avoir de gros pépin physiques au bout de quelques années.
. Le recrutement des Allemands était une idée de Georg Krüger (auquel VTP n'avait jamais interdit les sports violents. Il pratiquait aussi la lutte greco-romaine) en raison du manque de bons clubs allemands permettant à ses compatriotes passionnés par le rugby (ça existait) de s'y développer. De plus certains venaient déjà en vacances en Bretagne. Les deux remplaçants de "première ligne" (en rôdage, nouveaux cette année) étaient eux aussi allemands. Pas aussi impressionnants que les jumeaux Krüger, certes, mais du gros calibre tout de même: 1m97 pour 122 kg et 1m99 pour 120 kg. Valéry Noguet avait aussi été entraîné comme talonneur, en cas d'indisponibilité éventuelle de Fritz Krüger. Le lancer en touches restait confié à Le Morzadec ou Galliot donc ça ne changeait rien sur ce point.
. L'ambiance était sérieuse voire studieuse: Dinan n'évoquait ni le "rugby cassoulet" du sud-ouest ni le goût du spectacle avant et après match des Parisiens. Les répétitions tactiques constituaient une part importante de l'entraînement, au moins autant que la préparation physique et l'optimisation infographique de l'adresse des gestes. La construction d'une équipe "bis" d'un niveau suffisant était l'un des objectifs à atteindre, car au total Dinan estimait ne disposer que de 18 joueurs de "premier rang" et une dizaine de "second rang", le reste étant considéré comme "à développer d'urgence".
. Plutôt que d'acheter ça et là des joueurs de haut niveau, BFR avait préféré investir dans la machinerie et tirer partie de la présence d'ingénieurs (ou d'élèves-ingénieurs) de Centrale Dinard dans l'effectif pour développer des méthodes futuristes dont les joueurs allaient en fait devenir techniquement dépendants: en allant ailleurs, ils retourneraient au moyen-âge, estimait BFR, ce qui réduirait le risque de se faire racheter ses meilleurs éléments par des clubs payant plus. Les contrats signés étaient assez long et s'occupaient de tout, en échange de ne pas être rémunérés à haut niveau, d'autant plus légitimement que le Dynamo de Dinan n'y était pas encore, contrairement au F15 qui gagnait souvent des matchs de coupe d'Europe. Cette équipe atypique, avec ses méthodes "de cosmonautes" et sa première ligne germanique, avait attiré alors la curiosité des médias spécialisés mais aussi des entraîneurs des grands clubs, à l'affut de tel ou tel talent local à récupérer pour leur propre compte. Toutefois une multinationale comme BFR avait largement les moyens de surrenchérir pour garder ses joueurs s'il le fallait, devinait-on.
. Le stade dessiné par Savério Tarsini intriguait plus de l'extérieur que de l'intérieur ou tout était "froidement fonctionnel" (au point de pouvoir être construit, entretenu et nettoyé entièrement par des machines, sans nécessiter des robots à "intelligence artificielle"), ce qui, joint à la présence des convoyeurs au plafond, du bras-grue qui amenait n'importe où en moins de quatre secondes le "tee" au buteur et aux méthodes scientifiques d'entraînement, fit parler de "rubgy industriel". Le "club house" était de conception interne lui aussi assez sobre, contrastant avec l'envolée anguleuse miroitante tarsinienne du style extérieur. Les deux bâtiments avaient des points communs avec Centrale Dinard, conçue quelques années avant le stade par le même architecte.

. Le bras robotisé longue portée (en fait il y en avait deux gros et deux plus fins, partant de sous le toit ouvrant) était une démonstration du savoir-faire Kermanac'h. Avant lui, c'était généralement un joueur couché au sol (pas toujours le même) qui tenait le haut du ballon au moment du tir. C'était encore utilisé pour les matchs joués ailleurs, surtout s'il y avait du vent. Apporter le "tee" ou (au début du match) le ballon était facile (et très rapide) pour ce mécanisme puisqu'il était capable d'emporter rapidement (quoique pas aussi vite que pour les objets légers) et sans secousses un blessé sur une civière (le tout pouvant atteindre 200kg), d'après son cahier des charges. Des essais avaient été faits avec divers joueurs, et cela fonctionnait fort bien. Pendant le match, ces bras servaient surtout à approcher des caméras (par paires, pour la stéréoscopie. En fait deux paires de paires, l'extrémité étant alors ramifiée en deux branches antagonistes pour avoir plusieurs points de vue rapprochés) du lieu le plus intéressant de l'action. Les bras plus fins et légers ne pouvaient porter quelqu'un, mais servaient eux aussi de moyens d'aller filmer précisément n'importe où, sans vibrations parasites, l'asservissement conçu par Kermanac'h (et déjà souvent utilisé sur les plateaux de tournage de VTP) y veillant. Il y avait d'autres systèmes de caméras (dont celles fixées un peu en arrière (et décalées) des poteaux de but), dont des "zénithales", d'autres pouvant sortir du sol via des trappes (près du bord du terrain) au moment où personne n'était à proximité ou sur le point de tomber dessus (des capteurs y veillaient). Le savoir-faire de VTP en matière de prises de vues de films d'action était omniprésent dans ce stade, tant pour la qualité du spectacle (l'image pouvait être vue en relief sur certains des écrans), de son archivage, que pour l'étude très attentive du déroulement des matchs, surtout pour les matchs perdus: ceux nécessitant une étude précise des stratégies de l'adversaire pour savoir pourquoi l'équipe de Dinan s'y était laissé prendre et comment les repérer plus tôt la prochaine fois. L'équipe technique scientifique (dont sept des joueurs faisaient partie, comme ingénieurs ou futurs ingénieurs, et les autres comme témoins ou conseillers "de terrain" éventuels) décortiquait tous les matchs comme le faisaient les joueurs d'échecs des parties précédentes. Dinan se procurait le plus de documents vidéo possibles des autres matchs, pour les étudier à fond, savoir ce que savait bien ou moins bien faire tel ou tel joueur en collaboration avec tel autre dans telle situation, et c'était souvent VTP qui fournissait les moyens vidéo (quand il n'y avait pas exclusivité. En fait, souvent, sans VTP, le match n'eût tout simplement pas été enregistré de façon professionnelle, la télé ne s'intéressant qu'à peu de rencontres inter-clubs) pour filmer les rencontres dans d'autres stades, parfois même à l'étranger. Des caméras infrarouges furent parfois utilisées très discrètement par des supporters (dissimulées dans les chapeaux décoratifs ou autres accessoires) pour connaître, outre les mouvements, le niveau d'effort de ces joueurs d'autres clubs. Cet espionnage (en était-ce? Il s'agissait d'évènements publics) se pratiquait bien sûr aussi dans les matchs où Dinan ne jouait pas, si l'une des équipes faisait partie du calendrier des rencontres. Toutefois, il n'était pas possible de tout décortiquer et surtout tout faire apprendre "à fond" aux joueurs. D'où le ciblage sur les clubs d'outre-Manche et quelques références françaises comme Toulouse.
. Il y avait certainement aussi des espions d'autres clubs dans le public assistant à certains matchs d'entraînements (contre Centrale Dinard, qui avait son propre club amateur, en panachant les joueurs pour équilibrer) dans lesquels les joueurs étaient bardés de cibles télémétriques visibles, voire de petits points lumineux de couleurs. En fait le système de Dinan n'avait pas besoin de repères aussi visibles: les transpondeurs radars pouvaient déjà rendre ce service, de plus le grand nombre de caméras et les tenues à motifs (comme au rinnepallo) facilitait l'analyse d'images (et la stéréoscopie aussi) par informatique, après avoir déjà les positions et orientations générales du tronc et des membres de chaque joueur grâce aux transpondeurs. Tout ce qui concernait le ballon était encore plus simple à reconstituer, car en plus des transpondeurs aux pôles (donnant la direction du grand axe) et un troisième à l'équateur (permettant de connaître la rotation autour de cet axe) il y avait des capteurs de pression et des jauges de contraintes internes (pour le ballon d'entraînement "privé") permettant de savoir précisément quelles forces externes agissaient sur telle ou telle partie du ballon à cet instant. Des mitaines (autorisées en rugby pour augmenter l'adhérence de prise de certains joueurs) amélioraient encore la lecture temps réel des positions des mains par rapport ou contre telle ou telle partie du ballon.
. Dans les matchs "pour de vrai", des repères optiques (petites zones réflechissantes type "gilet de sauvetage" (ou autres) de diverses couleurs insérées dans le motif du maillot, du short, des chaussures) permettaient un relevé de mouvement (plus coûteux en temps d'analyse que le "direct" par transpondeurs) par la vidéo pour dépouillement précis après match. Aucun règlement n'interdisait ces parties réfléchissantes, pourvu qu'elles ne fussent pas rigides et ne constituassent pas une protection supplémentaire. Le bandeau léger de type "tennisman" porté par beaucoup de joueurs ne servait pas qu'à tenir les cheveux ou absorber de la transpiration: c'était aussi un repère optique. Quelques autres bandages ça et là (déjà vus dans d'autres clubs, mais pas pour cette raison) pouvaient aussi faciliter l'analyse d'images, surtout pour certaines fonctions particulières comme les buteurs, les lanceurs en touche (Dinan n'utilisait pas toujours le même) et les sauteurs. Ceci économisait de la puissance d'analyse d'images pour les joueurs de Dinan, permettant ainsi de la concentrer sur les joueurs adverses, qui, eux, n'étaient généralement pas aussi faciles à "accrocher" avec une telle précision, sauf quand des motifs publicitaires pouvaient jouer ce rôle, or c'était souvent le cas.
. Outre le pack le plus lourd du rugby français, Dinan disposait du Q.I. le plus élevé pour un "quinze", même s'il n'était pas rare de trouver des gens ayant fait des études supérieures (ingénieurs inclus) parmi les joueurs d'autres clubs. Dinan disposait aussi de l'arsenal technique, vidéo et informatique le plus puissant jamais mis en oeuvre dans ce sport, sans que cela revînt trop cher à VTP car tout ceci servait déjà dans le cinéma pour optimiser les cascades, en particulier, or un placage, après tout, n'était qu'une cascade parmi bien d'autres. L'optimisation du dosage de l'effort (pour éviter les problèmes physiques évitables: s'entraîner tant que c'était utile, mais jamais au point où cela eût pu devenir nuisible) se faisait à la fois par les caméras thermiques et par les capteurs portés par les joueurs dans les matchs internes ou "Dinan/Dinard", le Dynamo de Dinan étant un objet d'étude technique apprécié de Centrale Dinard, qui transposait aussi les techniques correspondantes à son propre club amateur. Amateur, mais remarquablement outillé et entraîné. "Un jour ils vont mettre des joueurs robots, comme dans les films", prédisaient beaucoup. Une partie de l'entraînement du rugby fut de ce fait réautorisé à certains acteurs de grosses productions (y compris Erwann quand il était sur place. Il fit des essais comme "10", où il confirma qu'il était presque aussi bon buteur au ballon ovale que cubique) mais pas les matchs, même aux postes les moins "cassants". Seuls les acteurs "plus faciles à remplacer" (ou n'ayant pas de rôles trop important dans des films à grand enjeu) étaient autorisés à jouer "pour de bon" dans l'équipe ou parmi (plus souvent) ses remplaçants. Pour les acteurs auxquels VTP tenait plus, c'était le rinnepallo. Il y aurait pu y avoir le "touch rugby", dans lequel il suffisait de toucher le porteur du ballon pour l'immobiliser, mais c'était trop limité, d'après VTP (et les acteurs) alors que le rinnepallo (à condition de disposer d'un terrain adéquat) était beaucoup plus vivant, car il n'interdisait pas les placages (ils étaient juste plus règlementés qu'au rugby) ni les tirs au pied. L'absence de crampons en faisait aussi un exercice d'équilibre glissé des plus intéressants, selon VTP.
. Modernisé et informatisé "à fond" par Stéphane à Juustomeijeri, le rinnepallo était considéré comme le plus fiable (pour l'arbitrage) des sports d'équipe modernes. La fédération mondiale (essentiellement finlandaise, en fait) avait été créée après l'informatisation du rinnepallo d'où l'absence de débat sur ce point: le rinnepallo "moderne" (par opposition à la petite tradition villageoise locale) était né au pays de Linux, conçu par (et souvent joué par) des ingénieurs dont beaucoup étaient informaticiens.
. Le rugby était moins conservateur que le football, pour la modernisation (d'où la vidéo pour vérifier les essais) mais de là à passer à l'instrumentation précise du terrain, des joueurs et du ballon comme au rinnepallo (ou comme les méthodes d'entraînement du Dynamo de Dinan) il y avait un pas qui ne semblait pas près d'être franchi. Contrairement à ce qui fut souvent dit, l'informatisation du Dynamo de Dinan n'était pas l'oeuvre d'Erwann d'Ambert, bien qu'inspirée en grande partie par ce qu'il avais mis au point (avec bien d'autres ingénieurs et programmeurs locaux) à Juustomeijeri pour le rinnepallo. Le fait qu'Aymrald (en tant qu'ingénieur en France) eût participé à des essais (en jouant, bardé de capteurs supplémentaires de tous types) de rubgy télémétrique à Dinan pouvait être à l'origine de cette hypothèse. Il avait essayé le système pour le comparer à l'autre, parce que ses talents de cascadeur et son habitude des exosquelettes et autres équipements de ce type s'y prêtaient. Les mieux informés savaient qu'il avait joué au rugby en Finlande avant que cela lui fût interdit par la production, et la rumeur avait même circulé qu'il serait remplaçant comme 10 ou comme 15 à Dinan, ce qui était évidemment faux puisqu'il passait bien plus de temps en Finlande qu'en France. Le club de rugby de Juustomeijeri était plus un banc d'essai de futurs joueurs (importables en France) qu'une équipe pleinement utilisée, vu le peu d'occasion de jouer de vrais matchs (et contre peu de clubs) en Finlande. C'était aussi une occasion d'en découdre un peu plus pour ceux qui trouvaient le rinnepallo trop scientifique et pas assez brutal. C'était un club amateur, donc y participer n'excluait pas de l'équipe de rinnepallo. Certains joueurs finlandais pratiquaient les deux sports, sans confondre les règles malgré la parenté de nombre d'entre elles.

"Rinnepallo: parodie de rugby à ballon cubique sur terrain en pente, qui ne doit l'essentiel de son public qu'au fait d'être remarquablement bien filmé -merci VTP- et d'utiliser des joueurs particulièrement télégéniques, Erwann d'Ambert inclus. C'est aussi la seule occasion de voir les acteurs de VTPSF et parfois VTP dans de belles scènes d'action totalement dépourvues de trucages".

. Du rugby remarquablement bien filmé (où l'on ne coupait pas le plan d'ensemble tant que l'action continuait, quitte à incruster ici où là des plans locaux, souvent deux au dessus du plan général pris avec une inclinaison permettant de bien loger le terrain dans le format long ainsi obtenu. Un ralenti s'il y avait lieu, mais pas sur tout l'écran, de façon à laisser le spectateur (un peu) choisir ce qu'il souhaitait suivre à cet instant) avec des joueurs télégéniques en plus d'être efficaces était aussi la raison pour laquelle Dinan passait de plus en plus à la télévision (ça ne coûtait rien comme moyens techniques au diffuseur: il suffisait d'acheter (pour un prix bien inférieur à une réalisation "maison") les images en direct à VTP). L'équipe gagnait en 2001 plus de matchs qu'elle n'en perdait car elle n'en rencontrait pas encore souvent de très bonnes. Les "déménageurs bretons", les "chevaliers teutoniques", le "TGV Atlantique", etc, devirent des expressions usuelles des commentateurs télé et aussi radio, car les radios elles aussi commençaient à s'y intéresser, bien que là, les prises de vues de VTP n'eussent comme effet que de permettre de bien décrire les matchs, et non de "faire le spectacle". Toutefois le jeu lui-même n'était pas des plus enthousiasmants, Dinan s'appuyant sur une défense très solide et une mêlée puissante mais sans être ce qu'il y avait de mieux en matière d'exploitation des ballons conquis, ceci parce que l'on n'envoyait pas "trop de monde" loin devant de peur d'un contre. Dinan gagnait plus grâce aux pénalités concèdées par l'adversaire que par ses propres essais: il y en avait, mais "pas tant que ça", par rapport à la qualité technique et à la discipline des joueurs. Certains joueurs comme Lefar étaient utilisé surtout pour les matchs à domicile, remplacés par d'autres pour les matchs en extérieur, car ils avaient signé leur contrat ainsi: "spécialité locale qui voyage mal".

. Dinan perdait surtout les ballons au sol, zone "floue" où il fallait bien plus d'expérience voire de roublardise que les Bretons n'en avaient. Et là, il ne semblait pas y avoir de solution technique par entraînement scientifique, la seule parade étant préventive: jouer de façon à raréfier le jeu au sol. "Il ne faut pas se faire d'illusions: face à une grosse équipe expérimentée, on perdra 90% de ballons dans ces situations, après avoir réussi à leur en confisquer en mêlée et parfois en touche". Ca coûtait des essais, ce qu'il fallait compenser en exploitant les fautes adverses, en comptant sur la précision des chandelles pour se donner de l'espace et celles des drops (vu le nombre de joueurs très efficacement entraînés à en improviser) pour récupérer des points au score. Dinan gagnait contre des clubs l'ayant sous-estimé, souvent, ou s'étant trop méfiés d'un joueur au détriment d'autres aussi dangereux en matière d'échappées et de cadrage-débordement, voire (pour certains) de drops dans des conditions semblant peu favorables. Dinan étudiait bien plus ses futurs adversaires que ceux-ci ne l'étudiait. Parfois l'équipe ne se cachait pas (en discutait même explicitement quelques jours avant) qu'elle avait très peu de chances de gagner, mais que ce serait l'occasion d'en apprendre plus sur cet adversaire, tant pour pouvoir mieux le contrer la prochaine fois qu'éventuellement s'en inspirer sur tel ou tel point. Une défaite "lisible" (dans la façon dont Dinan avait perdu, donc pas sur des erreurs "bêtes") pouvait faire plus progresser les joueurs qu'une victoire par imprudences diverses de l'adversaire. Les supporters de Dinan se demandèrent si on n'avait pas donné à leur équipe la consigne de jouer "juste pour le score", sans faire de grand spectacle, en vue de s'économiser pour la suite: "on jete l'ancre et on attend la marée" avec de longs tirs en dégagement, beaucoup de mises en touches, essayer d'inviter les joueurs adverses les plus habitués à commettre des fautes à en faire une (même juste un petit en-avant pour une mêlée), etc. La marée, c'était une faute adverse pouvant donner trois points.
. Veiller à ne pas commettre de faute permettant au buteur adverse de concrétiser pouvait (estimaient certains analystes, y compris parmi les partisans de Dinan) priver Dinan d'un peu de combativité, faute de tenter des trucs "à la limite". Un jeu trop carré, trop sérieux, trop... allemand, du goût de certains. De plus ça ne permettait pas d'éviter totalement les fautes, involontaires mais valables quand un joueur de Dinan enseveli sous un tas adverse ne pouvait libérer le ballon dans les temps. D'où la consigne de ne pas le garder, face à une charge adverse dans son propre camp, quitte à le tirer n'importe où si on n'avait pas le temps de viser quelqu'un. Vu le nombre de fois où un joueur de Dinan un peu isolé s'était fait ensevelir, mieux vallait prévenir que subir. Le travail à ce niveau avait surtout consisté à apprendre à faire la même chose sur les joueurs adverses. Le travail des passes progressait rapidement, de même que celui des "mauls". Le point faible de Dinan restait la mêlée ouverte ou "ruck" dans laquelle le jeu "propre" n'était pas toujours un avantage, l'arbitre ne pouvant tout voir. L'art d'esquiver et contrer les coups bas était censé y remédier, d'où son enseignement pointu à tous les joueurs, et pas juste ceux du pack. Ne pas faire de fautes à tir de pénalité avait permis d'enfoncer "clic par clic" sans gros effort certains adversaires, mais on pouvait aussi dire qu'en tutoyant plus souvent la limite de l'autorisé certains matchs perdus auaient probablement été gagnés. Par contre, les tortues happeuses de première ligne (surtout Fritz Krüger, le plus exposé à des attaques sournoises, en mêlée) avaient cassé ou luxé dix-neuf doigts adverses au cours de cette saison. Ca commençait à se savoir dans les vestaires des autres clubs (et nul n'aurait pu expliquer ce que sa main faisait dans le visage de Fritz Krüger, donc s'en plaindre...) et le principe de précaution: "attention, les Allemands croquent les fourchettes" fut de plus en plus appliqué par les équipes rencontrant Dinan. C'était vrai aussi dans les "rucks" (mêlées ouvertes voire "caramels") et pas uniquement avec les Krüger. La "tortue happeuse" restait un entraînement régulier des joueurs de Dinan, un entraînement sans public, avec mains mécaniques agiles (et les moins prévisibles possibles) et bande-lunettes de protection plaquée. Ce n'était pas interdit en soi car basé sur un geste interdit (et grave) de l'adversaire. De plus, les joueurs de première ligne portaient des coquilles, mais ceux devant courir très vite ne pouvaient se le permettre d'où une vigilence à garder en cas de participation à une mêlée ouverte. Les "chevaliers teutoniques" faisaient un peu peur (comme jadis le trio belge des "rapetout"): Kerminator et son jumeau Terminator (parfois aussi appelé Musclor), et Prédator (voire "Le canibale", au fil de la propagation des histoires de doigts mordus) pour leur cousin qui ne semblait petit qu'entre eux deux. Les adversaires se mettaient toujours à plusieurs pour intercepter l'un de ces chars d'assaut (qui, de plus, aimaient bien former un "maul" au pas de course auquel l'adversaire pensait devoir opposer au moins cinq joueurs), ce qui laissait un peu plus de champ libre à "l'aviation" pour tenter de trouver une ouverture pour aller placer un essai, voire un drop en cas d'impasse.
. La charnière centrale (9-10) n'attirait pas autant l'attention sur elle (sauf quand il s'agissait de tirer les pénalités) que la première ligne tout en s'avérant une pièce de transmission fort efficace, à l'image de ce que l'on pouvait observer dans certains clubs anglais, ou français de bon niveau. Le 8 si télégénique (Galliot) était en même temps "homme à tout faire ou presque", puisque bon aussi au pied (surtout de loin, quand c'était limite pour le 10) et parfois utilisé aussi pour le lancer de touches, plaquages. Il lui arriva de marquer des essais en se détachant de la mêlée au lieu de laisser le 9 (prévenu de la manoeuvre) s'emparer plus classiquement du ballon pour le lui retransmettre (combinaison 8 9). Le Clézio (le 9) lui avait indiqué en le touchant brièvement (car tant qu'il poussait la mêlée, il ne le voyait pas) de quel côté il y avait éventuellement un espace disponible pour une telle échappée. Ce n'était pas nouveau, mais classiquement rare, alors qu'à Dinan c'était rôdé et codifié. Autre entraînement inspiré d'un fait réel ancien: la passe par dessus l'épaule, sans regarder, de façon à laisser le moins possible à l'adversaire prévoir que la passe allait avoir lieu, et moins encore vers qui: ne pas tourner la tête avant de transmettre. Ceci nécessitait pour le passeur de savoir qu'à ce moment son relayeur était placé pour la recevoir. Le panneautage codifié pouvait y aider. Dinan trichait donc un petit peu, en transmettant des informations supplémentaires (non visibles d'où il était) à tel ou tel joueur, mais était sûr que d'autres le faisaient aussi. De plus, ce n'était pas explicitement interdit, et en changeant le code souvent ce ne serait pas détecté, or pour prouver qu'il y avait eu information indirecte (si encore c'était interdit...) il fallait trouver l'information et prouver son lien avec tel ou tel geste dans le public ou reconfiguration de l'affichage publicitaire animé. Voire un changement de plan de caméras dans un des écrans géants. En fait un tel écran pouvait tout simplement servir de rétroviseur (ou de vue aérienne) au profit d'une équipe, et Dinan savait que dans d'autres stades certains clubs ne s'en étaient pas privés. Les initiatives prises en raison de quelque chose vu par un joueur sur un tel écran dataient d'avant le Dynamo de Dinan, même s'il était difficile de démontrer que c'était délibéré de la part du réalisateur: il pouvait être légitime pour le spectacle et la compréhension du match d'avoir basculé sur cette source vidéo plutôt que de rester sur une autre. Tous les joueurs de Dinan avaient une excellente vue (d'où aussi l'importance de la lutte préventive puis active contre les "fourchettes"), aucun ne portait de lentilles car elles auraient pu bouger au cours d'un match, ou pire: capter des poussières iritantes. Des tests d'aptitudes à la stéréoscopie, de perception précise des directions de mouvement et des vitesses faisaient partie du recrutement, "presque comme dans l'armée de l'air". L'opération de la myopie était admise si elle permettait de réussir durablement ces tests.
. La sélection nationale commençait à se poser des questions pour le prochain tournois des Six Nations: fallait-il s'inspirer de certains systèmes d'entraînement de Dinan pour le XV de France, et des joueurs de Dinan seraient-ils intéressants dans une telle équipe? La "transplatabilité" des déménageurs bretons n'était pas évidente, estimait-on, trop habitués à leurs propres combinaisons offensives et défensives ainsi qu'à leur système d'entraînement futuriste. De plus, Dinan n'avait pas de joueurs de première ligne sélectionnables en équipe de France, puisque la première ligne était allemande et ses remplaçants aussi, à l'exeption de Noguet qui était aussi un bon talonneur mais pas exceptionnel au point de justifier de le prendre comme international. Or sans sa redoutable première ligne, que vallait Dinan? Certes, les buteurs et les ailiers avaient prouvé leur efficacité, mais étaient-ils synchonisables à une sélection nationale?

. Il y avait maintenant des terrains de rinnepallo près de la plupart des installations de VTP et de BFR (qui avait déjà quelques terrains de rugby). L'idée d'un championnat d'Europe était encore loin, mais un "tournois des quatre nations" allait avoir lieu l'année prochaine: Finlande, Suède, France et Belgique (malgré la rareté des pentes au "plat pays", mais quelques coups de bulldozer pouvaient y remédier). La Finlande partait avec un gros avantage (le nombre d'années de pratique, mais sans grand sérieux avant l'optimisation infographique par VTPSF), Erwann devrait alors jouer dans l'équipe française (il n'était pas finlandais) qui était encore loin d'avoir cette expérience, mais pourrait la tuyauter sur les réflexes et habitudes des meilleurs joueurs finlandais, et de certains de ceux des équipes suédoises qu'il avait eu l'occasion de rencontrer.
. Tant qu'il s'agissait d'un "championnat des clubs", ceux-ci pouvaient recourir à des non-nationaux, donc Erwann était dans l'équipe de Juustomeijeri quand il était là-bas et dans celle de VTP22 quand il était dans cette entreprise.
. Pour éviter les dérives des autres sports d'équipe, les statuts du rinnepallo (créés par les Finlandais, puis acceptés par les autres clubs entrant dans la fédération internationale de ce jeu) interdisaient explicitement toute rémunération directe ou indirecte des joueurs.
. L'utilisation des moyens d'arbitrage électroniques (transpondeurs dans le ballon et sur les joueurs: torse, poignets, chaussures) introduits initialement par Stéphane à Juustomeijeri était elle aussi impérative, selon les statuts, qui prévoyaient l'adoption de nouveaux procédés s'ils devenaient financièrement accessibles (et fiables), mais ne permettait pas de jouer des compétitions sans recourir à ceux qui existaient déjà. Toutes les équipes avaient accès, après match, via le Lioubioutchaï 2, à l'enregistrement de la cinématique de tout un match (sans y avoir nécessairement joué) de façon à créer une égalité des moyens d'étudier le jeu des autres: un petit ordinateur Altix suffisait à recréer le match sous n'importe quel angle, en mesurant les vitesses, les inerties, etc.

. Erwann jouait souvent dans l'équipe de Juustomeijeri et de l'avis général, "pas pour faire de la figuration": il était un des meilleurs joueurs du pays car en plus de sa précision et sa rapidité de mouvement, il avait été l'un des premiers à utiliser l'analyse scientifique de tous ses appuis, déplacements et tirs de pénalités ou transformation au ballon cubique. Il avait beaucoup travaillé les "drops", où l'on n'avait pas le temps de bien placer le ballon ni de se placer soi-même sous l'angle le plus favorable. Il fallait tirer plus haut au rinnepallo qu'au rugby, car on tirait vers des poteaux plantés en sommet de côte.

. Parmi les documentations circulant sur lui, il était parfois mentionné qu'il avait beaucoup fait pour développer "scientifiquement" le rinnepallo parce que VTP lui avait interdit de jouer au rugby, de crainte qu'il ne s'y fit endommager, en particulier les articulations, "ce qui eût été encore plus grave pour ses rôles que le visage, car plus laborieux (donc lent) à réparer". Les joueurs de rinnepallo étaient nettement moins lourds que la moyenne de ceux du rugby, car sur un terrain en pente (et sans crampons) le poids était un handicap: outre la fatigue prématurée, il y avait l'inertie favorisant les chutes en cas de nécessité de changer soudain de direction. La morphologie des rinnepallistes évoquait plutôt celle des footballeurs ou des handballeurs. Torbjörn Hultgren (1m95, 108kg) était considéré comme un joueur très lourd (de muscles, dont une belle masse vers le haut du corps) au rinnepallo, mais pas au rugby (qu'il pratiquait clandestinement à l'entraînement du Dynamo de Dinan: sans l'autorisation de VTP mais BFR n'y voyait aucun inconvénient et n'en avait pas informé sa filiale cinématographique) où il était considéré comme un rapide. Il était expérimenté aux postes 11 à 14 dans l'équipe "bis" du Dynamo de Dinan, comme "amateur assidu".

. Il n'y avait pas qu'en Finlande (76% des clubs), Suède (13%), France (8%) et Belgique (3%) que l'on jouait au rinnepallo: quelques terrains étaient apparus au Danemark, en Lithuanie, en Irlande, en Italie et en Allemagne, autour des usines BFR, ainsi que par initiatives de quelques autres collectivités locales.

. La télégénie de nombre des joueurs de Juustomeijeri (souvent originaires de VTPSF: être efficace, agile et endurant pour les films d'action était une bonne base pour se mettre au rinnepallo, qui demandait un grand sens de l'équilibre dynamique, pour ne pas tomber lors des changements de direction de course en côte ou en descente) avaient contribué au succès télévisé des matchs, suite à quoi l'intérêt pour le jeu lui-même (et pas juste pour les joueurs) avait réussi à prendre le relais, sans avoir besoin de truffer les équipes de personnages émilianométriques ni nordiques. Cela restait le cas pour Juustomeijeri puisqu'ils étaient pour la plupart des "VTPSF", outre quelques BFRSF et d'autres villageois doués. L'accessoire "Arvi" était fréquent sur ces joueurs, ce qui avait contribué à répandre cette mode hors de cette localité. Les matchs comportant Erwann d'Ambert avaient statistiquement plus de probabilité de passer à la télévision (y compris hors de Finlande) que ceux sans. La rareté de cet acteur à la télévision y contribuait aussi: là, on pourrait le voir (selon ce que visaient les caméras à cet instant) plus souvent durant un match qu'au cours d'interviews aussi rares que brèves. Son habilité à "découdre la défense au point zig-zag" faisant qu'il était statistiquement souvent à l'image, dans ses matchs. Au fil des entraînements, il mettait au point des "figures de style" (comme le pivotement rapide sur lui-même façon "patineur" ou presque, permettant de donner un coup de postérieur pour éjecter un défenseur pendant la glissade tout en passant aussitôt après le ballon à un relayeur) qui n'étaient pas là que pour intéresser les caméras, mais pour rendre difficile aux autres de prédire où il allait aller juste ensuite, ou bien vers qui il allait faire une passe. Faute d'adhérence, le rinnepallo exigeait de l'anticipation, et tout ce qui pouvait priver des défenseurs de celle-ci facilitait le travail des coéquipiers, car eux connaissaient, par un code de signes, ce que tel ou tel mouvement signifiait et donc vers qui il allait faire la passe (ou vers où il continuerait). La convention était redéfinie en vidéo avant chaque match important, sinon les adversaires eussent tôt fait de casser ce "code Enigma" gestuel. Il y avait parfois une convention pour avant la mi-temps, une autre pour après, alors que puisque le changement de côté était aussi rapide qu'au tennis, il ne pouvait pas y avoir eu de concertation entre joueurs donc les adversaires se douteraient moins qu'elle avait changée, s'ils avaient eu le temps d'en comprendre une partie. L'autre raison de faire une vrille sur un pied était parfois d'avoir tout simplement une vue panoramique, pour savoir où était qui à cet instant. Certains sauts étaient interdits (en particulier le saut périlleux arrière en montant une pente, car il y aurait eu le risque de retomber sur un suivant, non vu) mais bien des figures de style restaient possibles. Juustomeijeri avait plusieurs joueurs capables de faire de temps à autre de même, mais Erwann restait un des plus aptes à faire de l'Enigma en très peu de temps, sans même s'arrêter de glisser. Le rinnepallo était en partie un sport de glisse, et c'était aussi ce qui réduisait le risque de blessures articulaires puisque les pieds n'étaient pas ancrés au sol. Le rinnepallo bénéficiait depuis cette année de son propre canal de télévision (pour ordinateur de type AK, ou via adaptateur) dans le Lioubioutchaï, en stéréoscopie "moyenne définition" (625 lignes, ce qui le rendait directement compatible avec les téléviseurs Pal/Sécam via le démodulateur). Hors des matchs en direct et en différé, ces canaux jouaient un rôle pédagogique en redécomposant (grâce à la numérisation en vol de toutes les actions) et en reconstituant toutes les actions jugées intéressantes dans les matchs ou l'entraînement de diverses équipes dans le monde, bien que le plus souvent finlandaises en 2001.

. En France, quelques joueurs de rugby avaient expérimenté (par curiosité) le rinnepallo et y tombaient beaucoup, faute d'adhérence et d'habitude de s'en passer. Même motif, même punition pour les footballeurs (dont le poids était plus proche de celui des joueurs de rinnepallo, en moyenne). Bien qu'ayant la réputation d'un jeu "pas sérieux", le rinnepallo était difficile pour les sportifs habitués aux crampons.

. "0016: alliage désentropique" sortit le 24 puis le 27 août, ce film n'étant pas trop glouton en post-production grâce à l'abondance des scènes sous-marines qui réduisaient la profondeur de champ faute de lumière au delà de la portée de l'éclairage artificiel: ça fournissait des économies de génération de décors comparables à celle de scènes se déroulant dans l'espace. Leo et Viljami, venus jouer pendant dix jours des scènes d'envahisseurs francs, étaient déjà reparti en Finlande comme certains des autres emprunts à VTPSF, tandis que d'autres viendraient pour "Gamma".

. Un réalisateur ayant travaillé occasionnellement chez VTP avait expliqué le "truc" aux autres (et au public, qui, lui, s'en fichait un peu, ne sachant pas exactement comment ça se passait classiquement), dans une émission de radio:
- chez VTP, la direction d'acteurs, on la fait avant de tourner avec eux, sur leurs modèles virtuels. Remarquez, c'est pratique: on peut y retravailler sur un ordinateur portable chez soi ou dans les transports publics. Ensuite les acteurs imitent aussi fidèlement que possible le modèle que l'on a préparé pendant les mois précédents. Je ne savais même pas qui jouerait les rôles, parce que parfois VTP en entraîne plusieurs sur le même rôle, et ne choisit qu'au dernier moment au vu des essais ou de leur planning dans d'autres tournages. On répète parfois avec des acteurs qui ne seront pas ceux joueront réellement, et même que l'on ne verra jamais dans un film de VTP. Sinon on peut piloter directement le modèle virtuel, avec un peu d'habitude. Ensuite, il y a le tournage, où ce sont leurs logiciels de suivi de mouvement qui vérifient que les acteurs font bien ce qui était prévu. Là, c'est trop tard pour le réalisateur, s'il avait une autre idée: tout est déjà prérépété et il n'y a plus de temps à perdre. Il y en a qui sont presque toujours bons dès la première prise, d'autres en deux ou trois, mais comme ils s'entraînent chacun avant sur le modèle virtuel de ce qu'ils auront à faire, en général ça marche bien. Le tournage humain peut tenir en un mois, voire trois semaines, et en plus il y en a qui jouent d'autres rôles, le même jour, parfois jusqu'à dans cinq films. C'est taylorisé, si vous voulez: tout est préfabriqué, y compris la prédirection d'acteurs, et tout s'emboite exactement comme prévu. D'ailleurs ils ont même des robots, pour les scènes dans lesquels le public ne pourra pas s'en rendre compte. Ce que j'ai remarqué, c'est que bien qu'ils tournent tout en numérique, donc que ça ne coûterait pas de pellicule de refaire une prise, ils font vraiment le moins de prises possible, pour gagner du temps. Parfois s'il y en a un qui pourrait faire mieux, et bien on préfère le remplacer en infographie par un morceau de l'image d'une autre prise dans laquelle il était meilleur, tout en "gardant le butin" pour les autres: comme c'est cadré pareil, par définition, c'est souvent possible. Il y a même eu des essais pour jouer à distance depuis la Finlande, en les réincrustant après, pour éviter de faire venir certains acteurs juste pour quelques jours. En plus il est clair qu'il finiront par tourner les films sans acteurs, déjà qu'ils tournent des scènes de cavalerie sans vrais chevaux...

. Ce fut cet été que le centième empoisonneur d'enfants (il y avait aussi eu des empoisonneuses) allemand fut arrêté, plaqué à terre, menotté et emmené en cure de sevrage forcé par la police française, ayant été vu (et filmé) en train de fumer dans sa Golf avec deux jeunes enfants à l'arrière. Le traitement était le même quelque fût la nationalité du délinquant et de la victime, dès que cela avait eu lieu sur le sol français. Trois mois de travaux forcés et une éradication radiochimique des récepteurs nicotiniques du cerveau, ce que certains médias allemands appelaient "lobotomie" alors qu'aucune trépanation n'avait lieu pour l'effectuer. L'Allemagne était le grands pays d'Europe le plus en retard pour les lois anti-tabac, en raison (disait-on) de l'Histoire, parce que c'était Hitler qui avait édicté les premières interdictions, avertissements sur les paquets et fait faire des études (sérieuses) sur la nocivité, mettant en évidence l'atteinte portée à l'entourrage: il y avait des études antérieures (déjà allemandes) prouvant la nocivité pour le fumeur, dès les années 20, l'étude sur le tabagisme passif datait du IIIème Reich. Le lobby tabagique prenait prétexte de cela, en Allemagne (l'argument ne marchant que là) pour associer antitabagisme et fascisme, voire nazisme.
. L'avis était très partagé, dans l'opinion allemande, sur la méthode française, une partie de la population réclamant que l'on fît de même en Allemagne, pour protéger les enfants, une autre trouvant que l'ELR s'inspirait du nazisme en "lobotimisant" les enfumeurs d'enfants. L'efficacité de l'intervention (en "piégeant" les récepteurs à l'aide d'une pseudonicotine radiosensibilisée, qui les détruisait (ainsi que des neurones voisins, il ne fallait pas le nier) sous l'effet d'un "flash" de rayons X durs qui n'était pas plus dangereux en lui-même qu'un panoramique dentaire "à l'ancienne": pas inoffensif, mais médicalement acceptable sans effets secondaires, d'autant plus qu'il était peu probable d'avoir à recommencer chaque année: tout tabagisme, après ce traitement, brûlait les yeux et les bronches encore plus que ceux d'un non-fumeur, puisque déjà irrités par des années de tabagisme sans avoir, désormais, l'anesthésie par la nicotine. Il était très difficile de se re-forcer à fumer assez longtemps pour reconstituer assez de récepteurs nicophiles pour que fumer redevint simplement supportable.
. Une brochure (dans la langue du contrevenant: la police l'imprimait dans la voiture, selon les besoins) était remise aux membres de l'entourage pour expliquer la procédure et qu'ils avaient ainsi une forte probabilité d'être libérés de telles agressions chimiques, quand le délinquant serait relâché.

. L'économie française s'en sortait assez bien depuis qu'avec l'ELR les entreprises (tout particulièrement les PME) étaient très fortement incitées à prospecter le marché mondial (au lieu de leur mettre des entraves administratives à l'exportation, toutes les démarches étaient faites pour elles par l'Etat, si elles le souhaitaient: c'était la première fois de l'Histoire de ce pays où les services publics se mettaient au service de ceux qui étaient utiles à la nation, au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues) d'autant plus que le marché français ne pouvaient désormais que réduire, à la fois par baisse de la population et par baisse de la consommation de celle-ci, grâce à toutes les incitations à réutiliser, troquer, épargner qui permettaient de récupérer de la qualité de vie tout en travaillant moins. Le développement sans miser sur un marché intérieur (qui existait encore, mais qui ne serait plus jamais en "croissance") était ce qui avait fait la prospérité du Japon dans les années 50 à 80, et c'était en train d'apporter les mêmes avantages à l'industrie française. Le tout-TVA était aussi un gros avantage pour exporter. De plus, la réussite de la politique malthusienne (bien aidée par les départs, et -inattendus initialement- les suicides) permettait d'encourager la robotisation, car il n'y avait plus à maintenir des emplois techniquement injustifiés pour éviter le chômage. La France avait surtout supprimé des emplois dans les services (activités difficilement exportables, et ceci de façon très aléatoire), et en avait recréé dans l'industrie, en grande partie pour installer des productions automatiques ou les automatiser. On parlait de "germanisation" de l'économie française puisque ça revenait à suivre grosso modo le modèle traditionnel allemand, privilégiant l'épargne et l'investissement dans l'industrie réelle et exportatrice.

. Erwann avait joué le 19 août ce qui serait (une fois monté) ses dernières scènes dans "Alvéole 75", quand les Parisiens auraient totalement sombré dans la barbarie, ce qui permettait d'en faire un film de HF dans ce que serait devenu la ville après environ trois ans d'anarchie. Il fut coiffé "moyen-court" débordant bien devant, variante du style d'Atte dans Gamma. Pour compatibilité avec l'évolution future (avoir le moins possible à rectifier, surtout pour Alvéole 75 qui serait tourné sur près de deux ans) et des rôles déjà prévus, la version Erwann gardait un recouvrement continu (sur du plus court, pour éviter trop d'épaisseur) jusqu'au bout, finissant un peu abrupt derrière, quitte à modifier cela en infographie pour Gamma et pour Chargeur Camembert. L'effet était plus géométrique, plus "ambertien".
. Sophie avait constaté que ses cheveux avaient épaissi depuis les anciennes mesures de densité (qui remontaient à 1999). Pas épais "à rempailler des chaises" façon Timo, mais la différence était mesurable. Quand elle en fut aux finitions:
Sophie- serait-ce tout ce qu'ils mettent dans le Saumonix? Vitamines B12, B6, PP, H et autres?
Erwann- si nous en avions la preuve, les ventes tripleraient! On trouve aussi ces vitamines dans bien d'autres produit BFR, et je pense qu'il y a aussi le climat froid: comme pour les chats.
S- possible, mais en tout cas, moi, je vais en manger plus souvent. Au fait, j'ai appris que tu avais fait semblant d'hésiter à reprendre Gamma pour obtenir un film de plus.
. En fait plusieurs films destinés à Atte, du même coup, mais il ne rectifia pas. VTP surtout avait hésité, parce que ça le mettait dans plus de films que prévu: si seulement Atte n'était pas tombé sous un car de Japonais...
E- personne ne doit le savoir. D'ailleurs d'où vient la fuite?
S- de toi, là [puis, mimant les deux gestes]: je viens de lancer une ligne au hasard, et ça mordu tout de suite.
E- ne le répète pas. Je me suis engagé auprès de la direction à ne pas laisser deviner que c'était parfois possible. Si ça se savait, tu imagines la pagaille que ça serait?
S- une jacquerie. [Puis, tirant vers le bas les mèches de devant, au milieu] l'intérêt de l'effet Saumonix c'est que l'on peut en garder un peu plus sans qu'ils ne plongent trop, quand on ne tire pas dessus. De ce fait tu vas avoir l'air de changer plus vite que juste ce qu'il y aura de plus, par tassement. On ne rectifiera pas pendant le film: Thorgård n'est pas censé rester exactement pareil tout le temps, et surtout, ce n'est pas à ça que le public fera attention, une fois qu'il aura découvert le personnage: il y a bien trop d'action, et les stars du film, ce sont surtout les avions.
E- oui: je ne prends pas les rôles qui pourraient être filmés en caméras fixes.
S- je sais, d'ailleurs VTP ne t'en proposera jamais, je pense, sauf si un jour tu as une jambe dans le plâtre.
E- on peut aller vite, en fauteuil roulant: il n'y a qu'à voir les courses "handisport". Je suis sûr qu'ils me feraient prendre des virages sur une roue et dévaler des escaliers.
S- sûrement! Je sais aussi que VTP t'aime beaucoup dans les films de HF, donc je pense que tu y reviendras vu que je crois savoir que c'est ce qui te rapporte le plus.

. Erwann réfléchit un peu: exact. Non seulement ces films-là marchaient fort bien dans le monde, mais en plus il y avait beaucoup de scènes à gros coëfficient de difficulté et de préparation, donc d'intéressement. Kerfilm avait réinventé la HF, en "l'italiannisant", en sortant du modèle américain dans lequel des champions de body-building s'empoignaient ou se combattaient à l'épée de 40kg dans un scénario qui aurait pu tenir sur un ticket de RER. Moins de viande striée, beaucoup plus d'action, des kilomètres de scénario, de la synthèse, des personnages qui auraient été aptes à jouer dans un film de kung-fu (mais sans mettre artificiellement partout des combats chorégraphiés comme dans ces films-là), des paysages réels ou virtuels à couper le souffle: dès "Les miroirs du temps" (qui n'avait pourtant pas disposé d'autant de moyens que les suivants, d'où des paysages choisis pour être moins voraces à post-produire que ceux de Sartilvar) Tarsini avait imposé son modèle de HF et les Américains devaient s'aligner ou renoncer. La qualité des grandes HF américaines (rares) produites par la suite s'améliora d'ailleurs nettement, mais en devenant de ce fait fort coûteuses: les anciennes ne coûtaient pas grand chose, tant que leurs acteurs ne devenaient pas des stars exigeant des cachets à six chiffres (voire sept).

. Il jouerait aussi (dans deux semaines) le début d'Alvéole 75 ainsi que les autres rôles de septembre. Tout ceci sortirait assez étalé dans le temps, donc peu importait que VTP lui en fît tourner autant d'un seul coup. De plus cette coiffure "à géométrie variable" permettait de différencer un peu les personnages de ces tournages simultanés, visuellement, selon la façon de l'apprêter ou non. Il se réobserva: on aurait dit du faux (encore plus que d'habitude), issu d'un logiciel ne sachant pas gérer d'effets plus compliqués.

. Le principe de base de "Gamma" était que compte tenu des erreurs graves (du point de vue de l'efficacité pour la guerre) commises par Hitler à partir de 1943, l'assassinat de celui-ci aurait pu changer les choses. D'autre part, les Américains n'avaient pas été très pressés de s'engager dans ce combat, donc s'ils avaient subi des représailles graves directement sur leur sol, frappant leurs grandes industries, centrales électriques, raffineries (nullement protégées contre de telles attaques) ils s'en fussent probablement retirés (la guerre se mettant à leur coûter beaucoup trop cher, si leur production d'électricité, de pétrole, d'acier et d'alumium était mise en partie hors service: tout le reste en dépendait), laissant les Européens s'étriper entre eux et affaiblir du même coup l'URSS, car moins sollicitée sur l'Atlantique l'Allemagne nazie eût été apte à faire face à l'Armée Rouge. Sigmar Thorgård ayant pris connaissance de l'incapacité de l'industrie américaine à produire rapidement un bien plus grand nombre de gros transformateurs de réseau qu'elle n'en installait habituellement décidait que ces cibles-là seraient prioritaires: "une petite charge creuse perçant la tôle extérieure fond une partie des isolants et met en court-circuit une partie du bobinage. La puissance qui circule dedans se charge alors toute seule de continuer notre oeuvre et c'est irréparable: il faut tout refondre et tout refaire". De telles roquettes n'avaient donc pas à être très lourdes et un avion pouvait donc en emporter beaucoup. Les transformateurs géants étaient des cibles bien plus faciles que des chars (par exemple) et dépourvues de défense: le temps que les Américains se missent à en installer, les grandes industries seraient déjà privées de courant, car bien sûr les centrales électriques dédiées équipant nombre d'entre elles avaient été repérées, cartographiées et "gonioréférencées" (par rapport aux sources radio locales) elles aussi. Les géants canadiens et américains de l'aluminium seraient ainsi les premières victimes de la coupure massive d'électricité. L'acier, lui, nécessitait des haut-fourneaux qui étaient eux aussi des cibles très faciles même pour des pilotes débutant. Il restait donc à pouvoir approcher les avions des côtes (ailes démontées, dans des sous-marins) pour pouvoir pénétrer loin à l'intérieur du territoire américain. L'infiltration et l'espionnage utilisait (entre autres) des Noirs (trouvés en France) ayant appris comment les Américains traitaient les leurs (ségrégation dans les bus, etc) et de ce fait prêts à participer (sous commandement français complice, et non allemand) à la défaite de cette nation pas totalement sortie de l'esprit de l'esclavagisme. Qui soupçonnerait, outre-Atlantique, un Noir d'être un espion au service de l'Allemagne? Ils n'attiraient pas l'attention, dans le personnel d'entretien chargé des travaux non qualifiés dans l'industrie aéronautique américaine, en particulier. Ils n'avaient pas à saboter, juste à repérer et renseigner. Les Allemands savaient qu'il y avait des recherches nucléaires dans le Nevada (sans savoir précisément où) donc il fallait y détruire toutes les installations électriques et leur ravitaillement en carburant car les processus chimiques nécessaires en dépendaient. Bien sûr, ils n'avaient pas les moyens techniques de détruire toute l'industrie "de base" américaine, d'où la concentration sur les points faibles comme les transformateurs, bien plus faciles à détruire qu'un énorme barrage "poids" mais suffisant à le rayer du réseau électrique tant que ces organes spécifiques (et produits en petite quantité) ne pourraient être remplacés. Les raffineries préparant du carburant pour avion étaient aussi des cibles faciles, une fois bien repérées. Les Anglais tout comme les Allemands avaient camoufflé et (chaque fois que possible) enterré leurs installations "talon d'Achille", ce qui était très rare aux Etats-Unis. Quelques idées simples remédiaient à des défauts de jeunesse des avions à réaction comme leur décollage laborieux: il n'y avait qu'à les catapulter (gros treuil à grande vitesse, où avion posé sur une base de locomotive électrique rapide alimentée par les rails pour se passer de caténaire), ce que les Allemands faisaient depuis très longtemps (avant même le début du siècle) pour les planeurs. Le catapultage du Me262 et du He280, projet qui dans Gamma n'était pas annulé: le He280 avait été prêt à voler avant le Me262, en fait. Le freinage par parachute à l'atterrissage raccourcissait aussi celui-ci, qui était l'autre point faible de ces avions qui volaient mal à vitesse réduite. Là où il n'y avait pas de catapulte, les premiers He280 étaient aidés au décollage par des fusées d'appoint détachables. Il n'y avait pas de décision contre-productive d'adaptation du Me262 en bombardier rapide (qui dans la réalité avait entraîné une grosse perte de temps) et la version d'entraînement biplace, elle, était construite aussitôt, pour éviter (problème dans la guerre réelle) à ses nouveaux pilotes de ne pouvoir en découvrir le pilotage qu'en solo. L'une des stars volantes du film était le Horten IX (alias Ho229 ou Go229) qui, dans Gamma, avait le temps d'être mis en production en nombre suffisant pour participer aux raids de nuit sur l'Angleterre (après avoir d'abord attaqué par surprise les escadrilles de bombardements de nuit), puisqu'il était indétectable par les radars de l'époque. Tout ceci n'allait pas sans problème: usines allemandes bombardées et réinstallés en partie dans des galeries de mines de fer épuisées, réacteurs qui prenaient feu, pilotes d'avions-fusés digérés vivants par une fuite de ce carburant très corrosif (mais pouvant être produit sans pétrole, d'où son intérêt dans ce contexte), etc: VTP avait collecté soigneusement toutes sortes d'anecdotes réelles pour donner encore plus de réalisme technique à son film. Le catapultage des avions à réaction n'était pas historique, mais il aurait pu être mis en oeuvre puisque cette technique était déjà connue et utilisée pour des planeurs. L'Allemagne qui manquait jusqu'alors d'aluminium (les usines françaises ayant elles aussi été bombardées par les Alliés) s'en procurait de plus en plus en faisant ramasser par des prisonniers de guerre les morceaux d'avions éparpillés un peu partout, depuis qu'il y avait un "bon" pourcentage de bombardiers américains ou anglais abattus lors de chaque raid. Des attaques "de désindustrialisation" diminuaient aussi la capacité militaire soviétique, comme l'illustrait dans le film l'envoi de bombes volantes sur les installations électriques des grands barrages de Bratsk et Krasnoïarsk et les immenses incendies des forages de Bakou: Sigmar Thorgård cessait l'offensive terrestre en Russie (Napoléon avait bien montré que c'était l'erreur à ne pas faire, bien qu'il fût parvenu jusqu'à Moscou contrairement aux Allemands) et les attaques sur les villes. Il fallait se concentrer sur les cibles pouvant tarir l'effort militaire soviétique.

. Erwann n'était pas utilisé dans des rôles censés détenir un pouvoir important: il était destiné à être exécutant de base ou solitaire, "homme d'action/homme de terrain", ou éventuellement chef d'un petit groupe, comme dans Drakkar et Dragons. Et dans ce cas (alors qu'en solo il était généralement efficace, adroit, courageux) c'était un chef contesté, car ayant déjà fait preuve d'incompétence. Gamma ne lui était donc pas destiné mais puisqu'il s'y ferait passer pour Atte (lui aussi en contre-emploi dans ce rôle, en fait) ça n'avait pas d'inconvénient, selon VTP. En y réfléchissant rétroactivement, sa nomination comme superviseur industriel de VTPSF était absurde: c'était uniquement parce que personne, dans BFR, n'acceptait ce poste, et parce qu'il n'aurait qu'à exécuter les ordres venus de France sans se poser de question (ce n'était qu'un rôle, il suffisait de le jouer comme tel) que ça s'était avéré possible. D'autre part Juustomeijeri ne souhaitait pas la délocalisation de l'entreprise donc les Finlandais ne lui avaient pas mis de bâtons dans les roues.

. Dès le 15 juillet, VTP avait beaucoup hésité sur qui jouerait Sigmar Thorgård, après les portions déjà tournées avec Atte (environ 8% des scènes dans lesquelles on verrait Thorgård: fallait-il tout refaire avec un autre acteur, ou tricher avec un faux Atte joué par Erwann bidouillé en infographie [comme étudié pour le tout début de "Yaganda"] ou Knut?). Ils avait pris contact avec Erwann fin juillet à ce sujet (il fallait faire vite, pour pouvoir tout réétudier à temps), lequel avait proposé de faire la même coupe qu'Atte si ce n'était pas incompatible avec d'autres tournages (?), moyennant l'attribution du rôle "William" (prévu pour Atte mais non encore réattribué définitivement: il s'était renseigné) dans "Chargeur Camembert": n'ayant pas pu jouer dans Traction, Erwann souhaitait participer à ce nouveau film de gangsters.
. Des simulations furent faites (en bidouillant juste un peu ça passait, pour la suite d'autant plus que vu la charge de travail des ordinateurs, pas de grosse HF à tourner avant 2003 voire 2004), VTP n'avait effectivement pas encore attribué William tout en pensant à Knut, puisqu'Erwann n'était pas prévu pour avoir ce style-là à ce moment et devait jouer dans d'autres films (dont 0016: masse manquante, qui fut reporté à début 2002), bien que techniquement, le rôle réclamât beaucoup d'adresse et d'agilité. Ne pas avoir à trop "reprendre" Erwann en infographie (dans Gamma la plupart du temps, on se contenterait de lui faire les yeux bleus au lieu de verts, et encore: quand il serait assez près (sans trop bouger) pour les laisser percevoir) simplifierait les choses. William aurait les yeux verts, lui, ce qui n'aurait rien d'inattendu pour un Irlandais. En même temps il travaillerait sur des robots remplaçant Atte (en fait d'apsect intermédiaire entre eux deux) pour les scènes où on le verrais plus longtemps de près, et aussi pour des cascades de "Chargeur Camembert". Film dans lequel l'infographie le ferait d'un blond plus roux: plus irlandais. On lui envoya tout ce qu'il fallait pour travailler sur le robot en Finlande (sauf l'aspect de "l'emballage": l'équipe s'en chargeait à La Défense et ferait l'échange ensuite. Le robot qui lui fut envoyé était donc à sa propre image, VTP en ayant déjà construit pour des films précédents) et ce fut ainsi qu'un personnage artificiel supplémentaire fut construit. Outre "Chargeur Camembert", il eut aussi un rôle dans "Yaganda" (prévu pour Atte aussi, mais qu'il n'avait pas commencé à tourner. Seul Gamma avait été commencé), moins présent à l'image que celui joué par Torbjörn. Seul le début de Yaganda (quand les scientifiques et sous-mariniers embarquaient) serait tourné ce mois-ci, la suite en janvier ou février 2002.

. VTP avait donc passé l'été à étudier ce qui pourrait être joué tantôt par un robot imitant l'aspect d'Atte (tel qu'il avait déjà commencé à jouer), tantôt du virtuel (l'un comme l'autre pilotés par exosquelette ou "capture visuelle de mouvement", selon le cas, sur Erwann), et souvent directement Erwann. Mettre celui-ci dans un des projets ayant prévu d'utiliser Atte permettait de le mettre aussi dans les autres (y compris "Silmät", ensuite, chez VTPSF) ce qui évitait d'avoir à chercher une autre solution, mais au prix d'un plus grand nombre de rôles que prévu: Gamma, Chargeur Camembert, Silmät, Yaganda. Le planning de Knut était déjà chargé lui aussi (il devait jouer certains rôles dans les mêmes films qu'Atte, et non à sa place, sauf Chargeur Camembert) et VTP savait qu'Erwann pouvait très vite "intégrer" ce genre de rôles et les jouer en "tournages entrelacés" sans s'embrouiller d'un rôle à un autre.

. Les trois procédés pour Gamma furent testés au cours de l'été (avec téléjeu ou Erwann téléfilmé) et les scènes dans lesquelles chacun convenait le mieux recensées, de sorte que le tournage des parties utilisant encore ce personnage (donc Erwann, désormais) purent toutes être prévues pour être terminées pendant qu'il serait en France pour ses autres tournages, sauf certaines se prêtant bien au jeu "totalement indirect" (n'ayant pas besoin d'un retour d'effort en temps réel) donc pouvant continuer à être travaillées depuis la Finlande, plus tard. C'était la première continuation posthume d'un rôle en cours chez VTP, et l'occasion d'utiliser toutes les technologies que les concurrents ne maîtrisaient pas encore (du moins pas au point de pouvoir les utiliser dans un tournage aussi long sans le ralentir). La solution de rechange initiale était de faire jouer Thorgård par Knut, qui ressemblait "suffisamment" à Atte, mais Knut jouait déjà dans Gamma le rôle d'un acteur se faisant passer pour Thorgård, donc utiliser le même dans les deux eut été "trop évident": il vallait mieux que le "sosie" du film ne fût pas un clône, tout en pouvant faire illusion pour les apparitions publiques. Troisième option (prévue si Atte n'avait pas été apte à commencer le rôle, en juin, mais rejetée en juillet car VTP ne pouvait se permettre de recommencer ce qui avait déjà été tourné, vu la charge du calendrier en cours) utiliser un tout autre acteur, Torbjörn (karéen donc plus "athlète nazi" qu'un Attéen), et un autre lui ressemblant (Bengt?) pour jouer son sosie d'apparitions dans le film. Puisqu'Atte avait été apte à commencer le film (et fort bien, de l'avis de VTP) Torbjörn jouait un autre personnage.

. Avant le début du tournage de Gamma, VTP avait fait des essais avec Atte (concluants) et (en solution de rechange, avant le début) avec Torbjörn, deux Thorgård bien différents (l'un plus ingénieur/aviateur, l'autre plus "héros sculptural") mais qui l'un comme l'autre "fonctionnaient". VTP avait une petite préférence pour Atte, avec Torbjörn dans un rôle d'acolyte "avec plus de muscles que de neurones". Faire jouer un personnage (sensé être) intelligent par Atte pourrait passer (du point de vue interne de VTP, surtout) pour un "contre-emploi", mais comme jouer ce rôle n'exigeait pas non plus de savoir réellement piloter, ça ne posait aucun problème.

. "Le crépuscule de Rome" avait posé encore plus de problèmes (surtout de consommation infographique) à VTP que l'entreprise n'en redoutait déjà quand Tarsini avait présenté le projet. Il y avait aussi beaucoup de Tarsini dans Alvéole 75, dans l'Ile Ingénieuse, dans Les Hordes, Cyberlander, etc. VTP avait trouvé tous ces projets excellents et les avait tous acceptés (en plus ça permettait de "factoriser" l'utilisation d'Erwann sur peu de temps, donc le rendre plus vite à BFRSF), sous-estimant la charge de travail informatique (ainsi que les occupations de plateaux réels articulés) que cela allait induire pendant tout l'été 2001, puis ensuite pour la post-production. Gamma était "le film de trop", Tarsini lui ayant lui aussi donné une richesse de détails techniques, de paysages et d'architectures (car il y avait beaucoup de lieux parcourus) dont le coût s'avérait du même ordre de grandeur (déraisonnable) que "Le crépuscule de Rome". Autant on pouvait "charger" le planning d'Erwann d'Ambert au delà des prévisions initiales, autant il n'existait pas "d'heures sup" disponibles dans les ordinateurs puisqu'ils tournaient déjà à pleine charge en permanence et que Tarsini avait anticipé sur l'achat (qui aurait bien lieu, mais pas plus tôt que prévu) de nouvelles tranches de supercalculateurs, au point que VTP avait demandé à BFR la permission d'aller "squatter" aussi dans la puissance informatique utilisée pour les simulations biochimiques et génétiques de la multinationale agro-alimentaire.

. Beaucoup de films sur août/septembre/octobre mais dont la sortie serait très étalée dans le temps: "Disgénisme" prévu en septembre aussi ne serait tourné qu'en janvier prochain (avec la quasi-totalité de "Yaganda", dont seul le début était tourné maintenant) et se situait bien après Gamma, donc il fallait d'abord laisser le temps à "Gamma" d'avoir "fait son trou" avant de lancer "Disgénisme", qui s'appellerait peut-être "Les débogueurs" ou "ADN": ce n'était pas encore choisi.

. Disgénisme serait pour VTP l'occasion d'y caser ses Emilianiens de grande série car tous les jeunes étaient exempts d'un grand nombre de tares visibles (y compris dans les pays satellites comme la France) et la reproduction était sous contrôle strict, en utilisant la technique de bouturage embryonnaire qui (dans le monde réel) avait déjà réussi bien avant. On y voyait plein d'éprouvettes et de machines à faire le la fécondation in-vitro. La police des gènes (qui recourrait aussi à les "agents infiltrés" comme Nils) traquaient les criminels disgénistes infligeant des tares génétiques à leurs enfants en pratiquant la reproduction sexuée "qui est la seule à pouvoir créer des handicaps génétiques à partir de parents qui n'en étaient pas atteints". Le thème avait déjà servi dans "Bienvenue à Gataca", mais il était ici traité autrement. "Disgénisme" était devenu un film autonome, parce que sinon Gamma aurait largement dépassé les trois heures vu l'enrichissement en détails techniques dont le scénario avait été l'objet dans sa nouvelle mouture.

. Disgénisme pourrait sortir plus tard, commençant par une période évoquant 1984 par la présence de trois superblocs, et non deux: Etats-Unis, Europe (nazie) et URSS. Le nazisme européen était bien moins oppressif que le communisme (d'ailleurs ça avait été le cas, dans la réalité, en Allemagne, pour la "majorité silencieuse" non sujette à épuration éthnique) tout en obtenant des avantages sur les deux autres par ses méthodes de tri humain (moins de malades: moins de frais médicaux) et d'enseignement optimisé. Les divers pays servaient de boites de tri: tout ce qui était trop brun pour être allemand (ou d'autres pays "germaniques"), tout en n'étant pas à éliminer, était envoyé en France, Espagne ou autre, où inversement les gens trop clairs pour ces pays (selon les critères de tri du régime) avaient été réexpédiés plus au nord. A l'intérieur de chaque éthnie ainsi reconstituée, des centres "Lebensborn" fabriquaient les meilleurs sujets, de même qu'en Afrique (encore coloniale) de tels centres optimisaient l'Africain modèle, sachant qu'il devait rester noir pour résister aux ultraviolets mais que comme ils ne se ressemblaient pas entre eux et n'avaient pas les mêmes vulnérabilités aux maladies, il y avait beaucoup de possibilités d'optimisation via des tests et cet élevage sélectif.

. Parmi les différences visibles par rapport au monde de 1975 connu, il y avait les supertrains à voie de quatre mètres de large, un projet hitlérien (réel) repris par Thorgård, et réalisé après-guerre grâce à la victoire, permettant d'avoir l'équivalent du transport fluvial, en gabarit, mais à la vitesse du rail. En fait les voies étaient mixtes: des rails supplémentaires, entre les nouveaux, permettant aussi aux trains existants de les utiliser, après avoir servir à ceux-ci à apporter matériaux et machines pour les construire.

. Cette partie n'aurait duré que 32 minutes dans "Gamma", car VTP savait que Gamma aurait plus d'impact avec les scènes de guerre en tous genre. Grâce à Elmeri Lokinen, on avait aussi droit, au début, à une partie "film de sous-marins", qui commençait avec l'équipage d'un "U-boot" classique, n'échappant que par miracle à la destruction en revenant de n'avoir pas réussi à torpiller un convoi allié, en 1943, fournissant ainsi des volontaires enthousiastes pour essayer la nouvelle technologie des monoplaces compacts et "indétectables" à queue motrice, approchés de la zone de combat par des porte-sous-marins restant hors de portée de détection.

. Disgénisme en film séparé recentrerait Gamma sur la période nazie "au sens habituel" (mais modifiée par le scénario), le second film, bien plus "fiction" que "histoire-fiction", se déployant maintenant avec bien plus de rebondissements (évoquant par moment "Blade Runner", plus que "Gataca") permettant de construire des rôles plus consistants, dont celui confié à Erwann. Il y était prévu (et dès septembre) en prévoyant qu'il ne jouerait pas dans Gamma. Il n'y serait donc pas avec le même style (en plus d'avoir ses yeux verts dans Disgénisme) tout en ayant l'air de famille laissant penser qu'il pouvait être issu d'un "Lebensborn" du régime antérieur.

. VTP commençait à penser "on aurait mieux fait de reporter Rome en échange d'un film de Vikings de plus: ça revient beaucoup moins cher en infographie, surtout si on met des scènes en mer avec des icebergs, et de la brume dès que l'on veut faire des économies de synthèse de paysages jusqu'à l'horizon". A Rome, il n'y avait jamais de brouillard, et de la poussière seulement là où passaient les chevaux (des quadriges, puis des envahisseurs). Rome allait coûter plusieurs fois "Drakkars et dragons" (qui semblait pourtant au spectateur "détaillé de partout jusqu'au fond": Tarsini n'y avait mis de brouillard que quand c'était utile au scénario, et pas pour faire des économies de puissance de calcul) et VTP n'était pas sûr qu'il fît ce nombre de fois plus d'entrées. Chez VTP, beaucoup étaient même sûrs du contraire: Rome ferait peut-être plus d'entrées que ce qui était jusqu'alors le "porte-avions nucléaire" de Kerfilm, mais pas en proportion des coûts de postproduction ni des décors réels à construire. Quant à Gamma, on commençait (alors qu'il n'avait été tourné qu'à 20%) à y voir un nouveau "gouffre de post-production" qui ferait certainement beaucoup d'entrées, mais certainement moins que "Le crépuscule de Rome": un péplum avait plus d'impact mondial qu'une "histoire-fiction" de la seconde guerre mondiale. "On ferait mieux de se contenter de faire de la HF et quelques péplums ne nécessitant pas de rescontruire toute une ville jusque dans ses latrines: ça marche très bien et ça coûte moins cher". On se rendit compte aussi que "Alvéole 75" serait glouton, mais son tournage s'étalant en petites sessions sur un ou deux ans, il ne poserait pas de problème de "digestion" pour l'infographie, bien qu'il y eût de grandes parties de Paris à reconstruire (mais pas tout: cette fois on n'y créerait pas ce que le scénario ne visiterait pas, contrairement à la "mégalomanie architecturale" tarsinienne qui avait conduit à prémodéliser informatiquement d'innombrables parties de Rome non visibles dans le film. Il n'y avait certes pas à les synthétiser à l'image, de ce fait, mais ça engorgeait la base de données. Hélas (pour VTP), Tarsini sachant qu'il les avait à bord n'avait presque jamais fait passer les personnages deux fois par les mêmes rues ou ruelles (sauf pour les "points clefs" de la ville) ni dans les mêmes bâtiments, histoire de mieux en profiter et de montrer aux Américains que ce film avait des décors inédits "jusqu'à plus soif").

. Dans le générique final de Gamma, pour le personnage Sigmar Thorgård, seraient mentionnés Atte Ruusuvaara (en insert, une scène du début, juste après le "bogue" du dragon), Erwann d'Ambert "en vrai" (un extrait de la scène du détournement du Spitfire) et "robot piloté par Erwann d'Ambert via exosquelette" (discussion sur plans déroulés sur des tables dans l'atelier en préparation de l'attentat), ceci pour tout le tournage réel, d'autres apparitions étant confiées à un modèle virtuel calqué sur ses mouvements. Ceci fut aussi facilité par la critique du scénario par Erwann dans sa suggestion de "montrer plus la mise au point des avions et un peu moins le côté "personnage public": quand on l'a vu une fois, on a compris". Erwann était sûr que la technique intéresserait plus le public que la politique, dans ce film, d'autant plus que Sigmar était plus un stratège et un ingénieur qu'un "politicien" proprement dit. On lui répondit que ça intéresserait certainement plus les gens comme lui, mais comme certains des scénaristes l'avaient déjà suggéré, ce fut fait. L'utilisation d'un sosie (joué par Knut, déjà prévu dans ce film) pour le remplacer dans les grandes apparitions publiques fut aussi incluse dans le scénario, alors qu'initialement c'était juste pour quand le "vrai" aurait momentanément un bras dans le plâtre suite à un accident. Sans que le public le sût, ce fut la première intervention d'Erwann en tant que "rectificateur de scénario", ceci uniquement parce que ses suggestions allaient en même temps faciliter le tournage: VTP lui fit bien comprendre qu'il n'aurait probablement pas d'occasion de "rectifier" un autre de leurs scénarii, à moins de participer à leur conception dès le début (ça, ils n'étaient pas contre: surtout pour ceux dans lesquels il ne jouerait pas). Moins de discussions d'état-major et de discours publics, plus de planche à dessin, de clef à cliquet et de manche à balais, tel serait "Gamma", ce qui plaisait à certains des scénaristes (les plus "technophiles") et en frustraient un peu d'autres, plus "histoire-fiction" même si la technique était bien, dans ce scénario, ce qui rendait vraissembable l'histoire-fiction proposée. Suite à la nouvelle répartition des temps des scènes, la part des scènes avec Thorgård "de pas trop loin" jouée par Atte passait de 7,76 à 17,41%, le reste se répartissant sur Erwann (64,27%), et le robot à l'image d'Atte (18,32%). La synthèse n'était utilisée que de plus loin.

. En Finlande, Erwann avait donc eu aussi à se rôder au simulateur (lunettes virtuelles) à tout ce qui était préscénarisé "à l'auriculaire près" (comme d'habitude) pour William, et les répétitions faites chez VTPSF avec le robot programmé (et réétudié hydroélectriquement. En fait il allait falloir en construire deux [tout le "mécano" lui fut envoyé, qu'il assembla avec Viljami et quelques autres], car celui pour la boxe ne pourrait pas être celui pour les cascades).
. VTP n'était donc pas une organisation aussi "ferroviaire" qu'Erwann l'avait cru, car la mort Atte avait suffit à désorganiser beaucoup de choses, au point d'oublier de rôder à temps un acteur pour jouer le rôle irlandais dans "Chargeur Camembert", et divers autres retards de mise au point. En septembre, l'un des réalisateurs (il y en avait quatre) de Gamma lui confirma que "Rome" avait déjà noyé les ordinateurs et que Gamma n'arrangerait pas les choses, au point que parmi les tournages "que VTP ne voulait pas décaler" (lui avait-on répondu cet été) certains seraient de facto reportés.

. Erwann visualisa un instant l'équipe de VTP débiter à la hache puis jeter le mobilier de bureau et les portes dans les chaudières des ordinateurs pour réussir à finir "Le crépuscule de Rome" dans les temps. Tarsini le voulait "absolument" pour avant le 15 décembre. Gamma (qui allait consommer encore plus d'infographie, avec toutes les scènes de guerre, le matériel, les paysages) n'était donc pas prêt de sortir sur les écrans. Ceci expliquait que VTP eût accepté de modifier ça et là le scénario (pas en nature, mais en durée des scènes: plus de détails des mises au point techniques, moins de "personnage politique", ce qui n'était jamais le cas dans les deux mois précédant le début d'un tournage, d'habitude) sachant que l'on tournait le plus tôt possible (avec les vrais acteurs, bidouillés infographiquement ou non) mais que l'on ne postproduirait (donc "habillerait" et monterait tout ça) qu'au fil des disponibilités infographiques, donc en 2002.

. "Chargeur camembert": le premier Kerfilm situé entièrement (comme son nom ne l'indiquait pas) aux Etats-Unis (sans y être allé, puisque tout avait changé par rapport à l'époque de la Prohibition): un nouveau film de gangsters (après "Traction") dont la star était la mitraillette à chargeur camembert. La reconstitution de l'ancien Chicago et les poursuites en voitures américaines d'époque bénéficaient du savoir-faire déjà développé pour "Traction": quelques vrais modèles de collection, quelques imitations d'aspect sur châssis électrique, beaucoup de synthèse "qui ne se remarque pas". Casinos, prostitution, hold-up et bien sûr trafic d'alcool suffisaient à bien remplir le film, de poursuite en fusillade, souvent les deux en même temps. Erwann y jouait un Irlandais (il y en avait d'autres: la prohibition du whisky dérangeait leurs habitudes) utilisé comme pilote et tireur par la mafia de Chicago, qui ne recrutait pas que des "américano-italiens". Il allait y jouer quantité de scènes d'action rendant bien à l'écran comme roulant de côté "comme emballé dans un tapis mais sans le tapis" au sol tout en tirant à la mitraillette, passer à travers des verrières, passer en vol du toit d'une voiture à celui d'un camion de whisky "banalisé", etc. Il préférait ce rôle à celui de Gamma, d'ailleurs VTP semblait avoir compris qu'ils auraient dû se passer de lui dans Gamma (quitte à lui en confier une partie de la robotique "attéenne") s'ils ne lui donnaient pas "Chargeur Camembert". L'accord prévoyait qu'il ne devait jamais révéler que c'était lui qui l'avait demandé, car chez VTP, ce n'était pas l'usage.

. Erwann avait étudié avant mi-juillet en détail son rôle dans Disgénisme, dont le tournage était reporté de quatre mois et le scénario allongé pour en faire un film indépendant, situé dans les années 70-80, où l'eugénisme nazi avait connu une expansion spectaculaire grâce à la maîtrise de l'ADN et du clônage (par bouturage embryonnaire dans un premier temps). Nils, personnage joué par Erwann, traquerait les disgénistes: ceux qui commercialisaient des embryons non certifiés, et ceux qui feraient d'exercice illégale de la médecine, c'est à dire de l'insémination naturelle: toute fécondation était réservé aux établissements médicaux agréés. Cela pourrait être vu comme l'autre versant de "Gataca": par ceux qui traquent les disgénistes, et non du point de vue des "pollueurs de races et fabriquants de malheureux à vie". On entrait dans de la SF plus classique (quoique située dans un passé fictif) qui était une suite logique de la victoire nazie en Europe. L'Europe nazie avait d'ailleurs accru son avantage par rapport aux peuples disgénistes car elle subissait beaucoup moins de frais médicaux et de handicaps (hors accidents et maladies contagieuses, mais même pour celles-ci il y avait un progrès par la sélection de lignées naturellement résistantes à certaines d'entre elles) ce qui rentabilisait largement la production des embryons par l'industrie pharmaceutique. Le recours aux vaches porteuses évitait aussi l'inconvénient de la grossesse aux jeunes Aryennes qui ainsi gardaient un corps jeune et élégant, tout en ayant leur lactation naturelle stimulée (au démarrage) par quelques hormones de façon à pouvoir nourrir au sein. Une sorte d'utopie vaguement écolo, avec une bonne part de farniente sauf pour ceux chargés de maintenir la qualité de vie (donc la qualité génétique) de ce monde optimisé.

. Yaganda était un film se déroulant en grande partie sur l'Amazone (et dans l'Amazonie) où un sous-marin allemand (au début de la guerre) classique (pas à queue, mais à deux hélices, car cette histoire ne faisait pas partie de Gamma, ce qui allait d'ailleurs poser des problèmes avec tout ce qui traînait dans les eaux saumâtres près des rives de ce fleuve) était envoyé avec des chercheurs pour collecter des échantillons de plantes, de poisons et aussi faire de l'éthnologie. Erwann y jouait Franz Gumpert, zoologue et chasseur, en particulier à l'arbalète (plusieurs modèles, dont un à trois coups (trois arcs superposés sur trois arbriers) pour pouvoir tirer une rafale sur un oiseau s'envolant) avec lunette de visée, arme choisie pour pouvoir abattre un spécimen sans faire fuir ceux qui se seraient trouvés à portée d'oreilles d'un coup de fusil. Il avait aussi une carabine semi-automatique équipée d'un silencieux et toute une collection de lames allant du gros couteau à dessosser jusqu'aux instruments chirurgicaux pour étudier ses proies. Torbjörn (qui serait statistiquement le plus vu à l'écran) y jouait Werner, ingénieur et "second" du sous-marin (qui allait se retrouver commandant suite au décès de celui-ci par maladie) et qui après avoir été dubitatif sur l'intérêt de cette mission "et d'emporter ces hippopotames à bord qui risquent de se bloquer dans l'écoutille si on doit évacuer rapidement" (il faisait allusion aux deux autres savants, ventripotents, qui avaient défini la mission) allait s'intéresser à la botanique amazonienne d'abord quand il allait falloir trouver des végétaux pouvant fournir par pressage une huile remplaçant le gazole (épuisé), tandis que Franz s'attirerait le respect de certains indigènes par la chasse à l'arbalète (arme qu'ils n'avaient pas, mais pour laquelle ils auraient pu refabriquer des projectiles, contrairement aux armes à feu) améliorée par l'enduction de poisons locaux sur les "carreaux", permettant d'en tirer de plus fins plus loin, etc, tout en gardant l'avantage du silence et de la non dépendance d'un réapprovisionnement en cartouches. L'armement "moderne" devait être économisé, tout particulièrement les torpilles: pour pouvoir embarquer plus d'outillage (de petites machines-outils pour refabriquer ceci ou cela sur place, de l'équipement d'analyse de minerais et de matériaux biologiques, un gros poste de soudure alimenté par les générateurs des diesels, etc) ils n'en avaient que deux: "juste en cas de mauvaise rencontre sur l'Atlantique".

. Erwann n'était plus, depuis la mi-août, le seul Français à la fois émilianien et blond chez VTP (d'habitude, quand on avait déjà réussi à passer toutes les étapes d'émilianométrie, il ne restait aucun blond, pour raisons statistiques: juste quelques "châtain clair"): Alexandre Fresnel, vingt ans, 1m80, aux yeux bien verts lui aussi (pas juste "verts"), et de type "Attéen" (ou plutôt entre attéen et Jarkko), mais d'un blond plus jaune (comme William dans "Chargeur camembert"), plus "anglais" que "nordique", tout en n'ayant ni tache de son, ni la peau très pâle. "Blond canari", avait dit Flavia. Il était coiffé "Arvi 1", arrivant aux dents (ou rangé avec l'accessoire faisant penser à Arvi), et allait jouer dans des séries télévisées jusqu'à devenir (peut-être) apte à des rôles plus importants. VTP avait déjà plusieurs Emilianiens châtain clair (voire châtain doré comme Flavia), dès l'époque des premiers sitcoms, certains ayant entretemps accédé aux tournage de "vrais" films, dont Tanguy Hemery (1m85 en 2001, yeux bleu-vert, utilisé dans les premiers films de HF de 1998-1999, entre autres), qui avait lui aussi appris à piloter car il allait ensuite (fin octobre) jouer Mermoz (repris en infographie, pour ressembler au personnage -alors que directement, ce n'était pas le cas- que l'on ne verrait pas trop souvent, en fait: on verrait bien mieux les avions) dans un film reconstituant l'aventure de l'Aéropostale en stéréoscopie, d'où les répliques d'hydravions Latécoère en construction dans le chantier naval de VTP22. Dans beaucoup d'autres productions, des personnages comme Flavia ou Tanguy auraient certainement été mis en blond pour certains tournages. Ce ne fut jamais le cas chez VTP, qui avait dit qu'il n'y en aurait pas à l'image (à l'époque, l'infographie de VTP, bien plus modeste, ne savait pas encore le faire de façon indétectable à coût raisonnable) tant que l'on n'en trouverait pas de vrai(e) qui passe l'Emilianomètre. Il y en avait de temps en temps, dans les castings, mais toujours recalés par l'Emilianomètre ou via les tests comportementaux, etc, jusqu'à y tester Aymrald qui n'était pas là pour ça (puisque stagiaire chez BFR). La prospection en Europe du Nord n'avait été envisagée que plus tard, à cause du coût supposé trop élevé de tels acteurs (VTP supposait que les Allemands seraient déjà trop chers, alors que leur mentalité s'accordait bien avec la ponctualité et la discipline maison): la crise économique (et tout particulièrement la disparition du marché du téléphone portable payant) y avait ensuite remédié. C'était Roland Brevart, une des doubles de Tanguy Hemery, qui avait joué le rôle de l'ingénieur Lefèbvre (rarement photographié) dans "Traction", tout au début, où la génèse de la voiture était rapidement résumée. VTP l'employait au total dans beaucoup plus de rôles qu'Erwann (déjà 37 au cinéma, 495 dans des téléfilms et séries), car tout en étant visuellement intéressant il leur semblait plus "intégrable" visuellement qu'un "trop visiblement importé". Il était probable que s'il n'y avait pas eu la "vague nordique" (Erwann inclus) Tanguy aurait eu certains des rôles d'Erwann, même s'il n'était pas apte au multitournage: VTP pouvait lui confier des scènes difficiles physiquement, mais dans un seul tournage à la fois, car il devait s'y préparer et concentrer plus: ses autres personnages joués ailleurs en même temps devaient être plus "faciles", d'où sa présence dans beaucoup de productions "tout venant" de VTP.

. Parmi les fiches sérieuses disponibles sur lui:

§§Tanguy Armand Serge Hemery, né le 8 janvier 1974 à Rennes
sa première apparition à la télévision: une publicité pour un chewing-gum sans sucre, 1988. Jouera ensuite dans plusieurs autres spots publicitaires pour des produits BFR, avant d'être intégré par VTP en juin 1991 dans la série "Des belles et des bogues" sur le piratage informatique, et faire des rôles "consommables" dans d'autres séries de cette société de production. Sa carrière est interrompue en 1994 par le service militaire, suite auquel il sera utilisé dans des rôles plus actifs dans les premiers téléfilms policiers et d'aventure (sans les moyens techniques déployés par la suite par "Kerfilm", loin de là) de VTP ("Inspecteur Kergoulay", "Meutres au camping", "Catacombes express", etc), tout en continuant de participer aux sitcoms tournés au jour le jour. Comme déjà pour Emiliano et quelques autres, plusieurs sosies (plus ou moins ressemblant) de Tanguy ont entretemps été recrutés par VTP, qui aime avoir des doublures pour tourner des épisodes en "3x8", en mettant les remplaçant dans les scènes où le personnage sera vu de plus loin.
. Il joue aussi dans "Au vent du large", peu avant la première apparition dans cette série d'Erwann d'Ambert qui lui sera peu à peu préféré par VTP pour les grands rôles les plus actifs, sans en priver pour autant Tanguy qui reste une "valeur sûre" maison, l'ingénieur de BFRSF n'étant qu'épisodiquement disponible. Tanguy est donc aussi fort présent dans l'équipage russe de "Cap sur Mars": il y joue Nikita sur les trois saisons, ce qui le fait un petit peu connaître outre-Atlantique, puisque cette série y est exportée: c'est même le client américain qui a financé les saisons 2 et 3, VTP n'ayant pas initialement prévu d'en tourner trois.
. En 1998, il accède au cinéma dans les premières "HF" de Kerfilm: "la citadelle des goules" (Adalbert), "Les miroirs du temps" (Vlatz), "le temps des miroirs" (id), etc. Il n'est pas exporté pour jouer dans les productions VTPSF mais est disponible pour nombre de gros téléfilms tournés par VTP, dont "Le temple des crânes", "666", "Le radeau de la méduse", "D'Artagnan", "Massacre à la poinçonneuse", "Braconnage", "Midi à quatorze heures trente", "Sot l'y laisse", etc, ainsi que divers rôles dans la plupart des films de VTP (Kerfilm inclus) dont la parodie "Sarcelles 1997" tournée... en 2000 avec un rôle décalqué sur celui de Kurt Russell, mais en un peu trop "clean" d'aspect comme d'habitude chez VTP, compatibilité infographie oblique.

Doublures possibles chez VTP: Roland Brevart, Gwendal Even, Loïc Tallec.

Suivait la liste de ses rôles (445 au total, car dans certains tournages il en avait eu plusieurs) puis quelques citations (à l'époque où il était encore facilement prêté pour des interviews), dont:

(1996) vous avez refusé de participer au groupe "Bifidus"
- je ne suis pas le seul: ça prend énormément de temps et c'est moins varié que les tournages.

(1998, après la sortie du "Miroir des temps"): on dit qu'Erwann d'Ambert a eu le rôle qui vous était destiné bien qu'il fût plus petit et moins musclé...
- je ne crois pas que VTP ait trop d'acteurs utilisables pour ce genre de rôles: il y a largement de la place pour nous tous, au point d'en avoir aussi donné un à Emiliano qui pourtant ne faisait que du sitcom.

(juin 1999) on dit que vous êtes l'un des acteurs de VTP les mieux payés,
- c'est vrai, mais n'allez pas vous imaginer des montants à cinq chiffres par rôle: ceux qui rêvent de cela feraient mieux de jouer au football.

(décembre 1999) VTP ne vous a pas mis dans "Drakkars et dragons"
- c'est un film de VTPSF tourné en finnois: le seul Français qu'ils ont pris parle très bien cette langue à côté de laquelle le russe et le latin sembleraient faciles.
§§

. Erwann ne connaissait Tanguy Hemery (il y avait un autre Tanguy chez VTP: Tanguy Corvec, qui ressemblait à Romain Gouillouzic dont il était un "remplaçant") que de vue, et de rôles dans ce qu'ils avaient joués dans les mêmes films: Erwann n'était pas souvent en France, et quand il y était, son emploi du temps rempli de partout ne lui laissait guère l'occasion de s'intéresser au reste. Il lut donc tout ce qu'il put trouver sur lui (sans oublier qu'il pouvait y avoir des erreurs, dans ces articles ou biographies) puis trouva un moment de disponibilité pour aller voir ce qu'il était en train de faire. Vérification faite, il apprit qu'il aurait un petit rôle dans Gamma: un aviateur anglais, dans la base où Sigmar volerait un Spitfire, et qui ensuite tenterait de le poursuivre avec un avion identique. On ne le verrait que brièvement et de nuit, mais ça ferait encore un film de plus à son compteur, puisqu'inscrit au générique.

. Erwann visita les décors et accessoires de "La croix du sud": il y avait une reconstitution fidèle de l'atelier de moteurs dans lequels Mermoz s'était usé les mains avant d'avoir accès aux meilleurs avions. Tanguy (que l'infographie décapiterait et reconstruirait avec asservissement la position de la tête et l'expression du vrai, en post-production, car il n'y avait pas d'acteur correspondant chez VTP) n'y manipulerait bien sûr pas de vraie potasse, mais toute l'ambiance avait été recréée au moyen de photos et témoignages d'époque. Tant qu'à faire un film avec des avions (Gamma) autant en faire deux. Il y aurait d'ailleurs un autre film de "guerre parallèle" mais Erwann n'avait aucune information dessus. Il n'aurait déjà pas dû en avoir sur "La croix du sud" mais c'était Tanguy qui lui avait montré l'équipement et les avions en construction. "Facteurs volants" n'était pas une fiction, contrairement à Gamma. Seul le détachement de l'hélice arrière droite de l'hydravion "Croix du Sud", trachant une partie de l'arrière du fuselage, d'où fléchissement de la queue provoquant l'accident, n'était pas issu de documents disponibles (et pour cause), mais une extrapolation du dernier message "coupons moteur arrière droit".
Erwann- la "Croix du sud": décor ou capable de voler?
Tanguy- cet avion volera, y compris le décollage et l'amerrissage par ses propres moyens: ce n'est pas difficile, avec les matériaux et les moteurs actuels. On le fera même voler à l'électricité, comme certains de ceux de "Gamma", puisque quelques minutes suffisent: construction simplifiée, aucune panne moteur, aucun entretien, et on y ajoute le bruit que l'on souhaite. Donc il volera, mais sans pouvoir traverser l'Atlantique Sud avec, si c'était le sens de ta question.
. L'avion donnait son nom au film, mais il y en aurait bien d'autres avant lui, dans cette reconstitution. VTP avait aussi en projet un film sur l'aviation de la guerre de 14-18, mais il ne serait pas tourné cette année.
T- alors, tu vas devenir maître du monde et général des avions?
E- ce n'était pas prévu d'origine, mais ça me semble un bon film. Il y aura encore plus d'avions que dans le tien.
T- je sais. "La croix du sud" ne dispose pas du même budget, c'est sûr, mais je ne suis pas sûr qu'ils l'auraient fait sans avoir déjà dû apprendre à construire des avions pour Gamma, qui aurait dû être tourné avant, donc l'un sert l'autre. Ce sont les journalistes qui s'imaginent que tu m'aurais "pris" des rôles: je sais très bien que c'est faux, car VTP les aurait donnés à Knut ou équivalent, si tu n'avais pas été disponible: à toi les rôles nordiques, à moi ceux qui n'en ont pas besoin, sauf bien sûr ceux de Vittorio. Mais lui non plus ne "prend" de rôle à personne: VTP ne faisait pas de péplums avant qu'il fût apte à y jouer, tout bêtement. "L'Odyssée" à été construite autour de Vittorio, tout en créant suffisamment d'autres rôles bien remplis pour que ça n'en ait pas l'air.
E- je croyais que jamais on ne dédiait d'avance un rôle à un acteur.
T- VTP, non, mais Tarsini peut-être, et sans lui, il n'y aurait pas eu les péplums, ni "Le crépuscule de Rome", et même pas "Les miroirs du temps" non plus, déjà: VTP n'avait pas l'informatique pour digérer une telle post-production.
E- ça, je sais. Tarsini a pratiquement créé "Kerfilm", VTP n'ayant servi que de châssis et de vivier d'acteurs.
T- crois-tu vraiment que "Le crépuscule de Rome" marchera à la hauteur des moyens délirants que VTP y a engloutis?
. Tanguy y avait joué un des Francs de l'ancienne tentative d'invasion, devenu gladiateur (rétiaire), en juillet, dans la première partie du tournage: sans sembler venir de la Baltique il faisait un Germain tout à fait crédible. Erwann ne connaissait pas cette partie du film, n'en ayant qu'une idée globale.
E- je ne me souviens pas si tu jouais dedans.
. Erwan avait vu Loïc Tallec et Gwendal Even parmi les autres "envahisseurs francs" (c'était une invasion germanique, et non viking, donc ils convenaient aussi), mais pas Tanguy, ni le quatrième "tanguyhemeryen": Roland Brevart.
T- pas dans ta partie: je suis tué avant.
E- en fait, tu arrives à être dans presque tous "mes" films, à part ceux de VTPSF. Je ne peux pas en dire autant.
T- qui va à la chasse...
E- c'est normal.
T- vas-tu réellement piloter le Horten 229?
E- oui, mais juste pour le faire décoller et voler un peu. Ensuite, c'est de l'infographie, comme tous les combats aériens.
T- je ne connaissais pas ce prototype... C'est du délire de penser qu'ils ont fait ça à cette époque!
E- on ne sait pas s'il aurait été facile à piloter, mais il aurait sûrement été invisible pour les radars de l'époque.
T- maintenant que VTP en a reconstruit un, on peut le savoir.
E- notre copie est beaucoup plus légère, et moins puissante donc moins rapide: en fait son comportement doit ressembler plus à celui des planeurs que les Horten avaient construit sur le même principe.

. Pour certains rôles, VTP avait soigneusement "rotoscopé" le jeu d'expressions et les attitudes (quand le scénario "brut" ne les imposait pas) de certains acteurs comme Val Kilmer pour les faire imiter (par Erwann ou un autre de leurs acteurs doués pour la mimétique non caricaturale) aussi fidèlement que possible. Erwann n'était pas un sosie de Val Kilmer [Kévin Gouzien, un des Emilianiens de sitcoms, châtain clair aux yeux verts, lui ressemblait bien plus] mais avait "quelque chose de lui" (de même qu'il pouvait avoir quelque chose de Jack Nicholson, tout en ne lui ressemblant pas du tout) donc l'imiter d'attitudes et d'expressions (car elles "fonctionnaient" aussi sur Erwann) pouvait être intéressant, selon les réalisateurs de VTP. Parfois on lui fit imiter (sans le lui dire) d'autres acteurs (dans le jeu de tel ou tel de leurs personnages), dont Jack Nicholson (mais en moins "appuyé", tout de même) et Christian Slater: ce dernier modèle avait plus souvent servi pour guider le jeu d'Atte, mais puisqu'Atte était mort, autant s'en resservir pour Erwann. Il ne les évoquait pas visuellement (à l'arrêt), mais jouait parfois des rôles qui pouvaient s'en inspirer. La robotique était programmée selon le même principe, et encore plus facilement, dès que le système d'animation physique du personnage était au point. De cette façon, il y avait au moins huit styles de jeux différents (y compris ce qui semblait involontaire, instinctif, mais était en fait appris et restitué sans caricature [pas une "imitation d'imitateur"] donc avec naturel) utilisés fréquemment chez Erwann, d'un rôle à l'autre, ce qui donnait l'impression qu'il était vraiment bon acteur: "ne ressert pas toujours le même plat à quelques épices près". Il était surtout un bon imitateur de ce que les infographistes et "mimétistes" de VTP avaient reconstitué avec talent avant le tournage du film. Comme on le filmait moins souvent (et moins longtemps, surtout) dans des scènes "théâtre filmé" que cela ne se faisait dans les films d'origine d'où étaient calquées les attitudes et mimiques des originaux, on ne s'en rendait pas compte directement, ça faisait partie des impressions non explicitement perçues donnant de la "profondeur" aux réalisations Kerfilm. Jarkko, lui, émulait fidèlement et visiblement (car n'ayant pas autant de scènes d'action) Brad Pitt, puisque c'était sa fonction chez VTP. Ce n'en était pas un clône, mais (outre sa blondeur finlandaise authentique) une légère variante lui donnant l'air d'avoir été optimisé par ordinateur, bien qu'il fût réel. Aux Etats-Unis (mais parfois aussi ailleurs) il y avait des comparaisons entre le vrai et le Finlandais, que VTP prêtait parfois à certains médias. Parmi les différences mentionnées: "Jarkko tourne autant de scènes par jour que VTP en veut, parfois dans un film et une série en même temps, ceci pour environ 500 fois moins cher que Brad Pitt, ce qui explique qu'on le voie dans plus de productions".
. Jarkko était utilisé dans des rôles au cours desquels la caméra s'attardait plus sur lui que dans ceux de Zhao, Erwann ou Vittorio. Au début, il avait été flatté de se voir confier l'émulation de quelqu'un d'aussi célèbre et adulé. Mais maintenant, tout en continuant à bien le faire, il craignait d'être enfermé à vie dans cette image, alors que les "vrais" acteurs de VTP en changeaient plus (pas que d'allure: de jeu, surtout). Atte Ruusuvaara avait probablement été pris au début (estimait Jarkko) pour sa ressemblance avec Erwann, mais VTP lui avait trouvé son propre usage, même si dans certains rôles il restait échangeable avec le Breton. Atte appréciant les rôles de Christian Slater, VTP l'avait souvent mis sur ce type de rails, mais dans des scénarii maison exécutés au rythme plus "latin" (certains disaient "coréen": pas tout à fait, quand même) de VTP. Lucien Venant aurait bien vu Christian Slater dans "Viande Urbaine", par exemple, avant de travailler pour VTP. Atte ne lui ressemblait pas mais pouvait assez naturellement l'émuler et même l'évoquer. Puisqu'il lui fallait un frère, lui associer Erwann était une solution évidente. Le "préjeu" numérisé pour Erwann dans ce film s'inspirait par moment de Jack Nicholson dans "Shining", mais en plus sobre, plus... finlandais. Jarkko ne savait pas s'il devait se contenter de bien faire ce pour quoi VTP l'avait recruté, ou tenter plus tard de s'en démarquer comme Vittorio avait su le faire après avoir tant si longtemps été "un autre Emiliano". Les progrès de l'infographie et de la robotique n'obligeait plus VTP à avoir plusieurs sosies du même pour faire du tournage 24h/24 dans certaines séries (les "faux" étaient utilisées pour les scènes vues de plus loin, ce dont l'infographie se chargeait maintenant, voire la robotique pour le "facile à jouer mais trop près pour l'infographie") donc Vittorio avait pu cesser d'imiter Emiliano. Toutefois Jarkko imitait (pas exactement: en "un peu mieux", selon VTP...) quelqu'un qui ne faisait pas partie de la maison, donc même s'il n'était pas nécessaire d'avoir des sosies de Jarkko à bord, il fallait au moins le premier, tant que VTP estimait que ça serait utile au succès des films de second rang (ceux dont le scénario et les moyens techniques n'avaient pas la puissance des productions "Kerfilm"), téléfilms et faire "guest star" dans des épisodes de séries.
. En plus d'être moins arrondi de traits, surtout vu de 3/4, Jarkko n'imiterait pas "partout" la star d'Hollywood, en particulier pas façon "Fight Club" et ne le mettrait pas non plus dans des scénarii dépendant trop de lui, car tout acteur devait rester remplaçable en cas de besoin, chez VTP, même si dans le cas d'Atte ça avait fortement chargé le planning de fin d'été d'Erwann, malgré le report de "0016: masse manquante". VTP aurait pu prendre un remplaçant moins ressemblant, pour les films qu'Atte n'avait pas commencé à tourner: par exemple Jarkko ou même Torbjörn dans "Chargeur Camembert" (donc pas nécessairement l'Attéen Knut, si Erwann n'avait pas "réquisitionné" ce rôle pour reprendre Gamma). Toutefois Jarkko était jugé moins apte à certaines scènes d'action que Knut, déjà moins "tout terrain" qu'Erwann. Il aurait fallu truquer plus, et comme VTP avait déjà trop de pain sur la planche à tout réorganiser, l'acteur le plus facile à mettre (malgré peu de temps pour s'y entraîner) dans certains de ces rôles restait Erwann.

. Erwann s'informa sur ce que devenait Kévin Gouzien, chez VTP, et découvrit qu'il avait des scènes prévues dans "Gamma", ainsi que dans d'autres films. Dans un des petits moments de disponibilités (il y en avait peu) il passa le voir, après s'être informé de son emploi du temps. Kévin était en brosse épaisse, un des styles "valkilmériens" effectivement (il existait un grand nombre de styles valkilmériens). Il lui demanda si on lui avait déjà fait imiter du Val Kilmer lui aussi.
Kévin- oui: on ne peut pas dire que VTP ait fait preuve de beaucoup d'imagination: j'ai eu droit à lui et à Kevin Bacon, comme modèles de jeu, pour certains rôles.
Erwann- dans le même rôle?
K- parfois. Il m'est aussi arrivé d'avoir à suivre les rails de Jeff Bridges ou de River Phoenix.
E- des rails qui s'arrêtent tôt, dans son cas.
K- du coup River Phoenix restera un mythe et un rêve pour ses fans. Pas comme certains autres qui n'étaient bien qu'avant de se mettre à boire et à se droguer.
E- ici ça ne risque pas: alcootests et contrôles salivaires tout le temps.
K- nous aussi, nous avons notre "for ever young": Atte, alors que toi et Knut, même si vous faites attention, vous ne serez plus tout à fait ça dans vingt ans.
E- bien sûr que si, puisque ce seront nos modèles virtuels qui joueront tout.
K- sûrement, puisqu'ils vont déjà s'en servir pour que tu fasses jouer les prolongations à Atte. Presque tout le match, en fait, vu qu'il l'a quitté au cours de la première mi-temps... C'était vraiment un mec sympa, surtout pour un Nordique. D'habitude, ils ont l'air d'attendre d'être décongelés au micro-onde. Comment n'ont-ils pas vu qu'il buvait?
E- ce n'est pas certain, ça, même si ça lui était arrivé avant. J'ai revu plusieurs fois les deux vidéo d'amateurs de l'accident: il ne tombe pas tout seul, ce sont d'autres qui tombent déjà et qui l'entraînent au moment où le car arrive. Quel est ton film de Val Kilmer préféré?
K- Kill me again était bien, "Le Saint" et "Heat" aussi.
E- "Le saint"... Peut mieux faire. Les deux autres, OK, mais quid de Willow?
K- trop de pecks partout. C'est marrant au début, mais après, on s'en lasse.
E- et pour Kevin Bacon?
K- "Flatliners: l'expérience interdite", et puis aussi l'homme invisible. Je ne suis pas vraiment fan, mais il joue souvent dans des trucs intéressants, y compris "meurtre à Alcatraz". Oui, je sais: "Val Kilmer avec le nez de Kevin Bacon", mais sinon je ne passais pas à l'Emilianomètre. D'ailleurs je crois qu'il se l'est fait un peu refaire, mine de rien, si on compare les films récents aux anciens. Val Kilmer, je veux dire.
E- je n'ai rien dit de tel et ce ne serait pas une critique. En plus il y a du Kevin Gouzien, aussi, dans la recette: pas juste ces deux-là.
K- du Tanguy Hemery, plutôt, puisque c'est lui qui sert de référence, un peu comme Emiliano. Quoique maintenant on va dire du Erwann d'Ambert, vu le nombre de rôles. Il paraît qu'avant VTP le cinéma français n'aimait pas les beaux gosses, ou les cantonnait dans des rôles satellites. Du coup ils se mettaient à boire ou à manger, par dépit ou par ennui, comme Luc Thuillier, ou préféraient faire footballeur.
E- ça, nous en avons aussi, en version émilianométrique.
K- quoique maintenant que tout le monde passe par cette machine, ça perd de sa valeur.
E- c'est le but: habituer les gens à moins de bogues, pour qu'ils n'y pensent plus sauf en voyant un film qui ne vient pas de chez nous: scénario mou, manque de moyens techniques, jeu "au théâtre ce soir", et personnages non émilianométriques.
K- plus personne ne tourne de trucs de ce genre.
E- si, mais comme les salles n'en veulent plus, vu que leur calendier est rempli par les nôtres, ça sort en téléfilms ou en vidéo. Il ne faut pas exagérer: on peut faire d'excellent films sans Emilianiens, mais les trois autres paramètres sont rhédibitoires.
K- je croyais que l'Emilianomètre avait été conçu pour vérifier que l'on ne soit pas enlaidis ni ridiculisés par la stéréoscopie.
E- c'est vrai, mais si ce n'était que ça, la machine accepterait plus de monde.
K- il y a aussi la compatibilité avec la virtualisation: plus il faut de carreaux de Bézier, plus ça consomme.
E- oui, mais il y a des modèles qui seraient stéréocompatibles et qui ne sont pas ruineux en carreaux de Bézier que le logiciel ne prend pas.
K- déjà, avec ces deux contraintes, on doit éliminer 98% des candidats français. Ca plus les tests de qualité de peau, de mémoire de jeu et de stabilité mentale, il ne doit pas rester grand monde. Alors si en plus on ajoute des critères qui plaisent personnellement à Tarsini ou je ne sais qui, pas étonnant qu'il faille faire des castings sur toute l'Europe pour trouver de quoi remplir les tournages.
E- le clônage résoudra bientôt ce problème.
K- sauf que d'ici qu'ils aient l'âge d'y jouer, VTP n'aura plus besoin d'acteurs humains, comme tu disais. Juste peut-être encore de gens pour les animer, mais dans ce cas ils pourront ressembler à n'importe quoi puisque personne ne les verra à l'écran. Alors à quoi bon? Au fait, Jarkko n'est pas celui qui ressemble le plus à Brad Pitt. Nous avions Thierry-Gwen.
. Thierry-Gwen Le Gal, sorte de Brad Pitt "passé au marbre", de profil: juste de quoi être vraiment accepté par la machine.
E- TG ressemble plus à ce qu'il est, à part ce qui plairait moins à notre logiciel. Jarkko est ce que l'original ou ses producteurs cherchent à vendre au public, et en plus il est finlandais: c'est de plus en plus à la mode, en ce moment.
K- jusqu'ici ils servaient surtout de pilotes de rallye, comme les Suédois pour le tennis.
E- les Suédois au tennis, ça date un peu...
K- par contre tu ne nous as pas ramené beaucoup de Finlandaises.
E- VTP avait déjà fait le plein de Suédoises et de Danoises à l'époque du casting de Småprat. Et même: pour les garçons, les Finlandais sont moins nombreux ici que les Scandinaves. C'est VTPSF qui a de quoi en remplir des drakkars.
K- à propos: jamais de Norvégienne, jamais de Norvégien. Pourquoi?
E- ce pays n'est pas dans l'Europe. Problèmes fiscaux, taxe de séjour, assurances...
K- c'est vrai: la Norvège fait toujours bande à part.
E- ils ont raison: quand on a du pétrole, pourquoi se mettre à plusieurs pour traiter des problèmes que l'on n'aurait jamais rencontrés tout seul?
K- donc pas de Suisses non plus.
E- à ma connaissance, nous n'en avons pas, mais je peux me tromper.
K- les Anglais aussi devraient quitter l'Europe: ils ont du pétrole.
E- c'est à moitié fait: les pays hors de l'euro ont moitié moins de députés que s'il y étaient.
K- la moitié, c'est trop. On devrait encore diviser par deux pour ceux qui n'appliquent pas le système métrique.
E- et la moitié de ce qui reste s'ils s'obstinent à rouler à gauche. Sauf que là, on ne serait pas prêt de rentabiliser le tunnel sous la Manche.

. Erwann avait surtout été "le nez dans le guidon", quand il participait à des films de VTP (que ce fût comme acteur, ingénieur ou les deux) donc n'avait qu'une connaissance floue de la plupart des autres acteurs et actrices de VTP: il n'en connaissait réellement qu'une dizaine, importations incluses. Ils explora un peu le trombinoscope (qui était aussi un "compétenscope", avec des coëfficients d'aptitudes de tel ou tel dans chaque domaine) à la recherche des "autres Romain Gouillouzic". En fait il connaissait surtout certains des "autres Emiliano", puisqu'il avait déjà travaillé avec Vittorio et préparé "Chargeur Camembert" avec Fabrizio. Parmi les autres modèles "plus ou moins dérivés d'Emiliano", cheveux noirs soyeux, yeux bleus, il y avait aussi (de plus en plus utilisé dans des rôles d'action) Vincent Houix (non rebaptisé "Vincenzo", parce qu'ayant commencé à jouer ici sous son propre prénom), qui évoquait à la fois (morphologie générale, visage inclus) Casper Van Dien et (dessin du regard, milieu du visage) et John Travolta, d'ailleurs en ce moment il était dans le style "Pulp Fiction". C'était surtout Travolta qui lui était indiqué en modèle virtuel de jeu (mais pas tout le temps), VTP estimant que celui de Casper Van Dien ne présentait pas d'intérêt: "les Finlandais savent faire ça sans qu'il y ait à le leur demander". Le "Latin infographique d'aspect calme" était une valeur sûre chez VTP, et pas si facile à trouver (la plupart avaient les cheveux brun-noir, et non vraiment noirs, tandis que ceux qui les avaient bien noirs étaient moins nombreux à répondre aux autres paramètres, Asiatiques exceptés) mais sélectionné en nombre à l'époque d'Emiliano puis peu à peu diversifié (ils ne ressemblaient pas tous à Emiliano, tout en devant être émilianométriques). Ceci diversifiait l'offre et effectivement, (ceci même avant qu'il n'ait des rôles plus actifs) il y avait des fans-clubs de Vincent Houix qui ne s'intéressait pas ou peu à Emiliano ni même autant à Vittorio, malgré l'aura que lui avait donnée les péplums (Vincent n'y avait pas joué).

. VTP avait perdu plusieurs de ses acteurs les plus sportifs parce que recrutés par des clubs de football ou même de rugby, depuis la professionnalisation. D'ailleurs c'était l'explication que Lucien Venant avait donné dans une interview du phénomène "pourquoi avant VTP y avait-il si peu de beaux gosses au cinéma?"
- parce qu'ils préfèrent faire footballeur, rugbymen, champion de ski ou tout ce qui peut rapporter beaucoup plus d'argent que le cinéma, surtout via les sponsors perso pour des publicités. Au moins, avec le rinnepallo, on est sûr de ne pas perdre Erwann: c'est statutairement bénévole!
. Lucien Venant avait remarqué (avant même de travailler chez VTP) que beaucoup de sportifs connus (pas tous, mais bien plus que "statistiquement probable") étaient télégéniques ou en tout cas "pas mal dans leur genre": pas uniquement de corps, mais aussi de traits, alors qu'en principe il n'y avait pas de raison technique à cela. Il avait supposé que c'était dû aux médias et aux sponsors: à performances voisines, les clubs prenaient les plus télégéniques. Donc les vraiment pas télégéniques devaient démontrer en action qu'ils étaient irremplaçables pour être pris. On trouvait bien plus de gens ayant l'air de pouvoir jouer dans un film dans les images de "Stade 2" que dans la plupart des films et téléfilms français non-VTP. Ca vallait aussi pour les sportives: natation, tennis, alors que les actrices françaises, à de rares exceptions près, manquait totalement de prestance à l'écran. Il l'avait dit et même écrit, il s'était fait incendier, il était allé chez VTP (là, il y en avait partout des "chats d'exposition"...) et avait fait quelques téléfilms puis le mémorable "Viande Urbaine", pour lequel il n'avait pas demandé ces acteurs-là (sans avoir quelque chose contre non plus) mais où VTP avait choisi sans lui demander son avis. Le sport "vampirisait" nombre de personnages bien construits et bien dessinés, au détriment du cinéma. VTP avait perdu nombre d'acteurs et d'actrices de ce fait, mais avait pu conserver les plus "chats d'appartement" préférant le confort d'un sitcom (même mal payé) à un entraînement sportif intensif. La restriction forte des rémunérations des sports collectifs et du sponsoring, depuis 1998, avait modéré ce phénomène, car la France n'était pas le seul pays d'Europe à avoir mis une fiscalité dissuasive sur les rémunérations "disproportionnées". Le rinnepallo, lui, interdisait statutairement toute rémunération (seuls les besoins pratiques: transport, hébergement, nourriture, équipement, pouvaient être sponsorisés) et même tout "pantoufflage" publicitaire à ces joueurs. Ce n'était pas totalement interdit, mais au delà d'un certain plafond (proche du Smic français), le supplément devait être reversé par le joueur à la fédération européenne de rinnepallo (qui, depuis peu, était basée au Danemark, comme signe de "bonne volonté" de la part des Finlandais vis à vis du reste de l'Europe). La plupart des joueurs avaient donc un métier en dehors du rinnepallo.

. Le succès croissant du rinnepallo venait en partie de là: c'était un des derniers (voire le dernier?) sport collectif médiatisé purement amateur (puisque même les prestations publicitaires éventuelles des joueurs étaient sévèrement élaguées), la pause de mi-temps était très courte (5 à 8 minutes, selon le type de match) et le jeu commençait à plaire visuellement à la fois au public et aux médias, avec son terrain de 120m de long: 40m de plat central, 40m de côte à chaque bout. Les retransmission stéréoscopiques par le Lioubioutchaï y contribuaient aussi. Les clubs de rinnepallo perdaient toutefois (souvent) leurs joueurs les plus massifs (ceux que l'on s'attendait à entrendre rétrograder comme des camions au moment d'attaquer la côte), attirés par les rémunérations et aussi l'envergure mondiale du rugby. Les joueurs "poids moyens" étaient parfois captés par le football ou même le handball, même si le réentraînement était plus différent que pour le rugby. Le rinnepallo était considéré comme un rugby "pour gamins", mais les aptitudes acquises par les joueurs intéressaient certains des recruteurs du rugby. Des universités américaines s'y étaient mises, suite à des blessures parfois irrémédiables (dos) survenues à leurs joueurs de football américain: ça n'arrivait pas au rinnepallo, où d'une part il n'y avait aucune protection (à part un petit protège-dents, comme au rugby, donc les joueurs étaient moins kamikazes) et ou d'autre part l'arbitrage électronique (obligatoire statutairement) couplé à la vidéo (au moins huit caméras donc deux à mouvements asservis) ne laissait rien passer: pas moyen d'endommager le genou d'un adversaire "comme sans faire exprès". En même temps, le rinnepallo permettait un jeu plus offensif que le "touch rugby" qui évoquait trop (pour certains) le "jouer à chat" des enfants. Les mots finlandais (faciles à prononcer dans la plupart des langues, quoique souvent sans respecter les longueurs de sons d'origine) étaient utilisés tels que, souvent sans chercher à savoir ce qu'ils signifiaient linguistiquement. Bien que le sport fût statutairement bénévole (même aux Etats-Unis, faute de quoi rien n'aurait été homologué par les autres pays), la présence d'un dé avait aussitôt intéressé les sites de paris par internet (ce système n'ayant pas été éradiqué par le Lioubioutchaï aux Etats-Unis) ou par le réseau Lioubioutchaï (utilisé aussi, surtout par les gens moins aisés ou moins patriotes) de même que Las Végas avait déjà un terrain et une équipe. De plus en plus de terrains et d'adeptes aussi en Argentine: il y avait quelque chose de latin dans le rythme et la fluidité de ce sport finlandais.

. Quand on cherchait des infos sur le rinnepallo, on apprenait que c'était un sport finlandais se pratiquant sur un terrain particulier (description des dimensions min/max et des pentes) avec un dé cubique à coins arrondis (description) et une instrumentation électronique obligatoire du terrain, du ballon et des joueurs, initiative dûe à Erwann d'Ambert (ou parfois Stéphane d'Ambert ou Dambert: les trois variantes étaient utilisées, selon les médias), qui était alors ingénieur chez BFRSF en Finlande (il l'était encore) et qui devint l'une des bases de la définition officielle finlandaise du rinnepallo. Suite à cela, ce sport de simple divertissement villageois local était devenu très sérieusement pratiqué y compris hors de Finlande, avec un statut interdisant toute rémunération des joueurs, même indirectement via des contrats publicitaires. Outre sa contribution à l'informatisation de l'arbitrage, Erwann était supposé être pour beaucoup dans la diffusion de ce jeu finlandais au delà de la Baltique et dans l'intérêt que les médias (et le public féminin) avaient commencé à y porter. La prestance de la plupart des joueurs de Juustomeijeri (souvent aussi acteurs de VTPSF) en faisait l'équipe la plus filmée, même quand il n'y jouait pas. Ceci confirmait la théorie de Lucien Venant sur la télégénie "dépassant la moyenne statistique" de bien des sportifs, bien que cette fois ce ne fût pas une question d'argent. Deuxième équipe la plus filmée: celle de VTP22, pour la même raison, même si VTP22 préférait penser que c'était la qualité de l'entraînement instrumentalisé et donc du jeu qui expliquait cet attrait. Toutefois, ça ne privait pas les réalisateurs d'acteurs: ceux qui étaient aussi joueurs de rinnepallo ne pouvaient espérer en vivre, en plus du fait que ce sport causait rarement des blessures, lesquelles étaient rarement sévères. Les qualités physiques requises étaient intermédiaires entre celles du football (il fallait un peu plus de puissance) et du rugby (il ne fallait pas être trop massif), tout en exigeant un sens de l'équilibre bien plus poussé en raison du manque d'adhérence (crampons interdits) et des pentes.

. Les deux équipes de rugby maison (en fait gérée par BFR et non VTP), le F15 et le Dynamo de Dinan, étaient dans des situations différentes sur ce plan: les filles avaient été choisies (et bien avant) pour l'efficacité pure, ce qui n'empêchait pas certaines d'être télégénique. L'équipe masculine recyclait nombre d'acteurs annexes (voire de candidats recalés par manque d'aptitude à apprendre les rôles) de VTP, d'une part, d'élèves-ingénieurs de Centrale Dinard (qui avait sa propre équipe, à statut amateur) et certains joueurs de rinnepallo "assez puissants" (voire trop massifs pour les terrains en pente) ayant réussi cette reconversion. Le Dynamo de Dinan avait jadis regretté de ne pouvoir emprunter Erwann comme "10 à guidage laser" mais les progrès remarquables (grâce aux techniques d'entraînement "de cosmonautes", en plus d'une vue de pilote de chasse et d'excellents réflexes) de "Johnny Deep" avaient pu faire oublier l'impossibilité d'emprunter le rinnepalliste finno-breton pour ce poste. "Johnny Deep" était-il le meilleur buteur français? Certes, Dinan ne l'utilisait pas en "longue portée", ce qui flattait ses statistiques (93%), mais nombre d'autres clubs s'en fussent contentés, et certains commençaient à s'inspirer du système d'entraînement scientifique de Dinan au moins pour ce poste très technique. Autant Dinan ne souscrivait pas à l'habitude "le 2 lance les touches", autant le club estimait qu'un 10 devait avoir un bon coup de pied (tout en ayant d'autres buteurs, plus spécialisés, dans l'équipe) même si pour certains autres paramètres du poste de demi-d'ouverture on pouvait trouver mieux... Dans d'autres clubs, mais pas à Dinan, donc la question ne se posait pas. Johnny Deep était peut-être le meilleur buteur (en attendant que la concurrence copiât efficacement les méthodes de tir, et trouvât quelqu'un ayant à la fois 14/10èmes à chaque oeil et une coordination aussi précise) mais il n'était pas (Dinan le savait aussi) le meilleur ouvreur du championnat. Il était juste le meilleur que Dinan eût à sa disposition. De plus, les médias l'aimaient beaucoup (et pas uniquement pour son pourcentage au pied), ce qui ne pouvait pas nuire à la notoriété naissante du club.

. Jarkko avait vu (entraînement demandé par VTP) tous les films avec Brad Pitt (même les moins connus), en revenant par fois dessus image par image. La construction du modèle infographique de jeu était le travail des spécialistes de VTP: Jarkko n'avait qu'à imiter le modèle virtuel et voir le logiciel signaler ce qui ne correspondait pas, entraînement typique des acteurs de VTP. Toutefois dans le cas de Jarkko c'était plus poussé côté "jeu statique" (Erwann c'était surtout de l'attitude et de la dynamique, même si on lui faisait aussi travailler fidèlement les expressions de tel ou tel rôle) car le public pourrait mieux l'examiner à l'écran. Pas autant qu'un acteur purement "sitcom" (ou presque: il avait tout de même joué dans quelques autres productions, et même des rôles annexes dans du Kerfilm) comme Emiliano, mais plus qu'un des acteurs-cascadeurs maison.
. Il s'était rendu compte que ces films américains "surfilmaient" leur star (pas tous, mais souvent) ce qui cassait un peu leur rythme. VTP ne passerait jamais autant de temps sur Jarkko (bien que plus que sur ses acteurs les plus "action"), d'où une impression plus dynamique. Il aurait mieux apprécié l'original s'il avait été filmé plus "naturellement" (de moins près et moins souvent de près) et concevait qu'effectivement, la façon dont VTP allait l'utiliser, lui, pourrait lui conférer un avantage (pas sur un film, mais sur plusieurs, en n'ayant "pas trop l'air d'avoir été choisi pour ça" alors qu'en fait, c'était bien le cas). Pour les marchés anglophones, Jarkko était doublé en anglais dans une imitation si fidèle (merci Adrien, plus un peu de retraitement infosonique pour optimiser les "formants") de la voix du "vrai" que si on ne regardait pas l'image (où la différence restait perceptible: Jarkko fait plus "VTPSF", et pour cause) il était difficile de faire la différence. En France, c'était une imitation du doublage le plus fréquemment utilisé pour l'Américain. Jarkko avait sa propre voix pour se redoubler en finnois, par contre, après avoir joué en français "comme tout le monde" chez VTP.
. Ceci motiva certains producteurs américains à faire réaliser des téléfilms (puis des films, par la suite) chez VTP, avec Jarkko Tarkkaniemi: à ce prix-là, il n'y avait pas à hésiter, d'autant plus que tout ce qui était trucages, décors grandioses et cascades revenait aussi beaucoup moins cher chez VTP. Ce n'était pas le cas en ce moment (le planning "maison" étant déjà très chargé), mais des créneaux avaient été réservés à cette fin.

. Jarkko avait lui aussi enregistré une publicité BFR, pour le Canardix: "Vous avez bien vu: je ne suis pas [zèbrures visuelles et friture sonore façon "ancien Canal+"] et ça, ce n'est pas du vrai canard laqué non plus. [mangeant un morceau, puis] Et pourtant, mmm!". VTP avait jugé que censurer le nom attirerait plus l'attention sur l'aspect "contrefaçon améliorée". La même pub (même texte) avait été enregistrée dans quinze tenues et décors différents, pour éviter un effet répétitif, voire incinter les fans de Jarkko (il y en avait déjà) à chercher à les voir toutes. Elle était repassée plus de fois (aux alentours d'émissions ou feuilletons appréciés des adolescentes) que celle d'Erwann pour le Saumonix qui restait une rareté non rediffusée par la suite, de sorte que la plupart des gens ne l'avaient jamais vue, ou seulement grâce à des fans ayant eu le doigt assez vif sur la télécommande pour l'enregistrer à l'époque.

. Erwann revint dans l'une des petites salles de détentes pour s'examiner, habillé en footballeur du PSG (pour le début d' "Alvéole 75") censé être d'origine danoise. Cette coupe "2001" lui semblait visuellement valable, mais il n'avait pas l'habitude d'être ainsi exposé aux courants d'air, surtout derrière. Serait-il assez couvert pour l'hiver finlandais qui allait vite arriver? Météorologiquement il eût mieux vallu jouer ces rôles au début de l'été, d'autant que la technique constistant à recouvrir du plus court par du plus long et plus fin n'améliorait l'esthétique qu'au détriment de l'isolation.
. Il s'était entraîné au simulateur pour avoir l'air crédible en tapant dans le ballon, tandis que l'infographie ferait ce qu'il faudrait pour donner à celui-ci la trajectoire exactement prévue par le scénario: inutile d'être aussi doué que Zidane. De plus, cette portion du rôle serait brève: ça ne servirait qu'à ouvrir le film. Il se réexamina dans le dièdre de miroirs et prit des poses de boxeur (en quittant le haut de la tenue de footballeur), sautillant en garde face à un adversaire imaginaire, parce que ce serait sur un ring que William apparaîtrait la première fois dans "Chargeur camembert" (scène qui serait effectivement tournée la première, de même que les scènes où il serait vu de plus près dans Gamma), même si il ne s'y ferait pas démolir (ce serait son adversaire qui irait dans les cordes puis au tapis. Tout en prenant quelques coups il gagnait sans en garder trace), séquence brève destinée à juste introduire cet Irlandais de Chicago, fils d'un distillateur clandestin. La scène étant brève et très mobile, le public ne penserait probablement pas tout de suite à lui (il y avait d'autres Attéens dans le stock de VTP) avant de le revoir plus tard dans d'autres scènes. Scène brève et mobile, mais très technique, d'autant plus que VTP avait prévu des "figures imposées" formant (un instant seulement) de sortes de tableaux composés de lignes de force grâce aux contrastes d'ombres et lumières sur les personnages (pour cette raison, il y aurait bien moins de projecteurs réellement allumés que l'on en aurait l'impression à l'image où qu'en réalité dans une salle de boxe, où la lumière, en principe, évitait de laisser des angles morts) reprenant aussi des constastes obliques dans le décor derrière eux, etc. Son assemblage sans faiblesse (chevilles et poignets robustes, cou bref et épais) donnait l'impression qu'il pouvait résister à bien des coups. Dans la vie réelle il était surtout adroit pour les éviter, entièrement ou au moins partiellement: de façon à ce que l'impact eût lieu là où il ferait le moins de dégâts. "Regard de tueur", spécifiait le storyboard. Ca, il savait faire, même sans y penser. Ou plutôt "chat surveillant une proie". C'était l'inverse qui lui demandait de "jouer": au début des rôles filmés "de moins loin" (on n'y avait tout simplement pas pensé à l'époque des "Miroirs du temps") VTP lui avait demandé de travailler un peu la mobilité du regard, en particulier de ne pas rester en "rayon de la mort" droit devant lui (il avait plus tendance à tourner la tête qu'à braquer les yeux, s'il n'y réfléchissait pas). Chez BFR et BFRSF l'utilisation des lunettes interactives dans lesquelles la direction du regard servait de souris l'avait fait progresser dans ce domaine, en utilisant aussi bien le droit que le gauche comme "pilote". Il n'avait pas vraiment d'oeil directeur (au sens de la visée pour certaines armes) en partie parce qu'ayant une très bonne vue (11/10èmes, même si on pouvait trouver encore mieux chez certains pilotes militaires), il ne lui était pas possible de miser sur le degré de flou pour estimer les distances (ce qui expliquait que les myopes réussissaient mieux le test du capuchon et du stylo (d'un seul oeil) sans lunettes qu'avec) d'où l'impératif d'utiliser toujours les deux yeux. Une base stéréscopique un peu inférieure à la moyenne (yeux plus rapprochés, critère apprécié chez les Emilianiens, à condition que ce je fût pas par strabisme convergeant) imposait aussi un travail de détail plus important au cerveau (mais la précision des images le permettait) et pouvait (hypothèse?) expliquer la visée plutôt en tournant la tête (comme les chats) qu'en bougeant les yeux, de façon à garder une distance égale des deux à la cible donc des images exactement de même taille. C'était en repensant à cela qu'il s'observait dans le dièdre de miroirs (si bien assemblé que l'on oubliait vite la ligne de jonction) puisque ce montage supprimait l'effet "miroir" (droite/gauche) et permettait de regarder ses propres yeux sans être face à face avec leur regard. Pour ce rôle et surtout cette scène, son air "instinctif" (sans en rajouter) était ce qui lui était demandé: "le Fabrizio, tu dois avoir l'air de le découper au laser, calmement, froidement et rapidement". En fait, comme on le lui avait parfois dit, ça pouvait aussi venir des dents: en anglais, on appellait la canine la "dent de l'oeil", et ce n'était peut-être pas du hasard. Bien sûr dans la scène de boxe on ne les verrait pas (protège-dents, déjà à l'époque) mais l'idée y serait, d'autant que l'on accentuerait aussi pour cette scène l'aspect tranchant des mèches replongeant devant son regard alors qu'au naturel, l'effet était plus confortable qu'agressif.

Il vit Flavia arriver, dans le miroir, et comme si elle avait lu dans ses pensées (en fait elle avait dû le voir au moment où il faisait un sourire "carnivore"):
F- mais oui, t'es beau jusqu'aux dents! Un vrai chat de calendrier. Au fait, je croyais que tu ne jouerais pas William, et que ce serait Knut.
E- je ne savais pas que c'était prévu pour Knut.
F- bien sûr, tout a changé depuis juillet. Au fait, Gamma?

. Erwann souhaitait utiliser le robot aussi souvent que possible, pour l'intérêt technique de la chose (et aussi parce qu'il avait l'impression de ressusciter Atte dans le vrai environnement de tournage, alors que la synthèse, par définition, n'apparaîtrait que sur les écrans), mais il admettait que la mise au point de telles scènes prenait généralement (pour celles qui étaient faciles à jouer par un acteur humain) plus de temps que le jeu direct, donc il n'y eût que 40% de robotisation réelle ("réelle" par opposition à un personnage partiellement ou totalement virtuel) sur le total de ses apparitions. Il allait étudier soigneusement le jeu d'expressions d'Atte (déjà connu de VTP pour ses remplacements en virtuel dans d'autres scènes d'autres films) pour rendre le robot aussi "naturel" que possible, capable de "deviner" quand les employer au lieu de tout devoir programmer explicitement: dans ce cas, on ne reprogrammerait ses mimiques que lorsque celles choisies automatiquement par les "euristiques réactives" implantées ne conviendraient pas, lors des essais. Erwann ne donna pas ces informations (sur le robot simulant Atte y compris dans ses "micro-réactions" involontaires) à Flavia car il ne voulait le lui montrer qu'une fois qu'il serait au point. Il y aurait en fait peu de scènes nécessitant de modifier infographiquement Erwann "filmé en vrai": là où l'on eût pu s'en rendre compte, on utiliserait plus souvent le robot ou l'entièrement virtuel.

E- les méthodes utilisées sont "secrets industriels".
F- [s'approchant et le touchant, lui carressant le torse, plus le prenant à plein bras et se blotissant contre lui] qu'il est devenu fort qu'il est devenu beau, celui-là... Vas-tu jouer ainsi?
E- quelques scènes. J'ai déjà joué en slip des scènes aquatiques...
F- il y en a eu peu, en tout. Je ne t'imagine pas dans un film de gladiateurs. Je ne veux pas dire que tu n'aurais pas la cylindrée pour puisque ce ne sont pas tous des haltérophiles, mais que c'est trop "regardez mes muscles" pour ton caractère, je pense.
E- je pourrais jouer un gladiateur à un moment dans un film, mais sans que ce soit l'usage principal du personnage.
F- sauf que je suis sûr que tu ne ferais jamais la coupe romaine, avec la frange à mi-front. Il paraît que Ben Hur, d'origine, c'était prévu avec Rock Hudson, mais il avait une belle banane, à l'époque, il ne voulait pas la couper alors il a refusé le rôle.
E- je ne pense pas que le cinéma y ait perdu.
F- on n'en sait rien: on n'a pas vu la version Rock Hudson.
E- effectivement. Par contre, on peut supposer qu'il aimait regarder des films de gladiateurs.
F- ce n'est pas un critère: ça plaît à tout le monde, quand c'est bien fait. Si c'est juste le prétexte à un concours de muscles huilés genre calendrier de rugbymen, c'est le public que tu dis, mais si c'est du Tarsini, on n'a pas le temps de se réfléchir à la question de l'huile.
E- ce calendrier, si tu en parles, je suppose que tu l'as, ou que tu as eu l'occasion de le consulter. C'est si "scènes de gladiateurs" que ça?
F- même pas! Ce serait plus marrant, avec les glaives, les spartiates et les jupettes. Je trouve que ça fait culturistes fatigués, parce qu'ils ne prennent même pas les poses à la Monsieur Univers.
E- sauna parisien?
F- tout de même pas. C'est "on m'a piqué mes vêtements pendant que je prenais ma douche, il ne me reste que le ballon comme feuille de vigne".
E- donc pas de quoi lancer une fatwa. As-tu déjà vu un monsieur tout nu?
F- à part Atte, non. Et puis lui, il était finlandais. Pour eux, ça ne signifie rien.
E- si, ça signifie "on m'a aussi volé mon ballon pendant que j'étais au sauna".
F- ce serait drôle, un calendrier du rinnepallo avec le ballon cubique... En tout cas, Vittorio, lui, ça lui va, le style péplum. On n'y aurait jamais pensé à l'époque où il imitait Emiliano. Moi, je n'ai jamais été coiffée court, mais j'ai déjà rêvé que j'étais dans une ville inconnue, avec des petites rues pavées en pentes et en zig-zag, une bonne odeur de boulangerie, que j'entrais chez un coiffeur et ça me faisait tout drôle que l'on me les coupe tout près tout court, en sentant des courants d'air tout autour, et tout ce qui tombait sur le tablier, mais j'aimais beaucoup la sensation de légèreté. Comme un fantasme.
E- celui d'être tondue à la Libération?
F- non: ni la boule nue ni le paillasson qui gratte. Doux, mais tout court, qui dépasse juste un peu des doigts quand on y passe la main.
E- si court même devant?
F- oui.
. Erwann songea à Elina: ce n'était pas aussi court que ce qu'évoquait Flavia, mais l'idée y était.
E- fais-le une fois: tu verras que ça ne te conviendra pas, en vrai, ce qui est différent de juste l'idée, donc ensuite tu n'y penseras plus.
F- VTP ne voudra jamais.
E- ça dépend des rôles. Comme tu disais, Vittorio n'avait jamais changé de style, dans les séries télévisées, avant de jouer dans "Digestion".
F- il y a sûrement des gens qui pensent que tu passes des heures devant ta glace, comme je t'ai vu tout à l'heure.
E- on m'a demandé de prendre un certain air pour un rôle, alors je vérifiais.
F- l'air déterminé à démolir son vis-à-vis? Tu sais très bien le faire, et même sans faire exprès. Ca doit être pour ça qu'ils ne te donnent jamais de rôles romantiques, alors que sinon, tu aurais le physique pour. Tu étais parfait en vampire, dans "les dents de la nuit".
E- les glaces me servent surtout à vérifier ma discipline abdominale. Là, et là, surtout.
F- [le pinçant] bonne discipline, en effet, mais tu as raison de faire attention, parce que les hommes aux cheveux clairs font plus de lard que les autres, statistiquement, surtout après la trentaine. Il n'y a qu'à voir les touristes allemands, sur les plages...
E- parce que conçus pour les pays froids?
F- probablement. Mais si on vit effectivement dans un pays froid, ça s'annule, je suppose.
E- les Lapons contredisent ta statistique: la plupart sont bien isolés pour l'hiver.
F- le voulais dire parmi les Européens. Cette option n'est pas proposée sur les Asiatiques, qu'ils soient conçus pour la banquise ou les tropiques. Ce qui est sûr, c'est qu'un Lapon que l'on prive de froid prend du poids, car il ne va pas changer facilement ses habitudes alimentaires.
E- si: parce qu'il ne trouvera plus de phoque sur la Côte d'Azur.
F- pour le rinnepallo, je suis tout de même sûre qu'il n'y aurait pas autant de spectatrices si tu n'y jouais pas. Même remplacé par un aussi compétent: c'est la seule occasion de voir Erwann d'Ambert en vrai. D'ailleurs c'est aussi grâce au rinnepallo que tes fans sauront que tu as changé de style, bien avant la sortie des films.
E- les fans de Finlande: ces matchs ne seront pas retransmis ici.
F- tu oublies les forums, dans le Lioubioutchaï: tes photos de match y seront, avec tout un tas de suppositions sur les prochains tournages. Les pararazzi n'entrent pas ici, mais ils ont sûrement vu voler certains des avions, dans le coin. Les Messerchmidt, les Spitfire, les Mosquito, ils connaissent, s'ils les ont montés en kits quand ils étaient petits.
E- que nous préparons un film sur cette époque se devine facilement, mais de là à deviner le scénario, ou qui y jouera quoi...
F- il sera toutefois probable que tu y sois, et probablement pour jouer un Allemand.
E- par forcément: j'aurais pu faire un résistant norvégien dans une réédition de l'histoire du sabotage de l'usine d'eau lourde.
F- il y a eu des résistants norvégiens? Je croyais qu'ils étaient collabos à mort, ceux-là!
E- beaucoup, mais pas tous: il ne faut pas exagérer.
F- dans ta filmographie, il y a aussi du "gros qui tache", mine de rien: "Kerminator", "Digestion"...
E- Digestion est un gros succès, en fait. L'horreur bien faite, ça plaît, même quand c'est absurde et énorme. Il y a des trucs qui ont l'air aussi absurdes mais qui font peur: j'ai déjà fait le cauchemar d'être enserré et dévoré par des nouilles, comme des vers qui succaient le sang et les chairs en rampant sous la peau.
F- comme la gale? Ca pourrait faire un film d'horreur, ça: "le retour des nouilles tueuses".
E- VTP le tournera, avec un autre titre, en 2002.
F- toi, tu vas jouer dans un gros nanar grouillant de nouilles carnivores?
E- ce n'est pas plus ridicule que "Digestion": le public adore ce genre de film, et moi aussi. Mon cauchemar leur a suggéré le scénario: il est normal que j'y sois.
F- "Erwann d'Ambert ne supporte pas la vue d'un plat de nouilles, il a peur qu'elles se jettent sur lui pour le digérer vivant": tes forums adoreraient ça!
E- je n'ai pas cette phobie en vrai, et je peux en manger, surtout si elles sont au blé complet. C'était uniquement dans le cauchemar.
F- quel genre de nouilles?
E- des spaghetti, qui grouillent, en étirant des fils de fromage fondu entre eux comme du fil de toile d'araignée.
. Il essaya de mimer de façon menaçante avec les doigts des deux mains.
F- ah... C'est sûr que ça fait plus peur que des coquillettes. Si vous faites le film avec des coquillettes, il sera ridicule. Avec des fusilini qui se vissent dans les narines ou des spaghetti étrangleurs, ça pourrait marcher.
E- tu pourras jouer dedans, si tu apprends un des rôles: il faut des victimes, et les cris de filles marchent beaucoup mieux que ceux des garçons, dans les films d'horreur.
F- s'il faut garder la pose pendant qu'ils déplacent un peu les nouilles image par image...
E- les nouilles seront ajoutées en post-production, sinon ça coûterait des centaines de fois plus cher et ça ne permettrait pas tous les mouvements.
F- n'as-tu jamais fait un rêve dans lequel tu étais une fille?
E- non, mais j'ai déjà rêvé que j'étais un chat, que montais très haut dans les arbres, que je passais d'un toit à l'autre, et aussi que j'étais un requin.
F- c'est original, ça.
E- j'arrivais à toute vitesse sous la surface de l'eau d'une plage et en m'inclinant de côté, je croquais des jambes. Un rêve formidale: j'aurais aimé le faire plus d'une fois.
. Il l'avait fait à onze ans, le 18 juillet.
F- quel goût avaient les jambes?
E- viande de boeuf crue saignante, avec l'os qui croustillait comme un biscuit sous mes triples rangées de dents. On dit que la viande humaine n'a pas ce goût, mais les rêves ne sont pas toujours réalistes.
F- mais n'avais-tu pas la sensation d'avoir des bras et des jambes, quand même?
E- non: des nageoires, et une queue. Une queue qui allait de droite à gauche, et non de haut en bas comme celle d'un dauphin, donc j'étais bien un requin. De plus, c'était bien avant que je ne pratique la monopalme.
F- j'ai déjà rêvé qu'être poursuivi par un requin, et beaucoup de gens doivent avoir fait ce genre de rêve, mais rêver d'être le requin...
E- c'est bien plus amusant. Une sensation de puissance et de liberté, face à ces humains si faciles à croquer.
F- si tu ne finis pas dans un potage chinois, ça doit être un rêve agréable.
E- je suis souvent un animal, dans un rêve. Le plus souvent, c'est le chat, mais parfois j'ai été un faucon, qui zoome du haut du ciel sur les lapins qui courent dans l'herbe, et plonge avec un bruit de bombardier en piqué. Oui, je sais, mais c'est dans un rêve.
F- j'espère qu'il y aura des "Oktoberfest", dans Gamma.
E- forcément: c'est une figure imposée, comme les officiers qui font la cavalcade de pièce en pièce en chevauchant des chaises. Tu peux faire une danseuse en sabots, si tu veux.
F- je me vois plutôt en serveuse, avec d'énormes chopes de bière à chaque doigt, circulant entre des tables pleines de Bavarois à bretelles.
E- ça demande de l'entraînement, mais tu peux t'inscrire. En fait nous utiliserons des chopes en plastique à double paroi qui contiennent bien moins qu'elles n'en ont l'air: cela n'exige pas des mains d'étrangleuse.

. Une pellicule de revêtement extérieur transparent très brillant et irisé déposé sous vide permettait de simuler l'effet "cristal taillé" sur du plastique.

. Il retrouva Hillevi pour être pris dans les bras et carressé assez possessivement. Il fut même pétri, ce qui le mit dans une somnolence confortable. Hillevi, avec son air de famille avec lui (mais en fille, et aux yeux bleus) et ses longs cheveux d'un blond métallique était plus grande (plus froide d'aspect, aussi) et avait bien plus de force que Flavia. Erwann n'aurait pas souhaité être une fille, mais si un tel sort lui avait été jeté, être Hillevi lui aurait posé moins de problème (supposait-il) car ils avaient des points communs, et pas uniquement cet air de famille. Hillevi avait voulu jouer dans le F15 de Dinan (elle s'était beaucoup entraînée, et avait le gabarit pour) mais VTP ne l'y avait pas autorisée. Elle jouait au rinnepallo féminin (il existait aussi une version mixte, en Finlande, mais rarement exportée pour le moment) où elle était la 8 (troisième ligne centre), rôle exigeant sans-froid, puissance et bonne perception mentale de l'ensemble du jeu. Il était fréquent que le 8 (mais parfois le 10) fût capitaine, au rinnepallo, d'ailleurs en cela ce n'était guère différent du rugby. Hillevi le réveilla: il s'était endormi contre elle. Il avait déjà pensé qu'elle pouvait être une de ses soeurs via Eetu, mais après tout, il ressemblait plus à Atte qu'à Mika bien que n'ayant d'aïeul commun qu'avec le second, donc la ressemblance avec Hillevi pouvait n'être elle aussi qu'une conséquence du système de tri de personnages de VTP.

. Parmi les nombreuses différences de règles entre le rinnepallo et le rubgy, la touche: au rinnepallo, il n'y avait pas d'alignement ni d'obligation de lancer droit. Il était juste interdit de lancer en avant (détecté électroniquement), sinon la touche était inversée (l'autre équipe lançait) et aucun joueur ne devait se trouver à moins de cinq mètres du lanceur avant que le ballon n'ait quitté ses mains (vérifié idem). C'était donc plus proche d'une touche de football que de rugby, donc joué plus vite, et l'équipe la jouant ne la perdait presque jamais (le lanceur pouvant viser librement le coéquipier de son choix, pourvu qu'il ne fût pas en avant de la ligne transversale passant par le lanceur). Il n'était pas permis de se faire hisser par ses coëquipier, et cette manoeuvre eût présenté bien moins d'intérêt au cours d'une touche de rinnepallo que de rubgy. Le rinnepallo ne formait donc pas de lanceurs, sauteurs ni porteurs compatibles avec le rugby, donc ni le F15 ni le Dynamo de Dinan ne pouvaient en trouver de "tout prêts" dans les équipes de rinnepallo. Les lancers de rugby étaient répétés grâce aux capteurs dans le ballon et au dispositif de localisation de celui-ci par le terrain, ou entre deux portiques démontables pour travailler hors terrain. Ainsi le lanceur pouvait s'entraîner sans être aidé dans sa visée par la présence d'une cible visible à la bonne hauteur, contrairement à ce qui se faisait souvent (panier de basquet sans fronton, par exemple) et connaître précisément le temps de vol de son ballon jusqu'à objectif, pour rôder (ensemble ou même séparément: une machine reproduisait alors les divers lancers habituels de ce joueur) les sauteurs et leurs porteurs. Les lancers en touche de rinnepallo ne demandaient pas tant d'entraînement, à part savoir donner l'impression que l'on allait lancer ici tout en lançant en fait ailleurs. Un système analogue permettait aux buteurs de s'entraîner même chez eux, sur le principe des simulateurs de golf: des capteurs placés autour du "pas de tir" détectaient la trajectoire et les rotations propres du ballon cubique, avant qu'il ne fût capturé par le filet (proche) tout en simulant ensuite sa trajectoire (avec un vent éventuel) dans l'écran mural ou dans les lunettes virtuelles du buteur. Il était ainsi possible de s'entraîner à buter chez soi à tout moment libre, en plus des entraînements classiques (mais instrumentés eux aussi) sur le terrain. Ceci contribuait à la compétence moyenne élevée des joueurs de Dinan (y compris non-buteurs "désignés") dans le jeu au pied, en particulier l'art difficile du drop (sauf que pour étudier un drop dans des conditions réelles, il fallait avoir la place de courir un peu avant de le tirer). C'était le même dispositif qu'au rinnepallo: seul le ballon et les chaussures changeaient.
. Autre différence: un joueur de rinnepallo pouvait rouler au sol avec le ballon et se relever. C'était s'il ne se relevait pas dans la foulée qu'il devait libérer le ballon (manque de mobilité et durée de rétention détectés informatiquement). Cette règle visait à fluidifier le match, vu le nombre élevé de chutes au rinnepallo. Plonger, rouler et se relever pour continuer avec le ballon était un des moyens de changer de direction quand l'adhérence manquait. Il était aussi permis de faire une passe avant de s'être relevé. Il n'était pas permis de plonger sur un joueur au sol (pas de "rucks" consitués ainsi (ils pouvaient l'être lors de la chute d'un groupe ou maul, par contre) ni de "caramels"), mais on pouvait le plaquer quand il se relevait (dès qu'il était au moins sur un genou), s'il avait encore le ballon, et avant cela un adversaire pouvait déjà tenter de se saisir du ballon mais les appuis sur le joueur étaient strictement codifiés (d'une seule main, et pas n'importe où). Tout ceci (ainsi que le hors-jeu "façon foot" et l'en-avant sanctionné seulement au delà de cinq mètres) rendait le rinnepallo plus fluide et rapide que le rugby, malgré le manque d'adhérence et l'équilibre souvent précaire des joueurs pendant leurs changements soudains de direction, surtout en descente. Pour ces diverses raisons, Aymrald trouvait le rinnepallo plus amusant que le rugby, et plus "cascadeur" grâce à la possibilité de garder le ballon pendant et après un plongeon roulé. Toutefois, travailler sur les nouveaux systèmes d'optimisation de jeu et expérimenter des plaquages inédits (avec divers effets de leviers de tout le corps, et le repérage très précis des appuis de la cible à l'instant où il allait pouvoir s'en saisir) satisfaisait aussi son goût de l'action de précision... et du spectaculaire dans l'action. Il fallait modifier les attaques "rinnepallistes" pour les adapter au rubgy, mais certains principes comme le repérage précis du cycle d'appuis et des transferts d'énergie cinétique possibles restaient valables. Déjà réputé pour la précision de ses tirs aux pieds et de ses touches, ainsi que la puissance de sa première ligne allemande, le Dynamo de Dinan progressait aussi à grand pas dans l'art du plaquage "par habileté", par opposition au placage en force qui n'était pas à la portée de tous les joueurs, et moins encore contre n'importe lequel. Même le 9 pouvait plaquer un pilier, en repérant aussi précisément le cycle d'appuis de l'intercepté, qui, lui, devait veiller à le modifier à temps pour faire échouer une telle attaque par un "léger". De cette façon le Dynamo de Dinan n'avait pas besoin d'accrocher deux ou trois molosses à un sanglier en pleine charge pour tenter de l'arrêter avant l'embut: un 3/4 ou le 15 pouvaient y parvenir seuls, en visant avec une telle synchronisation sur le porteur du ballon. En travaillant "au laser" ces plaquages "économiques", les intercepteurs étaient ainsi plus disponibles sur le terrain, surtout si l'attaque changeait soudain de côté grâce à une longue passe réussie. Restait aussi à optimiser le language des signes pour se mettre d'accord "en vol" sur qui s'occupait de qui, à tel ou tel instant sur le terrain, de même qu'il fallait de tels codes pour indiquer aux sauteurs (pour les touches) quel type de trajectoire le lanceur (souvent le 7, au Dynamo de Dinan) allait donner au ballon, sans en avertir le "contre", quand cela n'avait pas été convenu oralement au moment de former l'alignement. Au rinnepallo, c'était plus simple: le lanceur n'avait qu'à faire savoir discrètement vers qui il lancerait (ou se conformer à un plan établi d'avance), un peu comme au football. Il y aurait quelques matchs de rinnepallo pendant les tournages, et au cours de ces matchs Aymrald jouerait avec l'équipe de VTP22: les joueurs n'appartenaient pas au club, au rinnepallo: c'était juste une question d'habitude d'équipes et de proximité géographique. Les échanges étaient assez fréquents, en particulier pendant des vacances. Aymrald apprit qu'il travaillerait aussi sur le comportement d'un robot à l'image de Torbjörn, où la "rotoscopie" de ses mouvements au rinnepallo puis au rugby serait utile. En fait, le pré-recrutement de Torbjörn par le Dynamo de Dinan n'était plus qu'un secret de Polychinelle, le seul véto restant la non-participation aux matchs jusqu'à la fin de ses tournages en cours, ou peut-être jusqu'à ce qu'il eût tourné les scènes les moins robotisables et les moins virtualisables, suite à quoi la casse éventuelle de cet acteur ne compromettrait plus le calendrier de tournage. Torbjörn Hultgren aurait encore d'autres tournages ensuite, mais d'ici là, des substitutions pour blessures deviendraient possibles: après tout, VTP était déjà en train de remplacer un mort (Atte) par un autre joueur (euh: acteur) dans un de ses films à gros enjeu technique et financier. Après avoir tourné la scène de la boxe (entièrement) et deux de Gamma: VTP commençait par celles l'utilisant le plus "en vrai". Les autres tournages serviraient surtout à rentabiliser ses temps morts, en dehors de ses temps de repos prévus entre scènes d'action. Pendant un de ces temps de détente, il se rendit à la piscine.

. Le "campus cinématographique" VTP22 disposait pour ses acteurs d'une piscine comportant un bassin de "seulement" 50m utilisant le même système sans chlore, bien plus doux pour la peau, chauffé à 23°C: il n'était pas nécessaire de nager de façon "olympique" pour s'y réchauffer, mais ça suffisait toutefois à refroidir les simples barbotteurs au bout d'un certain temps. Il y avait deux autres piscines plus chaudes (28,5°C) pour les techniciens, informaticiens, réalisateurs et administratifs que l'on estimait peut-être moins sportifs et ayant moins besoin de brûler de la graisse ventrale que les acteurs, du moins ceux qui en avaient. VTP pesait et surtout palpait ses personnages au niveau de la peau des flancs (avec un pied à coulisse à mâchoires plates à bords doux avec serrage électrique pour exercer toujours la même pression d'une mesure à l'autre) pour surveiller l'évolution de ceux qui devaient rester présentables à la plage ou au bord de la piscine.

. En chemin, via une galerie couverte (la météo du 22 étant ce qu'elle était) Erwann rencontra Zhao, et Romain, avec son air simple et gentil d'Emilianien pour série télévisée de milieu d'après-midi. Cette diversité de personnages lui semblait plus sympathique qu'un rassemblement monoéthnique de Nordiques pseudo-nazis comme il en vit un peu plus loin au bord de la piscine: des emprunts à VTPSF, pour la plupart, souvent ex-Commando 22 ou ex-Lobosibirsk, restylés pour jouer divers jeunes et beaux Aryens dont quelques SS. Il y avait même quelques Bretons et Normands blonds ou châtain clair venus pour de petits rôles et plus probablement assouvir un fantasme personnel (ou une "private joke"): porter un uniforme à croix gammée, marcher au pas de l'oie, claquer les talons et brandir le bras dans une superproduction Kerfilm. Si quelques-uns se plantaient, on changerait cette partie de l'image (ils ne servaient pas en plans proches) en post-production, sans avoir à refaire la prise, mais cela ne leur était pas dit, pour les inciter à bien s'entraîner. VTP n'avait pas besoin de personnages d'une perfection émilianométrique pour ces rôles: juste des "pas ridicules en stéréoscopie", et "suffisamment clairs" (sans exiger du blond nordique, l'Allemagne n'étant pas la Finlande), grosses joues et bedaines acceptées voire recherchées: il s'agissait de jouer des Allemands de grande série et pas uniquement des étalons pour Lebensborn.

. Il fit des longueurs de bassin, avec moins d'efficacité qu'en monopalme (d'autant que c'étaient les palmes courtes vertes translucides à bords arrondis, aux pieds, et non les grandes de plongées parce qu'elles auraient pu inquiéter les autres baigneurs) mais bien plus que pieds et mains nus: sans ces nageoires, il avait l'impression d'être un cycliste dont le câble de changement de plateau aurait cassé, la chaîne restant sur le plus petit, tant il était habitué à déplacer plus d'eau par des mouvements moins rapides. Les palmes avaient un autre avantage: une fois sorti du pédiluve il n'aimait pas marcher pieds nus sur un sol dur mouillé, contrairement au sable qui donnait une sensation agréable. Mentalement, il prévisualisait ce qu'il aurait à faire dans "Serranix": sa mémoire répondait toujours au quart de tour pour le cinéma. Serait-ce elle qui lâcherait en premier, ou l'aptitude à effectuer les escalades, combats et autres cascades? Demain, en fait, ce serait moins difficile, car ce ne serait pas filmé, ce qui changeait tout. Restait à voir s'il passerait inaperçu.

. L'une des caractéristiques du blond "nordique" était qu'il restait bien clair et métallique même trempé, alors que les autres nuances s'assombrissaient nettement. En ce moment, en voyait inhabituellement beaucoup dans cette piscine, en raison des emprunts massifs à VTPSF pour ce tournage. D'habitude il n'y avait que les quelques Suédois(es) ou Danois(es) de VTP. Après cela, il jouerait dans Serranix une scène où il serait trempé, d'où la possibilité d'aller à la piscine juste avant. Pas de perte de temps, chez VTP. Une fois sorti à peine épongé, il revint s'observer, en pied et en caleçon de bain dans la même glace, les muscles plus remplis de l'effort ample et régulier qu'il venait de faire, cheveux humides plaqués en arrière, découvrant et faisant contraste de matière avec ce qui était taillé plus court, mais même ainsi il ne faisait pas "art nazi" (Atte non plus): ça aurait un peu mieux marché avec Jarkko, et plus encore avec certains "peu connus" empruntés à VTPSF pour Gamma. Il fut vite rejoint par Vittorio qui le palpa (ce qu'il ne faisait pas d'habitude):
V- c'est efficace, en fait, la natation en monopalme, on dirait.
E- j'aurais pensé que tu préférais les Karéens.
. Le rôle l'amusait légèrement: il n'était pas prévu pour jouer dans "le Crépuscule de Gomohrre", contrairement à Vittorio, mais ça n'interdisait pas de l'aider à travailler une scène, pourrait-il dire si on les observait dans la vidéo interne.
V- oui, mais sans les vêtements et sans les cheveux, je me rends compte que tu es plus solide que je ne le pensais.
. Erwann imagina ôter le polo de Vittorio et le prendre à pleins bras pour lui faire un "câlin de hareng", puisqu'encore tout froid de la natation, et en profiter pour lui vampiriser sa chaleur. Toutefois ce n'eût pas été une attitude "finnobretonne" donc il se contenta de ne rien faire. Vittorio pouvait l'examiner et le palper comme s'il s'était agit d'un Erwann artificiel.

. Serranix, plateau 118: la pluie fortement inclinée par le vent était plutôt froide (sans être glacée) de façon à susciter des réactions instinctives d'évitement, de hâte et de repli sur soi des acteurs, et non l'acceptation confortable d'une bonne douche. Erwann allait maintenant enchaîner plusieurs scènes de "trempé" dans ce film et dans les autres, pour gagner du temps, de même que les autres acteurs soumis au même traitement (mais pas chacun dans les mêmes autres films: il était celui qui en tournait le plus en même temps). Raison pour laquelle il pouvait aller à la piscine avant sans se préoccuper de se sècher. Serranix était une planète où il ne pleuvait pas tout le temps (par contre il y avait presque tout le temps du vent), mais où quand il pleuvait, c'était pire qu'en Angleterre. Le spectateur devait presque sentir les flaques profondes tremper ses chaussettes en submergeant le bord de ses bottes, même s'il n'en portait pas et si la salle n'était pas équipée ainsi. Ses deux premières semaines de tournages seraient les plus denses (il y ferait presque tout ce qu'il aurait à faire "en vrai acteur" dans Gamma et Chargeur Camembert) suite à quoi il y aurait plus de robotique, de participation aux trucage et aussi de temps de contribution technique comme ingénieur auprès du Dynamo de Dinan.
. Après dix-neuf scènes (réparties sur quatre films, ce jour-là) tournées trempé, il put enfin se sècher tranquillement (pause prévue) et retourner jouer confortablement sec dans Gamma (entre autres) où il eut surtout à monter dans des avions, en descendre, feindre de les piloter et aussi travailler en atelier en donnant des indications sur les plans (puis en vrai ça et là dans les prototypes) aux techniciens et ouvriers: du métier d'ingénieur d'études et production aéronautique comme il n'aurait probablement jamais l'occasion d'en faire pour de vrai. Ces parties du film lui plaisaient beaucoup, parce que tout ce qui était près de lui était vrai, ou au moins matériel (sans être apte à fonctionner, la plupart du temps). L'infographie continuait les hangars, y ajoutant d'autres avions (entiers ou en cours d'assemblage) et même des personnages en action en arrière-plan. Il avait vu tout ceci dans les lunettes à imersion (juste moins bien "rendus" que pour le film: façon jeu vidéo) pendant qu'il apprenait ces scènes. Il avait obtenu que la partie "ingénieur" fut conservée, la "compression de présence" portant surtout sur le personnage politique: il suffisait qu'il y eût de quoi comprendre le scénario, sans avoir à y passer plus de temps. Les gens viendraient surtout voir Gamma pour voir des avions d'époque et des prototypes inconnus (dont bon nombre étaient réels mais peu connus du grand public): en construction, en essai, au combat. On était dans du Kerfilm, donc du film d'action: l'ingénieur et le pilote-espion avaient priorité à l'image sur le nouveau dictateur qu'il devenait, sans toutefois trop éluder la partie "politique et stratégie". Il y aurait un grand nombre de personnages engagés en pleine action, et des avions à gogo, de toutes les nations participant au conflit.

. Cette première journée fut longue et bien remplie, de sorte qu'en rentrant à la maison il ne tarda pas à aller se coucher: demain, l'équipe commençait tôt, et lui aussi. Il s'agissait de pendre un peu d'avance sur le planning, sauf incident, pour pouvoir gérer plus de choses en moins d'heures de travail "compactées" ensuite. Trop de tournages simultanés, malgré le report de quelques-uns. Plus de personnages à gérer par VTP dans Gamma que dans les autres films, de même qu'il y en avait eu beaucoup dans "Le crépuscule de Rome".

. Les réformes scolaires, avec une taxe sur la publicité portée (dès qu'une marque ou un logo dépassaient une certaine taille ou un certain niveau de contraste visuel) avait en grande partie désaccoutumé les jeunes (faute de moyen de payer 50 euros par jour et par "publicité trop visible") de l'affichage des marques, ce qui avait conduit à créer des modes "hors marques" qui étaient en fait une certaine façon de retravailler la récup, en y ajoutant des symboles qui n'existaient pas chez une marque (donc échappaient à la taxe) et permettaient à des "clans" se s'identifier entre eux. Cette taxe sur les marques et logos s'appliquait aussi aux cartables, cahiers, classeurs: les seuls symboles tolérés devaient être ceux du fabricant réel de l'article (par exemple du cahier) et ne pas dépasser une certaine taille, ce qui avait eu pour effet d'éradiquer les "produits dérivés". De plus, les enfants français allaient de moins en moins à l'école (scolarisation en grande partie à domicile) donc l'enjeu "microsocial" de celle-ci avait nettement diminué.
. On n'était pas allé jusqu'à réinstaurer les uniformes (trop discriminatoires parce que soulignant d'autant plus les inégalités physiques entre élèves) mais le port de la blouse grise par dessus les vêtements était souvent la solution pour avoir ce que l'on voulait sur soi hors école (y compris sur le trajet) tout en échappant à la taxation des "publicités trop visibles" à l'école.

. Contrairement à ce que l'on voyait (et trop visiblement) dans les séries américaines "pour ados", VTP ne faisait pas jouer les rôles de 15 ans par des acteurs (et surtout actrices) de 19 voire 22 ans: on utilisait de vrais jeunes, triés à l'Emilianomètre bien entendu. Erwann bien que paraissant jeune n'avait pas été utilisé pour de "l'avant bac": dans Kergatoëc il était élève-ingénieur, et dans son premier grand rôle (Rolvar) où il n'avait que 19 ans, la mise en scène, en mouvement et l'éclairage cherchait à lui en donner plus, d'où aussi les talonnettes et des vêtements ne laissant pas évaluer sa puissance physique réelle. Sans être fin, il n'avait pas le gabarit d'un héros de HF au sens habituel: VTP n'avait pas encore instauré comme standard mondial de cette catégorie son propre univers ni ses propres acteurs, au lancement des "Miroirs du temps", donc le public (sauf n'en ayant jamais vu) restait sur des stérotypes du genre Schwarzennegger, Dolph Lundgren, etc. "Les miroirs du temps" devait leur faire prendre un gros chat pour un tigre... mission accomplie, grâce à la puissance graphique et dynamique voulue et réussie par Tarsini, et sans prétendre être un Terminator (on ne pouvait pas trop tirer sur la corde, tout de même: pas question de lui faire soulever des rochers ou rompre des troncs d'arbre sans plonger dans le "kitsch"), Erwann d'Ambert avait acquis son diplôme de prédateur pour film de HF par son endurance et son agilité de jeu, malgré la présence d'acteurs bien plus puissants comme Manfred.
. En fait VTP avait attiré vers ce genre cinématographique, en le redéfinissant dans un style à la fois plus grandiose, plus aérien (merci Tarsini) et bien plus rapide (inspiration des films de kung-fu?) tout un public qui n'allait pas voir les films de HF "classiques" et donc n'avait pas ces références: inutile d'y mettre des ex-"Monsieur Univers" (Manfred non plus n'en était pas un, bien que "puissant") et ceci ne faisait que rendre les personnages plus réalistes (bien que vêtus "préhisto-manga") et ainsi plus "appropriables" par le public. Les films de HF, jusqu'alors, ne faisaient pas autant d'entrées dans le monde, donc VTP (et surtout Tarsini) estimaient avoir trouvé la bonne formule, même si aux Etats-Unis ce film avait été qualifié de HF "manga". Erwann d'Ambert avait été si bien accepté dans les fims de HF de 1998 et 1999 que sa réutilisation dans "Kergatoëc", ensuite, avait été vue comme un "contre-emploi" alors que c'était le film le moins éloigné de son CV réel. "La mémoire des glaces", tourné en même temps, avait semblé plus "légitime" car l'envoyant de nouveau explorer (comme personnage "vernien", donc là aussi de formation scientifique) un univers insolite et grandiose où il devait combattre des monstres.
. VTP ne l'utilisait pas, cette fois, dans un film "pseudo-vernien", ce qu'il regrettait car c'était un genre qu'il aimait beaucoup. Il n'y en avait tout simplement aucun en tournage (avec ou sans lui) car la charge de travail infographique ne le permettait pas, or le XIX siècle machiniste, avec ses véhicules à chevaux, son architecture compliquée encrassée et ses costumes (beaucoup de figurants à créer dans les rues ou les usines) coûtait cher à reconstruire à l'écran, du moins quand ni la vapeur ni le "smog" ne cachaient les arrière-plans. "La mémoire des glaces" économisait sur ce point en quittant dès que possible la "civilisation" d'époque, au profit du voyage en dirigeable puis de l'aventure antarctique, spectaculaire visuellement mais économique infographiquement, par rapport à un contexte urbain, d'autant plus qu'il n'y avait aucune végétation à simuler. VTPSF avait aussi reconstruite à peu de frais infographiques l'aventure pôlaire d'Amundsen (encore un film sur les Norvégiens sans Norvégiens...) dont les chiens de traîneaux artificiels avaient été l'investissement technique principal. Il y avait eu plusieurs films sur cette épopée pôlaire, mais jamais en stéréoscopie, d'où l'opportunité selon VTPSF d'en tourner un: "Cap zéro", titre qui stricto sensus était incorrect, le nord géographique n'étant pas au zéro de la boussole: nord magnétique, sauf quand on arrivait par le méridien le contenant aussi.

. VTP n'avait pas encore tourné de film de l'époque napoléonnienne (Napoléon Ier, bien sûr) en raison là aussi du coût. Des projets existaient, certains ayant atteint un niveau de détail scénaristique préanimé qui aurait permis de lancer le tournage à tout moment (le temps de choisir les acteurs et de construire quelques accessoires et décors proches réels), mais d'une part il fallait être sûr d'apporter "suffisamment plus" par rapport à ce qui avait déjà été fait (et pas juste la stéréoscopie), d'autre part il fallait rester dans un rapport succès/investissement satisfaisant.

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